AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Le Miroir des limbes tome 2 sur 2
EAN : 9782070367313
535 pages
Gallimard (02/04/1976)
4.39/5   9 notes
Résumé :
Un sous-officier me fit signe de sortir; la cour était pleine de soldats. Je pouvais faire quelques pas. Il me tourna vers le mur, les mains appuyées sur les pierres au-dessus de ma tête. J'entendis un commandement : " Achtung ", je me retournai j'étais en face d'un peloton d'exécution.

Source : Folio, Gallimard
Que lire après Le miroir des limbes, tome 2 : La corde et les sourisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce deuxième tome du Miroir des Limbes est sous-titré La Corde et les Souris, d'après un petit conte, du genre zen, qu'on retrouve en exergue. le côté fictionnel est plus manifeste, et patent dans la dernière histoire intitulée Lazare. Lazare est encore une confrontation à la mort, écrite lors d'une hospitalisation de Malraux, mais il raconte aussi une histoire où le commandant Berger (son pseudonyme de résistant) se retrouve dans l'armée allemande sur le front russe pendant la première guerre mondiale, plus précisément pendant une attaque au gaz. Une attaque qui débouche sur une improbable fraternisation entre les soldats allemands et russes.
Je suis étonné qu'on accuse autant Malraux de mythomanie et de mensonges ; pourquoi lui et pas les autres ? Surtout les autres romanciers mais même les autres mémorialistes. Au contraire, il y a une forme de sincérité sur le travail d'écrivain dans ces Antimémoires : comment les images, vécues ou pas, se mêlent et comment on construit un récit avec tout ça ; en filigrane on comprend qu'écrire était loin d'être une activité anodine pour lui. Il s'en explique assez clairement dans Lazare, il me semble : « Des images ne composent pas une biographie, des évènements non plus. C'est l'illusion narrative, le travail biographique, qui créent la biographie. Qu'a fixé Stendhal, sinon des moments de la sienne ? Chacun articule son passé pour un interlocuteur insaisissable : Dieu, dans la confession ; la postérité dans la littérature. On a de biographie que pour les autres », « Et qu'est-ce qu'un passé qui n'est pas une biographie ? Une conscience d'exister, plus profonde que la connaissance, et même que toute autre conscience ? », « L'ultime conscience n'a rien de commun avec le souvenir de nos actes ni la découverte de nos secrets. On n'est pas son histoire pour soi-même ». Tout est le témoignage d'une conscience.
D'ailleurs il ne fait pas plus la biographie de Picasso et De Gaulle, à peine donne-t-il une image de leurs personnalités à travers des dialogues. Ce qui l'intéresse c'est ce qu'on fait ces hommes. Peut-être que Picasso, en tant qu'artiste, révèle quelque chose de notre civilisation, dans sa constante révolte, la métamorphose de son style, sa profusion. En ce qui concerne la raison de leur action, elle est la même pour tous les hommes, chacun avec sa réponse personnelle : « Pendant l'hiver de 1943, entre les Eyzies illustres et Lascaux inconnue où nos armes étaient cachées, je me suis demandé, en rêvant des troupeaux de rennes au loin dans la neige préhistorique, si l'homme est né lorsque pour la première fois, devant un cadavre, il a chuchoté : « Pourquoi ? » Il s'est beaucoup répété depuis. Inépuisable bête. »
Lazare est un excellent livre, écrit par un agnostique attentif, trop conscient de la mort et de l'importance des relations que chacun entretient avec elle pour finir en dogmatique agressif. le petit chapitre où il est question de Mai 68 est très bien fait aussi, assez amusant. Peut-être que Malraux, fumeur de haschich, qui adorait l'Inde et les voyages, aurait été un parfait hippie, s'il était né trente ans plus tard et s'il n'y avait pas eu le freudo-marxisme ?
Commenter  J’apprécie          30
Pour les gens de ma génération Malraux, c'est le ministre de De Gaulle, les maisons de la culture… l'auteur de “l'espoirˮ et de bien d'autres romans. C'était quelqu'un dont il était de bon ton de se moquer, en particulier à cause de sa “bigoterieˮ gaulliste. C'était aussi et surtout une voix, au propre comme au figuré, une voix rocailleuse devenue une sorte de “gabaritˮ pour les gorges de fumeurs. C'était la voix qui a accueilli Jean Moulin au Panthéon : “Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi,… nos frères dans l'ordre de la Nuitˮ. Je ne peux l'entendre sans que les tripes se nouent. Dans ce texte, mi histoire-mi fiction, on apprécie le style, la culture, l'humour, bref un homme d'une pointure que l'on serait bien en peine de trouver de nos jours sous les ors de la République et dans les faiseurs de discours du Prince. En fait la stature du prince dimensionne celles des autres.
Commenter  J’apprécie          50
Ce deuxième tome est tout aussi réjouissant que le premier, et même si on découvre que peu, finalement, de la vie exacte de l'auteur, ses discussions, fantasmées ou non, sont un vrai régal! S'entretenir avec Senghor, Picasso ou de gaulle est vraiment incroyable. de plus, son style est si plaisant qu'il pourrait poursuivre l'aventure jusqu'au bout de l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          20
La seconde partie du Miroir des limbes,ce livre est passionnant au meme titre que sa première partie.Le style est superbe et on ne s'ennuit jamais.Une superbe decouverte pour moi et j'espère bientôt pour vous si vous ne l'avez pas encore lu !
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le général de Gaulle pense qu'à ma manière j'ai la foi, et il m'advient de penser qu'à sa manière il ne l'a pas. Il m'a dit : "Il y a une consolation religieuse, il n'y a pas de pensée religieuse." Même les hindous, pour qui la pensée humaine flotte dérisoirement à la surface du sacré, ne le diraient pas. Mais il veut dire que ce que dit l'Inde. La consolation, ce n'est pas la tombe de sa fille (qui n'est pas rien, puisqu'il m'a dit : "Je serai enterré avec Anne"), c'est sans doute ce qui s'accorde pour lui à la houle de l'âme que la pensée confond avec son pauvre frémissement... Il me dit :
- La mort, vous savez ce que c'est ?
- La déesse du sommeil. Le trépas ne m'a jamais intéressé ; vous non plus : nous faisons partie des gens auxquels il est indifférent d'être tués. Pourtant ma relation avec la mort est loin d'être claire. [...]
- Le pire malheur s'use. Mais bien entendu, ce que nous pensons de la mort... L'important est ce que la mort nous fait penser de la vie.
- Mon général, vous connaissez comme moi la phrase célèbre : la vie est l'ensemble des forces qui résistent à la mort. Ce qui revient à dire que la mort est l'âme du monde, et me paraît pur verbiage. Il y a bien un problème de notre mort, mais c'est parce que nous sommes vivants. Et ce n'est pas nécessairement le problème de la mort.
Commenter  J’apprécie          51
Un de mes amis asiatiques m'a dit : "Vous voulez être dans le tableau, alors que nous voulons être dehors. La peinture européenne a toujours voulu attraper les papillons, manger les fleurs et baiser les danseuses."
Commenter  J’apprécie          160
« Qu’importe ce qui n’importe qu’à moi ? » ai-je écrit. L’égoïsme ne nous mène qu’à nous préférer, avec une véhémence confuse. Ai-je beaucoup pensé à moi ? L’auto-approbation n’en demande pas tant. Ni le contraire après tout : l’homme ne se juge guère. Je ne commencerai pas cette nuit. « Connaître les hommes pour agir sur eux » fait partie des balivernes. Se connaître soi-même ? Les décisions capitales sont des lapins qu’on tire au passage ; mieux vaut savoir tirer. Nous sommes habités par des monstres banals. Nous appelons méditation une pensée qui n’a pas l’action pour objet, et ce mot n’est pas loin d’oraison. Après quoi « philosopher, c’est apprendre à mourir ». Phrase ambitieuse, à la Salpêtrière. Sa résonance ne répond pas à « Qui suis-je ? » mais à « Qu’est-ce qu’une vie ? »
Commenter  J’apprécie          10
[Picasso à Malraux, après une visite de son atelier :]

J'ai oublié de vous montrer mes assiettes. J'ai fait des assiettes, on vous a dit ? Elles sont très bien. (la voix devient grave) On peut manger dedans.
Commenter  J’apprécie          30
Depuis longtemps Aphrodite est statue! mais déjà Vénus n'était plus Aphrodite qu'à demi; c'est seulement par notre civilisation, son goût du mystère et sa rage du passé, que le passé de l'art regorge d'idoles désaffectées.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de André Malraux (205) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Malraux
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel roman parvient à concilier l'engagement politique et la réflexion existentielle sur ce que nous sommes vraiment, vous et moi ?
« La condition humaine », d'André Malraux, c'est à lire en poche chez Folio.
autres livres classés : autobiographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

André Malraux

Quel roman d’André Malraux obtient le prix Goncourt ?

«La Métamorphose des dieux»
«L’Espoir»
«La condition humaine»

11 questions
106 lecteurs ont répondu
Thème : André MalrauxCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..