AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Antonio Altarriba (163)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'art de voler

♫J'ai pas choisi de naître ici

Entre l'ignorance et la violence et l'ennui

J'm'en sortirai, j'me le promets

Et s'il le faut, j'emploierais des moyens légaux

Envole-moi, envole-moi, envole-moi

Loin de cette fatalité qui colle à ma peau

Envole-moi, envole-moi

Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots

Envole-moi

Pas de question ni rébellion

Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés

L'hiver est glace, l'été est feu

Ici, y'a jamais de saison pour être mieux...♫

-JJ Goldman- 1984 -

----♪----♫----🕊----Arriba España----🕊----♫----♪----



"Il a laissé 200 feuillets noircis de souvenirs, d'une écriture serrée -stop- Mais ce que je sais de lui je ne l'ai ni lu ni entendu-stop-

Je descends de mon père, je suis son prolongement -stop-avant d'être né je participais déjà en tant que potentiel génétique à tout ce qui lui arrivait-stop-

Je le répète, c'est parce que j'étais en lui ou peut-être avec lui, que je connais sa vie..." Stop ou Alt-Arriba España

Transsubstantiation, Transfert

Transformer l'auteur en son père !

Reconstitution Atmosphère Démocratie Arrogante et Autoritaire

Echecs, frustrations, humiliations, accumulations mortifères

Le témoin des traces que la vie a laissées sur son père...

Plutôt mourir debout que de vivre à genoux

A Gueret , agueri

En s'ancrant dans la terre

c'est le ciel qu'il atteignit

J'ai toujours été en lui

Tous les mots qui restent à dire, tout ce qui s'en suit

Je ne m'enfuis pas ... je vole

90 Ans l'heure de s'envoler

Mai 2001, le père s'est suicidé...

Edifiant !!! Histoire et ravages

Un Vibrant hommage au courage .👍

Commenter  J’apprécie          1141
Moi, fou

♫Le jour se lève et je ne vois

Que le silence aux horizons

Dans le jardin de mes enfances

Je crois qu'il est mort le pinson

Sûr ça ne sera pas rose

Mais les écorchés voleront...♫

-Les fils d'Artaud- Saez - 2012



Un beau jour ou peut-être une nuit

C'est beau la folie

Je suis fou comme une ficelle,

je me déroule, je m'emmêle.

Fuis devant le soleil

Quand soudain, semblant crever le ciel

Et venant de nulle part

Surgit un cerf en rut

Un vrai cauchemar

Balance ton quoi,

c'est quoi le but ?

Il avait les yeux couleurs de l'ennui

le génie est taxé de folie

Importance de la physionomie

DISTILLATEURS DE POISONS

Revenons à nos moutons

Dénonciation des Lobbies

se détacher du troupeau

Inventer des maladies

Pates aux logis

Citer Antonin Artaud

Normalité , degré zéro de la personnalité

Dorénavant ce sera comme avant

Les assassins on les tue...

Les fous on les suicide.

Van Gogh, le suicidé de la Société

La science pour elle avancer

Il lui faut de la témérité.



Edifiant !!!! à lire absolument;



















Commenter  J’apprécie          750
L'aile brisée

Ou la condition féminine ?

Second volet du dytique d’Antonio Altarriba sur ses parents en Espagne.

Cette fois-ci, il s’agit de sa mère Petra. La guerre est toujours là et la condition des femmes n’en est que plus dramatique. Toujours aussi poétique, engagé et une nouvelle fois illuminé par les dessins de Kim. Un très bel album !
Commenter  J’apprécie          520
Moi, menteur

Le thème central est celui du mensonge où les être humains sont assez rompus à l'art de mentir. Le mensonge s'aperçoit déjà dans les gestes et les comportements avant même de parler.



En effet, inconsciemment, nous sommes dans une position de méfiance. On se méfie de ce qui nous paraît assez bancal. On a un langage corporel qui nous trahit lorsqu'on procède à un mensonge car nos gestes contredisent nos paroles. Mentir en étant convaincant n'est pas à la portée de tous.



A noter que le domaine du mensonge s'applique spécifiquement à la politique dans cette BD maintes fois primée. Cela peut aller très loin dans la manipulation du peuple.



Je pense notamment au mensonge du dirigeant russe Poutine pour justifier la guerre en Ukraine à savoir une dénazification du pays et le fait de sauver les habitants des destructions opérées par le gouvernement démocratique de ce pays.



C'est fou comme cela peut fonctionner ce qui paraît très inquiétant. En cela, cette œuvre bénéficie d'une véritable force car transposable même si cela concerne en premier lieu la société espagnole.



Au final, une œuvre dense, noire et féroce mais parfaitement maîtrisée sur le thème de la communication politique.
Commenter  J’apprécie          502
Le Ciel dans la tête

Club N°55 : BD sélectionnée ❤️

------------------------------------



En 2017, l’artiste Chinois Ai Wei Wei réalisait un documentaire poignant sur la crise migratoire aux portes de l’Europe, Human Flow.



Depuis le sujet revient régulièrement dans la culture, et le nouveau film de Garrone traite une histoire très proche de cette bande-dessinée de Altarriba et Garcia.



La force de cette BD, c’est vraiment un parti pris graphique très particulier et assez unique, qui donne une force à l’histoire grâce à un trait et une utilisation du découpage très originaux.



A ce parti pris visuel, l’histoire de Kikofu passant d’esclave à enfant soldat, qui décide de fuir le Congo pour l’Europe et trouver l’Eldorado.



Des épreuves multiples le long d’un chemin éreintant, la mort, l’Afrique dans sa diversité, l’Europe décevante et une réalisation de l’importance des liens et des racines.



Un bel ouvrage.



Greg

------------------------------------



BD choc sur le parcours d'un jeune africain !



Terrible et malheureusement tellement vrai...



Le graphisme est superbe (quelle couverture !)



Clément

------------------------------------



Altarriba nous a habitué aux récits sombres et difficiles.



Ici encore un très bon exemple mais le coup de génie consiste à le faire dessiner par un dessinateur génial que je ne connaissais pas dans un magnifique style très épuré qui fait passer les atrocités de l'histoire mais elle finira mal de toute façon !



Benoit

------------------------------------



Superbe, glaçant... Magnifique !



Gwen

------------------------------------



Une histoire réaliste et tellement bien complétée et enrichie par un superbe graphisme.



Brigitte

------------------------------------



Le graphisme de l'auteur sert parfaitement le récit très noir de cet ouvrage.



Xel

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          442
L'art de voler

L’art de voler raconte l’histoire d’un espagnol au cours du XXe siècle. Cet espagnol est le grand-père de l’auteur, il y a donc un côté sentimental qui s’entrechoque avec l’Histoire de ce pays. Le graphisme est réaliste, en noir et blanc, purement narratif, mais qui se permet quelques rares envolées surréalistes pour les passages symboliques, en général, le graphisme reste au service du texte, tout en apportant le rythme et clarté. On découvre la jeunesse rurale pauvre, la guerre civile, l’émigration en France et le retour soumis au pays, et enfin la maison de retraite, et on découvre aussi les affaires comme les idéaux qui échouent. C’est une belle saga, sensible, et touchante, mais totalement désabusée, c’est surtout un récit du désenchantement, de l’espoir détruit, de la défaite de la vie, un récit profond et déchirant sur ce qu’était d’être espagnol au XXe siècle. On sent que les auteurs y ont mis leurs tripes, et ils nous donnent une vision de l’Espagne sincère et complète à la fois, et à travers elle, une vision malheureusement pessimiste de la vie. Il faut lire la postface qui enfonce le clou pour nous émouvoir encore un peu plus.
Commenter  J’apprécie          340
L'art de voler

La grande majorité des critiques concernant cet ouvrage sont positives. Poussé par mon entourage pour le lire et attiré par l’histoire (avec et sans majuscule), j’y suis allé franco (…). J’en ressors avec un sentiment mitigé.

C'est l’histoire d’une longue vie, le vingtième siècle vu par un espagnol d’origine rurale qui fuit sa prédestinée de paysan avide de terre, rejoint la ville (Saragosse) et se trouve imbriqué dans la grande Histoire de la guerre d’Espagne. Illusions, désillusions, pragmatisme, bref encore une fois l’histoire d’une vie. Cet ouvrage me chagrine sur trois niveaux:

- Sur la guerre d’Espagne, d’un côté c’est survolé du point de vue historique, de l’autre il manque quelque chose d’épique dans la narration pour nous embarquer pleinement.

- Sur le scénario : j’ai trouvé cela ennuyeux par moments, avec des longueurs qui font que les presque 220 pages auraient pu être réduites pour condenser le propos.

- Sur le dessin : j’ai été complètement hermétique au dessin froid, lisse, monotone, qui ne sert pas toujours le propos.

Reste quand même quelques moments intéressants d’un point de vue historique (par exemple les camps d’espagnols républicains en France, qui font froid dans le dos) et lyrique (le suicide du héros, à 90 ans, est une trame émouvante et mélancolique tout au fil du récit).
Commenter  J’apprécie          250
Moi, assassin

Très content de moi de n'avoir qu'emprunté cette BD.

Cela m'aurait fait mal de l'avoir acheté et de devoir la garder sur mes étagères sans même pouvoir la jeter de peur qu'elle ne tombe entre des mains trop sensibles.

J'avoue n'avoir pas pu supporter cette lecture que j'ai abandonnée malgré deux tentatives.

Trop de violence dans le dessin, dans le thème, dans l'art contemporain qui y est abordé (pourtant judicieusement), dans la pornographie gratuite.

Bref; Monsieur Altarriba, merci mais... non merci.
Commenter  J’apprécie          242
Le Ciel dans la tête

Il faut se préparer à cette lecture qui ne peut pas laisser indemne.

Nous suivons l'histoire et le périple de Nivek, un jeune garçon qui travaille dans la mine mais dont la vie vaut moins que le temps que l'on perd à le sortir de terre. Il sera ensuite enfant soldat, apprenti de sorcier, migrant.

Ses aventures sont variées et glaçantes, on a du mal à réaliser que, à notre époque, de tels écarts de civilisation peuvent se côtoyer d'aussi prêt.

Les vingt premières pages sont absolument terrifiantes et frappent le lecteur comme un coup de poing à l'estomac. Oui, ces choses là existent, il faut le dire, il faut le savoir.

Après ces pages qui auront ferré le lecteur, nous poursuivons le périple du jeune homme dans la jungle, la brousse, le désert et vers l'Europe...un voyage douloureux, terrible où les épreuves et les drames se succèdent. Tantôt terriblement réaliste, tantôt onirique, cette BD nous met face à de terribles vérités au fil de planches dont le graphisme est très intéressant. le trait est stylisé, avec une gestion très intéressante des lignes très nettes qui déforment les corps et les membres pour induire le schéma de narration mais aussi le poids d'un corps, le mouvement d'une chute ou l'emprise d'une poigne. S'ajoute à cela l'absence de perspective géométrique au profit d'une perspective morale et une multiplication des mouvement d'un seul personnage dans un seul dessin ou encore la fusion de plusieurs personnages en une seul composition. Le tout rappelle certains procédés picturaux exploités par le mouvement cubiste, influencés eux-même par les arts premiers.

Une BD magnifique, qu'il faut lire et faire connaitre..parce qu'il faut que personne ne puisse dire : 'je ne savais pas"
Commenter  J’apprécie          190
L'art de voler

Malgré son incipit inhabituel, le suicide d’un homme de quatre-vingt-dix ans, je crois que je m’attendais à un énième livre sur les héros malheureux de la Guerre Civile Espagnole. C’est un peu ce qu’est ce livre au premier abord, puisque le personnage principal, le père de l’auteur, a effectivement pris part à cette guerre, du côté de ceux qui seront vaincus. Mais l’apologie républicaine s’arrête là. Antonio Altarriba, le père, n’est pas un héros. Il a avant tout cherché à vivre et a, pour cela, accepté bien des compromissions, même si cela veut dire qu’il n’a que vécu, et n’a jamais vraiment pu voler. Après avoir passé la guerre mondiale en France, réfugié espagnol sans papiers, il s’est résolu à rentrer dans une Espagne dominée par ses ennemis d’avant, et à se couler dans le moule de l’Espagne franquiste et bigote. Il doit alors laisser tomber ses idéaux et sa morale, bout après bout, comme des pelures d’oignons qui s’effeuillent une à une et le laissent de plus en plus nu à ses propres yeux.

Figure tragique au sens grec, héros auquel rien n’est épargné et dont aucune décision ne peut mener au bonheur, cette vie de capitulations successives est transfigurée par le regard du fils écrivain, qui restitue le personnage dans sa complexité et sa douleur.

Même si le texte n’est ni particulièrement bien écrit, bien qu’il véhicule une émotion certaine, et même si les dessins sont de facture très classique, c’est une bande-dessinée à recommander, car elle fait entendre une autre voix des douleurs de l’Espagne au XXème siècle. Une voix qu’on entend peu, parce que bien peu glorieuse, mais la fierté ravalée est amère et ce libre fait entendre la voix d’une majorité silencieuse, malmenée et qui a besoin d’être réhabilitée à ses propres yeux, même si c’est de manière posthume.
Commenter  J’apprécie          190
L'art de voler

Antonio Altarriba évoque avec beaucoup de sensibilité l'histoire de son père; anarchiste, combattant antifasciste, épris de liberté mais qui fut enfermé plus souvent qu'à son tour. Du gamin né dans la campagne espagnole qui levait le poing lors des meetings de la CNT au vieillard infantilisé dans un home, L'Art de voler raconte toute une existence parsemée d'échecs tant personnels que collectifs. Une vie triste comme souvent.



Malgré un propos marqué par la désillusion, Altarriba ne sombre jamais dans le pessimisme. Tout au plus le propos se fait-il doux amer lorsqu'il relate les fait les plus dramatiques. On sent qu'il a écrit ce livre comme une thérapie et un hommage à la fois. Il décrit avec tendresse les moments de bonheur, les rencontres, les amitiés et les trahisons, le désespoir et les renoncements. Il n'y a aucun pathos dans ses descriptions.



Véritable roman graphique, L'Art de voler s'arrête sur tous les personnages qui acquièrent au fil des pages une véritable épaisseur psychologique. On s'attache à Basilio qui voulait être mécanicien, à Concha qui offre son corps pour punir un mari violent ou à Restituto le papy bricoleur.



Le texte est admirablement servi par les illustration du dessinateur catalan Kim, influencé par l'underground américain et dont le style graphique assez sombre et chargé convient tout à fait au propos.



Un livre qui nous rappelle à chaque page que ce qui fait l'humanité c'est la soif de liberté.
Commenter  J’apprécie          190
Le Ciel dans la tête

Pure merveille littéraire, graphique, et lecture choc !

Il y a des romans graphiques si extraordinaires que lorsque je les ramène à la bibliothèque, je me rends directement après à la librairie pour en faire l’acquisition. C’est rare, et c’est ce qui est arrivé pour “Le ciel dans la tête”.



Première page, toute noire, un mot : “Congo”. une petite illustration au trait ocre dans le noir, de la terre, des roches ou de la matère organique. Deuxième page, pareil, un trou bleu clair s’ouvre dans la petite illustration, troisième page, le trou s’agrandit et enfin quatrième page le récit commence, Nivek travaille dans une mine, il était enseveli sous la terre, son ami va le sauver. Là, la mise en page devient alors tentaculaire, on ne devine pas immédiatement qu’il s’agit d’une mine tant les enfants sont en âge de jouer aux châteaux de sable, un soldat en arme en bas de la page à gauche nous donne cependant un premier indice, en bas au centre deux mains se lient, comme un emblème d’entraide, qui va contraster avec ce qui suit.

On va découvrir dans les pages qui suivent immédiatement, un récit terrible, le graphisme utilise les mains, les pieds pour articuler la mise en page, des déformations les agrandissant, les corps s'allongent, dégingandés, secs et souples, c’est tout une chorégraphie qui accompagne l’horreur des mines du Kivu, avec des enfants esclaves, des enfants soldats, on découvre au fil des pages une économie de l’horreur, une religion guerrière factice, un rituel pseudo-magique pour embrigader les enfants, un mépris de l’humain, de la mort, de la vie, orchestré en arrière plan par des compagnies internationales sans scrupules.



Les vingt premières pages de cet album sont d’une dureté incroyable, scènes de viols, de meurtres, de cruauté. Le graphisme est fort, le trait est dur, les couleurs sont travaillées en aplats de couleurs intenses, les visages ressemblent à l’iconographie africaine, traits marqués, parfois juste des silhouettes, bras et jambes interminables. Chaque illustration est une icône, chaque mise en page est un univers, n’hésitant pas à changer la circulation de lecture, en harmonie avec ce qui est raconté dans la page, les rythmes changent, c’est chorégraphique, c’est aussi musical et mes autres sens sont aussi mis en éveil.



Nivek et Josef sont pris dans cet engrennage d’esclavage et de violence, ils vont parvenir à s’enfuir et vont tenter de gagner l’Europe. Les chapitres suivants s’appellent La Jungle, La Savane, Le Désert, Lybie… Une longue quête semée d'embûches, de violences, de tromperies, avec toujours ces illustrations évocatrices, emblématiques et d’une force incroyable. Voilà quelques jours que j’ai lu le livre, je regarde les illustrations, l’une d’entre elle me saisit, pleine page, je ne vous dirais pas laquelle, mais ma gorge se noue, les larmes ne sont pas loin, c’est encore plus violent qu’à ma première lecture.



C’est une lecture qui donne des émotions, qui provoque des réflexions sur le système économique du continent africain dont les grandes puissances mondiales sont les responsables, sur la gestion de l’immigration, une histoire de destin, d’espoir, très noire, poignante et très marquante.



Le ciel dans la tête est un livre époustouflant, d’une puissance rare, un monument.
Commenter  J’apprécie          153
Le Ciel dans la tête

Cet ouvrage est un très beau roman graphique qui m’a beaucoup émue. Les thèmes abordés sont violents et la lecture doit être faite par des lecteurs avertis ou accompagnés.



Le livre est divisé en sept chapitres, qui accompagnent Nivek tout au long de son périple du Congo vers l’Europe. Les premiers chapitres “Congo” et “La jungle” occupent près de la moitié de la BD et sont à l’extrême opposé en terme d’histoires et d’émotions ressentis. Dans le chapitre Congo, on suit Nivek dans son apprentissage d’enfant-soldat, “kadogo”, qui suit sa milice dans une guerre pour le contrôle des mines de coltan du sud Kivu. L’épisode est vraiment difficile et bouleversant mais nécessaire. On suit son évasion et sa rencontre avec le docteur Mukwege avant son départ vers le nord.



Le second chapitre au contraire permet de relâcher la respiration qu’on avait retenue tout au long du début et nous fait découvrir un monde qui propose autre chose que la destruction, l’agression, la violence. C’est vraiment un moment assez doux, avec des couleurs vertes plus apaisantes et un monde pygmée qui n’a pas encore été corrompu par la guerre et a su garder ses traditions vivantes, avec leurs qualités et leurs défauts.



Les chapitres ensuite s’enchaînent au gré des aventures de Nivek en remontant vers le nord, étonnement de plus en plus rapidement comme s' il y avait de moins en moins de possibilités et de rencontres au fur et à mesure qu’il se rapproche de l’Europe. C’est très efficace dans la dénonciation de ce système qui marche sur la tête où la cruauté s’instaure que ce soit au Congo, en Lybie, dans les bateaux des migrants parce que le monde, en particuliers l’Europe occidentale, ne sait pas être sobre et a besoin de plus en plus de matériaux qu’on veut acheter au plus bas prix créant ainsi des guerres, de la misère et des départs. Le monde ne sait pas mieux accueillir ces personnes ne cherchant qu’un refuge à la violence et l’expression de Charybde en Scylla est complètement adaptée à l’odyssée de Nivek.



En ce qui concerne le graphisme, les dessins m’ont beaucoup marqués. Ils sont très stylisés avec des membres très allongés et ils m’ont fait penser à Guernica dans l’enchevêtrement de la représentation de la guerre et de la violence. Les dessins mettent vraiment la boule au ventre et servent magistralement l’histoire. La liberté du trait, la mise en avant de certains éléments en les faisant transgresser les cases permet de vraiment transmettre avec beaucoup de force les différentes émotions. Le jeu des couleurs sert aussi très bien le propos et est très adapté à l’histoire.



Une très très belle découverte, mais très dure aussi.

Commenter  J’apprécie          150
Le Ciel dans la tête

Sauvé d'un éboulement de mine par un compagnon, il doit devenir enfant-soldat pour survivre. Recueilli par une ONG puis assistant d'un sorcier ou encore esclave combattant à mains nues et à mort, Nivek affronte la sombre réalité avec courage et dignité, tout en gardant une lueur d'espoir qui s'éteindra une fois arrivé sur le vieux continent



Quand le meilleur scénariste espagnol s'associe à l'un des talents majeurs de la BD ibérique!



Après L'Épopée espagnole avec Kim et La Trilogie du Moi avec Keko, Antonio Altarriba aborde un nouveau volet de son œuvre en s'unissant à Sergio Garcia, maître des formes, pour tracer un portrait renversant de l'Afrique, de ses splendeurs et ses horreurs.



Cette collaboration marque une nouvelle étape dans son parcours.



Avec la même puissance que dans ses livres précédents, il s'attaque aux sujets très actuels de la traite des êtres humains, de la mise en coupe du continent africain, de la cécité avide d'un Occident pourvoyeur de chimères et de promesses non tenues, qui entretiennent le chaos global. Il affirme aussi que la cupidité et l'affairisme sans limites ne viendront jamais à bout de la beauté du monde.



Qu'il souffle ailleurs un vent d'aventure et de transcendance que notre continent recroquevillé sur l'hystérie sécuritaire ne connaît plus. Que rien ne peut tuer les rêves d'une vie meilleure. Et que les bourreaux ne sont pas toujours ceux que l'on croit.



Âpre, violent, perturbant, le récit est d'une force et d'une dureté incroyables. La partie graphique de Sergio Garcia Sanchez et Lola Moral accentue cette puissance dramaturgique en y insufflant un souffle presque mythologique.
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
Commenter  J’apprécie          140
Moi, assassin

Sujet intriguant ... mais la lecture est dérangeante, sentiment de malaise face à cette histoire qui laisse une arrière goût nauséabond. C'est certainement l'effet recherché par l'auteur, mais je suis au final déçu!

Commenter  J’apprécie          140
L'aile brisée

L'aile brisée ou la vie d'une fille non désirée, sous l'Espagne franquiste.



Cette biographie présente un témoignage de la condition des femmes et de la vie dans une Espagne qui cherche son homme fort. Mais surtout, le scénariste rend hommage à sa maman de la manière la plus touchante qui soit : il dresse minutieusement son parcours, de sa naissance chaotique à la fin de sa vie dans un couvent. Le choix du fils est découper sa vie en fonction des hommes qui l'ont pour ainsi dire gardée sous leur aile, elle qui en manquait pour s'envoler.



Les dessins en noir et en blanc dont les traits sont nettement marqués, permettent de voir de nombreux détails, notamment les métamorphoses des visages. Le rythme d'une vie s'écoule donc naturellement, sans narration préalable.





Commenter  J’apprécie          130
L'art de voler

Magnifique mise en images du récit de la vie d'un vétéran de la guerre d'Espagne.



Publié en 2009 en Espagne et traduit en 2011 en français, ce roman graphique d'Antonio Altarriba, dessiné par Kim, avait l'air suffisamment intéressant d'emblée pour que je l'offre à une amie chère et férue de guerre d'Espagne, sans l'avoir lu. C'est maintenant chose faite, et je ne regrette donc pas : l'histoire est magnifique, quoique dure à plus d'un titre, et la mise en images est somptueuse.



Issu d'une histoire vraie (le suicide, à 90 ans, du père de l'auteur, vétéran de la guerre d'Espagne qui se jeta du quatrième étage de sa maison de retraite), le récit n'a pourtant rien de sordide, mais éclate d'un réalisme cru, dans lequel apparaîtront, tour à tour, la rudesse presque sans espoir de la vie campagnarde espagnole des années 1930, l'aveuglement populaire face au coup d'état franquiste, le comportement davantage qu'honteux des autorités françaises vis-à-vis des réfugiés républicains en 1939, les ambiguïtés de la survie en France en temps de guerre, les désillusions de l'après-guerre et les innombrables compromissions avec le régime, une fois de retour au pays,...



Il fallait cette mécanique précise et parfois rêveuse pour faire apparaître l'acte final comme une forme rare de délivrance poétique, avec la bienveillance éclairée du fils-auteur - qui ne pouvait se délivrer d'une histoire pareille qu'en l'écrivant, en BD pour transmettre mieux encore le caractère imagé de toutes les confidences paternelles recueillies par oral...



Dur et superbe, donc.

Commenter  J’apprécie          130
L'épopée espagnole - Intégrale

L'épopée espagnole est une intégrale regroupant les deux biographies de l'auteur espagnol Antonio Altarriba. Le premier récit "L'art de voler" est la vie de son père tandis que le second " L'aile brisée" et celui de sa mère.

L'histoire se déroule principalement en Espagne entre les années 1910 et le tout début des années 2000.

Son père a grandi à la campagne mais rêvait de la ville et des voitures. Il fera la guerre d'Espagne, sera un réfugié à la frontière française et subira l'occupation allemande, avant de finir par retourner en Espagne malgré la dictature de Franco et son passé anarchique. Il apprendra à taire ses convictions pour trouver du travail et fonder une famille.

Sa mère quant à elle a très mal débuté dans la vie. Sa propre mère est morte en couche et son père, violent, a voulu la tuer à la naissance. Elle ne doit sa survie qu'au dévouement de sa grande-sœur mais si elle gardera un handicap toute sa vie de ce tragique épisode. Elle reste malgré tout au service de son père alité jusqu'à son décès, elle partira alors à Saragosse et deviendra gouvernante chez le capitaine général Juan Bautista, royaliste convaincu.

Les parents d'Antonio Altarriba n'ont vraiment pas eu une vie facile, ils ont vécu dans une époque de guerre, de dictature et de privation. Ils sont restés malgré tout des gens respectables et travailleurs qui savaient rendre service. Cet épais volume de 500 pages dresse un portrait de ce siècle espagnol, pas toujours reluisant mais qui sonne juste. Une mémoire du siècle passé qu'il est bon de ne pas oublier.

Le dessin en noir et blanc de Kim est efficace et expressif. Il n'oublie pas les nombreux détails du quotidien et fait vivre les arrières plans pour une meilleure immersion quelques dizaines d'années en arrière.
Commenter  J’apprécie          110
L'art de voler

Un roman graphique poignant et foisonnant.



Pourquoi se suicider à l'âge de 90 ans, si tardivement ?

Antonio a grandi au sein de la campagne espagnole, près de Saragosse, peu avant l'avènement du franquisme.



Il s'est construit au milieu des querelles de clochers (en l'occurrence de lopins de terre) qui tournent souvent à l'absurde.

Son père, un pauvre agriculteur aux mœurs rurales bien ancrées, se montre d'un esprit peu ouvert. Le seul avenir qu'il puisse envisager pour ses fils est la continuité de son activité. Il n'est pas question de permettre à l'un d'eux de rêver à une autre destinée.

A plusieurs reprises, Antonio tente de fuir cet environnement dans lequel il ne trouve aucunement sa place. A plusieurs reprises, il se rend en ville, empli de l'espoir d'un avenir meilleur. Mais ses rêves ne sont que désillusions et il essuie de nombreux échecs.

Son retour au village n'en est que plus douloureux, au vu des railleries paternelles et des villageois qu'il doit subir.



La guerre civile espagnole éclate et Antonio y prend part. Il y développe ses idées d'anarchistes et combat aux côtés des antifascistes.

Il se rendra en France en tant que réfugié républicain, sans papier. Une période là aussi très difficile, à la limite de la survie.

Mais finalement, il trouve refuge au sein d'une famille d'agriculteurs et il vivra des moments heureux.

Lui qui fuyait la vie agricole, aura trouvé ses instants de bonheur pendant cette période grâce à un paysan qui aime la terre et la respecte.



De retour en Espagne, il est contraint d'abandonner ses idéaux pour se plier aux règles du régime franquiste. Il se range et épouse une femme dont il a un enfant. Il mène une vie qui devient très vite monotone et sans plaisir. Il parvient à faire vivre sa famille grâce au travail qu'il exerce dans une biscuiterie.

Mais c'était sans compter la trahison d'un collègue qui le mène à la faillite. Il a tout perdu, son travail et son appartement.

Il vivote avec des travaux ingrats qui leur permettent à peine de se nourrir, lui et sa famille.

Cette épreuve l'éloigne d'autant plus de sa femme, avec qui il n'a jamais réellement eu de complicité. Cette distanciation les mènera jusqu'au divorce.

Cette séparation le conduit à intégrer une maison de retraite où Antonio ne trouvera jamais l'apaisement, si ce n'est le jour de sa mort.

Il prend enfin son envol vers un ailleurs dont il a tant rêvé et qu'il a toujours manqué jusqu'à présent.



Si vous vous attendez à une fresque historique de l'Espagne du XIXème siècle, passez votre chemin. L'auteur s'est bel et bien focalisé sur la vie de son père, dont il a été acteur de certains événements politico-historiques. Nous sommes bien en présence d'une histoire dans l'Histoire.

Je mets un bémol au graphisme dont les traits ne m'ont pas beaucoup plu. Ils manquent, selon moi, de précision et de netteté. Si le choix du noir et blanc peut paraître judicieux, les dessins sont trop denses, massifs et donnent une sensation de fouillis voire d'étouffement.
Commenter  J’apprécie          110
Moi, assassin

Cette bande dessinée relate l'histoire d'un professeur d'histoire de l'art qui enseigne dans une université espagnole. Depuis plus de 25 ans, il profite de ses missions pour tuer des personnes par hasard en ne suivant jamais la même méthodologie. Selon lui, "Tuer est un art".

En lisant cette bande dessinée, j'ai eu la même impression qu'en lisant Dragon Rouge ou le Silence des Agneaux de Harris. Le personnage principal est un assassin, plutôt méthodique, intelligent et d'une certaine manière "artistique". Oui mais voilà, il s'agit d'un tueur et même si ce type est horrible, on ne peut s'empêcher d'avoir de l'empathie pour ce personnage (l'auteur est quand même sacrément machiavélique envers son lecteur!). Rien de plus culpabilisant donc! C'est une bande dessinée saisissante mais dérangeante, dans laquelle on ne s'ennuie jamais. Les dessins sont en noir et blanc : seule la couleur rouge transparaît parfois au fil des pages (sang, rose, pomme, etc...). Il s'agit pour moi d'une grande réussite car elle m'a permis de m'immerger complètement dans l'histoire.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Antonio Altarriba (850)Voir plus

Quiz Voir plus

Horace McCoy

Le Fauve en liberté (Kiss Tomorrow Goodbye) est un film américain réalisé par Gordon Douglas en 1950, d'après le roman intitulé:

Adieu poulet
Adieu la vie, adieu l'amour...
Adieu vive clarté

7 questions
17 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , roman noir , littérature américaine , adapté au cinéma , adaptation , cinema , hollywood , horaceCréer un quiz sur cet auteur

{* *}