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Critiques de Angélique Villeneuve (278)
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Les Fleurs d'hiver

Avant la guerre, "Toussaint avait des phrases plein la bouche et les bras autour d'elle".



Les gueules cassées, une tragédie humaine. C'était comme si on ne savait "plus reconnaître la race des humains, comme si c'était une autre espèce."



C'est aussi le drame des femmes... "Ni veuves ni orphelines de guerre, et pourtant demi-mortes d'êtres toujours vivantes, d'avoir tellement perdu."



Un livre qui restera marqué dans ma mémoire très longtemps. L'auteur a remarquablement fondu le fond et la forme. Une écriture que j'ai trouvée tellement en phase avec le propos. Des paragraphes qui retournent les sens comme un coup de griffe, soudain, brutal, d'une violence qui peut laisser le lecteur parfois sidéré. Et d'autres qui savent également émouvoir avec des mots d'amour et de tendresse pour laisser apparaître la tristesse et le désarroi de ces hommes mutilés et de leurs familles perdues devant cet indicible. Un livre magnifique.



"On disait que le printemps, un matin, allait revenir."
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La belle lumière

Combien l'histoire d'Helen Keller nous avait marquées mes sœurs et moi ! Après avoir lu le livre, nous avions appris l'alphabet reproduit à la fin de l'ouvrage et j'avais même passé une journée dans la peau d'une aveugle à l'âge de huit ans, gardant les yeux soigneusement fermés.

Je ne m'étais jamais interrogée sur son entourage.



Angélique Villeneuve restitue magnifiquement ce qu'elle a imaginé de ce qu'a pu vivre et ressentir Kate, la mère d'Helen.



Elle avait bien peu d'éléments en sa possession et a donc cherché à se le représenter en se glissant dans la peau de cette jeune femme du sud, éprise sans trop savoir pourquoi d'un veuf de vingt ans de plus qu'elle.

Ayant accepté de l'épouser, elle quitte sa famille au Tennessee pour aller vivre en Alabama avec lui, sa sœur et ses deux fils et se retrouve maîtresse de maison totalement inexpérimentée et non préparée à ce qui l'attend.

Volontaire, elle s'attelle à la tâche et apprend à tenir sa maison et "à vivre dans l'Alabama".



Cependant c'est sur le plus important de ses rôles que s'ouvre le roman, celui d'une mère aimante, d'un amour fusionnel et inconditionnel envers sa fille qu'elle a cru perdre, cette "petite est à elle et elle est à Helen". Mais un amour incompris des autres et inutile aux yeux de certains qui "seraient soulagés" si l'enfant n'était plus présente, et si difficile à vivre par moments.



Une écriture chargée en émotions qui fait appel à nos sens. On entend les bruits de la forêt, on sent l'odeur des roses, on ressent la chaleur du soleil, et surtout on vibre avec Kate, ses espoirs, ses attentes et son abnégation pour sa fille.



Ce roman est aussi une plongée dans l'Amérique sudiste, après la guerre de Sécession. Les anciens esclaves Noirs et leurs descendants sont devenus les serviteurs des Blancs qui les possédaient et qu'ils "détestent énormément" et les tensions entre le Nord et le Sud sont toujours affleurantes.



Un bel hommage à cette mère et un bien beau moment de lecture.
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Les Fleurs d'hiver

Je rejoins LydiaB, effectivement une pépite, un petit bijou de la littérature française.

L’histoire se passe en 14-18, une famille va être séparée par la guerre, Toussaint va combattre dans les tranchées, il en reviendra avec la gueule cassée, il restera dix-mois à l’hôpital du Val-de-Grâce, Jeanne, sa femme fleuriste ne le verra pas car Toussaint lui écrit « Je veux que tu ne viennes pas ».

Le roman raconte le retour de Toussaint, le face à face de cette famille. Le mari et la femme mais aussi la petite Léonie leur fillette. Les retrouvailles d'êtres meurtris, les mots ne peuvent se dire alors il reste les gestes, les regards, de petits riens pour communiquer afin que la douleur s’estompe peu à peu. Beaucoup d’amour dans ce roman, d’humanité.

Un roman dont on ne peut pas rester insensible, l’écriture est juste, intimiste, sensible, l’auteur a su donner à chacun de ses personnages une dimension et nous faire partager le quotidien pendant ce temps de guerre.

Je remercie ma libraire de m’avoir fait découvrir ce roman et cet auteur.

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Ne plus y penser

Ne plus y penser...

Comment Liv, cette mère de famille bien sous tous rapports, en arrive-t-elle à oublier l'inoubliable, son fils ?

Le petit Lino, trois ans et trois mois.

En plus, elle est coutumière du fait.

Les commerçants et autres caissières de son quartier le lui ramènent fréquemment.

Il faut dire que Liv à la tête ailleurs.

Dans une mission mariage qu'on lui a confiée, notamment.

Mais pas que.

Le cerveau en ébullition permanente, elle pense à mille choses à la fois, elle s'éparpille.

Bien sûr, elle sait qu'il existe, le petit Lino, mais à quoi bon se soucier, de toute façon il revient toujours à la maison... enfin, presque...

Inutile de dire que le lecteur peut s'agacer devant un tel personnage.

Étrange roman qui inaugure les futurs écrits consacrés à des vies de femmes par Angélique Villeneuve.

Ici, déjà, l'homme est ombre, fantôme, on le devine.

Il existe, pourtant, mais il est secondaire, enfin, pour le chef de famille, parce qu'il y a un autre homme important dans le récit, l'un de ces invisibles, justement, de ceux que la société aimerait mieux ne pas voir. Angélique, elle, le sort de son milieu de misère pour une étrange rencontre.

Un roman déroutant, dérangeant peut-être parfois.

Partagé entre pitié et colère envers cette mère énigmatique pour laquelle on éprouve peu d'empathie et qu'on a plutôt envie de secouer.

Étrange aussi, le monde dans lequel la romancière la fait évoluer.

Ces noms, qui font que l'on ne sait même pas très bien, par moments, où situer l'action.

Elle a de l'imagination notre écrivaine, ou alors, si elle a pris les noms dans ses contacts personnels, elle a de bien curieuses connaissances...







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Maria

Céline et son conjoint sont déterminés à affranchir leurs enfants des stéréotypes liés au genre. Pourquoi Marcus, leur fils aîné de 5 ans, ne porterait-ils pas de robes?

Pourquoi ne pas se libérer des contraintes réductrices imposées par les conventions, qui divisent l'humanité en deux catégories distinctes?



Le couple décide donc de ne divulguer à personne le sexe de leur deuxième enfant. Ainsi, ce bébé ne sera ni fille, ni garçon ; il sera les deux.



Maria, la mère de Céline, accepte patiemment les lubies de sa fille concernant l'éducation des enfants. Son profond amour pour Marcus, et ensuite pour «le bébé», est sa raison de vivre.



On perçoit pourtant bien le désarroi de cette grand-mère face à un parti-pris qu'elle ne partage ni ne comprend, qui la met mal à l'aise.

Très affectée d'être exclue du secret, c'est cependant avec tolérance qu'elle s'incline. L'étrangeté de la situation ne constitue pas un obstacle à son amour.

Toute sa vie en est néanmoins bouleversée : son conjoint désapprouve cette nouvelle extravagance et la quitte, elle perd son emploi, se heurte à la désapprobation du voisinage, et surtout, sa fille et son gendre, inflexibles, la tiennent à l'écart, éloignée des enfants qui sont le centre de son univers.



La voilà rejetée, isolée, abandonnée, elle qui est pourtant la seule à avoir fait preuve d'ouverture d'esprit.



Je regrette un peu qu'Angélique Villeneuve se contente ici de décrire. Elle se limite à montrer timidement que Maria a le cœur grand, que son compagnon est passablement borné, que sa patronne et ses voisins sont conditionnés, et que sa fille et son gendre, dans leur volonté de se libérer d'une sujétion, se montrent excessifs et butés.

J'aurais préféré qu'elle prenne un peu plus fait et cause pour son héroïne.



Car, même si la question soulevée par les parents est pertinente, leur position est pour le moins extrême. Le sexe d'une personne fait partie intégrante de son identité, il ne résulte pas d'un diktat sociétal. C'est une différence qu'il convient de respecter et non pas de gommer. Naître fille ou garçon n'est pas le problème. Le problème résulte en fait des inégalités et des interdits que la plupart des civilisations ont attachés au genre des individus.



Ce roman n'en reste pas moins éclairé par l'infinie tendresse de Maria et sa complicité avec Marcus, par le vol et le pépiement des oiseaux, par les jolies couleurs que la vie revêt parfois.
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La belle lumière

Ce très beau livre, m'a ramené de nombreuses années en arrière, à la période de l'enfance où je découvrais le parcours incroyable d'Helen Keller, enfant sourde, muette et aveugle.

Angélique Villeneuve a choisit de se glisser dans le corps de Kate Keller, pour nous faire partager le désarroi, les espoirs et les déceptions, l'abnégation et la pugnacité d'un mère face à ce terrible handicap.

Elle imagine avec une grande sensibilité le quotidien de la jeune maman déracinée depuis son mariage, dans un contexte marqué par la guerre de sécession, l'abolition de l'esclavage et la cruauté envers la population noire.

La relation mère/enfant ressemble tout autant à la douceur d'un pétale de rose qu'à la violence d'un animal blessé.

Le désarroi, la frustration et même la jalousie ressentis par Kate face à Miss Sullivan, l'enseignante de sa fille sont subtilement évoqués par l'auteur et donnent beaucoup de force à ce livre.

Son histoire semble tellement juste, qu'elle pourrait s'approcher d'une biographie, si ce n'est une certaine retenue dans la fiction de quelques passages, probablement par respect pour la mémoire de Kate.

Pour toutes les raisons évoquées, ce livre est lumineux !







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Maria

Une écriture finement tracée au sang du cœur et à la plume d’oiseaux ! Maria déborde d’amour, pourtant la vie semble vouloir lui couper les ailes, ces ailes qui la poussaient à vivre en complicité avec Marcus, son petit-fils, qui comme elle savait entendre, observer et comprendre les oiseaux du parc, de la ville, de la vie. Mais la naissance du deuxième enfant de Céline va expulser hors du champ familial cette Maria, grand-maman sans droit, grand-maman au cœur lourd. Ne sachant plus que croire, que vivre, Maria va se sentir rejetée loin de tout, de tous. Loin de son compagnon qui est parti, loin de sa fille qui lui refuse désormais la moindre complicité, loin de Marcus qui, devenue Pomme, est un ‘il en robe rose’, loin de Noun qui n’est ni ‘il’, ni ‘elle’… La vie est devenue l’enfer !

Pourtant, du cœur de Maria va sourdre la volonté de continuer à vivre, à tout le moins de sunsister. De désirs en éloignement, d’appel désespérés en trahison, de rejet définitif en espérance, Maria va s’écraser, tomber au plus bas de la vie pour renaître à l’audace et aux liens patiemment tricotés par une grand-mère aspirant à retrouver sa fille et ses deux petits.



C’est avec beaucoup de pudeur, de respect et de nuances que l’auteur, Angélique VILLENEUVE, aborde le sujet de ces nouvelles parentalités qui veulent rompre avec les modèles anciens et instaurent des postulats éducatifs qui s’apparentent à des croyances sur relents de conflits des générations plutôt que de s’appuyer sur une réelle réflexion sur l’éducation et l’adaptation du et au monde. Comme toujours, la vérité n’est pas aux extrêmes et l’équilibre se trouve multi-centré. Chacun vivant dans sur ses îlots de rationalité.

Pour évoquer ce sujet, les ruptures qu’il provoque, Angélique VILLENEUVE dispose d’une plume qui donne à la lourdeur du sujet la légèreté de l’envol de l’oiseau. Un très beau, très bon moment de lecture.

Ajoutez à cela une couverture qui interpelle. Maria, qui est ce nom ? Une tête d’enfant porteuse d’un regard puissant, observant le monde. Qui est-il ? A moins que ce ne soit qui est-elle ? Une histoire de genre à éclaircir. Derrière cette neutralité de visage, quels sont les cœurs qui battent ?



A lire, sans réserve!
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La belle lumière

Dans mon univers de lectrice, il y a les auteurs dont j'admire le talent de conteur, les rois de la narration, les fées de la construction, les maîtres de l'intelligence. Les relations de trente ans, celles qui durent depuis quelques années seulement et se renforcent au fil des livres et les petits nouveaux, jolies surprises tombées du nid dont on ne sait pas encore ce qu'elles deviendront à la longue. Il y a des écrivains et des écrivaines, certains que j'adore, dont je me sens proche, d'autres que j'admire. Et puis il y a Angélique Villeneuve. Que je lis à chaque fois les yeux écarquillés, les sens en éveil, les frissons déferlant sur la peau. La précision de son écriture est aussi douce qu'un duvet de poussin, son regard a l'acuité de celui du chat, ses mots tracent un chemin qui serpente dans une forêt de nuances et invite à ressentir. Ressentir, c'est le mot-clé. Tout au long de son parcours, le lecteur ne prend pas connaissance de l'histoire de Kate Keller, il est Kate Keller.



C'est de cette performance dont j'ai envie de parler car il se trouvera beaucoup de monde pour raconter l'histoire d'Helen devenue aveugle, sourde et muette à l'âge de dix-neuf mois et dont le parcours incroyable a fait l'objet de nombreux écrits. De Kate, sa mère, on ne sait rien. J'ai lu il y a peu le témoignage d'un écrivain expliquant que pour lui son sujet était trouvé lorsqu'il estimait qu'un silence méritait d'être rempli. Et j'ai immédiatement pensé au travail d'Angélique Villeneuve pour ce livre. Se glisser dans la peau d'une femme pour laquelle elle éprouve une vive empathie, et sublimer son matériau pour en faire un objet à haute valeur ajoutée littéraire. Grâce à elle, le lecteur est transporté dans ce sud des États-Unis à la fin du 19ème siècle, il en ressent le climat, la végétation, l'atmosphère et les traces de l'histoire récente. Grâce à elle, chaque sensation de cette jeune femme mariée à un homme plus âgé, tenue de s'adapter à une nouvelle famille, désireuse de bien faire, chaque vibration de sa peau, chaque battement de son cœur nous est transmis. Tout est viscéral, presque animal. Son attachement à la terre, aux fleurs et aux arbres, le calme ou l’exaltation qu'elle en retire. La consolation aussi. Ses doutes, ses peurs, sa colère, sa solitude. Mais aussi sa culpabilité. Sa douleur de mère. Le lien à la fois sauvage et tendre avec son enfant dont elle peine à se détacher (à s'arracher a-t-on envie de dire) même si elle trouvera les ressources face aux enjeux du bien-être d'Helen. Toutes les dimensions de Kate sont saisies en un seul mouvement et une déferlante d'émotions.



J'emploie assez peu le mot grâce, je le réserve à Angélique Villeneuve. Il lui va toujours aussi bien.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Nuit de septembre

Parce que son fils s’est suicidé, Angélique Villeneuve a dû exorciser cette blessure par des mots. Des maux qui ne s’apaiseront jamais mais qu’elle a choisis de partager avec ses lecteurs, peut-être pour adoucir leur poids et pour continuer à parler aux vivants.



Ce n’est pas un texte larmoyant, ni empli de colère. Au contraire, c’est un texte poétique, doux, murmuré. Un texte qui permet d’entrer dans les pensées d’une mère, amputée d’une partie d’elle-même. Une mère qui cherche sa nouvelle place imposée par l’absence. Et le fait de ne pas employer le pronom je, mais le tu, permet sans doute un certain recul face à la douleur.

« Une nuit, il s’est tué dans sa chambre, au premier étage de votre maison. Au matin à huit heures, avec son père tu l’as trouvé. »



C’est un récit plein d’amour pour celui qui a décidé de tout quitter. C’est un récit plein de dignité pour celle qui souffre. C’est un récit plein d’espoir pour ceux qui restent. Vivre l’après est une épreuve mais le réconfort existe, et Angélique Villeneuve nous le prouve. Les autres, la nature, les animaux, partout la vie est là et l’auteure y a puisé sa force pour continuer.

"Tu ne veux pas du silence, du secret. C'est d'abord un refus. Tu veux du mot. Et puis encore une fois, tu veux qu'on t'aide à porter. A tes épaules, d'autres épaules, à tes mains, d'autres mains prolongées d'autres bras. Qu'on t'accompagne. Qu'on soit plusieurs, c'est ça. Une troupe. Une mer."



J’ai aimé la précision des mots employés par Angélique Villeneuve. J’ai aimé sa recherche de mots pour signifier l’absence. Je n’ai pas été émue par son récit mais éclairée. Bien sûr ses mots m’ont touchée mais ils m’ont surtout servi à comprendre, à peser le manque, à combler le vide. Les morts ont leur façon bien particulière d’accompagner les vivants, n’est-ce pas ?

« Je me sens heureuse quand je retrouve ses mimiques sur le visage de ses deux sœurs. Il est là, avec nous, parmi nous. »


Lien : http://mespetitesboites.net
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La belle lumière

La belle lumière retrace l’enfance d’Helen Keller, devenue aveugle, sourde et muette, à la suite de fortes fièvres qu’elle contracta à l’âge de 19 mois.



S’inspirant de faits réels, l’auteure se glisse dans la tête et dans le cœur de la mère d’Helen, Kate Keller. D’une belle plume, elle nous conte l’amour d’une mère pour son enfant coupée du monde.



Entre angoisses et désillusions, Kate Keller absorbe l’impuissance des médecins, les faux espoirs donnés par les charlatans, le rejet de l’enfant par une famille intolérante, mais aussi le mal être de sa fille, que reflète une violence impatiente. Agitée et indocile, Helen est un petit animal sauvage qui interprète les odeurs et déchiffre les vibrations dans l’air. Ses mains envahissent les choses et les personnes, perpétuellement en quête d’un sens à donner à ce qui l’entoure. Ni folle ni idiote, elle exprime à coups de dents et à coups d’ongles son dépit d’être exclue de la vie des autres



Le lien viscéral qui l’attache à sa fille nourrit l’obstination de Kate à vouloir lui garder sa place au sein du foyer et dans la société.

Elle engage Ann Sullivan, une toute jeune institutrice spécialisée, afin d’apprendre à Helen à communiquer et lui dispenser une éducation.



Le début de l’apprentissage est houleux. Helen supporte mal les contraintes qui lui sont imposées. Ann Sullivan est intransigeante. Maîtresse et élève s’affrontent, et il est difficile à Kate de ne pas intervenir. D’autant qu’elle prend conscience qu’elle va perdre peu à peu la place prépondérante qu’elle occupait jusqu’alors dans la vie de son enfant.



Et puis un jour, c’est l’illumination : Helen découvre l’existence des mots et comprend ce que le langage lui apportera. A force de volonté, Ann est parvenue à briser l’isolement dans lequel la petite fille était engluée, elle lui a ouvert une brèche sur le monde, dans laquelle Helen va s’engouffrer avec enthousiasme et détermination.



Kate, quant à elle, est partagée entre la joie et le désarroi. L’avenir de sa fille s’éclaire, mais elle a le sentiment d’être laissée de côté, un sentiment d’abandon.

Comme beaucoup de mères, elle se montrera tout d’abord réfractaire au départ son enfant qu’elle veut garder près d’elle. Mais, par amour pour elle, elle acceptera finalement qu’Helen s’éloigne.



Avec délicatesse et psychologie, Angélique Villeneuve nous présente le portrait réaliste d’une mère forte et fragile, intelligente et intuitive, qui va permettre à sa fille de dépasser les préjugés et le handicap.

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Nuit de septembre

Commencé  son année  littéraire avec Nuit de septembre, c'est y entrer  comme on entre à  l'église un jour d'enterrement. Avec recueillement face à  la douleur, avec respect face à  la dignité, avec compassion face à  la détresse.

C'est, une fois de plus, être  touché  par les mots d'une auteure qui s'adresse à  une mère orpheline de son fils. Un fils, selon la phrase consacrée, trop tôt  disparu, même  si ce départ a été son choix. Cette mère, c'est elle, actrice de ce drame qui n'emploie pas le "Je" mais qui décrit le quotidien du "Tu".

Des mots simples pour exprimer ce que, trop nombreuses, vivent les mères qui voient partir l'enfant chéri.

Pourtant, moi qui suis si sensible, je n'ai pas pleuré à ces mots. Non, j'ai écouté Angélique Villeneuve, parce que je crois que ce livre c'est ça,  tout simplement, une conversation avec le lecteur. Le sujet est grave, bien sûr, mais l'écriture est belle, émouvante, vraie.

Elle nous parle de l'absence, de ceux qui restent, des souvenirs, de l'adieu, et de l'espoir de revoir une dernière fois, de la tristesse qui peu a peu s'estompera....ou pas.

Angelique Villeneuve m'avait bouleversé avec ses Fleurs d'hiver, merci à  l'amie qui m'a permis de découvrir Nuit de septembre, et d'y rencontrer Shakoula cette mère, orpheline d'un fils, que son coeur n'oubliera jamais.



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Les ciels furieux

J'attends, avec impatience, chaque nouveau roman d'Angélique Villeneuve, depuis que je l'ai découverte avec Les fleurs d'hiver, lecture coup de coeur en son temps.

J'ai tout lu.

J'ai tout aimé.

Et lorsque j'ai reçu, en cadeau, son dernier opus, Les ciels furieux, je me suis aussitôt plongé dans sa lecture.

Parce qu'un roman d'Angélique, c'est l'assurance d'émotions fortes, de personnages touchants, d'une part de mystère qui les entoure, et surtout d'une écriture qui sublime le récit.

Les ciels furieux n'échappe pas à la règle.

Chez Villeneuve, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, la femme est au centre de l'histoire .

Jeunes ou âgées,  anonymes ou célébres, elles sont source d'inspiration de la romancière.

Jeune, Henni, l'est.

Très jeune, même.

Pas femme, donc.

Enfin, loin de l'être physiquement, mais tellement femme dans cette vie que lui octroie l'autrice.

À cinq ans déjà, on lui donne des responsabilités, on lui attribue des tâches dévolues d'habitude à des filles bien plus matures.

Mais dans la famille Sapojnik, c'est comme ça.

Dès qu'un nouveau né apparaît, on change de rang. On grimpe dans la hiérarchie familiale.

Jusqu'à la plus belle reconnaissance, le jour où l'on vous donne la charge de vous occuper d'un bébé.

L'autrice aime que le lecteur s'interroge, sur l'absence d'un nom ou, comme c'est le cas ici, d'un lieu, d'une époque, même si quelques indices peuvent guider.

Les ciels furieux, c'est une enfance qu'on bouscule, qu'on sort du cocon familial. Qu'on expédie en forêt, hostile, au milieu d'une nature qu'on doit apprivoiser, contre des peurs que l'on doit refouler. C'est le regard kaléidoscopique d'une enfant sur le monde qui l'entoure, sa violence, sa beauté, la vie, la mort. 

Henni.

Petite fille. Petite soeur. Mère porteuse. Adulte avant de l'être.

Un personnage qui vous marque.

Et sous la plume d'Angélique Villeneuve, comment ne pas être touché...

À noter que je trouve que la couverture proposée par l'éditeur, reflète parfaitement l'atmosphère du roman.
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Les Fleurs d'hiver

Le dahlia....c'est  "Je suis à toi pour toujours " dans la symbolique des fleurs, un don de soi... Et rouge..un amour éternel.



"Elle n'entend rien. Ne pressent rien. Ça lui arrive d'un coup."

A Paris, dans la maison où vivent Jeanne ouvrière fleuriste affairée à ses dahlias rouges, et sa jeune enfant Léonie, c'est un "éclair blanc" en la personne de Toussaint, qui entre, rue de la Lune, en cette fin de journée d'octobre 1918.



"Il a poussé le battant mais reste sur le palier, bien droit, dans l'obscurité. Alors Jeanne, subitement, lève la tête, les yeux encore trempés du rouge des dahlias".

C'est une scène silencieuse et chargée d'émotions que l'autrice dépeint dès le début ; elle donne le ton du roman.



Un retour au foyer familial, retour à la vie, beau comme des fleurs...d'hiver, saison image de l'épreuve à endurer, avec tout un passé présent de souffrances inscrites dans la chair et l'esprit.

"Je veux que tu viennes pas" lui avait-il écrit depuis le "Val-de-Grâce" où il fut hospitalisé avec les autres mutilés, défigurés, les "gueules cassées"...



Jeanne, qui depuis le début de la guerre s'est débrouillée pour faire face, élever et nourrir sa fille malgré la rudesse du quotidien, la guerre et ses privations, se retrouve désemparée et impuissante devant son homme revenu cassé, abîmé...fermé et enfermé dans son mutisme.



C'est face aux démons invisibles qui hantent son mari blessé, emmuré dans un insondable silence, le visage chéri barré de bandages, qu'elle devra construire les jours nouveaux et tenter de ramener son mari parmi les vivants.



Commence alors l'histoire de l'ampleur du bouleversement que le retour de Toussaint représente, de sa souffrance imperméable. Et une prise de conscience grandissante des dégâts existants.

On y lit la cascade des sentiments que vit Jeanne, assortie d'une avalanche d'émotions.

Parviendra t'elle à sauver sa famille du naufrage entamé par Toussaint et causé par la guerre, éloigner la colère et la pitié, et avec amour, courage, volonté et patience réussir à entrevoir une lumière, étincelle de vie.



La violence sourde et bouillonnante sous la surface... Le combat silencieux qui se joue pour s'en sortir...d'avoir survécu.. La puissance de l'espoir...et l'amour...

Il y a de tout ça dans ce beau et court roman.



J'ai aimé le style de l'autrice. C'est à la fois poétique et triste, admirable et sensible.

Une Angélique qui choisit les fleurs dans le titre de son roman...ça m'interpelait.

Les fleurs d'hiver, c'est beau et résistant, fragile ou éphémère...

Cette lecture m'a évoqué "Le chagrin des vivants" de Anna Hope, très beau roman aussi en plus triste.



(J'ai été très bavarde... Merci de m'avoir lue!)
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Les ciels furieux

«Marcher, c’est s’échapper»



Dans un roman servi par une langue poétique, Angélique Villeneuve raconte un pogrom perpétré dans un shetl d’Europe de l’Est à travers les yeux d’une fillette de huit ans devenue une juive errante. Un roman puissant, un conte poignant.



Dès les premières lignes, nous voilà pris dans la folie meurtrière: «Au moment précis où, enfin, Henni s’apprête à s’enfuir au-dehors dans la neige, c’est le plus grand, le plus maigre des hommes entrés dans la maison qui arrache le dernier bébé du sein de Pessia et le soulève au-dessus de lui. Le cri qui monte avec l’enfant emplit l’air de faisceaux, de fumées, de roches explosives.»

Henni a huit ans et vient d’échapper à un pogrom dans cette Europe de l’Est où, au début du XXe siècle, les juifs étaient chassés, pillés, massacrés.

Un drame qui entre en résonnance avec le 7 octobre dernier et qui prouve que l’antisémitisme reste plus d’un siècle plus tard solidement ancré auprès d’êtres abjects. La fillette vivait paisiblement dans ce village auprès de sa nombreuse famille, de sa grande sœur Zelda et venait de se voir confier un nourrisson, le petit Avrom, son «trésor».

Si elle a pu échapper aux fous furieux avec Zelda et son frère Lev, si elle comprend que marcher, c’est s’échapper, elle ne va pas tarder à se rendre compte combien le froid et la faim peuvent faire de ravages. Désormais, c’est seule avec son désespoir qu’elle devient juive errante et c’est avec ses yeux d’enfant qu’elle regarde ce monde qu’elle ne comprend pas.

Un monde qui se résume à ce qu’elle voit, ce qu’elle entend, ce qu’elle sent. Et c’est ce qui fait la force de ce roman. Ici, il n’est pas question de traiter de la grande Histoire, mais de trouver quelque chose à manger, un endroit où se protéger du froid, un motif d’espérance. À l’instinct.

L’écriture d’Angélique Villeneuve rend parfaitement ces perceptions, Trouvant même de la poésie dans ce drame, quand l’innocence permet de se construire un rempart à l’incompréhensible violence. Pour que la vie prenne le pas sur la mort, pour que l’humanité gagne contre la barbarie.

J’ai retrouvé dans ce roman l’univers d’Agota Kristof et sa trilogie des jumeaux. On y retrouve ce regard différent, cette candeur qui devient une force, ce magnifique chant de résilience, quand on s’appuie sur les beaux moments vécus pour se construire un avenir. C’est pour Henni une manière de cheminer avec les siens qui, même morts, l’aident à dépasser sa peine.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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La belle lumière

Kate, jeune fille élevée comme une belle du Sud et donc absolument pas préparée à tenir une maison, épouse un veuf de 20 ans son aîné, père de deux enfants, qui l'emmène en Alabama.

Une petite fille naît, Helen… Kate semble alors trouver sa place de mère et de maîtresse de maison. Mais…



Mais la fillette est victime d'une fièvre à 19 mois, « la fièvre qui brise » et rend l'enfant muette aveugle et sourde, une «petite fille folle que le monde voudrait savoir morte ». Kate retombe dans la solitude : « Elle n'a pas réussi à se faire de véritables amis dans sa vie nouvelle. Elle ne sera jamais qu'une Memphis Belle, ici. Une étrangère indolente et gauche, venue qui plus est prendre la place d'une morte. Et surtout, une mère infiniment fautive. »

Elle va se battre par amour pour cette enfant et parce qu'elle a une revanche à prendre sur cette fièvre « dont elle avait cru triompher en février 1882 et qui l'avait humiliée… Muette. Aveugle. Sourde. Elle ne s'habitue pas. Ne s'en remet pas. Ne se résout pas. »

Elle va se battre contre tout le monde, à commencer par son frère qui interdit sa maison et celle de sa mère à cette enfant « mentalement atteinte (qui) doit maintenant être conduite par son père à l'asile. »

Tâche difficile lorsque naît une deuxième petite fille dont il faut éloigner une soeur violente, habituée à avoir l'exclusivité de l'attention de son entourage et qui « n'a pris aucune habitude d'obéissance ».

Kate convainc son mari de la suivre dans son combat ; ils contactent l'Institution des Aveugles de Boston qui leur envoie Ann Sullivan, diplômée et maîtrisant l'alphabet manuel. Miss Annie, comme elle se fait appeler, aura du mal à canaliser non seulement l'enfant mais un entourage qui, pour complaire à Kate, laisse la fillette polluer la vie de la famille ; elle compte obtenir de sa jeune élève «obéissance et amour». Une épreuve pour Kate : « La Yankee ne cédera jamais. Il faudra la chasser d'ici, ou bien elle brutalisera leur fille pendant des jours et des jours jusqu'à la briser » ; elle a du mal à abandonner le statu quo régnant avant l'arrivée de Miss Annie : c'est « le début d'une longue glissade vers un inconnu effrayant ». Deux volontés vont s'affronter…



J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire… le dépaysement et le quotidien de cette jeune mariée qui a pris la place d'une morte me parlait peu ; mon intérêt s'est éveillé lorsqu'elle s'est trouvée confrontée à l'adversité et s'est renforcé dans la deuxième moitié du livre en suivant la lutte entre deux volontés fortes et aux objectifs contraires au début, et ses résultats.

Mon ressenti est ambivalent : admiration devant l'amour farouche de cette mère et sa combativité, agacement devant son côté excessif dû, de toute évidence, à un sentiment d'insécurité ; car cette jeune femme engagée dans un mariage disparate doute d'être à la hauteur dans son rôle de mère.



J'ai moins adhéré à ce roman qu'au magnifique ‘'Les fleurs d'hiver''. Mais j'ai retrouvé avec plaisir l'écriture d'Angélique Villeneuve toujours aussi belle, poétique et puissante pour traduire l'inexprimable.



PS – Extrait de la postface de l'autrice : « Les recherches m'ont appris mille choses d'Helen, de son époustouflant chemin (…). Mais toi, Kate Adams Keller ? Je n'avais pas grand-chose. Il ne me restait qu'à oser me glisser dans ton corps. (…) J'espère ne t'avoir pas trahie, malgré les libertés que j'ai prises pour imaginer ta vie, tes pensées et ce que ton sang endurait. Pardon si j'ai été trop loin. » Non, Angélique, vous n'avez pas été trop loin ; la lectrice que je suis s'est immergée dans ce(s) destin(s) singulier(s) grâce à votre talent… Merci

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Merci à Babélio et aux éditions LePassage pour cet envoi dans le cadre de l'opération Masse Critique de septembre.

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Grand paradis

Il y a un truc sympa quand tu es lecteur et que l'un(e) de tes auteur(e)s préféré n'a pas publié depuis un temps qui te paraît trop long, ça s'appelle, la Pile À Lire.

Parce que soudain tu te dis : Je me demande s'il ne m'en reste pas à découvrir dans ce bon vieux tas de bouquins, dans le carton ou la caisse au fond du garage, ou sur l'étagère, dans la rangée du fond.

Alors tu pioches, tu fouilles et parfois, Oh miracle ! Tu trouves.

C'est ce qu'il m'est arrivé avec ce Grand Paradis.

Quel plaisir de retrouver la plume d'Angélique Villeneuve.

Quel plaisir d'y retrouver ses femmes, filles, soeurs, mères, grands-mères, voire arrières-grands-mères.

Et quel bonheur d'y retrouver également la nature, les prés, les forêts, les rivières, les plantes et les fleurs.

Il y a tout ça dans Grand paradis.

Et une fois de plus la plume de la romancière fait mouche.

Ici, elle nous entraîne dans les pas de Do.

Do, c'est Dominique Lenoir, sa soeur, Marie, vient lui demander de venir récupérer son héritage, ces souvenirs de famille qu'elle-même ne souhaite pas conserver.

Au milieu de tout ces objets de peu de valeur, elle trouve une enveloppe contenant 3 photos.

Une fillette, la même quelques années plus tard puis devenue femme.

Qui est-elle ?

Do va mener son enquête, s'interrogeant du même coup sur elle-même.

Qui mieux qu'Angélique Villeneuve peut vous dresser le portrait de ces femmes, qu'elles soient d'aujourd'hui ou d'hier ? Qui mieux qu'elle peut vous détailler chaque photo, leur donner vie en quelques mots ?

Comme je l'ai dit plus haut, il y a cet amour, ce respect pour la nature, loin des discours écolos dont on nous abreuve, Angélique ne milite pas, elle nous ouvre les yeux, plantes ou fleurs, elle nous donne leur nom, on a même l'impression de pouvoir respirer leurs parfums.

La quête de son héroïne, quant à elle nous entraîne à la Salpêtrière au temps de Charcot et de Gilles de la Tourette.

Je suis prêt à parier que comme Do, ou moi aujourd'hui, vous allez chercher sur internet ces fameuses "Nouvelles iconographies à la Salpêtrière". Et là, devant ces images, parfois choquantes, vous essaierez de comprendre, comme l'héroïne de Villeneuve, ce qu'a vécu la Léontine des photos.

Et pour ceux qui s'interrogent, comme dans la plupart des romans de cette auteure, les hommes sont ici des fantômes,  des êtres absents ou de passage...

Quant à moi, je vais faire une petite place dans ma bibliothèque, mon petit doigt m'a dit que le prochain livre d'Angélique Villeneuve est pour bientôt. Je ne vous dis même pas si j'ai hâte de le lire...



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Les Fleurs d'hiver

J'ai aimé, le récit plus que l'histoire elle-même; la façon dont on nous raconte des choses enfouies, qui auraient toutes chances de le rester, car ce sont des histoires sans tambours ni trompettes, vécues par des gens qui passent à travers la vie sans renom.

Un homme qui n'avait pas à se plaindre, d'apparence, puisqu'il est revenu vivant, de la guerre; mais il semblerait qu'on ne revient jamais tout à fait vivant de la guerre; il est dévitalisé, délavé, décalé; son visage, son envie de parler, de continuer, de réinventer la relation avec sa femme.

Une femme belle, on la regarde, attentifs, dans ses journées reprises l'une après l'autre, reprisées comme des chaussettes, celles-ci étant comme toute chose une denrée rare.

Et une petite fille, dont la présence complique tout mais donne aussi une matière chaude et lumineuse au gourbis, dans cette faible lueur qu'on imagine si bien. Les images se matérialisent facilement dans la tête, l'auteur est un écrivain.

Un livre touchant et fort, sur l'énergie qu'il faut pour surmonter, pour se lier à nouveau, retrouver la belle envie.
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Maria

Maria va être grand-mère pour la seconde fois. Avec Marcus, trois ans, son petit-fils ils s’installent sur le balcon pour examiner le ciel et guetter les oiseaux, plus tard Marcus saura voler, c’est un enfant du ciel. Marcus aime porter une robe et mettre de la couleur sur ses ongles ce qui énerve, William son grand-père.



Quand Thomas le gendre téléphone pour annoncer la naissance, il dit c’est un bébé, ni le papa, ni la maman ne sont disposés à révéler le sexe de l’enfant, il s’agit d’un être humain qui un jour, le plus tard possible ou jamais, décidera du genre qu’il souhaite habiter, comme on choisit d’habiter une maison, une région ou un pays. Le bébé s’appelle Noun, un prénom universel, ni masculin, ni féminin. William ne supporte pas, c’est trop difficile, il claque la porte du domicile.



Petit à petit, Maria va évoluer. Les petites filles ont droit aux petites voitures et aux pistolets et les garçons aux poupées et aux dînettes. Maria a la sensation d’avancer. Mais Maria a changé la couche du bébé, elle a trahi, elle est démasquée, c’est fini, tout se referme, on lui tourne le dos, dorénavant, elle ne fera plus qu’apercevoir les enfants au loin dans le square.



Un sujet difficile à aborder, l’histoire de parents militants qui ne veulent pas cantonner leur enfant à n’être que celui ou celle que leur sexe leur impose depuis la nuit des temps, et une grand-mère désemparée, qui essaye de comprendre, mais qui n’a que ses bras à offrir que son cœur à donner, elle rêve de s’envoler avec ses petits-enfants. Une écriture poétique qui nous éblouit dès les premières pages. Un récit tout en finesse et en émotion porté par un personnage attachant qui ne peut que nous émouvoir.





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Les Fleurs d'hiver

Le hasard fait que, en quelques semaines, j'ai lu deux romans dont les personnages principaux sont des femmes au lendemain de la guerre, confrontées aux conséquences de celle-ci (‘'Le chagrin des vivants'' d'Anna Hope et ‘'Les fleurs d'hiver''). Le succès de ce type de roman me suggère que les mentalités évoluent : après les exploits héroïques glorifiés par la littérature, on était passé aux soldats confrontés aux tristes réalités des combats et du retour ; maintenant on se rend compte que ces guerres ont fait des victimes collatérales : les parents, enfants et femmes que ces soldats ont laissé derrière eux…



Toussaint revient au logis peu de temps avant l'armistice après plusieurs mois dans les tranchées et plusieurs semaines à l'hôpital du Val de Grâce où il a interdit à sa femme de lui rendre visite ; car Toussaint est une Gueule Cassée, l'un de ces nombreux soldats revenus défigurés.



Jeanne va devoir intégrer ce revenant totalement différent du mari dont elle attendait le retour : « En ce temps là, Toussaint avait des mots plein la bouche et les bras autour d'elle. (…) Et il semble aujourd'hui un pantin oublié dans un coin, une baudruche percée ».

Léonie va devoir intégrer ce papa si différent du papa souriant de la photo accrochée au mur, le seul qu'elle connaissait jusqu'à ce retour.



Jeanne est épuisée : « Avant la guerre. Après la guerre. Elle en a assez de dire, de penser cet avant, cet après. Ils lui mangent tout l'élan ».

Mais Jeanne est déterminée : « Elle a perdu sa vie d'avant, elle le sait. Il faudra trouver un moyen. Puisqu'elle veut cet homme-là. (…) Elle inventera. Il l'aidera. Ils sauront comment faire. ».



C'est, à l'occasion, un réquisitoire contre la guerre, « grand gâchis des hommes », dont le côté dérisoire est souligné par ces remises de Diplômes d'honneur aux parents ou conjoints de soldats morts au combat.





Ce roman pourrait paraître triste, voire misérabiliste. Mais le talent d'Angélique Villeneuve le rend réconfortant : l'indicible est traduit avec sensibilité, les silences en disent plus que les paroles… ces personnages banals sont attachants par leur courage et leur détermination.

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La belle lumière

D'Helen Keller on connaît bien sûr l'histoire extra-ordinaire de cette enfant devenue sourde, muette et aveugle qu'une éducatrice hors-normes parviendra à faire communiquer avec le monde extérieur, de manière à ce qu'elle soit "Accueillie dans le monde des hommes."Livres, films déclinent à l'envi cette renaissance et font d'Helen une figure emblématique.

Angélique Villeneuve, elle, choisit de mettre en lumière la mère d'Helen, Kate, de montrer leur relation fusionnelle , pétrie d'amour et de culpabilité, et la déchirure que représente la nécessité de la séparation pour qu'Helen puisse ne plus être envisagée comme un cas désespéré.

Nous sommes en Alabama en 1880, les tensions raciales sont toujours présentes et les libertés des femmes sont réduites à la portion congrue. Pourtant, Kate parviendra à lever tous les obstacles pour que Helen ne soit plus cette "petite fille folle que le monde voudrait savoir morte."

Avec La Belle Lumière, l'autrice de Maria poursuit son exploration fouillée et sensible des thèmes qui irriguent son œuvre : le corps féminin, la maternité et la place accordée aux femmes par la société. Elle brosse ici un portrait riche et marquant d'une mère restée dans l'ombre, comme c'est trop souvent le cas. L'écriture est fluide, enlevée et rend compte au plus près de la relation entre les corps féminins. Un livre magnifique.
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