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Citations de Ananda Devi (312)


«  Une paroi la séparait de sa mère . Une paroi ?
Non : une interdiction .
C’était dans ce lieu hanté par les ombres , un renfoncement où seules les souris pouvaient faire leur nid , que sa mère Veena , la déposait avec l’ordre de ne pas faire de bruit et de ne pas bouger .
Pendant longtemps —- elle avait alors un ou deux ans —— elle se contentait de s’y recroqueviller et de pleurer en silence .
Cela pouvait durer des heures » .
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Nous marchons sur des parapets de verre, sur la transparence du vide. Il y a entre nous mille silences et la distance de l'infini.
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Sur mon berceau ne s'est penchée aucune fée. Quand j'ai ouvert les yeux, je crois que j'ai tout de suite vu ma vie en face de moi : une surface de pierre, des barreaux aux yeux, un bâillon sur la bouche et du métal au coeur. C'est ce visage là qui m'a amenée à prononcer, en ouvrant la bouche, ce mot essentiel : non.
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Chacun de ses mots avait le poids de son silence.
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C'est pas parce que je suis sorti d'entre ses cuisses qu'elle me doit quelque chose. Elle me doit rien, rien du tout. Elle avait rien demandé, elle. Elle voulait la présence d'un homme, au lieu de quoi, j'ai poussé. Elle voulait quelqu'un à qui parler, mais elle a eu un petit animal qui a vite cessé de prononcer des mots, sauf dans sa tête. Elle voulait vivre normale, mais elle a dû apprendre à avoir honte de moi. C'est pas sa faute.
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Tout commence par la perte des eaux…


Tout commence par la perte des eaux.
L’outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l’amour et du désarroi.
Dès cette première séparation, la joie se teinte de désolation : il ne se souviendra pas de ce temps-là, de ce partage de nos matières, de ce qu’il a pris de moi pour se former, de ce que je lui ai donné pour le façonner. Cette amnésie des enfants, heurtée à la permanence obstinée de la mémoire des mères, c’est la toute première déchirure.
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« Les individus des autres espèces se sacrifient pour la survie du plus grand nombre ; nous, nous ferons tout pour survivre, au prix du plus grand nombre. » (p.32)

« A la conversation que toutes les mères doivent un jour avoir avec leur fille adolescente : tu dois apprendre à aimer ton corps » (p.79)

« … comment ni les parents ni l’école n’ont su inculquer des principes fondamentaux à cette génération d’exhibitionnistes. (…) Ce que l’on appelle les phénomènes viraux sont nos nouvelles divinités : ils savent capter nos passions éphémères. » (p.138)

« L’image ne pardonne pas. » (p.141)

« Pauvre père. Il ne mesure pas l’étendue du monde virtuel. On ne peut pas en sortir. Il est éternel. Il est partout. infini. Il n’y a pas d’outil possible puisqu’il est hors du temps et de l’espace. Nous avons inventé l’enfer. » (p.144)

« Dès que les commentaires publics ont été autorisés, le monde s’est lâché. Le pire est remonté à la surface comme une écume nauséabonde. Pourquoi n’est-ce pas le meilleur de nous qui en est ressorti ?Les voix bienveillantes, les voix mesurées, les voix raisonnables ? Elles ont été étouffées par les autres. Ce qu’on entend, c’est la cacophonie de notre époque, celle de nos âmes, celle de nos consciences. » (p.153)
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Ensuite, nous constatons que l'exiguïté trompeuse s'ouvre sur un labyrinthe de couloirs, d'escaliers, de rampes, de salles oblongues et de chambres secrètes, et surtout de terrasses construites à différents niveaux pour créer des flux de vents qui rafraîchissent le palais tout entier et pour ouvrir des espaces à partir desquels l'on peut voir la ville et ce qui lui tient d'oiseaux : la nuée de cerfs-volants qui sont la passion de tous les habitants, et qui ponctuent le ciel gris-rose, dont les couleurs semblent se marier à celles de la ville, de morceaux d'arc-en-ciel.

C'est ainsi que nous comprenons l'ingéniosité de cette structure, avec ses jeux de perspective et ses trompe-l'œil, tandis que nous sommes conduits par une volonté extérieure à la nôtre et qui nous murmure : pas par ici, par là...

(Œillères (Hawa Mahal))
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Pagli. Deux syllabes qui se collent à moi. Deux ailes huilées de martins qui m'enveloppent. Deux moi dissociées l'une donnée à l'amour, l'autre nourrissant ma rage. Je passe de l'une à l'autre, voltige sans filet, culbute sur mes pierres veinées de sang et me perds totalement dans mon propre corps démembré. Pagli. C'est moi.
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Ce que j’ai oublié :
le goût du vent et la mollesse
d’autres lèvres. J’essaie de m’en souvenir,
l’odeur de la terre
par temps d’après la pluie,
le toucher d’un autre corps
par temps d’après l’amour

La somme des instants n’aboutit à rien
Inutile survie – la mort est très surfaite
Il n’y avait rien avant et rien non plus après

La nuit ne t’en veut pas d’être :
C’est le jour qui se venge de toi.
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[ Incipit ]

Tous ces hommes qui me parlent. Fils, mari, père, amis, écrivains morts et vivants. Une litanie de mots, d'heures effacées et revécues, de bonheurs révolus, de tendresses éclopées. Je suis offerte à la parole des hommes. Parce que je suis femme.
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Dans ce pays – on m’appelle « pays », mais je suis un archipel, ils ne savent pas combien je suis immense et ancienne, combien ils auraient pu puiser en moi une belle fierté au lieu de s’accrocher à d’anciennes fictions d’allégeances -, dans ce pays qui se développe si vite qu’il est montré en exemple dans la région, on s’occupe bien du bétail. On en prend soin. On le caresse dans le sens du poil pour mieux le traire. Son lait est doux, crémeux et abondant. Après, on lui fait miroiter une pension de vieillesse sans lui donner le temps de comprendre qu’il finira à l’abattoir bien avant.
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Ainsi liées nous voyageons
Sur nos orteils brisés
Femmes de sable le vent nous efface
Nous ne danserons plus sur les ronces.
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Qui sait d’où viendra la fin
En attendant on se terre
Dans sa bulle de peur
Et on regarde, médusé
Le film catastrophe qui se déroule

Sur nos écrans intimes
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Le monde ira mal
La technologie ira bien et les armes aussi, merci
Les solitudes seront plus seules
Les amis plus nombreux
Le bien le plus précieux sera encore
Le téléphone
Qui rassemble la vie
Dans quelques centimètres carrés
Enfin, une espèce de vie
Quelque chose qui mascarade la vie
Ou la massacre
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J'ai assez de colères pour remplir dix fois le panier percé de ma vie.
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« Tout artiste rêve de cela : celui ou celle qui sera muse et critique, autre et contraire et identique – et également compagne ou compagnon d’une vie. Cela n’existe pas, mais le sait-on, à vingt-quatre ans ? »
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Je cherche à savoir où se trouve le fond de la vie. De quelle couleur il est . A quoi ressemble le point de non-retour qui me dira enfin ce que je suis.
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Personne ne sait qu'on peut aimer comme ça, à dix sept ans. Je baigne dans l'eau nocturne d'Eve. Je plonge dans sa vision trouble. Je me noie dans sa boue, dans son innocence. Je me fous de ce qu'elle est, et de ce qu'elle fait. Je suis le clin d'oeil noir au-dessus de la ceinture de son jeans. Je suis le talon arrondi de son pied nu dans ses sandales. Je suis le souvenir de son rire si rare, de sa force, de son défi.
Je ne vois rien d'autre. Les phrases sur mes murs ne sont plus écrites à l'encre noire mais blanche, et le stylo se remplit et se désemplit tout seul, en un incomparable jaillissement.
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(Eve)
La prochaine fois, il a dit, on essaiera autre chose.
J'ai haussé les épaules, mais j'ai regardé avec curiosité ses yeux recouverts d'un film argent, comme du sucre fondu. Il a paru annulé. Il n'existait plus que par ses mains. Il n'existait plus que par moi.
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