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Critiques de Ali Zamir (130)
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Jouissance

"Je ne suis pas guide ou bréviaire

Ni baratin ni théorie

Qu'on range entre deux dictionnaires" Jean Ferrat.

Un SBF, un livre sans bibliothèque, ni domicile fixe et sans auteur...Un drôle de livre qui se livre à vous, un roman dont le livre est le héros!





"Oui, je ne suis et ne serai jamais le pauvre produit d'une imagination, me suis-je bien fait comprendre, nom d'un verbe précocement éjaculé, je ne suis pas une vulgaire création,…"





Ce livre, ivre de mots, parle à son lecteur: un dialogue insolent avec celle ou celui qui le lit. Un hommage de la plus jouissive des manières.

Pour une fois, un livre m'a empêché de sauter ( à mon âge et dans mon lit) un paragraphe ou une page... N'allez pas me chapitrer, hein!





Un jeune homme fait la cour à une jolie bibliothécaire:

"Incurable, l'amour est là, parce que vous y êtes aussi. Vous me hantez jusque dans mon sommeil." Elle ne souffle mot, mais son corps la trahit...





Elle dit "lèvre" au lieu de "livre". "salle d'aventure" au lieu de "salle de lecture"... le baiser, pardon" le baisser de rideau incombe à la jeune femme ce jour là"





"Le jeune homme prend les ...des seins entre ses doigts", et la fait tourner, page après page lentement. Ce livre indiscret ne nous cache rien des ébats des amants... Un livre qui se livre...





En extase devant la bibliothécaire en mal d'amour, et "d'aventure en aventure, " le livre tombé de l'étagère, passe de main en main (d'un mari dépravé, d'une fillette adoptée: Plume, ou d'un homme d'affaires et d'une soubrette clairvoyante) et de... poubelle en poubelle aussi.





"Non je n'ai rien de littéraire

Je ne suis pas morceaux choisis

Je serais plutôt le contraire

De ce qu'on trouve en librairie

Je ne suis pas guide ou bréviaire

Ni baratin ni théorie

Qu'on range entre deux dictionnaires

Ou sur une table de nuit

Je ne suis qu'un cri." Jean Ferrat.

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Dérangé que je suis

Une rencontre en nette demi-teinte avec cette nouvelle voix de la francophonie.

Peut-être pas la meilleure façon d'entrer dans une oeuvre qui a le mérite de ne pas être classée facilement, alors que nos grilles de lecture se resserrent avec les années.

Nos chers exégètes de la pensée unique subventionnée ont d'ailleurs affublé cet auteur du titre « d'OVNI de la rentrée littéraire 2016 », l‘appel aux soucoupes volantes n'étant rarement bon signe, démontrant un usage sans nuances de cases bien délimitées…



Ali Zamir est comorien, de cet archipel à l'histoire ultra-compliquées, faite de dominations successives, ayant au moins le mérite d'un constant brassage culturel entre Afrique continental, Moyen-Orient et Europe.



Le piège, dans lequel tout le monde tombe forcément, est de parler de cette origine en préambule. On aimerait beaucoup pouvoir faire fi de ceci, et se limiter à chroniquer une histoire racontée par une personne. C'est bien-sûr illusoire, et sûrement hors-sol, considérations limitant le terroir de l'artiste, et de sa prévalence de vision… Pourtant, les développement « indigénistes », voire « platistes » pour les plus engagés, obligent à ce genre de bêtises, marchant sur des palettes d'oeufs de poules élevées en plein air.



L'incontournable écueil de son utilisation de la langue française ne pourra encore être évité : oui, c'est du haut-vol, utilisant des mots que seul une version encyclopédique de nos chères marques de dictionnaire renseignent — ou pour certains, l'excellent « Dictionnaire des mots rares et précieux » dirigé par Jean-Claude Zylberstein — comme souvent avec cette francophonie exogène, cédant aux deux côtés du spectre contemporain le loisir d'en tirer leurs conclusions, laissant le silencieux pragmatique en carafe au milieu, un chat dans la gorge à force de se la racler, irrité à se dire « mais merde, pourquoi ai-je encore besoin de dire tout cela ? »



Et bien c'est que l'histoire que nous conte l'ami Ali Zamir, à l'apparence d'innocent fabliau, n'est finalement pas un conte moral… Vous me direz, tant mieux… il est quasiment punk dans sa manière de situer (ou justement de ne pas..) le bien et le mal… mais sans rien en faire de bien questionnant non plus…



Et puis cette langue vibrionnante, mise en mots plus que soutenue des pensées d'un individu présenté comme plus que modeste, barbouille encore le tableau : inutile d'attendre en premier lieu de la cohérence, bien que le doute demeure… cette amorce de poésie en prose, multipliant les rimes hésitantes à versifier, apparait plutôt vaine alors que se déroule l'intrigue, et qu'elles sont progressivement abandonnées, comme fatiguées de cette course de chariots.



On referme cette histoire lue d'une traite avec un drôle de sentiment, considérant sa réception par nos prescripteurs culturels davantage contingentée par son origine que son contenu, celui-ci transposé dans un univers familier aurait semblé bien plus daté… Il est vrai que l'éditeur en réfère à un « Pagnol de l'Océan Indien ».

Son premier livre est dans les parages, on verra bien…

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Mon étincelle

“Accrochez-vous et suivez moi”, non ce n'est pas moi qui vous interpelle,

c'est Étincelle, la narratrice, la jeune fille de l'histoire. Elle se trouve à bord d'un avion en pleine turbulences, qui relie deux îles de son pays, les Comores. Dans cette traversée agitée, métaphore de la vie, entre la vie et la mort, elle nous conte son histoire d'amour tiraillée et celle terriblement émouvante de ses parents, où viennent s'emboiter d'autres récits foisonnant d'argot et de proverbes comoriens.

Des récits où « les matraques » déchaînées des hommes font  « angarier » leurs épouses,

où leurs pensées cochonnes mettent « le trouillemétre » des femmes visées, à zéro, où ils mentent comme « un arracheur de dents », par conséquent,

où les jeunes filles « attrapent facilement le ballon »,

où les protagonistes s'appellent Douleur, Douceur, Calcium, Vitamine, Tétanos,Efferalgan et Dafalgan -dont les deux derniers, des médicaments qu'on trouve un peu partout 😁-,

Et où si vous demandez à un enfant de dix ans quel métier il préférerait faire plus tard, il vous répond :”Président ou ministre” ( devinez pourquoi ?).........

Bref ce qu'il en découle, les Comores, un pays où le sexe semble monnaie courante et où l'histoire de chacun, une vraie histoire.



A travers des récits truculents mais aussi, ô combien tragiques,

D'une langue orale, ô combien ironique, originale et poétique,

Zamir,l'écrivain comorien, nous donne un aperçu socio-économique d'un pays, ô combien misogyne et dramatique .

Un contexte de ténèbres éclairé par une prose lumineuse !

Une Étincelle !



« Dans un monde où la bouche ne communique pas avec l'oreille, où la main droite ne fait pas confiance à la main gauche et où le coeur n'a rien à voir avec l'amour, la vertu demeure toujours un oiseau rare et farouche : c'est un oiseau qui disparaît progressivement de la sphère humaine.....Tout simplement parce qu'on est hantés par l'égoïsme, la méfiance et l'arrogance ».
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Dérangé que je suis

« Dérangé que je suis » s'ouvre sur un narrateur en bien fâcheuse posture : ligoté, battu, enfermé et promis vraisemblablement à la mort… Pourquoi ? Retour sur les quelques jours qui précèdent cette désolante situation, avec le récit de Dérangé, notre narrateur.



« Dérangé », ce n'est bien évidemment pas son véritable nom – que nous ne connaîtrons d'ailleurs pas – mais le surnom que lui ont valu sa nature un peu fantasque et ses comportements décalés. C'est encore un jeune homme, employé comme docker à décharger les bateaux dans le port de Mutsamudu, aux Comores - une vie misérable à courir tout le jour avec son chariot de marchandises à transporter vaille au vaille dans les rues encombrées de la ville. Une vie misérable mais dont il se contente, faute de mieux, et dont il nous raconte le quotidien et les péripéties, en compagnie de son irascible voisin surnommé « Casse-pieds », et d'un improbable trio de dockers concurrents – les « Pi-Pi-Pi », Pistolet, Pirate et Pitié. Une vie difficile mais relativement tranquille, en somme. Jusqu'à sa rencontre malencontreuse avec une femme très belle, très riche et très mariée qui l'aguiche sans vergogne et à qui, pour son plus grand malheur, il va se refuser…



Il ne se passe en fait pas grand-chose dans ce roman très bref et qui se lit d'une traite… Mais l'écriture vive et bondissante, les réparties pleines d'humour de personnages hauts en couleur auxquels on s'attache aisément, aux prises avec des mésaventures totalement rocambolesques, font de ce troisième roman d'un tout jeune auteur comorien au talent prometteur un bon moment de divertissement, plein de drôlerie, d'humour, de charme et de poésie.



Un auteur à suivre ?

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Dérangé que je suis

Dérangé est un pauvre diable : il fait partie de la nuée de misérables dockers, qui, chaque jour, guettent l’arrivée des bateaux dans ce port des Comores, et se disputent les clients dont ils vont charroyer la marchandise ou les bagages en échange de quelque monnaie. Lorsque s’ouvre cette histoire, Dérangé gît dans un lieu obscur, où il est enfermé, ligoté et ensanglanté. Que lui est-il donc arrivé ?





D’emblée, le récit nous embarque dans une atmosphère remuante et colorée : en quelques mots, exactement comme en deux coups de crayon, se dessinent des personnages plus vrais que nature, saisis sur le vif avec un réalisme et une puissance d’évocation saisissants. Il n’est pas une ligne qui ne crée l’impression de voir et d’entendre, comme si on y était vraiment.





Pauvre Dérangé ! Alors qu’il nous relate ses aventures tragi-comiques dont on se demande jusqu’à la fin comment elles ont pu se refermer en un piège si cruel, nous sommes emportés par une verve pittoresque et chatoyante, où se déploie le plaisir des mots le plus pur. Car Ali Zamir use des mots rares comme il enfilerait des perles, ciselant un texte truculent et poétique, où chaque terme inattendu mais si bien choisi vous arrache un sourire.





Ce petit livre si bref est un condensé de plaisir qui change de tout ce que vous avez lu jusqu’ici : précipitez-vous sur cette histoire injuste et féroce mais si réjouissante, à l’atmosphère prenante et aux personnages criants de vérité, mais surtout, à la langue si magique.





Prolongement sur les tardigrades (petit nom dont s'affublent les dockers de Dérangé que je suis) dans la rubrique Le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :

https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/zamir-ali-derange-que-je-suis.html




Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Mon étincelle

On se plonge de façon tout à fait aléatoire dans un livre et à la troisième ligne, ion sait que l'on est face à un écrit différent, revigorant, où la langue truculente va nous emporter ente les iles comoriennes .

Ce livre , où j'ai découvert autant de mots que ces dernières années, où les tournures et les expressions pourraient faire penser à des canadiens africains , est un très beau moment d'évasion. Il est question d'Amour, des Comores, des relations humaines et familiales .



les personnages sont éloquents dès leur évocation : Douceur, Douleur, Etincelle, Vitamine, Calcium, Tetanos, Dafalgan , Eferalgan, espoir. Ils sont tous là et vont nous amener dans le tourbillon de leurs vies, de leurs combines pour convaincre les cœurs ou attirer les femmes.

Ils sont drôles, authentiques , le coté "débrouillard" de l'Afrique inonde les pages .

Un très beau moment d'évasion, porté par une très belle écriture qui nous propose un français jovial et déroutant.

Bravo
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Dérangé que je suis

Dérangé qu'il est, le gars docker tout autant que raconteur qui ne cesse de le ratiociner et le ressasser qu'il l'est, oui, Dérangé. Même s'il s'agit de son surnom local, alors que d'araignée au plafond ou de logis sans habitant, selon son mode accoutumé d'illustrations pittoresques, on ne peut affirmer sans frémir du sourcil qu'il soit concerné. Pourtant les autres ne manquent pas de le consigner, à la vue de ses guêtres dont on sait à leur lecture quel jour les rayons ensoleillés de l'île d'Anjouan sont en train de darder. Car il a ses petites manies de toilette, Dérangé qu'il est, à chaque journée suffit son enjolivure selon lui, et si les coqs de son Casse-pieds de voisin n'y ont pas fienté dessus il saura les remettre et les reconnaître, car il a écrit méthodiquement dessus leur procuration journalière. Un moyen comme un autre de s'y remettre dans sa routine sur le port, à héler les voyageurs débarqués là pour qu'il leur transbahute leurs effets sur sa Carlewis de carriole, lui plutôt que d'autres, surtout si ce sont ces vauriens de Pipipi, le trio de Pirate Pilote et Pitié. Mais un beau jour une bellâtre jupitérienne le choisit à lui, le belître, plutôt que tous les autres. L'évènement est pour le moins déclencheur, notamment d'une rivalité conclue par une course avec Pipipi, où les jambes ne devront pas se retrouver en flanelle dans l'enchevêtrement tortueux des venelles.

Court roman rapide à courser des carrioles et des mots, Dérangé tient le haut du pavé parmi les personnages aux chromatismes pimentés, son langage déflorant une cavalcade acidulée sans être affectée. Et même si l'on est amené à ouvrir souvent le dico, le rythme et la saveur exotique de la lecture n'en pâtissent pas.
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Mon étincelle

Bon ça arrive heureusement très rarement : je n’ai absolument pas du tout accroché à ce roman !



Je n’ai pas aimé le début hésitant, cette répétition de mots jusqu’à trouver le bon, cette imprécision de vocabulaire même si elle est assumée et probablement voulue.



Je n’ai pas aimé le ton affirmatif, péremptoire même, et moralisateur de la narratrice, une adolescente. On ne compte pas les « dans la vie, il faut … », «comme disait Maman, on doit … »,« la vie c’est comme … ». Ça m’a fortement énervée et attristée de voir une si jeune personne déjà pétrie de tant de certitudes.

Je n’ai pas aimé ces apparitions inopinées et souvent injustifiées de mots savants dans le texte qui s’apparente à un discours oral. J’ai trouvé que ça sonnait faux.



Je n’ai pas aimé non plus toutes ces histoires de coucheries, cette intrigue cousue de fil blanc, ces péripéties sans originalité, sans imagination, niveau école primaire.



On me dira que c’est un roman pour les ados. Moi, je trouve que nos jeunes méritent mieux que ça. Mais ceci n’est que mon humble avis, un avis parmi tant d’autres.



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Dérangé que je suis



Si vous cherchez une lecture originale, qui vous fasse voyager dans des contrées lointaines, découvrir des petits métiers mais aussi la folie des hommes, alors vous l’avez trouvée !



Je viens de passer quelques heures hors du temps. J’entends par là, hors de mes habitudes. Les décors, les personnages et surtout la langue d’Ali Zamir, auteur francophone, vous entraînent vers un ailleurs qui enchante.



Un ailleurs également truffé d’humour que l'on savoure également.



Ali Zamir possède une écriture riche, ornée de mots anciens délicieusement surannés qui donne au récit son allure de conte ancestral. Mais ne vous y trompez pas, hier comme aujourd’hui, l’homme est un loup pour l’homme. Et quand je dis l’homme, la femme n’est pas exclue de ces propos...







Derangé est un pauvre docker du port international Ahmed-Abdallah Abderamane de Mutsamudu (Comores). Il a pour seule richesse une pauvre maison, des vêtements portant les jours de la semaine et comme outil de travail un vieux chariot pour charrier les marchandises descendues des bateaux. C’est un petit bonhomme tranquille qui se mêle peu aux autres mais qui dérange malgré tout par son accoutrement et sa façon d’être. S’il n’avait pas rencontré les Pipipi et une certaine dame il est certain que sa vie aurait été autre, mais il y a toujours des gens qui n’aiment pas que...


Lien : http://mespetitesboites.net
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Anguille sous roche

Anguille, sur le point de se noyer dans l’océan Indien, se remémore son existence. Ses forces l’abandonnent mais sa pensée, tel un animal sur le point de mourir, se cambre : dans un ultime sursaut de vie et de révolte, la naufragée nous entraîne dans le récit de sa vie…



Anguille se noie… et moi avec elle ! J’ai vite perdu pieds dans cette longue phrase de 367 pages. Aucun point, seulement des virgules pour rythmer cette immersion dans cet océan hostile.

J’ai été heureuse d’arriver au point final. Je suis allée au bout de cette lecture car la langue est belle, les personnages secondaires sont attachants, le potentiel de ce jeune écrivain ne fait aucun doute à mes yeux.



Ce roman a été qualifié d’original lors de la rentrée littéraire de septembre 2016 et il a figuré sur de nombreuses pré-sélections de prix.

Il a finalement été couronné par le prix de littérature francophone Senghor.



A découvrir si vous voulez tenter une expérience littéraire inédite aux dépens d’une intrigue sans grand intérêt.





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Anguille sous roche

J’ai tellement aimé « Dérangé que je suis » de cet auteur comorien que j’ai voulu lire son premier roman. Une unique phrase sur un roman assez long. Deux sœurs jumelles élevées par leur père pêcheur qui se démène pour elles. L’éveil de l’amour, du sexe, du tabac, de l’alcool et de la sèche de cours. L’une va se retrouver enceinte et... Une prose qui mélange le parler soutenu et familier. Une verve originale pour une histoire banale.
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Dérangé que je suis

Une prose qui interpelle de par sa beauté et sa poésie. L’écrivain comorien nous conte l’histoire d’un docker affublé du surnom de Dérangé. On se régale de ses réflexions sur son travail à courir après les clients, les frasques avec son voisin, les assauts d’une belle femme. Parfait pour un beau voyage linguistique et exotique
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Mon étincelle

Lors du Forum Fnac Livres, j'eus la chance de rencontrer le charmant auteur qu'est Ali Zamir (que j'ai d'abord confondu avec Alain Mabanckou je le confesse, mais le port du chapeau fut un leurre ;)).



Si je reste dans le territoire de la franchise, j'évoquerais également l'absence totale de connaissance sur cet écrivain dont j'appris au détour du web, qu'il est comorien, auteur francophone et a déjà publié un roman, Anguille sous roche, qui a transcendé les critiques. C'est donc toute penaude que j'avançais, mon exemplaire à la main, en fervente fan de la littérature francophone africaine, bien décidée à affronter l'inconnu (sinon quel serait l'intérêt de la littérature). Outre qu'il soit charmant, souriant et m'ait écrit une très jolie dédicace, Ali Zamir nous a parlé avec beaucoup de ferveur, de son 1e roman pour nous donner envie de lire son second dont je vais vous parler séance tenante.



Mon étincelle est avant tout une histoire d'amour, classique thématique nous en conviendrons. Oui mais sous la plume d'un ascète des mots comme l'est Ali Zamir (lecteur, prépare-toi à consulter régulièrement ton dico car notre loustic prend un malin plaisir à sortir des tréfonds de la langue française, des termes dont je ne soupçonnais pas l'existence). Une lecture exigeante certes mais comme j'ai aimé cette langue châtiée, déliée, ces circonvolutions grammaticales, ces tournures stylisées, la beauté des mots mis bout à bout, mâtines de dialogues sortis du quotidien comorien, le plus cru des langages côtoyant des pépites littéraires. Le prosaïque tâtonnant du sublime, les exigences du sexe fait pour le sexe, pour l'acte, s'opposant à la pureté d'un sentiment amoureux qui transcende les barrières et le temps, la corruption et la colère avoisinant le sens de l'honneur et l'éthique morale.



Notre narratrice, ballottée sur un vol chaotique au destin plus que précaire, se remémore l'histoire d'amour de ses parents quelques dizaines d'années plus tôt. L'occasion pour Ali Zamir de reconstituer tout un monde de couleurs, des personnages excessifs et attachants, une Comores démocratique où le principe de tribus prédomine encore et régit la société patriarcale, un système politique gangrené par l'atavisme. Une Comores qui s'en sort bien malgré les crises qui la secouent mais qui laissent une jeunesse comorienne sur-diplômée sans emploi. Il est question de tout cela dans Mon étincelle.



Merci à Ali Zamir de nous offrir un si joli roman qui m'ait fait sortir de ma zone de confort. Si je n'en retiendrais pas forcément l'histoire d'amour, somme toute un peu trop banale, vous pouvez être certains que je garderais un souvenir ému de ce qu'est la beauté de la langue française et le sacerdoce de l'écrivain.


Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Dérangé que je suis

J'avais noté ce titre lors de la GL il me semblait bien particulier et effectivement c'est une lecture particulière. A la fois d'une écriture originale avec du vocabulaire peu courant , le personnage Dérangé parle avec un phrasé "décalé" sans doute de par sa condition. Si on peut rire parfois des situations drôles ou des personnages, on rit moins quand on comprend ce qui se trame, cette injustice.

Je découvre cet auteur et je suis agréablement surprise de son originalité, en nous dévoilant ce métier de docker sur cette île que je ne connaissais pas , la pauvreté des gars qui se démènent au jour le jour pour récupérer de quoi manger. Les querelles entre les dockers, la dure réalité d'un quotidien quand soudain le destin semble vous sourire pour apporter un peu de douceur dans ce monde cruel, faut pas rêver Dérangé que tu es, là encore ce n'est pas pour toi.

C'est beau et cruel à la fois, mais tellement bien mené et écrit. J'ai bien envie de lire les autres livres de cet auteur.

Un écrivain qui dépareille dans le paysage de la littérature d'aujourd'hui et mon dieu que ça fait du bien.
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Anguille sous roche

Heu, comment dire. Qu’il m’a intrigué ? Sûrement, puisque je l’ai lu jusqu’au bout. De là à dire qu’il m’a plu ! Ca, je ne sais pas. Je suis assez mitigée.



Il y a des passages que j’ai beaucoup aimés, d’autres, qui m’ont ennuyés. Anguille, personnage principal de ce livre, nous raconte sa vie. Ses pensées ondulent et serpentent comme une Anguille qu’elle est. Sa vie n’est que circonvolutions. Il faut dire qu’elle est en train de se noyer et nous emmène dans les méandres de son esprit, juste avant d’être engloutie. Je ne dévoile rien, là, c’est le 4ème de couverture.



Ma foi, à vous de vous faire votre opinion. Je ne sais quoi en penser. Je ne mettrai donc pas de note à ce livre.

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Anguille sous roche

"Un diamant pur", "Ahurissant de beauté", "C'est magnifique", "C'est une claque", "Quel souffle, quelle fièvre", "Le livre le plus fort de cette rentrée." Bon, n'en jetez plus, l'enthousiasme est général, le consensus avéré : avec Anguille sous roche du comorien Ali Zamir, la planète francophone tient son chef d'oeuvre de l'année, voire de la décennie. Le récit est celui d'une jeune femme qui se noie et nous raconte en flashback les événements qui l'ont conduite à ce sort peu enviable. Question : on fait comment quand on n'est jamais entré dans ce livre au flot logorrhéique, avec une histoire qui est du registre du mélodrame, riche en digressions multiples et dont le dispositif : une seule et unique phrase qui serpente plus de 300 pages est diablement étouffant ? D'autant que c'est tout de même un procédé qui tient plus de l'exercice de style que de la nécessité. Là où Zamir impose des virgules, ce sont des points qui logiquement devraient y figurer et il se permet même des pauses entre les différents chapitres alors que la phrase continue. Alors oui, l'auteur possède une verve terrible et un vocabulaire luxuriant mais pas plus que Mabanckou ou Bofane auxquels il fait penser. Et s'il est intéressant de voir le livre évoquer l'exil des comoriens vers Mayotte, l'île voisine, ce n'est qu'un élément parmi d'autres dans le roman, alors que ce flux migratoire, vu de l'autre côté, est abordé de façon frontale, mais avec moins de gouaille, certes, par Nathacha Appanah dans le magnifique Tropique de la violence. Parfois, cela arrive, l'on sent seul à aimer un livre peu goûté par la plupart de ses lecteurs. Là, c'est un peu le cas inverse. Que faire ? Tourner la page et partir vers de nouveaux horizons littéraires. Ce ne sont pas les livres qui manquent et qui ne demandent qu'à être aimés.
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Dérangé que je suis

Dans ce roman, c’est le narrateur Dérangé qui nous conte son histoire, un docker sans-le-sou que l’on découvre ficelé, blessé au tout début de ce récit. Comment en est il arrivé là ?

Une fable, un conte parfois dramatique, parfois réjouissant mais tout au long de ce roman c’est l’écriture d’Ali Zamir qui m’a réjoui, une écriture pleine d’inventivité, colorée, imagée et poétique qui porte le roman. Un écrivain à découvrir pour le plaisir de la langue.
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Dérangé que je suis

C'est dans l'ambiance crasseuse du port d'Ajouan dans les Comores que nous rencontrons Dérangé.

C'est un simple docker, un peu naïf, qui gagne misérablement sa vie en transportant des marchandises dans son chariot. Malgré les apparences, Dérangé a des principes et n'y déroge pas.

Un jour sur le port, il va rencontrer une femme, une cliente, qui l'amènera à accepter un stupide défi contre une bande d'énergumènes : les Pipipi.

S'ensuivront alors une multitudes de péripéties, tantôt drôles ou cruelles, à un rythme endiablé, pour notre plus grand plaisir.



Une délicieuse fable venue des îles.
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Mon étincelle

Ali Zamir est un écrivain et chercheur originaire des Comores. Son roman « Mon étincelle » de par son titre d'une part et son contenu d'une autre part a illuminé les quelques jours de lectures de cette belle histoire joliment contée.

Etincelle est une jeune fille tiraillée entre deux jeunes hommes tous deux amoureux d'elle. Elle se souvient et nous raconte les histoires que sa mère lui a transmises notamment la belle histoire d'amour entre ses parents.

J'ai adoré ce roman si chaleureusement écrit, si simplement offert au lecteur. L'écriture est touchante, jamais extravagante, les personnages sont énoncés sans jugement. Un petit clin d'oeil à un des néologismes tout à fait charmant relevé dans le récit : « la chacunière », l'habitation individuelle, le cocon de chacun. Le soleil brille dans ces pages, l'amour rayonne.
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Anguille sous roche

Tragique histoire que celle-ci. Liée à un problème auquel j'ai été, pendant quelques années, confronté, à Mayotte. Les fameux « kwassa kwassa » qui transportent leurs cargaisons de miséreux prêts à tout pour partir, même à la mort. Ils partent de l'île d'Anjouan pour rejoindre Mayotte à quelques heures de navigation. Dans l'espoir d'une vie meilleure et assurer la nationalité française à leurs enfants. Malheureusement, Mayotte ne peut accueillir tout le monde et les infrastructures sanitaires, scolaires… sont saturées de demandes.

C'est donc l'histoire d'une jeune fille qui va tenter l'expérience de la traversée qui nous est contée. On comprend très vite que ce récit est la pensée de cette femme. Le bateau fait naufrage et pendant les quelques minutes qui la séparent de la mort, pendant qu'elle se noie , la malheureuse fait un retour sur sa vie. On apprend donc les raisons de son départ, dans une famille où les traditions sont pesantes et ne sont plus en phase avec la réalité, la pauvreté, le rejet paternel…

Ce récit nous remue et nous interroge sur nos valeurs, nos exigences et nous amène peut-être à plus de compassion et de compréhension.

Le récit est construit comme un long poème en prose, d'une seule phrase. C'est important de le souligner, car tout en étant plongé dans la réalité de cette femme, on ressent une certaine apesanteur, une certaine douceur dans l'évocation de ce drame personnel, qui s'apparente parfois à quelques chose de plus onirique.
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