Citations de Arnaldur Indriðason (1502)
C’est la vie. Doit-on passer son temps à se lamenter et à regretter ce qu’on a pas eu ou ne peut plus avoir, ou vaut-il mieux aller de l’avant? Si je devais regretter tout ce que j’ai fait ou que je n’ai pas fait dans ma vie, je deviendrais folle.
(Métailié, p. 129)
[Il avait guidé] un grand groupe de marcheurs jusqu’aux sources chaudes de Landmannalaugar. Il avait alors compris qu’il détestait voyager avec des gens qui manifestaient en permanence de la gaîté. Toute cette joie avait quelque chose d’oppressant.
Tout cela venait se mêler aux histoires d'ogresses et de géants transformés en pierre, surpris par le lever du soleil, aux nykrar, ces esprits aquatiques malfaisants qui plongeaient dans les lacs et ressemblaient à des chevaux aux sabots à l'envers, et aux tilberi, ces créatures informes qui suçaient le sang des femmes, accrochés à leurs cuisses. Ces étranges récits étaient nés de la confrontation de l'homme à une nature hostile, de la difficulté à survivre dans ce pays désolé et des peurs qu'engendrait la longue nuit hivernale.
- Avez-vous déjà perdu l'un de vos proches de cette façon ? demanda-t-elle à Elinborg.
- Non, pas de cette façon, si vous entendez par là...
- C'est comme si le temps s'était arrêté. Il ne se remettra en route que lorsque nous saurons ce qui est arrivé.
- C'est évidemment terrifiant de voir de telles choses se produire.
- Le plus triste, c'est que cela ne prend jamais fin, nous ne pouvons faire notre deuil correctement car nous ne savons rien, observa Hallgerdur avec un demi-sourire, les bras croisés sur sa poitrine. Une chose que nous ne retrouverons jamais a disparu avec Lilja.
Elle passa sa main dans ses cheveux.
- Et cette chose, c'est peut-être nous-mêmes.
Elle se souvint aussi que quelqu'un lui avait dit qu'il ne fallait pas croire ce qu'on lisait dans les romans policiers.
il aurait sans doute mieux valu que ce
glacier garde l,avion éternellement
Les collectionneurs se créent leur monde. Ils créent un petit univers autour d’eux, choisissent des signes précis à l’intérieur de la réalité et en font les habitants principaux de l’univers qu’ils créent.
Tout ce qui leur importait, c'était d’être tous les deux, maintenant. L'avenir demeurait une terre inexplorée et mystérieuse. La seule chose dont ils étaient convaincus, c'était qu'ils s'y rendraient ensemble.
Nous sommes ensemble depuis trois ou quatre ans maintenant et il ne se passe rien. Absolument rien. Tu fais une tête d'imbécile dès que je commence à mentionner quelque chose qui pourrait ressembler de près ou de loin à une quelconque forme d'engagement. D'un point de vue économique, nos comptes bancaires sont séparés. Le mariage à l'église semble hors de question, enfin il n'y a pas d'autre forme de mariage ici, que je sache. Nous ne sommes pas enregistrés comme concubins. Les enfants sont aussi éloignés de ton esprit que les galaxies situées au fin fond de l'univers. Alors, on en arrive à se demander : qu'est-ce qui nous reste ?
"Ce n'est pas bon de taire ce genre de choses, quelle que soit la manière dont elles vous touchent. Le silence ne saurait être un ami."
On décelait dans le ton de sa voix comme la triste certitude que nul ne pouvait échapper au destin qui lui avait été assigné.
Cette façon dont on s'enferme dans son propre monde à cause d'une chose qui, des années plus tard, ne pose plus aucun problème. D'une chose qui, en réalité, ne pose pas le moindre problème.
- Je suis arrivé à un âge, dit-il, où mon plus grand désir est d'avoir des enfants. D'avoir quelqu'un pour me succéder. Peu importe que ce soit un garçon ou une fille. Je veux que ...
Il eut un rictus
- D'ailleurs l'entreprise n'a aucune importance. Je m'en suis rendu compte trop tard. Ce sont les enfants, l'important. C'est important d'avoir des enfants. Je m'en rends compte à présent.
La dictature engendre la peur tout en développant un comportement servile.
- C'est en rapport avec notre conversation d'hier ? demandais Konrad en le prenant de nouveau par le bras.
Il ne pensait pas une seconde que ç'ait été le cas, mais il avait quand même envie de voir s'il ne pouvait pas lui faire friser sa moustache à la David Niven.
S'il avait existé une photo intime de lui, elle l'aurait sans doute montré dans son salon, en train de lire, ou endormi devant la télé allumée. Son existence était solitaire et monotone. Il avait très peu d'amis et ne voyait que ses collègues. Il ne cherchait pas à nouer des relations. Il n'en ressentait pas le besoin.
Qu'est-ce donc que le temps. Ce serait mentir que d'affirmer que Jon ne s'était pas penché sur la question, tant il avait passé d'heures de sa vie à explorer les mécanismes destinés à la mesure du temps. il en avait mis certaines en route pour la première fois, il en avait réparé d'autres pour les faire repartir lorsqu'ils s'étaient arrêtés, il en avait réglé d'autres encore qui avançaient ou retardaient, et il en avait démonté certains entièrement avant de les remonter comme il le faisait maintenant avec l'horloge d'Habrecht. Mais c'était une autre affaire , beaucoup plus complexe, de répondre aux interrogations sur la nature même du phénomène, et il était dans l'embarras face à la question que le souverain avait posée comme incidemment, en passant.
Du plus loin qu'elle se souvenait, on avait fait de la publicité pour des excursions spécialement consacrées à l'observation des couleurs dont le parc national se paraît à l'automne, du reste elles n'étaient nulle part aussi belles que sur les rives du lac où les bruns rouille et les jaunes orangés de la végétation à l'agonie s'étendaient aussi loin que portait le regard.
Ensuite, elle avait vu ce sang.
Et cette entaille en travers de sa gorge.
Elle avait été prise de nausée. Elle ne voyait plus que le visage blafard de l'homme et cette entaille rouge, béante. Elle avait l'impression qu'il la fixait de ses yeux mi-clos et qu'il l'accusait.
- Il nous reste nous, répondit Sigurdur Oli. Nous deux.
Il avait trouvé un CD qu’il introduisit dans le lecteur et mis une chanson qui lui avait trotté dans la tête depuis que Bergthora l’avait sommé de s’engager plus clairement. Marianne Faithfull commença à chanter La Ballade de Lucy Jordan, une mère de famille de trente-sept ans qui rêvait d’une balade dans Paris au volant d’une voiture de sport, les cheveux volant au vent.