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Critiques de Anthony Burgess (140)
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L'orange mécanique

Bon, alors, ça sera quoi, hein ? L'Orange Mécanique de Anthony Burgess est un livre oudzassny qui m'a laissé toute pleine de radotsie et un malenky eberloqué, Ô mes frères.

Beaucoup connaissent l'histoire d'Alex et de ses Drougs grâce au film tzarrible de Stanley Kubrick mais peu savent que c'est c'est ce vesche qui est à l'origine de tout.



Alex est un maltchick qui traîne la nuit avec Pierrot, Jo et Momo, ses trois Drougs. Ce qu'ils aiment le plus : drinker du moloko au Korovo Milkbar avant de s'offrir une tournée d'ultra-violence. Ça toltchocke, ça se skvate, ça craste, ça oubivate à coups de nodz ou de britva et ça joue au bon vieux dedans-dehors des familles avec des ptitsas qui ne sont pas d'accord. Mais un jour Alex tue une vieille devotchka et se retrouve enfermé à la Prita jusqu'à ce qu'on lui propose de prendre part au programme Ludovico...



L'Orange Mécanique est devenu culte parce que c'est un livre qui parle de plein de vesches tzarribles genre la violence, le mal ou encore le libre arbitre. Mais c'est surtout parce que Alex utilise des slovos étranges, une nouvelle langue inventée par Burgess : le nadsat. Au début, le lecteur se sent tout bezoumni, il est obligé de se creuser le rassoudok pour pommer tous ces slovos mais, au bout de quelques pages, ces nouveaux slovos deviennent ceux du lecteur qui ne se sent plus du tout gloopy. Alors le lecteur avale zoum le livre et le ferme tout bouhou-houant parce qu'il est déjà fini.



On ne peut pas dire que L'Orange Mécanique soit pour tous les devotchkas et les maltchicks parce que c'est un malenky peu spécial au niveau du style et de l'histoire. Et puis, Ô mes frères, il y un malenky beaucoup d'ultra-violent qui pourrait bien vous laisser bolnoï quand ce bratti d'Alex fait couler du krovvi rouge rouge. C'est possible que vous ayez besoin d'un écossais ou d'une cancerette pour vous remettre.



Encore un slovo et je vous laisse tranquille (toutes mes exqui cucuses usées si ça vous a semblé long) mais j'ai préféré la fin de Stanley Kubrick à celle de Burgess qui n'est pas aussi puissante dans ses slovos que celle du film. Mais ce n'est que l'avis de votre Humble Serviteur, mes frères.



L'Orange Mécanique est un des meilleurs livres que j'ai lu de toute ma jiznée, merci Anthony !
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Mort à Deptford

"What doctrine call you this ? Che serà, serà : What will be, shall be ?"

(C. Marlowe, "The Tragical History of Doctor Faustus")



Est-ce que l'auteur de "Faust" se disait la même chose, en se rendant à Deptford ce jour fatidique du 30 mai 1593 ?

On sait qu'il a été assassiné dans une bagarre de taverne d'un coup de poignard dans l'oeil, on connaît le nom de celui qui a tenu le poignard, mais le reste demeure entouré de mystère. Etait-ce un accident ? Un acte de jalousie ? Kit Marlowe est-il devenu dangereux ? Gênant ? Il avait à peine 30 ans, et une grande carrière théâtrale devant lui...



Anthony Burgess n'a pas écrit seulement "L'Orange Mécanique".

Et Shakespeare n'est pas le seul dramaturge élisabéthain à la fois célèbre et entouré de tant de spéculations et incertitudes.

Alors quand Burgess combine son talent linguistique avec sa passion pour Marlowe (il lui a consacré sa thèse universitaire), cela donne comme résultat un succulent morceau de choix nommé "Mort à Deptford".

Une biographie du poète Kit, contée par un narrateur anonyme, dont on sait seulement qu'il a joué des rôles féminins dans la troupe de Ned Alleyn. Cet ami de Kit (et l'un de ses nombreux amants) va déployer devant vous toute la richesse foisonnante de la langue du 16ème. Tout comme dans "L'Orange", Burgess s'amuse avec la langue, et le lecteur anglo-saxon s'en arrache les cheveux tout en s'inclinant devant ce feu d'artifice verbal. Et même la traduction française est loin d'être mauvaise.



On va donc passer avec le narrateur devant la grande scène de l'époque élisabéthaine, pour suivre le drame d'un de ses illustres dramaturges...

- Le premier acte se passe à Cambridge, où le boursier Kit fait (avec une assiduité mitigée) ses études de théologie. Mais c'est la vie qui l'intéresse, le bruit des tavernes, les bagarres verbales (et autres, moins philosophiques), et surtout, surtout... la poésie ! Ses opinions frôlent dangereusement l'athéisme et l'hérésie, et ses jurons défient toute concurrence.

"Celui qui n'aime ni le tabac ni les garçons rate quelque chose", dixit Kit en pensant au beau Thomas Walsingham, tout en bourrant sa pipe avec le cadeau de Walter Raleigh, apporté des Amériques. Sa "nymphe" puante est un peu difficile à apprivoiser, mais bientôt il ne s'en passe plus... Surtout dans ce cercle restreint (et suspect) chez le "comte mage" Percy de Northumberland, où Kit discute de sujets sulfureux avec Raleigh et l'astronome Hariot, admirateurs de Giordano Bruno.

- Mais c'est déjà l'acte 2, celui qui montre Kit comme l'espion au service de Francis Walsingham, chef de la police secrète d'Elisabeth. Espion recruté un peu malgré lui, il s'acquitte cependant de ses diverses missions, tout en s'empêtrant de plus en plus dans une toile d'araignée d'où il ne pourra plus se libérer. La menace catholique est omniprésente, et les yeux et les oreilles de la Reine doivent être partout. Espionne-t-on même les espions ? Une fois ce jeu dangereux commencé, impossible de quitter la partie pour se consacrer entièrement au théâtre et à la poésie.

- Dans le troisième acte on apprendra que c'est fort dommage, car le talentueux Marlowe (ou Merlin, ou Morley, comme il vous plaira) écrit comme il respire, et ses pièces ont du succès. On va dévoiler par la même occasion quelques horreurs sur la censure élisabéthaine et les secrets de ce grand business populaire qu'était le théâtre de l'époque. On va rencontrer ses entrepreneurs : Alleyn, Burbage, Henslowe (qui dirigeait d'une main de fer tant son théâtre The Rose qu'une arène de combats de chiens et plusieurs bordels à Southwark), ses acteurs et ses dramaturges. Le sympathique Thomas Kyd, vivant dans la misère, ou le vieillissant Robert Greene, vert de jalousie à l'arrivée de la jeune génération : notre Marlowe (ou Merlin, ou Morley), et puis ce campagnard pouilleux qui savait tant plaire au public, un certain Shagspaw, ou Choxper, ou Jacquespere... il me semble même que Greene a écrit quelques lignes assez méchantes à son sujet, en le qualifiant de "Corbeau parvenu". La rivalité, mais aussi la collaboration nécessaire, car le "show must go on".

- Le quatrième et dernier acte se passe à Deptford, et on sait déjà que la fin sera tragique.



Kit nous a légué un peu de poésie et quelques pièces (La Tragique Histoire du docteur Faust, Juif de Malte, Tamerlain le Grand, Massacre à Paris...) en vers blanc, ainsi que plein d'incertitudes le concernant. Etait-il vraiment athée et espion, liquidé sur ordre de la police secrète ? On dit aussi qu'il est possiblement l'auteur de l'intégralité de l'oeuvre de son collègue Shogspere, qui ne nous a pas laissé une seule ligne de sa propre main. Avec la vie qu'il menait, on se demande où il trouverait le temps d'écrire tout ça...



Burgess pousse son jeu littéraire encore plus loin, en dévoilant à la fin l'identité de son narrateur. Quand il a perdu sa voix de jouvenceau, il aurait joué le rôle de Balthasar dans une des pièces à succès du populaire Corbeau. Les rôles étaient souvent écrits "sur mesure", et quelque part dans le First Folio, il est par erreur mentionné non en tant que "Balthasar", mais sous son vrai nom. Simple comme bonjour !

Tous ce que vous avez à faire est de parcourir la version numérisée du First Folio de 1623 avec les pièces de Shakescene, et c'est bien là, dans "Much Adoe About Nothing", noir sur jauni, Acte 2, scène 3 : "Enter Prince, Leonato, Claudio and..." Ha ! Quel sacré joueur, ce Hamburgess ! Ca me fait une belle jambe, mais je peux enfin dormir sur mes deux oreilles.



5/5 pour tous ces personnages historiques rendus tellement vivants (y compris l'authentique bandit élisabéthain nommé George Orwell), pour les réjouissants dialogues littéraires, politiques, théologiques, impertinents et croustillants, pour le mélange d'érudition, de dérision et d'esprit typiquement "burgessien". Et simplement par bonheur que ce livre existe.



"Déplume, si tu veux, le Saint-Esprit

Dis que de Dieu le Christ n'est pas le fils

Crache l'hostie et ce sans précaution

Soit, mais toujours avec dis-cré-ti-on !"



Pauvre Kit, sa discrétion n'était pas suffisante pour lui garantir la vie sauve. Il avait quelque chose de Faust, mais Walsingham était sans doute le Diable...
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L'orange mécanique

Dans notre série "Le film est plus célèbre que le livre", aujourd'hui : Orange mécanique.

Qu'avait exactement Burgess en tête quand il a écrit ce roman ?

Beaucoup de lecteurs se posent encore la question.

Dénonciation de la violence ?

Célébration de la violence comme forme d'expression ?



Ce qui est certain, c'est que l'écrivain, devait être dans un état d'esprit particulier quand il a écrit ce roman, son épouse ayant été traumatisée par l'agression dont elle avait fait l'objet de la part de voyous.



Ce qui n'est pas sans rappeler un épisode important du roman, l'agression de l'écrivain à son domicile par les droogs...

Pour les rares personnes qui n'ont, ni vu le film de Kubrick, ni lu Burgess, un rappel de l'histoire :



Dans un futur indéterminé mais proche (le livre date du début des années 60), une bande d'adolescents délinquants (plus jeunes dans le livre que dans le film) s'éclatent dans des soirées d'ultraviolence sur fond de musique classique dont le héros et martyre Alex est un inconditionnel et de drogue.

Ils ont leur propres codes, et leur langage empruntant beaucoup au russe (dans l'esprit de Burgess, l'Angleterre allait peut-être subir une influence soviétique, souvenons que nous étions en pleine guerre froide) .

Alex, trahi par ses complices, fait l'objet d'expérimentations censées le guérir de son penchant pour la violence gratuite...



Le roman de Burgess, puis le célébrissime film qu'en tira Stanley Kubrick, restent objets de débats et de controverses, en résumé : "Peut-on dénoncer les violences, c'est à dire, celle des individus asociaux, et celle du "système" qui s'emploie à la combattre, en esthétisant cette violence ?"

Le mieux est de se faire sa propre opinion...



PS : Les bonus d'oncle alberthenri :

le saviez vous ? L'esthétique du film de Kubrick a influencé le monde du rock, ainsi par exemple les groupes punk/oi anglais The Adicts et Major Accident avaient repris le look des Droogs.

Quant au métalleux- cinéaste Rob Zombie, il a réalisé un clip pour son titre "Never gonna stop", où sont repris très fidèlement le décor et les costumes du film...
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L'orange mécanique

Frisson au souvenir de ce roman d'époque, seventies jusqu'au bout des virgules avec son langage inventé pour la circonstance, mais dont la modernité d'alors pique aujourd'hui les yeux et qui a été supplanté en notoriété par l'esthétique agréablement démodée du film de Kubrick.

La réflexion sur la violence du monde moderne que porte ce roman n'en mérite pas moins qu'on s'y intéresse car celle-ci, pour le coup, a traversé les années sans une ride.

Relire le livre ou revoir le film?
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L'orange mécanique

Dans un futur proche, d'une violence inouïe, inventé par Anthony Burgess (écrivain,essayiste,compositeur,critique, l'un des auteurs anglais majeurs du XX° siècle) Alex chef de bande, monstre froid,égoïste, cynique et intelligent, est arrêté suite à un énième meurtre. Soumis à la "méthode Ludovico" accompagnée de projection de films violents et de musique classique, il subit un lavage de cerveau pour devenir pacifiste.Transformé en "orange mécanique" conditionnée, il est torturé par une victime dont il a violé la femme.

Orange mécanique (best-seller international adapté au cinéma), sous son image d'apologie de la violence( jugement surtout du au film encore plus violent que le livre:ce qui déplaisait à Anthony Burgess) remue le lecteur et l'interpelle.

La violence est elle toujours consécutive à la violence? Peut-on conditionner l'être humain?Les pulsions sauvages sont-elles innées ou acquises?La loi du plus fort est-elle la meilleure?

Ce livre de science fiction (dont le langage des voyous est complètement inventé) est plus intellectuel et philosophique qu'il ne paraît au prime abord!
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Mozart et Amadeus

Une invitation à écouter Mozart.

Lisez la présentation éditeur ! En effet, Burgess, qui est lui-même compositeur, a imaginé un hommage à Mozart à travers cette pièce de théâtre constituée de divers éléments hétéroclites dont l’apothéose est ce final (un opéra ?!) où Dieu se révèle être le véritable père de Mozart enfant prodige.

Burgess s’amuse avant tout (le titre original est « Mozart and The Wolf Gang »), les dialogues sont pleins d’humour et souvent de respect.
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L'orange mécanique

A lire pour comprendre. A lire pour savoir. A lire avant d'apprécier le film de préférence.Alex, le personnage principal, parle et agit. Alex reste froid devant les atrocités qu'il commet en société. Alex est-il un homme comme les autres ? La société et « nous » jugeons les actes d'Alex comme atroces. Sans s'en rendre compte le lecteur accompagne Alex et ses acolytes, le véritable talent d'Anthony Burgess réside ici. Pourvu que le lecteur ne reste pas indifférent.

L'Orange mécanique est un roman exigeant, cruel et beau. L'Orange Mécanique décrit la société occidentale imparfaite et violente.

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Le royaume des mécréants

Anthony Burgess démontre encore qu'il est un grand écrivain de la deuxième moitié du 20ème siècle.

Quelle épopée à travers les balbutiements du christianisme au sein d'un Empire romain en pleine déliquescence !

Après la résurrection et la disparition de Jésus, l'auteur conte l'organisation première, puis les pérégrinations des apôtres prêcheurs, Pierre Paul et Luc en particuliers, à travers l'Europe et le moyen Orient puis leurs efforts pour convertir et bâtir une Église à partir de ce qui reste perçu comme une secte à l'aune de cette époque, rejetée des instances juives puis de Rome.

En parallèle les vicissitudes, folies et perversions des empereurs romains accompagnent en miroir la description de la décrépitude sociale, militaire et morale de l'Empire Romain, qui finit par voir dans cette nouvelle religion monothéisme montante un danger pour ses structures et un bien commode bouc émissaire, justifiant ainsi les persécutions.

L'on suit donc la vie quotidienne avec ses difficultés, joies et contrariétés des poutres du christianisme, du fraîchement autoconverti tourmenté et cultivé Paul, du médecin Luc, au simple et bougon Pierre, mais aussi celles des Empereurs romains contemporains aux règnes et destins tragiques, ainsi que la vie d'un romain converti et époux d'une juive.



Roman à la fois philosophique, culturel, historique et religieux par ses thèmes, d'une modernité bluffante, jamais ennuyeux de par la grâce d'une plume soyeuse au service d'une rédaction dynamique et contemporaine, sa lecture est facile mais aussi stimulante en créant la nécessité de quelques recherches personnelles au sujet des personnages et situations exposées.



Basé sur des faits historiques, cet OVNI litteraire au style distancié avec des pointes humouristiques est à déguster par curiosité intellectuelle, en espérant qu'il vous soit aussi agréable à lire qu'il me l'a été.
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La Symphonie Napoléon

Antony Burgess n'est pas simple à lire. Mais c'était l'occasion, de voir la vision anglaise de la vie de notre empereur.

Les pages concernant la traversée de la Bérézina.( page 185 à page196). sont mémorables car c'est un pontonnier qui raconte ce chapitre le plus glorieux de l'histoire de la campagne de Russie.

Sans doute je le relirais ce roman, dés que j'arrive à bien connaitre la vie de Napoléon, car Antony Burgess écrit pour des érudits ...
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L'orange mécanique

L’orange mécanique est un vrai piège : quand je vois le film, j’ai envie de relire le roman, et quand je lis le roman, j’ai envie de revoir le film, si bien que je me retrouve coincé dans une boucle culturelle infernale.



L’orange mécanique, c’est le bon vieux sujet moral du Bien et du Mal, à la sauce moderne. Alex est un adolescent cultivé, qui sait parler et qui apprécie la musique classique. Problème : avec sa bande il adore aussi passer à tabac, voler et violer, plaisirs accentués par des airs de Beethoven ou de Mozart qui lui viennent dans la tête au summum de ces actes de violence.



Enfin arrêté et emprisonné, on lui impose un traitement révolutionnaire : lui réapprendre l’horreur de la violence. À l’aide d’injections, la projection vidéo d’actes barbares lui provoque de violentes nausées, réactions qu’il finit par intégrer, tel le chien de Pavlov qui salive à l’écoute d’une clochette. Il devient donc incapable de faire le mal, non parce que l’envie lui en est passée, mais que les nausées le plient en deux à l’idée de commettre un nouveau crime. Mais du coup, est-ce que cette rédemption vaut quelque chose, s’il ne peut la choisir en conscience ? A-t-on réellement le choix de faire le bien ou le mal, ou y est-on tous conditionné dès la naissance ?



Alex est l’un de ces rares anti-héros absolus pour lequel on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie. Car s’il assume pleinement d’être du côté du Mal, il a de l’humour, de la répartie, de la suite dans les idées, et surtout son récit est servi par des litotes bien placées aux pires moments, et par un argot savoureux. Si bien qu’on se surprend parfois à crier mentalement au gardien de prison « Mais laisse-le agresser des vieux en paix, espèce de monstre ! »



Une question philosophique aura rarement été aussi plaisante à explorer !
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L'orange mécanique

On aime ou l'on déteste ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'auteur a su planter une atmosphère surprenante et générer, avec le personnage principal (Alex), une multitude d'interrogations sur l'évolution de la jeunesse et de notre société. Dans sa version originale, le livre est sorti en 1962, je n'étais pas né. A la lecture de certaines pages, on peut se poser la question suivante : Est-ce que l'orange mécanique pose un regard visionnaire sur l'évolution de notre société, sur la surpopulation carcérale, sur la violence et son évolution dans notre société , sur la violence en milieu carcéral et sur le rapport que nous avons tous avec la violence. On peut aussi s'interroger sur la forme même de la violence, physique ou psychologique. A ma fenêtre France, Europe ou encore Américaine, je ne peux que constater à quel point certaines visions ou scènes développées par l'auteur sont aujourd'hui factuelles et même dépassées par les faits divers. Le langage utilisé est lui aussi tout aussi dérangeant et semble vouloir accompagner de concert une société en marge de notre société dont les repères seraient incompréhensibles au plus grand nombre. La lecture est quelque peu difficile parce que le vocabulaire et le langage utilisés par l'auteur sont là pour nous "forcer" à essayer de comprendre ce qui se dit avec d'autres mots que ceux que nous utilisons tous les jours. En fait, Burgess triture notre cerveau et l'oblige à changer ses angles de vue. Alex et sa violence sont bientôt sous le feu des médecins et de tout ce que la société peut mettre en oeuvre pour isoler un marginal violent dans un univers aussi impitoyable que ses pulsions. Enfin, le thème de la vengeance passe entre les doigts de l'écrivain et on se pose de nouveau des questions sur notre rapport à la violence. Jeune, j'ai d'abord été marqué par la violence de mon environnement et le détachement de certains individus dénués de toute conscience quant à la nature même de leurs actes. Notre société fabrique des Alex et ne sait pas comment les guérir. L'univers carcéral fini souvent pas enfoncer davantage encore ces "marginaux" parce qu'ils ne trouvent dans nos prisons aucune clé leur permettant une prise de conscience ou une réhabilitation sociale. Notre société de consommation extrême, souvent basée sur l'élitisme, la cooptation et la corruption accélère le processus de perte de repères pour bon nombre d'individus. Un jour, dans les années 1980, un haut dirigeant donnait sur un plateau de TV la prédiction suivante : "Dans quelques années, les forces de police seront confrontées à des délits de plus en plus violents et de moins en moins explicables parce qu'ils seront dénués de sens". Nous y sommes ! Pour moi, ce livre est un miroir à deux faces et l'auteur nous ballade de l'une à l'autre. L'effet de yoyo est désagréable mais il fait réfléchir.
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L'orange mécanique

Pas étonnant qu’Alex kiffe la musique, Burgess écrit comme si Mozart avait été prophète, pas en musique mais en écrits. C’est comme si Alex vivait avec la grande musique qui lui explose aux oreilles sans s’arrêter. Imaginez la neuvième symphonie qui irrigue toutes vos pensées et tous vos gestes en décibels plein-pot : impossible de rester gentil, niais et souriant. Et pourtant, il le faudra bien. Il y a des jours, comme ça, où l’on aimerait être criminel en beauté.
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L'orange mécanique

Critique du Time à la parution de L'orange mécanique en 1962 :



(...) sous ses aspects provocateurs, ce petit livre de Burgess est une perle rare dans la littérature britannique : un roman philosophique. On peut facilement passer à côté de sa morale, parce que le héros nous raconte tout en « nadsat », ce qui le place à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la race humaine. Le voyage du pèlerin de Stavogrin beatnik de Burgess est un essai moraliste grave et réussi. Burgess démontre simplement qu’il y a plus d’humanité chez Alex mauvais humain que chez Alex bon zombi. Les ressorts d’une société mécanique ne sauront jamais reproduire la vitalité originelle du choix moral. Le bien n’est rien si l’on n’accepte pas la nécessité du mal.



Extrait de, Anthony Burgess Si mon temps m'était compté, Paris, Grasset, 2000. Page 76.



Il a de la golosse ce bézoumni de Burgess, un bratchni qui passe son temps avec sa dévotchka à faire guiliguilivice.

Son biblio m'a foutu un sacré coup sur le gulliver. J'en ai eu pour mon lollypop.

Je vais m'envoyer un moloko au spoutnik pour spater.

Appy polly loggy
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Sherlock Holmes en toutes lettres

"Les avatars de Sherlock Holmes" m’avaient un peu laissé sur ma faim et je n’avais pas pris autant de plaisir que je le pensais à leur lecture.



Si le tome 1 était fort éloigné du canon habituel, le deuxième mériterait la pastille “A.O.C” car les nouvelles semblent toutes droites sortie des originales.



Hormis la première qui ne concerne pas vraiment le détective de Baker Street, mais des membres d’une société holmésienne (“Le Reclus brun” de Davis Grubb, celui de “La nuit du chasseur”), les trois suivantes sont des plus jouissives, surtout celle de “Zolnay le trapéziste” (de Rick Boyer, l’auteur du “Rat géant de Sumatra”, un apocryphe exceptionnel) et de “Dorset Street” (de Michael Moorcock).



“Meurtre en musique” d’Anthony Burgess (“L’Orange mécanique”) est très bien aussi, mais les deux précitées avaient un petit côté plus fouillé, plus profondes, elles étaient plus longues, aussi.



Autant le premier tome se lisait vite, autant celui-ci met plus de temps avant l’arrivée à la page finale, celle qui vous fait regretter d’arriver déjà au bout. Mais comme dit mon mari “Toutes les bonnes choses ont une fin”.



Comme je le disais plus haut (suivez, que diable), le personnage se Sherlock Holmes est en tout point conforme à l’original, nous ne sommes pas dans des textes de SF, ou de loufoqueries, mais dans des nouvelles policières pures et dures, avec des tas de déductions du Maître, ce qui me rend toujours guillerette.



Si j’avais compris en partie la solution de “Zolnay le trapéziste”, je n’ai pourtant aucun mérite, ayant des connaissances que mon détective préféré n’a pas, puisque je suis née bien après lui. Celui ne retire pas du mérite.



Quant à la première, celle du “Reclus brun”, j’avais entrevu la fin aussi, mais je me suis laissée porter par la plume du talentueux Davis Grubb qui nous offre ici un récit moins sombre que sa nuit du chasseur, et, bien que Holmes ne soit pas présent dans sa nouvelle, on sentira néanmoins son ombre planer sur les pages.



Un excellent recueil, plus dans l’esprit du canon que son prédécesseur qui lui, était plus dans la parodie.



Du Sherlock Holmes pur jus, certifié Origine Contrôlée et Conforme.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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L'orange mécanique

Le pitch est connu : « L’Orange mécanique » suit l’existence violente, chaotique, tragico-truculante, speed et angoissante d’Alex, un adolescent de 15 ans des 60’s britanniques. Auto proclamé « Humble Narrateur et Martyr », il nous offre son journal intime, truffé de néologismes inventés pour la circonstance par Burgess; ils se révèlent amusants, inspirés, constitutifs d’une néo-langue criante de crédibilité, le "nadsat" des teenagers. Le tout forme un OLNI* SF d'anticipation, dystopique et uchronique qui mérite le détour ; tout le charme du roman repose sur sa singularité de forme plus que de fond.



Bonne lecture à qui se laissera tenter ..! Il y laissera des rires, de la colère et des désillusions.



Le pathétique héros, sous la plume en « je narratif » d’Anthony Burgess, est un jeune bad-boy urbain sur lequel personne désormais n’a de prise (pas plus sa famille que son éducateur). Sur le fil d’une double vie : l’une nocturne comme acteur masqué d’hyper-violences gratuites commis en bandes errantes organisées ; l’autre diurne, faussement et hypocritement moulée sur la norme sociétale, Alex ne pense qu’à détruire et se détruire, « toltchocker » (bastonner) qui lui déplait, violer et voler … tuer au passage sans remords ni regrets, tout en se « bisdonskant comme un bezoumni » (se marrer comme un fou) ? Bref, rien de neuf à l’orée de nos années 2020, si ce n’est qu’ici nous ne sommes encore qu’aux débuts des encore sereines 60’s … Les activités nocturnes d’Alex (et d’une centaine d’autres « maltchickkicaïds » de son acabit), sont dédiées à ses « drougs » (copains), à la « dratse » (bagarre) et aux « dedans-dehors des familles » non consentis avec des « dévotchkas » aux mamelus « groundnés »**. Les multiples délits et crimes en bandes détruisent peu à peu un système social dépassé, à deux doigts du précipice mais qui va imaginer le pire pour soigner ses brebis égarées.



Arrêté, jugé et condamné, il suit volontairement (pour prix d’une libération anticipée) un programme carcéral, scientifique et révolutionnaire, sensé le libérer de ses pulsions violentes. Visionnages forcés ad nauseum de scènes ciné ultra-violentes empruntées à l’actualité, à l’Histoire et/ou à la fiction ; et ce jusqu’à vomir d’overdose, se montrer incapable de frapper autrui, de rendre les coups, de répondre aux insultes, de se révolter … de simplement protester, de mettre en doute l’ordre social. La dystopie est en marche, l'enfer est pavé de bonnes intentions …



La phase de rédemption ne se déroulera pas, bien entendu, comme prévu … cher payé que tout cela.



Le monde décrit dans « L’Orange mécanique » est le nôtre sans l’être tout à fait. Certaines divergences diffuses émergent et en font, tour à tour un conte satyrique tragico-comique, une uchronie soft car peu différenciée, la juxtaposition d'univers parallèles de faible proximité, une contre-utopie et/ou une anticipation à court terme. De plus, de manière fondamentale : est-ce de la littérature générale ou de la Science-Fiction ?



La robotisation psychologique de l’humain via des moyens scientifiques en thème principal, une néo-langue omniprésente et crédible : deux éléments qui tendent le propos d’auteur vers une SF dystopique cousine de « 1984 » et de sa novlangue. Mais tout est relatif : on est loin d’Orwell, même si l’intention première, réussie dans son rendu, ramène un roman culte embelli par la sortie concomitante du film de Kubrik (1972).



Le background est diffus, sa présence est néanmoins capitale, explique les déviances embarquées des ados qui s’y agitent. L’arrière-plan est urbain type : de grands HLMs de banlieue ; des familles boulot/dodo ; un désespoir d’existences monotones et résignées, ramenées à la simple survie ; une jeunesse accrochée à la violence gratuite comme seul et unique défouloir. Un gouvernement à l’agonie, incapable de faire face au problème. La néo-langue embarquée en « Je narratif » est le « nadsat » à l’usage des teenagers. Elle est loin dans sa forme, mais proche dans ses intentions de fond, du parler actuel de banlieue. « La haine », le film, accouplé à la lecture d’« Orange mécanique », remonte en mémoire via son évocation sans fard de la banlieue. Le parallèle est tentant. Si ce n’est que Mathieu Kassovitz surligne le présent et que Burgess n’évoque qu’un futur hypothétique en gestation (et peut-être plus dramatique encore). Ainsi, manifestement, pour l’époque de parution originale (1962), le roman se montre aussi d’intention anticipatoire.



Les halls d’immeubles sont peints de gigantesques fresques de travailleurs nus glorifiant le Petit Peuple. Doit t’on entrevoir ici une uchronie soviétique enclavée à minima dans la dystopie imaginée par Burgess ? (ce n’est qu’une hypothèse, je n’ai pas de certitudes) ?



Le "nadsat" emprunte aux bidouillages de mots français mixés, malaxés et enchevêtrés (« cancerette » pour cigarette ; « tictocard » pour cœur ; « conficonfiote » pour confiture … etc !) ; mais aussi, surtout et étonnamment, au slave (« babouchka », « bolchoï », « devotchka » … etc). Les néologismes sont très nombreux, presque omniprésents, nécessitent un glossaire (curieusement incomplet ?) auquel se référer, inondent progressivement tout (une page au hasard, passé les 2/3 du roman, serait incompréhensible sans l’apprentissage progressif porté à celles qui ont précédées). Il y faut l’implication ludique totale du lecteur ; décrypter devient de plus en plus facile jusqu’à rendre la lecture rapide et aisée, fluide et tranquille. C’est en ce sens que « L’Orange mécanique » se montre un OLNI* addictif, le lecteur se souviendra longtemps de l'expérience linguistique proposée.



Le roman parait pour la première fois en France, en 1972, chez Robert Laffont dans la collection grand format « Pavillons », hybride de littérature générale et de Science-Fiction. Ce ne sera ni le premier ni le dernier ouvrage SF de qualité à s’échapper du ghetto du genre, à voisiner au plus près de la littérature blanche, ce pour des raisons de rentabilité potentielle plus marquée en territoire neutre et d’autant plus immédiates qu’il y eut, la même année, concomitance temporelle de parution avec l’adaptation ciné de Kubrick. Cette dernière va assurer un succès éditorial pérenne au roman mais lui voler la vedette via le statut de chef d’œuvre attribué au long métrage. Il faut bien l’avouer, le roman est moins bon que le film devenu culte, cas rare dans un monde SF où, d’ordinaire, l’imaginaire s’accouple plus facilement aux mots qu’aux images. Alors : Sf ou pas ? Nul éditeur n’a jamais vraiment tranché. Les parutions poche ultérieures (Livre de poche, Pocket & France loisirs…) ne le sortiront jamais de l’ambiguïté de genre initiale. Et puis, après tout, qu’elle importance ? Quand la soupe est bonne ; pourquoi cataloguer, accoler une étiquette « mauvais genres » non souhaitée à l’origine par l’écrivain ?



Le roman se veut-il en outre (?) une extrapolation des violents affrontements de rue entre jeunes bandes rivales de « mods » et de « rockers » du début (jusqu’au milieu) des 60’s en Grande-Bretagne, de l’impact du phénomène sur la société adulte d’alors qui, craintive, apeurée et renfermée, craignait que le phénomène n’impacte gravement son existence tranquille et rangée. On peut, pour imager l'analogie, retrouver dans le roman, un écho du code vestimentaire des mods (habits immaculés, cravates minces …) et des rockers (blousons cuir à écussons et épinglettes, foulard blanc, jeans, tee-shirt …) dans celui des « drougs » d’Alex (les masques porcins, entre autres). De la même manière, les musiques favorites de chaque clan (modern jazz, rhythm and blues, ska et soul pour les « mods » ; rock n’ roll pour les autres) se rapprochant de celle incongrue, classique, Beethoven, Mozart et consorts, encensée par Alex met de l’eau au moulin d’une hypothèse pas si farfelue et infondée que çà.



Et puis, au final, est-ce que tout cela ne serait pas une vengeance de l’auteur à l’encontre de ces voyous londoniens qui agressèrent sexuellement son épouse un soir ? Elle en mourut à court terme. Auquel cas, toute l’empathie ressentie par le lecteur à l’égard d’Alex, tout l’humour sarcastique accordé à son « Je narratif » ne doivent t’ils pas lui revenir comme un bolchoï boomerang bézoumni plein gulliver et rote krovvinants**.



*OLNI : Objet Livresque Non Identifié



** Une seule solution : pour comprendre, lire le roman.


Lien : https://laconvergenceparalle..
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L'orange mécanique

Personne, ou presque, n'a pu passé outre la version cinématographique d'Orange Mécanique concoctée par Kubrick. Alors tout le monde connaît l'histoire sulfureuse de cette bande d'adolescents violents et sadiques. Mais tout le monde n'a pas pris le temps de remonter à la source, au roman d'Anthony Burgess publié en 1962. Ce court ouvrage stupéfie d'emblée. Burgess crée un langage incroyable pour son personnage principal, Alex, un dialecte mélangeant russe et français. Désarçonné lexicalement, on entre alors dans une banlieue, dans une zone sinistrée par le vide, l'ennui et la terreur imposée par les jeunes délinquants. Sur fond de musique classique, ça viole, ça tue, ça torture, sans cohérence aucune, l'arbitraire en bandoulière, le sexe dans la main gauche et une chaîne de vélo dans la droite. Ca toltchocke sévère, à tour de bras, dans la joie et le grincement de dents. Alex et ses Drougs ne connaissent pas de limite ni de morale. Jusqu'à ce qu'on décide de les empêcher. Les autorités ouvrent alors un programme spécial pour lutter contre cette peste, grace à des expériences sordides, agressives et lobotomisantes. A coup d'hypnose, de matraquages visuels et d'injections douteuses, l'état compte détruire le Mal qu'abritent les mauvais garçons. Alex nous invite dans sa vision des choses, primale et hargneuse. Il nous prend par la main et ne la lâche plus lorsqu'on voudrait fuir sa réalité. Alex est un "jeune des cités" (au sens des infos sur TF1) avant l'heure et Burgess un visionnaire. Un roman qui vous passe l'encéphale au vitriol et vous laisse un goût particulier de perversité dans le gosier. On ressort de là fort d'avoir vécu une expérience malsaine et jouissive à la fois. Ce livre est culte et absolument incontournable.
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Si mon temps m'était compté

Intellectuel et érudit, Anthony Burgess a été très prolifique au cours de sa carrière, non seulement en tant qu'écrivain, mais aussi en tant que compositeur (un fait peu connu). Deux volumes de ses mémoires, "Petit Wilson et Dieu le Père" et "Si mon temps m'était compté", sont peut-être les principaux écrits de sa vie. Son style plein d'esprit est extrêmement approprié lorsqu'il s'agit de décrire les événements qui se sont déroulés dans notre réalité loin d'être idéale.



Le deuxième volume de son autobiographie est donc "Si mon temps m'était compté". Il raconte d'abord des événements des années soixante, lorsque Burgess a acquis une certaine reconnaissance en tant qu'auteur professionnel mais ne pouvait toujours pas gagner sa vie en écrivant des romans. Il travaille donc à la pige dans de nombreux journaux en tant que critique littéraire. Plus tard, toujours par souci matériel, il coopère dans le domaine du cinéma et du théâtre, offrant ses scénarios et ses partitions musicales. De nombreux projets verront le jour sous sa plume, mais en dehors de l’adaptation d’ "Orange mécanique" et du langage inventé pour "La guerre du feu" de J.-J Annaud, peu seront menés à bien. Sa plume s'est avérée un peu mince pour le dinosaure du box-office qu’était Franco Zeffirelli pour son "Jésus de Nazareth", ainsi que pour l'industrie cinématographique grand public dans son ensemble.



Burgess avait désespérément besoin d'une critique intelligente et bienveillante de la part de ses collègues. Il était prêt à les écouter pour améliorer son travail littéraire. De ce point de vue, je n'aurai rien à redire du grand intellectuel du XXe siècle, admirateur de Joyce et apologiste du libre-arbitre. Ses souvenirs sont parfaits.



"Si mon temps m'était compté", Grasset, Paris, 2000



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Mort à Deptford

Voilà un petit roman historique consacré à la vie de Christopher Marlowe (1564-1593), dramaturge élisabéthain qui le premier fit de Faust un personnage de théâtre. La lecture de ce livre d'Anthony Burgess procure tant de plaisir qu'on regrette beaucoup sa brièveté, à peine trois cent dix pages, mais cette brièveté est celle de la vie du héros, poète libertin, espion à ses heures et tant d'autres choses, trouvant trop tôt une mort violente. Comme les affiches de théâtre du temps, qui ne laissaient aucun doute sur le genre de la pièce et sur sa fin : tragédie, farce ou comédie, le lecteur sait d'avance le destin fatal du héros.



Burgess n'écrit pas une biographie de Marlowe, à l'oeuvre de qui il consacra sa thèse universitaire. Les renseignements historiques sont maigres, mais leur rareté permet au romancier de déployer son invention et sa fantaisie. D'abord, il fabrique un narrateur acteur de théâtre, et témoin, qu'il va dénicher dans les erreurs d'impression des Folios de Shakespeare. Il donne ensuite libre cours à la verve renaissante de son narrateur, s'amusant à mélanger le réalisme du roman contemporain, avec les discours sentencieux, à peine sérieux, des auteurs du temps. Cet habile tressage de l'archaïsme et de la modernité a un effet plaisant : il dépayse sans lasser, donne à goûter le temps d'Elisabeth sans trop imposer une langue et des pensées anciennes. La culture, les débats theologiques passionnés de l'époque sont rendus sans lourdeur et deviennent amusants.



Le temps de Marlowe est, selon les termes de la célèbre malédiction, "des temps intéressants" : guerres de toute sorte, violences quotidiennes et religion partout, un peu comme aujourd'hui. Notre héros, libertin comme Théophile de Viau, Giordano Bruno ou Molière, philosophe en fumant (on se souviendra de la grande tirade du tabac au début du Don Juan de Molière), écrit des pièces que l'on retient contre lui, et tâche de vivre du mieux qu'il peut, aussi longtemps qu'il peut, malgré les ennemis qu'il se fait. Il ne ressemble guère au tragique et génial Zénon Ligre, l'esprit libre de L'Oeuvre au Noir de Marguerite Yourcenar, ni à l'humble Nathanaël ou à Lazare, héros d'Un homme obscur et d'Une belle matinée. Burgess n'a pas la gravité ni le digne sérieux de la romancière française, ni sans doute son sens du tragique. Il choisit un point de vue extérieur au personnage et ne prétend pas pénétrer dans l'intimité de ses pensées. Il s'amuse et il amuse avec l'effervescence de la Renaissance anglaise, sans prêcher d'ennuyeux messages citoyens à la Rachel Kadish.



Pour finir, tout comme on remercie Masse Critique quand elle donne à lire un livre, que soit remerciée Madame Lama, célèbre Babéliote angliciste, qui sait aiguiser les curiosités et indiquer les bons livres.
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L'orange mécanique

Vous autres babéliotes , crichtez pas ! govoritez que pouic aux slovos slavo-slang du droug Alex , normal l'est un brin bezoumni du gulliver . ( ralez pas , vous ne comprenez rien au vocabulaire argot-slave du pote Alex , c'est normal il est un brin fou dans sa tête . )

Il était violemment fou , on l'a guéri , ce jour c'est un agneau ,donc un tendre agneau mur pour l'abattoir .... la vie est ainsi , si t'es bon , t'es marron ( c'est la morale capitaliste , la morale à Macron , Hamon , Fillon et Mélenchon , celle des 4 petits cochons pur porc )

Mais le livre ? il faut le lire , ça rigole jaune , c'est saignant mais classique ( dans la musique ) , et comme chez La Fontaine , c'est moral . C'est pas banal non plus .... moi qui lai lu et aussi vu , je vous le dis , en vérité , mes frères , faut l'avoir lu . II y a même , à la fin de l'ouvrage , un dico pour les nuls ( c'est à la mode les trucs pour les nuls , c'est sur ça vous plaira et en plus de ça vous pourrez jacter l'argomuche des banlieues US . Ça peut servir !
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Rome sous la pluie

Ce livre n'est pas "délicieusement drôle", car son héros n'a justement pas l'étoffe d'un héros. Il peine à finir son manuscrit, il se fait violer par un gang de féministes, sa copine part au bout du monde, et il n'est pas foutu de se rappeler si sa femme est morte.

Avec Rome sous la pluie, on ne s'ennuie jamais, surtout si on imagine Richard Burton à contre-emploi dans le rôle principal. Les situations extravagantes chères aux Anglais se succèdent dans une Ville éternelle pleine de malfrats et de pervers. Rien de fellinien dans ce délire, c'est très british dans l'humour et le style.

Des pâtes, de l'action, du chianti, de l'amour, des scooters, mais sous une pluie londonienne.
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L'Orange Mécanique d'Anthony Burgess

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The Mechanical Orange
The Clockwork Testament
A Clockwork Orange
Grapefruit and Orange

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