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Critiques de Anthony Trollope (235)
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Miss Mackenzie

Clairement ce roman n'est pas fait pour moi.

En général j'aime beaucoup les romans qui se déroulent à l'époque victorienne, et plus encore les romans de mœurs dont Jane Austen est une incontournable pour moi.



Mais si on reconnaît que l'humour anglais est présent dans ce roman je crois que le flegme anglais a eu ma peau.

Très sérieusement je n'ai pas beaucoup apprécié la fameuse miss MacEnzie, mais ce sont surtout les énormes longueurs et le rythme également très lent qui m'ont sans doute empêchée d'apprécier ce roman a sa juste valeur.

Et pourtant je suis habituellement friande de satyres socials.



Je remercie malgré tout Babelio et les éditions autrement
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Le Directeur (La Sinécure)

Le Directeur est un roman anglais publié pour la première fois en 1854 et j'ai trouvé qu'il avait un peu vieilli …

Alors que Monsieur Harding , homme d'église et directeur d'un hospice, coule des jours heureux respecté de tous , un "ami"( jeune docteur dans la petite ville ) , l'accuse de détourner l'argent qui aurait dû revenir aux vieillards indigents abrités par sa vénérable demeure. Aussitôt , neuf (sur les dix) vieux messieurs s'engouffrent dans cette lutte, pensant gagner 100 livres par an en plus . Le combat pour la justice du Docteur Bold enflamme la presse et monsieur Harding, homme doux et gentil ne supporte plus cette suspicion de malhonnêteté.

Nous autres lecteurs, suivons la lutte entre la conscience de ce brave homme et celle du clergé (qui n'en a pas , trop préoccupé de garder ses privilèges ) . Le fait que sa fille ainée soit mariée à l'archidiacre et que le père de celui-ci soit évêque, complique encore la donne et en fait également une histoire de famille.

C'est une histoire d'incompréhension, personne ( à part sa fille cadette ), ne soutenant la décision de Monsieur Harding ( à savoir sa démission ) , afin de rester " droit dans ses bottes".

[ " Huit cents livres par an ! Huit cents livres par an plus la maison, et sans avoir rien faire. le poste idéal pour lui. Et voilà qu'il y renonce pour un article écrit par un vaurien dans un journal ! "].



Alors que Anthony Trollope dénonce, se moque, parle du clergé, de la presse ( inspiré par un scandale qui défraie l' actualité ) et fait de Monsieur Harding son personnage principal , une Jane Austen en aurait fait sa toile de fond. Elle aurait davantage mis en avant l'histoire d'amour contrariée , entre le Docteur Bold et la fille cadette de Monsieur Harding, soulignant avec humour la position bancale de ce Réformateur . Elle aurait donné à cette histoire , de la nervosité , du suspens et un petit côté universel et intemporel qui aurait séduit les lectrices…

Ceci étant , le roman d'Anthony Trollope est plus politique, plus sociologique mais plus roboratif aussi… les histoires de clergé au XIX siècle n'intéressant plus grand monde aujourd'hui … Heureusement, l 'auteur a une plume ironique qui fait sourire bien souvent.

Il faut le prendre comme un témoignage historique et j'y ai appris pleins de choses ( composition du petit- déjeuner, diner à 16 heures afin de profiter de sa soirée …).



Un petit tour dans le passé, instructif , qui permet de bien se déconnecter de notre monde un peu trop speed parfois …





[ A noter , le petit plus de la maison d'édition Folio, qui publie à la fin : des renseignement sur l'église anglicane , ainsi qu'une frise chronologique comportant : la biographie d' Anthony Trollope, les faits historiques et ce qu'il se passait parallèlement dans le monde littéraire.

Merci à elle …)
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Quelle époque !

Quelle époque et quel pavé !

807 pages ...Il m'aura fallu une semaine pour venir à bout de ce roman, autant dire que j'ai été en totale immersion dans le monde que nous décrit Anthony Trollope.

Dans le Londres des années 1870, débarque un personnage mystérieux et sulfureux affublé d'une épouse et d'une fille unique . On croit savoir qu'il viendrait de Paris et qu'il est très riche mais il y a un hic : sa fortune soudaine ne serait pas acquise honnêtement.

Qu'importe ! Immédiatement, des hommes de la bonne société désirent s'associer avec lui, pressentant qu'il y a de l'argent à se faire sans rien faire ...

Car les jeunes gens que nous présente l'auteur, sont des héritiers, des rentiers , qui n'en "foutent" pas une, mais qui sont très doués pour dilapider le peu de fortune qu'ils ont , à leur Club, entre alcool et parties de cartes . Presque ruinés , ne pouvant payer leurs dettes de jeux, ils n' auront de salut que dans le mariage , à condition de tomber sur la bonne poire dotée d'une dot conséquente ...

Quelle drôle d'époque que celle-ci, et ses jeunes gens obligés de se marier pour maintenir leur train de vie , n'envisageant jamais le travail comme source de revenus .

Quelle drôle d' époque qui voit leurs pères préférant s'acoquiner avec ce Monsieur Melmotte, parce qu'incompétents en affaires, ils n'ont pas vu venir le piège de celui qui achète sans jamais payer , emberlificotant son monde par de belles paroles.

Quelle époque aussi, qui permettait à un écrivain d'écrire ceci : " Sa femme était grosse et blonde, une couleur qui n'était pas celle de nos juives traditionnelles ; mais elle avait le nez juif et les yeux resserrés des juifs".

[ J'avais déjà un truc identique dans un roman d'Agatha Christie ... ] .

Et même si après , il se fait pardonner, en dénonçant un homme qui refuse d'accorder la main de sa fille à un monsieur juif et qu'il dit de jolies choses sur la tolérance et le monde qui change , c'est choquant pour la lectrice du 21 ° siècle que je suis.

Bien sûr, il y a quelques longueurs , notamment sur les passages concernant les affaires et la politique ; bien sûr il y a quelques longueurs autours des histoires d'amours et d'argent , mais dans l'ensemble, c'est extrêmement plaisant et instructif.

J'ajouterais , que la langue est belle et les réflexions pertinentes dont une en particulier m' a fait sourire tant elle colle parfaitement à notre actualité "people/héritage ":

" Là-bas, la femme peut prétendre à avoir sa part des biens de son mari, mais ses biens à elle n'appartiennent qu'à elle. L'Amérique est assurément le pays des femmes... et , tout particulièrement, la Californie."

A QUE ... certaines personnes auraient été bien avisées de lire "Quelle époque !" Ils se trouveraient moins "démunis" aujourd'hui ...

Quand à moi, en refermant ce roman, je me suis demandé ce que Monsieur Anthony Trollope penserait de la notre, d'époque ...
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L'héritage Belton (Le domaine de Belton)

Encore une pépite de ce bon vieux XIXème siècle !

Et qui vérifie une fois de plus le proverbe "C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures".



La très belle plume d'Anthony Trollope sert ici une romance tout en passion et en sensibilité, et qui n'est pas sans rappeler l'excellent "Avec vue sur l'Arno" ; je gagerais que E. M. Forster s'est inspiré des amours de Clara avant d'imaginer celles de Lucy.



1860, Norfolk.

Clara est une jeune bourgeoise vivant avec son père à la campagne, dans la demeure familiale, le domaine de Belton. Comme souvent à cette époque, la loi et l'absence d'un héritier mâle contraignent le propriétaire à léguer son bien à son plus proche parent, déshéritant ainsi sa ou ses filles. Ici, c'est à William Belton, cousin de Clara, gentleman farmer énergique et déterminé, que doit échoir terres et manoir. La meilleure solution pour tout le monde serait que Clara épouse son cousin, encore célibataire, mais voilà, Clara n'est plus une toute jeune fille, elle a vingt-cinq ans, des habitudes d'indépendance et des sentiments qui depuis quelques temps ont pris pour orientation un autre homme...



J'ai dévoré ce très beau roman aux personnages principaux et secondaires très bien rendus, aux descriptions concises et efficaces et à la psychologie à la fois fouillée et accessible. Un premier contact avec cet auteur majeur de la période couronné de succès.



Très gros coup de cœur.





Challenge XIXème siècle 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017

Challenge ABC 2016 - 2017

Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge PAVES 2016 - 2017
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Miss Mackenzie

Après avoir successivement soigné son père puis un de ses frères, Miss Mackenzie se retrouve enfin libre à trente-cinq ans .

Enfin, "libre" , c'est vite dit...

On est dans l'Angleterre victorienne , et même si Miss Mackenzie , vient d'hériter d'une jolie fortune , elle ne peut pas, non plus, faire n'importe quoi avec...

Alors qu'elle n'est ni très jolie, ni très intelligente (dixit l'auteur) , et qu'elle a mené jusqu'ici une existante confinée, tout d'un coup les prétendants affluent . Qui choisira-telle entre le clergyman hyper intéressé ( qui a besoin d'elle pour acheter une cure ), son cousin veuf et désargenté ( qui a besoin d'elle pour renflouer le domaine et s'occuper de ses neuf enfants ), ou l'associé de son frère ( qui a besoin d'elle pour renflouer les caisses de son entreprise) , on peut dire que le choix est restreint...

Il n'est question que de raison, d'arrangements et bien-sûr, en aucun cas d'amour .

Alors même que son deuxième frère l'ignorait royalement du temps où elle jouait les gardes malades , lui et sa femme trouveraient totalement normal qu'elle se sacrifie pour subvenir aux besoins de leurs sept enfants ...

Son héritage est convoité méchamment de tous les côtés, chacun étant persuadé qu'il en fera meilleur usage que miss Mackenzie (forcément cruche puisque femme...) .



Malgré quelques longueurs et quelques lenteurs, Anthony Trollope nous dresse un portrait psychologique brillant de la place de la femme dans son époque . A trente-cinq ans, une femme est considérée comme une vieille fille si elle n'est pas mariée et n'a presque pas d'autres choix que de se placer sous la protection d'un homme ou de sa famille .

Le roman décolle vraiment dans sa deuxième moitié et l'on tremble à l'idée que miss Mackenzie se dépouille de tout, elle est si généreuse.

Un peu trop gentille pour la lectrice du XXI ° siècle que je suis . J'aurais préféré la voir un peu plus pugnace , un peu moins “brebis”, un peu moins “flottante” , Margaret va s'affirmer un peu plus vers la fin, et faire un choix.

Un choix dicté par la raison , par son milieu .

Beaucoup moins romantique que Jane Austen, Anthony Trollope nous propose une fin heureuse, certes, mais quand on gratte un peu , miss Mackenzie ne méritait-elle pas mieux ? Ne pouvait elle pas espérer mieux ?

Publié en 1865, ce portrait de (vieille ) fille de trente cinq ans , fait , aujourd'hui , assez froid dans le dos . On a de la chance de vivre dans notre siècle, voilà ce que j'ai pensé en refermant ce livre !



Ma première lecture était un emprunt en médiathèque, cette relecture fut un plaisir que je dois aux éditions Autrement et à Babélio, merci à eux...

Il y a des livres qu'on aime avoir "en vrai" dans sa bibliothèque ...



( PS: si quelqu'un peut insérer la jolie couverture des éditions Autrement, à la place de celle (vieillote) qui est sur Babelio... Merci:)
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La cure de Framley

Rendons hommage à ce grand romancier, dont chaque oeuvre nous enchante !

En plus, c'est un féministe !! Un féministe victorien ! Ca existe ! le seul romancier de cette époque capable d'écrire que la soeur du pasteur est plus intelligente que lui ! de montrer et de remontrer dans tous ses romans que l'éducation des garçons (c'est à dire leur non-éducation) est une catastrophe, et que tout repose, à cette époque, sur les femmes, les soeurs, les mères...Elévées à encaisser et à rattraper toutes les idioties de leurs "seigneurs et maîtres", comme le dit l'expression toujours ironique de notre auteur. Et de fait, il nous prévient dès le début : ses deux "héros" ne sont pas bien remarquables (le pasteur Robart et lord Lufton), mais leurs femmes, soeurs et mères, ah, ça, c'est une autre histoire. D'ailleurs, c'est surtout leur histoire : comment diable vont-elles faire pour se débrouiller de toutes les bêtises de ces deux zouaves.

Le pasteur Robarts et Lord Lufton sont copains d'enfance. La mère de Milord, Lady Lufton, vieille dame vénérable (environ cinquante ans ahahah...) très à cheval sur la morale, la religion et son rang, idolâtre de son fifils mais aussi au coeur tendre, prend en grande amitié Robarts et le nomme pasteur de sa cure à Farmley, son domaine, pour 900 livres par an, ce qui est énorme pour un pasteur débutant de 26 ans. En plus, elle lui fournit aussi une femme, plus intelligente et plus sage que lui, c'est plus prudent, la charmante Fanny, amie intime de sa fille. Tout cela s'arrange très bien, Milady aime faire le bien et qu'on lui obéisse. Mais Mark Robarts et Lord Lufton sont encore trop jeunes pour accepter de se soumettre complètement à l'ordre social et à la politique intérieur du comté du Barsetshire, où Lady Lufton, le baron de Chaldicotes, le duc d'Omnium, l'évêque Proudie (enfin, surtout sa femme) et l'archidiacre Grantly se mènent des guerres intestines à base d'élection de députés et de valeurs morales. Lady Lufton ne parle pas au duc d'Omnium etc...Lord Lufton aime les grandes fêtes et les chasses à courre du duc et du baron, Robarts aussi...D'ailleurs il désobéit à Milady et se rend à des réjouissances...Où il se fait pièger par le baron endetté...tandis que sa soeur, Lucy Robarts, tombe amoureuse de Lord Lufton et réciproquement, ce qui est apocalyptique car Milady voulait qu'il épouse une grande blonde (c'est une petite brune) en la personne de Griselda Grantly, la fille de l'archiduc...Pardon, de l'archidiacre.

Oh là là quelle horreur ! Que faire ??? C'est là tout l'enjeu de ce roman absolument charmant, délicieux et peuplé de personnages extrêmement drôles et pathétiques...On en redemande. D'ailleurs, je vais enchaîner bientôt sur les tours de Barchester !
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L'ange d'Ayala

Si ce roman , sorti en 1881, parle de mariages, il est question de jeunes gens, d'amour mais surtout d'argent...

Ayala et sa grande soeur Lucy, devenues orphelines et sans un sou vaillant, seront recueillies par le frère et la soeur de leur père.

La tante richissime prendra la plus jolie , Ayala, tandis que le frère qui vit chichement avec son épouse prendra la plus terne, Lucy.

Mais très vite, les deux soeurs seront malheureuses , tant la vie dans leurs familles respectives est différentes de celle qu'elles avaient chez leurs parents . Leur père était artiste et la recherche de la beauté est devenue leur éducation . Ayala , ne supporte pas le côté parvenu , et vulgaire de la maison de sa tante, se heurte à la jalousie de ses cousines, et rend fou d'amour , son cousin; tandis que, Lucy apprend l'économie domestique chez sa tante par alliance et n'en peut plus de raccommoder tous les après-midi... Aucune distraction ne vient jamais bousculer une routine toute routinière...

Insoumises, les deux soeurs, bousculeront fermement les projets que formeront leurs oncles et tantes ( et la bonne société ), pour leur avenir .

Anthony Trollope nous présente le mariage sous un jour moins romantique que Jane Austen. Etude sociologique un brin humoristique et sarcastique, il nous offre tout un panel de jeunes gens, garçons filles en âge de convoler.

Mon personnage préféré est de loin, l'oncle par alliance, richissime banquier , qui peste de se voir considéré par les prétendant de ses filles comme un distributeur automatique , un fournisseur de dot...

Bien sur , ce roman a pris de l âge , et comporte quelques longueurs...

je n'ai pas du tout aimé le personnage principal , Ayala, son romantisme . Sa façon de penser a bien vieilli.

Mais j'ai savouré la beauté de la langue (enfin de la traduction..) , son élégance et n'ai pas ployé un seul instant, sous le poids de ces 662 pages.
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Miss Mackenzie

Miss Mackenzie a trente-six ans dans les années 1860 en Angleterre. Après avoir soigné son frère, elle hérite de sa fortune au détriment de son autre frère Tom qui a une famille nombreuse.

Le noeud de l'histoire tourne autour des trois prétendants de Margaret Mackenzie, tous trois intéressés par sa fortune toute récente.

Tout cela se passe dans une époque où la religion est très stricte.

Dans la petite ville où elle réside, deux clans s'opposent : un plus libre et traditionnel où l'on commet la terrible mauvaise action de jouer aux cartes et l'autre appelé la basse église , les protestants, où le représentant est plus sévère que partout ailleurs.

Margaret essaie de rester neutre mais ce n'est pas facile et elle se préserve de ses prétendants car elle n'est pas dupe.

Elle tente aussi de garder un esprit critique.

L'intérêt du roman réside dans les intrigues qui se jouent autour de la "jeune" femme mais surtout dans le style d'écriture de l'auteur.

Margaret, est sympathique et généreuse. La lecture ne nous livre pas d'éventuels futurs maris très séduisants : nous devons nous contenter du strabisme de Mr Maguire , du crâne chauve de John Ball et du côté ordinaire de Sam Rubb.

Non seulement, Anthony Trollope nous décrit admirablement la société dans les années 1860 autour de Londres mais il écrit merveilleusement bien avec une traduction agréable et un humour très perceptible.

L'originalité du livre réside dans les apartés que l'auteur nous livre en faisant des commentaires sur ce qu'il écrit comme s'il était spectateur de son histoire et c'est un vrai régal!



Challenge pavés 2016-2017



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Miss Mackenzie





Anthony Trollope nous offre avec Miss Mackenzie un superbe portrait de femme. Cela pourrait sembler bien dérisoire, lu à notre époque. Que trouver dans cette célibataire, d’une irréprochable droiture morale, qui recherche l’amour alors que tout la pousse à un mariage de convenance ? Qui souhaite être libre de ses choix alors qu’elle doit respecter certains codes et usages de la société dans laquelle elle vit ? L’œil de Trollope n’a pas son pareil pour voir la mesquinerie, les faux semblants. L’auteur se joue de nous avec ses savoureuses réflexions en aparté sans jamais juger son héroïne.



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Le docteur Thorne

Le docteur Thorne a recueilli Mary, sa nièce , bébé , et lui a toujours caché les conditions de sa naissance .

Elevée dans la promiscuité des enfants de la respectable famille Gresham , avec lesquels , elle a partagé salle de classe et jeux , on peut donc dire qu'elle a reçu une éducation parfaite . Et c'est tout naturellement que le fils Gresham et elle, sont tombés amoureux.

Mais c'est une idylle que la mère du jeune homme , et toute la bonne société , ne voit pas d'un bon oeil , car Mary est de "naissance obscure" et sans le sou . Quand à Frank , afin de sauver le domaine familial ( comme on ne cesse subtilement de le lui répéter...) , il devra épouser "une fortune"...



Comédie de moeurs aux multiples portraits , ce roman souffre de quelques longueurs (dues à son grand âge ! ) , mais reste savoureux par la plume satirique de son auteur .

Quarante ans séparent Anthony Trollope ( 1815/1882), de Jane Austen (1775/1817) et cela se sent à d'infimes détails .

A partir du même décor ( la campagne anglaise du 19° siècle ) , et d'une intrigue (grosso-modo) similaire (le mariage ) , l'auteur adoptera un angle de traitement différent ; et cela tient aussi au sexe respectifs des auteurs .

Jane Austen dénonçait la position précaires des femmes.

L'aspect romantique est plus présent dans ses romans , plus exacerbé. Elle s'attache également plus à la description des toilettes de ces dames et de leurs physiques .

Anthony Trollope 's'en tamponne " un peu du physique et des toilettes ...

Lui , ce qu'il aime c'est l'humour et les affaires d'argent .

A travers son personnage du docteur Thorne, il nous invite à juger les gens sur ce qu'ils sont, ce qu'ils ont dans le cœur plutôt que sur leur fortune personnelle et leur acte de naissance ...

Sous couvert d'humour , il s'avère être un auteur d'une rare modestie : prenant à partie le lecteur, s'excusant par avance de sa méconnaissance au niveau des lois ( quand il met en scène des avocats et avoués), de sa façon de narrer un premier chapitre (qui démarre trop lentement ...) , nous prévenant qu'on a le droit de préférer à son héros, le Docteur Thorne, le jeune Franck, plus beau garçon ... Cet auteur nous fait sourire , fait de nous ses complices , là où d'autres auteurs font de nous, des spectateurs muets et passifs ... C'est une écriture très moderne .

Quand il raconte la rivalité entre médecins, il nous prévient que Molière aurait fait mieux que lui ...

Monsieur Trollope regarde le monde changer et nous invite à le regarder avec lui : le jeune Frank ne voit pas de honte à prendre "un vrai boulot " plutôt que de vivre en rentier .

[ " Mais si le monde change, il faut changer avec. On ne peut pas aller contre le monde ". ]



Je continuerai à explorer l'oeuvre de Monsieur Trollope, et j'ai du boulot , on parle d'une trentaine de romans sur babelio ...

- Même pas peur !

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Noël à Thompson Hall et autres nouvelles

Avant toute chose, je remercie chaleureusement Babélio et les éditions de l’Herne pour cet envoi, dans le cadre de l’opération masse critique.

Le livre est composé de quatre histoires de belle taille, elles font toutes une centaine de pages, soit 400 pages d’un beau papier bien épais

La taille des caractères est assez grosse, sans qu’on sache très bien si c’est dans un souci de confort de lecture (je confirme, c’est facile à lire, même le soir) ou si c’est pour donner à l’ouvrage une taille impressionnante.

Quelques jolies illustrations anciennes au fil des pages apportent une touche rétro à l’ensemble.



La première nouvelle, celle du titre, nous raconte une petite péripétie, sur un mode humoristique. Une respectable lady anglaise va commettre un impair à cause d’un cataplasme à la moutarde, et cela aura de lourdes conséquences…

On n’est pas ici dans de l’humour gras ou lourd, tout est subtil, léger, à peine énoncé mais on sent bien que les situations décrites sont loin d’être ordinaires et on ressent bien la stupeur des uns, le courroux ou la mortification des autres.



Les trois suivantes sont plutôt des romances un peu désuètes, bien écrites, pleines de bons sentiments, avec des héroïnes dignes et vertueuses, des jeunes hommes ayant des attitudes nobles et une fin heureuse, comme il se doit.



Anthony Trollope décrit les sentiments avec application, c’est parfois un peu redondant mais c’est agréable, car l’ambiance surannée des histoires s’accorde parfaitement aux thèmes choisis, ceux des amours naissantes ou contrariées et du respect que l’on doit à ses parents ou ses employeurs par exemple. Je rappelle qu’il s’agit d’un auteur anglais du 19ème siècle et donc, à l’époque, ce genre de choses était tout à fait appropriée, même si cela peut nous sembler aujourd’hui bien dépassé…



J’aime beaucoup le style de cet auteur, ça fait penser à des romans d’Elizabeth Gaskell pour la délicatesse des sentiments, à ceux de Jane Austen pour les petites pincées d'humour et à ceux de Dickens aussi, car le bien triomphe toujours en dépit de l’adversité.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture que j’ai savouré lentement, pour ne pas en perdre une miette.

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Miss Mackenzie

Première plongée dans l'oeuvre de Trollope avec Miss MacKenzie, roman majeur du XIXème siècle.

Etant depuis longtemps une passionnée de Jane Austen ou encore Elizabeth Gaskell, j'ai pris un grand plaisir à dévorer ce roman et je me suis retrouvée au côté de l'héroïne éponyme, Margaret, dans l'Angleterre de la fin du XIXème, traversant avec elle les différentes péripéties de ce livre.



En effet, le point initial de cette histoire est l'héritage dont bénéficie Margaret MacKenzie, alors âgée de trente-cinq ans suite à la mort de son frère aîné. Sa vie prend alors un tournant radical et les prétendants -hier peu nombreux- se multiplient dès lors...Margaret doit faire face à trois "véritables" prétendants, tous différents : Mr. Samuel Rubb Junior, l'associé de son frère, filou et cupide ; Mr. Jeremiah Maguire, un clerc dévoué mais avec un physique quelque peu rebutant, mais surtout Sir John Ball, le cousin de Margaret, pauvre et élevant un grand nombre d'enfants.

Finalement, après de multiples rebondissements, Margaret fera un choix capital en épousant (bien évidemment par amour) l'un de ces trois "gentlemen" et finira par être heureuse.



Ce roman constitue une véritable satire sociale, à travers des personnages antipathiques, comiques, cupides, bref, que le lecteur a du mal à apprécier, et Trollope dresse donc un portrait peu flatteur de la société de son époque, qui, est d'ailleurs largement valable aujourd'hui encore.



Bref, une très belle lecture qui m'a encore une fois enchantée, et que je conseille bien sûr à tous !



A lire !!
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Le Cousin Henry

Bien que j'aie pu apprécier par le passé plusieurs romans d'Anthony Trollope, j'avoue que "Le cousin Henry" m'a moins convaincue. Non pas que le roman ne soit pas parfaitement structuré selon l'un des schémas classiques du XIXème siècle mais plutôt parce que j'ai trouvé la narration répétitive. Or je suis vite agacée lorsqu'un auteur répète la même chose trois pages plus loin avec des mots légèrement différents, ça sent le feuilleton dans lequel il était nécessaire de rappeler les points marquants du chapitre précédent.



Indefer Jones est un vieillard conservateur un peu toqué qui a recueilli sa nièce Isabel pour être son bâton de vieillesse, faute d'avoir eu lui-même une descendance. De là vient d'ailleurs tout son dilemme. En tant qu'esquire et membre de la gentry anglaise, son domaine doit passer à sa mort à un fils aîné ou, à défaut, entre les mains de l'hériter mâle le plus proche. Ici, il s'agit de Henry Jones, le cousin d'Isabel. Ce jeune homme à la vie plutôt dissolue n'est qu'un choix par défaut, ce qui ronge le vieil Indefer qui affectionne sa nièce accomplie plus qu tout. Il projette un temps de les unir mais devant la résistance de la jeune fille, il renonce à ce projet matrimonial tout en continuant à se mettre la rate au court-bouillon, n'occupant son temps qu'à faire et refaire divers testaments, tantôt en faveur de l'un, tantôt en faveur de l'autre. La rate cuite à point, il casse sa pipe, laissant ses héritiers face à plusieurs documents plus ou moins reconnus ou cachés.



"Cousin Henry" est un roman entièrement centré sur la quête du vrai testament et des maladresses et magouilles du cousin Henry Jones qui cherche à tirer son épingle du jeu sans avoir les épaules et le cran d'un conspirateur. L'écriture est belle, rien à dire là-dessus, mais le récit, quoiqu'assez bref, traîne trop en longueur pour moi, l'auteur mettant un point d'honneur à décortiquer avec minutie et une subtilité certaine la psychologie de son protagoniste et les moindres pensées qui régissent ses moindres actes. Enfin, je reproche à Anthony Trollope d'avoir consacré beaucoup de place à Isabel en première partie de récit pour la délaisser presque totalement dans la seconde.





Challenge XIXème siècle 2020

Challenge RIQUIQUI 2020
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L'héritage Belton (Le domaine de Belton)

La situation des jeunes Anglaises au XIXe siècle n’avait rien d’enviable, surtout que le frère de Clara, a ruiné la famille. La tante qui s’est occupée d’elle décide de faire de son neveu son héritier, aux dépens de Clara.

Par chance, si l’on peut dire, Frederic Aylmer tombe amoureux d’elle et comme chacun sait, il n’y a d’espoir pour une jeune fille que dans le mariage (ou devenir institutrice, ou écrivaine, mais ce sont d’autres histoires).

L’auteur nous dépeint, avec conscience, une situation défavorable aux femmes. Sans oublier une note d’humour.

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Miss Mackenzie

Nous voici plongés dans un ouvrage typiquement anglais, au cœur de l'Angleterre Victorienne, écrit en1865, passionnant à découvrir!

Une vieille fille de trente cinq ans, Margaret Mackenzie,hérite de huit cents livres de rente et aussi de la liberté d'en faire ce qu'il lui plairait....

Bientôt, les prétendants se pressent.....

Désorientée,que va t- elle faire de sa vie?

Souhaite t- elle la vie d'une vieille fille fortunée?

Celle d'une épouse comblée ou non?

"Elle se croyait si insignifiante qu'elle n'avait pas le droit de s'attendre à l'amour".

"En vérité, elle se méprisait et s'estimait trop médiocre pour être aimée".

Le mariage serait- il pour elle le moyen ultime du bonheur?

Qui choisir parmi ses prétendants? Samuel Rubb, l'associé de son frère, un brin vénal, au plus malhonnête? À qui elle pardonnera d'ailleurs sa fourberie?

Le révérend Maguire dont la beauté manifeste est abîmée par un strabisme désolant?" Comment un homme doté d'un tel visage, d'un tel menton, et même d'un tel œil gauche pouvait - il être accablé par un tel œil droit?".....lui qui se révèlera cupide, menteur et mesquin....

Son cousin John Ball, veuf, de dix ans son aîné, père de nombreux enfants,amoureux surtout des affaires financières, " souillé" par les cours de la Bourse, soucieux de l'argent de Margaret?

Âme sensible, voire sentimentale, miss Mackenzie bénéficie d'une liberté dont elle ne sait que faire.

Elle s'installe à Littlebath, ville provinciale élégante, un lieu de résidence à la mode.

Elle se laisse conduire par un groupe religieux exalté mais rompt avec eux dés lors que sa liberté individuelle est amputée par leur fanatisme.

Miss Mackenzie offre un très beau portrait de femme, aspirant à la liberté intégrale: " une femme seule devrait être plus libre qu'une femme mariée de faire ce qu'elle veut".

" J'aimerais tant faire ce que j'ai envie"...dans une société corsetée où les femmes sont maintenues dans une minorité.....

L'auteur nous offre de beaux moments de comédie sociale, d'humour féroce , parfois désopilant!,de satire discrète, à travers des personnages cupides, antipathiques ou comiques, de savoureux portraits subtils, amusants ou sarcastiques, souvent empreints de cynisme.

L'âme humaine est décortiquée ainsi que les codes sociaux de l'époque si rigides et tortueux!

Un beau roman, en vérité,près de cinq cents pages réjouissantes, un style maîtrisant l'intrigue et la psychologie des personnages pourtant nombreux, ajouté à l'analyse fine du caractère de l'héroïne principale à qui il a fallu beaucoup de sang froid, d'intelligence et de sensibilité afin de déjouer tous les pièges tendus!

Un don d'observation acéré dans une société vouée au conformisme, au paraître et aux faux semblants!

Du grand art!

Enfin, ce n'est que mon avis!
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Le docteur Thorne

Je n'ai pas vraiment apprécié cette lecture et ça me semble d'autant plus dommage que c'est un grand classique de la littérature anglaise dont je connaissais l'intrigue : j'étais persuadée que j'allais beaucoup aimer ce roman.



Evidemment, c'est bien écrit et j'ai bien aimé les petites interventions de l'auteur qui commente ce qu'il écrit comme s'il n'était pas vraiment maître de la situation.



En revanche, les personnages m'ont semblé peu attachants. L'auteur porte un regard critique sur la société de son époque et ses personnages sont dépeints avec une bonne dose d'ironie, y compris ses personnages principaux.

Ajouté à cela des longueurs (des dialogue qui se prolongent, des descriptions comme on n'en a plus l'habitude, des considérations sur la politique, la société anglaise, etc) et j'ai fini par m'ennuyer...



Je suis vraiment déçue de ne pas avoir apprécié autant qu'elle le méritait l'histoire du Docteur Thorne.
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Les enfants du duc

L'argent ! L'argent ! L'argent ! le coeur de tous les romans de Trollope, l'obsession de tous leurs personnages, qui pourtant occupent des places privilégiées dans la société- et vivent exactement comme si les "pauvres" n'existaient pas. Comme Trollope n'est pas français, je ne parviens pas toujours à le déchiffrer, à comprendre la dose d'ironie, de critique, qui se cache sous ses propos toujours aimables, alors je vais me fier à ce que j'ai ressenti.

On nous présente des histoires d'amour, mais il ne s'agit que d'argent ! Money ! Il rend fous, malhonnêtes, les faibles, les sentimentaux, les sincères ; il rend brillants, hypocrites, déloyaux, les forts qui n'en ont pas mais en veulent ; ceux qui en possèdent sont des proies insouciantes, dont tous les rapports humains sont biaisés.

Le duc d'Omnium a trois enfants et vient de perdre sa femme : pour la première fois de sa vie, ce pair d'Angleterre et ancien premier ministre, dont la fortune se compte en milliards d'euros, doit s'occuper de sa progéniture, deux garçons et une fille. L'aîné, lord Silverbridge, héritier en titre, est un aimable jeune homme assez écervelé qui vient de se faire renvoyer d'Oxford (mais c'est pas grave, il est quand même élu député et siège au parlement à 22 ans !!!!!! Voilà le gugus qui vote les lois du Royaume-Uni !!! O my God...) Il est la proie de toutes les jeunes filles à marier du royaume, et particulièrement de Lady Mabel Grex, de beau sang bleu mais désargentée (ce qui n'est pas grave car c'est une fille) Lady Mabel veut Silverbridge, et pour cela elle est prête à renoncer au véritable élu de son coeur, qui est trop pauvre.

La fille du duc, lady Mary, est tombée, en Italie, folle amoureuse d'un ami de son frère Silverbridge, Frank Tregear, qui est un gentleman, mais n'ayant aucun revenu. Elle se moque bien qu'il soit pauvre, lui ne se moque pas qu'elle soit riche. Il veut l'épouser, elle aussi, mais le duc d'Omnium ne trouve pas ce mariage correct : il a trop l'impression que le jeune homme recherche sa fille pour ses milliards...J'ai eu tellement la même impression que j'ai détesté ce personnage d'un bout à l'autre...Pauvre Lady Mary...

Lord Gerald, le troisième fils, ne fait que des bêtises, mais on s'en occupe assez peu. Il y a aussi, pour pimenter le tout, une jeune américaine de toute beauté, miss Boncassen, petite fille de docker ! O my God ! Mais fille d'un éminent milliardaire en dollars...Ouf...Et distingué en plus ...Double ouf...

Les histoires d'amour s'enchevêtrent...Ces jeunes gens sont prêts à se demander en mariage au bout de cinq minutes...Puis de changer d'avis deux jours plus tard, ou à se laisser mourir plutôt que de ne pas épouser un bellâtre qu'elles ont vu deux jours en Italie (lady Mary)..Drôle d'éducation, drôle de conception...Les garçons sont légers et libres, ils veulent l'argent et la fille. Les filles sont dominées, enfermées, obligées de se marier ou de mourir socialement...L'argent aide. Mary n'aurait pas son Frank sans ses milliards. Si la fille fait un faux pas, alors gare. L'abîme est proche.

Finalement, je pense que sous ses atours légers, il y a beaucoup de tristesse et d'amertume dans le propos de Trollope, une immense connaissance de la nature humaine e de toutes les excuses qu'elle peut se trouver pour ses comportements égoïstes et sans pitié...Lady Mabel m'a bouleversée.
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Alice Dugdale

Alice Dugdale est un roman magnifique qui met en scène, une fois n'est pas coutume, un jeune homme. John Rossiter est le fils aîné du Pasteur Rossiter. Revenu des Indes, il représente un très bon parti. Lady Wanless qui a cinq filles à marier l'a bien compris et entreprend de faire tomber le jeune homme sous le charme de sa jolie fille Georgiana. Dans l'entourage du major Rossiter, une autre jeune fille attire John. Il s'agit d' Alice Dugdale, son amie d'enfance. La jeune fille, une des filles du médecin de la paroisse, n'a pas de fortune. Entre manigances et intrigues, John saura-t-il écouter son coeur?

Complètement conquise par la plume de l'auteur et cette belle histoire d'amour. J'ai trouvé très intéressant d'avoir le point de vue du jeune homme.
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Le Directeur (La Sinécure)

Premier tome de sa série sur le comté de Barset (qui est à Trollope ce qu'est le Wessex de Thomas Hardy), Le Directeur, publié en 1855 après trois autres romans au succès mitigé, se focalise sur les accusations de détournement des revenus d'une oeuvre de charité au profit d'un ecclésiastique.



Le directeur du titre, Septimus Harding, titulaire d'une petite cure près du siège épiscopal de Barchester, devient sur proposition de l'évêque à la fois chantre de la cathédrale et directeur de l'hospice caritatif construit et géré à la suite d'un legs datant du XVème siècle. Cette charge n'en est pas une puisqu'il s'agit d'une sinécure payée 800£ par an avec une belle demeure mise à disposition. M. Harding est tout sauf un homme âpre au gain. Bon, féru de musique, violoncelliste lui-même, disposé à apporter soutien et réconfort aux douze pensionnaires de l'hospice, quelle n'est pas sa surprise et sa douleur d'être dénoncé et fustigé comme profiteur d'une institution charitable au détriment desdits pauvres pensionnaires!



Anthony Trollope rebondit avec son roman sur plusieurs affaires de prébendes et bénéfices ecclésiastiques multiples, qui secouent l'Église anglicane depuis quelques années, certains ayant ainsi amassés via le cumul des charges des dizaines de milliers de livres (bien que datant du milieu du XIXème siècle, ce type d'affaires gardent une certaine contemporanéité avec les problèmes de cumul de mandats des hommes politiques).



De sa plume vive et ironique, l'auteur dénonce les excès du clergé d'État à travers les péripéties judiciaires et de conscience du pauvre Septimus Harding qui ne mérite vraiment pas tant d'affronts dans les éditoriaux du Jupiter (alias le Times). Et Trollope d'en profiter pour égratigner les éditorialistes qui font la pluie et le beau temps, descendent à coup d'articles venimeux politiciens, prélats, généraux, etc.



Le Directeur offre aussi une belle galerie de personnages dont il dépeint fort bien, avec la touche satirique qui va bien, la psychologie et les habitudes: le doux Harding qui ne brille pas par un dynamisme exacerbé et souhaite le confort et la paix tant matérielle que de l'âme (ce qui le rend au final héroïque de moralité), l'évêque bonhomme et incompétent, son fils archidiacre qualifié de dictatorial par son auteur (même s'il reconnaît que cette histoire n'a pas permis de voir les bons côtés de l'homme qui existent aussi en dépit de son autoritarisme arrogant), le docteur Bold idéaliste et prêt à mettre en branle un procès au nom des douze vieillards qu'il estime spoliés, etc. A noter que les femmes sont hélas peu présentes ni éminentes dans leur rôle. On peut juste noter que la fille aînée de Harding, mariée au fameux archidiacre, est la seule à se permettre de contrarier ses dires et à lui asséner qu'elle n'attend pas de lui qu'il reconnaisse un jour avoir tort...



Le Directeur n'est certes pas le plus palpitant des romans victoriens. Pourtant il possède d'indéniables atouts et qualités. Le style de Trollope en fait partie. Et à travers son récit, on découvre l'organisation du clergé anglican ainsi que la façon dont ses prérogatives et bénéfices commencent à être remis en cause. Merci aux notes en fin de volume qui éclairent diverses références à des personnages et affaires de l'époque décrite, inconnus au lecteur non anglais et non spécialiste du XIXème siècle britannique. Merci également à Folio pour son résumé de l'Histoire de l'anglicanisme et ses définitions des termes ecclésiastiques. La chronologie de la vie d'Anthony Trollope, mise en comparaison avec les divers événements de son siècle, tant historiques que littéraires, permet de mieux contextualiser son oeuvre et de mieux le situer parmi ses confrères et consoeurs écrivains comme Dickens (moqué d'ailleurs ici sous le nom de M. Sentiment Populaire qui sauta sur l'affaire de l'hospice de Barchester pour pondre un larmoyant feuilleton avec pauvres pensionnaires maltraités et directeur ecclésiastique vicieux, aviné et les doigts crochus de spoliateur crispés sur le magot détourné), Elisabeth Gaskell, Thackeray, etc.



Après cette première découverte de l'écriture de Trollope fils (puisque sa mère écrit également), je poursuivrai avec plaisir ses Chroniques du Barset, avant de voir d'autres pans de son oeuvre.
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Miss Mackenzie

S'il n'a pas le charme de tant d'autres auteurs victoriens Anthony Trollope est pourtant un auteur majeur de cette période. C'est un satiriste, à sa manière souvent corsetée. L'ironie n'est pas toujours très apparente mais elle est bien là !



Margaret Mackenzie est une "vieille fille" de 35 ans, qui jusque-là a mené une vie retirée et ennuyeuse. Elle a été garde-malade de son père puis d'un de ses frères. Les Mackenzie sont des aristocrates qui vivotent.



Contrairement à toute attente c'est elle qui hérite de la fortune de ce dernier. (Les héritages et l'argent en général occupent beaucoup d'espace dans les intrigues des romans de Trollope que je connais). Celle que tout le monde ignorait va devenir soudainement très désirable. Elle va faire l'objet de quatre demandes en mariage ! Elle qui n'a aucune expérience de ces choses va devoir faire preuve de caractère, ce qui n'est pas dans sa nature.



Elle ne sait pas sur quel pied danser... Au départ c'est un peu le dernier qui a parlé qui a raison. Elle souhaite se marier et n'est pas toujours assez claire dans ses refus. Un associé de son père, celui de son autre frère, plus jeune et fringant mais terriblement vulgaire à ses yeux, un clergyman atteint d'un strabisme prononcé et enfin son cousin John Ball, veuf et père de nombreux enfants vont se disputer ses faveurs.



L'univers de Trollope se veut rassurant. Même sur le bord de la déchéance (être obligé de travailler pour vivre) ses personnages font preuve de courage et de grandeur d'âme. Et d'un conservatisme social absolu, à l'image de cette chère Margaret incapable de se résoudre à prendre le thé en compagnie de sa logeuse, Madame Buggins, et de son nouveau mari !



Les tribulations de Miss Mackenzie m'ont réjoui pendant ce week-end de Pâques. Je reviendrais à Trollope. C'est un auteur prolifique mais j'ai l'impression que beaucoup de ses romans n'ont jamais été traduits en français.
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