Voici une fiction emprunte d’un réalisme à faire froid dans le dos ! En lisant la quatrième de couverture, je me doutais que cet ouvrage ne me laisserait pas insensible néanmoins, je ne pensais pas être touchée à ce point ! J’ai découvert ce titre grâce à Bountynette_litterature qui l’avait emprunté à la médiathèque. Curieuse, j’ai voulu le lire à tour. Même si ces deux cents pages se lisent trop facilement, j’ai finalement été conquise par cette lecture qui fait écho à des faits réels graves et révoltants ayant eu lieu dans les années 50/60 aux États-Unis. L’auteure n’hésite d’ailleurs pas à expliquer en fin d’ouvrage ce qui diffère entre la fiction et la réalité. De plus, elle agrémente ses propos d’informations concernant ce qu’il s’est passé après la fameuse intégration des neufs noirs dans le lycée central de Little Rock : l’année suivante ainsi que le devenir de chaque étudiant… « Sweet sixteen » est donc un livre très riche qui retrace une période historique méconnue mais très importante…
La narration m’a rapidement convaincue : on est sur un point de vue alterné entre Grace, une américaine blanche, et Molly, l’une des neuf adolescents noirs à intégrer le lycée central. On suit donc deux univers que tout oppose en parallèle afin de bien comprendre le contexte de l’époque, les pensées de chaque personnage ainsi que les différents débats que les événements soulèvent. Évidemment, j’ai eu beaucoup d’attachement pour Molly qui, malgré l’horreur qu’elle va vivre, ne perd pas son courage ni sa détermination. Pourtant, il y a vraiment de quoi chavirer, car certains individus vont loin : menaces par téléphone, humiliations publiques, mépris, brutalités, injures, vengeances pouvant aller jusqu’à des blessures physiques… Les neufs étudiants sont poussés à bout pour qu’ils s’en aillent d’eux-mêmes ou commettent une faute ! En effet, ils n’ont pas le droit de répliquer aux insultes ou aux actes de violence sous peine d’être expulsés de l’établissement… ou pire… Ces scènes m’ont horrifiée plus d’une fois au point que je lâche plusieurs jurons durant ma lecture… Que d’injustice et de haine ! C’est tout simplement révoltant ! Encore aujourd’hui, certains sont défavorables à la mixité et à la différence, mais j’espère que les choses ne sont plus aussi horribles… (Hélas, je sais que c’est encore le cas dans certaines zones du globe…) En tout cas, cet endoctrinement et violence de masse m’ont terrifiée !
De son côté, Grace est également touchante même si elle va se révéler tardivement dans le récit. D’abord pro-blancs au point de distribuer des tracts, injurier les minorités et sympathiser avec le Ku Klux Klan, elle va finalement ouvrir peu à peu les yeux au fil des semaines et des événements. Elle va longuement être présentée comme une adolescente coquette, bourgeoise, populaire et idéaliste rêvant d’être reine du bal et d’être avec le beau Sherwood. De ce fait, le lecteur tarde à s’attacher à elle. Pourtant, son point de vue est très intéressant, car il permet de voir à quel point la société était manipulable, raciste et virulente. D’ailleurs, j’ignore si l’auteure a voulu faire un clin d’œil ou non (j’aurais tendance à penser que oui), mais le fait que la servante de Grace s’appelle Minnie m’a fortement rappelé la fougueuse Minny Jackson de « La couleurs des sentiments ». Cette similitude m’a fait plaisir, d’autant que les messages de ces deux œuvres sont principalement les mêmes !
Des thématiques fortes, révoltantes et percutantes, un contexte historique important, une plume fluide, efficace et accessible à tous les publics, « Sweet sixteen » est un roman sur la ségrégation à découvrir quel que soit son âge ! Une ode à la tolérance que je recommande fortement et qui peut très bien servir de complément au lycée lorsque l’on étudie l’histoire des États-Unis.
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