Citations de Anny Duperey (486)
Le chat, spécialement lui, porte au retour sur soi et à la vie intérieure.
- Je vais faire le tour des Arênes, tiens ! Ne vous en faites pas pour moi. Allez, laissez-moi. Allez-vous-en !
D'ailleurs, à l'intérieur du véhicule on semblait pleinement d'accord avec elle, puisque sa valise fut comme crachée sur le trottoir avant même qu'elle ne finisse sa phrase. Elle attérrit aux pieds de Solange avec un petit bruit de catastrophe - la serrure avait cédé sous le choc.
Mais Didier ne riait pas du tout. Quand on s'aime, on se marie, sinon c'est n'importe quoi. Pour lui, c'était important, et, puisqu'ils étaient sûrs de leurs sentiments, il voulait l' épouser. Il le voulait vraiment!
Les gens qui aiment les chats adorent cette indépendance qu'ils ont, car cela garantit leur propre liberté.
Je crois que ce qui est valable pour les gens l'est aussi chez les animaux : il y a des cons partout. Et aussi des types formidables. Peut-être la même proportion de lâches, de paresseux, de fourbes et de naïfs, de francs, de courageux et sincères, de ronchons, quelques-uns d'une grande intelligence, quelques rares authentiques salopards, une grosse majorité de braves gens et parfois, parfois sans doute, un être exceptionnel. Un, tout à coup, plus délicat, plus sensible, plus généreux que les autres. Comme chez nous.
Chapitre "Les Mots clés"
J'aime les mots.
Je respecte les mots.
....
Ce mot -ou plutôt cette phrase clé-, ce fut mon compagnon qui le prononça.
.... La seule mention d'un enfant possible me jetait dans un état d'angoisse épouvantable.
Non seulement je n'avais jamais eu envie de faire un enfant, ... je n'avais pas encore découvert qu'il s'agissait là d'un véritable blocage, mentalement roulée en boule dès que l'on prononçait le mot "enfant".
Je vivais donc ce blocage avec un certain effroi ... et les choses en étaient là, dans l'impasse, quand mon compagnon prononça ces quelques mots : "Le refus de l'enfant à ce point, c'est une forme de suicide."
Les comédiens - du moins ceux du "genre"auquel j'appartiens - ressentent impérativement le besoin du masque. Même, et dans mon cas SURTOUT, en écrivant. Se servir de soi, de tout en soi, certes, mais ne pas donner les clés...
Le chat et l'écrivain forment un couple parfait. En vérité, je n'en connais pas de plus harmonieux.
Se rend-on compte à quel point, par exemple, nous sommes tributaires de notre apparence, combien elle conditionne nos rapports avec les autres, nos attirances et jusqu'à nos choix d'amitié ? Et je ne parle pas de la véritable dictature de jeunesse et des canons de beauté présentés, ou plutôt imposés, par les magazines. Non, je parle simplement de ce que nous sommes physiquement, grands, petits, gros, nerveux ou mous, parés de cheveux opulents ou chauves, la fesse fringante ou plate, vieillissant plus ou moins bien, sans parler des défauts physiques rebutants, des handicaps, des cas de laideur indéniable ou aussi de beauté ordinaire, ou exceptionnelle. Sur ce plan, tout se paie vis-à-vis de nos semblables. Qui peut se vanter d'avoir une relation d'amitié, apparemment tout à fait intellectuelle, qui fasse totalement fi de l'image que l'autre a de nous ? Qui ne s'est posé la simple question de savoir si son mari ou sa femme l'aimerait encore défiguré ou gravement infirme ? Je ne veux pas dire que l'apparence est tout et que l'on ne puisse surmonter les conventions, les attirances ou les préventions, même les dégoûts, par intelligence ou par amour. Mais cette dépendance à notre apparence fait partie de notre vie, pèse sur nous, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, beaux ou laids, à un point que souvent nous ne soupçonnons pas.
La simplicité sans défenses est un luxe qu’il n’est pas donné à tout le monde d’atteindre.
C'est ma photo. Elle résume tout ce que je suis profondément , sans défense. [...] Mon père m'a saisie dans une de ces secondes où l'être est rassemblé. Il a fait mon portrait intemporel.
Florence se sentait terriblement coupable. Mais elle aimait ces deux-là, elle les aimait autant l'un que l'autre. Que faire ? Quitter l'un eût été un sacrifice mortel pour l'amour envers l'autre. Elle en eût trop souffert. Et auquel renoncer ? Phèdre, brûlant d'une passion unique, lui paraissait un personnage bien simple ! Ni Racine, ni aucun auteur au monde, ne semblait avoir traité son cas - était-il si rare ? Vivant une sorte de tragédie inconnue, sans aucune référence, aucun exemple auquel elle eût pu se référer pour comprendre ce qui lui arrivait, elle maigrissait, devenait nerveuse et faillit louper sa fin d'année d'études.
Les hommes paieront très cher les souffrances qu'ils infligent aux animaux
Elle sentait qu'il lui fallait prendre le temps d'éprouver ces moments, surtout ne pas bousculer cette paix fragile, ce tiède soulagement qui l'envahissait à se sentir tout à coup en accord avec ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle avait acquis au fil des ans - un sentiment qui ressemblait à de l'indulgence envers elle-même.
Il y a deux moyens d'oublier les tracas de la vie : la musique et les chats. Albert Schweiter
Elle n'avait jamais pu tromper qui que ce soit, ni mari ni compagnons temporaires ensuite. Elle ne savait pas mentir et elle avait toujours eu le sentiment que faire souffrir quelqu'un l'affectait plus que de souffrir elle-même.
Je reconnais, je vois, que vous êtes effectivement victimes d'une sorte de sexisme ambiant à l'égard du père. Il faut prouver toujours et encore votre innocence, comme si vous étiez présumés coupables d'on ne sait quelle faute originelle ou plutôt si, on le sait : vous êtes victimes d'un contrecoup imbécile de la libération des femmes, si utile par ailleurs. Il fallait bien que les femmes acquièrent un vrai statut social, et les mères une protection, elles qui ont été si longtemps écrasées. Mais doit-on pour autant écraser maintenant le père?!
(Anny Duperey)
[A propos de la façon dont la justice intervient dans les divorces dont l'enfant est pris en otage entre ses deux parents]
De même qu'on peut dire ironiquement de la médecine qu'elle s'occupe de la maladie mais pas de la santé, j'ai l'impression qu'on peut dire souvent de la justice qu'elle s'occupe de la guerre mais pas de la paix! Avec ses lenteurs, ses tracasseries, ses atermoiements possibles, elle fait le jeu de celui qui ne veut pas que les choses s'arrangent. Le temps passe, passe... Et les enfants grandissent... véritable torture.
(Anny Duperey)
Quand, dans une famille, il y a eu un traumatisme important, très violent, très douloureux, et NON DIT, un crime non payé en quelque sorte, ce sont toujours les générations à suivre qui en paient le prix sans le savoir. Car, pour ces affects si forts, le temps n'existe pas et nous ne sommes pas cloisonnés dans nos petites dizaines d'années de vie personnelle, mais nous "résonnons", nous vibrons encore, à ce qui a fait notre histoire (à ce qui nous a fait -nous affecte-, même si c'est apparemment lointain) et même (surtout?) si cette histoire nous est inconnue. Nous sommes ainsi "vécus" par un sentiment de culpabilité qui dépasse largement les raisons du tourment de notre vie actuelle sans savoir d'où cela vient et sans pouvoir résoudre le problème -et pour cause, il est antérieur et inconnu.
Freud avait remarqué que bien des jeunes criminels étaient coupables, non pas après leur crime mais avant. Et que ceci étant pour eux insupportable, ils avaient trouvé le moyen d'enfin "payer pour quelque chose" sans savoir de quoi ils étaient coupables, parfois avec un véritable soulagement.
Comment cela "passe"-t-il les générations? -c'est une autre histoire, me dit-il... Mais pourquoi admettrait-on que l'on puisse transmettre des caractéristiques physiques dans les gènes pendant des générations et qu'il n'en soit rien pour le mental, les sentiments, les traumatismes qui ont marqué une vie?
(Anny Duperey)
Ce n'était pourtant pas compliqué, bon sang, d'être net, sincère, franc, ponctuel, de faire ce qu'on dit et de dire ce qu'on pense, zut alors ! [Solange]