Citations de André Malraux (847)
Qu'avez-vous trouvé à la place de la foi que vous avez quittée ?
En même temps que le rapprochait de Tchen la camaraderie nocturne, une grande dépendance pénétrait Kyo, l'angoisse de n'être qu'un homme, que lui-même; il se souvint des musulmans chinois qu'il avait vus, par des nuits pareilles, prosternés dans les steppes de lavande brûlée, hurler ces chants qui déchirent depuis des millénaires l'homme qui souffre et qui sait qu'il mourra
J'ai lu sous ta plume : cette traversée du désert littéraire français qui équivaut à une génération et demie en négatif à laquelle a mis fin de la plus insigne des façons Michel Houellebecq depuis Sartre et Camus, mais tu as injustement oublié de faire référence à Malraux.
Oui fort juste, depuis Malraux, Sartre, Camus ..
Cachés par ces murs, un demi-million d'hommes : ceux des filatures, ceux qui travaillent seize heures par jour depuis l'enfance, le peuple de l'ulcère, de la scoliose, de la famine.
- Aime-t-on jamais ?
- Le temps fait disparaître parfois cette angoisse, le temps seul. On ne connaît jamais un être, mais on ne cesse parfois de sentir qu’on l’ignore […]. Connaître par l’intelligence, c’est la tentation vaine de se passer du temps…
Si l'Europe ne se pense plus en mots de liberté, mais en termes de destin, ce n'est pas la première fois. Ça n'allait pas très bien, au temps de la bataille de Mohacz. Ça n'allait pas très bien lorsque Michel-Ange gravait, sur le piédestal de La Nuit : Si c'est pour voir "la tyrannie", ne te réveille pas !
Depuis longtemps Aphrodite est statue! mais déjà Vénus n'était plus Aphrodite qu'à demi; c'est seulement par notre civilisation, son goût du mystère et sa rage du passé, que le passé de l'art regorge d'idoles désaffectées.
Quand les gens veulent comprendre le chinois, dit Picasso, ils pensent: il faut que j'apprennne le chinois, non? Pourquoi, il ne pensent jamais qu'il faut qu'ils apprennent la peinture.
Tolstoï. Duquel parlons-nous ? L'auteur "d'Anna Karénine" et de "Guerre et Paix" ne fait pas seulement partie de l'Europe, il est un des sommets du génie occidental. Lorsqu'il écrivait ses romans, il se voulait d'ailleurs Européen, se sentait nommément en rivalité avec Balzac.
Mais s'il s'agit du comte Léon Nicolaïeviitch qui, lui, tente de vivre comme une sorte de Gandhi chrétien, meurt dans la neige à la manière d'un héros de byline ( 1 ) ; qui écrit "qu'il préfère à Shakespeare une bonne paire de bottes", alors je pense à l'un des grandss inspirés de Byzance.. ou à Tagore.
1-- La byline est un chant épique russe de nature orale qui narre les aventures et hauts faits d'un héros donné.
( Postface, écrite vingt ans après.)
-- Ah ! En voilà assez ! Qu'il réponde immédiatement !
-- Tu as dit qu'il avait cinq minutes, dit Nicolaïeff, respectueux et ironique.
-- Toi, fous moi la paix, hein !
Il a pris le révolver sur le bureau. La main droite, en raison du poids de l'arme, est ferme ; la gauche, qui sort de l'écharpe blanche, tremble de fièvre. Une fois de plus, je dis au Chinois de répondre. Il fait un geste d'impuissance.
La détonation. le corps du Chinois ne bouge pas ; sur son visage, une expression intense de stupéfaction.
Nicolaïeff a sauté et s'appuie au mur. Est il blessé ?
Une seconde...Deux... Le Chinois s'effondre, mou, les jambes à demi pliées. Et le sang commence à couler.
Le commandant Tchang Kaï Chek a forcé les barrages de Tang.
( Canton chinois contre Hong Kong anglais )
« La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie » .
Hong s'est libéré de la misère ; mais il n'a pas oublié sa leçon, ni l'image du monde qu'elle fait apparaître, féroce, colorée par la haine impuissante.
"Il n'ya que deux races, dit-il, les mi-sé-ra-bles et les autres."
La fatigue des derniers temps du pouvoir s'est effacée. Le général de Gaulle
retourne d'un geste un des fauteuils de cuir. Sa haute taille, un peu courbée maintenant, domine la petite pièce où flambe un feu de bois.
........
Je redécouvre, en lui serrant la main, combien les mains de cet homme encore si grand sont petites et fines. Les mains ébouillantées de Mao Tsé-toung, elles aussi , semblent les mains d'un autre.
Les millénaires n'ont pas suffi à l'homme pour apprendre à voir mourir.
(Les Noyers de l'Altenburg)
Nous sommes ici pour enseigner à aimer. Il n’est pas vrai que qui que ce soit au monde ait jamais compris la musique parce qu’on lui a expliqué La Neuvième Symphonie. Que qui que ce soit au monde ait jamais aimé la poésie parce qu’on lui a expliqué Victor Hugo.
L'art est la seule chose qui résiste à la mort.
Réussite : accession au dernier poste, c’est-à-dire au niveau d’incompétence.
Lorsque " les lumières " feront du surnaturel une province de l'imaginaire, le Moyen Age deviendra l'époque de l'imaginaire. Mais il ne connaît le surnaturel que comme réalité. Les anges ne le surprennent pas plus que les éléphants; il les connait mieux, et en voit davantage. Certes, les éléphants ne sont que les envoyés de quelque prince sarrasin, alors que les anges sont les envoyés de Dieu - et les démons, ceux de Satan. Anges et démons ne font pas partie de la terre, mais ils font partie de la Création au même titre que les éléphants - et que les hommes.
L'imaginaire médiéval n'est jamais ce qui ne saurait exister: C'est ce qui existe par Dieu; ou au loin, au pays de l'arbre-qui-chante et des cynocéphales, peuple de saint Christophe; ou " ailleurs ", au pays où les chevaliers tuent les géants et les dragons -au pays du merveilleux, dont on connait mal les frontières : le dragon, c'est peut-être un éléphant qu'on n'a pas encore vu. Mais le tueur de dragons est un vrai chevalier. Ulysse, si l'on veut; ni Achille ni Hercule, descendants des dieux. Créature de Dieu.
Giotto n'imite pas un théâtre qui existerait, il invente un théâtre imaginaire qui prend place dans l'invincible métamorphose de la piété. Giotto n'ignore pas que ses villes, ses arbres, ses rochers sont des emblèmes; ses architectures, des portants. Ses personnages appartiendraient au même imaginaire que ceux du sculpteur d'Amiens, s'ils se référaient comme eux à une cathédrale; mais le monde auquel ils se réfèrent et qui va succéder à celui de la cathédrale, le monde des hommes dans lequel la Renaissance reconnaîtra la réalité, c'est la fiction.