Citations de Barbara Chase-Riboud (43)
Elle-même avait préparé sa propre fille, son enfant favorite, à la triple servitude d'esclave, de femme et de concubine, ...
Comment avait-elle su que son image d'une parfaite esclave coïncidait avec l'image qu'il avait d'une femme parfaite.
Et Sally Hemings aimait Thomas Jefferson. C'était cela la tragédie. L'amour, pas l'esclavage. Et Dieu sait ce qu'il y a d'esclavage dans l'amour...
Pourquoi Jefferson avait-il cessé de s'opposer à l'esclavage après son retour de Paris ? Qu'est-ce qui l'avait enchaîné à une contradiction si profonde et si durable? Il ne croyait pas en Dieu, ses idées d'obligation et de rétribution se bornaient donc à ce monde.
Mon cercueil sortit du ventre de la machine.
Etonnée, je vis des milliers de gens de couleur...Ils se levèrent tous pour m'acclamer.
"Maman Sarah...Maman Sarah...
Un océan de sons...
Moi, Sarah Baartman, la non-humaine, devenue un symbole de toute humanité.
...Je découvris que mon squelette sans larmes pouvait quand même en verser...
Elle n'avait jamais cherché à dépasser sa triple servitude. Elle s'était attachée obstinément à la seule chose qu'elle eût jamais trouvée d'elle-même dans sa vie : l'amour, et l'amour pour elle avait été plus réel que l'esclavage. Elle avait survécu aux deux, c'était la vérité de son existence.
Les livres parlent à tout le monde, sans tenir compte de la couleur. C'est toute l'idée d'un livre. Un livre est un pays tout entier. Un livre te sort de la prison de ton esprit. Et lire, c'est écrire. Et écrire, c'est s'appartenir.
Il avait désormais une sorte d'indifférence, de calme, apporté par la satisfaction de tous ses désirs. Sous les manières suaves, sereines et glacées, sous la politesse presque exagérée, il restait cette brutalité particulière aux Virginiens habitués aux privilèges du despote n: n'être jamais contredit, mener les chevaux à coups d'éperons, contrôler les ambitieux, régner sur un royaume privé et se voir occuper une place dans l'Histoire. Il s'était tout pardonné et ne se souciait pus qu'elle pardonne ou non.
Anthologie
Extrait d' un texte de Françoise Cachin
( 1974)
Une des premières choses que revendique Chase- Riboud est l'aspect artisanal d'un travail qui cherche à concilier l'art traditionnellement noble- la sculpture sur bronze, activité virile- à l'autre, considéré comme mineur- le tissage, traditionnellement feminin- et à réinterpréter dans un sens contemporain les qualités de l'art primitif.
« D’un côté ils haïssent et méprisent les Noirs, d’un autre ils en font l’objet de leurs désirs les plus violents, de leurs obsessions les plus intimes… » p.241
"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..."
Et Euphémia s'est enfin adressée à moi, Mlle de S, poursuivit Naksh-i-dil en parlant aussi bas que dans un confessionnal. J'avais dix ans. Soudain l'Ikbal prit la même voix rauque que l'Obeah.
"Votre nouveau tuteur va bientôt vous envoyer en Europe parfaire votre éducation. Votre bateau sera capturé par des pirates algériens. Vous serez faite prisonnière et rapidement enfermée dans un couvent pour femmes d'une autre nation que la vôtre, ou dans une prison... Là, vous aurez un fils. Ce fils régnera glorieusement sur un empire, mais un régicide ensanglantera les marches de son trône. Quant à vous, vous ne jouirez jamais d'honneur public ni de gloire, mais vous régnerez, Reine voilée, invisible, vous vivrez dans un vaste palais où chacun de vos souhaits sera un ordre, et des esclaves innombrables, par milliers, vous serviront. Au moment même où vous vous sentirez la plus heureuse des femmes, votre bonheur s'évanouira comme un rêve, et une longue maladie vous conduira jusqu'à la tombe."
"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..."
Je regardai l'abbesse. Elle était tout ce que je détestais. Je la détestais parce qu'elle était blanche. Je la détestais parce que mon père l'avait aimée autrefois. Je la détestais parce que, peut-être, il l'aimait encore. Je la détestais parce qu'elle avait partagé davantage la vie de mon père à travers ses lettres, en vivant à cinq mille kilomètres et absente depuis plus de trente ans, que je ne l'avais fait en dormant pendant vingt-et-un ans dans sa maison.
P. 188
Il lui arrivait encore de vendre un esclave, par rancune ou pour garantir sa tranquillité domestique. C'était encore un Blanc. C'était encore le maître. Et, dans le monde des Blancs, mon maître n'était pas l'homme que je connaissais.
Il n'y a pas d'histoire, seulement des mensonges plus ou moins plausibles
En 1839, des guerriers du pays Mendé sont enlevés en Sierra-Léone et emmenés en esclavage. Puis la révolte éclate à bord de l'Amistad. Menée par Sengbe Pieh, alias "Joseph Cinque", la petite troupe se défait de ses geôliers et débarque sur la côte -est des États-Unis.
Doivent-ils être considérés comme libres, du fait que la traite des noirs est interdite depuis 1815 ?
Ou restitués aux espagnols en tant que "marchandises" ?
Politiciens esclavagistes et abolitionnistes, conservateurs blancs et noirs émancipés s'affrontent.
Et de leur procès à leur libération - et au retour vers l'Afrique -, Joseph et ses compagnons font l'apprentissage d'un monde en pleine mutation, dont ils ignoraient tout.
C'est à partir de faits réels que l'auteur de "la Virginienne" et de "la grande Sultane" brosse cette magnifique fresque de l'esclavage.
(quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1989)
On ne doit rien dire de l'esclavage ici, parce qu'il n'est pas ici.
On ne doit rien en dire là-bas, parce qu'il est là-bas.
Personnellement, je ne peux pas vivre ainsi.
Mon beau Turc, les femmes simples se servent du sexe pour obtenir le pouvoir.Moi, je me sers du pouvoir pour obtenir le sexe.
Le pouvoir recherche toujours l'obéissance aveugle : tyrans et sensualistes sont dans le vrai quand ils s'efforcent de garder les femmes dans l'obscurité, car les premiers ne veulent que des esclaves et les seconds des jouets. Et certes, le sensualiste a été le plus dangereux des tyrans, car les femmes ont été abusées par leurs amants comme les princes par leurs ministres. (Mary Wollstonecraft)
Quand le génie sert à justifier le bon plaisir, tromper les autres signifie qu'on doit avoir commencé par se tromper soi-même. (John Quincy Adams)
"Permets-moi dit-elle, que si jamais tu révèles ta véritable identité à ta future famille , ce ne sera jamais à tes propres enfants.Choisis une femme de la deuxième génération,une petite fille.Il est plus facile de parler à ces petits enfants qu'à ces enfants, et un secret est plus en sécurité si tu le confies à une personne de ton sexe.
-Pourquoi cela , Maman?
-Les femmes portent leurs secrets au plus profond de leur ventre,
repondit-elle, cachés et nourris de leur sang, tandis que les hommes portent les leurs comme leurs organes génitaux, attachés par un mince cordon de chair, incapables de résister à une caresse ou à un bon coup de pied"