Citations de Arto Paasilinna (784)
Le Diable rôde parmi nous tel un lion rugissant !
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Mais quand Dieu lui cingle l'échine de son fouet, il y a du poil qui vole et le Malin chie dans son froc !
On demanda à Vatanen s'il avait l'intention de tuer et de manger le lièvre quand il aurait grandi. Vatanen déclara qu'il n'y songeait pas. On en conclut que personne bien sûr ne tuerait son propre chien, et qu'il est parfois plus facile de s'attacher à un animal qu'à un être humain.
La proximité de la mort accroît le désir de vivre, c'est bien connu. (Folio - p.192)
Le chauffeur de taxi fit remarquer qu'en réalité, le conseiller à l'industrie tenait plus du bouc cornu des anciens mythes liés au solstice d'hiver que de son avatar moderne à costume rouge et barbe blanche.
Nul n'est plus avisé qu'un homme qui a besoin d'un réfrigérateur.
Le directeur Werneri Waistola se déclara désolé. Il ne pouvait plus emmener Emilia en tournée, maintenant que la loi interdisait de la présenter au public à des fins lucratives. Elle était trop grosse pour rester dans un cirque ambulant comme animal de compagnie. On pouvait d’ailleurs en dire autant de sa femme, ajouta-t-il. Emmi ne connaissait pratiquement aucun tour d’adresse, elle restait allongée toute la journée sur le canapé de sa caravane à lire des torche-culs et à s’enivrer de liqueur, au point qu’on ne pouvait même pas songer, le soir venu, à la laisser entrer sous le chapiteau, du moins sans surveillance. Waistola n’alla cependant pas jusqu’à dire que quitte à choisir il aurait préféré emmener l’éléphante plutôt que son épouse.
Le monde semblait prendre à cœur son entrée dans le troisième millénaire.L'euphorie atteignait des sommets insensés.Sur tout les continents ,on tirait des feux d'artifice .En Italie on alluma plus de fusées qu'après la chute de Mussolini. Au Kazakhstan, quelques nomades éméchés envahirent une base de missiles et , dans leur liesse ,lancèrent deux têtes nucléaires intercontinentales.
Emilia, debout au fond de la verrerie sur sa litière, solide et tranquille, regarda Paavo avec des yeux confiants et émit un grognement bienveillant. Elle savait choisir ses amis et reconnaître d'instinct les braves gens , même quand ils avaient tendance à beugler . elle tendit sa trompe musculeuse en direction de l'agriculteur.
"Leurs paupières sont dotées de longs cils souples qui leurs donnent un regard doux et émouvant. Certains prétendent que les éléphants sont capables de pleurer, ce qui a fait l'objet de nombreux débats partout dans le monde"
Les femmes n'ont en effet pas naturellement le sens des trajectoires en forme de cloche. contrairement aux hommes qui ont tous les jours l'occasion de les étudier en vidant leur vessie. (p. 167)
Quelques requins tueurs curieux vinrent lui renifler les fesses, mais ils n'étaient pas d'humeur à mordre. Le poisson ne mord pas tous les jours.
La directrice adjointe Helena Puusari éleva la voix pour faire remarquer qu'il importait assez peu, au bout du compte, que les suicidaires aient ou non attrapé le HIV, puisqu'ils étaient là pour mourir.
Pour être un chez-soi, avoir une âme, un appartement doit être habité par une femme.
Le spleen est un adversaire plus impitoyable que l'Union soviétique.
Si seulement j'osais ouvrir les yeux, ou même un œil, songea prudemment Vatanen, mais sans en ouvrir aucun ; l'idée déjà était suffisamment téméraire.
Le soir venu, ils se retirèrent tous les trois dans une grange. Vatanen avait porté des couvertures dans leur abri. (...) Elle fit les lits dans le fond de la grange. Vatanen ferma la porte, le soleil disparut, on entendit à l'intérieur :
" - Arrête, il nous regarde."
La porte de la grange s'ouvrit en coup de vent. Le lièvre vola par la porte, Vatanen le jetait sur le pré.
Bientôt, le lièvre aussi vint sautiller près du bétail. La femme, Irja Lankinen, fut immédiatement conquise :
" - Oh ! Qu'il est mignon !
- Tu veux le prendre pour la nuit ? "
Irja voulait bien.
" - Je te le laisse pour la nuit à condition que tu me prennes aussi. D'accord ?"
Un printemps, la femme de Vatanen s'était trouvée enceinte mais s'était rapidement fait avorter. Un lit d'enfant aurait rompu l'harmonie du décor, avait-elle dit, mais Vatanen avait appris après l'avortement une raison plus vraisemblable : l'embryon n'était pas de Vatanen.
Mais le charme de la campagne n'éveillait aucun goût de vivre chez les voyageurs abattus. Sorjonen fut prié de fermer sa gueule.
On fit griller le serpent sur le feu. On coupa les fruits en morceaux et on rongea les racines telles quelles. On ingéra cette pitance par nécessité, en silence et sans la moindre ferveur.
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