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Critiques de Amitav Ghosh (145)
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Le pays des marées

Deux personnages, deux trames. Kanai, un traducteur de Calcutta, se rend chez sa vieille tante dans les Sundarbans, cette région marécageuse à la frontière de l’Inde et du Bangladesh, où le Gange et le Brahmapoute rencontrent l’océan Indien et ses tempêtes. C’est un endroit quasi magique, où des iles apparaissent et disparaissent au gré des marées, avec des forêts de mangroves, une végétation luxuriante et des animaux sauvages… Complètement dépaysant ! C’est Le pays des marées. En cours de route, il croise Piya, une cétologue américaine d’origine indienne qui effectue des recherches sur les comportements des dauphins d’eau douce. Ceux du Gange sont-ils réellement éteints ? Elle n’en voit aucune trace, jusqu’à ce qu’elle se fasse aider de Fokir, un pêcheur illetré (quoique que sa culture orale est remplie de légendes fascinantes) qui se fie davantage à la déesse protectrice des eaux qu’à autre chose.



Ces deux destinées se croisent dès le début dans le train, s’éloignent puis se croisent à nouveau, fort intéressant. D’un côté, un travail scientifique prenant, un mystère de la nature à percer, rempli d’obstacles (les autorités indiennes peu collaboratives, voire obstructives, les caprices de la météo…). De l’autre, la découverte de son passé, de soi-même, de ses espoirs et de ses rêves. Ces deux trames finiront dans une quête quasi mystique. J’aime bien cette dimension spirituelle à l’œuvre. Après avoir peu aimé le dernier roman d’Amitav Ghosh, mon opinion s’améliore un peu. J’ai bien aimé ce voyage exotique.



Ceci dit, si l’intrigue est intéressante, elle est un peu longue. D’autant plus qu’il n’y a pas de grandes surprises, on sent venir les coups. Vers le milieu du bouquin, j’avais hâte d’arriver à quelque chose d’un peu plus concret. C’est que Kanai se met à lire les papiers de son défunt oncle, une sorte de testament spirituel. Ils relatent entre autres une série d’événements datant de quelques décennies, de migrants bengalis, de lutte contre les autorités qui souhaitaient préserver des espaces naturels pour les animaux. C’est qu’il était révolutionnaire, le vieil oncle. Cette trame supplémentaire complexifie inutilement et rallonge le livre. À ce point, je veux savoir si Piya réussira à localiser ses dauphins et je veux que Kanai la retrouve, pas qu’il passe son temps à lire l’histoire de sa famille !



Le récit du vieil oncle permet de lier davantage Fokir à l’histoire de Kanai et Piya (même si ce n’était pas absolument nécessaire) et, surtout, de soulever d’excellentes questions. Qu’est-ce qui est mieux ? Soumettre la nature aux besoins des humains ou préserver l’environnement ? Quel est le prix des vies humaines ? La disparition des dauphins ? Et après, celle des tigres du Bengale ? L’auteur ne donne pas de réponse à vous d’y réfléchir. Ceci dit, il aurait pu l’aborder d’une autre façon que ce long détour.



Dans tous les cas, on retourne éventuellement à l’intrigue principale. Kanai retrouve Piya et décide de l’accompagner dans ses recherches. Mon intérêt a décuplé d’un coup ! J’imaginais une romance prendre son envol, des péripéties à droite et à gauche, un brin de mystère. Dès le début de ce nouveau segment, on assiste à une scène étrange : sur la rive, des villageois émeutés allument des torches et mettent à mort un tigre. La scientifique d’une droiture remarquable doit se rappeler qu’elle n’est pas aux États-Unis. Le groupe retrouve les criques et canaux où on avait aperçu les dauphins, le paysage a changé avec les marées, un nouvel ilot, il l’explore. Kanai y fait une expérience spirituelle puis une tempête violente se déclare…



Le pays des marées, c’est de l’aventure, un brin d’amour, de suspense et de mysticisme, quelques occasions de réfléchir à l’environnement et aux conséquences de l’activité humaine mais, surtout, une chance de découvrir une parcelle de ce grand pays qu’est l’Inde. À lire absolument !
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Le chromosome de Calcutta

Vous avez envie d'une histoire qui vous happe littéralement ?

Vous aimez les mystères, les coïncidences, les disparitions non résolues, les quêtes à travers le temps ?

La médecine et l'histoire des sciences vous intéressent tout autant que l'inexplicable ?

Vous aimez les histoires qui sortent vraiment de l'ordinaire ?

Alors ouvrez sans hésiter ce roman qui nous convie à une sorte d'enquête scientifique trépidante dans le monde fascinant des chercheurs et de la malaria.

Tout commence par la découverte d'une ancienne carte d'identité concernant un homme porté disparu depuis des années…

Embarquez pour un voyage immobile dans un appartement, dans un New-York du futur, mais aussi dans les souvenirs d'un homme ayant vécu des aventures palpitantes à Calcutta des décennies plus tôt.

Bon nombre d'informations et de découvertes médicales mentionnées dans l'histoire sont totalement véridiques et donnent à ce récit étrange et passionnant une once de mystère et des pistes de réflexion.

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Un océan de pavots

Premier tome de la 'Trilogie de l'Ibis', Un océan de pavots nous présente une galerie de personnages loufoques et attachants : des Intouchables, un rajah déchu, des lascars matelots, un Noir presque blanc, une jeun bourgeoise rebelle... Tout ce petit monde est mêlé de près ou de loin au commerce de l'opium et se retrouve sur un grand voilier, l'Ibis, en partance de l'Inde pour Maurice.



A part ces présentations approfondies des différents protagonistes, il ne se passe pas grand chose dans l'océan de pavots, pourtant large de plusieurs centaines de pages. Ce n'est pas gênant, car ces rencontres exotiques sont plaisantes et pittoresques, pleines d'odeurs, de mots, de goûts et de coutumes indiennes ou lascaris. Je les retrouverai volontiers dans les tomes suivants.



Lu dans le cadre de Pioche dans ma PAL mai 2018, merci @juten-doji et désolée pour le gros retard de la critique.
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Lignes d'ombre

Lignes d'ombre me laisse dubitatif, je ne sais pas exactement quoi en retenir. L'intrigue est subtile, il ne s'y passe pas grand chose, en terme d'actions, je veux dire. le jeune narrateur grandit à Dehli, en Inde, puis poursuit ses études supérieures à Londres. Il passe son temps entre ces deux capitales, où se trouvent respectivement sa famille puis celle des Price-Tresawsen, entremêlées depuis trois générations. Les histoires familiales sont longues et complexes, et parfois les versions ne concordent pas. Je crois que c'est un peu le propos du roman : le passé, on le réinvente sans cesse, consciemment ou pas, mais bien toujours à son avantage. Les souvenirs embellis sont les meilleurs et permettent parfois de mieux vivre avec soi-même… Dans tous les cas, au narrateur d'essayer de découvrir la réalité. Malheureusement, ce n'est pas présenté comme une intrigue à démystifier, c'est plus une trame voilée donc ce n'était pas particulièrement captivant à démêler. À part cela, le narrateur fait des rencontres, tombe en amour avec une jeune femme qui ne fera pas l'unanimité auprès de la famille Datta-Chaudhuri. Cette intrigue amoureuse est aussi lente à déployer et, rendu au moment où elle décolle, je ne m'intéressais plus beaucoup à ce roman. Une lecture décevante (doublement, puisque le titre est inclus dans les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie). C'était ma première rencontre avec l'auteur indien Amitav Ghosh, j'espère que les prochaines iront mieux…
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Le pays des marées

En Inde, sur le quai d'une gare de banlieue Kanai remarque une belle jeune femme, sans doute d'origine indienne mais de toute évidence étrangère, cela se voit à sa posture, à son attitude. Il ignore qu'il la reverra et les bouleversements qu'elle apportera dans sa vie.

Piya , née en Inde dont les parents ont immigrés aux Etats-Unis, cétologue, a entrepris le voyage pour observer les dauphins de l'Irrawaddy ; c'est une grande aventure qui débute.

Un roman dépaysant, agréable à lire, un roman instructif pour lequel l'auteur s'est très bien documenté — note de l'auteur en fin de livre. Un livre et un auteur que je conseille.
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Le chromosome de Calcutta

Petit fonctionnaire d’une vaste organisation mondiale à laquelle seuls le lient de son ordinateur et son omniprésente banque de données, l’exaspérante Ava, Antar découvre un beau jour sur son écran les vestiges d’une carte d’identité qui appartient à un certain L. Murugan.



Ce Murugan, Antar l’a rencontré autrefois, au moment où, se proclamant la plus grande autorité sur Ronald Ross, prix Nobel spécialiste de la malaria, l’homme partait pour l’Inde à la recherche des preuves qui étayeraient son étrange théorie du « chromosome de Calcutta ». Il y est bien arrivé le 20 août 1995, le Jour du moustique, mais il a disparu le lendemain…



De son fauteuil, sous l’œil soupçonneux d’Ava ? et sous d’autre regards aussi dont il mesure mal l’influence ?, Antar entame, un peu malgré lui, mais comme poussé par des forces mystérieuses, une enquête.



S’enchaînent alors une série d’événements fiévreux, délirants et passionnants dont le récit, défiant le temps et les frontières, transporte le lecteur du New York de demain à l’Inde du siècle dernier au cours du plus extraordinaire des voyages autour d’une chambre… et d’un ordinateur.





« Ghosh réussit l’exploit d’entremêler passé et futur dans un livre éblouissant et original, mi-roman policier, mi-enquête scientifique. Le lecteur demeure envoûté longtemps après avoir refermé Le Chromosome de Calcutta. »



http://www.seuil.com
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Un océan de pavots

Un grand remerciement aux Editions Robert Laffont qui nous ont gracieusement offert ce livre, dans le cadre du partenariat avec Blog-O-Book.



Quiconque s'intéresse un tant soit peu à la littérature indienne sait combien nombre de ses auteurs sont attachés aux livres-fresques : Vikram Seth avec son "Garçon Convenable", Vikram Chandra avec son "Seigneur de Bombay" ou même V. S. Naipaul avec des ouvrages comme "Jusqu'au bout de la Foi" ou "L'Inde : Un Million de Révoltes." Avec la "Trilogie de l'Ibis", Amitav Ghosh ne fait pas exception à ce courant littéraire puisque "Un Océan de Pavot", premier tome de l'ensemble, assume dès le départ le ton et la construction des romans-fleuves.



Bien que l'auteur consacre près des deux tiers de ce livre à mettre en place les personnages principaux, encore en proie aux affres de leur "première" vie, celle à laquelle les événements, bons ou mauvais, les forceront à renoncer dans le dernier tiers, le miracle du conteur s'accomplit dès les premières pages. Dès l'entrée en scène de Deeti, la jeune paysanne indienne qui, jouant avec sa fille dans le Gange, "voit" brusquement se dresser devant elle non seulement "L'Ibis" mais aussi cette mer qu'elle n'a jamais approchée, s'éveille dans le coeur du lecteur le désir, vorace, absolu, d'aller plus loin et de savoir où cette flamboyance de mots, ces descriptions rêveuses des champs de pavots à l'aube de la récolte, ce souffle d'émotions violentes qui se lève à l'horizon des pages va les conduire, lui et les personnages du romancier.



"L'Ibis", ancien navire négrier reconverti en transporteur de coolies et d'opium - nous sommes en 1838 et les Britanniques exploitent à fond toutes les richesses du pavot, imposant sa culture aux paysans du Bengale à seule fin d'expédier en Chine la drogue qu'il produit - compte lui aussi parmi les principaux protagonistes. Du début jusqu'à la fin, Amitav Ghosh fait de lui un être vivant, qui craque, frémit, tangue, lutte et vainc au même titre que ceux qu'il héberge. Il est à la fois le moyen de transport qui va permettre aux héros de quitter l'Inde pour tenter de refaire leur vie en Chine, et celui qui rend également possible ce changement spirituel qui fera d'eux des femmes et des hommes nouveaux. De l'humble paysanne devenue veuve (Deeti) et qui a fui les flammes de la sâti jusqu'au rajah déchu (Neel), en passant par Paulette, la jeune orpheline française fuyant un mariage non désiré et Zachary, le capitaine en second au teint si blanc qu'on ne croirait jamais qu'il a pour mère une quarteronne, tous sont contraints à rejeter leur identité passée et à endosser une nouvelle personnalité mais, pour y arriver, la souffrance ne suffit pas : il faut aussi vouloir survivre.



Un roman extrêmement attachant qui embarque son lecteur sans que celui-ci s'en aperçoive - ou presque. A lire en attendant la parution des deux autres tomes. (Petit bémol : on aurait aimé un glossaire des très nombreux mots indiens, pidgin et autres couramment utilisés au fil des pages.) ;o)
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Le Palais des Miroirs

Une amie sachant mon gout pour la littérature indienne qu’elle partage m’avait offert Le pays des marées d’Amitav Gosh. Je n’avais encore rien lu de cet auteur, j’ai beaucoup aimé. Aussi ai-je voulu découvrir ses autres romans et j’ai choisi celui-ci parce qu’en plus du plaisir que je me promettais à lire Gosh, j’allais apprendre une partie de l’histoire de la Birmanie. Je ne sais quel est l’étendue de vos connaissances sur ce sujet, mais on a vite fait le tour des miennes. Double plaisir donc.

Sauf que… j’ai été déçue. Oh le livre n’est pas à jeter aux orties, mais ce n’est pas ce que j’espérais. Autant dans Le pays des marées, les personnages étaient vivants, autant là je les ai trouvés un peu plats.

Cela commençait pourtant bien. Le personnage de Rajkumar, l’orphelin indien m’a plu, le départ de des jeunes filles du palais m’a interessée. C’est plus loin que mon intérêt s’est émoussé. Et je ne sais pas vraiment pourquoi. Sans doute trop de personnages, pas assez bien campés. C’est un peu comme si en cours de route l’auteur s’était aperçu de l’ampleur de son entreprise et avait voulu l’abréger. Une bonne partie du livre ressemble plus à mon sens, à un aide-mémoire sur l’histoire de la Birmanie au XXème siècle qu’à un véritable roman.

Il y a cependant des réflexions sur les soldats indigènes de l’armée des Indes qui ont retenu mon attention, de loin en loin.

Pourtant le livre avait été sélectionné en 2001 pour le Grand Prix littéraire du Commonwealth, bien qu’ Amitav Gosh ait préféré le retirer de la compétition. Le livre est dédié à son père lieutenant-colonel.



Challenge pavés 2014-2015

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Un océan de pavots

Inde 1838



Larguez les amarres vers l’île Maurice.

L’Ibis, bateau anglais affrété pour le transport de coolies sous contrat (girmitiyas) destinés à travailler dans les plantations de l’Empire Britannique. C’est vers lui que convergent les nombreux personnages de cette fresque historique (intouchables, prisonniers, femmes en rupture familiale, soldatesque) rejoignant les hommes et officiers de l’équipage.



Il fut un temps où cette lecture aurait fait mon bonheur, en clin d’œil à la littérature du 19e (Dumas, Kipling …). Mais n’étant plus un perdreau de l’année, je ne trouve plus de plaisir à me gaver de ce genre assumé « littérature romanesque », avec personnages nombreux et rebondissements à l’envi. (Quoi qu’il ne se passe pas grand-chose dans toutes ses pages sur la guerre de l'opium…).



Ce solide roman met en place une intrigue prévisible avec de grosses ficelles pour créer une histoire sous tension en délaissant la réalité historique de l’époque. L’auteur préfère consacrer son propos à une charge appuyée concernant la violence d’une société multiforme en contexte de colonisation. L’exotisme pointant à peine son nez et la lourdeur de l’écriture ont eu raison de ma patience. Je me dispenserai des tomes suivants …



Mais les amateurs du genre vont y trouver leur compte !

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Le Palais des Miroirs

Du bon , du vrai roman , bien ficelé qui tient la route !Un foisonnement de personnages ,de destins croisés ,intrigue romanesque , fresque historique se mêlent pour notre plus grand plaisir .

J ai découvert un pan de l histoire coloniale anglaise ,du point de vue des colonisés .

L exploitation à outrance des forêts de bois de teck et les plantations de caoutchouc en Birmanie , l anihilation de tout ce qui s y opposait pour ne laisser que champs de ruines et desolation….et catastrophes écologiques

La deuxième guerre mondiale (les japonais dans le rôle de l ennemi )et son cortège de vies ruinées ,de chagrin et de souffrances inutiles

Très beau roman , très abouti

J ai même pleuré à la fin !

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La Déesse et le Marchand

De retour d’une longue mission je retrouve avec plaisir Babelio et ses babeliotes.

Quelques livres aussi.

Amitav Ghosh est connu mondialement pour sa trilogie de l’Ibis.

Il revient sur le devant de la scène littéraire en tant que romancier et lanceur d’alerte en publiant 2 livres : Le grand Dérangement et La déesse et le marchand.

L’originalité (et peut-être l’étrangeté )de ce roman est lié à un savant tressage : Ghosh entremêle légende bengalie , préoccupation climatique et crise des migrants.

Il nous balade entre Sundarbans , sombres bibliothèques et ruelles vénitiennes.

J’ai beaucoup aimé la partie liée à cette gigantesque mangrove, entre Bengale occidental et Bangladesh, la découverte de ses habitants et de son éco-système.

Je me suis un peu perdu à Venise , dans la volonté de l’auteur de réactiver un mythe ancien pour éclairer l’accueil des migrants bengalis en Italie….

Mais ce n’est pas grave, il faut se laisser porter, dans l’ombre tourmentée de Dino, notre anti-héros sympathique et déprimé qui ne comprend pas grand chose à ce qui lui arrive.

On croisera de drôles de bestioles et compatira au sort tragique des réfugiés bengalis, sans doute premiers réfugiés climatiques à arriver en Europe.

Amitav Ghosh nous livre là un livre engagé et lyrico-mystique , pour la bonne cause !!!
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La Déesse et le Marchand

Le réchauffement climatique, le sort des migrants, la montée des nationalismes : tous ces thèmes sont prégnants dans La déesse et le marchand, entrelacés avec une mystérieuse légende bengalie. Amitav Ghosh n'est pas un lanceur d'alerte mais un citoyen du monde qui est surtout un admirable conteur qui sait mieux qu'aucun auteur nous faire voyager à travers les siècles et les continents et mêler le lyrisme de l'aventure aux tourments psychologiques de personnages définis avec une limpidité parfaite. S'y ajoute, dans son dernier opus, un aspect fantastique, comme pour marquer que les fantômes nous interpellent, sondent nos consciences et in fine nous montrent la voie de l'espoir, dans un monde qui semble partir à vau-l(eau. A sa façon, le roman est initiatique, avec son personnage principal, marchand de livres anciens, pétri de culture mais qui en vérité ne sait rien de la marche de l'univers et affronte les périls avec une candeur désarmante. Nul doute que Ghosh s'identifie à ce héros, né à Calcutta, et nous autres lecteurs ont les yeux tout aussi écarquillés que lui devant les événements qui se précipitent, heureux ou non, et les hasards et coïncidences qui rythment son épopée autant mentale que physique. Des mangroves tentaculaires des Sundarbans à la lagune vénitienne, le livre évoque une montée des eaux dévastatrice, faisant écho à des incendies de forêt près de Los Angeles et les changements de comportement et de localisation d'animaux dus à l'activité humaine. La déesse et le marchand est certes un livre fièrement écologiste mais il ne se cantonne pas à un discours didactique et moraliste, se plaçant dans la grande tradition des romans indiens, passionnés, fiévreux et riches de multiples couches narratives.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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La malédiction de la muscade

Ceci est un de ces livres qui attirent et repoussent à la fois. L'écrivain indien Amitav Ghosh est un éminent représentant du mouvement postcolonial. Et dans cet ouvrage aussi, il souligne la brutalité avec laquelle l'hégémonie occidentale s'est établie à partir du XVIe siècle. Le livre commence en fait par le massacre que les Hollandais infligent en 1621 à l'île de Banda, dans l'archipel indonésien, alors l'une des rares régions où la noix de muscade pouvait être extraite (d'où le titre).



Amitav répète les mantras bien connus du postcolonialisme : le lien avec le capitalisme et la pensée du marché, le sens occidental de la supériorité, les angles morts des Lumières et de la modernité, etc. Mais peu à peu, en quelques mouvements circonférentiels, il y ajoute une couche plus profonde. A savoir que la pensée occidentale se caractérise avant tout par une vision mécaniste du monde : la vision que tout ce qui est en dehors des humains est une « ressource », parce que muette, non animée, et donc subordonnée, manipulable et exploitable. Dans l'histoire, cela s'illustre encore et encore dans ce qu'il appelle une obsession de l'extermination et de « terraformation » : par exemple, l'extermination des indigènes en Amérique, et la construction d'une économie (capitaliste) basée presque entièrement sur les combustibles fossiles, qui entre-temps menace la survie des humains et de la terre elle-même. Pour lui, le problème climatique actuel et l'érosion de la biodiversité sont donc le résultat de cette approche occidentale impitoyable (qui a maintenant été adoptée presque partout dans le monde), et qui est inextricablement liée à l'agression contre les peuples autochtones d'hier et d'aujourd'hui. C'est une thèse pour laquelle il y a certainement des arguments valables, bien qu'elle soit aussi assez unilatérale en même temps, comme si aucune autre culture ne portait une vision aussi brutale de la nature et des autres.



Donc, en termes de structure et de points de vue, il y a certainement une unité dans ce livre, mais l'argument de Ghosh a souvent tendance à serpenter et à s'égarer sur des chemins secondaires. Et parfois, il se survend manifestement. Vers la fin, par exemple, il y a un violent décrochage (à juste titre) contre l'éco-fascisme (des formes d'éco-fondamentalisme, pour Ghosh principalement celles dirigées contre les communautés indigènes), mais de là il tombe dans un argument plutôt simpliste contre la science en général.



La partie la plus controversée de ce livre est celle où il plaide pour la réintroduction d'une vision vitaliste du monde : se référant à la façon dont les peuples autochtones interagissent avec leur environnement, et surtout avec une nature animée. Il y a certainement des éléments valables pour cela aussi, mais Ghosh généralise de telle manière qu'il attribue à la nature, à la planète (sans surprise, il adhère à la théorie Gaïa de Lovelock) et à l'univers un caractère presque sacré et indépendant. Toutes les «choses» racontent leur propre récit, c'est sa thèse, et d'une manière allégorique c’est une affirmation justifiée, mais il oublie clairement que les récits sont toujours faits/interprétés par des humains, et donc ne se suffisent jamais à eux-mêmes. C'est une erreur philosophique qui sous-tend en partie le propre "clou" narratif de ce livre : une référence à la force silencieuse/secrète de la nature (basée sur le livre de l'écrivain néerlandais Louis Couperus "La force des Ténèbres", 1900).



En bref, j'ai quelques problèmes avec ce livre de Ghosh, même en même temps je dois avouer qu'il contient des vista précieuses. Je dirais : lisez ceci pour être stimulé par de nombreuses idées intéressantes et pertinentes sur le colonialisme, le changement climatique, la pensée mécaniste occidentale, etc., mais gardez également une distance critique.
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Le pays des marées

Une fresque et une promenade dans les Sundarbans, cet endroit extra ordinaire où les eaux salées de la mer se mêlent aux eaux douces des fleuves, où les marées recouvrent les îles, où les tempêtes sont si féroces et si habituelles qu'elles servent à dater les événements.

Là, une nouvelle façon de vivre a été inventée, dans la pauvreté et la boue, l'âpreté des relations hommes/femmes, mais sans le système des castes. Les anglais sont passés, ont laissés quelques noms, et la littérature, la poésie. Nirmal vit dans cette poésie tandis que sa femme vit dans le monde réel, concret.

Amitav Ghosh nous promène avec Kanai de l'Inde des affaires à celle de la pauvreté, de l'égoïsme à la découverte des autres.

Kanai rencontre dans le train une jeune cétologue (spécialiste des dauphins) américaine d'origine indienne, Piya. Elle aussi est confrontée à la fois au monde rustre des hommes, et à celui de cet homme intrigant et curieux, dans lequel elle décèle une carapace.

Lorsqu'ils se revoient ils s'entraident et chacun cherche à mieux comprendre l'autre.

Et nous apprenons à suivre avec bonheur ce rythme lent et ce paysage brûlé de soleil, cette eau plate et calme dans les mangroves. Nous entendons les dauphins avec Fokir comme guide. Le pêcheur illettré qui sait où sont les dauphins, toutes les routes qu'ils empruntent.

Un superbe voyage, une langue fluide et forte, des émotions qui sont celles de la vie.

Un magnifique roman.
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Un océan de pavots

Je me suis embarquée sur l’Ibis, une goélette qui arrivée en Inde après bien des difficultés va repartir vers l’île Maurice, chargée de coolies main-d’oeuvre peu coûteuse, pour remplacer les esclaves que ce bateau négrier transportait jusqu’à l’abolition de l’esclavage par les anglais.

Nous sommes en 1838, en Inde les anglais ont imposé la culture du pavot aux paysans, l’opium récolté et traité dans des factories assure la richesse de l’Angleterre.

Cette goélette va devenir l’espoir, le cap pour une multitude de personnages, l’occasion pour eux d’aller au bout de leurs rêves, de faire le choix d’une vie différente, de changer, de devenir autre.

Pour Deeti qui va tenter de fuir l’Inde et le sort que l’on réserve aux veuves. Le pavot a fait mourir son mari, les a asservi et ruiné, elle va se tourner vers l’unique personne qui lui a un jour témoigné de la compassion : Kalua « De taille inhabituelle et d’une carrure impressionnante »

Pour Jodu qui rêve de pouvoir s’embarquer, de retrouver Paulette sa presque soeur qui a grandi avec lui, partagé ses jeux. Il a tout appris « A force d’écouter les voix qui résonnaient sur le pont des grands navires » il rêve de grimper dans les vergues d’un de ces navires.

Pour Neel, le jeune rajah si fier qu’il ne veut pas voir les dettes qui s’accumulent, qui a la naïveté de penser que les anglais le respecte, qui découvre que l’on peut du jour au lendemain passer d’un palais des mille et une nuit à une geôle sordide

Pour Paulette l’Ibis c’est la possibilité de fuir un mariage imposé, orpheline passionnée par l’oeuvre de son père botaniste, grande lectrice de Rousseau et Voltaire, elle se plie mal au destin qu’on lui réserve, aux contraintes religieuses. Mais « une goélette n’est pas un endroit pour une femme » elle va devoir faire preuve de détermination.

Pour Zachary enfin « de taille moyenne, robuste, un teint de vieil ivoire » marin d’occasion, capitaine en second d’un navire qui a fait la difficile traversée depuis Baltimore. Sans Serang Ali et sa compagnie de lascars embarquée au Cap, ils ne seraient pas arrivé jusqu’au golfe du Bengale.

Fils d’esclave l’Ibis est pour lui l’occasion de changer, de changer de tout : d’origine, de métier, de destination.

Passionnant, coloré, épicé, porteur des senteurs de l’Inde, ce roman vous emporte de la première à la dernière page. C’est un tableau vivant, chaleureux, violent. Porté par un souffle romanesque qui ne se dément pas tout au long du récit, ce roman m’a rappelé mon impatience à la lecture des romans de Dumas.

L’aventure est au rendez-vous, les personnages qui vous invitent à passer d’une barque sur le Gange, à une soirée brillante au palais du Rajah,d’un bûcher funéraire à une prison sordide, des champs de pavots à la cale d’un négrier.

Tout y est : le valeureux héros, la jeune femme en danger, des lascars dangereux et sympathiques, des hommes sans foi ni loi, bref l’aventure avec un grand A.

Amitav Ghosh dresse le tableau d’une Inde disparue où le blanc fait la loi et où chacun a un destin tout tracé. En conteur exceptionnel il vous tient à sa merci et vous vous laissez éblouir par sa magie.

Pourtant attention, romanesque ne veut pas dire mièvre, le récit, les personnages ne sont pas tendres, on est loin des contes pour enfants.

Cet Océan de pavots et le premier tome d’une trilogie et je vous garantie que je serai au rendez-vous de l’Ibis.
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Un déluge de feu

Le Déluge de Feu, c'est celui qui va s'abattre sur les jonques et forts chinois en cette année 1840 où la Royal Navy est chargée de faire respecter le droit des trafiquants anglais à vendre en Chine l'opium récolté aux Indes. Nous retrouvons les personnages des deux premiers tomes de cette trilogie toujours aussi passionnante tandis qu'un couple de guerriers apparaît. le premier est indien :

« Rares étaient les spectacles comparables à celui de l'infanterie indigène du Bengale en marche. Chaque membre du paltan en était conscient – dandia-wallahs, danseuses, palefreniers, berry-wallahs, bhisties porteurs d'eau- mais aucun plus que le havildar Kesri Singh, dont le visage devenait la figure de proue du bataillon quand il chevauchait à la tête de la colonne. »

Le second est anglais et le supérieur direct du premier : « Quand il était jeune officier, son agressivité lui avait souvent causé des problèmes, lui bâtissant la réputation d'un « Kaptan Marpeet » - capitaine bagarre. Toutefois le capitaine Mee était, à sa façon, un excellent officier, sans peur au combat et d'une équité scrupuleuse dans ses rapports avec les sepoys (cipayes en fr.). Kesri en particulier avait de bonnes raisons de lui être reconnaissant. »

Ils ne vont pas tarder à partir avec le corps expéditionnaire pour la Rivière des Perles, dans le triangle qui relie Hong Kong, Macao et Canton. Ils y croiseront les autres personnages de la saga. Ceux qui tentaient de faire fortune grâce à l'opium et sont pour l'heure ruinés, celle qui s'émancipe (Shireen la veuve découvrant la double vie de son défunt mari), ou ceux qui espèrent se retrouver après un amour de jeunesse contrarié. On s'immerge dans la condition féminine de ces temps et de ces lieux, on suffoque sous le poids des traditions et convenances familiales indiennes, on déteste la morgue des officiers anglais et le cynisme des trafiquants, on est saisi d'effroi au vu des conditions de vie sur les navires de l'époque et on tremble pour l'enfant qui s'embarque seul à la recherche de son père.

C'est un délicieux mélange d'Alexandre Dumas (pour les aventures), de Zola (pour la corruption et le cynisme de certains) et De Balzac (à vous de découvrir le Rastignac de l'histoire). On ne s'ennuie jamais et, une fois le roman refermé, on se dit que rien n'a vraiment changé. L'océan d'opium qui partait des Indes vers la Chine a simplement changé de lieux de production et de destination mais il se déverse toujours au mépris des lois interdisant son trafic et sa consommation. Il fait toujours des fortunes en causant autant de malheurs.

On pense aussi à la Chine, celle de 1840 vaincue en quelques canonnades et humiliée pour cent cinquante ans. A ce sujet, à Beijing les touristes visitent le « Palais d'été ». Beaucoup ignorent qu'il s'agit du nouveau « Palais d'été ». Quant à l'ancien, rasé et dévasté par les troupes franco-anglaises en 1860, il est toujours visité par les Chinois qui sont invités à bien regarder les graffitis laissés en anglais ou en français…

Et on espère que la sagesse de Lao Tseu est toujours aussi respectée :« Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. »

Et surtout, il y a la cupidité, celle des négociants qui mènent le jeu. Ce qu'un des personnages résume de fort belle manière : « Regardez, à l'intérieur de ce navire brûle le feu qui réveillera les démons de l'avidité cachés dans tout être humain. C'est la raison pour laquelle les Anglais sont venus en Chine et en Hindoustan : ces deux contrées sont si peuplées que si l'avidité s'y répand, elle consumera le monde entier. Cela a commencé aujourd'hui. Et ne se terminera que quand l'humanité entière, unie dans une grande folie d'avidité, aura dévoré la terre, l'air et le ciel. »

Comment ne pas faire le parallèle avec notre époque où les frontières s'effacent pour le grand marché. La mondialisation ne serait-elle pas la victoire des commerçants et des multinationales dont certaines sont nées à Hong Kong dans ces années-là ?

Un roman passionnant et profond !

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Le Palais des Miroirs

Une très belle façon de découvrir l'histoire de la Birmanie (de la Malaisie et de l'Inde) depuis son dernier roi jusquà l'enfermement de "la Dame de Ragoon", au travers du destin d'un couple et des nombreux personnes qui les entourent (enfants, famille, amis, etc...) Une fresque donc, assez extraordinaire et scrupuleusement documentée sans que cela ne transparaisse car on ne doute pas un seul instant de l'intégrité de l'auteur, alors qu'il se penche sur ses personnages avec beaucoup de compréhension et sans manichéisme. De belles histoires d'amour, du bonheur et de la tragédie... quand le ronanesque se met au service de l'Histoire pour une grande oeuvre en littérature.
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Un océan de pavots

Il est de bon ton d'affirmer que le roman d'aventures à la Kipling ou à la Dumas a totalement disparu de la littérature moderne. Tout du moins avec cette haute ambition d'être à la fois fresque historique et saga feuilletonesque embras(s)ant toute une époque. Cela n'est pas faux, mais que ces nostalgiques du passé jettent ne serait-ce qu'un oeil dans le dernier pavé d'Amitav Ghosh, Un océan de pavots, et ils auront tôt fait de comprendre que cet héritier des grands anciens, dont le maître pourrait être Dickens, n'a rien à leur envier, ni le souffle, ni le souci du détail, fruit d'une documentation que l'on devine impressionnante. Avant que de Calcutta la goélette ne cingle, dans une nuit d'encre, vers les lointains rivages de l'île Maurice, Ghosh prend le temps de nous présenter les personnages principaux (une dizaine) qui vont se retrouver à bord. Ils prennent vie les uns après les autres, leurs destinées se mélangeant au gré de l'imagination débordante de l'écrivain, de la campagne indienne, recouverte de pavots, au cul-de-basse-fosse de la prison la plus sordide, en passant par les élégantes propriétés des rajahs. Le romancier tisse sa toile dans un roman choral, avec les fabriques d'opium en arrière-plan, omniprésentes. Le lecteur, emporté par la houle, doit s'accrocher au bastingage et ne pas se laisser happer par le mal de mer, tellement les évènements se bousculent le long du Gange. D'autant que les termes bengalis abondent dans le récit et qu'un glossaire aurait bien été utile.

Après 400 pages, et comme par enchantement romanesque, tous les protagonistes de cette épopée se retrouvent enfin à bord de l'Ibis. Commence alors un huis-clos en mer, étouffant, où la véritable nature des uns et des autres se révèle tandis que, de la cale des coolies à la cabine du commandant, se nouent des intrigues et se mijotent des trahisons. Impossible de ne pas être embarqué, comme par une bourrasque, dans ce voyage au long cours qui ne fait pourtant que commencer. Si Un océan de pavots se déploie sur 600 pages, Amitav Ghosh a d'ores et déjà annoncé que le livre ne constituait que le premier volet d'une trilogie. Il se termine au plus fort de l'action alors que tout semble basculer. Et dire qu'il va falloir patienter au moins deux ans pour connaître la suite ! Trop frustrant !

Un océan de pavots a tout pour devenir l'opium du peuple.
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Le pays des marées

"Quand les mammifères marins se mettent à disparaître d'un habitat établi, ça signifie que quelque chose va mal, très mal."

Les Sundarbans...c'est cette vaste région du delta du Gange, vaste région humide où se mêlent eaux douces et eaux salées au rythme des marées ou des crues du fleuve...Une région d'eaux troubles et de vase habitée par des pêcheurs qui régulièrement reconstruisent leurs maisons emportées par les crues. Des crues qui également,  font régulièrement disparaitre des îles et leurs habitants et en font surgir d'autres sur lesquelles d'autre pêcheurs s'installeront...pour combien de saisons? Eux et leur famille vivent dans des petites maisons et sont des proies faciles pour les crocodiles et les moustiques. Sans compter les tigres, qui tous les deux jours font leur repas d'un pêcheur ou d'un membre de sa famille.

Dans les innombrables bras du Gange, dans ces  mangroves et ce "labyrinthe aquatique" des innombrables bras du fleuve changeant au rythme des crues , de temps en temps, les pêcheurs aperçoivent ou capturent dans leurs filets des dauphins d'eau douce en voie de disparition, 

Kanai, directeur d'un bureau de traducteurs et d'interprètes à New- Delhi, rédige également des articles pour les journaux. Il prend le train pour se rendre chez sa tante Nilima qui dirige un hôpital, là dans les Sundarbans. Dans la gare il croise le regard de Pyia, une jeune femme. Il ne sait pas que elle aussi se rend dans le delta. Pyia est une cétologue née en Inde et émigrée aux Etats-Unis...Là-bas, elle était "la petite indienne" Pyia souhaite étudier les dauphins d'eau douce...des animaux de plus en plus rares du fait de la pollution des eaux et de l'importance des prélèvements occasionnés par les filets de pêche dans lesquels ils peuvent mourir noyés

Elle devra obtenir une autorisation afin d'effectuer sa mission, et sera de ce fait, accompagnée par l'un de ces pêcheurs pauvres...connaissant le fleuve et ses dangers.

Deux histoires parallèles ....en apparence

D'autres personnages composeront ce roman fait  de découvertes de la culture indienne, notamment par la découverte d'un livre lu par l'un des personnages, de rencontres, de riches comme des plus pauvres, d’illettrés et de gens instruits, d'indiens dans la tradition  et d'autres occidentalisés ...ils sont autant de personnages de cette Inde moderne, de ses rites et coutumes, un peu comme cette partie mouvante de  l'Inde, bousculée, mangée  et mouvante au rythme de marées, habitée par des réfugiés du Bangladesh, ses eaux boueuses sans aucune visibilité, riches en espèces variées...

Et si ce delta du Gange, jamais fixé, toujours en évolution, était une métaphore de l'Inde moderne?

Bref un dépaysement géographique et culturel qui se lit avec plaisir, nous fait découvrir cette région immense, nous permet d'agréables rencontres ...

Au fait, saviez-vous qu'Il y a plus de tigres en captivité en Amérique qu'en liberté dans toute l'Inde." ?

Triste monde, qui va de plus en plus mal !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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La Déesse et le Marchand

Dino est un Indien d'une cinquantaine d'années à qui une vieille tante de Calcutta raconte un jour une étrange légende, celle d'un curieux marchand d'armes occidental qui aurait suivi tout un périple pour échapper aux foudres d'une déesse indienne, la Maîtresse des Serpents.



La vieille dame suggère à Dino d'aller visiter un temple en lien avec cette légende, en plein dans les Sundarbarns, ces zones marécageuses du delta du Gange et du Brahmapoutre.



Après avoir hésité, Dino décide se s'y rendre et, de fil en aiguille, se lance sur les traces de ce curieux marchand d'armes dont il suppose qu'il a vécu au XVIIè ou au XVIIIè siècle.



Son voyage le mènera jusqu'à Venise, la légende se révélant au fil du temps être basée sur une épopée véridique. Le cheminement du marchand entre la frontière de l'actuel Bangladesh et la Sérénissime donne l'occasion à Amitav Ghosh de nous présenter les pérégrinations modernes des Bengalais, Afghans, Iraniens, Kurdes, ... qui quittent leur pays et tentent l'impossible pour trouver une vie meilleure en Europe, bravant les dangers du voyage et la rapacité des passeurs.



Entre une promenade quasi onirique dans des paysages sublimes - la beauté sauvage des Sundarbarns - et la dure réalité de la vie des migrants - dans les moins que sublimes "maisons de connexion" notamment - Amitav Ghosh, avec La déesse et le marchand, nous offre un moment de lecture mi roman, mi documentaire, servi par une écriture fluide et agréable.

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