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Critiques de Antonio Tabucchi (285)
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Nocturne indien

Roman de nuit par hasard qui me rappelle nul balthazar. « La nuit je mens » et je pense à Bashung. La nuit je mens. La nuit je me mens. Je me vois mal, je me vois bien. Je me traîne dans les rues et je pense à toi, à moi. À nous quoi. Que je me cherche au fond du ventre de la terre ou de la misère, tous les hôtels se rappellent de moi le passant ordinaire. J'ondoyais dans un temps de mémoire qui me trace comme un air fugace, enveloppant d'un anonymat d'hôtel international. Je voyage entre les êtres, peu m'importe les lieux tant qu'ils se mélangent dans ma tête et qu'ils me laissent voguer au gré des écrits piochés dans les Livres voyageurs de l'univers. Et me laissent t'entrevoir. Pour m'entrevoir dans ton regard. Belle soirée ? Oui une belle nuit ! Je vous attendais.

« Je pars demain. »

« Déjà ? »
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Pour Isabel : Un mandala

Antonio Tabucchi (1943-2012) acheva l'écriture de Pour Isabel peu de temps après celle de Requiem, en 1996. Les deux romans magnifiques se font écho. Tabucchi publia Requiem (en portugais) de son vivant en 1996 et donna des instructions afin que Pour Isabel paraisse après sa mort (2013) comme s'il voulait nous envoyer un petit signe lumineux depuis l'au-delà.

Requiem se compose de neuf chapitres qui correspondent aux neuf épisodes de la liturgie du requiem. Pour Isabel se compose également de neuf chapitres qui suivent les neuf cercles successifs du mandala. Un mandala est un dessin cosmique circulaire composé de neuf cercles de sagesse qui se resserrent progressivement autour de ce qui recherché.

Waclaw Slowacki alias Tadeus, personnage de Requiem est-ou était- un écrivain. Il prétend en plaisantant venir de Sirius, Constellation du Chien . Il cherche à établir les conditions exactes de la disparition d'Isabel, la femme aimée autrefois au Portugal, à l'époque de la dictature de Salazar. L'enquête débute à Lisbonne auprès de Monica une amie d'enfance qui suggère qu'Isabel est morte en prison mais la vieille nourrice la contredit en expliquant à Tadeus qu'elle s'est enfuie de la prison, sous une autre identité. Des rumeurs prétendent qu'elle était enceinte. Peut-être de Tadeus. L'enquête nous emmène alors à Macao, dans des grottes dédiées au poète Camoes avant de revenir en Europe dans les Alpes suisses chères à Hermann Hesse puis de finir en Italie en compagnie de Dante. En tout il y aura neuf témoins, hétéroclites.

Au début l'intrigue paraît réaliste et témoigne comme dans Pereira prétend des luttes clandestines , de la violente répression et des disparitions de jeunes gens non élucidées sous Salazar. le voyage dans le passé n'est cependant pas triste du tout, on écoute du jazz en buvant des cocktails élaborés par de bons barmen, du Porto blanc, de l'absinthe, breuvage interdit ; on pêche des grenouilles qu'on déguste à la provençale, de délicieux plats portugais ; on sourit aussi beaucoup. Très vite comme dans Nocturne indien, l'enquête sur Isabel a priori réaliste se double d'une quête intérieure à la fois spirituelle et poétique. Les lieux deviennent imprécis, les témoignages sont de plus en plus brouillés, opaques ou sibyllins comme dans un rêve éveillé . le narrateur s'avère être aussi insaisissable qu'Isabel. Il n'impressionne plus les pellicules polaroïds. le Temps s'efface. Des personnages romanesques apparaissent : Magda ou Xavier de Nocturne Indien, un prêtre et un lama extravagants, un poète européen vêtu de blanc comme un fantôme. On en arrive au dernier témoin du dernier cercle. Moment magnifique qui rappelle Dante retrouvant Béatrice.

« Il est temps de rentrer, dit-il, la recherche est terminée. Il s'accroupit et souffla sur le sable. le cercle s'annula ».
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Requiem

Requiem (1991) est un formidable et savoureux voyage à Lisbonne entre réel et imaginaire que l'Italien Antonio Tabucchi (1943-2012) a entièrement écrit en portugais. Il n'est pas nécessaire de connaître Pessoa ni son oeuvre pour prendre plaisir à lire ce livre.

L'histoire se déroule par un dimanche de juillet sous un soleil de plomb à Lisbonne. le narrateur attend quelqu'un sur le quai. Un grand poète, mort depuis longtemps. Celui-ci lui a donné rendez-vous à douze heures, mais peut-être s'agit-il du soir car c'est l'heure où apparaissent les fantômes. Alors le narrateur se rend dans le jardin à côté…

C'est peu dire que ce roman m'a plu. Il n'est pas réaliste du tout, il appartient au monde flottant comme disent les Japonais dans lequel les fantômes du passé viennent rendre visite aux vivants. Avant de rencontrer son poète, le narrateur, un Italien, déambule en suant à grosses gouttes dans des lieux qui existent vraiment et qu'il adore tant il prend plaisir à en dresser la liste. Il vous donne une envie folle de vous balader autour du quai d'Alcantara, la gare maritime d'où sont partis les grands navigateurs, de vous rendre au Musée d'art ancien admirer les détails de la Tentation de saint Antoine de Jérôme Bosch, de parcourir le cimetière etc. le narrateur rencontre en chemin des personnages très modernes : un jeune drogué en manque, un chauffeur de taxi clandestin, une vieille prostituée obèse, une vieille gitane qui vend des fausses et des vraies chemisettes Lacoste, un ancien barman du Harry's bar parisien etc. Beaucoup d'Alentejans. Ce sont tous des passeurs qui vont lui ouvrir la porte des songes. Il pourra revoir son père mort d'un cancer du larynx, se taper un sarabalhoà moda do Duoro avec son ami Tadeus, tenter de trouver auprès d'eux un réconfort à son intranquillité ou bien chercher des réponses aux questions qui le hantent depuis leur disparition. Et, à chaque fois qu'il rencontrera un spectre, il savourera un plat. A la fin, c'est dans un prestigieux restaurant qu'il pourra enfin déguster un merveilleux Porto 52 conquis de haute lutte, en compagnie de ce poète prestigieux, disparu depuis longtemps dont il est le biographe.

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Pereira prétend

Le premier Tabucchi que j'ai lu m'a enchantée: c'était "Nocturne indien". le second m'a emballée: c'est "Péreira prétend", tellement différent, et pourtant lui aussi un petit miracle d'écriture, plein de finesse, d'humour et de pénétration!



Le premier personnage, c'est Lisbonne! Lisbonne l'atlantique avec ses vents violents , ses brumes marines, son soleil éclatant et ses couleurs décapantes, Lisbonne avec ses rues en pente, son tramway acrobatique, son port plein d'odeurs salines et ses marchés colorés, sa vie pétulante et pourtant sous étroite surveillance policière ..Lisbonne, une belle frégate arrimée, une cavale bridée, une ville arraisonnée...On est sous le régime de Salazar...



Lisbonne, Pereira y vit, chroniquant, dans le journal Lisboa, la page littéraire, avec une scrupuleuse minutie, et une cécité tout aussi scrupuleuse au contexte politique...Sa grande spécialité, ce sont les chroniques funèbres, les hommages aux écrivains défunts, ou menacés de l'être....



Car le monde de Péreira est mort: sa femme, au portrait de laquelle il se confie à voix haute, dans l'appartement bien rangé et solitaire, ses écrivains -pas tous morts, mais déjà prêts à l'être, empaquetés dans leur élégie funèbre de circonstance..Et surtout lui, Pereira, qui économise ses plaisirs et ses émotions, avec la prudence d'un grand vieillard.



Il est un de ces petits fonctionnaires ternes et obéissants qui sont les rouages bien huilés de toute dictature.



Et un jour, un grain de sable vient enrayer toute cette belle mécanique: Pereira contacte, sans bien savoir pourquoi - une sorte de brusque surgissement de son moi profond - un jeune thésard , Monteiro Rossi, aux idées contestataires...et avec cette rencontre, peu à peu, va se fendiller la carapace d'indifférence, de fausses certitudes et de craintes pusillanimes que Péreira prétend dresser entre lui et le monde, mais qu'il a surtout érigée entre lui et sa conscience..



Ponctué par le leit-motiv "Péreira prétend" le désordre nouveau -j'aime bien...- va miner , saper, corrompre, détruire la petite vie sans histoire, la petite histoire sans vie de notre héros..



J'ai adoré ce récit, drôle, tendre, réaliste et critique, servi par un style parfait- un vrai conte philosophique!



J'aurais aimé le lire en italien...je le ferai peut-être un jour: sostiene Pereira...



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Pereira prétend

Un livre qui m’a fortement surpris. Je n’ai pas eu l’impression de lire un livre des années 90. Tant l’histoire que le style m’ont donné l’impression d’un texte écrit dans les années 60 ou 70 au plus tard. A l’exception de cette formule « Pereira prétend », un peu incongrue, qui donne un statut ambigu au texte (déposition, témoignage, propos rapporté) ainsi qu’au narrateur (un policier, un journaliste comme Pereira, l’auteur Antonio Tabucchi ?) En fait, à la fin, on se dit que c’est sans importance, mais ce procédé narratif a permis d’instiller un climat de lecture adapté au contenu. L’histoire se passe à Lisbonne en août 1938. Pereira est journaliste littéraire, veuf d’un certain âge, catholique, peu informé sur la politique. Mais insidieusement le monde extérieur avec l’Estado Novo, la dictature de Salazar, avec la guerre d’Espagne de l’autre côté de la frontière, entre dans sa vie et ce petit bonhomme falot a la vie insipide. Et tout doucement la conscience de ce personnage pétri de petites habitudes et de certitudes s’éveille, au fur et à mesure qu’il réalise que sa conception du monde perd tout son sens dans le monde la dictature de Salazar. Au fil des pages l’oppression de la dictature se fait plus perceptible. Ce roman plutôt court a une allure de fable, un côté intemporel, et son écriture est très fluide tout en rendant parfaitement la chaleur de l’été, parfois aussi pesante que le régime. Pour moi ce fut une jolie découverte !
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Nocturne indien

Nocturne indien, c'est l'anti-Shantaram... et Tabucchi est à peu près aussi éloigné de Gregory David Roberts qu'un stylite sur sa colonne d'un baroudeur de Lonely Planet!



Amateurs de dépaysement exotique, d'Indes galantes ou épicées, passez votre chemin!



Voilà un voyage sans but - un ami qu'on cherche ou qui vous cherche, on ne sait plus- sans "regard" touristique ou même curieux sur le pays, les villes pourtant célèbres -Calcutta, Goa, Bombay sont traversées, jamais décrites..



C'est plutôt un sorte de voyage intérieur avec pour guides les écrivains -Pessoa, Swedenborg, Hugo-, et, pour thème, la disponibilité quasi surréaliste à la surprise, à la rencontre, à l'opportunité du moment.



On se laisse donc porter par cette écriture libre, ce propos décousu,, cette vacance absolue...et alors vient à notre rencontre l'Inde rêvée ou réelle - pas l'Inde des prospectus ni l'Inde des aventuriers...



Une Inde secrète, personnelle,intérieure: une Inde nocturne...un nocturne indien..
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Le temps vieillit vite

« Le temps vieillit vite » (Il Tempo Invecchia In Fretta) est un recueil de neuf nouvelles écrit par l'italien Antonio Tabucchi en 2009. Édité en avril 2012 chez Gallimard dans la collection Folio, rédigé dans les dernières années de la vie de l'auteur (décédé en 2012), cet ouvrage de 196 pages met en scène des « histoires qui ont existé dans la réalité » et toutes ces histoires tournent autour de la question du rapport au temps de la condition humaine.



Loin des essais ennuyeux ou des analyses philosophiques réservées aux initiés, cet ouvrage conduit le lecteur à pénétrer dans l'intimité de neuf personnages. Ceux-ci exposent ou laissent apparaitre à leur manière une petite tranche de leur vie : ainsi, une épouse sans enfants se demande quel est son destin ; un ex-officier en vacances se demande de quoi sera fait son avenir ; une vieille dame hospitalisée se demande si la Faucheuse va lui rendre visite ; un vieillard évoque avec son fils le passé et l'avenir ; un général en retraite se demande s'il était utile d'envahir la Hongrie ; un ex-agent secret qui a trahi son épouse pour se jeter dans les bras de son amante se demande quel est le sens de sa vie.



Il n'y a pas de voyeurisme dans tout ça, mais plutôt une réflexion sur le temps, lequel fait intimement partie de notre condition, une réflexion sur le temps et sur la conscience que nous en avons. Car en chacun de nous se mêlent et se démêlent à un rythme incontrôlé nos souvenirs et nos tentatives de recomposer notre paysage mémoriel, quitte à y incorporer un peu de nos rêves, le tout sur fonds d'incapacité à maitriser le passé et l'avenir, à partager avec autrui nos propres souvenirs et nos interrogations quant à l'avenir. Incapacité à partager car le problème ne réside pas tant dans la difficulté à communiquer avec l'autre, que dans l'impossibilité de trouver chez autrui les mêmes repères, les mêmes clés de lecture, les mêmes expériences, avec le rythme, l'intensité et l'intimité qui nous sont propres, car tout simplement chacun d'entre nous est unique. L'ouvrage est également l'occasion pour Tabucchi de poser au passage la question de la réalité du temps : droite ou cercle, fugace ou perpétuel ? Qui le sait ? Au fil des pages, le lecteur mesure la fragilité de la condition humaine, fragilité individuelle (naissance, vieillesse, amnésie, folie, mort) et collective (dégradation et disparition des constructions humaines, artistiques ou politiques).



Une sorte de révolte contre les dégâts du temps ? Bâti comme une mosaïque d'instants volés, miroir de la vie des autres, le livre contient probablement des fragments de notre passé et de notre avenir, à tous. Les histoires sont courtes, pour autant pas bâclées, et vraies. Sur un ton détaché, avec la distance qui sied à l'entomologiste disséquant un insecte, avec beaucoup d'humanité et de compassion pour ses semblables, un zeste d'humour et de la poésie, Antonio Tabucchi nous livre en fait son ressenti sur la vie et sur le rapport de l'homme au temps. Sans marteler faits, opinions et jugements de valeur, orchestrant magnifiquement les doutes et les fragilités de vies tirées au hasard, il met son écriture à notre service, et, en douceur, il nous fait découvrir le fil rouge de l'ouvrage : le temps est une succession d'instantanés reliés par le fil de notre conscience, et nous ne sommes pas comme le chat de Schrödinger assis au fond d'une boite en train d'attendre une mort certaine car pour l'être humain le temps de la physique n'est pas le seul temps qui existe, et en tous cas il n'est pas le temps véritable.



Philologue, professeur, traducteur de Pessoa, usant d'une maitrise totale des mots et du raisonnement, Tabucchi nous livre, avec recul et expérience, une réflexion profonde sur le sens de la vie. Il n'en faisait pas mystère, lui qui avait une forte attirance pour le rapport entre temps et modernité. Avec ces nouvelles, il tente d'apprivoiser la vieillesse (la sienne) et la mort. Était-il en quête d'une certaine immortalité ? Peut-être. Imposant le temps comme un hyper-personnage, dominant tous les autres, usant de récits volontairement brefs, Tabucchi gagne un défi contre lui-même, lui qui n'a jamais réussi à écrire de romans. La vie est certes illogique et incompréhensible, mais avec ce livre qui cherche à comprendre, avec ce long monologue intérieur où pas un mot n'est de trop, Tabucchi nous livre un chef d’œuvre. Oui, bien sûr, certains diront qu'il enfonce des portes ouvertes, qu'il nous promène dans un labyrinthe, sans fin, que ces nouvelles ne sont qu'une régression funèbre auto-référentielle. Que dire, si ce n'est que ce sont des esprits chagrins, des jaloux et des sans-cœur. Pour ma part, j'ai beaucoup aimé, et je mets cinq étoiles, tout en déconseillant toutefois le livre aux dépressifs.
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Nocturne indien

Je l'ai connu d'abord comme traducteur du grand Pessoa. Mais j'ai longtemps hésité à le lire. C'est seulement en apprenant sa mort que j'ai décidé à découvrir cet auteur italien qui n'a pas eu la même célébrité que ces contemporains et compatriotes Eco, Magris ou Fo. Et comme le disait Diderot, on ne tolère que les morts; j'ai lu son livre le plus connu "Nocturne indien".



C'est un livre d'une légèreté (au sens positif) suave. Un roman où l'on suit le parcours d'un voyageur cherchant un ami. Une intrigue qui nous fait penser aux romans d'aventures aux mille rebondissements, au suspense et aux personnages multiples! Or ce n'est pas le cas ici et tant mieux! Tout est calme, tout est simple, c'est le voyage que peut faire tout un chacun. Tabucchi qui n'a jamais visité l'Inde ( comme je l'ai lu quelque part) l'a représentée, comme il la voyait, comme il la connaissait à partir des livres ou films, son art était d'alléger cette représentation des stéréotypes connus. On suit le voyageur, on croit à sa recherche, mais on s'intéresse après au voyage lui-même, au voyageur, aux personnes rencontrées, plutôt qu'à cette recherche...L'idée du double et de la pluralité (qu'aime Pessoa) on la retrouve ici. C'est plus un recueil de scènes qu'un roman ordinaire.
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Récits avec figures

[ Choisi ce vendredi 17 septembre 2021- Librairie Caractères / Issy-les-Moulineaux ]



Une lecture singulière entre réalité, souvenirs, et histoires surréalistes, rêveries, remarques caustiques sur nos sociétés…Recueil de textes anciens déjà publiés, à nouveau réunis dans ce volume, avec d’autres, complètement inédits…



Chaque récit est introduit par une œuvre artistique…Hommage à des écrivains ou à un artiste, en particulier…dont le dessinateur, Vincenzo Nisivoccia envers lequel, parmi d’autres, Antonio Tabucci, exprime une grande admiration...



« De cette humanité encore si vive, non homologuée, expressive (...) Vincenzo Nisivoccia s'est fait l'interprète figuratif. Le trait du dessin est essentiel, d'une extrême sobriété, parfois seule une partie du visage apparaît, comme si l'autre partie n'avait pas d'importance parce que l'essentiel a déjà été attrapé. Et l'essentiel c'est le caractère. En regardant ces visages on croit lire -Les Caractères- de La Bruyère: le vieux mélancolique, la dame un peu flétrie, mais encore pleine d'espérances, le poète, le penseur, le vagabond, l'oisif, le bellâtre, le philosophe à temps perdu. Mais comme ils sont vrais, et vivants, et comme cela nous réjouit de les regarder, comme cela nous fait éprouver que le monde est encore humain et non pas constitué uniquement d'automates qui obéissent aux lois des masses.

Je me demande si l'auteur de ces portraits, en plus d'être un dessinateur, ne peut pas être qualifié d'anthropologue ou de psychanalyste. Je pense qu'il est les trois à la fois, comme le sont les artistes, qui ont le privilège de nous servir de miroir pour nous renvoyer notre propre image. (p. 253)

Un ouvrage déniché par hasard au fil de flâneries… qui fera , j’espère , le bonheur d’un ami, passionné de littérature et d’Art, à la fois, dont c’est l’anniversaire dans une dizaine de jours…Ouvrage qui s’envolera vers les montagnes jurassiennes. Pour l’instant, je prends le temps de savourer ces textes mêlant Littérature , Beaux-arts, et souvenirs plus personnels d’Antonio Tabucchi…ainsi que des rêves !



« Que ressent-on devant une oeuvre d'art ? La partition que joue Antonio Tabucchi dans ses Récits avec figures nous fait voyager à travers ses textes inspirés, de façon apparente ou non, par des peintures, des dessins et des photographies… »

J’ai finalement choisi de lire ces textes dans le plus parfait désordre… au fil de mes attirances pour telle ou telle œuvre… Parmi des récits de longueurs inégales… j’exprime plusieurs préférences : le choix d’un extrait du « Testament » d’une peintre , Maria Helena Vieira da Silva et l’hommage magnifique à l’écrivain , Stevenson, ayant enchanté tant d’adolescents et des plus grands, avec la mise en avant d’un de ses illustrateurs : Tullio Pericoli :

«Je lègue à mes amis

un bleu céruléum pour voler haut

un bleu de cobalt pour le bonheur

un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit

un vermillon pour faire circuler le sang allègrement

un vert mousse pour apaiser les nerfs

un jaune d'or : richesse

un violet de cobalt pour la rêverie

une garance qui fait entendre le violoncelle

un jaune baryte: science-fiction, brillance, éclat

un ocre jaune pour accepter la terre

un vert Véronèse pour la mémoire du printemps

un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage

un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin

un jaune citron pour la grâce

un blanc pur : pureté

terre de Sienne naturelle: la transmutation de l'or

un noir somptueux pour voir Titien

une terre d'ombre naturelle pour mieux accepter la mélancolie noire

une terre de Sienne brûlée pour le sentiment de durée



Maria Helena Vieira da Silva, Testament (p. 147) »



Un ouvrage des plus singuliers que j’ai savouré ; certains écrits me sont cependant restés obscurs, mais d’autres m’ont transportée dans de beaux ressentis envers l’Art ,les Artistes, et leurs correspondances avec la Vie et la Littérature… et point des plus appréciables de cette lecture, j’ai découvert plusieurs peintres et dessinateurs, m’étant inconnus jusqu’à leurs noms, dont un artiste kurde : Jalal Raouf, et un dessinateur italien : Vincenzo Nicivoccia…!!



Ouvrage complété in-fine par la liste des œuvres et des artistes…

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Nocturne indien

Je me rappelle de ce film envoûtant, émouvant, d'Alain Corneau, d'une certaine musique aussi...

Quelques années plus tard, j'ai eu envie de repartir en Inde auprès de cet homme à la recherche de son ami Xavier, à moins que ce ne soit à la quête de lui-même...

Car ce roman, c'est ça : un jeu d'ombre et de lumière, offrant toujours la possibilité de plusieurs interprétations. Mais je n'ai pas cherché à distinguer le rêve de la réalité, la nuit du jour. Non. Je me suis laissée emporter au rythme des rencontres narrées dans ce voyage, dans ce jeu de lumières et de parfums, de couleurs et de saveurs inconnues.

J'ai vécu sur ce livre comme une expérience de lâcher-prise du lecteur, en ne cherchant pas à donner du sens à ma lecture, mais en acceptant d'accompagner en toute simplicité le protagoniste au fil de son voyage intrapersonnel.

Bien-être et douceur... A relire...
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Tristano meurt

Pauvre Tristano.

Je ne l'aurais même pas accompagné jusqu'à la mort, le laissant seul dans son agonie entre ses injections de morphine, les poèmes de Frau et le récit de sa vie qu'il fait à un jeune écrivain convié dans sa maison de Toscane.

Il mourra donc sans moi, je ne connaîtrai pas toute sa vie.

A la page 100, je l'assure de toute mon estime et de ma considération, et l'abandonne à sa fin de vie.

Je lui tourne le dos, comme tourne le dos son père sur la photo de couverture.

Ce n'est pas que son histoire soit inintéressante, mais je n'arrive pas à entrer dans ce livre.

Le style, le ton peut-être, je ne sais pas vraiment.

Ou alors trop décousu.

Ou bien ce n'est simplement pas le bon moment pour moi.

Parce que je reste persuadée qu'il y a une grande richesse dans ce livre.
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Requiem

Quelle douceur, quelle mélodieuse promenade à travers Lisbonne, à la recherche de ses fantômes. Sans doute, un hommage à Pessoa, mais pas seulement. J'ai beaucoup aimé cette oeuvre de Tabucchi, alors que je n'avais pas apprécié ses incursions dans l'onirisme dans d'autres de ses romans. Ici, c'est bienvenu, délicat et suave à la fois.
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Pereira prétend

Quel roman original ! Le narrateur dont on ignore qui il est,retransmet ce que Pereira relate, ce qu'il " prétend ". Car ,en effet, la narration est ponctuée en permanence de cette précision " prétend Pereira".

De quelle nature est ce récit ? Interrogatoire ? Confidence? Confession?

Il est constitué de la description minutieuse du quotidien de cet homme, de son travail comme rédacteur de la page culturelle du journal Lisboa,et de sa rencontre avec un jeune homme et sa petite amie ,Monteiro Rossi et Marta.

On assiste à la métamorphose d'un homme,ou plutôt à l'émergence de sa conscience du monde dans lequel il vit et du bouleversement existentiel que cela provoque en lui.

Pereira est un homme solitaire, il n'a de compagnie que le portrait de sa femme décédée quelques années plus tôt, de menus échanges avec le patron du bar dans lequel il boit ses citronades et mange ses omelettes aux herbes, quelques mots avec sa concierge,un minimum de lien avec son patron. seul Le Père Antonio entretient avec lui une relation plus intime,ainsi que plus tard le docteur Cardoso.

Il souffre d'embonpoint et n'a aucune vie sociale. Il ne s'en plaint pas mais sa vie est sans relief, triste,à tel point que lorsque le Père Antonio l'interpelle sur sa méconnaissance des événements " il demanda: dans quel monde est ce que je vis? Et lui vient la bizarre idée que,peut-être, il ne vivait pas,c'est comme s'il était déjà mort ".

Tout se passe à Lisbonne. Nous sommes en 1938 sous le régime de Salazar,pendant que les républicains luttent contre Franco,que la France et l'Europe s'apprêtent à entrer en guerre contre Hitler. Cependant, notre homme n'est au courant de rien et semble toujours tomber des nues lorsque le patron du bar lui glisse des informations.

Ce roman éminemment politique est aussi celui d'une belle réflexion sur l'importance des rencontres et ce qui peut transformer une existence.

A l'inverse de celle de Kafka, cette métamorphose d'un homme plus qu'ordinaire mais guidé par son cœur,est des plus touchantes. Il se dégage une ambiance très singulière, un peu surannée que j'ai aimé dès les premières phrases.

Pereira est un antiheros qui fait de ce roman une sorte de fable philosophique avec," en bonus" une balade littéraire des plus intéressantes au côté de ceux qui ont pris part à l'histoire du monde d'un côté ou de l'autre des barricades !
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Rêves de rêves

Une nuit, Antonio Tabucchi, écrivain et narrateur des rêves d'autrui, fit un rêve.



Il rêvait qu'il grimpait les marches d'une très haute tour en forme de cône spiralé.



À intervalles réguliers, une porte se présentait à lui. Il la poussait doucement. La porte s'entrebâillait alors. Elle laissait Tabucchi espionner certains de de ses artistes favoris. Il y avait là Ovide, plongé dans la lecture de Kafka aux côtés de François Villon, qui y allait de ses petits commentaires avec sa langue bien pendue. Il y avait là le rachitique François Rabelais, en train de cuisiner un bouillon sombre et ocre pour Francisco Goya, lui-même occupé à peindre des silhouettes qui ressemblaient un peu à Rabelais. Il y avait là Samuel Taylor Coleridge en train de jouer aux dés avec Robert Louis Stevenson et Arthur Rimbaud. Les deux premiers avaient respectivement un albatros et un perroquet perchés sur leurs épaules. Rimbaud, lui, semblait juste se morfondre et vouloir sortir. Il y avait là Maïkovski, au bord de l'extinction de voix, tant il s'épuisait au téléphone à expliquer qu'il ne savait pas conduire les trains. Il y avait là Sigmund Freud, qui discourait sur la zoophilie en compagnie d'Apulée. Freud repérera l'intrusion de Tabucchi et lui renvoya un clin d'oeil équivoque. Il y avait même Dédale, mais Tabucchi se demanda s'il l'avait vraiment croisé ou juste imaginé au coin des détours labyrinthiques de cet escalier en spirale qui semblait monter jusqu'au ciel.



Au dernier étage, Fernando Pessoa vint spontanément lui ouvrir. Il le fit entrer dans une grande pièce aux murs tapissés de miroirs qui reflétaient les deux hommes à l'infini dans toutes les directions.



— Je vais te dire un secret sur le livre que tu t'apprêtes à écrire, annonça Fernando Pessoa.



Antonio Tabbuchi avait une grande confiance dans les pouvoirs occultes et divinatoires de son mentor. Il lui accorda donc toute son attention. Fernando Pessoa se pencha et lui murmura à l'oreille :



— le livre ne sera pas de toi. Ta voix ne t'appartiendra plus. Elle se fera le relai des rêves des autres.



Antonio Tabucchi se réveilla en sursaut. Puis il alluma la lumière et se mit à écrire.
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Pereira prétend

L hiver est idéal pour faire la poussière sur les étagères sur lesquelles jaunissent tranquillement plusieurs centaines de livres.

Et de retrouver des textes et des auteurs lus il y a 30 ans. Ce livre en fait partie.

Un des meilleurs d Antonio Tabucchi. Pereira est magnifiquement rendu, attendrissant, humain, modeste, agissant à l inverse de ses pensées, laissant son coeur prendre les décisions.

Le style de l auteur donne à cette histoire (Antonio Tabucchi lève un peu le voile de sa genèse en fin d ouvrage) les couleurs d un Portugal sous dictature, par petites touches, comme un peintre qui travaille sa toile.

Le fait que " Pereira prétende" créé une ambiance particulière qui pousse le lecteur dans l interrogation tout au long du livre.

Les valeurs de Pereira l emmèneront plus loin qu il ne se l imaginait.



Une réussite, un plaisir confirmé en relecture.



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Pereira prétend (BD)

Le « Doutor » Pereira est journaliste et traducteur d'auteurs français. Il s'occupe des pages culturelles dans un journal catholique : le Lisboa. Nous sommes à la fin des années des années trente et le Portugal subit la dictature de Salazar qui contrôle évidemment la presse. Dans le tram, dans le journal Espirito abandonné sur un siège, Pereira lit un article sur le rapport de la vie avec la mort, article qui le bouleverse d'autant plus qu'il traite des doutes qui l'habitent. Il décide de contacter l'auteur, Francesco Monteiro Rossi, et de le rencontrer. Rendez-vous est pris. Pereira se rend à une fête de la jeunesse salazariste où chante Rossi qui se révèle être un tout jeune homme. Malgré la brutale franchise du garçon qui ne mâche pas ses mots, Pereira lui propose de travailler pour son journal : il écrira des nécrologies anticipées d'auteurs célèbres pour 50 escudos le feuillet. le jeune homme a besoin d'argent et il accepte. Arrive alors, Marta, une très jolie jeune femme amie de Rossi, qui ne fait pas mystère de son opposition au régime et qui ne craint pas d'affirmer sa détestation des fascistes et son mépris pour certains écrivains catholiques…

***

Je n'ai pas lu le roman éponyme de Antonio Tabucchi, mais ce roman graphique français adapté du roman d'un Italien et se déroulant au Portugal ne pouvait que m'attirer ! J'ai tout de suite apprécié le trait de Pierre-Henry Gomont. La déambulation dans les rue de Lisbonne est un vrai plaisir. Pour sa part, le personnage principal de Pereira prétend se révèle infiniment touchant. Cet obèse qui se gave de sucre ne se remet pas de la mort de sa femme. Il continue à lui parler et mange en face de son portrait. Souvent, sa vie intérieure est représentée dans de petites bulles contenant des silhouettes en aplats de couleurs : la tentation du suicide, ses craintes de la réaction de son patron, les conversations avec sa femme, ses hésitations, les reproches qu'il se fait, etc. le jeune couple récemment rencontré va l'amener à modifier sa façon de penser, ou plutôt à admettre ce qu'il savait déjà sans vouloir l'admettre. Il va développer une véritable conscience politique et vaincre ses craintes comme sa répugnance à s'engager. Sa culpabilité larvée prend corps, l'emplit et le pousse à agir, timidement d'abord. La fin est tout simplement bouleversante. Une oeuvre magnifique ! Je vais attendre un peu avant de lire le roman : je veux rester un temps sur cette forte émotion.

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Pour Isabel : Un mandala

Qui était Isabel ? Que lui est-il vraiment arrivé ?





Certains ont fait courir la rumeur de sa mort, de son suicide pour être exact… Mais, pour ses proches, Isabel n’était pas femme à renoncer d’elle-même à la vie. Dans un Portugal en pleine crise politique et identitaire, où il ne fait pas bon de ne pas adhérer au parti unique, les idées révolutionnaires d’Isabel ont pu lui attirer de gros ennuis… Trente ans après l’annonce de sa mort dans le journal, un homme va mener l’enquête, accumulant les témoignages de ceux qui ont connu, de près ou de loin, la jeune femme, afin de se rapprocher au maximum de la vérité… Ses pas le mèneront de Lisbonne à Macao, puis à Naples. Mais qui est-il ? Quelles sont ses véritables intentions et que s’apprête-t-il à découvrir ?





Tadeus est un narrateur pour le moins mystérieux, dont on ne sait rien, si ce n’est qu’il est écrivain. On ignore tout des motivations qui le poussent à mener cette enquête sur une histoire vieille de plusieurs décennies. Néanmoins, difficile de ne pas être pris d’intérêt face à cette étrange affaire. Les témoignages découlent les uns des autres, chacun permettant d’approcher le prochain témoin et ainsi d’enrichir l’histoire de nouveaux indices. Le portrait d’Isabel se fait de plus en plus net, au fur et à mesure des révélations, sans pour autant apporter des réponses satisfaisantes aux questions du narrateur (et aux nôtres !).





L’enquête se construit à la façon d’un mandala, fait de cercles concentriques indépendants mais qui se rejoignent en un point précis pour former un cercle plus petit, chaque information permettant de se rapprocher un peu plus de la vérité. « Pour Isabel » est un texte étrange et fascinant, à la limite de l’onirisme, qui abaisse les frontières du temps et de l’espace pour nous conduire dans son propre univers. La langue de l’auteur y est particulièrement riche et belle. Elle nous imprègne et nous pénètre et rend ce court roman difficile à lâcher !





Entres révélations surprenantes, conversations métaphysiques et raisonnements intimes, Antonio Tabucchi nous entraîne dans une enquête passionnante et énigmatique, sur fond d’histoire du Portugal. Un roman posthume qui donne envie de découvrir l’ensemble de l’œuvre de l’auteur !
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Rêves de rêves

Premier contact avec cet auteur célèbre. Je n'ai jamais eu le temps de lire (ni même voir au cinéma) Nocturne indien donc ce court recueil m'a introduit à l'homme et à l'œuvre.

Ce recueil l'étendue de la culture littéraire et du grand savoir faire de cet écrivain.

S'il ne s'agissait pas à chaque fois de rêves, donc de fictions, nous pourrions facilement parler de chronique tant Tabucchi parvient à retracer les moments qui ont inspiré ces immenses chefs d'œuvres de la littérature mondiale et les condenser en de petites fictions génératrices d'un sentiment de "déjà-lu".

Ce sont non seulement les intrigues ou thèmes privilégiés des auteurs rêvés mais aussi l'ambiance générale du livre et surtout le style que Tabucchi s'efforce avec beaucoup de succès de nous transmettre, sans en avoir l'air, en quelques paragraphes vite lus mais à relire, à siroter au calme.

Ainsi en une ou deux heures aurez-vous parcouru l'Europe entière et plus de 2000 ans de littérature, de sagesse et d'histoire de l'art !

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Pereira prétend (BD)

Années 30 au Portugal, Salazar est arrivé au pouvoir, l’Espagne voisine sombre dans la guerre. Pereira est un journaliste, chargé de la page culturelle dans un quotidien, et aussi traducteur d’auteurs français, Balzac, Daudet, il se tient loin de l’actualité, des évènements, il aurait plutôt tendance à se morfondre sur lui-même. Pereira est un veuf déprimé, mais dans sa quête du morbide il va au contraire redécouvrir la vie par le biais d’un jeune couple aventureux, militants anti-fascistes. L’auteur n’attaque pas le sujet politique de front, c’est ce qui fait toute la subtilité et la justesse de son propos. Pereira est juste un esthète, innocent et perdu dans la réalité du moment, déconnecté de la vie.

J’ai aimé ce personnage déboussolé, qui va se découvrir une conscience politique malgré lui. C’est un récit tout en finesse, sans tapage militant, c’est un hommage à la vie, chargé de poésie, servi par un graphisme presque bucolique et léger. Le dessin est brut, comme de simples prises de notes aux couleurs vives, ensoleillées du Portugal. La fin est bouleversante et inquiétante. Un très belle lecture…
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Pereira prétend (BD)

Apres avoir eu un coup de coeur pour sa dernière bd, Malaterre, je me suis empressée de me procurer ce « Peirera prétend » de PH Gomont.

Bonne pioche : autant le roman dont il est adapté, et que j'ai lu il y a de nombreuses années, ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, autant j'ai aimé cette bd.

1938, sous la dictature de Salazar : Pereira est responsable de la page culturelle du journal Lisboa à la botte du régime. Il vit dans ses souvenirs, et à l'écart du monde dont il ne semble pas appréhender les soubresauts et les injustices. Jusqu'à ce qu'il rencontre un jeune homme à qui il demande de rédiger des notices nécrologiques. Un jeune homme révolutionnaire et engagé, à l'inverse de Pereira dont la vie va être progressivement bouleversée.

Pour qui est allé à Lisbonne et est tombé sous le charme de cette ville (et comment ne pas tomber sous le charme…), c'est un régal. On a l'impression de feuilleter des carnets de voyage. Comme dans Malaterre, l'auteur a un vraiment talent pour dessiner son personnage principal et sa propension à vivre hors du présent avec des personnages imaginaires apparaissant en petits fantômes. Les couleurs et les dessins sont superbes. C'est aussi une belle adaptation littéraire. De la BD haut de gamme !

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