Citations de Arnaldur Indriðason (1509)
Ce n’était pas la mort qu’il redoutait, ce qu’il regrettait, c’était de devoir faire ses adieux à la vie.
— En tout cas, tu devrais faire preuve d’un peu plus de modération quand tu décris le bailli et sa femme reprit le roi d’un ton grave, balayant d’un revers de main ses tentatives de justifications.
— Quand j’ai commencé à raconter cette histoire, je me suis promis de m’en tenir à la stricte vérité, Sire, répondit Jon. Il me semble n’avoir pas trahi ma promesse.
Importants ou non, les livres voyagent partout. Bons ou mauvais, ils ne choisissent pas leurs propriétaires, pas plus que le genre de maison dans laquelle ils vont se retrouver ou l'étagère sur laquelle on les rangera.
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Erlendur se tenait debout à côté de la fenêtre, il regardait dehors mais ne voyait rien d'autre que son propre reflet dans l'obscurité de la vitre. Il ne s'était pas trouvé face à face avec cet homme depuis un certain temps et constata qu'il avait vieilli, là, dans l'obscurité.
- Ces famines... pourquoi ?
- A cause des éruptions, des tremblements de terre ou des épidémies. Le plus souvent, elles étaient dues au climat désastreux, à des hivers aussi rigoureux qu’interminables. Parfois, à une conjuration de tous ces facteurs. Malgré ça, nous avons réussi à survivre, perdus au milieu de l’océan...
Elle était curieuse de découvrir enfin ce qui prendrait le relais de la vie terrestre. Ce n'était pas la première fois qu'elle tenait ce genre de propos, elle répétait qu'elle avait eu une belle vie et que désormais un autre niveau d'existence l'attendait, que ce soit la simple froidure de la tombe si le paradis n'existait pas ou un monde peuplé par les âmes de ceux qui étaient partis avant elle, et auquel elle croyait dur comme fer.
Un matelas crasseux était accolé au mur, le sol jonché de restes de
nourriture et de saletés. Au milieu de ces détritus, une jeune fille d’une
vingtaine d’années en jeans et T-shirt avait une seringue fichée dans le
creux du bras.
Konrad s’agenouilla auprès d’elle et chercha son pouls. Elle
était morte, sans doute depuis un certain temps. Allongée sur le côté, les
yeux fermés, elle avait l’air apaisé. On aurait dit qu’elle dormait.
Il laissa échapper quelques jurons en se relevant et sortit la photo de sa
poche pour s’assurer qu’il s’agissait bien de la gamine pour laquelle le
couple se faisait du souci.
-Tout ce qu’il me reste dans la vie, c’est ma curiosité, avait-elle ajouté en baissant le ton.
...Le détenu dissertait sans relâche sur la vie à Litla-Hraum et les prisonniers avec lesquels il avait lié connaissance, le club de foot dont il était supporter et qui n'avait pas remporté assez de victoires à son goût ces derniers temps, son équipe préférée de football anglais, qui ne remportait pas, elle non plus, assez de victoires, un mauvais film qu'il avait vu pendant qu'il se planquait, un coffee shop qu'il avait visité à Amsterdam, les repas de la prison de Litla-Hraum, un steak house hollandais.
En résumé, rien de ce qui touchait à l'être humain ne lui était étranger.
Le serveur rangeait les verres propres qui tintinnabulaient quand il les posait sur les étagères sous le comptoir.
- Vous savez, je passe mon temps à lire des romans policiers, précisa-t-elle, mais j'ai rarement l'occasion de discuter avec un flic de la Criminelle en chair et en os.
Quatre poutres imposantes traversaient le plafond de part en part et à l'une d'elle était pendu un corps qui lui tournait le dos.
Elle sursauta si violemment qu'elle heurta le mur et que sa tête cogna contre le lambris. L'espace d'un instant, ses yeux se voilèrent de noir. Accroché à la poutre par une fine cordelette bleu, le cadavre se reflétait dans la vitre obscure de la fenêtre.
Erlendur les examina, lui, sa tenue impeccable et ses ongles manucurés, en se demandant si le bonheur avait la faculté de rendre les gens stérilement emmerdants.
Ecrire l'histoire c'est notre boulot ...Vous avez raison, notre boulot a toujours été d'effacer l'ardoise et de la réécrire, répondit Carr. L'histoire n'est qu'un tissu de mensonges...
Il y a eu tant de dissimulations, tant de choses inventées de toutes pièces ; nous avons dit la vérité sur des mensonges, et menti sur la vérité... Vous m'avez dit un jour que l'histoire de l'humanité n'était rien d'autre qu'une succession de crimes et de malheurs. Eh bien, c'est aussi une succession de mensonges savamment construits.
il m'a présenté sa petite amie d, un air géné. comme s'il me présentait des excuses.
Il s'était renseigné : l'Islande, c'était vraiment le bout du monde ; s'il y avait bien un endroit où un vieux secret pouvait être déterré sans que personne n'en sache rien, c'était celui-là.
- En fait, oui, répondit-il. Je voulais vous demander... je crois que j'étais en train de vous poser une question sur ces violences conjugales.
- Voilà un mot bien édulcoré pour décrire l'assassinat d'une âme. Un terme politiquement correct à l'usage des gens qui ne savent pas ce qui se cache derrière. Vous savez ce que c'est, de vivre constamment dans la terreur ?
Les années peuvent s’écouler ainsi sans qu’on fasse quoi que ce soit d’autre que de vivre dans les obligations qu’on s’assigne. Année après année après année.
L'interrogatoire lui même est un peu une pièce de théâtre. La scène est délimitée, les acteurs peu nombreux, l'intrigue est dramatique et, comme toujours, le plus mauvais acteur a un gage.
Un jour, Marion l'avait trouvé plongé dans un livre qui racontait ce genre d'histoires. Ce jeune policier piquait constamment sa curiosité. Il faisait tout à sa manière, personnelle, il avait quelque chose de vieillot et d’anachronique, ne parlait de lui, n'appréciait pas vraiment la ville et ne s'intéressait pas au présent sauf pour exprimer son agacement face à l'époque actuelle. Buté, il faisait preuve d'une indépendance hors norme, n'éprouvait jamais le besoin de faire part de ses sentiments et passait son temps plongé dans son étrange passion, les récits de disparitions.