AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Barbara Kingsolver (549)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Des vies à découvert

Traduit de l'anglais par Martine Aubert



J'abandonne aussi ce livre, page 398, comme "L'homme de la scierie". Je ne prends aucun plaisir à la découverte de ces vies. Je m'ennuie. Sauf quand il est question de Darwin, très contesté au XIXe siècle ou lorsque la difficulté de se faire soigner aux Etats-Unis devient un sujet récurrent au XXIe siècle. Je me dis alors : vive la France et son système de santé, même défaillant.

J'étais curieuse, pourtant, car j'avais déjà lu du Barbara Kingsolver. J'avais moyennement aimé, autant qu'il m'en souvienne, mais je n'avais pas abandonné.

Alors, vite, passons à autre chose.
Commenter  J’apprécie          260
Apprendre à voler (en dix mille leçons faciles)

🎃Chronique🎃



Aujourd’hui, j’ai lu et je sais

Apprendre

Apprendre à danser, à cuisiner, à marcher

Apprendre à continuer, reprendre et continuer

Apprendre à songer à l’insouciance

Au désir d’enfant, à l’arbre, à la joie

Apprendre à voler, par contre,

Ça nécessite des leçons, des façons

Ça peut être de la poésie qui court

Qui court comme des tiges de citrouilles

De la poésie comme on respire

De la poésie féminine et concernée

Qu’il me reste à tricoter, à détricoter:

Simple comme garder de l’espoir



Hier j’ai vu et je sais

L’Italie

L’Italie silencieuse, la grouillante

La flambante, la flottante, la douce

Celle d’avant, celle pavée, celle incendiée

Je la trouve belle dans ces vers

Elle est à moi comme ça. Et puis non.

Ce n’est pas aussi facile

Ce n’est pas parce qu’elle resemble

A mes souvenirs morts-Nés

Que je m’en irai les pleurer

Je la préfère là,

Dans des chapitres aux chiffres romains.



Aujourd’hui je relis et je sais

Que je ne sais pas grand-chose

Qu’il me faut apprendre

De l’éphémère, de où ça commence…

Mais je crois que ça part d’un cercle

D’un cercle d’amies et d’une poétesse

Qui s’engagent en toute conscience

Dans un monde foisonnant de créativités

D’amours et de merveilleux Ordinaires

Je veux bien apprendre

La terre, la mer, la soif et la vibration

La nature, la parade, les petits mots

La vie, la joie, le deuil, les lettres

Les questions, l’usure, l’effacement

Je veux bien apprendre

Le Maintenant. La force du maintenant.

Le maintenant qui dépasse l’entendement

Le maintenant qu’il me faut vous dire

Pour que ce coup de cœur compte

Fois dix mille

Maintenant qu’il y a urgence

À connaître

La puissance inspirante

De cette grande dame, Barbara Kingsolver

Qui nous insuffle le courage qu’il faut pour

Apprendre à voler

(En dix mille leçons faciles)…

Et puissent les oiseaux, être le texte

Et moi, celle qui n’est plus tout à fait là…



Bien féeriquement,

✨🧚🏻‍♀️
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          260
L'arbre aux haricots

Une découverte -déjà ancienne- mais je garde de ce livre un souvenir souriant: Taylor et sa petite Turtle, la voiture cahotante dans les grands paysages américains, l'humour et la tendresse du ton, les questions sur l'american way of life sérieusement remis en question par ce petit bout de femme indépendante, volontaire et généreuse.



Je ne sais pas si c'est un livre majeur et je m'en fiche: dans les temps sombres de massacres, de radicalisation absurde, porteuse de haine et de mort, que nous traversons ce dialogue attentif, aimant et respectueux entre mère et fille, entre peuples (indien et américain) réconcilie avec la vie, et redonne la pêche!



A relire, comme on prendrait un bon grog un soir de tempête!
Commenter  J’apprécie          260
On m'appelle Demon Copperhead

Quel remarquable tour de force littéraire ! A près de deux siècles de distance, Barbara Kingsolver offre une réécriture contemporaine du David Copperfield de Dickens et par-là même une peinture dramatique et stupéfiante de la réalité de la misère systémique dans une région délaissée du Sud-Est des États-Unis. Sa région natale, dont elle fait le décor d'une société aveugle, engagée dans une course qui laisse sur le bas-côté ceux qui n'ont pas les moyens de suivre, une société qui n'a pas de temps à perdre avec les "péquenauds" ou autres appellations tout aussi sympathiques. Son Demon est de tous les plans, normal, c'est lui qui raconte avec un ton qui embarque aussitôt par sa lucidité, sa force et son humour à toute épreuve. Né Damon Fields sur le plancher du mobile-home où sa très jeune mère a trouvé à se loger après la mort accidentelle du père, il doit justement son surnom aux légendes qui entourent le passé de celui qu'il n'a pas connu. Ceux qui ont lu David Copperfield pourront s'amuser à reconnaître les grandes lignes du parcours du héros - arrivée d'un beau-père, décès de la mère, début de la dégringolade... - , les figures qui l'entourent d'une rare affection, celles qui au contraire ignorent ses souffrances et se moquent de son sort ; mais si ce n'est pas le cas, l'histoire de Demon Copperhead existe par elle-même, ancrée dans un contexte contemporain malheureusement très réaliste. L'incurie des services sociaux dans la prise en charge des orphelins, le trafic intéressé et sans pitié des familles d'accueil, les ravages du trafic des anti-douleurs le plus gros scandale sanitaire des années 2000. Barbara Kingsolver installe ses personnages sur cette toile de fond et ose un ou deux clins d’œil à Dickens faisant dire à Damon qui découvre ses livres "un type hyper vieux, mort depuis un bail et étranger en plus de ça, mais putain, il les connaissait, les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne avait rien à branler. T'aurais cru qu'il était d'ici." L'autrice en profite pour explorer le passé, remonter aux sources et remuer un peu la boue sans jamais perdre son héros de vue. Son Damon est d'une loyauté à toute épreuve et révèle une certaine fraîcheur malgré les épreuves. Comme son célèbre modèle c'est un talent artistique qui sera sa bouée de sauvetage ; avant cela il nous aura tenu en haleine, avec l'envie de le réconforter les jours de désespérance - même s'il n'est pas du genre à s’apitoyer sur son sort - et de l'encourager face à son peu d'estime pour lui-même. Tout au long des 600 pages on ne veut qu'une chose : que Demon réalise enfin son rêve de voir l'océan, et si possible bien accompagné.



Soufflée par la performance, totalement conquise par Demon et enchantée par ma lecture.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          253
Des vies à découvert

Deux histoires parallèles qui se déroulent dans la même maison l'une en 1871, l'autre en 2006 au moment de l'élection de Donald Trump.

On suit deux familles avec en toile de fond le développement de la science, le darwinisme pour la première époque ; les thèmes propres à notre époque de conscience sociale, politique et écologique pour le seconde période.

L'ancien monde versus le nouveau monde avec pour chacun leurs espoirs et leurs déceptions.

Le parallèle est malin mais le propos est desservi par des personnages trop caricaturaux et peu attachants.

C'est bien écrit mais trop long, touffu et lourd.

L'ennui s'installe et il faut s'accrocher pour poursuivre la lecture qui reste intéressante par les thèmes abordés.

Commenter  J’apprécie          254
Des vies à découvert

Voici un roman qui concorde parfaitement avec le contexte pré élections et fin de l'ère trumpienne que nous avons connu ces derniers jours. Le dernier roman d'une Barbara Kingslover particulièrement inspirée dresse un tableau sans concession d'une Amérique en proie à ses démons et à ses éternelles contradictions.



Construit sur deux fils séparés par 150 ans, l'intrigue se déroule à Vineland, New Jersey, dans la même maison, les deux fois au bord de l’effondrement.La romancière fait alterner avec un grand brio un récit contemporain sur cet écroulement du rêve américain, qui a abouti à l'arrivée du milliardaire à la Maison-Blanche il y a quatre ans et un récit situé à la fin du XIXè siècle, avec une femme scientifique proche des théories de Darwin, permettant de bien appréhender la condition des femmes à cette époque où les thèses créationnistes prévalaient largement...

Mais , à pourtant 150 ans d'éloignement , ces deux femmes et ces deux familles sont -elles si éloignées que cela ?

Des vies à découvert utilise le principe du récit à miroir, un procédé qui est parfois vain mais qui ici montre très rapidement sa grande pertinence.





Un roman d'une grande force!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
L'arbre aux haricots

****

Alors qu'elle quitte son Kentucky natal, Missie, alias Taylor, n'imagine pas sa nouvelle vie aussi différente. Elle fait une drôle de rencontre dans l'Oklahoma et hérite d'une petite Indienne, qu'elle appèlera Turtle. Toutes deux vont se poser leur valise à Tucson et s'entourer d'amis qui les aideront à avancer...

L'histoire de cette rencontre est juste touchante... Je devrais même dire de ces rencontres car Taylor ne va pas juste s'occuper de cette petite fille. Elle va l'aimer, comme sa propre enfant, et se démener pour la protéger. Mais elle va aussi se découvrir, aimer et renoncer... Elle va grandir et s'apercevoir que la vie peut être tout aussi dure que douce... Qu'il faut juste garder un peu d'espoir et beaucoup de foi...
Commenter  J’apprécie          252
Un autre monde

Je ne suis pas entrée tout de suite dans cette lecture, mais, faisant confiance à Barbara Kingsolver, j'ai persisté et j'ai bien fait.

Les documents assemblés dans ce livre... journaux intimes, lettres, coupures de presse, témoignages et notes de l'archiviste... attesteraient presque d'une authentique biographie. Des personnages illustres, des faits réels et bien connus nous y font croire un peu plus.

Mais non, en fait c'est la biographie très étayée d'un personnage... fictionnel.

Un personnage attachant, intelligent et sensible... qui ne demande pas grand chose, si ce n'est écrire.

Des images symboliques, des allusions parsèment le livre et ne deviennent compréhensibles que beaucoup plus loin dans la lecture.

L'Histoire (H majuscule) est mêlée à la petite histoire de Harrison Shepherd, et tout ça est si bien fait que vous vous surprenez à taper son nom sur internet... des fois que...

Si on s'accroche au début, la suite est dévorée avec délice et on se régale de cet "autre monde" si réel.
Commenter  J’apprécie          250
Les cochons au paradis

C’est juste une formidable histoire d’amour entre une mère et sa fille. Taylor repart avec sa petite fille qu’une juriste menace de lui enlever. Elle repart dans sa vieille voiture, avec rien ou si peu, traverse une partie du pays, mais voilà. Quand on part de chez ses parents on a l’insouciance de ses jeunes années. Taylor est maintenant une maman responsable et aimante. Elle trouve appartement et travail précaire qui ne lui permettent pas de vivre décemment. Sa mère viendra la rejoindre et repartira pour essayer d’arranger le dossier administratif. Pendant ce temps Taylor perd son optimisme. Sa fillette l’attend dans la voiture quand elle travaille et elles ne mangent que du beurre de cacahuète. Elle prend conscience de la misère dans laquelle elle a entraîné Turtle et préfère rejoindre sa mère pour affronter les autorités compétentes. Je suis toujours aussi fan, quelques heures de dépaysement, d’amour, d’amitié, de bons sentiments. Ça fait un bien fou !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          250
Un été prodigue

« L’arbre aux haricots » et « les cochons du paradis » nous proposaient un émouvant voyage du Kentucky en Arizona en sombrant dans le désert de l’Oklahoma. « Un été prodigue » nous permet de se poser dans cette région du Kentucky, au pied des Appalaches, pour y découvrir la faune et la flore locale, les “régionaux du terroir” et leur vie. Le roman nous plonge dans cette Nature abondante et généreuse, et nous montre surtout l’implication et le rôle des prédateurs dans le maintien de cet écosystème tant fragilisé par l’Homme surpuissant et dominateur.



Une fable écologique pour tous les amoureux de Dame Nature qui suivront avec passion et intérêt, l’histoire simple mais émouvante de 3 femmes en harmonie avec leur milieu naturel, si beau et si enrichissant. Peut-être un premier pas vers une réelle politique de protection de l’environnement, soyons optimiste.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
Commenter  J’apprécie          251
On m'appelle Demon Copperhead

Dans cette réécriture de David Copperfield, Barbara Kingsolver donne la parole à Demon, garçon qui représente les déclassés de l'Amérique. Les Appalaches en toile de fond, l'autrice suit le parcours de cet orphelin résilient et gouailleur, à la voix franche et familière finalement touchante. En filigrane, la romancière évoque le dénuement, l'assistance sociale, et surtout l'épidémie des opioïdes, fléau plus que jamais d'actualité (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/03/03/on-mappelle-demon-copperhead-barbara-kingsolver/)


Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          240
Un été prodigue

Je viens de faire une expérience que je ne fais que très rarement, relire un livre. Après une quinzaine d'années, il ne me restait finalement que les grandes lignes de ce roman mais mes émotions, elles, sont intactes. J'ai le sentiment d'avoir vibré aux mêmes endroits.

Dans ses récits, Barbara Kingsolver aborde souvent le thème du respect de la faune et de la flore et particulièrement dans celui-ci. Le cycle de la vie, le respect de la chaîne alimentaire, l'écologie et la biodiversité lui sont très chers et pour nous parler de dame Nature, Barbara Kingsolver va mettre en scène trois personnages féminins Deanna, Lusa et Nannie. Elle place son décor dans les Appalaches de son Kentucky natal, dans la vallée de Zébulon.

Deanna Wolfe, 45 ans, lasse du tumulte de la vie, se retire dans la montagne en acceptant un poste de garde forestier. La préservation du coyote est une de ses préoccupations mais cet été-là, arrive un jeune chasseur qui chamboule son équilibre.

Lusa Widener, 28 ans, ancienne professeure reprend l'exploitation familiale suite au décès de son mari Cole. Sa belle famille n'est pas des plus chaleureuses mais cet été-là, arrive un nouveau drame qui rebat les cartes.

Nannie Rawley et Garnett Walker, 80 ans tous les deux se chamaillent sans cesse. L'un adepte d 'agriculture biologique pour que ses pommiers prospèrent et l'autre adepte du pesticide Sevin pour préserver ses châtaigniers mais cet été-là, une énième discussion leur fait baisser la garde.

Comme souvent le lien entre tous ces personnages n'est dévoilé qu'à la toute fin et c'est parfait.

Voilà je vous le dis madame Barbara Kingsolver, vous êtes une conteuse à mes yeux. J'aime vous lire car je ne m'ennuie jamais, j'y trouve toujours un intérêt, vous attisez souvent mon esprit. Vous célébrez le monde vivant et vous nous intégrer à notre juste place dans celui-ci.

Commenter  J’apprécie          240
L'arbre aux haricots

Quelle belle découverte que cette auteure dont j'avais beaucoup entendu parlé. C'est l'histoire de Taylor, mais aussi celle de Lou Ann, qui apprennent à devenir femmes et libres au milieu des grandes plaines des Etats-Unis. Du Kentucky à l'Oklahoma, Taylor fuit la fatalité de la maternité au volant d'une vieille Coccinelle. Sans le savoir, elle se précipitera vers tout ce qu'elle ne voulait pas lorsque son chemin croisera celui d'une petite fille qui a plus que jamais besoin de son aide. Lou Ann devra quant à elle, apprendre à vivre en se passant du soutien de son mari.

Toutes les deux affrontent une vie dont elles ne voulaient pas et vont y trouver malgré tout, beaucoup de joie.

Ce roman aborde des sujets sensibles comme la maternité, le racisme, l'immigration, la solitude, la maltraitance. Mais sans jamais tomber dans le pathos et avec beaucoup d'émotion. C'est une magnifique histoire, tout ce que j'aime dans la littérature américaine.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          242
Un été prodigue

Les Appalaches. le comté de Zebulon. Une immense forêt sous la surveillance de Deanna employée de l'office des forêts qui vit en solitaire depuis 2 ans au milieu d'une flore et d'une faune époustouflantes. Lusa jeune veuve débarquée de son univers de professorat d'université pour épouser Cole solide fermier et qui doit s'adapter et apprivoiser la famille Widener et Nannie enfin plus âgée 75 ans que nous découvrons à travers les propos de Garnett Walker son voisin , son "ennemi" ....

Après un début de lecture "poussif" je me suis enfin laissée prendre par cette histoire de faune ( le monde des coyottes entre autre et celui des papillons ) et de flore les traitements sans pesticides, la chaîne végétale et animale . Nous retrouvons ici les thèmes de prédilection de B Kingsolver . Elle en parle bien très bien , son combat est important mais autant je m'étais régalée avec l'Arbre aux haricots et les cochons aux paradis , autant j'avais découvert le Congo et sa période post coloniale dans les Yeux dans les arbres autant ici j'ai je l'avoue trouvé le temps un peu long mais bien sûr il ne s'agit que d'un ressenti très personnel





Commenter  J’apprécie          240
Une île sous le vent

Douze nouvelles pour nous raconter des histoires de femmes. Pas toujours gaies, mais optimistes, pas toujours heureuses mais jamais tristes. Je me suis sentie bien avec ces femmes, à ma place. Pourtant la vie ne fait pas de cadeaux, mais elles portent la force et l’amour. Elles se posent des questions et avancent toujours et encore. J’ai traîné dans ma lecture par plaisir. Dis l’auteur c’est trop court, j’en veux encore !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          242
On m'appelle Demon Copperhead

« Pour les survivants »

Nous voilà prévenus. La claque est monumentale digne du prix Pulitzer.

«  On m’appelle Demon copperhead », c’est l’Amérique, celle de la ruralité et des rêves en miettes.



A peine né et déjà condamné par une mère toxicomane et un statut de pèquenaud et de miséreux dans un comté où la population vit sous perfusion, ne reste plus qu’à s’accrocher à un surnom qui en jette et à des espoirs lointains d’évasion et d’océan pour Damon. Le chemin sera tortueux, semé de détresses et de morts mais aussi éclairé par des personnages lumineux plein de bonnes volontés, percutés à leur tour par l’indicible. Damon, narrateur, jeune héros imparfait, nous bouleverse par son incroyable lucidité et par sa volonté de sortir du gouffre malgré son impuissance face à un monde qui écrase tout et donne envie de s’évader autrement, parfois pour toujours.



Agriculteurs harassés soumis à la loi des lobbys du tabac, mineurs ou ouvriers bouffés par la maladie ou estropiés, services sociaux débordés, scandale des antalgiques distribués comme des bonbons à une population ou des sportifs au bout du rouleau, racisme, le portrait de l’Amérique est au vitriol mais terriblement réaliste et instructif.



Un roman qui questionne jusqu’au bout. Peux-t-on réellement s’en sortir quand tout est perdu d’avance? Brillant!
Commenter  J’apprécie          222
On m'appelle Demon Copperhead

"Tout le monde vous le dira, les enfants de ce monde sont marqués dès la sortie, tu gagnes ou tu perds."

Un déterminisme auquel le jeune Demon Copperhead, a bien du mal à échapper : une mère de 18 ans accro à la drogue, un père mort avant la naissance, il vit dans un mobil-home, au fin fond de la Virginie. C'est lui, de sa voix originale et pleine de verve, qui prend en charge le récit de sa jeune existence misérable, porte-parole des oubliés de l'Amérique rurale, qu'ils se noient dans la misère, la violence, le racisme ou les opiacés.



Comme la très grande majorité des personnages qui l'entourent, Demon s'en prend plein les dents, mais dans les mots de Barbara Kingsolver, il ne renonce jamais, s'entête et parvient même à vivre des moments pas trop moches.

Ce David Copperfield au pays des Rednecks n'a rien à envier à son illustre cousin anglais : il est balotté de malheurs en tragédies, de traversées du désert en victoires éphémères, croisant sur sa route des personnages aussi cruels que misérables, et quelques belles âmes aussi.



Avec cette histoire extrêmement touchante, incarnée par une tripotée de personnages parfaitement campés, B. Kingsolver compose un grand roman américain, une fresque sociale d'un réalisme poignant sur l'Amérique, revenant notamment sur le scandale de l'Oxycontin, cet antidouleur dérivé de l'opium, distribué très largement, à grand renfort de marketing et de dissimulations, qui a provoqué la mort par overdose de près d'un demi-million d'Américains. L'autrice dénonce également le poids du déterminisme social, aggravé par des services sociaux défaillants et l'échec du système scolaire.



Un très beau roman qu'on dévore, avec appréhension souvent, tendresse toujours et fébrilité à chaque rebondissement, et qu'on referme avec l'impression d'avoir rencontré un personnage magnifique. Inoubliable Demon Copperhead, son carnet à dessin, sa tignasse rousse et son envie irrépressible de voir l'océan.



Une première rencontre très réussie avec cette autrice et un Pulitzer amplement mérité !

Commenter  J’apprécie          227
On m'appelle Demon Copperhead

Un nouveau livre magnifique de Barbara Kingsolver. Une réécriture de "David Copperfield", située dans les Appalaches dans les années 1990. Les dégâts de la pauvreté générée par le système minier et la crise des opiacés nouent le ventre. Mais l'élan de vie de Demon et l'humanité immense de certaines des personnes qu'il rencontre nous emportent. Et contrairement à toutes attentes c'est une lecture pendant laquelle on rit !
Commenter  J’apprécie          220
Un jardin dans les Appalaches

Barbara Kingsolver et son mari Steven L. Hopp, professeur de science naturelle, décident de quitter l’aridité de Tucson en Arizona et de migrer vers leur ferme située au contrefort des Appalaches en Virginie. Leurs deux filles, Camille et Lily, sont également partantes pour changer d’environnement, emballées par le projet familial d’atteindre à l’autonomie alimentaire.

« Nous voulions prendre un congé sabbatique alimentaire, nous salir les mains, apprendre à cultiver, cet art en voie de disparition. »

Durant une année intensive remplie de semis intérieurs, d’entretien des plantules, de plantation au potager, de binage, de sarclage, de récoltes et de mise en conserve, Barbara raconte le processus en long et en large dans cet ouvrage vivant et didactique à la fois. Entrecoupé de statistiques et de faits concrets narrés par Steven et de recettes de cuisine proposées par Camille, le récit défile les mois et les saisons desquels découlent les travaux quotidiens. À cette latitude, les agriculteurs peuvent bénéficier de 48 semaines de culture et dès le mois de mars, apparaissent les premières asperges. Une bénédiction, comparativement aux terres québécoises! J’ai donc fortement apprécié l’abondance et la variété des récoltes tirées du jardin de Barbara. Avec humour et un brin d’autodérision, l’autrice aborde les enjeux de consommation locale (à moins de 100 km de la maison), de la malbouffe américaine, de l’art de vivre italien, des anciennes races de volailles et de bovins, de cuisine saisonnière, de la conservation des graines indigènes et des légumes oubliés, de la protection des aliments en voie de disparition, de l’industrialisation de l’agriculture, des pesticides, des engrais chimiques, des traditions culinaires et de repas en famille.

Foisonnant de détails techniques et d’anecdotes pittoresques, le livre apporte une intense réflexion sur la façon de nous alimenter et de consommer en plus d’inciter au locavorisme et/ou au jardinage. Pour ma part, je cultive avec succès des fines herbes en pots, deux pommiers nous donnent leurs fruits une année sur deux et les quelques tentatives de potager déployées se sont inévitablement soldées par les razzias des écureuils, des oiseaux, des insectes et même d’un lapin en goguette. Le jardinage est peut-être un art, mais c’est aussi beaucoup de travail et de surveillance.



Commenter  J’apprécie          220
Les yeux dans les arbres

Les yeux dans les arbres



1000 Mercis à Cigale17 dont la critique emballée m'a donné une envie urgente de lire cette histoire. Et quelle histoire ! Celle d'un pasteur baptiste américain illuminé qui décide de partir en mission d'évangélisation dans un village au fin fond de l'Afrique, plus précisément au coeur du Congo, en 1959, en y emmenant sa famille, composée de son épouse et de ses quatre filles.



Comment imaginer le choc subi par cette famille américaine de Georgie à leur arrivée en sol africain, aucunement préparée à la vie rustique d'un village africain, incapable de décoder la culture de sa nouvelle patrie, et très vite accablée par les tourments des maladies, fourmis, famine qui sont le lot quotidien là-bas ! Ce roman choral prête voix aux quatre soeurs et à leur mère, femme et filles fortes, mais rapidement dépassées, pleines d'intelligence et d'humour mais confrontées à des épreuves terrifiantes, avec pour toile de fond la tentative d'indépendance du Congo qui deviendra Zaïre, mais qui continuera d'être exploité par les voraces colonisateurs, sous de nouveaux habits.



L'histoire se poursuit sur plus de trente ans, nous permettant de suivre la destinée tragique et hors norme de cette famille qui restera inextricablement liée à l'Afrique et à quelques uns de ses habitants que l'on apprend à connaître et aimer. J'ai complètement adoré ce roman pour son intelligence, sa subtilité et son envergure, traitant d'une histoire familiale mais aussi de la grande Histoire, qui s'adresse autant à l'intellect qu'à l'émotion, qui vous instruit et vous fait grandir, un grand roman !

Commenter  J’apprécie          227




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Barbara Kingsolver Voir plus


{* *}