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Citations de Alessandro Baricco (1425)


Cela inquiétait surtout les grands, cette distance, cet évitement, entre moi, Bobby et le Saint. Ils auraient préféré nous voir soudés pour encaisser le choc, ils nous voyaient divisés. Ils lisaient dans cette division une blessure ancienne, ou plus profonde qu'ils ne voulaient l'imaginer. Mais c'était comme un vol d'oiseaux après un coup de feu, la dispersion générale, en attendant le moment de reformer leur V, ou simplement ces petites taches sombres alignées sur un fil. Nous nous frôlâmes une fois ou deux à peine. Nous seuls savions combien de temps devait s'écouler, combien de silence.
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C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre.
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Il finit donc par comprendre qu’il était dans une situation que partagent bcp d’être humains, mais pas moins douloureuse pour autant, à savoir : la seule chose qui nous fait sentir vivants est aussi ce qui, lentement, nous tue. Les enfants pour les parents, le succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes. Ecrire des livres, pour Jasper Gwyn.
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Comment avons-nous pu ignorer, pendant aussi longtemps, tout ce qui se passait et cependant nous asseoir à la table de chaque chose ou personne rencontrée sur notre chemin? Nos cœurs tendres- nous les nourrissons de grandes illusions, puis, au terme du processus nous marchons comme les disciples d’Emmaüs, aveugles à côtés d'amis et d'amours que nous ne reconnaissons pas- nous fiant à un Dieu qui ne sait pus qui il est. Ainsi nous connaissons les choses à leur commencement puis nous en recueillons la fin, manquant toujours leur cœur. Nous sommes aurore mais épilogue- éternelle découverte tardive.
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J'ai compris qu'on ne change jamais vraiment, il n'y a pas moyen de changer, toute la vie on reste tel qu'on était petit, ce n'est pas pour changer qu'on recommence à zéro. (...) On recommence à zéro pour changer de partie, dit elle. On a toujours cette idée qu'on est tombé à la mauvaise table. (...) Comme je vous l'ai dit, ajouta t-elle, changer de cartes est impossible, on ne peut que changer de table de jeu.
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Par exemple, dans l’obscurité des cinémas paroissiaux, nous avons senti la main des prêtres se glisser entre nos cuisses sans éprouver de colère, mais essayant de déduire en hâte que les choses se passaient évidemment ainsi, les prêtres glissaient leurs mains à cet endroit - ce n'était même pas la peine d'en parler à la maison. Nous avions douze, treize ans. Nous ne repoussions pas la main des prêtres. Nous prenions l'eucharistie de la même main, le dimanche suivant.
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Tom n'était pas seulement son agent, c'était l'homme qui l'avait découvert, douze ans plus tôt. Ils fréquentaient le même pub, alors, et une fois ils étaient restés jusqu'à la fermeture à parler de ce qu'aurait écrit Hemingway s'il ne s'était pas tué avec un fusil de chasse à l'âge de soixante-deux ans. (p.21)
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Un jour, je me suis aperçu que plus rien ne m'importait, et que tout me blessait mortellement. (p.6)
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Elle gardait les lèvres entrouvertes, on aurait dit la préhistoire d'un sourire.
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C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre.
On aura remarqué que ceux-là contemplent leur destin à la façon dont la plupart des autres contemplent une journée de pluie.
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Bien, il y a une chose que tu dois savoir, Malcolm, c'est que quand on a besoin de pleurer il faut le faire, inutile de rester là à se poser mille questions. (p.97)
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- Vous pensiez vraiment que pour tout cet argent vous trouveriez un travail RAISONNABLE ?
- Ma sœur dit que nous ne te payons pas pour dire ce qui est dingue et ce qui ne l'est pas...
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La diligence c'était le monde, qui se faisait son beau voyage dans le temps : elle allait de l'avant en moulinant les jours et les kilomètres, et si tu restais à l'intérieur, bien à l'abri, tu ne sentais même pas l'air ni la vitesse. Mais si pour une raison quelconque tu te penchais par la fenêtre, hop, tu te retrouvais dans un autre temps, et alors c'était la poussière et le vent jusqu'à ce que tu en perdes l'esprit.

:) moi j'aurai écrit... tu te retrouvais face à face avec le temps. Le temps avec un grand T. Tu le prenais en plein poire et il t'emportait la cervelle au vent comme un buisson desséché.(Sourire).
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Alessandro Baricco
Quand je te toucherai pour la première fois ce sera avec mes lèvres, tu ne sauras pas où, à un certain moment tu sentiras la chaleur de mes lèvres, sur toi, tu ne sauras pas où si tu n'ouvres pas les yeux, ne les ouvre pas, tu sentiras ma bouche, tu ne sauras pas où, tout à coup,ce sera peut-être dans tes yeux, j'appuierai ma bouche sur tes paupières et sur tes cils, tu sentiras la chaleur pénétrer à l'intérieur de ta tête, et mes lèvres dans tes yeux, dedans, ou bien ce sera sur ton sexe, j'appuierai mes lèvres, là, et je les entrouvrirai en descendant peu à peu,je laisserai ton sexe ouvrir ma bouche, pénétrer entre mes lèvres, presser contre ma langue, ma salive descendra le long de ta peau jusque dans ta main, mon baiser et ta main, l'un et l'autre mêlés, sur ton sexe….

et puis à la fin je baiserai ton coeur parce que je te veux, je mordrai la peau qui bat sur ton cœur parce que je te veux, et quand j'aurai ton coeur sous mes lèvres tu seras à moi, vraiment, avec ma bouche dans ton coeur tu seras à moi, pour toujours, si tu ne me crois pas alors ouvre les yeux mon bien-aimé seigneur et regarde-moi, je suis là, quelqu'un pourra-t-il jamais effacer cet instant, mon corps que la soie ne recouvre plus, tes mains qui le touchent, tes yeux qui le regardent,tes doigts dans mon sexe, ta langue sur mes lèvres, toi qui glisses sous moi, et prends mes hanches, et me soulèves, et me laisses glisser sur ton sexe, doucement, quelqu'un pourrait-il effacer cela, toi qui en moi lentement bouges, tes mains sur mon visage, tes doigts dans ma bouche, le plaisir dans tes yeux, ta voix, tu bouges lentement et cela me fait presque mal, mon plaisir, ma voix,mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève, tes bras qui ne me laissent pas partir, les coups à l'intérieur de moi, la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens, ils veulent savoir jusqu'où me faire mal, jusqu'où tu veux, mon bien-aimé seigneur, il n'y a pas de fin, cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ? personne jamais ne pourra effacer cet instant, pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant, pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils, ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée, il n'y a plus de temps pour fuir ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, crois-moi, mon bien-aimé seigneur, et cet instant sera, maintenant et à jamais, il sera, jusqu'à la fin.
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C’était un monde cruel. Les gens s’entretuaient, et ils le faisaient normalement.
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Beaucoup de gens sont mélancoliques, dans leur jeunesse, et qu’en fin de compte ils le restent toujours. Ou alors, qu’ils ont grandi dans la pénombre, et que la pénombre les poursuit toute leur vie. Ainsi il fallait se méfier de la méchanceté qui semble être un luxe qu’on peut se permettre, quand on est jeune, car la vérité est tout autre ; la méchanceté est une lumière froide dans laquelle les choses perdent leurs couleurs, et ce définitivement.
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Cependant j'ai été élevé dans une résistance obstinée, qui considère la vie comme une noble obligation, dont il faut s'acquitter avec dignité et intégrité. Mes parents m'ont donné de la force et du caractère dans cette perspective, et j'ai hérité de chacune de leurs tristesses, pour en faire des trésors. Il est donc clair dans mon esprit que je ne mourrai jamais - sinon dans des gestes fugaces ou des moments voués à l'oubli. Je n'en doute pas également, plus incisif que n'importe quelle peur se révélera mon départ. Et il en sera ainsi.
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J'ai choisi trois domaines particuliers où ce phénomène semble s'être manifesté au cours des dernières années : le vin, le football et les livres. Je me rends bien compte que dans, les deux premiers cas en particulier, nous ne sommes pas face à des gestes essentiels de notre civilisation. Mais c'est précisément ce qui me plaît : étudier les barbares à travers leur saccage des villages périphériques, pas à travers leur assaut contre la capitale. Il est possible que là où la bataille est plus simple, circonscrite, il soit plus facile de saisir la stratégie de l'invasion et les gestes fondateurs de la mutation.
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Il avait mis des années à admettre l’idée qu’écrire lui était devenu impossible et maintenant il se trouvait forcé de constater que sans ce métier il lui était très difficile d’aller de l’avant. Il finit donc par comprendre qu’il était dans une situation que partagent beaucoup d’êtres humains, mais pas moins douloureuse pour autant, à savoir : la seule chose qui nous fait sentir vivants est aussi ce qui, lentement, nous tue. Les enfants pour les parents, le succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes. Ecrire des livres, pour Jasper Gwyn.
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[...] elle continua de dissoudre le caillot de sa tristese dans ces larmes immobiles et silencieuses [...] (p.35)
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