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Critiques de Anthony Burgess (144)
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L'orange mécanique

Un de ces livres que tout le monde croit connaître mais que peu ont lu. La faute au cinéma et à Stanley Kubrick. On pourrait dire la même chose du Vol au dessus d’un nid de coucou, qui est un excellent film de Milos Forman mais ne fait pas oublier le roman éponyme de Ken Kesey. Il y en aurait d’autres, Fahrenheit 451 peut-être…



Bref, L’orange mécanique, c’est l’histoire d’Alex (antihéros par excellence), adepte de l’ultra-violence gratuite et de Ludwig Van, qui sème la terreur avec ses potes (droogs) parmi les bandes rivales, les filles seules, les clochards mais aussi un couple de braves (?) intellectuels un soir de délire et d’abus de boissons sur-vitaminées ! Jusque là tout va bien (enfin, si l’on peut dire !) et on est quand même très en dessous d’un Tarentino en pleine forme ! C’est ensuite que ça se complique quand le jeune Alex est arrêté et pris comme cobaye pour une cure de désintoxication expérimentale (une sorte de thérapie fondée sur l’aversion) destinée à le libérer de ses pulsions violentes. On quitte alors le fait-divers pour entrer de plain-pied dans les questions de société et l’on est presque amené à s’apitoyer sur un Alex réduit à l’état de pantin par des individus peut-être pas au dessus de tout soupçon. La fin justifie-t-elle les moyens ? Décérébrer un individu est-il le remède que la société doit appliquer pour endiguer la violence ? Des questions pour un roman souvent considéré comme une simple apologie de la violence (rappelons que le film a été longtemps retiré des écrans au Royaume-Uni).



Dans ce thriller glaçant, Anthony Burgess a mis beaucoup de lui-même, de son histoire personnelle mais aussi de son amour des mots, de la langue et de la musique. Il a aussi réfléchi aux dérives des sociétés futures (cf. 1985). Un très grand livre sur un monde déshumanisé et déshumanisant dans lequel l’individu peine à se positionner. Une des brillantes dystopies du 20ème siècle.

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Les Puissances des ténèbres

Saga familiale centrée sur la figure de Kenneth Toomey écrivain à succès à défaut de talent, homo et catholique. La soeur de Toomey épousera un musicien Italien doté d'un frère prêtre qui finira Pape.

Les membre de ces deux clans vont traverser tous les moments tragiques du 20ème siècle qui n'en a pas manqué, ils ne seront que des figurants mais dramatiquement impliqués.

Ce gros pavé mérite qu'on s'y accroche malgré un début peu encourageant centré sur les malheurs amoureux de Toomey. Il faut reconnaître à A.Burgess un éblouissant sens des dialogues qui sont mordants, cyniques et d'un humour réjouissant. Cela relève un plat alourdi par des réflexions redondantes sur l'incompatibilité de l'homosexualité et du Catholicisme (on s'en doutait).

A la fin mélancolique du roman, un Toomey vieilli et solitaire pointe avec vigueur le déclin de l'esprit, le bluff de l'art moderne, la société de consommation et la perte du religieux
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L'orange mécanique

Comme cela a été souligné dans d'autres critiques ici - celle de alberthenri - , A clockwork Orange est l'exemple d'une œuvre littéraire éclipsée par l'adaptation en film. Il faut dire que le film de Kubrick a su rendre compte non seulement de l'histoire mais également du langage crée par Burgess - et que Miss Sherlock a rendu dans sa critique -, le Nadsat, un espèce d'argot anglo-russe.



Ce langage, c'est celui qu'Alex le personnage de Burgess emploie pendant tout le livre.



Adolescent lors d'un voyage en Allemagne, j'ai découvert Alex lorsque notre professeur allemand nous faisait apprendre la langue de Goethe par des chansons. Je me souviens de « Zwei Mädchen aus Germany » de Paul Anka et d'autres chansons plus ou moins kitsch.



Mais nous apprenions surtout avec la musique de Die Toten Hosen et l'album concept « Ein kleines bisschen Horrorschau. Die Lieder aus Clockwork Orange und andere schmutzige Melodien » autour de A clockwork Orange. Les membres de Die Toten Hosen ont participé en tant que musiciens et figurants à une représentation en pièce de théâtre du livre de Burgess et cet album en constitue une espèce de bande son.



Aujourd’hui travaillant dans le monde de l’éducation, je me rends compte de l’intérêt de la démarche pédagogique de l’enseignant vu le thème de l’album et la réputation à tort sulfureuse de Die Toten Hosen.



Pour moi, les deux chansons « Hier Kommt Alex » et « Bye Bye Alex » constituent les meilleurs résumés du livre de Burgess et du film de Kubrick. Comme le disait Roger Nimier dans Le hussard bleu, « La philosophie est comme la Russie : pleine de marécages, et souvent envahie par les Allemands », aussi quoi de mieux que l’allemand pour résumé un texte écrit en partie en anglo-russe.



Ce qui donne pour « Hier Kommt Alex »* :



« In einer Welt, in der man nur noch lebt

Damit man täglich roboten geht

Ist die größte Aufregung, die es noch gibt,

Das allabendliche Fernsehbild

Jeder Mensch lebt wie ein Uhrwerk

Wie ein Computer programmiert

Es gibt keinen, der sich dagegen wehrt

Nur ein paar Jugendliche sind frustriert

Wenn am Himmel die Sonne untergeht

Beginnt für die Droogs der Tag

In kleinen Banden sammeln sie sich

Gehn' gemeinsam auf die Jagd

Hey, hier kommt Alex!

Vorhang auf für seine Horrorschau

Hey, hier kommt Alex!

Vorhang auf für ein kleines bisschen Horrorschau

Auf dem Kreuzzug gegen die Ordnung

Und die scheinbar heile Welt

Zelebrieren sie die Zerstörung

Gewalt und Brutalität

Erst wenn sie ihre Opfer leiden sehn

Spüren sie Befriedigung

Es gibt nichts mehr, was sie jetzt aufhält

In ihrer gnadenlosen Wut

Hey, hier kommt Alex!

Vorhang auf für seine Horrorschau

Hey, hier kommt Alex!

Vorhang auf für ein kleines bisschen Horrorschau

Zwanzig gegen einen

Bis das Blut zum Vorschein kommt

Ob mit Stöcken oder Steinen

Irgendwann platzt jeder Kopf

Das nächste Opfer ist schon dran

Wenn ihr den lieben Gott noch fragt

„Warum hast Du nichts getan, nichts getan?“ »



et pour «  Bye bye Alex »**



Der große Rebell von gestern

Sagt nun für immer ja!

Zum bürgerlichen Leben

Und den Dingen, gegen die er war

Er hat die Fronten gewechselt

Alle finden ihn wunderbar

Obwohl sich sein Charakter

Keineswegs geändert hat

Hey (hey, hey!)

Bye bye Alex!

Nur noch ein Clown

Traurig anzuschauen

Hey (hey, hey!)

Bye bye Alex!

Nur noch ein Clown

Traurig anzuschauen

Ursache und Wirkung

Unterdrückung und Aggression

Es ist immer dasselbe Übel

Und keiner bleibt davon verschont

Sie alle gehören zur Maschinerie

Als ein Rädchen im System

Ohne sie würde sich das Uhrwerk

Nicht mehr lange drehen

Hey (hey, hey!)

Bye bye Alex!

Nur noch ein Clown

Traurig anzuschauen

Hey (hey, hey!)

Bye bye Alex!

Nur noch ein Clown

Traurig anzuschauen

Hey, hey, hey

Bye bye Alex!

Nur noch ein Clown

Traurig anzuschauen ».



Les deux textes, et par ricochet le livre de Burgess, sont comme, il est coutume de le dire désormais, d’une grande actualité et notamment sur la question de la violence et de sa nature aujourd’hui - thème du dernier essai de François Cusset, Le déchaînement du monde. Logique nouvelle de la violence .



« Hier Kommt Alex », notamment dans son interprétation au Wiener Burgtheater, chanson d'un grand érotisme, rejoignant Klimt selon lequel « Alle Kunst is erotisch » (Tout l’art est érotique), ne me quitte pas comme dirait le grand Jacques depuis que je l'ai écouté il y a cela près de 30 ans.



* Vidéo (officielle) ici : https://www.youtube.com/watch?v=6z8o7qAIlIU.

** Vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=VmPlilux9zE
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L'orange mécanique

Alex, Notre Humble Narrateur, aime Ludwig van B. Et pour aller avec, vols, viols, bagarres... jusqu'au meurtre de trop.

Un récit sur le passage à l'âge adulte, un conte philosophique qui questionne sur la violence, le conditionnement. On en éprouve même de la sympathie pour le héros après son traitement. Qui sont les brutes quand les vieux crêvent de faim, les policiers bastonnent les passants, les scientifiques n'ont plus d'éthique, les politiciens ne pensent qu'à leurs intérêt. Beau travail sur le nasdat, l'argot de la jeunesse dépravée.
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L'orange mécanique

Un holocauste dévastateur assumé jusqu’à l'ivresse par une jeunesse débridée, méprisant la récurrence d’une éthique basée uniquement sur les apparences.



Le côté obscur de l'individu se libère en se valorisant dans le vandalisme spontané, l’ivresse des coups et la possession des corps.



Un nouveau monde s’ouvre, se possède et se détruit sans pitié en s’acharnant sur des entités opportunistes, sans envergures, dépendantes d’intérieurs froids et luxueux, parsemés de toiles et de bibelots décadents défendus bec et ongles contre l’assaillant.



L’opus dénonce de manière austère et euphorique toutes formes d'aliénations débordantes ou récupératrices qu’elles soient délinquantes, policières, juridiques, psychiatriques ou religieuses.



Une entreprise de démolition s'acharnant sur le voyou laminé sans pitié par un système adepte du cobaye sous électrodes et du magistrat machiavélique.



Le dégénéré en réinsertion, anéanti par la force des images qu'il visualise vomit la violence qu'il a fait subir à ses contemporains.

On soigne le mal par le mal.



Une osmose en miroir entre voyous et psychanalystes employant les mêmes règles de sauvagerie ou de recadrage.



Détruire ou soigner. La particule et son antiparticule, deux modèles opposés mais s'acharnant sur leur environnement avec la même force.
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Sherlock Holmes en toutes lettres

Sherlock Holmes en toutes lettres est un recueil de quatre nouvelles compilées par les éditions Rivages noir. Les textes sont plus au moins inspirés mais assez travaillés pour tenir en environ 250 pages.



Le Reclus Brun de David Grubb est probablement le seul pastiche du lot. Il reste également le récit le moins intéressant. Il offre la particularité de laisser la plume à une femme, Ellen Lathrop, qui est unijambiste, fière de son pied et accessoirement fétichiste. Son objectif ? Remporter une réplique de la célèbre babouche persane de Holmes. Le style est ici descriptif, long, plutôt ennuyeux et convenu malgré une ou deux surprises. La conclusion est décevante, tout comme l’histoire malgré de bonnes idées. Dommage car ce texte aurait pu offrir bien davantage…



Zolnay le trapéziste de Rick Boyer reste la meilleure nouvelle de ce recueil. Holmes et Watson vont devoir enquêter dans un cirque afin de mettre la main sur un mystérieux meurtrier. Si son identité n’étonnera personne, le déroulement de l’intrigue est sympathique. Par ailleurs, il faut noter ici la présence de John Merrick et un habile équilibre entre humour et tristesse.



L’aventure du locataire de Dorset Street par Michael Moorcock contraint Sherlock et Watson à quitter temporairement le 221B Baker Street pour un nouveau logis. Et oui, cela devait bien finir par arriver ! Et voici l’occasion d’enquêter sur une affaire assez classique, faisant intervenir une œuvre d’art. Bien que sympathique, le scénario est assez prévisible. Accessoirement, Watson va pouvoir découvrir de nouveaux plats…



Enfin, le recueil s’achève sur Meurtre en musique de Anthony Burgess. Cette dernière enquête se déroulera dans le milieu de la musique en offrant progressivement des ramifications impliquant deux Cours européennes, dont une dominée par un enfant.



Sans être exceptionnel, voici un recueil plutôt plaisant à lire. Les adeptes de Sherlock trouveront ici leur bonheur.
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L'orange mécanique

Un classique. Lu après avoir vu le film dans ma jeune adolescence. Relu pour le plaisir et le frisson de ses mots qui "gliffent" encore en moi.
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Sherlock Holmes en toutes lettres

Chers Holmésiennes et Holmésiens, mais aussi tous les lecteurs,

Si vous n'avez pas encore lu ce livre, mettez le dans votre PAL ou lisez-le de suite.

Quatre écrivains: Davis GRUBB, Michael MOORCOCK, Rick BOYER ET Anthony BURGESS, se sont attachés à rendre vie à Sherlock HOLMES à travers leur récit, chacun avec son imagination et sa connaissance du célèbre détective.

Nous découvrons donc d'autres facettes, mais aussi la convoitise de ces admirateurs.

J'avoue avoir moins apprécié la première aventure, même si je l'ai trouvé originale. Les trois autres pastiches redonnent une autre vie au duo HOLMES-WATSON et prolongent notre plaisir à être avec eux.

Ce recueil m'a vraiment ravi avec une couverture vraiment représentative. J'aurais pu mettre 5 étoiles objectivement, mais j'avoue avoir laissé mon inclination baissé d' 1/2 étoile pour la première création. Ce qui n'est rien.
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Sherlock Holmes en toutes lettres

"Les avatars de Sherlock Holmes" m’avaient un peu laissé sur ma faim et je n’avais pas pris autant de plaisir que je le pensais à leur lecture.



Si le tome 1 était fort éloigné du canon habituel, le deuxième mériterait la pastille “A.O.C” car les nouvelles semblent toutes droites sortie des originales.



Hormis la première qui ne concerne pas vraiment le détective de Baker Street, mais des membres d’une société holmésienne (“Le Reclus brun” de Davis Grubb, celui de “La nuit du chasseur”), les trois suivantes sont des plus jouissives, surtout celle de “Zolnay le trapéziste” (de Rick Boyer, l’auteur du “Rat géant de Sumatra”, un apocryphe exceptionnel) et de “Dorset Street” (de Michael Moorcock).



“Meurtre en musique” d’Anthony Burgess (“L’Orange mécanique”) est très bien aussi, mais les deux précitées avaient un petit côté plus fouillé, plus profondes, elles étaient plus longues, aussi.



Autant le premier tome se lisait vite, autant celui-ci met plus de temps avant l’arrivée à la page finale, celle qui vous fait regretter d’arriver déjà au bout. Mais comme dit mon mari “Toutes les bonnes choses ont une fin”.



Comme je le disais plus haut (suivez, que diable), le personnage se Sherlock Holmes est en tout point conforme à l’original, nous ne sommes pas dans des textes de SF, ou de loufoqueries, mais dans des nouvelles policières pures et dures, avec des tas de déductions du Maître, ce qui me rend toujours guillerette.



Si j’avais compris en partie la solution de “Zolnay le trapéziste”, je n’ai pourtant aucun mérite, ayant des connaissances que mon détective préféré n’a pas, puisque je suis née bien après lui. Celui ne retire pas du mérite.



Quant à la première, celle du “Reclus brun”, j’avais entrevu la fin aussi, mais je me suis laissée porter par la plume du talentueux Davis Grubb qui nous offre ici un récit moins sombre que sa nuit du chasseur, et, bien que Holmes ne soit pas présent dans sa nouvelle, on sentira néanmoins son ombre planer sur les pages.



Un excellent recueil, plus dans l’esprit du canon que son prédécesseur qui lui, était plus dans la parodie.



Du Sherlock Holmes pur jus, certifié Origine Contrôlée et Conforme.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Les Puissances des ténèbres

Qualifié (par jeu de mots) lors de sa sortie en 1981 de « roman du siècle », cette œuvre imposante d’Anthony Burgess (deux tomes de plus de six cents pages chacun dans Le Livre de Poche) place effectivement ses personnages dans la perspective des événements qui se sont écoulés entre la première guerre mondiale et la fin des années quatre-vingts. Bien que le traitement littéraire de l’intrigue relève principalement de la littérature blanche, l’intérêt, du point de vue des littératures de l’imaginaire, réside dans une habile combinaison (peu courante) d’uchronie, de fantastique et d’évènements historiques « réels ».



Kenneth Toomey est un écrivain britannique à succès, mais il vit mal son homosexualité qu’il juge incompatible avec la solide foi catholique que sa mère française a imprimée en lui. Ainsi restera-t-il jusqu’à la fin de sa vie en perpétuel conflit interne, malgré sa décision précoce de renier ses croyances religieuses. Cette culpabilité latente fait de lui un errant qui fuit les scandales et les accusations, un solitaire qui ne connaît que des amours de passage et doit supporter les caprices de quelques gitons insupportables. Il voyage donc, en Europe, en Orient, aux Etats-Unis, en Australie, tandis que se déroule en toile de fond l’histoire du XXeme siècle. Il fréquente pour s’encanailler les bouges les plus sordides, et se prélasse dans les palaces les plus chics. Il est scénariste à Hollywood, Goebbels l’invite à un festival de cinéma à Berlin, il traverse l’Allemagne nazie à la recherche de Jakob Stroeler, écrivain génial. Il découvre le grand amour (et le malheur) en Malaisie. Mais surtout, d’Hemingway à Joyce, il rencontre toute l’intelligentsia de l’époque, ce qui nous vaut une galerie de portraits particulièrement croustillante. Seuls les Français ne trouvent aucune grâce à ses yeux et ne semblent avoir produit aucun artiste au cours du siècle écoulé. Mauvaise foi britannique ? ;-).



Quoi qu’il en soit, le personnage le plus extraordinaire dont Kenneth fait la connaissance est sans conteste Carlo Campanati, prêtre et exorciste de terrain, qui a fait de sa vie entière un combat contre le Mal. Un Mal personnifié par le prince des ténèbres et ses créatures s’entend, et non réduit à un simple concept moral. Mélange de rouerie paysanne et de naïveté désarmante, Carlo possède une foi formidable, monolithique, et une dialectique à toute épreuve qui justifie la coexistence de Dieu et de son Contraire, et ne laisse aucun doute sur l’issue finale du combat. « D’un mal peut sortir un bien », démontre Carlo. Erreur de tactique que de sous-estimer l’adversaire : il ne songe pas à inverser la proposition… Il devient évêque et se heurte avec vigueur aux fascistes italiens, puis (et c’est là qu’intervient l’élément uchronique), pape, sous le nom de Grégoire XVII, à la suite d’une élection animée qui voit la mort de son principal rival, foudroyé par la maladie alors qu’il venait d’être élu. Du point de vue chronologique, le pontificat de Carlo se substitue à celui de Jean XXIII. On peut aussi noter que Carlo est l’anagramme de Karol (Jean-Paul II était déjà pape lorsque le livre est sorti) et que Grégoire XVII est, lui aussi, un infatigable voyageur.



Kenneth est le témoin de la carrière de Carlo. Il le voit accomplir un miracle, combattre à mains nues (au sens propre) les suppôts des ténèbres. Il l’appelle à son secours lorsque l’homme qu’il aime est victime d’une possession démoniaque. Il lui sert de prête-nom pour la publication d’un livre fondamental sur l’œcuménisme. Il partage ses repas pantagruéliques et ses soirées de joueur invétéré dans les grands casinos. C’est lui, Kenneth, qui finira par avoir la clef du sens de toute chose, et ce qu’il découvrira est si vertigineux qu’il le refoulera au plus profond de lui-même et n’en soufflera mot à quiconque.

Les puissances des ténèbres est l’un des textes majeurs d’Anthony Burgess, fondé sur une réflexion profonde sur le Bien et le Mal et une fresque historique et sociale de premier ordre examinée à la loupe, avec un humour noir grinçant. Nous sommes bien loin d’Orange mécanique et de ses effets faciles destinés à choquer le bourgeois.

Le style (ou est-ce plutôt la traduction ?) présente quelques inégalités, mais il faut reconnaître qu’elles sont minimes, eu égard à la difficulté de l’exercice : imiter l’écriture d’un grand auteur qui puise ses racines dans le XIXe siècle et traverse l’inimaginable au cours du XXe.



Une œuvre puissante à lire et à relire.

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Sherlock Holmes en toutes lettres

Après Les avatars de Sherlock Holmes en début d’année, les éditions Rivages continuent avec ce volume la publication de nouvelles consacrées à Sherlock Holmes. Le premier volume était consacré aux pastiches, celui-ci, à travers quatre nouvelles, recueille les écrits de grandes plumes de la littérature de genre s’essayant au récit holmésien.

Davis Grubb, l’auteur de La nuit du chasseur, ouvre le bal avec l’histoire d’une amatrice unijambiste de Sherlock Holmes bien décidée à damer le pion de ses concurrents de la société holmésienne locale. C’est que dans cette petite ville de Virginie Occidentale est conservée la « pantoufle persane » de Sherlock Holmes. Pour en devenir propriétaire, un seul moyen : résoudre un meurtre. La concurrence est rude, mais la dame a de la réserve. Et si l’on sent assez vite arriver le dénouement, Davis Grubb s’en tire avec les honneurs, en nous offrant une nouvelle qui, pour être un peu téléphonée, offre une belle galerie de personnages et un magnifique portrait de femme sur le fil de la folie.

Avec « Zolnay le trapéziste », Rick Boyer propose quant à lui une nouvelle à l’ambiance particulièrement captivante, entre coulisses d’un cirque et évocation du célèbre John Merrick – le fameux Elephant Man – dont la rencontre avec Holmes et Watson est un beau moment.

Michael Moorcock, dans « L’Aventure du locataire de Dorsey Street », joue a priori un peu plus la carte du classicisme en matière d’enquête de Sherlock Holmes tout en se plaisant à glisser régulièrement vers le pastiche. Cela donne une nouvelle plutôt enlevée et parfois franchement amusante.

Quant à Anthony Burgess, qui clôt ce volume avec « Meurtre en musique », enquête sur fond de mélomanie et de complot mené par des indépendantistes catalans – bravo pour l’actualité – il est sans doute celui qui offre la nouvelle la moins palpitante en ce que, certainement, elle manque par rapport aux trois précédentes de ce soupçon de dérision qui rend habituellement ce genre d’exercice amusant.

L’ensemble se tient et, comme le volume précédent, offre un divertissement des plus agréables, une lecture légère et plaisante.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Sherlock Holmes en toutes lettres

A lire par tout Holmsien qui se respecte.

Quatre histoires certes au style plus ou moins proche de celui de Conan Doyle mais qui méritent le détour.
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La folle semence

Lu pour faire plaisir a une amie qui insistait depuis quelques temps (pour ne pas dire deux bonnes années..) pour que je le lise. Il faut dire que le titre n'est pas accrocheur, c'est bien dommage car le contenu est riche et passionnant a certains moments.

L'idée de base est géniale, les cycles de phases qui se répètent toujours de la meme façon, le monde qui s'embrase puis soudain se calme et les hommes presque blasés par l'absence de surprises. Tout ça soulève des questions métaphysiques incroyables qui ne sont ici pas assez traitées a mon gout. Il n'empêche que le récit est dense et on le suit avec plaisir et intérêt. La fin est un peu bâclée et laisse sur sa fin mais je recommande pour les fans de SF "soft".

Au passage la bio de l'auteur est assez surprenante (apprend qu'il va mourir et s'est mis a écrire comme un acharné. Finalement il n'est pas mort et a totalement changé de vie pour devenir un écrivain reconnu).
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L'orange mécanique

Vous autres babéliotes , crichtez pas ! govoritez que pouic aux slovos slavo-slang du droug Alex , normal l'est un brin bezoumni du gulliver . ( ralez pas , vous ne comprenez rien au vocabulaire argot-slave du pote Alex , c'est normal il est un brin fou dans sa tête . )

Il était violemment fou , on l'a guéri , ce jour c'est un agneau ,donc un tendre agneau mur pour l'abattoir .... la vie est ainsi , si t'es bon , t'es marron ( c'est la morale capitaliste , la morale à Macron , Hamon , Fillon et Mélenchon , celle des 4 petits cochons pur porc )

Mais le livre ? il faut le lire , ça rigole jaune , c'est saignant mais classique ( dans la musique ) , et comme chez La Fontaine , c'est moral . C'est pas banal non plus .... moi qui lai lu et aussi vu , je vous le dis , en vérité , mes frères , faut l'avoir lu . II y a même , à la fin de l'ouvrage , un dico pour les nuls ( c'est à la mode les trucs pour les nuls , c'est sur ça vous plaira et en plus de ça vous pourrez jacter l'argomuche des banlieues US . Ça peut servir !
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Le royaume des mécréants

Roman historique relatant la montée souterraine du christianisme dans un empire romain qui commence à se fissurer. Dans cette fresque à grands spectacle où sont ressuscités Néron et ses courtisans, Saint Paul, les apôtres et des philosophes grecs, on retrouve la verve, les points de vue étonnants et l'humour caustique de Burgess.
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Dernières nouvelles du monde

Entre les ferments du 20ème siècle et l'apocalypse qui pourrait bien le clore. Avec sa verve habituelle, Burgess ressuscite Freud et Trostsky pour les confronter à un devenir qu'ils n'avaient pas prévu. On passe de la montée du nazisme à un clair de "lynx" sur New York. Donc, une fantaisie débridée au service d'une interrogation majeure. D'où venons-nous? Qu'allons-nous devenir? Mais rien de didactique dans ce roman magistral, plein d'action et véritable galerie de portraits. Au centre de ceux-ci, une figure d'écrivain, poète reconverti à la science-fiction, un double ironique de l'auteur.
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Les Puissances des ténèbres

L'auteur du très célèbre Orange Mécanique signe avec cet énorme pavé (1000 pages dans sa version poche) une rétrospective du XXème siècle, qui s'étend sur presque tous les continents et qui dépeint avant tout un portrait religieux, légèrement politique, du monde.



Sous les traits de Kenneth M. Toomey, auteur anglais célèbre pour ses romans tous publics, ses pièces musicales et ses scénarios de films, se cache un homme sans cesse en train de questionner sur son art, sa voie, son but et sa solitude quand tout le monde ne cesse de remettre en question... son homosexualité. Car la sexualité est l'un des piliers de ce roman, vue sous un angle souvent religieux ou moral, tantôt restreinte, tantôt débridée. Quelques clichés mondains pour épicer le tout. Mais surtout, c'est un siècle qui aura traversé les deux Guerres Mondiales, avec tout son lot d'horreur et d'indescriptible, qui seront abordés mais point trop, même si la violence comme moteur humain sera tout à son honneur ici. Violence physique, psychologique, chagrin, perte, deuil, exclusion... Si Toomey s'en sort financièrement très bien avec ses romans à l'eau de rose, sa vie aura été plutôt sombre, à côté. L'on croisera également son frère par alliance, le Très Religieux Carlo Campanatti, qu'on se représente comme un ogre de conte de fées, à la fois bon pour son Eglise et terrifiant pour son Peuple, le seul devant qui le Diable recule encore.



Difficile de résumer ce livre dense et complexe, mais ce que l'on peut en dire sans se tromper d'un cil, c'est qu'il est d'une grande et exquise qualité littéraire, avec une écriture impeccable et travaillée, stylisée parfois presque à outrance, mais toujours dans le juste, dans les règles de l'art - Art qui sera également dans la ligne de mire de l'auteur.



Nombreuses sont les références à des personnages réels et célèbres, navigant dans les eaux littéraires, cinématographiques, musicales ou encore esthétiques, comme des points de repère auxquels s'accrocher pour ne pas perdre le fil. Nombreuses également, les allocutions en langue étrangère, le plus souvent expliquées, mais toujours bien laissées dans leur tonalité exotique, démontrant ainsi que le langage peut parfois avoir une teneur plus brute ou plus douce, selon la bouche, selon les lettres.



C'est à la fois très humain, pieux et profane, drôle et triste, révoltant, superbe, réaliste, et parfois presque burlesque. On se laisse emporter, d'un pays à l'autre, d'une année à l'autre, feuilletant comme le livre de l'histoire contemporaine dans chacun de ses replis, à la fois du côté des privilégiés et des oppressés, des forces de l'Axe ou des Alliés... Une bonne réflexion également sur l'engagement, qu'il soit politique, social, amoureux, professionnel. A la question : l'Homme est-il foncièrement mauvais ? L'auteur a tranché. Mais il vous laisse espérer encore...



Quant aux traducteurs, ils ont brillamment - je pense - réussi à rendre cette prose magnifique dans tous ses recoins, jeux de mots, jeux de vilains...
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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La folle semence

Pelphase, interphase, gusphase : l'histoire se répète selon un cycle immuable où alternent libéralisme et autoritarisme de l'Etat. C'est ainsi que Tristram Foxe enseigne l'histoire dans un lycée de Londres, capitale d'une union anglo-saxonne qui est l'un des deux derniers Etats du monde. C'est un monde d'ailleurs surpeuplé que celui de La folle semence, un monde dans lequel l'homosexualité est vivement encouragée et dans lequel chaque femme a droit à une seule grossesse, qu'elle aboutisse ou non. 



L'infertilité des hommes contamine bientôt le monde : les récoltes ne donnent plus rien. La famine menace. Tandis que le système s'écroule alors que le monde entre dans une interphase, Tristram est emprisonné par erreur, séparé de sa femme qui, apprend-il, entretenait une relation avec son frère, Derek, haut-fonctionnaire appelé aux plus hautes responsabilités. Les événements qui suivent donnent un caractère presque odysséen au destin de Tristram, errant dans une Angleterre livrée aux forces de la destruction.



Evidemment dystopique, le roman de Burgess est une satire funestement grand guignolesque de thématiques habituellement chères à la science-fiction : la surpopulation, l'autoritarisme politique, le militarisme. Épopée terrifiante et grotesque à la fois, le parcours de Tristram est un triste éloge à la folie des hommes : entre propagande sexuelle et politique et cannibalisme primitif (justifié par un christianisme dans lequel la communion perpétue le souvenir de la Cène), c'est au spectacle de la décrépitude du genre humain que nous invite Burgess.



Forcément excessif, le roman est une promenade dans un futur désenchanté où l'humanité, littéralement, s'entre-dévore. Le machiavélisme règne et tous les moyens sont bons pour limiter la population. Même lorsque les instincts naturels de l'homme semblent reprendre le dessus, les illusions et leurs brutalités prennent la suite des règles établies puisque, au final, rien ne peut ni ne doit changer. Cependant, même dans la féroce noirceur d'un récit sanglant, l'espoir demeure : l'humanité garde en elle des ilots protégés et inatteignables.
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L'orange mécanique

Dans ma quête de lecture des classiques littéraires, je réalise que de nombreux textes ont été adaptés au cinéma. Et ma passion pour les films, rejoignant celle pour les livres, il s’avère que j’en ai vu beaucoup avant de les avoir lu.



Que dire d’un livre, dont on a déjà vu l’adaptation cinématographique ? Que l’on a préféré le texte, Que malgré le travail remarquable de Stanley Kubrick, l’écrit est meilleur ? Certes, on pourrait ne dire que cela tant c’est vrai pour ce roman !



Ce roman est un véritable coup de poing. C’est une brique que l’on lance dans la mare et qui éclabousse tout sur son passage. Ce roman comme le film va donner une vision ultra violente dans un monde futuriste où cette violence est devenue omniprésente. Sur ce point, le film a bien conservé cette idée, de violence, de jouissance, de liberté sans limites où tout peut être possible, même ce qui est le plus dégradant pour l’homme.



Mais retournons au livre, puisque c’est de lui qu’il s’agit aujourd’hui. Dans cette histoire, c’est Alex que l’on va suivre, mais ici il a 14 ans. Bien trop jeune pour amener toute cette violence qui va le précéder. Dans ce monde futuriste, où la violence est devenue commune, notre jeune protagoniste va nous dresser son parcours entre viole, torture et autre méfaits qui semble lui procurer la plus grande joie.



L’auteur nous livre un texte où la violence et normal : elle ne semble pas liée à la moralité. D’ailleurs ça tombe bien, puisque Alex n’en a aucune. Le bien et le mal ne font aucune différence pour lui, seul son plaisir compte. Mais ce qui est impressionnant c’est le travail de l’auteur. Pour appuyer son propos il a inventé un langage parlé par les « jeunes ». La violence des actes est donc directement répercutée par le « parlé » inventé ici. Tout nous est créé pour en faire un monde où la violence à tout recouvert.



Les premières pages sont donc déroutantes, car il faut s’habituer à ce langage. Mais très vite cela rajoute à la violence des maux. Une violence dans les actes et dans la parole. Un roman qui nous montre un futur qui fait frémir. L’ultra violence qui s’impose dans ce roman nous plonge dans un avenir qui semble si proche. Une porte ouverte terrifiante qui pourrait nous plonger dans un monde sans foi ni loi. Notre société résonne dans ces pages, toute notre vie se ressent et nous plonge dans l’horreur.
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L'orange mécanique

A lire pour comprendre. A lire pour savoir. A lire avant d'apprécier le film de préférence.Alex, le personnage principal, parle et agit. Alex reste froid devant les atrocités qu'il commet en société. Alex est-il un homme comme les autres ? La société et « nous » jugeons les actes d'Alex comme atroces. Sans s'en rendre compte le lecteur accompagne Alex et ses acolytes, le véritable talent d'Anthony Burgess réside ici. Pourvu que le lecteur ne reste pas indifférent.

L'Orange mécanique est un roman exigeant, cruel et beau. L'Orange Mécanique décrit la société occidentale imparfaite et violente.

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L'Orange Mécanique d'Anthony Burgess

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The Mechanical Orange
The Clockwork Testament
A Clockwork Orange
Grapefruit and Orange

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