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Citations de Ananda Devi (312)


Elle est saisie par une lumière d'étoile. Son visage semble décousu. D'étranges couleurs, les couleurs des coups, brouillent ses traits. Ses yeux sont si profonds et leur résonnance si métallique que j'ai du mal à la regarder. Ils vont au-delà de cette maison au-delà de Port Louis, au-delà du présent.
Ses yeux sont à demain, et demain n'existe pas.
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Dans la confusion et la fusion de ses souvenirs, le tricot des certitudes se défile. Le tricot de la vie se troue et se désintègre. Plus rien pour nous réchauffer, ni lui, ni moi.
Si je n’ai hérité de ta tristesse que pour la transmettre à mes enfants, je t’en veux. C’est là une chaîne que nous n’avons pas choisie.
Cette servitude à vie est effroyable. Comment s’en sortira-t-il ?
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"Je suis un homme, et je suis en voie de disparition.
Je suis vieux et je suis en voie de décomposition .Si vous souhaitez des joyeuseries, passez votre chemin.
Si vous pensez sortir d'ici le ventre grouillant de bons sentiments, vous vous êtes trompé de porte.

Gens qui criez trop fort sans avoir rien à dire, écoutez moi si vous le voulez ou bien foutez le camp.
Tout cela m'indiffére."
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Tout commence par la perte des eaux.
L’outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l’amour et du désarroi.
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Shivnath sait qu’il doit avancer masqué. L’époque est moins tolérante que jadis. Avant, une fillette de prostituée de dix ans sous la protection d’un swami, cela n’aurait pas fait scandale. Maintenant, c’est différent. Il doit évaluer la crédulité des croyants et se tenir au courant des informations qu’ils reçoivent sur leurs téléphones depuis les quatre coins du monde. Il suffirait qu’une foutue féministe ait vent de lui pour que les médias se précipitent. Il le sait, chacun est désormais soumis au jugement international, qui n’a rien à voir avec le jugement de son peuple, qui se fout royalement des enfants des prostituées.

Le politiquement correct règne, et il faut montrer du respect aux femmes, aux enfants, aux pauvres, aux intouchables, etc. Même un Premier Ministre doit faire semblant de se plier au jugement international, pense Shivnath, mais en réalité il continue de faire ce qu’il veut. On peut violer les femmes et massacrer les musulmans à condition de ne pas se faire prendre.
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Ce que tu as toujours écrit
Dans tes livres c’était toi
Ton corps tes reins tes lèvres
Tes mains tes seins ta pelure
Ton ventre tes cuisses ta fêlure
Il est temps de te réunir

Toutes les autres
Tous les autres
Toutes tous
Douleurs
Morts
Mots
Moi(s).
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Je suis réveillée. Cela me surprend toujours, ce passage entre rêve et éveil. Ce glissement hors du temps, comme une chair glacée refoulée de la mort à la vie.
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Le crime ne paie pas et pourtant je voudrais tuer. En moi, quelque chose d'avarié, une. Plaie, une tare, une. Lâcheté. Est-ce moi ce n'est pas moi pourtant il y a bien une autre. Qui rêve qui. Vit qui. Écrit qui. Est ? Alors c'est quoi ce bout de chiffon de crasse de.

Paillasson qui s'efface ?

Le crime ne pleure pas et pourtant. Moi si. Je contemple mon corps dénaturé. Qui ne dévergonde plus. Ne rit. Plus ne crie plus de grande grande joie. Dans l'enthousiasme des découvertes. Regard passif qui ne hante. Plus personne.

Le crime ne discrimine pas entre. Ses victimes et pourtant en moi je choisis. De me défaire de celle que. Je n'aime plus.
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Je glisse un livre de poésie dans son cartable.
Plus tard, elle me croise et appuie sur moi son regard. Cela me met dans tous mes états.
Je lui dédie toutes les phrases dont je noircis mes murs.
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A quoi bon ce cerveau en dérapage, et puis ces mains flageolantes, et puis ce ventre vide mais gras, et puis ces bons gros seins qui avaient fait sa honte d’adolescente puis sa fierté de femme ? Ah oui, ces seins : si lourds, bruns, charnus, couronnés de soleil noirs. Elle se disait parfois avec fierté qu’elle avait la poitrine d’une femme africaine. Elle les aimait bien, ces animaux familiers, ces papayes abondantes, et les caresses parfois passionnées, parfois distraites d’Abhi. Ils étaient ses armes les plus visibles pour conquérir l’espèce mâle, et Abhi, admettons-le, était bien une conquête, il n’y avait pas de doute. Sa belle paire de papayes avait fait son travail. Mais à quoi bon, à quoi bon, maintenant ? Une carcasse, c’est fait pour être dévoré et pourrir, voilà tout.

Cesse de tourner en rond, ma fille, il n’y plus de chemin pour toi, se dit-elle. Pose toi dans l’herbe, cale toi là, n’écoute plus rien, efface cette journée et laisse couler en toi le jus de l’indifférence.
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Les mots rythment mes heures, parfois d’une grande joyeuseté, parfois comme une condamnation, le plus souvent traversés d’un souffle de mélancolie, voire d’angoisse. Ils sont une constance à travers les changements et les bifurcations. La seule constance, peut-être. Ils sont une passerelle, mais aussi un rempart. Ils disent, et à la fois contredisent, et à la fois déguisent. Le gouvernail et les voiles de notre barque désarrimée. Ils m’ont permis les plus beaux voyages ; mais aussi cette contemplation des ténèbres qui a dévoré une si grande part de ma vie. Je m’y tiens en un équilibre précaire. Mon balancier, de plus en plus, se gauchit. D’un côté, le vide, qu’il me reste à explorer, quitte à y être aspirée et broyée. De l’autre, un désert auquel me condamneraient le silence des mots et l’abandon de l’écriture. Un désert qui porte ton visage.
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Si je croise mon propre regard, il me glace et m’épouvante. Je m’en veux de m’être aussi hostile.
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Elle ramène d'un geste son sari sur sa tête et sa bouche se pince au point de disparaître dans une multitude de rides furieuses. Subhadra ne tente pas de s'excuser davantage. Elle lève les yeux sur ce visage clos et ressent une sorte d'épouvante à l'idée qu'elle se regarde dans un miroir déformant: dans vingt ans seulement, c'est à cela qu'elle ressemblera. Tant d'inutile laideur, tant de rancunes figées sur ce visage !
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«  Veena hausse les épaules .Quelle importance ?
À ses yeux , elles sont toutes infirmes, difformes, éclopées.
La vie se charge de leur briser un à un les membres avant de leur tordre le cou. Volailles dans leur poulailler , dont les plumes sont arrachées une à une jusqu’à ce qu’elles finissent parfaitement nues .
Ensuite , tout recommence .
Quelle importance ?
Leur existence est une longue suite d’abandons .
Pas besoin de mots, ni de larmes , ni de nom .
Peut - être l’existence de la petite est- elle le symbole de leur destinée : mourir en faisant semblant de vivre » .
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Alors dis-moi, a-t-il dit
Explique-moi ta peur de l’incertitude
Elle cogne et cogne encore
Comme un bec d’oiseau
Sur un miroir d’eau
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Tu as cherché la clé et tu as trouvé une effraction.
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C'est si facile de se défaire de son humanité. Elle ne tient qu'à un fil ténu, à peine liée à notre âme, où ce qui nous en tient lieu.
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Ce matin, lorsqu'elle sort dans le jardin, elle a une brève sensation de mouillé, comme une langue sur sa joue ; un reste de son rêve, sans doute. Car tout est sec depuis longtemps. Les couleurs se sont effacées. De vert, le jardin a viré au jaune, puis au brun ; à présent, il est d'un beige délavé, fatigué de tout, contradiction de sa luxuriance passée. Le fantôme d'un jardin qui s'obstine à la hanter, ou qu'elle s'obstine à hanter.
Seul résiste un minuscule carré de terre qu'elle continue, malgré les injonctions et les interdictions officielles d'arroser (avec ses larmes, a-t-elle coutume de dire en riant), parce qu'elle ne peut pas se passer des fleurs.
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Dépasser les bornes
Aller plus loin que mes orbes
Vivre ce que ne pourrais
Connaître ce que ne devrais
Être telle que voudrais

Offrir mon corps nu
À la flagellation

Tout désir est incartade
Sève buissonnière
Goutte de laitance
Dans ma bouche offerte

Tout désir est incartade
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Il est de ces miracles inopinés qui jaillissent de l'instant et dont le frémissement ressemble à une surface ridée

qui d'un seul coup se lisse et se retrouve un air de jeunesse endormie

A chaque moment, sa patience

Je n'attends de la vie que le choc de ses instants
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