AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Alessandro Barbero (64)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Dante

Il s'agit plus d'une étude épistémologique sur le versant politique de la vie de Dante qu'une véritable biographie. Le livre est cependant intéressant mais ne tient malheureusement pas toutes ses promesses. Même si, à décharge, il faut bien avoir conscience qu'il nous reste bien trop peu de trace de cet illustre personnage.
Commenter  J’apprécie          00
Les yeux de Venise

Ce roman plonge son lecteur dans la Venise du « cinquecento » : Michele maçon et jeune marié , suite à un sombre « imbroglio » se voit contraint d’ embarquer sur une galère de la Sérénissime . Pendant plus de deux ans il connaîtra la vie de galérien (volontaire) et des aventures maritimes en Méditerranée où rivalisent Venise ,Gêne et l’empire turc . Pendant ce temps son épouse tente de survivre et connaît les avatars des femmes seules et pauvres en cette dure époque. Au moyen de cette double histoire fort bien contée ,Alessandro Barbero s’appuyant sur son expertise d’historien spécialiste de l’époque et du lieu nous fait découvrir , la vie de galérien , les subtiles arcanes de la politique vénitienne et ses célèbres services d’espionnage ,la condition des femmes de tous milieux au bord de la lagune . Du très bon roman historique , dans un italien agréable et accessible. (traduit en français sous le titre « Les yeux de Venise » chez Tallandier)
Commenter  J’apprécie          50
Le divan d'Istanbul

Il d’agit ici d’un livre négationniste du genocide des arméniens. Dans son texte, l’auteur justifie le genocide perpétré en 1915 par les ottomans envers les arméniens comme d’une réaction naturelle provoquées par les actes présupposés terroristes de ces derniers. Il fait l’impasse sur les tueries, massacres, enlèvements, viols, infanticides, féminicides et autres abominations commises par les ottomans sur les arméniens dès la fin du XIXe siècle. En bref, un roman mensonger et faisant le jeu de la propagande turque actuelle qui ne devrait pas être accessible aussi facilement. À vomir
Commenter  J’apprécie          00
Le Jour des barbares - Andrinople, 9 août 378

Ce livre m'a paru dans l'ensemble assez superficiel. La description des phases de la bataille est certes fidèle aux sources. Pour le reste cependant, l'analyse de fond manque singulièrement d'envergure. Le récit n'a rien du souffle que les événements dont il témoigne devraient susciter. Il est plombé par des expressions anachroniques ("l'opinion publique", par exemple) qui déforment le contexte en le donnant à voir à travers le prisme de notre siècle.
Commenter  J’apprécie          10
Dante

L'historien Alessandro Barbero a publié en 2021, pour le septième centenaire de la mort de Dante, une biographie complète de ce poète. C'est un travail remarquable, où l'auteur relève, commente et discute toutes les sources disponibles, ainsi que certains écrits historiques et biographiques antérieurs, depuis Pétrarque et Boccace jusqu'à nos jours. La lecture de cet essai nous plongera dans la vie politique agitée d'une des plus riches cités d'Europe, Florence, au tournant du XIII°s, et nous initiera aux stratégies familiales et foncières d'une famille florentine aisée du temps. On apprendra donc tout ce qu'il est possible d'apprendre sur l'homme Dante Alighieri, mais l'historien a choisi de se tenir loin de l'oeuvre littéraire et poétique de son personnage, sauf pour prélever quelques rares renseignements ou questionnements biographiques. On peut donc se demander : pourquoi écrire ce livre sur Dante et pas sur n'importe quel puissant citoyen florentin de la même époque ? Et que recherche le lecteur actuel de la poésie de Dante, sinon des éclairages biographiques et historiques sur sa rédaction, sa publication, sa réception du vivant de l'auteur, et même un peu après ? Cela, Barbero se garde bien de l'évoquer, et se borne strictement à raconter Dante de l'extérieur. Ce bon livre d'histoire m'a rappelé la vie de Montaigne d'Arlette Jouanna : certes, c'est bien le gentilhomme gascon qu'elle dépeint qui a écrit les Essais, mais savoir cela ne suffit pas à éclairer son ouvrage. Il y a mieux à faire, dans une biographie d'écrivain, que d'éliminer a priori la littérature.
Commenter  J’apprécie          1813
Le divan d'Istanbul

Excellent livre sur l'empire ottoman, dont la principale qualité est qu'il est rédigé comme un roman, donc très accessible et parfait pour les néophytes qui veulent en savoir davantage sur l'histoire de la Sublime Porte. A recommander pour une lecture à la fois instructive et plaisante.
Commenter  J’apprécie          10
Sacrées guerres

Ce petit ouvrage ne traite pas de l'histoire des Croisades.

Le propos est plutôt d'expliquer les motivations et l'état d'esprit de ces milliers de Chrétiens occidentaux partis en direction de Jérusalem à partir de la fin de l'an mil, convaincus de prendre part à une guerre sainte contre les "infidèles".

En face, il y a les Musulmans qui voient arriver ce flot de guerriers et décident de combattre eux aussi les "infidèles".

Le livre décrit la rencontre de ces deux civilisations que tout semble opposer mais qui se révèlent très proches.

Les combats sont violents mais il y a de part et d'autre une admiration et une fascination réciproques.
Commenter  J’apprécie          10
Les yeux de Venise

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas laissée emporter par un roman historique d’aventures, et ce fut bien agréable.

Nous sommes à Venise dans les années 1580. Michael est le mari de Bianca. Ils vivent chez les parents de Michael, dont le père est compagnon maçon. Tout va bien jusqu’à ce que le travail manque et qu’il devient quasiment impossible de se nourrir. Le vin aidant, le père s’emporte et est tué. Michael en essayant de le défendre se voit contraint de sauver sa vie… en s’embarquant sur une galère vénitienne. Et là commence notre grand voyage où vous saurez tout sur la vie des galériens volontaires de la Sérénissime et cela s’avère réellement passionnant. Mais si Michael s’adapte, il va être mêlé à des événements qui vont l’entrainer cette fois sur une galère Génoise dont le mode de fonctionnement est autrement plus difficile puisque même libre, les galériens ont un anneau de métal aux pieds. Mais tout est bon pour gagner un peu d’argent même subir ces conditions et les attaques contre les Turcs.

En parallèle, nous suivons les aventures de Bianca qui, en se retrouvant seule, doit aussi tenter de survivre et devra affronter différentes patronnes pour pouvoir faire face à l’adversité.

Les personnages sont sympathiques, historiquement intéressant, une pointe de romantisme. Bref, par ces temps froids, de quoi se réchauffer le cœur.

Commenter  J’apprécie          30
La bataille des trois empires : Lépante, 1571

Cette énorme somme (686 pages !) rassemblée par l’historien italien Alessandro Barbero a pour sujet la bataille de Lépante. Cette bataille navale, qui eut lieu le 7 octobre 1571 au large de Patras, au nord du Péloponnèse, vit s’affronter d’un côté la flotte de l’Empire ottoman gouverné par Selim II, le fils de Soliman le Magnifique, et de l’autre la flotte catholique de la Sainte Ligue. Cette alliance, imaginée par le pape Pie V sous forme de croisade, rassemble les flottes de la république de Venise, du Vatican et de l’Espagne. Elle est placée sous le commandement de don Juan d’Autriche, fils bâtard de Charles Quint et donc demi-frère du roi d’Espagne Philippe II. Difficile à mettre sur pied du fait de l’inimitié entre les Vénitiens et les Espagnols, la Sainte Ligue était une réponse à l’invasion par les Ottomans de Chypre, propriété de Venise, et à la prise de Famagouste.



Pour être honnête, cet essai ne porte pas principalement sur la bataille en elle-même mais sur l’amont. Pour preuve, la description des combats n’occupe que les chapitres 29 et 30 soit seulement trente et une pages !

Non, en fait, l'historien s'attarde sur les aspects diplomatiques et surtout logistiques. Et cela pour les deux camps puisqu'il a eu accès aux sources italiennes, vaticanes, espagnoles, ottomanes et même françaises (la France de Charles IX est alliée à l'Empire ottoman).

Sur le plan de la diplomatie, nous découvrons les difficultés qu'a rencontrées Pie V pour bâtir sa Sainte Ligue : fortes inimitiés entre Vénitiens et Espagnols, jalousie et orgueil gigantesque de chacun des commandants des trois escadres (Venier pour Venise, Doria pour l'Espagne et Colonna pour le Vatican).

Mais c'est surtout du point de vue logistique que les deux camps ont eu à affronter les pires entraves. Il leur a fallu construire deux centaines de galères, les équiper, les armer de canons et de soldats, embaucher les milliers de rameurs, et faire face à l'énorme attrition provoquée par les vagues d'épidémies de peste et de typhus à bord. Tout cela en un temps limité puisque la période pendant laquelle la Méditerranée est à l'époque navigable est brève, octobre étant même au-delà de cette limite.



Cette bataille a démontré l'inestimable supériorité de l'artillerie embarquée, ce qu'avaient prévu les alliés catholiques contrairement à leurs adversaires Ottomans, qui en étaient restés principalement à la bataille de choc dans laquelle leurs galères éperonnaient celles des adversaires permettant ensuite un abordage meurtrier.





Au final, un très bon (mais très long) essai sur la bataille navale de Lépante qui, contrairement à ce que laisse supposer sa renommée, n'eut pas de grandes conséquences politiques, historiques majeures : d'une part les alliés ne purent en profiter car la saison était beaucoup trop avancer pour tenter une reconquête de Chypre, d'autre part, l'Empire ottoman reconstitua l'année suivante sa flotte à l'identique.
Commenter  J’apprécie          70
Dante

Le professeur Alessandro Barbero profite de ses recherches sur Dante pour nous décrire la vie d'un homme du Moyen-Âge, ayant vécu à Florence durant le XIVe siècle. En plus de découvrir la vie du grand poète, nous découvrons donc l'homme avec ses défauts et les erreurs qu'il a pu commettre dans sa vie. Si vous vous intéressez à La Divine Comédie, c'est certainement un livre que vous devez vous procurer.
Commenter  J’apprécie          50
Charlemagne

le sous-titre "un père pour l'Europe" résume le point de vue de l'auteur qui replace les diverses actes politiques, guerriers, organisationnels, de gouvernement, ... de Charlemagne dans le contexte européen et ainsi réfute le "roman historique" français (ou allemand - Karl der Grosse).

une biographie qui replace "l'inventeur de l'école" dans la continuité de l'empire romain, dans la mémoire de Francs, qui évoque les campagnes contre les Lombards, les Saxons, les Avars et qui met l'accent sur l'homme et sa famille, sur les institutions mises en place, sur le projet intellectuel qui sous-tend la gouvernance, sur ce qui préfigure le "Moyen-Age"
Commenter  J’apprécie          10
Dante

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une étude très approfondie de ce que l'on sait de la vie de Dante Alighieri, l'auteur de la Divina Commedia que j’idolâtre tant (oui, « idolâtre », vous avez bien lu). Il n'y a pas d'autre livre que j'ai lu autant de fois, dans différentes langues (y compris l'italien florentin original), qui me touche toujours au plus profond de mon âme. C'est irrationnel, je sais, mais c'est vrai. Cette année marque le 700e anniversaire de la mort de l'auteur, je n'ai donc pas pu m'empêcher de me plonger dans la littérature récente entourant la Divina Commedia et Dante. Ce livre d'Alessandro Barbero a été présenté comme la biographie que vous devez lire pour vous mettre sur la bonne voie avec l'étude Dante. Et c'est vrai, du moins si vous voulez connaître les subtilités de tous les aspects de la vie de Dante.



Alessandro Barbero est considéré en Italie comme l'un des principaux experts de l'histoire de la fin du Moyen Âge, en particulier de l'histoire militaire. Et c'est immédiatement évident : ce livre commence au milieu d'une bataille qui a eu lieu près de Florence en 1289, et à laquelle Dante a participé. L'auteur utilise l'événement pour déterminer l'origine sociale exacte de Dante. Il le fait très ingénieusement, sur la base de témoignages indirects, de documents et d'allusions que Dante lui-même a faites dans ses livres. Cela caractérise la démarche de ce livre : l'auteur travaille avec minutie, soupèse diverses sources et témoignages, afin d'en arriver à un jugement probabiliste.



En d'autres termes, il s'agit d'une étude historique de premier ordre, qui offre en effet un excellent regard sur le peu que l'on sait de la figure de Dante Alighieri (et de sa famille). Le résultat est que les véritable amoureux de la littérature restent affamé : l'accent est mis sur le biographique et non sur le littéraire, sans parler du contenu philosophico-spirituel de l'œuvre de Dante. Ce livre est certes écrit avec aisance, mais la démarche de l'auteur, suivant consciencieusement la méthode historique, ne fait pas vraiment appel à l'imagination. Le simple fait qu'un tiers de ce livre se compose de notes et de bibliographie en dit long. Ne vous méprenez donc pas sur ma mauvaise note de 2.5 étoiles : c'est vraiment un travail académique décent, mais malheureusement il ajoute peu à la lecture de la Divina Commedia. Pour cela, je peux vous référer en toute conviction à l'ouvrage de Prue Shaw, ‘Reading Dante’, que je suis en train de lire.
Commenter  J’apprécie          50
Dante

Dante Alighieri c'est quoi ? Un simple poète du Dolce stil novo torturé et perdu avec lui même ? Pas seulement. Difficile de le décrire en totalité... Il n'était pas entièrement noble socialement parlant mais pas entièrement pauvre non plus. L'idée de noblesse s'apparentait davantage à une valeur. Dante Alighieri c'est ensuite sa rencontre inoubliable avec Béatrice Portinari alors qu'il n'avait que neuf ans et qu'il ne pourra jamais oublier. Il continuera de la faire vivre dans ses écrits en en faisant sa muse (bien entendu à cette époque, les sentiments et les sensations amoureuses ne pouvaient que se décrire d'une certaine manière).

Dante, ou plutôt Durante, tel qu'il s'appelait à l'origine, c'est l'Italie des communes, mais surtout la lutte entre les Guelfes Blancs et Guelfes Noirs (tous deux partisans du Pape mais eux même divisés...) avec face à eux, le parti des ghibelins (alliés de l'empereur).

Dante c'est aussi une famille et un parcours avec plusieurs points obscurs, pourtant les ancêtres et les noms sont plutôt bien expliqués, un mariage dont on a peu de sources...

Enfin, Dante c'est un engagement dans la politique qui le perdra plus ou moins, lui apportant un exil douloureux loin de Florence.



Dans l'ensemble j'ai apprécié la lecture d'Alessandro Barbero, qui tente, avec les quelques informations pertinentes, de démêler le vrai du faux, la réalité du mythe et de peser le pour et le contre.

La divine comédie, elle, demeure avant tout un reflet du contexte politique, religieux et historique de l'Italie du XIIIe siècle et du rapport de l'homme face aux vicissitudes de la vie.



Même si je mets 4 étoiles, certains passages du livre sont très denses et un peu longs. Mais l'écriture de Monsieur Barbero est authentique et sait nous plonger au coeur de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          120
Dante

La courte vie (56 ans) de Dante est aussi mal connue car assez peu documentée ,que son oeuvre majeure « La Divine Comédie » est célèbre . Alessandro Barbaro en historien rigoureux s’attache à une étude minutieuse et critique des sources pour en retracer le cours . Et au-delà du destin de ce génie de la littérature se révèle l’Italie de son époque , Florence et ses brutales péripéties politiques qui nous rappellent qu’imbroglio est un mot du pays . Se découvrent aussi d’autres œuvres moins connues d’un homme qui démontra de multiples talents . Un très beau travail ,parfois de lecture aride ,mais passionnant.
Commenter  J’apprécie          80
La bataille des trois empires : Lépante, 1571

Petit Rappel Historique :



Dès que la nouvelle s'est répandue en Occident de la sortie prochaine de la flotte turque, le pape Pie V a décidé que c'était la bonne occasion de réaliser un projet dont il rêvait depuis longtemps : l'union des puissances chrétiennes pour affronter les infidèles en mer avec forces écrasantes et mettre fin une fois pour toutes à la menace qui pèse sur le christianisme.

Lorsqu'il devint de plus en plus évident que la tempête était destinée à débarquer sur Chypre, le vieil inquisiteur devenu pontife, avide persécuteur des juifs et des hérétiques, voulut hâter les temps.

Nous sommes au printemps 1570. Un an et un demi plus tard, le 7 octobre 1571, l'Europe chrétienne inflige une défaite catastrophique aux Turcs.

Mais la vraie victoire catholique n'est pas célébrée sur le champ de bataille ni mesurée en terres conquises. L'importance de Lépante réside dans son énorme impact émotionnel lorsque, dans un flot de livres instantanés, de rapports, de souvenirs, de prières, de poèmes et de gravures, sa renommée submerge tous les coins de l'Europe.

Ce livre n'est pas la énième histoire de ce jour. C'est une tapisserie de l'année et demie qui l'a précédé. Son intrigue est faite des états d'âme, des entrelacs diplomatiques, des chansons chantées par les armées, des préjugés qui alimentaient les deux camps, de la technologie de la guerre, de ce que les Turcs pensaient des chrétiens et vice versa.



Cet essai est colossal dans tous les sens du terme, très documenté, je n'ose imaginer le temps passé à recueillir et agréger les différentes sources.

Alessandro Barbero est très attentif à ne pas tomber dans les lieux communs, regardant les faits à l'aide des chiffres et force d'analyse, apportant les réponses les plus logiques et cohérentes aux doutes que des moments historiques importants et souvent, pour des raisons de propagande ou de négligence, très confus, ont toujours emportés avec eux.



La bataille de Lépante reste l'un des affrontements militaires les plus célèbres de l'histoire, entré directement dans la légende comme d'autres affrontements tout aussi célèbres tels que Marathon, Cannes, Austerlitz.



Célèbre, aussi parce que ce fut probablement la bataille navale la plus gigantesque de l'histoire, qui s'est curieusement déroulée exactement dans le même détroit (un peu plus au sud) que l'autre grande bataille navale en Méditerranée qui est entrée dans l'histoire, Actium.



La gloire était-elle méritée ?



D'un point de vue politique et stratégique, probablement pas : les vainqueurs ne parvinrent en aucun cas à tirer des avantages territoriaux ou tactiques de la victoire, les Vénitiens perdirent de toute façon Chypre (dont l'invasion par la partie ottomane avait été l'événement déclencheur qui avait conduit à la guerre, puis à la bataille), les Turcs parviennent en 1572 à mettre à l'eau une flotte presque égale à celle de Lépante (même si elle était de piètre qualité).



D'un point de vue militaire, Lépante marque plutôt un tournant : elle montre à toutes les marines du monde comment la supériorité de l'artillerie embarquée (y compris les arquebuses) donne un avantage incalculable à ceux qui la possèdent.

L'évolution déjà en cours, notamment dans les marines de l'Atlantique, pour construire des voiliers toujours plus gros et de plus en plus équipés de canons, va bientôt mettre au grenier les vieilles et glorieuses galères - sauf en Méditerranée - et tous leurs défauts : fragilité excessive ;

le très faible tirant d'eau, qui impliquait d'énormes difficultés à les maintenir dans une mer agitée;

le besoin d'une grande quantité de main-d'œuvre pour ramer;

l'espace très limité à bord.



Les Vénitiens, comme d'autre part les Turcs, seront à la traîne sur cet aspect (et les effets se feront sentir à la fin du XVIIe siècle, lorsque la Méditerranée sera colonisée par les agiles et très puissants navires anglais, français et hollandais ).



Enfin, Lépante est avant tout une victoire de propagande, que les Occidentaux savent exploiter pleinement grâce à la "littérature post bataille" , donnant l'impression d'un tournant historique (qu'il y a eu, mais pas à cause de la bataille, mais plutôt du fossé technologique entre l'Europe et l'Empire ottoman en cours et en expansion continue).

Il est surprenant, surtout à la suite de ce mythe que la propagande occidentale a construit si efficacement, de considérer Lépante comme une victoire quasi mathématique : la supériorité numérique en termes de galères et, surtout, d'artillerie (écrasante) qu'elle ne pouvait que conduire à la victoire de la flotte de la Ligue.

Le mythe de l'invincibilité turque était souvent astucieusement gonflé pour cacher les inefficacités des Occidentaux, ainsi que les jalousies vénielles et les intérêts commerciaux qui avaient avec une énorme crédulité ouvert les portes de la Méditerranée aux Ottomans.



Même à Lépante, la rivalité féroce entre les Espagnols (et les Génois, vassaux du roi catholique) et les Vénitiens avait failli faire sauter l'alliance, et tant le résultat de la campagne désastreuse de l'année précédente que la perte de Chypre avaient été le résultat d'une part du manque de collaboration entre les puissances occidentales et d'autre part des inefficacités démontrées d'un point de vue logistique et militaire.



Certes, l'Empire ottoman avait confirmé dans la guerre une efficacité inconnue des Occidentaux, la même qui lui avait permis d'infliger défaite sur défaite au siècle dernier aux armées et flottes européennes, et qui venait des grandes ressources matérielles de l'empire, de la méritocratie substantielle qui y régnait (qui permit au fils de berger de devenir grand vizir, chose incompréhensible pour un Européen gentleman de l'époque) et par la technologie de la guerre, domaine dans lequel les Turcs au moins jusqu'au XVIe siècle étaient à l'avant-garde.



Il n'en reste pas moins que l'alliance des principaux États européens aurait sanctionné l'inévitable défaite du Grand Turc, ici comme avant et à l'avenir : les États européens réunis sous un commandement unique étaient essentiellement invincibles.

En tout cas, il n'en demeure pas moins que la bataille fut une défaite catastrophique pour les Turcs, anéantissant complètement la flotte, dont la Ligue (et en particulier Venise, la plus intéressée par ce qui se passait dans les eaux du Levant) n'a pu tirer profit puisque la saison était désormais trop avancée, ayant même réussi à combattre en octobre en raison des retards monstrueux dans la préparation de la flotte alliée : mais peu de choses auraient changé.



Le XVIe siècle est le siècle où le monde commence à changer. Les puissances méditerranéennes, exclues des grands circuits commerciaux mondiaux, commencent à être à la traîne même dans les domaines où elles ont toujours été en tête, notamment en ce qui concerne la technologie et l'art militaire (tant terrestre que naval). L'évolution, de ce point de vue, va là où il y a plus de concurrence et là où il y a plus de ressources, hier comme aujourd'hui, et les grands flux commerciaux se déplaçaient alors de plus en plus nettement vers l'Atlantique.



En résumé Lépante était le chant du cygne d'un monde qui devenait marginal, et le resterait pendant plusieurs siècles.



En tout cas, comme dans chacun des ses ouvrages Alessandro Barbero domine son sujet et réussi en 32 chapitres à nous faire revivre les préparatifs, les aléas diplomatiques, dans une moindre mesure la bataille elle même, et a prendre le recul sur cet événement majeur. Une lecture dense mais Ô combien passionnante.

Mais avec un capitaine comme Alessandro Barbero vous pouvez embarquer sans risque
Commenter  J’apprécie          41
Dante

Nous connaissons l’œuvre de Dante (Durante) Aligierhi, du moins son œuvre principale qui est la Divine Comédie, mais il est vrai que de l’homme nous ne connaissons rien ou peu de chose lorsque l’on n’est pas dantologue. Alessandro Barbero, spécialiste d’histoire médiévale, répare cette erreur et se propose à travers cette biographie de nous présenter l’homme, mais également sa famille au sens large ainsi que l’Italie.



Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce livre est par instant fastidieux et compliqué à lire. En effet, dans son souci du détail l’écrivain a parfois trop développé son propos ce qui le rend un peu abscons, notamment quand il développe l’arbre généalogique de Dante et ses rencontres (attendez-vous à des fils de nom). Néanmoins, je dois avouer qu’en dehors de ses passages nominatifs où les liens ressortent, ce livre se révèle être intéressant à lire et les choses se retiennent plus facilement. Bien évidemment, je ne dirais pas que j’ai tout retenu, loin s’en faut ! Mais il est vrai qu’à défaut de retenir les noms et démêler correctement les liens, j’ai retenu ce qui avait fait le sel et le piment de la vie de Dante.

Enfin, si tant est qu’il soit possible d’avoir de la certitude sur ces évènements. Car effectivement là est la limite principale de tout chercheur sur Dante et donc du livre, malgré quelques affirmations et théories correctes, la réfutation d’autres théories par l’auteur, Dante reste nimbé de zone d’ombre et sa vie est pleine d’incertitude. La faute à l’absence d’archive et à son exil sans doute…



Et oui, on peut s’appeler Dante, avoir écrit un livre renommé et vivre d’exil et d’absence. Laisser des trous dans son histoire. Mais ses études, ses centres d’intérêts, sa femme, ses enfants, sa position politique… nous sont plus ou moins connus. Et nous savons par exemple que c’est parce qu’il est l’ainé d’une famille, héritier de la petite fortune familiale qu’il se met à écrire des poèmes, à étudier, à s’intéresser à la philosophie, à améliorer son latin pour mieux comprendre les écrits antiques. Nous savons également que malgré son exil il a pris le temps de placer ses enfants, comme sa fille Béatrice qui apparemment n'est pas Antonia puisque en 1332 un document fait mention de Gemma et d'Antonia pour la vente d'un bien à Pagnolle. Or Béatrice étant dans les ordres, il est impossible selon l'auteur qu'elle ait été convoquée pour cet acte, étant donné qu'en rentrant dans les ordres elle a dû renoncer à ses droits héréditaires.



"En effet, dans l'acte de 1332, on demande le consentement de Gemma et Antonia pour la vente de la propriété de Pagnolle. On en a donc déduit qu'à cette date aucune autre fille de Dante n'était vivante. Mais c'est un raisonnement erroné. Si Béatrice était nonne, alors elle avait renoncé à ses droits héréditaires, et elle ne fut évidemment pas convoquée pour l'acte de 1332 ; d'ailleurs, si nous imaginons qu'elle entra au monastère du vivant de son père lorsqu'il habitait Ravenne, alors cet acte démontre que Béatrice et Antonia étaient bien deux personnes différentes" p. 212



Mais Dante c’est aussi un politicien engagé tant du côté des armes - et oui, on aurait du mal à le croire et pourtant ! -, que du côté des ambassades. Cela étant ses positions pro-guelfe lui vaudront des ennuis avec la justice… alors, après recherche pour cause de malversation, Dante se verra en effet exilé et ses biens confisqués. Mais l’atout du livre par rapport à une page Wikipédia, c’est qu’il va nous indiquer comment se passe une confiscation de bien, et ainsi nous en apprendre un peu plus sur les pratiques judiciaires de Florence. En ce qui concerne l’exil la chose est courante, la confiscation également, mais ce qui est amusant à remarquer, c’est que l’état florentin fait la différence entre la dot de la femme et les biens du mari, la différence entre les biens de l’exilé et ceux de sa famille. En définitive, seule la part de Dante est confisquée, mais elle reste sous son nom malgré tout. Nous retrouvons également, des informations sur la politique militaire, par exemple il est intéressant de découvrir que noblesse et chevalerie ne sont pas liées. On peut être chevalier mais ne pas être noble.



Un autre intérêt de ce livre et malgré sa difficulté, c’est de voir à quel point l’œuvre de Dante est intrinsèquement lié à sa vie. En effet, dans sa Divine Comédie on retrouve des personnages qu’il a croisés comme Béatrice son amour caché d’enfance qu’il a idéalisée, ou ses craintes comme celle d’avoir tout à perdre. Mais la Divine Comédie n’est pas la seule source écrite de la main de Dante qui parle de ce dernier, ses autres textes comme De Monarchia en disent long sur les positions de l’auteur. Mais disons que dans ce dernier texte l’évidence est plus flagrante, la Divine Comédie donne des conclusions qui disent tout et son contraire.



J’ai dit un peu plus haut, en un petit jet de mot, que l’auteur avait abordé la famille de Dante au sens large, car pour l’époque l’ascendance est importante. Dans Storia Voce l’écrivain disait que c’était la partie la moins intéressante pour le lecteur, et… il avait raison ! J’ai souligné la file de noms qui perd le lecteur, mais il faut bien que j’avoue que les liens, les dates, les suppositions également, perdent aussi le lecteur, et dans cette partie c’est assez conséquent. Car comme je le disais quelques lignes au-dessus, l’auteur va reprendre ce qui a été dit sur Dante ou sa famille, mais quand ça ne colle pas avec les quelques archives, en bon historien Barbero le souligne. Du coup, il nous entraine dans son argumentaire, son raisonnement, et c’est assez complexe à suivre hélas. Et finalement, de tout cela, vous ne retiendrez surtout que la conclusion de l’écrivain, la date de son mariage avec Gemma ou encore sa conclusion sur ses ancêtres, sa mère, son père. L’argumentaire, le raisonnement, la méthode, passeront très loin au second plan. Pour bien l’assimiler je pense qu’il faudrait que je le relise.



En résumé, même si le livre est assez complexe à lire et même si je n’ai pas tout retenu, et même s'il reste beaucoup d'incertitude, je suis contente d’avoir lu ce livre pour découvrir un peu plus Dante avant de me lancer dans la Divine Comédie (qui m’attend depuis 3 ans !). Je suis également satisfaite de découvrir ici plus de subtilité qu’une page Wikipédia peut offrir. C’est un livre à lire pour découvrir ce grand poète, mais je préviens il ne se lit pas en une semaine.
Lien : http://encreenpapier.canalbl..
Commenter  J’apprécie          42
Dante

Dante est mort ! Vive Durante degli Alighieri !



HISTOIRE - Il y a 700 ans disparaissait un génie. Il y a 700 ans, Dante nous quittait et nous ne nous en sommes toujours pas remis. Des monuments, des films, des partitions musicales, des jeux vidéo, son profil sur la pièce italienne de 2€ et depuis le 25 mars 2020, une journée officielle de commémoration approuvée par le Conseil des ministres italien. Et tout cela majoritairement grâce à une œuvre, la Divine Comédie. 700 ans plus tard, un autre livre fait date, celui d’Alessandro Barbero, spécialiste d’histoire médiévale, publié chez Flammarion et traduit de l’italien par Sophie Royère. Son titre ? Dante. 



La suite sur : https://actualitte.com/article/99677/chroniques/dante-est-mort-vive-durante-degli-alighieri

Commenter  J’apprécie          10
Dante

Alessandro Barbero, que l'on ne présente plus commémore les sept cents ans de la mort de Dante Alighieri, par cet essai sur le poète florentin. Le Dante d'Alessandro Barbero est un livre utile, bien écrit et à sa manière tout en humilité, à la différence de certains ouvrages plus « lourds », de manuels d'introduction parfois trop superficiels ou à l’inverse trop hermétiques. Ici, l'auteur n'ose pas de nouvelles interprétations ou de commentaires sur des vers isolés, il place plutôt Dante dans son temps, en suivant méticuleusement ses différents âges, de l'enfance à la maturité jusqu’à ses dernières années (en partie enveloppées de mystère) : éducation sentimentale, clans familiaux, quartier, mariage, affaires, activité politique, les amitiés, l'exil, les études et la bibliothèque.

La vie de Dante y est racontée à travers les différents aspects de sa personnalité, qui émergent des traces laissées dans les archives, donnant un fondement historique à ce qui semble presque un roman. On découvre, un Dante avec armes et armures, un Dante politique, un Dante courtisan, etc... Barbero parvient à donner au lecteur un aperçu de « La Vraie Vie de Dante », comme est sous-titré le livre, d'un caractère fondamental de la culture italienne, comme peut l’être également Boccaccio ou Machiavel. Auteurs qui nous sont précieux parce qu'ils sont éloignés et en partie insaisissables. Par un travail de limier à la recherche de correspondances, de lectures croisées, de recherches bibliographiques très abouties Alessandro Barbero nous rend Dante un peu plus proche.

Dante est plongé dans le Moyen Âge, dans l'idée antimoderne d'un univers stable, orienté vers un but. Mais en même temps il nous parle du bien et du mal, du penchant incorrigible au péché et de la responsabilité humaine, et invite chaque lecteur à une transformation radicale, à une autre vision des choses, qui échappe à toute orthodoxie religieuse, à toute liturgie, et qui à chaque fois nous frappe par son audace. Et à la lecture de ce livre on se rend compte que la Divine Comédie est aussi un livre ou Dante nous parle de faits et de conséquences.

On ressort de ce livre avec une furieuse envie de lire ou relire La Divine Comédie, de refaire le chemin jusqu’au Paradis en sa compagnie.

Commenter  J’apprécie          81
Le marchand qui voulait gouverner Florence ..

Dans ce recueil (205 pages) publié en 2017, l’historien italien Alessandro Barbero a pour objectif de faire découvrir aux lecteurs les pensées des habitants du Moyen-Âge. Comment pensaient les personnes du Moyen-Âge ? Projet ambitieux ! Surtout qu’il propose de le faire au travers de 6 portraits (3 hommes et 3 femmes) de personnes ayant laissé des écrits derrière eux, ou en tout cas, sur lesquels on a écrit. Grâce à ces 6 personnes ayant un lien avec l’Italie et/ou la France, nous découvrons la vision que les personnages avaient de grands thèmes tels que la société (la lutte des classes), l’importance de la religion, l’esprit chevaleresque, la place des femmes dans la société ou un féminisme avant l’heure et enfin, l’honneur au féminin.





Objectif atteint ? Oui et non, puisque le lecteur doit être conscient que 6 portraits ne pourront jamais représenter toute la société médiévale. Et Barbero n’en a pas la prétention. Cependant, l’ouvrage a le mérite de nous présenter 6 figures connues et de nous proposer une belle porte d’entrée pour découvrir les personnalités du Moyen-Âge ou l’émergence de certains thèmes contemporains (cités ci-dessus). En fait, pour que ce livre puisse se rapprocher de l’objectif, il faudrait publier d’autres tomes, présentants d’autres personnages.


Lien : https://armoirealire.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30
Roman russe : Pour présager les tourments à venir

Une heureuse coïncidence a fait que, dans ces jours où s'est ravivé le conflit arméno-azéri du Haut Karabagh, j'ai découvert ce Roman russe d'Alessandro Barbero, historien italien que je ne connaissait que comme ottomaniste. Rappelons aux lecteurs francophones intoxiqués par une couverture médiatique exemplaire dans sa partialité, qu'entre 1988 et 1991 éclata une guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan qui provoqua quelques dizaines de milliers de morts dans chacun des deux camps, environ 200 mille réfugiés arméniens contre quelque 600 mille déplacés azéris – ce conflit étant pourtant qualifié par certains de « nouveau génocide arménien » ; que malgré le cessez-le-feu de mai 1994 instauré par le Groupe de Minsk, de nouvelles violences ont éclaté dans la région sécessionniste du Haut-Karabagh, qui constitue environ 20% du territoire de l'Azerbaïdjan mais est ethniquement habité majoritairement par des Arméniens, notamment en avril 2016 et actuellement encore, au cours desquelles les médias français ne donnent la parole qu'à ces derniers, présentés comme des victimes de l'islamisme radical – ce qui peut suggérer un joli renversement sémantique du concept de « séparatisme »...

Dans ce roman de 1998 (traduit en français en 2002), Barbero réussit une double entreprise assez impressionnante : d'abord de composer une vaste fresque des dernières années de la perestroïka (entre novembre 1987 et février 1991) sous forme d'un pastiche de la grande littérature russe du XIXe siècle – je pense notamment à Gogol – que confirme aussi le sous-titre : « Pour présager les tourments à venir », citation d'un vers d'Ossip Mandelstam ; d'autre part, dans le marasme d'un régime en pleine déliquescence, de se concentrer sur la corruption de la classe politique azerbaïdjanaise, par deux intrigues entremêlées qui s'inspirent du style du roman d'action ou d'espionnage.

En effet, après une série de chapitres qui présentent le cadre de vie d'une multitude de personnages, dont les destins vont tous se croiser et les fils se renouer parfaitement au cours des 500 pages, deux narrations principales s'enchevêtrent : celle de la recherche doctorale d'une jeune historienne, Tania, qui contre vents et marées essaye de retrouver les documents des purges des cadres du Parti à Bakou, en 1949, dont a été victime entre autres son grand-père ; et l'enquête du juge d'instruction Nazar Kallistratovitch Lappa, chargé d'élucider le meurtre du plus haut responsable du culte musulman en Azerbaïdjan. Le lecteur découvre ainsi de la première le rôle de premier plan, en qualité de persécuteur-tortionnaire, de Gaidar (Heydar) Aliyev, qui dirigera son pays de 1993 à 2003 et auquel succédera son fils actuellement au pouvoir, et de la seconde histoire la responsabilité des plus hauts dirigeants du KGB dans toute sorte de trafics et notamment dans celui de la drogue d'Afghanistan échangée contre des armes provenant d'Iran qui allaient servir à armer la guerre au Karabagh. Si la mafia russe est devenue un objet romanesque assez banal après la chute de l'URSS, les intrigues de ce roman, mêlées au foisonnement de détails de la vie quotidienne d'une multitude de personnages secondaires, à la géographie urbaine de Moscou, à une attention alerte aux débats intellectuels du moment, à l'actualité de ces années-là avec les incertitudes psychologiques de la population, ne constituent sans doute même pas l'ingrédient principal de la fresque, elles servent principalement à entretenir le suspense.

Le style peut parfois être déroutant, par exemple lorsque le narrateur alterne sa position descriptive avec des interpellations au lecteur ou bien aux personnages, et tout cela avec une grande parcimonie dans la ponctuation. Il est surprenant enfin que le volume ne se termine pas par la conclusion de l'une ni de l'autre narration principale, mais par ce qui s'apparente au constat que le temps les a rendues caduques toutes les deux.

Pour en revenir à notre actualité, le lobby arménien ne se sentira pas menacé par ce roman : le KGB azerbaïdjanais et ses autres dirigeants de l'époque en ressortent unilatéralement salis, et rien n'est dit sur le leadership de la république voisine, dont n'est mentionné au passage que le terrible séisme dont elle fut frappée à cette époque.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alessandro Barbero (315)Voir plus

Quiz Voir plus

Devinette : Qui est-elle ?

Moitié de peau de chien

Car
Ni
V'Or

5 questions
18 lecteurs ont répondu
Thèmes : peinture , assassinats , sculptureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}