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Citations de André Dhôtel (617)


...on avait oublié le rêve sans savoir qu'on aurait pu s'en saisir.
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Quand il allait sur le pourtour du vallon, pour voir le temps qu'il faisait, selon la tradition, Florent était de plus en plus saisi par les perspectives de la plaine. C'étaient comme dans le ciel nuageux des sortes de boulevards que suivaient certains champs, blés en herbe ou labours, jusqu'à l'horizon. Une vision rapide qui se formait grâce à des points de repère insignifiants, une charrue abandonnée, deux ou trois piquets, des buttes qu'il n'avait jamais remarquées ou des cardères desséchées. Parfois, il murmurait : "Là-bas." Il n'y avait rien là-bas qu'une ligne de ciel, mais la moindre ombre pouvait être une maison inconnue, un train ou un fleuve avec son immense estuaire.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", page 66]
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C'était justement la vraie sauvagerie que d'aimer et d'oublier.

[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", page 66]
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Je me rappelle son front carré, ses cheveux courts. Il avait une certaine raideur dans tous ses gestes, et cela donnait à tous ses gestes cette grâce imparfaite qui se dégage des sculptures archaïques. Dans les jeux, ses muscles se détendaient avec une extraordinaire rapidité.

[André DHÔTEL, "David", Les éditions de minuit, 1948, 252 pages -- réédité par marabout, 1979](extrait cité par Maurice Nadeau dans son article "David" ou le roman de l'indifférence", "Combat", 27 janvier 1949)
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Martinien chercha partout les traces de la fille,et,un jeudi,vers la fin d'octobre,il retrouva l'empreinte de ses deux pieds nus dans la vase.Le rebord d'une motte de terre avait préservé ce vestige.Les orteils formaient de petites cavités,alignées comme les roseaux d'une flûte de Pan.Martinien aurait voulu détacher ce bloc de boue.Cette boue était trop fluide,il dût y renoncer,et se contenta de prendre des mesures scrupuleuses pour reporter avec exactitude la double empreinte sur une page de son cahier de classe.
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En fait l'inaction dont je parle consiste simplement à "traîner". Cela ne ressemble que de loin à ce qu'on appelle la promenade, qui garde un caractère hygiénique et implique l'idée de faire un tour, comme il arrive pour ces sentiers numérotés des stations touristiques. Traîner suppose une sorte de mauvaise volonté, un refus d'exercer ses muscles, de se choisir un but et de repérer des endroits.
Un journaliste que j’avais conduit dans les détours hasardeux du pays ardennais, m'a soudain demandé : "Mais enfin où mène cette route ?" Je lui répondis : "Elle mène tout simplement d'une route à une autre".
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Au moment où il tombait en avant, il eut la vision du ciel qui surplombait le vaste moutonnement de la forêt. La chute fut un peu amortie par l'herbe, mais le garçon passa cul par-dessus tête, et il eut beau s'agripper aux plantes, il lui fallut rouler jusqu'au bas. La terre et le ciel passèrent tour à tour devant ses yeux. Le dernier bond que fit Gaspard là où le talus devenait vertical le projeta vers le milieu de la route.
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Un souvenir en appelle un autre, et il finirait bien par expliquer cette sacrée aventure.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
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André Dhôtel
Lointaine


Extrait 4

Trirèmes à longues robes
Fuyez, emportez les urnes de cendres.
Votre rythme s’apaise loin de la terre
Je vous ai donné aussi, nautonniers,
Les bagues de mes aïeux, leurs effigies et tout de moi.
Vous avez franchi le dos de la mer.
Libre suis. Palais, vous ne saurez plus que mon nom
Route soleil mesures neuves.
Je me moque de tous les passants
Ils rentrent chez eux ou bien vont au temple. Ah ! Ah !
Ménestrel suis sans sou ni maille.
Toi, je passerai te prendre à la courbe du chemin
Et je t’aimerai un peu viole craintive, gerbe liée, arceau nu.
Presser des fruits. Jeter des cailloux par-dessus le plus haut peuplier.
Sauter les murs sans peur des chiens. Dévaler les vignes.
Les gongs où tourne la lumière, les gongs au ventre hilare ont un
hymne obscène.
Beau temps. Crible d’or. Ensemencements.
Tout est cruel impitoyable.

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André Dhôtel
Lointaine


Extrait 3

  La côte. On voit tous les pays. Toutes les routes. Pourquoi
n’est-ce pas comme il y a deux mois ? Pourquoi les pas pro-
fonds de deux chevaux revenant des champs sont-ils terribles ?
‒ Ne vas pas au bois, Marie-Jeanne.
‒ Pourtant j’en suis à trois sauts. Je veux voir encore une fois.
‒ Non, vois-tu, tes enjambées n’éparpillent pas de sauterelles.
Ils sont six corbeaux qui t’attendent au creux du pré vieilli.
Il ne faut pas Marie-Jeanne. Reviens sous la cheminée attendre.
Nous n’irons plus au bois.
Les lauriers sont coupés.
Nous y retournerons l’année prochaine.
Et quel est donc ce chant ?
Quelles filles à l’automne y ont pensé ?
Quelles filles ont su qu’elles étaient désespérées ?
Cela s’est passé bien simplement, lorsque des ramilles fines
  comme des chapelles, ont chu les rieuses, les sifflantes,
  les tournoyantes, les moqueuses, les miroitantes.
Personne ne s’est aperçu de rien
Pourquoi donc parler de cela ?

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André Dhôtel
Lointaine


Extrait 2

Nous n’irons plus au bois
Les lauriers sont coupés
Sous les frondaisons chaudes et éteintes
Nous ne glisserons plus, penchées,
Vers les muguets doucement sonores à notre cœur.
Filles des hameaux sous le lierre
En sautant vers la lisière du bois
Plus ne tendrez vos jarrets dorés.
Combien de fois nous sommes revenues dépeignées
Tant nous fûmes prises aux épines des mûres.
À la branche d’un roi chêne,
Nous nous suspendions à deux,
Et nous volions en faisant des pas de sept lieues.
Ne plus s’en aller dans des sommeils sous les branches baissées.
Mettez vos sabots. Soufflez sur le feu d’hiver. Il y a beaucoup de
sarments dans un coin de la grange. Faut plus penser, surtout.
Nous y retournerons aux clairières closes.
Oui. Oui l’année prochaine.

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André Dhôtel
Lointaine


Extrait 1

Cependant je voudrais sourire en effeuillant doucement
  un amour calme –
Ils avaient soif, ils se sont penchés sur les pierres – Là –
Ils ont marché, ils ont lié leurs bras – ils flottaient comme
  deux nuages
Le long du ruisseau qui dit sa bonne chanson – Ils sont
  restés longtemps debout, arrêtés, oscillants. Et l’arbre
  a secoué un rire au-dessus de leur baiser.
  Nous ne toucherons plus – serment sur une échelle de
soie – aux fanées, aux demoiselles des champs aimées et
respirées, il y a si longtemps qu’elles ne sont plus que mo-
mies. Car on ne peut savoir tellement est sacré le souvenir
si les rythmes ne sont qu’une tendresse dernière, faiblesse
de vivre, lorsqu’ils reviennent en nous, toujours pareils à
ceux d’il y a si longtemps.

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Alexis pouvait ainsi parcourir librement, sans rencontrer personne une assez vaste contrée dont les bornes étaient marquées par les marais, par une falaise où serpentait la route vers le village de Sognes, et par des ravins et des rochers d'où l'on découvrait des perspectives sur d'autres immenses forêts.
Ces lieux étaient livrés à un désordre magnifique.
A proximité de la ferme les chemins se perdaient au travers des étendues. Mais bientôt le terrain se bosselait dans tous les sens et formait un véritable chaos.
Les bruyères, les genêts, les ronces, les taillis se groupaient en fourrés où l'on pénétrait par des trouées peu visibles que ménageaient des affleurements du schiste. Les marais eux-mêmes offraient mille voies au travers des roseaux.
Quant à la forêt dressait sur de longues pentes, il paraissait impossible de la connaitre jamais dans tous ses recoins, avec ses sapinaies abruptes qui poussaient avec exubérance, ses chênaies et surtout ses creux innombrables où poussaient toutes sortes d'essences, cormiers, sorbiers, saules et acacias.
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