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Critiques de André Gorz (89)
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Ecologica

André Gorz est un penseur et philosophe trop peu connu, le thème de l'écologie politique a pourtant tout son sens aujourd'hui ! Il présente la société d'aujourd'hui sous certains angles inédits, qui nous font réfléchir à certaines choses bien établies qui sont pourtant bien vides de sens. Si vous vous interessez à d'autres voies alternatives que le capitalisme en vigueur dans notre monde actuel, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage, il résume les grandes idées de Gorz au cours de sa vie, et le livre est assez court.
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Lettre à D.

Quand un écrivain écrit à sa femmuse. Une femme brillante, passionnante, qui malgré l'époque ou les époques encore pas assez favorable l'a poussé, tenu, maintenu, guidé, et permis à lui, petit homme, de trouver sa place et de briller.

Un texte d'un homme re-co-nnaissant et amoureux jusqu'au bout.
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Lettre à D.

Mince ouvrage plein d'émotions, plein d'amour devrais-je dire puisqu'il s'agit bien d'une magnifique déclaration d'amour d'André Gorz à sa femme Dorine.

C'est tout en délicatesse et poésie que l'auteur raconte dans ce magnifique hommage la rencontre qui va changer sa vie un soir de 1947, puis les cinquante-huit années d'amour et de soutien qu'ils vivront. Une lettre faite de réflexions aussi sur leur passé commun, ses manquements à lui, ses doutes parfois mais surtout un fait indéniable: il ne peut vivre sans elle et il est certain qu'elle ne peut vivre sans lui, leurs personnalités se sont entremêlées au point de ne devenir qu'un seul être.



Malheureusement il y a des choses que l'on ne contrôle pas, Dorine atteinte d'une maladie incurable perd ses forces avec le temps, et ces deux êtres inséparables depuis tant d'années redoutent la perte de l'autre, André Gorz prend la plume pour un bouleversant hommage à celle qui l'a accompagné dans toutes les épreuves et les joies de la vie et jusqu'à cette décision j'ose dire courageuse et remplie d'amour qui leur ôtera la vie en septembre 2007.



Le livre se termine sur une phrase magnifique et qui résume bien l'ampleur de leur amour:



Nous nous sommes souvent dit que si, par impossible, nous avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble.
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Bâtir la civilisation du temps libéré

Et si l’on réduisait notre temps de travail pour mieux vivre ? C’est en résumé ce que défend André Gorz dans cet article écrit dans le Monde Diplomatique en 1993, Bâtir la civilisation du temps libéré, et qui est publié avec d’autres textes dans cette édition des Liens qui Libèrent.



L’auteur part d’un constat simple : depuis plusieurs années, la production de richesses en France ne cesse d’augmenter, alors que parallèlement les heures de travail baissent. Aujourd’hui, nous sommes capables de produire plus et mieux avec moins de travail. Pour A. Gorz, cela nous permettrait de donner une nouvelle perspective à notre société : réduire le temps de travail, sans perte de revenus, et gagner en qualité de vie.



Mais pour la majeure partie de notre société, la réduction du temps de travail est perçue de manière très négative. Et pourtant, partager le travail de manière équitable va devenir une nécessité absolue pour lutter contre le chômage. Si l’on veut éviter d’avoir un pays divisé entre ceux qui ont un travail permanent, une sécurité, et ceux qui vivent de manière précaire car n’ayant pas accès à un emploi stable, il faudra s’engager sur la voie de la diminution du temps de travail.



Cela passe évidemment par une meilleure redistribution des richesses, c’est pourquoi hommes politiques et représentants du patronat s’opposent à une telle réforme, car elle remet en cause le fondement même du système capitaliste : la confiscation par une minorité de la richesse produite par la majorité.



Une nouvelle société pourra ainsi voir le jour, où une réelle autogestion du temps et des horaires permettra d’ajuster les plages de temps libéré au projet où à la situation familiale de chacun (maternité, paternité, congé sabbatique, congé pour soigner un proche, formation, etc).



Ce sera aussi l’occasion pour chaque personne de vivre pleinement sa vie, et de s’engager totalement dans la vie de la cité. De nombreuses activités sans but monétaire pourront se développer (coopératives, échanges de services, réseaux de solidarité, etc), et l’on pourra même imaginer un essor sans précédent du secteur associatif.



A. Gorz nous invite donc à réfléchir sur l’opposition entre avoir et être, et pose les limites du modèle actuel de notre société qui pousse à la surconsommation, et à travailler toujours plus, alors que nous pouvons avoir à portée de main une vie plus libre et une société plus égalitaire.



Cela passera nécessairement par une révolution des mentalités, et une prise de conscience collective qu’il vaut mieux vivre sa vie que de la gagner.
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Lettre à D.

"Lettre à D : Histoire d'un amour" n'est pas réellement l'histoire d'un amour mais plutôt le désir pour l'auteur de légitimer ou de critiquer ses œuvres tout en parlant en fond de sa vie avec sa femme. Je suis restée déçu, car avec un tel titre je m'attendais à l’effusion de larme, de mots tendres et de guimauve.
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Bâtir la civilisation du temps libéré

Un excellent livre qui remet en question les fondements même de la "crise" que nous traversons actuellement.

Nos avancées technologiques nous ont permis de produire plus à un moindre coût. Pourtant à aucun moment ne s'est posé la question de que faire de ce temps libéré et de comment cette hausse de production pourrait être bénéfique pour tous. Au contraire les entreprises faisant de plus en plus de profits ont embauché de moins en moins de monde. On a assisté à une précarisation des travailleurs et a une paupérisation de la société.

André Gorz propose une réfléxion sur tout cela.

Quand on a fini ce livre ses propositions semblent si intéressantes et logique que l’on se demande comment on a pu ne pas y avoir pensé plus tôt.

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Ecologica

L'initiateur de l'écologie politique avec ce qui est peut étre son plus beau livre . Si il est parfois un peu difficile de tout comprendre , il n'en reste pas moins que ce livre est une charge intelligente contre le capitalisme , pas comme Mélenchon et Le Pen . C'est aussi l'ébauche concréte de l'écologie politique , et en cela il parait bien important de découvrir cette oeuvre qui à le courage de rendre crédible ce qui a était moqué. Une belle leçon de qualité sur une nécessité indéniable de notre époque .
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Lettre à D.

Une belle déclaration d'amour, après toutes ces années de vie commune où sa femme est restée dans l'ombre pour le soutenir. Cela nous permet dans le même temps de découvrir un des penseurs les plus en vogue de notre époque, très lu par les défenseurs de la décroissance par exemple). Lettre émouvante quand on sait que le couple a décidé d'un commun suicide en 2007.
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Lettre à D.

Le philosophe André Gorz s’est suicidé en 2007 avec sa dulcinée Dorine qui était la destinataire de son dernier livre,” "Lettre à D: histoire d’un amour” ". Une ode qui débute par ce cri d’amour: “Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien.”...
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Lettre à D.

Très court récit d’André Gorz – une longue lettre écrite pour sa bien-aimée –, un amour enfin déclaré à l’écrit. D. qui n’a pas eu la place qu’elle méritait dans Le Traître (premier livre de l’écrivain, paru en 1958,éditions du Seuil).

Une lettre dense. L’essentiel est dit : l’amour.

Sur le blogue
Lien : https://dusoirenete.wordpres..
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Lettre à D.

Oscillant entre la philosophie, la littérature et la politique, proche de Jean-Paul Sartre et de l’existentialisme, André Gorz a longtemps exercé le métier de journaliste et plus particulièrement pour Le Nouvel Observateur dont il fut l’un des cofondateurs.

C’est en 2006 qu’il publie ce petit livre dans lequel il se replonge dans son passé afin d’analyser et de décrire la relation extraordinairement belle et forte qui l’a lié à son épouse, Dorine, dès le début de leur couple.

Bien loin de toute mièvrerie, il revient également sur son parcours professionnel, sur son évolution en tant qu’homme et en tant qu’intellectuel, en soulignant à chaque époque, le rôle essentiel qu’a joué sa compagne à ses côtés.

Ce livre est une superbe déclaration d’amour à cette femme qui a tant compté et, à postériori, les dernières phrases de cet ouvrage, se lisent sans doute comme étant annonciatrices de leur destin.

Comment mieux résumer cet hommage qu’en citant cet extrait qui résume si bien son essence: « Tu es l’essentiel sans lequel tout le reste, si important qu’il me paraisse tant que tu es là, perd son sens et son importance. »
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Lettre à D.

Un texte enchanteur par sa beauté et la puissance des sentiments qu'il donne à voir.

Mais ce n'est pas qu'une déclaration, c'est aussi un regard sur une vie, un couple, un binôme, une carrière et une époque.

J'avais des doutes au moment de d'ouvrir ce livre, peur de me retrouver plongé dans une "simple déclaration d'amour de l'auteur à sa femme, sans relief et sans intérêt pour quelqu'un d'autre que la destinataire.

Mais pas du tout, le style, la réflexion, la finesse ont tout emporté sur leur passage.

Difficile d'en sortir indemne.



Et si l'on se plonge dans la biographie et la vie de ce couple, ce texte prend encore une autre dimension .

Comment ne pas voir dans ce texte, que l'auteur voulait comme son dernier, un écrit testamentaire, le bilan d'une vie et d'un couple.

En effet un an plus tard le couple se donnera la mort pour ne pas être séparé par la maladie et la fin de vie. Alors les dernières lignes de ce livre raisonnent comme une annonce, quand l'auteur disait ne pas pouvoir envisager la séparation qu'oblige la mort de l'un des deux.
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Lettre à D.

Une déclaration d’amour faite de la plus belle des façons.

Avec cette lecture, je sors totalement de ma zone de confort, et je n’en suis pas déçue. J’ai passé un agréable moment à suivre l’histoire d’André Gorz, de son amour pour sa femme, de leurs vies, jamais l’un sans l’autre. La vision d’un écrivain torturé par ses propres angoisses, qui revient sur ses écrits, sur chaque étape de sa vie, ses tourments et ses joies. L’amour d’une vie. Cinquante-huit années réécrites en se concentrant sur le quotidien de ce couple inséparable. Leurs évolutions et celle de la société dans laquelle ils vivent.

Son admiration n’a jamais été écrite auparavant comme tel, il s’en voulait, c’est pourquoi il était nécessaire de rendre honneur à sa femme comme elle le méritait réellement. Il voulait qu’elle se voie à travers ses yeux à lui. Cette lettre lui est destinée. Elle se retrouve dans nos mains, pour que le monde lui aussi puisse la découvrir ainsi que sa place dans la vie de cet homme, dans son cœur et son âme.

Il est simple de poursuivre sa lecture jusqu’à la fin dès les premiers mots. Il met parfois arrivée de me retrouver perdue devant certains passages philosophiques et socio-politique un peu long, mais ça n’a en rien empêcher au récit d’être si touchant.

J’ai été d’autant plus ému qu’un an après l’écriture de ce texte, ils partageront ensemble leurs derniers souffles, afin de ne laisser la maladie les séparer.

Une promesse d’amour que chacun d’entre nous rêverais d’en être le destinataire.

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Écologie et politique suivi de Écologie et li..

Deux essais regroupés d'André Gorz viennent d'être republiés : « Écologie et politique » suivi de « Écologie et liberté ». Ils l'ont été sous le nom donné à l'auteur par son premier employeur pour des articles de presse : Michel Bosquet. Ces papiers en effet, qui répondent à une actualité et à des publications du moment (notamment celles d'Ivan Illich), sont de l'aveu même de l'auteur, difficilement conciliables avec des analyses de fond revendiquées par le penseur André Gorz.





Le premier volet regroupe donc dans un ordre logique des écrits parus dans la presse dans le tout début des années soixante-dix ; le deuxième, publié à la fin de la même décennie, systématise les dits articles. L'intérêt de cette nouvelle publication, qui n'apporte pas grand-chose il faut bien le dire à l'oeuvre d'André Gorz (« Capitalisme, socialisme, écologie » 1991 Galilée), est surtout de permettre un retour en arrière de près d'un demi-siècle. Les analyses produites dans ses deux essais, si elles n'ont pas la rigueur nécessaire d'un travail de fond, semblent pourtant remarquablement résister au temps … pour l'essentiel (les réserves connues certes n'ont pas été épuisées avant la fin des années 80 ; il est encore possible de nourrir la planète). Aussi, cette lecture rétroactive permettra incontestablement de mesurer la pertinence et l'incorruptibilité d'une pensée. Il sera d'ailleurs loisible d'en juger en considérant parallèlement les écrits, les revirements et les oscillations convergentes vers le néolibéralisme d'un certain nombre d'essayistes élogieusement cités dans l'ouvrage : Pierre Rosanvallon, Jacques Attali …





La crise dite du « pétrole » de 1973 est ici très justement décrite par André Gorz comme une crise grave et durable d'épuisement des facteurs de croissance des capitaux qui ne permet plus de produire des profits suffisants ; une crise « standard » de suraccumulation capitaliste additionnée d'une crise inédite de reproduction à forte composante écologique : il faut désormais reproduire ce qui était jusqu'ici abondant, souvent gratuit et pas marchandisable. le facteur écologique est un facteur aggravant. La théorie libérale de l'augmentation du prix d'une marchandise en raison de sa rareté et conséquemment l'augmentation de ce bien rare en raison de sa rentabilité est invalidée : les raretés qui se sont aggravées concernent principalement des produits non productibles. L'originalité de l'analyse d'André Gorz cependant ne réside pas uniquement dans l'association d'une explication marxiste (composition organique du capital et baisse tendancielle du taux de profit, etc.) et écologique de la crise (épuisement et renchérissement des matières première : économie d'énergie ; renouvellement du capital fixe : reproduction de l'environnement, etc.). L'originalité est ailleurs. Elle est dans la ferme conviction que les capitalistes peuvent tout à fait s'accommoder, à la faveur de la crise, des nouvelles contraintes. Ils peuvent utiliser l'arme du chômage pour réduire les salaires, intensifier le travail et augmenter leurs profits ; ils peuvent, en faisant circuler les capitaux mondialisés, en trouvant une main d'oeuvre moins chère et de nouveaux espaces à polluer dans les pays pauvres, augmenter la production immatérielle (services, culture, loisirs, information, médecine, éducation, etc.) et diminuer la production industrielle dans les pays riches. Tout cela s'est malheureusement vérifié comme peuvent le constater aujourd'hui les enfants et les petits-enfants héritiers de la crise du « pétrole ». L'idée d'une histoire universelle de l'humanité, d'une ligne ascendante, uniformément progressive, des modes de production et des formations sociales est peu probable. L'histoire ne se fait pas du bon côté, c'est-à-dire en raison de la force intrinsèque et de l'excellence des idéaux humanistes, moins encore par la force de la conviction et de l'éducation mais par la douleur du négatif, l'affrontement des intérêts, la violence des crises et des révolutions. L'histoire n'avance pas seulement par le mauvais côté mais du mauvais côté celui de la domination et de la ruine. La libération des capitaux, comme prévue, a été imposée à un moment de reflux du mouvement social pour des raisons idéologiques par un quarteron de néolibéraux antis inflationnistes et fermement déterminés à contraindre les états à l'orthodoxie budgétaire stricte. Cette libéralisation des capitaux a eu pour but pratique, des pays à forte épargne vers ceux à déficit chronique et faible croissance, de rendre le plus facile possible leur circulation internationale.





La lutte écologique pour André Gorz n'est pas une fin en soi. Il lui semble en effet que le patronat a tout à fait la capacité d'intégrer à sa façon les contraintes écologiques et qu'il peut même être vital pour lui d'en accepter certaines des exigences. le patronat peut produire de l'immatériel en quantité, revoir les process de travail contestés et pas assez efficients. Les psycho-sociologues sont d'ailleurs à l'oeuvre pour imposer ses propres solutions de réorganisation du travail dès 1973. Tout cela s'est malheureusement vérifié comme peuvent le constater aujourd'hui les enfants et les petits-enfants héritiers de la crise écologique. le capital a imposé ses solutions à la crise. Il a produit nos désirs, nos servitudes volontaires. Il a mis en place les ingénieries nécessaires des affects. L'affect joyeux de l'espoir (obtenir) qu'il a proposé a toujours été accompagné de l'affect triste de la crainte (manquer). La division du travail et la généralisation du salariat avait imposé, comme premier désir et seul moyen de survivre, l'argent. le fordisme avait permis aux salariés d'acquérir les objets qui réjouissent et qui génèrent des affects extrinsèques joyeux. le régime libéral, totalitarisme confondant la vie de travail et la vie tout court, a imposé dernièrement à tous la réalisation de soi dans et par le travail. Les exemples de fabrications contemporaines à base d' «enrichissement du travail», de «management participatif », d' «autonomisation des tâches » et autres programmes de « réalisation de soi » ne manquent pas. Il a marchandisé et contrôlé toutes nos vies. C'est ce qu'André Gorz avait envisagé comme possibilité dans ses deux essais et nommé « éco-fascisme ». L'écologie n'interdit pas, nous dit-il, une solution autoritaire « techno-fasciste ». L'écologisme au contraire doit utiliser l'écologie comme une critique radicale de la société capitalisme. Il n'est pas un culte de la nature, il est à la fois un choix rationnel et éthique. Il privilégie l'autorégulation rationnelle décentralisée plutôt que l'hétéro régulation centrale. le reproche n'est pas de violer la nature mais se faisant de mettre en place de nouveaux instruments de pouvoir. Il ne s'agit pas de mieux gouverner les processus économiques et les hommes mais de permettre à ceux-ci de prendre en main et de changer localement leur vie, de s'affranchir des puissances et des buts extérieurs. Ce n'est pas une question de procédure mais de comportement individuel autre.





L'écologie procède d'une rationalité radicalement différente de celle de l'économie. Elle se préoccupe des conditions que l'activité économique doit remplir, des limites qu'elle doit respecter pour ne pas avoir d'effet contraire à ses buts ou à sa propre continuation. Elle est chez Gorz une critique très pertinente du capitalisme et du socialisme de croissance. La croissance en effet pour l'auteur ne diminue pas les inégalités ; et la consommation insatiable qui l'accompagne ne réduit nullement la pauvreté (concept relatif signifiant privation de jouissance accessible à d'autres). La pauvreté est en effet le simple résultat de l'insupportable consommation ostentatoire et différenciée, celle qui permet d'afficher l'appartenance sociale, de constituer les autres en pauvres et d'affirmer son pouvoir. L'inégalité est un produit et un ressort de la croissance. L'augmentation de la consommation correspond à un moins croissant : son évolution crée plus de besoins marchandisés, plus de domination par des monopoles industriels, bancaires, étatiques gigantesques et hors de portée. Un épuisement prochain des ressources limitées de la planète est pour André Gorz envisageable. Nos rapports avec la nature, dans laquelle l'activité économique trouve sa condition première, sont en crise profonde. La question est donc de ménager les ressources non renouvelables et de faire en sorte que les effets destructifs de la production ne dépassent pas ceux productifs. Il est urgent pour cela d'arrêter et même d'inverser une croissance inutile.





La stratégie dans son sens le plus courant désigne le choix des moyens employés pour parvenir à une fin. Il est indéniable, qu'à travers tous les exemples mobilisés, les solutions imaginées par André Gorz dans son livre pour atteindre dans les meilleurs délais certains objectifs biens déterminés, c'est une stratégie « écologique » qu'il nous propose. C'est un ensemble de discours de pratiques, de dispositifs de pouvoir visant à instaurer de nouvelles conditions politiques, à modifier les règles de fonctionnement économiques, à transformer les rapports sociaux de manière à imposer ces objectifs. Il faut pourtant souligner que les projets de sociétés ne préexistent jamais, au grand jamais, dans de tels détails, aux luttes engagées contre l'état capitaliste tour à tour ou simultanément, par des cercles d'intellectuels, des syndicats, des partis politiques, des forces sociales différents et ceci pour des motifs souvent assez hétérogènes. Les stratégies sont sans stratège, elle ne procède pas de l'imagination d'un sujet (Foucault, « stratégie sans sujet »). le tournant s'amorce sous la pression de certaines conditions sans que personne ne songe encore à un nouveau mode de production. L'objectif généralement se constitue au cours de l'affrontement lui-même, il s'impose à des forces différentes en raison même de la logique d'affrontement, et c'est à partir de ce moment seulement qu'il joue le rôle d'un catalyseur en offrant un point de ralliement à de forces jusque-là dispersées. L'extraordinaire penseur de l'émancipation, voulant ignorer cette complexe et riche dynamique, malheureusement parsème tout son ouvrage de pauvres et douteuses propositions. Il dessine ainsi en fin d'ouvrage – véritable contre-éloge de l'anti pouvoir – «Une utopie possible parmi d'autres » où c'est un président et son premier ministre qui imposent une société radieuse. Il faudrait ici plus généralement s'interroger : pourquoi si souvent les plus brillants développements donnent naissance à de si piètres conclusions ?

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Lettre à D.

Le point de départ de ce court livre, ou de cette longue lettre, c'est l'image qu'André Gorz a donné de sa femme dans son livre majeur, le Traître. L'héroïne s'appelle Kay dans le livre mais tout le monde aura reconnu Dorine et André Gorz comme les protagonistes de ce livre.



Tout d'abord il s'étonne, s'en veut, culpabilise, hurle son amour... à sa femem. Cette compagne de 58 années de complicité, d'amour, d'amitié, de soutien. Cela m'a fait penser à un bon mot de Desproges qui voulait amener sa femme, sa maîtresse, sa confidente... à une émission de radio et est venu avec... une seule femme... !



André Gorz commence en parlant de sa femme, puis il parle de lui... Mais qu'on ne s'y méprenne pas, entre les lignes, c'est bien de sa femme qu'il est question. Résumer 58 ans de vie, de complicité, en 74 pages, c'est une gageure. C'est donc bien dans les non-dits qu'il évoque Dorine. Comme un portrait en creux. Il ne lui dit pas qu'il est devenu ce qu'il est "grâce à elle", il lui dit "tout ce que je suis, c'est toi". Quelle déclaration.



On ne prête peut-être pas assez attention au sous-titre, Histoire d'un amour, c'est en effet ce que fait André Gorz. Les gens heureux n'ont pas d'histoire, dit-on. Il nous montre que ce n'est pas vrai.



En même temps, il évoque Sartre, JJSS, l'écologie politique, la gauche, le communisme, le militantisme, l'après-guerre, la Shoah... tout cela de manière pudique, avec un peu d'humour British parfois... encore un don de Dorine...



Et en tant qu'homme, on se dit qu'il a eu bien de la chance. Et on admire Dorine, et on envie André.
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Lettre à D.

Il y a tellement de récit d'amour qu'on finit par les fuir , sauf celui - ci qui est d'une beauté incroyable . On est pris dans les mots qui décrivent cet amour et qui sont d'une beauté rare parceque tout simples . Ce livre c'est un petit bonheur à faire découvrir au plus grand nombre tellement c'est simple , émouvant et touchant . Magnifique .
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L'immatériel. Connaissance, valeur et capital

Un essai d'une remarquable actualité. Et même encore visionnaire aujourd'hui. La pensée de Gorz est une pensée indispensable à notre monde contemporain. Une pensée qui critique et améne à repenser nos façon de faire, de dire... Un livre accessible et précieux.
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Lettre à D.

A 84 ans, André Gorz a choisi de partir avec Dorine, 83 ans, sa femme : «Nous aimerions chacun ne pas survivre à la mort de l'autre. Nous nous sommes dit que si, par impossible, nous ­avions une seconde vie, nous voudrions la passer ensemble.»



"Lettre à D. Histoire d'un amour", paru en septembre 2006, est donc son ultime texte où il raconte toute la passion et la reconnaissance qu'il avait pour D. avec qui il a vécu 58 ans.

C'est beau un homme qui aime et qui raconte son amour. Même s'il ne parle que d'une seule voix, j'ai aimé ses élans poétiques quand il écrit "nous serons ce que nous ferons ensemble".



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Lettre à D.

L'auteur du Traître écrit son histoire. Et ce n'est pas que la sienne. C'est aussi celle de D., sa compagne, son grand et unique amour. Au fil des lignes, il s'excuse et dresse le portrait d'une femme de caractère, d'une femme courageuse et dévouée. Les mots portent l'amour encore vivant, encore vigoureux, qui unit deux êtres dont la vie touche à sa fin.



Très touchant, ce texte n'est pas à prendre à la légère. L'auteur excelle dans l'expression de ses sentiments. La pudeur est bien présente, mais elle n'atténue pas les coups de gueule, le ressentiment et la passion. Je le recommande à tous les amoureux.
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Lettre à D.

Une magnifique histoire d'amour sous forme de lettre à la femme aux côtés de qui il a passé son existence...
Lien : http://irreguliere.over-blog..
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