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Critiques de Béatrix Beck (80)
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Léon Morin, prêtre

Un roman qui offre, à mon avis, une double lecture.



D'abord, celle qui concerne l'époque, celle de l'occupation nazie, des collaborations diverses, des aides apportées aux juifs pour les cacher, mais de l'antisémitisme aussi que certaines des femmes héroïnes du livre n'hésitent pas à affirmer malgré leur prétendue adhésion au catholicisme, nullement gênées de cette contradiction.



Cette partie qui apparaît assez détaillée au début du livre reste en filigrane de la suite. Elle me paraît quelque peu vide de sa substance, peut-être parce que l'autre sujet, l'histoire de l'abbé Morin et de Bardy, devait être le véritable coeur du livre. Mais comment s'en tenir à ces deux personnages et écarter la vie quotidienne durant l'occupation, avec ses résistants, ses collaborateurs, ses héros et ces femmes perdues dans la tourmente na sachant quelquefois plus à quel saint se vouer.



L'autre partie, c'est le vécu de la relation entre une femme veuve et l'abbé Morin, relation qui reste chaste, même s'il est évident que les deux éprouvent des sentiments l'un pour l'autre. Et c'est l'abbé le plus lucide, il reste fidèle à son engagement, même s'il n'en comprend pas forcément les exigences, il a une ligne de vie et, surtout, il vit pleinement l'Evangile en se consacrant aux autres, quels qu'ils soient et en ayant développé une capacité de pardon portée par sa foi.



Bardy, la jeune femme, est bien plus tourmentée. Après des tentations saphiques, c'est le prêtre qui devient l'objet de sa flamme et celui-ci peut donc douter de la réalité de sa conversion, elle qui s'affirmait athée. S'il en doute, il l'accepte néanmoins et l'accompagne, leurs dialogues revêtant toute la sincérité de l'abbé Morin qui fait toujours référence aux Ecritures pour justifier pardon et altruisme. Sur cet aspect, le roman est réussi, la progression bien figurée et le dénouement maîtrisé.



Ce texte peut paraître bien désuet aujourd'hui, le trop plein d'obligations morales portées par l'Eglise s'étant tellement déversé que la substance de l'essentiel peut être perdue de vue. L'abbé Morin, lui, reste calé sur le sens de sa vie, de la vie pour chacun de nous, l'attention portée aux autres traduites dans pensées et actes.
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L'Enfant chat

Imaginez qu'un beau jour, alors que vous êtes à la retraite, vous héritiez d'une petite boule de poils... C'est ce qui arrive à Olga Bredaine, une veuve, professeur à la retraite. Jusque-là, pas de quoi casser trois pattes à un canard me direz-vous ! Oui, mais imaginez également que votre compagnon à quatre pattes se mette, un beau jour à vous dire quelques mots... Vous penserez soit à une hallucination, soit à la folie qui vous guette... Mais lorsque la petite puce vous demandera d'aller à l'école, là.... on ne répond plus de rien !!! D'autant plus qu'elle a un sacré caractère la demoiselle, Soizic de son prénom, alias S dans le texte ! Tiens, je me demande bien ce que la mienne, Myrtille, pourrait me dire... Hum... Non, tout bien réfléchi, je ne préfère pas savoir !



La lecture de ce roman est très agréable, très fluide. L'enfant qui sommeille en vous se réveillera soudain et adhérera complètement à ce petit conte qui n'est pas sans rappeler Les Contes du chat perché de Marcel Aymé.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Gide, Sartre et quelques autres

28 modestes pages inédites de l'auteur de "Léon Morin prêtre" éditées par une petite maison d'édition dont j'affectionne particulièrement le travail et l'esthétique de leurs publications, Les Editions du Chemin de Fer…

...

Des pages anarchiques qui passent du coq à l’âne, qui font plutôt songer à une conversation en direct, où Béatrix Beck, narre essentiellement son travail de secrétaire auprès du vieil Enfant Prodige, André Gide, qui fut un grand ami de son papa, l’écrivain belge, Christian Beck. Pourtant l’histoire entre eux était mal partie ; Béatrix Beck, poussée par le besoin et la nécessité dut se résoudre de vendre aux enchères des lettres de Gide à son père…

« Ces lettres se vendirent aux enchères au palais des Beaux-arts de Bruxelles. Les enchères étaient montées très haut, étant donné la célébrité du scripteur-mais, navrée d’avoir dû recourir à une telle extrêmité, j’écrivis à Gide à ce sujet. Il me répondit tout de suite en m’assurant que lui, au contraire, était ravi d’avoir ainsi pu, indirectement et à travers tant d’années, rendre service à la fille de l’ami très regretté.

La vente de ces lettres d’André Gide à Christian Beck m’apporta le loisir nécessaire pour faire mon premier livre »



Inédit des plus attachants et instructifs car il nous donne à voir un portrait plus intime et malicieux de l’auteur des « Nourritures terrestres », car Béatrix Beck possède un ton des plus facétieux…



« Gide aimait beaucoup l’œuvre du poète Norge, surtout un poème intitulé « Monsieur », qu’il nous lut admirablement, avec un humour contenu :

Je vous dis que Monsieur est bête.

Je vous dis que Monsieur est mort.

Je vous dis que Monsieur est Dieu.

Naturellement, le vieil écrivain s’identifiait à ce « Monsieur » qui ne meurt que pour mieux accéder à la divinité. » (p.20)



Béatrix Beck narre modestement les rencontres d’écrivains célèbres avec son patron, dont une avec Sartre… qu’elle admirait plus personnellement.

Un petit livret fort agréable à lire, avec le plaisir supplémentaire de tomber au cours de cette brève lecture, sur des alternances de papiers de couleurs …et 2 feuillets de copies couleurs, du tapuscrit d’origine, in-fine.

Nous l’aurons compris, la facétie et l’estime de l’écrivaine ne font pas oublier que Gide était une personnalité imprévisible et complexe…il en ressort toutefois un portrait attachant, et drôle.



« Son besoin d’amuser avec autrui, ou même de s’amuser d’autrui, de mettre l’autre dans des conditions déconcertantes, pour voir comment il réagira, se manifestait jusque dans les petites choses. Ainsi, quand il assistait aux répétitions de sa pièce, -Les Caves du Vatican -, et qu’il rentrait tard, au lieu de sonner normalement à la porte, il grattait, un grattement si léger que c’en était presque inaudible si bien que j’étais obligée d’avoir constamment l’oreille aux aguets. Et c’est ce que souhaitait Gide. Il n’aimait pas qu’on l’aime avec excès, mais il souhaitait qu’on pense beaucoup à lui. (p.15)

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La décharge

Noémi Duchemin vit à proximité de la décharge publique avec ses parents et sa fratrie. La famille, repliée sur elle-même à cause de son exclusion sociale, mène une vie que certains qualifieraient de marginale, au point même qu'il faut bien l'impulsion initiée par un membre extérieur à la famille pour que Noémi Duchemin prenne conscience du caractère inhabituel de sa résidence. Sous l'oeil sévère mais bien intentionné de son institutrice, Noémi entreprend de décrire son existence. Son esprit impétueux transparaît à l'écrit lorsque la jeune fille digresse et s'indigne -mais jamais à propos de la décharge-, tout comme la maladresse de son esprit se fait ressentir lorsqu'elle essaie d'exprimer son émotion -mais jamais à propos de la décharge ! Et c'est bien cette indifférence à l'égard de sa misère qui chagrine l'institutrice. Lorsque Noémi se fraie une voie originale dans la narration et s'enivre de savoir comment l'Immaculée Conception a pu être possible, ou pourquoi la beauté des légumes n'est jamais été reconnue à l'égal du charme des fleurs, l'institutrice surgit pour couper court aux digressions. Noémi quitte alors son récit et entre en conversation avec son mentor pour justifier ses choix avec une mauvaise foi amusée et une vivacité qui titille l'austérité docile de son interlocutrice. Et le récit repart, lui aussi discipliné par l'échange, jusqu'à ce que la prose débridée reprenne ses droits. Et le texte progresse, voulant nous faire croire que le plus sordide de toute cette histoire, c'est l'existence recluse menée par cette famille à proximité d'une décharge. Mais Béatrix Beck nous attend au tournant...





Un jour, l'institutrice meurt. Noémi croit ne plus pouvoir continuer à écrire, ainsi qu'elle le pense joliment : "Je suis une pendule qui continue à marcher un moment après que celle qui l'a remontée a disparu".Marginale dans son mode de vie, elle continue à l'être dans ses affections, seule à suivre le cortège d'une femme dont l'austérité et la sécheresse avaient fait fuir tous ses semblables. Une telle proximité de coeur lui donnait bien le droit de recevoir en héritage, non seulement les livres préférés de son institutrice, mais aussi ses carnets personnels. Noémi découvre ainsi avec surprise et plaisir que sa professeure s'exerçait à une discipline similaire à celle qu'elle lui imposait : elle racontait sa vie. Elle parlait de Noémi.





Le dialogue vif à deux voix se poursuit, cette fois sous la forme d'une conversation par récits interposés. La prose légère et enjouée de Noémi, qui n'est pas sans partager certaines similitudes avec celle de Romain Gary écrivant pour Momo dans la Vie devant soi, est remplacée par celle plus ferme et rigoureuse, droite dans l'expression mais malgré quelques fantaisies strictement autorisées par l'inventivité littéraire, de l'institutrice. Puis revient le tour de Noémi. On espérait qu'elle n'aurait rien compris aux carnets de sa maîtresse -on avait fini par la croire véritablement naïve, pour ne pas dire stupide. C'est à ce moment-là que le titre de la Décharge prend tout son sens. Vivre près des ordures, ramasser des immondices pour se nourrir, batifoler dans la crasse, ce n'est rien face aux décharges spirituelles qui peuplent nombre des consciences civilisées.





Béatrix Beck est éblouissante dans sa démonstration. Habile à se métamorphoser d'une conscience à une autre, pluriforme dans la voix et dans l'esprit, elle nous surprend autant que Noémi put être surprise par son institutrice. Si le début du récit peut laisser légèrement sceptique, ce n'est que pour mieux nous prendre à la gorge dès le premier tiers des pages gentiment englouti.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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L'Enfant chat

Attention ! Si vous ouvrez ce livre, la poésie et la drôlerie, l'imaginaire et la réalité vont s'engouffrer sous votre toit et vous rendre, tour à tour, mélancolique, songeur ou vous faire pouffer de rire...





Madame Herbe, personne tenue à l'écart du village - sorcière crainte ou fée vieillie, oubliée et enviée - apporte à Madame Bredaine - veuve solitaire et institutrice en retraite - un chaton tricolore qu'elle a déjà nommée Soizic. Tout amoureux des chats sait qu'un chaton tricolore est forcément une demoiselle et dotée d'un fort caractère de surcroît : bref, l'ombre d'un petit démon !

Et Soizic parle...



Cette histoire pleine d'originalité est prétexte à évoquer une vie passée dans laquelle facteur, boulanger ambulant, boucher, berger peuplaient des vies avant l'avènement des ordinateurs qui font que désormais, on regarde l'écran au lieu de contempler son jardin et d'échanger avec ses voisins ! Ces pages parlent de potager, de recettes, de fleurs , de saisons, du temps qui passe et de la façon dont on le remplit.



Avec un style "qui gambade" - et cela fait un bien fou ! - jeu de mots, allusions littéraires, réparties pleines de sel, souvenirs de garnements, considérations sur la société et les aléas du progrès, tout est évoqué du point de vue des différents personnages et de leur vision de l'existence.







Remède indiqué pour donner le sourire, ce petit livre est à lire et à relire quand on prend conscience de la morosité qui peuple nos vies....à moins qu'il ne soit finalement là pour réfléchir et se demander ce que nous sommes en train de fabriquer de ce temps qui passe inexorablement...
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Léon Morin, prêtre

Je n'ai pas vu les films, je voulais d'abord lire le livre.

Honte sur moi: je n'avais jamais entendu parler de cet auteur et j'ai été bien étonnée de savoir qu'elle avait eu un prix Goncourt pour ce livre.

Je ne sais pas encore si j'ai aimé, mais en tout cas je l'ai lu d'un seul jet.

Dans notre monde qui a été christianisé, et même catholique, il est intéressant de rencontrer une belle figure de prêtre et cette athée - baptisée- qui se pose des questions. J'ai vraiment trouvé leurs dialogues intéressants et si je ne suis pas d'accord avec tout, leur rencontre en temps de guerre pose de vraies questions. J'ai aimé l'engagement et la fidélité de cet homme, et l'humilité de cette femme. Et France, un petit bout de femme bien charmant! Et les autres personnages croqués racontent un peu les croyants: des gens normaux qui essayent tant bien que mal d'avoir un comportement meilleur.

Ca paraît si simple de croire!

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La décharge

Noémi, à la demande de son ancienne institutrice, raconte sa vie sur des cahiers successifs.

La famille Duchemin vit dans une misérable cabane, entre le cimetière et la décharge municipale que le père, mutilé d’un bras, est chargé de maintenir en combustion.

D’une existence de miséreux, Noémi raconte une vie merveilleuse.

On est en plein dans le sordide le plus bas que cette adolescente surdouée dépeint comme un conte de fée. Ne connaissant que cette famille et sa misère, elle la trouve formidable et en est fière.

C’est franchement bien écrit. Béatrix Beck maîtrise parfaitement ses personnages et l’intrigue du roman.

Un véritable régal.

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Léon Morin, prêtre

ISBN : 9782070362172





Si je vous dis que je ne fournirai aucun extrait de ce livre, vous avez déjà tout compris. Non, je n'ai pas du tout aimé "Léon Morin, Prêtre" et à nouveau, je songe à la mémoire des frères Goncourt, lesquels, les malheureux, ne méritaient certes pas qu'on distribuât le prix dont ils sont les fondateurs de façon aussi inconséquente et grotesque. Non que Béatrix Beck ait un style épouvantable ou illisible : d'autres auteurs, plus "modernes", l'ont largement surpassée en la matière, on ne peut le nier. Seulement, j'ai cherché en vain la puissance, l'intérêt de ce roman, ou, à défaut, le caractère novateur qu'il pouvait présenter. J'ai cherché partout, j'ai même poussé ma conscience de lectrice jusqu'à lire à haute voix un texte qui n'est pas fait pour ce genre d'exercice. Je me suis attardée sur certains passages, j'ai fouillé au plus profond des descriptions pour y trouver une parcelle, si petite fût-elle, de poésie. Pour finir, j'ai traqué l'autodérision dans chaque phrase, dans chaque scène mais rien, RIEN, un rien énorme et définitif, voilà tout ce qu'il me reste de cette lecture.



Pour moi, Berthe Bernage, créatrice gnangnan de la non moins gnangnan série des "Brigitte", aurait pu écrire "Léon Morin, Prêtre". C'est de la littérature de patronage, en un style un chouïa plus nerveux et moins classique. Le thème : la jeune femme qui tombe amoureuse d'un prêtre, lequel le lui rend, évidemment. Et comme de juste, nos deux tourtereaux, qui sont des gens bien, de "bons chrétiens", loin de s'abandonner dans un fiévreux et démoniaque Paradou à la Zola - Zola, cet horrible suppôt de Satan ! - se séparent sans avoir fauté. Ils se retrouveront au ciel, comme de bien entendu et là, ils s'aimeront, de leurs deux corps désormais glorieux - aucun détail n'est d'ailleurs donné sur la façon de procéder des corps glorieux en question - au milieu des petits anges et des saints avec leurs auréoles. Au-dessus d'eux, il y aura Dieu et Jésus et sans doute aussi le Saint-Esprit et tout en dessous, dans l'Enfer, avec les démons, succubes et incubes, tous ceux - et surtout toutes celles - qui auront passé leur vie terrestre à fauter à coeur joie. Comme nos deux héros seront heureux ! ...



Un détail que je tiens à préciser : c'est évidemment la pseudo héroïne qui induit le noble prêtre, cet homme sacralisé bien que porteur d'une soutane très féminine, au péché de la chair. A la fin du livre, ils se retrouvent dans sa chambre à elle - en tout bien tout honneur, évidemment, de la part du prêtre - et cette Jézabel, cette Dalila, cette Messaline, cette ... cette Isabeau de Bavière ! ose lui dire : "Viens ..." Alors, lui, bien sûr, qui est un type bien - un saint, n'ayons pas peur des mots ! Osons ! - il bondit vers la porte (s'il ne bondit pas, c'est tout comme). C'est qu'elle allait le violer, cette Douze Fois Impure : vous imaginez le drame ? et la contamination du malheureux ? Ah ! vade retro, Satanas ! Recule, femme naturellement impure et dépravée ! ...



Le reste - tout le reste - est à l'avenant : c'est consternant. Il est clair que la Tentatrice, bien que mère d'une petite fille - une fille ! encore une impure ! Jésus-Marie-Joseph ! Préservez-nous ! - est d'abord attirée par les femmes. On ne sait pas très bien pourquoi, un jour, bien qu'élevée à la laïque et même, si j'ai bien saisi, à la laïque communiste , elle éprouve le besoin d'aller se confesser. Elle prétend que c'est pour narguer le curé mais allons donc ! Elle préméditait son coup, voilà tout ! Et dans le confessionnal, elle tombe sur Morin. Il lui fait un effet boeuf - déjà ! dans le noir ! ah ! faut-il que cette femme - et les femmes en général, d'ailleurs - aient du vice ! Elle accepte de lui rendre visite pour discuter Jésus & C° - en tout bien tout honneur, hein, on ne le répètera jamais assez. Et voilà : voilà le roman qui, en 1952, mes amis, reçut le Prix Goncourt ! Je sais bien qu'on a toujours taxé Jules et Edmond de conservatisme aigu, que certains fanatiques actuels les voient même à l'extrême-droite (ils étaient proches d'Alphonse Daudet et, partant, de ses enfants), mais tout de même : ils ne méritaient pas ça ! Ce prix Goncourt 1952 est une tache infâme sur leur mémoire. D'accord, ce n'est ni la première, ni la dernière mais ça ne console pas.



Et le pire peut-être, dans tout ça, c'est que ce summum de misogynie et de glorification de l'Eglise catholique, a été écrit par une femme !



En ce qui concerne le film qui fut tiré de cet ouvrage, avec Belmondo dans le rôle du Saint Homme et Emmanuelle Riva dans celui de la Mauvaise Femme, je ne l'ai pas vu et je ne me permettrai donc pas de porter un jugement. Mais déjà, pour avoir l'idée de faire un film à partir de cette bouillie que la Maison de la Bonne Presse n'aurait pas hésité un instant à éditer tant elle est édifiante, misogyne, réactionnaire, et caetera, et caetera ... il faut, à mon sens, avoir un sacré grain dans la tête. (Sauf si on veut en faire une parodie, bien sûr, mais je ne crois pas que ce fut le cas.)



Mais pour le roman, je suis formelle: prix Goncourt ou pas, vous qui me lisez, vous pouvez passer votre chemin.



A moins que vous ne soyez maso - ou "bon chrétien", vous aussi. Dans ce cas, allez en paix et n'en parlons plus. ;o)
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Léon Morin, prêtre

Globalement, les critiques sur ce roman sont loin d'être bonnes, mais pour moi, cela a été un vrai coup de cœur. J'étais très jeune lorsque le prix Goncourt lui fut attribué et pourtant je m'en souviens encore quoique je ne me sois jamais vraiment intéressé aux prix littéraires.

Donc, soixante deux ans après, je l'ai lu et j'ai été frappé par la personnalité du héros, prêtre atypique et quelque peu cynique (au sens philosophique du terme) et possédant pourtant une foi inébranlable. Par son attitude, il réalise des conversions sans le vouloir vraiment.

C'est parfois léger et moqueur quand l'auteur évoque certaine paroissienne qui montre surtout de la méchanceté bien qu'elle se dise chrétienne. Et pourtant l'ensemble ne manque pas de profondeur.

C'est écrit comme une série de petites scènes courtes qui s'enchaînent tout en gardant le fil du récit de la relation entre la narratrice et le prêtre.

Lire ce roman donne envie de mieux connaitre cette femme de lettres oubliée.
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Noli (Sagittaire)

. Après six lectures enthousiasmantes, voici un petit bémol. Une impression mi-figue mi-raisin pour « Noli ». Pourtant, j’aime bien Béatrix Beck, j’ai toujours en tête « L’enfant chat » qui m’avait charmé.

Mais là, je n’ai été captivée ni par l’histoire, ni par les personnages.

Claude s’occupe de littérature dans des universités de pays nordiques (imaginaires ?). Elle tombe amoureuse sans retour d’une collègue, Camille.

Amours déçus, psychanalyse, dépression, intellectualisme……. , voilà les sujets de cette histoire à laquelle je n’ai pas trouvé grand intérêt, si ce n’est une bonne maîtrise de l’écriture.

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Plus loin mais où

Une vieille femme revêche, acariâtre, méchante vit seule dans la maison de ses parents.

Un jour, un étudiant en sociologie l'aborde et réussit à l'amadouer un peu.

Quand elle meurt, on suit la vie de l'étudiant qui se mariera, aura des enfants.

Ce sont en fait deux histoires dans ce livre.

Publié en 1997 c'est le dernier livre écrit par Béatrix Beck, à l'âge de 83 ans.

Et on peut dire qu'elle n'avait rien perdu de sa verve et de sa finesse.

On retrouve son esprit que j'avais découvert et adoré avec « L'enfant chat ».

Une écriture incisive, précise, qui s'adapte aux personnages.

Autant d 'humour que de réflexion.

Chacun de ses livres est un petit bijou.

Superbe initiative des éditions du Chemin de fer que d'avoir réédité « Plus loin mais où »
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Entre le marteau et l'écume et autres poèmes, p..

C'est au moment où Béatrix Beck devient une écrivaine sans

éditeur que sa pratique poétique prend de l'ampleur.

Ses poèmes témoignent d'un perpétuelle ébullition créative.

Cette dernière s'accompagne d'un débordement d'angoisse.

Béatrix Beck explore avec passion de nouveaux modes d'écriture.

Noirceur et son corolaire violence sourdent de ses poèmes.

Jeux de mots " Le teinturier s'éteint ", Allitérations et Assonances fré-

quentes sont autant de marques de fabrique de cette singulière

écriture.



" Je suis l'alpha Roméo et l'oméga l'homme égaré de Charybde

 en syllabe

" Mots dits ! Voyelles voyous voyeurs qu'on sonne le glas

" Lettres l'Être me guettent en mon ghetto

" Les mots les molosses me molestent

" Égorge les 26 filles brûle ton index vomis ta bible

" Les mots collent les mots racolent sur le trottoir des lignes

" Les mots les motos m'écrasent

" Mots en trop mots anthropophages

" Les mots les molochs m'immolent

" Langue maquerelle dans le bordel de ma bouche

            Langue bien pendue

                  Hang !

" On m'arrache la langue maternelle

" Langue morte dans la bière de ma bouche

" Fornique en enfer avec les langues étrangères



" Les mots les momies furent mes ennemis

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Léon Morin, prêtre

Le sujet du roman est assez connu, Barny veuve d'un juif, survit tant bien que mal pendant l'Occupation, avec sa petite fille. Et puis elle rentre dans une église par provocation, rencontre ce prêtre, qui la fascinera.



Plein de choses dans ce livre, le personnage de Barny, très libre, caustique, avec les description du monde qui l'entoure, elle ne rate personne, voit les petits travers et les grands défauts. C'est drôle et un peu désespéré. Et on sent une très grande solitude aussi, la difficulté de s'engager dans quelque chose, de laisser de côté l'ironie et le recul, de faire confiance. Elle est du coup "la proie" idéal pour Léon Morin, qui remplit une sorte de vide, un besoin de donner du sens et de s'abandonner. Mais en même temps, c'est voué à l'échec, parce qu'il est prêtre, ce n'est pas une vraie relation, mais quelque chose de "professionnel" pour lui, même si explicitement il ne la pousse pas vers la religion, c'est quand même un peu ça son objectif, alors qu'évidemment elle attend autre chose de cette relation.



Le portrait de femme est vraiment très beau, une certaine façon de rendre l'époque très réussie aussi, grâce à l'écriture, tout sauf académique, vraiment très vivante, très authentique de l'auteur, on a l'impression que son héroïne parle ainsi. Je suis en revanche un peu restée sur ma faim avec Léon Morin, je ne saisi pas complètement le personnage et ses motivations, il y a son charisme, son intelligence, mais j'ai du mal à le comprendre vraiment, et du coup c'est un peu à sens unique. Mais peut être que j'en demande trop, voire l'impossible, parce que c'est vrai que l'histoire est vraiment racontée du point de vue de Barny, et elle aussi probablement ne comprend pas vraiment Léon.

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Confidences de gargouille

Béatrix Beck, auteur de « Léon Morin prêtre » et de nombreux ouvrages le plus souvent autobiographiques, s’est confiée à Valérie Marin La Meslée , et de leurs nombreux entretiens et né ce livre ,« Confidences de gargouille ».

Béatrix Beck parle de son enfance, de sa vie, de la vie, de l’amour, de l’amitié, de la maternité…….

Elle parle de littératures, de genres littéraires, d’auteurs qu’elle a connus dont Gide dont elle fut la secrétaire, de Nimier qu’elle aima platoniquement…….

Les références littéraires sont nombreuses.

Elle dévoile aussi ses procédés d’écriture, les conditions dans lesquelles elle a écrit ses livres.



J’ai lu avec intérêt. C’est une personnalité originale et attachante.

Je connaissais « L’enfant chat », que j’avais beaucoup aimé et fait partager à beaucoup de jeunes ou moins jeunes, « Un(e) », « Léon Morin prêtre », et ça m’a donné de me procurer ses autres ouvrages.

Pourtant, il manque un je ne sais quoi à ce livre pour dire qu’il m’ait vraiment passionnée. Ceci dit, je n’en regrette absolument pas la lecture.

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Léon Morin, prêtre

Grace au cinéma, je connaissais depuis longtemps ce livre, sans l'avoir jamais lu pour autant. C'est désormais chose faite et sans regret.

Léon Morin, prêtre est un roman tout en subtilités. La première partie pose le décor d'une France sous l'occupation, où les tenants du maréchal côtoient juifs et maquisards. le portrait des uns et des autres parait assez juste, loin des clichés habituels. La narratrice, un peu par hasard, rencontre un jeune prêtre. Elle pose sur lui un regarde de femme, et va autant s'éprendre de lui que de sa religion.

J'ai été touché par une écriture profondément féminine, plus que féministe. Béatrix Beck va à l'essentiel. Elle dit peu, mais lève le voile sur quelques détails significatifs qui nous laissent imaginer le reste. Un très beau roman.
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Léon Morin, prêtre

Avis mitigé sur ce roman autobiographique.

L'action se passe entre 1940 et 1945

Barny, veuve de guerre, habite en Province , dans une ville qui ne sera pas citée (occupée par les italiens puis par les allemands). L'âge de sa fille, France, n'est pas mentionné, je dirai 6-7 ans. Juive de par son mariage, Barny fait baptiser sa fille pour la « protéger » et rencontre Léon Morin lors d'une « confession »

Des éléments m'ont intéressée : en particulier la description journalière de menus faits qui se produisent tous les jours : arrestations, manque de nourriture, fuite de juifs persécutés…puis libération et épuration …

Par contre les échanges entre Barny et Leon Morin m'ont paru bavards et désincarnés (peut-être est ce voulu par l'autrice…)

Bref un rendez-vous raté pour ma part…
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Léon Morin, prêtre

C’est sa récente disparition qui m’a incité à lire le roman probablement le plus populaire de Béatrix Beck, "Léon Morin, prêtre", prix Goncourt 1952. L’histoire d’une rencontre entre une jeune veuve à l’athéisme prononcé et un prêtre plus proche du communisme que du conservatisme droitier de la France de Vichy. La réussite du roman réside, selon moi, dans la transcription - souvent sous forme de dialogues – d’une relation pleine d’ambiguïtés entre cette femme ne pouvant plus se contenter d’une existence sans repères et cet homme, spirituel mais non dogmatique, religieux mais confronté au doute et au scepticisme. Chacun cherche chez l’autre une réponse à ses incertitudes. Un roman qui se nourrit des grands auteurs chrétiens de la littérature française des débuts du XXe siècle.
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Léon Morin, prêtre

Une fois n'est pas coutume mais j'ai vraiment préféré l'adaptation au cinéma du roman de Béatrix Beck "Léon Morin prêtre" qui a reçu le Prix Goncourt en 1952.

En fait, j'ai vu deux adaptations, celle de Jean-Pierre Melville de 1961, en noir et blanc avec Emmanuelle Riva et Jean-Paul Belmondo (culte) et une version plus récente avec Marine Vacth et Romain Duris, La Confession réalisé par Nicolas Boukhrief et sorti en 2016.

C'est l'histoire d'une rencontre qui va changer la vie ou du moins les idées d'une jeune femme prénommée Barny. Nous sommes en temps de guerre, dans un village français, sous l'occupation allemande. Elle est veuve et mère d'une petite fille. Certaines de ses collègues voire amies collaborent avec les Allemands et soutiennent le régime de Vichy alors qu'elle s'y oppose. D'ailleurs elle connaît certains résistants. Pour autant, je ne la trouve pas très engagée, elle est juste athée au début de l'histoire cela n'en fait pas une communiste comme annoncé dans le résumé.

Un jour elle va se rendre à l'église non pas pour se confesser mais pour provoquer l'abbé Léon Morin. Elle lui dit que la religion est l'opium du peuple (slogan qu'elle empreinte à Lénine).

Mais contrairement à toute attente le jeune abbé va apprécier de débattre avec une femme qu'il semble trouver intelligente. Ils vont donc prendre l'habitude de se retrouver régulièrement jusqu'à ce que Barny trouve la foi et souhaite se convertir.

J'ai été un peu déçue parce que les convictions de la jeune femme volent très vite en éclats. Elle est assez rapidement soumise à dieu. Mais c'est un livre qui cherche aussi à montrer que certains religieux ont eu un rôle important de soutien durant l'occupation.

Quant à l'histoire d'amour impossible elle est mieux traitée au cinéma.

Et puis, Béatrix Beck montre que dans la vie il y a des rencontres improbables qui tombent bien parce qu'elles ouvrent l'esprit.





Challenge Goncourt illimité

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Des accommodements avec le ciel

Barny et sa petite fille vont s'installer en Belgique où vit sa pseudo-sœur, étrange jeune femme avec qui elle entretient d’étranges relations.

"Si blessante et si blessée, glaciale et attendrissante."

Ensuite elle vit avec sa tante.

Les liens familiaux entre les personnages sont assez confus. Je n’ai pas tout compris. Tante, sœur, cousine ? On ne sait pas trop qui est qui.

Mais les portraits qui en sont faits sont très beaux.

On y découvre aussi l’antagonisme existant entre belges et français, les superstitions religieuses de l’époque.

Cet épisode de la vie de Béatrix Beck est intéressant mais assez fouillis et ça gâche un peu la lecture.

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L'Enfant chat

La mère Herbe offre un petit chaton à Olga Bredaine, professeur en retraite venue s'installer à la campagne.

Peu ravie de devoir s'occuper de cette boule de poils même pas sevrée et qui plus est se prénomme Soizic, nom attribué d'office par la mère Herbe, Mme Bredaine va se laisser séduire par la bestiole.

Mais la mère Herbe, au regard de son patronyme, ne serait-elle pas un peu sorcière ? Car il s'avère qu'un jour Soizic se met à parler. D'abord surprise, Mme Bredaine accepte ce fait exceptionnel et ne tarde pas à rentrer dans le jeu de la minette.



Un conte qui prouve que l'auteur est une observatrice hors pair de la gente féline.



Mais aussi de la nature. Une occasion toute poétique de nous faire partager les petits bonheurs de la campagne.



Ce court récit énervera ceux qui dénoncent le gâtisme de certains face à leur animal de compagnie. Les amoureux des chats, eux, se laisseront embringuer dans cette histoire anthropomorphique sans rechigner.



C'est joli tout ça.

Merci Madame BECK pour ce beau moment plein d'imagination.



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