Citations de Alex Cousseau (239)
Peu importe qui dit vrai et qui dit faux. Les deux histoires se valent. Elles prennent des chemins différents pour arriver au même endroit. Tu ne crois pas ?
Sa peur consistait a du vent dans un sac en plastique et la sienne a elle a un pot de peinture.
"La plupart des bruits ne se laisseront jamais enfermer dans le silence, hiver comme été."
"(...) dans la neige, tout semble silencieux, c'est comme marcher dans un rêve."
J'aime la compagnie des arbres.
Expliquons d’abord pourquoi Grizzli s’appelle Grizzli, et pas Jean-Floch ou Tartempion. Chaque nom a une histoire, et celui de mon ami ne fait pas exception. Il y a fort longtemps (bien avant que lui et moi devenions amis), Grizzli n’avait pas de nom. On l’appelait le chat, ou bien on ne l’appelait pas. On se souciait rarement de lui. Puis vint le jour où un oiseau, à peine sorti de son oeuf, aperçut la silhouette immobile de Grizzli faisant la sieste sur un carré d’herbes sauvages.
– C’est qui ? demanda l’oisillon.
Il aurait pu aussi demander C’est quoi ? Parce qu’à cette distance et dans cette position, le chat ressemblait davantage à un paillasson qu’à un chat. (…)
Avant de penser aux morts, on ferait mieux de se soucier des vivants.
Nos prénoms sont parfois des vêtements qui semblent appartenir à d'autres que nous.
Jusqu'à l'âge de sept ans, je croyais que la mort était un pays. Un autre continent, une terre oubliée au bout du monde...
L'air est vif.
Et je suis mort.
Encore.
Pas tout à fait.
Mourir, c'est plus long qu'on le pense. Beaucoup plus compliqué. Ça dure parfois des siècles...
Un jour, Esther a voulu m'expliquer que les rêves sont comme des déchets. Une façon qu'a trouvé notre cerveau pour évacuer durant la nuit le trop plein de nos jours. Tout ce qui déborde, les joies et les peines. Surtout les peines. Tout ce qui nous fait mal. Les éclats de vie, les malentendus, les silences et les blessures. Les peurs. Les désirs inassouvis, la honte...
Au moment où elle prononce ces paroles, Poki a bien conscience que les autres vont encore la prendre pour une folle. Mais elle ne s'en soucie guère. Notre grand-mère a toujours fait le choix de parler librement. Personne ne lui a jamais imposé sa manière de penser.
« Une nuit suffira pour raconter notre histoire. Une seule nuit pour dire tout le bruit, le sang, la sueur, l'amour et les larmes qui ont rempli notre vie. Une nuit pour parler de notre grand-mère envolée, pour évoquer l'homme qui faisait le tour du monde à la recherche de son ombre, sans oublier notre père, le fils de l'ombre et de l'oiseau, et notre mère, la fille aux huit doigts. […] Nous sommes Elie et Elias, et bientôt nous entrerons tous les deux dans les livres d'Histoire comme ceux qui ont assassiné une légende… » p.11 (Rouergue 2016)
« De pacifique, cet océan n'a que le nom. Des vents y soufflent en désordre, des tremblements de terre y provoquent régulièrement des vagues d'une violence inouïe. Et pourtant, voilà déjà trois siècles qu'il porte ce nom. Tout ça parce que Magellan le découvrit plutôt calme, un jour de novembre 1520. » p.21
« À Mahina qui tente de la raisonner en déclarant qu'il est toujours bon de changer ce qu'on peut changer, mais qu'il est sage de savoir accepter ce qu'on ne peut pas changer, [Poki] répond qu'elle a justement envie du contraire. Changer ce qu'on ne peut pas changer. Ce que les autres refusent de changer. […] Cette forêt disparue, elle la retrouvera. Elle fera le tour du monde s'il le faut, mais elle la retrouvera, parole de Poki, et elle la ramènera jusqu'ici. […] Les humains en général la déçoivent, qui ne croient en rien, qui bradent leurs rêves pour de stupides raisons pratiques. » p.31-32
« Nos vies sont faites d'ombres et de mouvements, disait notre mère. Elles s'équilibrent entre le jour et la nuit. Ce que nous vivons pénètre dans nos rêves, ce que nous rêvons pénètre dans nos vies. C'est une spirale magique... » p.60
« [Elias et moi] sommes les dépositaires de leur étrange histoire à tous, et si cela fait d'eux et de nous des personnages de roman, cela ne remet nullement en cause notre existence. » p.71
Dix-neuf heures. Tout en haut d'un immeuble désaffecté, au bout de la rue. Le mauve épais du ciel, fissuré par les trajectoires des oiseaux. Face au ciel, les deux corps allongés de Leïla et Sacha sur un lit de graviers. Elliott est assis à leur tête. C'est une terrasse à l'abandon, comme en haut d'une falaise, à l'écart de la ville et de ses remous.
p.51
- En fait, dit-il, je pense que les enfants peuvent comprendre ça.
- Ça quoi ?
- L'inattendu. L'amour irrésistible et inattendu entre deux personnes, dont l'une est leur mère, et l'autre n'est pas leur père.
La vie est un cheval, me disait Phineas Gage. Un cheval furieux, un cheval espiègle, ou un cheval docile. A chacun d'en décider, mais pour avancer il faut l'enfourcher.
Pourquoi j'ai dit ça? Pourquoi? J'ai hâte d'être à demain. Il ne viendra pas. Il viendra. Je préfère ne pas y penser. J'y pense tout le temps. S'il vient je dirai que je suis malade. S'il ne vient pas j'attendrai toute la journée en bas du chemin.
Je n'aime pas la foule. C'est encore pire que d'être seule, on se cogne tous les deux mètres à une autre personne seule.
Les hommes blancs nous ont tués avec la variole, avec leurs fusils et avec leur argent. Ils ont récupéré les terres auxquelles nous appartenions depuis la nuit des temps.
- Tous les hommes blancs ne sont pas comme ça, je dis.
- Non, soupire mon ami. Mais les autres sont trop silencieux.
- Je résume. La question est de savoir si une créature capable de faire chavirer n'importe quel bateau existe. On pourrait tout aussi bien s'interroger sur l'existence de l'amour. L'amours est-il capable de faire chavirer n'importe quel coeur ?