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Citations de Arnaldur Indriðason (1508)


Parfois, le ciel était menaçant et sombre, comme en ce moment, et Erlendur fixait l'obscurité afin de se délester de ses soucis en les abandonnant au néant.
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Il repensa à la situation désespérée des autres, restés dans l’avion. Quand il les avait laissés, des congères commençaient déjà à recouvrir la carlingue, et la cicatrice dessinée par sa progression sur la glace se comblait rapidement. Ils avaient des lampes à pétrole, mais le combustible ne durerait pas très longtemps, et il régnait sur ce glacier un froid inimaginable. S’ils laissaient la porte de l’avion ouverte, la cabine se remplirait de neige. Ils étaient sans doute déjà coincés à l’intérieur. Ils savaient qu’ils allaient mourir de froid, qu’ils restent dans l’appareil ou s’aventurent sur la glace. Ils avaient débattu des différentes options – elles étaient plus que limitées. Il leur avait dit qu’il ne pouvait pas rester assis là à attendre la mort.
La chaîne cliquetait. Le poids de la valise lui arrachait le bras. Elle était accrochée à son poignet par une paire de menottes. Il ne tenait plus la poignée, laissant la valise traîner derrière lui au bout de sa chaîne. Le bracelet des menottes lui cisaillait le poignet, mais il n’y prêtait aucune attention. Tout lui était égal, à présent.
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Le blizzard faisait rage sur le glacier.
Il ne voyait rien devant lui, parvenait tout juste à distinguer la boussole au creux de sa main. Même s’il l’avait voulu, impossible de faire demi-tour. La tempête lui cinglait le visage, criblant sa peau de flocons durs et froids venus de toutes les directions. Une épaisse croûte de neige s’était formée sur ses vêtements et, à chaque pas, il s’enfonçait jusqu’aux genoux. Il avait perdu toute notion du temps. Depuis combien d’heures marchait-il ? Il n’en avait aucune idée. Dans cette obscurité impénétrable qui l’enveloppait depuis son départ, il ne savait même plus si c’était le jour ou la nuit. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était à bout de force. Il progressait de quelques pas, reprenait son souffle, puis repartait. Cinq pas supplémentaires. Il s’arrêtait. Encore trois pas. Il s’arrêtait. Deux pas. Il s’arrêtait. Un pas.
Il était sorti à peu près indemne du crash. D’autres avaient eu moins de chance. Dans une éruption de bruit, l’avion avait raclé la surface du glacier. L’un des moteurs avait pris feu, avant de disparaître brusquement quand l’aile s’était décrochée, tourbillonnant dans les ténèbres enneigées. Presque aussitôt, l’autre aile s’était déchirée dans une pluie d’étincelles, et le fuselage amputé avait fusé comme une torpille sur la glace.
Le pilote, lui et trois autres hommes étaient attachés sur leurs sièges quand l’avion avait décroché, mais deux des passagers, pris d’une crise d’hystérie, s’étaient levés d’un bond et précipités vers le cockpit. Le choc les avait envoyés ricocher comme des balles aux quatre coins de la cabine. Recroquevillé sur son siège, il les avait regardés s’écraser contre le plafond et rebondir sur les parois, avant d’être catapultés au-dessus de lui jusqu’au fond de l’avion où leurs hurlements furent réduits au silence.
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Les trois garçons venaient de fabriquer un radeau tout neuf avec des planches glanées sur un chantier, qu'ils avaient soigneusement clouées à deux poutres transversales et enveloppées de plastique isolant. Le plancher de l'embarcation était constitué de bois de coffrage. Ils se propulsaient grâce à de longs bâtons qu'ils enfonçaient dans l'eau opaque, jamais bien profonde. Ils portaient des bottes en caoutchouc pour garder les pieds au sec. Il y avait souvent des gamins qui tombaient et se retrouvaient trempés jusqu'aux os, grelottant, mais tremblant surtout à l'idée de rentrer chez eux comme des naufragés et de se faire gronder par leurs parents.
Ils avaient avancé en douceur vers le boulevard Kringlumyrarbraut, veillant à rie pas trop tanguer pour que l'eau ne vienne pas submerger leur embarcation et ne les fasse pas tomber dans la mare. C'était tout un art, semblable à celui du funambule, qui nécessitait à la fois adresse et esprit d'équipe, mais avant tout du sang-froid. S'ils s'installaient trop près des bords, ils risquaient de chavirer. Les trois copains avaient donc pris tout leur temps pour trouver le point d'équilibre avant de quitter la rive.
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Les garçons tapotèrent l'anorak vert qui tournoya à la surface de l'eau, puis décrivit un arc de cercle avant de couler. S'aidant de leurs bâtons, ils le firent remonter et furent saisis d'effroi.
Ils vivaient dans le quartier de Hvassaleiti et habitaient les immeubles bordant le boulevard Miklabraut jusqu'au terrain vague de Kringlumyri. La partie nord de ce périmètre était une friche envahie d'angélique et de rumex à longues feuilles. La partie sud était quant à elle une tourbière encore toute lacérée d'entailles d'où les gens de Reykjavik avaient extrait des tonnes de tourbe pour se chauffer pendant la Grande Guerre. Le conflit mondial ayant entraîné une pénurie de combustible en Islande, on avait drainé le marais, tracé des chemins de terre et entrepris la plus importante extraction de tourbe de l'histoire. Cette activité avait occupé des centaines d'ouvriers qui extrayaient le combustible et le faisaient sécher avant de le livrer par tombereaux en ville.
A la fin de la guerre, avec la reprise des importations de charbon et de pétrole, on avait cessé de se chauffer à la tourbe. Les fosses, désormais emplies d'eau brunâtre, étaient restées en l'état pendant longtemps. Quand la ville s'était étendue vers l'est au cours des années 60 et 70, avec la construction des quartiers de Hvassaleiti et de Storagerdi, ces anciennes tourbières étaient devenues le terrain de jeu des enfants. Ces derniers confectionnaient des radeaux, naviguaient sur les mares les plus vastes et faisaient du vélo sur les nombreuses pistes cyclables aménagées sur les collines alentour. Quand le froid de l'hiver arrivait, ces mares se prêtaient parfaitement à la pratique du patin à glace.
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Il se présenta brusquement à son esprit un centre de rééducation où les infirmes grammaticaux déprimés déambulaient en uniforme et en pantoufles en confessant leur faute : je m’appelle Finnur et je dis ‘ce que j’ai envie’.
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Bientôt, cette histoire, les destins de ces gens, leurs vies emplies de deuils et de victoires, sombreraient dans l'oubli. Tout cela finirait par disparaître dans une éternité de silence, enterré dans les tombes d'un cimetière où personne ne viendrait à l'exception du vent sous lequel les brins d'herbe frissonnent.
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Ils s’étaient échauffés en dansant à l’hôtel Borg. Blonde, les cheveux courts, svelte mais le visage poupin, elle était vêtue d’une jolie veste beige et d’un legging assorti. Le foulard de soie qu’il avait au cou était selon elle le signe d’une certaine vanité. Il portait le costume Armani qu’il avait acheté récemment dans une boutique de mode pour la séduire. C’était réussi.
Il avait été surpris quand, ayant quitté le centre, elle lui avait proposé de prendre un raccourci par le vieux cimetière pour rentrer chez elle. Il s’était senti plutôt gêné quand il l’avait embrassée et que son sexe avait durci dans son caleçon, il avait eu peur qu’elle s’en aperçoive. Et elle n’avait pas manqué de le remarquer. Ça lui avait rappelé son adolescence et les bals du lycée où elle dansait avec des garçons constamment en érection. Les pauvres, il leur en fallait bien peu, se disait-elle alors, et là, cette pensée lui revenait. Il n’y avait pratiquement pas de circulation dans la rue. Ils avaient enjambé le mur du cimetière à l’angle nord-est où repose la respectable famille Thoroddsen. Puis ils avaient longé les tombes, lui en prenant garde à ne pas salir son costume.
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L'instauration des quotas a fabriqué quelques millionnaires alors que le poisson est censé appartenir au pays entier.
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Konrad regarda longuement sa photo de mariage. Il se souvenait du baiser sur le parvis de l'église. Il se rappelait chacun de leurs baisers. Il alla chercher dans le placard une autre bouteille de vin rouge. Un shiraz importé d'Australie et baptisé "the Dead Arm" c'est à dire Le bras mort. Erna avait découvert ce vin dans une revue gastronomique. Ne le trouvant pas au magasin d'alcool, elle en avait commandé une bouteille. Elle n'avait pas résisté à la tentation en apprenant que les ceps de vigne sur lesquels poussaient ces raisins souffraient d'une infirmité qu'ils transformaient en avantage. Une branche de ces vignes mourait et tombait lorsque le cep avait atteint une certaine taille, ce qui fortifiait le pied et donnait aux raisins un arôme particulièrement puissant.
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Dès leur première rencontre, il avait senti chez elle ce potentiel, cette force vitale réprimée, et en la contemplant, maintenant qu'il connaissait sa bravoure et ce dont elle était capable, il se sentait encore plus envoûté.
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Ceux qui rachètent les quotas [de pêche] sont également ceux qui construisent ces galeries [marchandes]. Ce sont eux qui détiennent le pouvoir en Islande.
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Les Islandais sont les pires commères de la planète. De vraies concierges ! Et tout le pays est comme ça !
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Certains se sont enrichis sans avoir à lever le petit doigt. On leur a offert d’incroyables privilèges en laissant les autres crever de faim.
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Toute cette vénération du passé nous empêche d’aller de l’avant, c’est un frein au progrès qui ne fait qu’affaiblir les gens.
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[…] la jeune génération qui préférait rester en voiture, ne s’intéressait pas à l’Histoire ni à l’héritage de la nation, et n’avait qu’une envie : rouler à toute vitesse vers la prochaine étape, incapable de ralentir, d’observer et de méditer.
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Il sait que le grattement qu'il entend sous la terre n'est que le fruit de son imagination, les gémissements lointains qui lui parviennent sont des bruits qui n'existent qu'à l'intérieur de sa tête.Il connaît leur origine et ne les redoute pas.
Sa conscience sombre à nouveau dans le néant.
D'autres sons l'assaillent .des paroles qu'il a prononcées dans un passé lointain, avec lesquelles il a vécu toute sa vie , mais qu'il n'aurait jamais dû laisser sortir de sa bouche.
des mots tellement insignifiants.
Des mots tellement gigantesques.
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La pensée de le savoir mort sur la lande était insupportable et Erlendur se mit à le voir dans les cauchemars qui le réveillaient en sursaut, hurlant et en larmes , ces cauchemars où il luttait contre les rafales de neige , avec toujours cette neige qui cinglait son petit dos et la mort à ses côtés.
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La maison abandonnée était encore debout au pied de la lande. Il y avait dormi alors qu'il était allé visiter les lieux de sa jeunesse dans un but imprécis.Peut-être pour entendre à nouveau les voix de ses disparus et se souvenir de ce qu'autrefois il avait aimé.
C'était dans cette maison , aujourd'hui nue, sans vie,ouverte à tous les vents , qu'il avait pour la première fois entendu ce mot inconnu et détestable qui s'était profondément gravé dans sa conscience.
Assassin.
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Plus jeune , il avait désiré rêver de son frère.Il prenait des objets qui avaient appartenu à Bergur, un petit jouet ou un chandail que sa mère avait rangé avec soin car elle ne jetait jamais rien de ce que l'enfant avait possédé. Il les plaçait sous son oreiller avant de s'endormir , à chaque fois il en choisissait un nouveau . Au début , il avait voulu savoir si Bergur viendrait le visiter en rêve , s'il serait capable de l'aider à le retrouver. Plus tard ,il avait simplement souhaité le voir , se souvenir de lui ,de ce à quoi il ressemblait au moment où il s'était perdu.
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