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Anne Laurel (Traducteur)André Bay (Préfacier, etc.)
EAN : 9782234055421
207 pages
Stock (01/01/1954)
3.34/5   22 notes
Résumé :

Ce livre nous transporte dans le New York des années quarante et témoigne de l'ambition littéraire d'Anaïs Nin qui souhaitait être reconnue comme romancière à part entière.Sabina, jeune comédienne fragile et névrosée, mène une double vie amoureuse. Mais après chacune de ses aventures, elle revient vers son mari, reconnaissante et apaisée. Le lecteur averti reconnaîtra en Alan, Hugo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Sabina pensa qu'elle avait dû s'égarer quelque part entre ses inventions, ses histoires, ses caprices et son être véritable. Les frontières s'étaient effacées, les sentiers avaient disparu, elle marchait au hasard dans un univers chaotique. »

Plus j'y pense et plus je me dis que j'ai beaucoup aimé cette écriture, plus encore que l'histoire qui pourtant est touchante. Mais Anaïs Nin a une écriture spéciale, les mots sont poétiques et sa manière de relater des évènements est particulière. J'ai été à me demander si la narratrice était perdue dans un songe. Et après ces quelques pages, je pense que c'est une volonté de montrer que les différentes étapes de son cheminement, relatées de manière si imbriquée, forment un tout qui constitue une femme pour Anaïs Nin. Une femme dont on découvre qu'elle est pleine de facettes et qu'elle ne peut être elle-même que lorsqu'elle est libre de montrer l'intégralité d'elle (de ses envies, de ses désirs, de ses blessures), des côtés qui ne sont habituellement visibles que par l'un ou l'autre des hommes qu'elle rencontre. Elle ne montre qu'un aspect d'elle à chaque fois. Je me pose juste la question de savoir si un homme voudrait voir toutes les facettes de Sabina. Est-ce un réel choix de sa part ou répond-elle à ce que l'autre attend ? Mais elle est consciente du fait que les hommes ne voient qu'une part d'elle et se morfond dans un doute, une culpabilité vis-à-vis de chacun d'eux. Comme si elle leur cachait une partie de la vérité, une partie d'elle. Sa conscience la taraude constamment. Et puis heureusement, il y a les amis... et leurs bons conseils à prendre à dose homéopathique.

« Mais Sabina, excitée par les rayons de lune, sentit bientôt naître en elle le pouvoir d'étirer le temps, de le ramifier dans des myriades de vies et d'amours, d'allonger le chemin jusqu'à l'infini en d'innombrables détours qui étaient comme les dépositaires d'innombrables désirs. Les rayons de lune avaient fécondé en elle les semences de multiples femmes parce qu'ils étaient fils de cette nuit sans limites dont nous n'avons conscience que dans les songes. La nuit a des racines qui plongent jusqu'aux richesses du passé, afin de les mettre au présent et de les projeter dans le futur. »
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Il est dit en avant-propos que Anaïs Nin appréciait beaucoup D.H. Lawrence. Je ne suis donc pas étonné de retrouver dans ce livre des élans lawrenciens entre la protagoniste et ses différents amants. La difficile compréhension dans un couple, les attentes différentes de l'un et l'autre pouvant mener à une distorsion des sentiments qui peut s'avérer fatale. Toujours dans l'avant-propos, l'auteur se défend d'être l'héroïne de ce roman et affirmant que les femmes de son livres ne sont que des créations romantiques. Pourquoi pas ? Pourtant, tout au long du livre et de la description de la vie avec ses différents amants, on ne peut s'empêcher parfois de faire le parallèle avec la vie mouvementée de l'auteure. Et cela pour notre plus grand plaisir. Face à un certain réalisme dans la rencontre des différents amants, elle sait distiller du mythe et de la poésie où il en faut pour nous faire adhérer à ses aventures. On peut faire le parallèle avec certains passages de son long et magnifique poème « La maison de l'inceste ». Réellement espionne des situations amoureuses, Anaïs Nin nous emporte dans le tourbillon sans fin d'une vie comme on en rêverait.
Pourtant, certains passages s'avèrent redondants et un peu longs, les situations, par nature, se ressemblant souvent. J'avoue avoir lu certaines pages en diagonale.
Pour autant, j'ai lu ce livre avec beaucoup de plaisir et la plume de cette auteur ne cesse de me ravir.
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Sabina est une femme encore jeune et belle. Elle attire les hommes. Elle ment à son mari. Celui-ci est (elle le reconnaîtra finalement) davantage un père qu'un amant. Mais le lecteur l'aura vite compris. Par ailleurs, elle cultive tout autant une volonté de plaire aux hommes qu'elle croise qu'une franche culpabilité vis-à-vis de son mari, même si elle finit par lâcher prise.

Le style est fluide, mais il m'a manqué une tension, une dynamique. Entre les figures poétiques fort riches et bien tournées et la succession d'amants (le tout pudiquement décrit), je ne me suis pas senti attiré par le devenir de cette femme.

L'explication en termes quasiment psychanalytiques où Sabina est Anaïs Nin et le récit très autobiographique est niée par l'auteure. Elle veut que l'on voie dans ce livre une pure fiction. Impossible de juger et de faire la part des choses. Mais je ne me suis pas senti poussé, déstabilisé, bousculé par cette femme libérée (on est dans les années 1942-43) qui multiplie les amants et les paradoxes comportementaux en s'arrangeant pour que son mari ne se doute de rien. Il n'y a rien, dans ce petit opus, d'indécent, de crû, de novateur, de politiquement incorrect (le roman est écrit en partie en 1968).

Je tiens à dire que ma position aurait été la même si le personnage principal avait été un homme. D'ailleurs, comment aurait réagi la critique si le personnage avait été un homme, trompant allègrement sa femme et cultivant un sentiment de culpabilité?
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Tout ce que je savais d'Anaïs Nin se résumait en gros à une réputation sulfureuse, des journaux et romans érotiques et le choix de vivre librement ses amours.
Avec ce court roman, j'ai découvert une plume agréable et une certaine lucidité face à des choix de vie particuliers, ici infusés au personnage principal, femme mariée qui refuse ou est incapable d'être femme unique, et vit sa complexité à travers d'autres amours.
J'avoue avoir trouvé particulièrement violente l'angoisse et le sentiment de culpabilité permanents qui accompagnent des instants de vie intense. Mais c'est là tout l'intérêt du livre, cet écho à la vie d'Anaïs Nin, un mari sur la côte est et l'autre sur la côte ouest, et la gestion compliquée de deux Anaïs qu'elle veut distincte.
Belle découverte!
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ces résonances prenaient leur source dans les profondeurs des sens, mystérieux ensemble orchestral qui garde longuement le souvenir d'une sensation, comme les instruments de musique gardent le souvenir du son qu'ils viennent d'émettre. Le corps reste vulnérable à certains retours du passé longtemps après que l'esprit croit avoir tout oublié...
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Ils descendirent les échelles rouillées qui mènent au plus profond de la nuit que connurent le premier homme et la première femme dans les commencements du monde, au plus profond de cette nuit où les êtres se possèdent sans avoir besoin de parler, sans sérénades, sans cour préalable, sans tournois, sans accessoires secondaires, sans ornements superflus, sans bijoux, sans couronnes à conquérir, où il n'y a plus rien que le rituel heureux, heureux, heureux, de la femme qui s'immole, qui s'empale sur le mât dressé de la volupté masculine.
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L'ennemi de l'amour n'est jamais à l'extérieur, ce n'est pas tel homme ou telle femme, c'est ce qui nous manque intérieurement.
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Ils descendirent les échelles rouillées qui mènent au plus profond de cette nuit que connurent le premier homme et la première femme dans les commencements du monde, au plus profond de cette nuit où les êtres se possèdent sans avoir besoin de parler, sans sérénades, sans cour préalable, sans tournois, sans accessoires secondaires, sans ornements superflus, sans bijoux, sans couronnes à conquérir, où il n'y a plus rien que le rituel heureux, heureux, heureux, de la femme qui s'immole, qui s'empale sur le mât dressé de la volupté masculine.
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Elle se disait que, dans ses singeries, Donald agissait comme un enfant jaloux imitant une maturité qu’il ne pourrait jamais connaître.
« Sabina, vous êtes triste, lui dit-il un jour. Venez, je vais vous montrer quelque chose. » Et, comme s’il l’enlevait sur le gyroscope de son imagination, il l’emmena voir sa collection de cages vides.
Les cages remplissaient sa chambre : il y avait des cages en bambou des Philippines, des cages dorées, travaillées d’arabesques, venant de Perse, et il y en avait de pointues comme des tentes de nomades, d’autres comme des huttes africaines en feuilles de palmier. À quelques-unes de ces cages, il avait lui-même ajouté de petites tours moyennâgeuses, des trapèzes et des échelles, de petites baignoires en glaces et une jungle miniature suffisamment réaliste pour donner l’impression de la liberté aux oiseaux sauvages ou mécaniques qui seraient plus tard emprisonnés derrière ces barreaux.
« Je préfère garder mes cages vides, Sabina, jusqu’à ce que j’aie trouvé l’oiseau unique que j’ai aperçu une fois en songe », murmura Donald.
Alors Sabina plaça L’Oiseau de feu sur l’électrophone et très loin résonnèrent les pas légers de l’Oiseau. Chaque pas faisait jaillir des étoiles phosphorescentes, chaque note, comme un clairon d’or, annonçait la joie. Puis ce fut une forêt de queues de dragons battant le simulacre de l’amour, un brasier de prières charnelles, et enfin les innombrables petits miroirs étincelants qui ornent les fontaines de l’amour.
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Videos de Anaïs Nin (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anaïs Nin
Dans Grand seigneur, Nina Bouraoui se tourne vers l'écriture pour conjurer la douleur de la mort de son père, entré en soins palliatifs en 2022. Entremêlant les souvenirs de sa vie et le récit de ses derniers jours, elle illumine par la mémoire et l'amour un être à l'existence hautement romanesque. Le désir d'un roman sans fin rassemble quant à lui de nombreux écrits de l'autrice, portraits, nouvelles, chroniques, parus dans la presse ou publiés entre 1992 et 2022. Une oeuvre à part entière, qui pourrait se lire comme un roman racontant la vie, ses arrêts, ses errances. Ces deux parutions récentes prolongent l'oeuvre prolifique et lumineuse d'une romancière majeure de la littérature contemporaine. Elle reviendra sur son parcours d'écriture à l'occasion de ce grand entretien mené par Lauren Malka, dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
Nina Bouraoui est l'autrice de nombreux romans et récits dont La Voyeuse interdite (Gallimard, prix du Livre Inter 1991), Mes mauvaises pensées (Stock, prix Renaudot 2005) ou Otages (JC Lattès, prix Anaïs Nin en 2020). Elle est commandeur des Arts et des Lettres et ses romans sont traduits dans une quinzaine de langues.
Rencontre animée par Lauren Malka dans le cadre de l'enregistrement du podcast Assez parlé.
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