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Critiques de Alberto Manguel (204)
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Une histoire de la lecture

Lire va de paire avec la solitude, solitude imposée, prétexte, porteuse de sens ou refuge, le livre devenant pour le lecteur un monde en soi. Avec le mutisme aussi : « je ne parlais jamais à personne de mes lectures. », nous confie Alberto Manguel, qui découvre enfant avec surprise que quelqu’un à côté de soi ne peut absolument pas savoir ce qu’il lit à un mètre de lui.

Lire, c’est aussi choisir, privilégier des lieux de lecture, le lit, tard le soir, constituant le lieu le plus sûr, le mieux protégé.

Lire, c’est également accroître son expérience. Jeune lecteur, la rencontre avec d’autres enfants est souvent moins intéressante que les aventures et dialogues de personnages romanesques.

Lire, c’est un moyen pour l’âme d’apprendre à se découvrir.

Lire peut aussi être subversif, la censure et la dichotomie artificielle entre la lecture et la vie étant entretenues par ceux qui détiennent le pouvoir.



Alberto Manguel brosse aussi un historique du support de la lecture (les tablettes d’argile datant du 4e millénaire avant notre ère), de l’apprentissage de la lecture, de nos rapports à la lecture (à voix haute dès les débuts de l’écrit, y compris dans les bibliothèques, passée à la lecture silencieuse).



Il nous relate cette anecdote de Racine imprimant dans son esprit un vieux roman grec dont les moines de l’abbaye de Port-Royal lui ont brûlé les exemplaires successifs.



Il évoque son expérience de lecteur auprès de Borges, livre l’opinion de Kafka pour qui un texte ne peut être lu que parce qu’il est inachevé, d’où l’absence d’une dernière page au Château pour permettre au lecteur de poursuivre sa lecture du texte à des niveaux multiples. A l’inverse, un roman à l’eau de rose nous livrera une lecture exclusive et étanche. De fait, le nombre de lectures possibles et de réactions envisageables dépasse toujours le nombre de textes qui les ont engendrées. Et de citer la célèbre phrase de Kafka : « un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous.«

Mais laissons-là les détails, les anecdotes. Voici ce dont parle Alberto Manguel tout au long de cet essai, de la dernière page, des faits de lecture (lire les ombres, lire en silence, le livre de la mémoire, l’apprentissage de la lecture, la première page manquante, lire les images, écouter lire, la forme du livre, lecture privée, métaphores de la lecture), des pouvoirs du lecteur (commencements, ordonnateurs de l’univers, lire l’avenir, le lecteur symbolique, lire en lieu clos, le voleur de livres, l’auteur en lecteur, lectures interdites, le fou de livres) et des pages de fin.

Bref une passionnante lecture sur la lecture !
Lien : http://carnetsdesel.fr/blog/..
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Guide de nulle part et d'ailleurs : à l'usage..

C'est plus dans le sous-titre que dans le titre lui-même que l'on trouve la raison d'être de ce livre.

"Le voyageur intrépide", qui chemine en "maints lieux imaginaires de la littérature universelle", c'est tout lecteur et toute lectrice qui s'aventure dans des lieux imaginés par des écrivains et des poètes.



Dans ce fort volume - grand format, 420 pages- nous trouvons des descriptions des pays, villes, îles, inventés par des auteurs, que ceux-ci soient des auteurs de l'Antiquité, ou des modernes.



C'est aussi bien les lieux évoqués par les poètes grecs, que le pays des merveilles d'Alice, la terre du milieu, Narnia ou Terremer qui nous sont dépeints, cartographie à l'appui.



Les grands noms de l'imaginaire, créateurs de mondes sont présents : Rabelais, Peake,Tolkien, E.R Burroughs, Vernes, Swift, etc...



L'ouvrage, développé sous forme alphabétique, est très complet, presque exhaustif en fait.



GUIDE DE NULLE PART ET D'AILLEURS est l'oeuvre d'un auteur italien, Gianni Guadalupi et d'un argentinAlberto Manguel, il date de 1980, son édition française de 1981, nous en devons la traduction et l'adaptation à Patrick Remaux et la préface à André Dhôtel.



Comme vous l'aurez compris, cet ouvrage est épuisé depuis longtemps et j'ignore s'il a été réédité (ce qui serait une très bonne idée, si ce n'est le cas !).



Si d'aventure vous le trouvez lors d'une "chine" de livres, je vous le recommande chaudement !

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Monstres fabuleux

Lectrices et lecteurs le savent bien, certains personnages nous marquent à vie et peuplent un petit coin de notre esprit. Qu’on les ai aimés ou détestés, ces personnages vivent en nous, ils nous ont forgés, accompagnés, guidés et instruits.



Alberto Manguel, que l’on pourrait qualifier de lecteur professionnel, consacre ce livre à ceux qu’il nomme ses amis littéraires. Personnages de contes ou de la pop culture, héros bibliques ou légendaires, figures littéraires de premier plan ou moins connues, Alberto Manguel dresse de chacun d’eux un portrait érudit, entre histoire de la littérature et autobiographie, mêlant réflexions philosophiques et littéraires.



Si certains de ces personnages sont très connus des lecteurs et du grand public (Dracula, Spiderman, Alice,…), d’autres le sont nettement moins (Qeeqeg, Casaubon, Wakefield). Il faut avoir une solide culture littéraire pour le suivre dans chacun de ces portraits et je reconnais humblement que ce n’est pas mon cas !



Et vous, qui sont vos amis littéraires ?
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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Je remballe ma bibliothèque

"D'après mon expérience, ce qui marche parfois (pas toujours), c'est l'exemple d'un lecteur passionné. Parfois l'expérience d'un ami, un parent, un professeur, un bibliothécaire manifestement émus par la lecture d'une certaine page peut inspirer, sinon l'imitation, du moins la curiosité. Et cela, je crois, c'est un bon début. La découverte de l'art de lire est intime, obscure, secrète, presque impossible à expliquer, proche de la naissance d'un élan amoureux, si vous me pardonnez cette expression sentimentale. On l'acquiert à soi seul, comme une sorte d'épiphanie, ou peut-être par contagion, par la confrontation avec d'autres lecteurs.(p145)"



Pour tout(e) amoureu(se)x de lecture, ce livre est à la fois un concentré de ce que sont la littérature, les livres, la lecture, une bibliothèque mais aussi une connaissance immense, infinie de ce que recèlent les livres.



L'auteur a dû, à plusieurs reprises emballer sa bibliothèque, au fil de ses déménagements de France, d'Argentine, du Québec et c'est l'occasion pour lui de revenir sur son bonheur de vivre entouré de ses livres, de la crainte, lors de la mise en cartons de ceux-ci, d'être en manque de leur présence, en se posant la question de leur devenir à chaque voyage mais pas seulement.



Je dois avouer que je me suis sentie bien petite face à cet érudit littéraire par la connaissance qu'il possède dans ce domaine. Toute évocation d'un sujet est l'occasion de l'associer à un livre, un auteur. Cette élégie, comme il l'a nomme, est une déclaration d'amour, ni plus ni moins, à la littérature et donc à la lecture avec, entre chaque chapitre de celle-ci, une digression revenant sur le thème évoqué : rêve, religion, dictionnaire, histoire de l'Argentine etc.... pour en extraire tout ce qu'il évoque en lui au travers de la littérature.



Quel lecteur, précis, studieux, jouissif ! Ce livre que j'avais eu envie de lire suite à un conseil de François Busnel pendant le confinement dans La petite librairie, est une ode également aux écrivains : Borges, dont il prit la succession à la tête de la Bibliothèque nationale d'Argentine, son mentor, Cervantès et bien d'autres (je ne peux pas tous les citer tellement la liste serait longue).



Je me suis retrouvée dans bien des bonheurs décrits en tant que lectrice et amoureuse des livres, des bibliothèques, de me sentir chez moi entourée par ses fidèles compagnons mais je dois avouer que je me suis sentie bien humble face à son érudition, la relation qu'il fait entre les sujets et leurs évocations dans certains ouvrages, parfois très très anciens. Mais cela se lit avec bonheur car chaque page est une déclaration d'amour.



En le refermant j'ai pensé : lis, encore, toujours et reviens le lire dans quelques années le relire, le savourer. Alberto Manguel a ses références littéraires, ses bases, ses socles et je peux comprendre qu'en les enfermant dans des cartons il se sente abandonner, que tout lecteur qui déménage déballe en priorité ses livres quitte à laisser en "chantier" le reste de son logement et la bibliothèque d'Alberto Manguel comporte 40 000 livres et donc trouver le lieu idéal est chose difficile.



Pour être tout à fait franche, certaines évocations sont restées assez obscures pour moi, n'ayant pas toutes les connaissances pour les apprécier mais il démontre avec brio à quel point la littérature sert de support à ses pensées, à ses réflexions et finalement à sa vie.



Coïncidence, il y a 2 ou 3 jours, j'entendais à la radio, qu'Alberto Manguel a trouvé un refuge à Lisbonne au Portugal dans un palais où il va pouvoir enfin libérer ses livres (vous trouverez ICI le lien vers l'article) car nous savons bien que des livres sont faits pour être lus, touchés, vus, sentis et qu'il sont une réserve de bonheur, de réponses et une source inépuisable de connaissances et de réflexion.



"Les livres dans ma bibliothèque me promettaient le réconfort et aussi la possibilité de conversations éclairantes. Ils me faisaient don, chaque fois que j'en tenais un entre mes mains, du souvenir d'amitiés qui n'avaient nul besoin d'introductions, de politesses conventionnelles, de faux-semblants ou d'émotions dissimulées. Je savais que, dans cet espace familier entre les couvertures, je prendrais un soir un volume du Dr Johnson ou De Voltaire que je n'aurais encore jamais ouvert, et découvrirais une phrase qui m'attendait depuis des siècles.(p59-60)"
Lien : Https://mumudanslebocage.wor..
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Le livre des éloges

Courtes chroniques écrites pour le supplément culturel d'El Pais, sous la forme d'éloges couvrant différents sujets mais essentiellement la lecture qui est évidemment le thème de prédilection d'Alberto Manguel. On retrouve avec un plaisir certain l'érudition de l'auteur et son don pour les associations littéraires avec en toile de fond l'actualité des années 2000.
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La Bibliothèque, la nuit

Alberto Manguel est un essayiste, conteur, traducteur et eìditeur .

Grand lecteur et plus connu sous le nom d’homme-librairie ; il traite dans cet essaie d’une composante majeure de ce monde livresque qui en est le conteneur et l’abri : La bibliotheÌque.

Dans cet ouvrage Manguel traite le sujet sous divers angles ; n’essayant pas de cerner ni de deìfinir ; il nous invite amicalement aÌ deìcouvrir les diffeìrents facettes de cette entiteì.

Parfois espace ; parfois institution ; la bibliotheÌque reste une ideìe que Manguel explore sous diffeìrentes deìclinaisons ; aux nombres de quinze dans cet essai allant du mythe ; passant par le pouvoir et la survie ; jusqu’aÌ l’identiteì et la conclusion.

Manguel reste aÌ la base un lecteur ; continuellement eìmerveilleì et dans ce survol il ne peut pas se priver de faire l’eìloge de cet amour pour le livre. « Tout lecteur est soit un voyageur qui fait une pause ou quelqu'un qui rentre chez lui. »

« Nous cheminons aÌ travers d’interminable rayonnage de livres ouÌ nous choisissons tel ou tel volume sans raison apparente : aÌ cause d’une couverture, d’un titre , d’un nom, aÌ cause de ce quelqu’un a dit ou n’a pas dit , aÌ cause d’une intuition , d’un caprice, d’une erreur, par ce que nous croyons trouver dans ce livre tel reìcit, tel personnage ou tel deìtail, par ce que nous pensons qu’il a eìteì eìcrit pour nous, par ce que nous pensons qu’il a eìteì eìcris pour tout el monde sauf pour nous et voulons deìcouvrir pourquoi nous avons eìteì exclus, par ce que nous avons envie de nous instruire, ou de lire, ou de nous perdre dans l’oubli »

Le format Babel est embelli par plusieurs planches ce qui rend la lecture de cette eìdition @actessud plus plaisante qu’elle ne l’est deìjaÌ
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Dictionnaire des lieux imaginaires

Dire que la bibliothèque est un lieu d’évasion , de voyages immobiles est un truisme mais une réalité incontestable (surtout en nos temps confinés) . Ce livre est donc un guide du routard des voyageurs en mots et en volumes ! Outre le plaisir d’y retrouver des endroits déjà visités , parfois souvent, on y trouve des invitations à de nouveaux voyages ! Excellent !
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La Bibliothèque, la nuit

: Amies et amis babélionautes , ce livre vous est évidemment dédié ! Quand Manguel parle de bibliothèque , il sait de quoi il parle :la sienne comporte trente mille titres ! Mais n’ayez pas peur si la vôtre est plus modeste , son propos vous concerne aussi . L’essai décline à travers 15 chapitres (un mythe, un ordre, un espace, un pouvoir, une ombre, une forme, un hasard, un cabinet de travail, une intelligence, une île, la survie, l’oubli, l’imagination, une identité ,une demeure) une érudite et subtile réflexion sur ce lieu magique (et encore plus en nos temps confinés) . Indispensable.
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Une histoire de la lecture

Si tu n'as jamais lu Alberto Manguel, tu as de la chance. Disciple de Borges, un des plus grands lecteurs de la planète, il a écrit plusieurs essais sur les livres, la lecture, les bibliothèque. Un régal pour tous ceux qui aime les livres sur les livres. ⁠



Dans cette histoire de la lecture, Manguel nous transporte dans l'aventure des mots, des débuts des transmissions écrite à l'imprimerie, en passant par l'innovation de la lecture en silence (eh oui, avant, tout le monde lisait à voix haute!). ⁠



À lire donc !
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Stevenson sous les palmiers

Je ne connais rien de Stevenson, si ce n’est L’Étrange cas du Docteur Jekill et de Mister Hyde, mais j’avais beaucoup aimé Une histoire de la lecture d’Alberto Manguel, c’est sans doute pourquoi ce très bref roman (88 pages) m’a tentée. Il y aurait beaucoup à dire sur cette histoire qui laisse perplexe le lecteur sur ce qui est « réellement » arrivé. Mangel choisit de nous présenter Stevenson, en 1894, l’année de sa mort, alors qu’il s’est installé avec toute sa famille (belle-mère incluse) à Vailima, dans une îles des Samoa. Comme de nombreux détails m’intriguaient, je suis allée lire la biographie de R. L. Stevenson sur Wikipédia. J’y ai appris, entre autres, que Stevenson était malade depuis l’enfance, qu’il a eu une santé fragile pendant toute sa vie et que l’histoire de son mariage avec Fanny Osbourne pourrait inspirer un long roman…

***

Manguel rend parfaitement la souffrance de Stevenson sous ce climat tropical, l’étonnement de cet Écossais élevé dans un milieu puritain devant la liberté des corps et la luxuriance de la nature, la complexité de ses relations avec les indigènes qui le considèrent comme un étranger, forcément, mais qui l’admirent comme Tusitala (le conteur d’histoires) ainsi que l’intense nostalgie qu’il éprouve parfois en songeant à son Écosse natale. Mais qui est cet étrange et inquiétant Mr Baker venu apporter la parole de Dieu aux incroyants ? Il n’en finit pas de vitupérer contre les mœurs des indigènes et le laisser-aller des Blancs qui les côtoient. Où habite-t-il ? Personne ne semble le connaître et pourtant Stevenson lui a parlé. Existe-il-vraiment ? Tout en instillant le doute, Manguel montre l’écrivain au travail, ses difficultés, ses errances, sa satisfaction et sa confiance qui s’écroulent à cause de l’incompréhension de sa première lectrice : Fanny. Je recommande ce bref roman, d’une grande richesse, à tous, mais plus particulièrement aux Babeliotes qui participent au challenge Riquiqui : ils ne seront pas déçus, je crois !
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Journal d'un lecteur

L'œuvre d'Alberto Manguel gravite autour du monde des livres. Avant le "Journal d'un lecteur" j'avais lu "Une histoire de la lecture" et "La Bibliothèque la nuit", deux essais ou l'auteur nous invite à un voyage au cœur des bibliothèques et au plaisir de la lecture. J'ai retrouvé dans l'un d'eux un article découpé dans le nouvel observateur de décembre 2006, Alberto Manguel concluait l'entretien en ces termes :



«Les lecteurs, ont depuis toujours été traités de fous, de lâches, de misanthropes, de solitaires. Parce qu'on veut confondre l'espace intime créé par la lecture avec un éloignement. En fait, c'est le contraire. On rentre dans le monde en entrant dans un livre. Et on y rentre à plusieurs. On lit à deux, à quatre, à mille. L'amour d'un livre qui se propage, c'est vertigineux. »



 Alberto Manguel c'est l'homme au 35 000 livres. Sa bibliothèque il l'a construite dès l'âge de 5 ans, malgré ses nombreux déménagements, il possède toujours précieusement sa première acquisition : "Les Contes" de Grimm.



 Il est né en 1948 en Argentine, mais il est citoyen du monde. Il a passé une partie de son enfance en Israël, puis il a résidé dans de très nombreux pays, le Canada, la France, les États-Unis. Il est journaliste, écrivain, traducteur, conférencier. Il a été, entre autres, directeur de la bibliothèque nationale d'Argentine et responsable de la collection "le Cabinet de lecture" chez Actes Sud. C'est un habitué de l'émission de François Busnel "La grande librairie" diffusée chaque semaine sur France 5. Son dernier passage date du 4 mars 2020 pour son livre "Monstres fabuleux".



 Ce "Journal d'un lecteur" est un moyen pour l'auteur de nous faire part de sa vision du monde à travers le filtre de quelques chefs-d'œuvre qu'il a décidé de relire.



 Dès la première ligne, on est séduit par l'intelligence, la clarté des propos et leur pertinence. L'auteur balaye un grand nombre de sujets en rapport direct ou lointain avec ses lectures. Son texte est émaillé de commentaires sur l'actualité, de réflexions philosophiques, de citations ou de souvenirs d'enfance. Il parle de sa bibliothèque, des objets qui l'entoure, de ses rencontres. Il évoque ses voyages, ses tournées d'auteur, ses trouvailles au marché aux puces. Chacun de ses paragraphes suggère une foule d'idées et d'images qui nous éloigne quelques instants du texte pour y mieux revenir.



 Un livre fait d'anecdotes et de réflexions, de quoi contenter tous les lecteurs. Ce qu'il dit à propos des "Mémoires posthumes de Brás Cubas", peut s'appliquer à son "Journal d'un lecteur" :



«Un livre écrit avec indolence, avec l'indolence d'un homme que ne concerne plus la brièveté de ce siècle, une œuvre nonchalamment philosophique...»



 Voici quelques passages que j'ai trouvés particulièrement savoureux, non pas spécialement par la profondeur de la réflexion sous-jacente, mais par leur concision et leur authenticité. Ils donnent le ton de cet ouvrage à la fois divertissant, instructif et stimulant pour l'esprit.



«L'idée majeure dans Don Quichotte, c'est la lutte entre un idéal et la réalité.»



«La chatte feint d'être surprise par sa queue, l'observe un moment et puis bondit pour l'attraper. C'est comme si elle s'était persuadée de l'apparition de quelque chose qui ressemble à sa queue, mais ne l'est pas : une queue fictive, en quelque sorte. Pour profiter du jeu, elle s'accorde de la suspension volontaire d'incrédulité du lecteur.»



«Pour qu'un livre nous touche, il faut sans doute qu'il établisse entre notre expérience et celle de la fiction - entre les deux imaginations, la nôtre et celle qui se déploie sur la page - un lien fait de coïncidences.»



 J'ai bien aimé aussi cette anecdocte :



"Notre voisin est venu nous offrir du bois. Il a calculé combien il lui en faudra s'il vit jusqu'à quatre-vingt-dix ans. Tout le reste, il va le donner."



 Je me demande si je ne devrais pas faire pareil avec ma bibliothèque.



 Je suis heureux d'avoir découvert avec ce livre de nouvelles perspectives de lecture, notamment : Maccado de Assis, une grande figure de la littérature brésilienne et Kenneth Grahamme pour son roman "Le vent dans les saules" un classique de la littérature britannique pour enfants.



Bibliographie :



- "Journal d'un lecteur", Alberto Manguel,collection Babel, Actes Sud (2006), 245 pages.



- "Une histoire de la lecture", Alberto Manguel, Actes Sud (1998), 427 pages.



- "La Bibliothèque la nuit", Alberto Manguel, Actes Sud (2006), 335 pages.



- "Ma bibliothèque, c'est moi", interview d'Albert Manguel par Didier Jacob,"Le nouvel observateur" 30 novembre-6 décembre 2006.



Vocabulaire :



"Dans son mémoire sur le Tasse, Chateaubriand rend compte de la conviction qu'avait le poète de la présence du numineux en ce monde". (page 80 du "Journal d'un lecteur").



Numineux : nom masculin. Phénomène mystérieux, que l'on ne parvient pas à expliquer de manière rationnelle, et qui par conséquent laisse à penser qu'il est relatif ou divin.
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Monstres fabuleux

C'est certain, cet essai s'adresse avant tout à de gros lecteurs. Si on n'a pas lu les livres en question ou si on ne les situe pas un minimum, l'entreprise peu perdre de son intérêt. En revanche, pour les amateurs éclairés, c'est une manne et Alberto Manguel donne envie de (re)lire toutes les œuvres dont il est question ici. Car, comme les précédents, son nouveau livre est avant tout l'irrésistible carnet d’inspiration d'un passionné.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Stevenson sous les palmiers

Samoa, 1894. Stevenson habite depuis plusieurs années sur cette île du Pacifique avec sa famille. Il s'est adapté à cette vie au soleil, il est respecté et respectueux des habitants autochtones. Alors que sa maladie respiratoire s'aggrave, un inquiétant compatriote écossais débarque sur l'île comme missionnaire. Peu de temps après, un crime est commis…



Ce petit texte de moins de cent pages est une merveille. L'auteur a su donner vie à un Stevenson vieillissant, nostalgique mais toujours alerte, tout en revenant sur les événements importants de son existence. C'est un bel hommage à la création, au pouvoir des histoires qui peuvent avoir leur vie propre et influencer le réel. Surtout, il réussit à plonger le récit dans une ambiance tendue et un sentiment profond d'étrangeté. Et tout ça, dans une langue très poétique. J'ai beaucoup aimé comment le doute plane sur tout le récit : est-ce la vérité, un rêve, un désir, une hallucination, un combat intérieur ? Qui est vraiment Mr Baker ? L'autre facette de l'auteur de Dr Jekyll et Mister Hyde ?



Rêve et réalité se mêlent et c'est délicieux.

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L'Apocalypse selon Dürer

Mon expérience de lecture



Ce fut un réel plaisir de lire ce petit essai sur une œuvre pictural qui m’interroge au plus haut point, comme m’interroge ce livre du nouveau testament qu’est l’apocalypse de Saint Jean.

J’en viens à penser que tout artiste, chorégraphe, peintresse et peintre, poétesse et poète, romancière et romancier, essayiste, musicienne et musicien doit se confronter à un moment de son parcourt à deux œuvre :

L’odyssée d’Homère

L’apocalypse de saint Jean.
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Une histoire de la lecture

Ce livre m'a beaucoup plu. L'auteur a une manière d'écrire et de penser qui est très globale. C'est un humaniste, et sa vision complète aide à saisir une pensée de manière claire.

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Je remballe ma bibliothèque

Alberto Manguel, écrivain, traducteur et éditeur, est né à Buenos Aires et a vécu en Israël, Argentine, Europe, dans le Pacifique Sud et au Canada : autant de lieux de vie, autant de bibliothèques. Nous pourrions croire qu’une certaine habitude, voire fatalité, s’est instaurée face à la mise en cartons… Et bien non, la mise «en caisses» de sa bibliothèque française a été un vrai déchirement : l’auteur pensait avoir trouvé son point de chute, et surtout, celui de sa bibliothèque. Malheureusement la vie en a décidé autrement. Loin de lui inspirer des pages amères, cet événement donne lieu à cette réflexion nostalgique sur la bibliothèque, et à dix digressions autour de sujets divers. Hommage à sa bibliothèque, l’ouvrage se termine sur une note optimiste. «Remballer» sa bibliothèque n’est pas un achèvement, mais le début d’une nouvelle aventure.



Ce très beau texte célèbre une bibliothèque, celle de l’auteur, mais laquelle semble étrangement familière à tout possesseur de livres. Je recommande ce livre à tous les amoureux des bibliothèques, mais aussi à ceux qui voient dans une bibliothèque un dévoreur d’espace vital.
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De la curiosité

Excellent essai/méditation/voyage. Exigeant et accessible.
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Je remballe ma bibliothèque

Dans cet ouvrage, Alberto Manguel nous raconte comment, au fil de sa vie, il a dû à plusieurs reprises déménager et se séparer d’une partie de sa bibliothèque personnelle. Il part à la recherche de ses souvenirs, nous livre quelques-unes de ses lectures favorites, nous offre quelques réflexions sur la lecture, le langage, la création littéraire, le rôle de la littérature ..

Un temps directeur de la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires, il nous parle des bibliothèques nationales, mais aussi de toutes les bibliothèques, anciennes ou modernes, et de leur rôle en tant que lieu d’expression et de formation à la citoyenneté.

Ce petit essai au charme quelquefois suranné, mais cependant très actuel, nous réconforte et nous enrichit par sa profondeur. Et surtout, l’auteur parvient à nous transmettre sa passion pour la lecture et les livres.

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Dans la forêt du miroir : Essai sur les mots ..

Cette suite d’essais confirme l’excellente opinion que j’ai de cet auteur. Une érudition impressionnante , une qualité d’écriture remarquable et une grande finesse de pensée. Des textes sur la lecture (en particulier « L’ordinateur de St Augustin ») ,sur les auteurs mais aussi sur l’histoire contemporaine du monde et de l’Argentine ( la dictature militaire et ses conséquences…)
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Le Livre d'images

. Une série de courts essai sur des œuvres graphiques ou architecturales ,menés avec toute l’érudition de Manguel (qui est immense), sa qualité de style , mais aussi avec humanisme . La lecture du livre donne l’envie de voir les œuvres elles-mêmes mais aussi de poursuivre dans les voies de réflexion qu’il ouvre. Et c’est le rôle essentiel de ce type de bouquin..
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