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Critiques de Bénédicte Vergez-Chaignon (39)
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Jean Moulin alias Romanin

Très bel effort d'une historienne pour défricher un aspect moins connu du parcours aussi héroïque que fulgurant de Jean Moulin, grand amateur d'art s'il en est. De la jeunesse aux activités de résistance en passant par les oeuvres bel et bien réelles qu'il a dessinées ou peintes, l'ouvrage, très richement illustré de documents peu connus, allie précision du propos et grand soin graphique. Il montre une facette tout à fait remarquable de la riche personnalité de Moulin, et comment ses talents artistiques lui avaient permis d'ouvrir une galerie qui serait une couverture pour ses activités de résistant. Il avait très tôt développé un coup de crayon et de pinceau qui lui avait permis d'accéder à une réelle notoriété par l'intermédiaire des nombreux journaux qui publiaient ses dessins. Bien peu de gens savaient que derrière le pseudo de "Romanin" se cachait un important serviteur de la République. Ce faisant, le livre, très agréable à parcourir malgré, on le sait, la fin tragique de ce grand résistant, complète parfaitement les monographies du moment en cette année anniversaire du don de sa personne à la lutte contre l'oppresseur.

Grand merci à l'auteur d'avoir mené à bien ce projet, originale idée de cadeau qui plus est en cette période festive !
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Nous les enfants de la guerre 1939-1945

C’est un ouvrage très intéressant sur les enfants durant cette période terrible que fut la Seconde Guerre mondiale. J’ai aimé ce choix de point de vue et la façon dont les auteurs ont traité cette thématique.



D’une part, dans la mise en page. J’ai aimé la façon dont fut découpé chaque aspect de la vie des enfants, mais aussi la façon très simple. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman, mais d’un vrai document avec de multiples supports comme des affiches, des photographies et bien d’autres. Cela se lit facilement, et ne rend pas la lecture “académique”, je sais que certaines personnes peuvent être frileuses à cela.



Concernant le fond, j’ai trouvé les chapitres rapides à lire, permettent très bien d’avoir une vision d’ensemble de ce qui constitue la vie d’un enfant à cette époque : des tickets de rationnement, à l’école en passant par les loisirs ou encore La Libération et la suite… Je trouve que c’est un livre qui est très bien si vous n’êtes pas un grand lecteur, que les ouvrages plus académiques vous font peur, mais aussi pour peut-être approfondir des ouvrages qui parfois survolent cet aspect pourtant très important de la guerre. Les informations étaient de qualité et que la plume est très agréable à lire. Avec les documents, je le trouve à la fois sérieux et ludique et l’enchaînement des chapitres se fait très bien.



Un ouvrage à lire, important pour entretenir la Mémoire, mais aussi pour se rendre compte des conséquences des guerres sur les plus jeunes qui les vivent aussi, à leur niveau.
Lien : https://www.mamzellepotter.f..
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Jean Moulin l'affranchi

Et l’occupation nazie en fit un héros.



Jean Moulin aurait pu n’être qu’un homme ordinaire : petite bourgeoisie de province, famille aimante, père conseiller général qui le pousse à se lancer dans une carrière qui va l’habiter : la préfectorale.

Ambitieux, carriériste, il cherchera l’entregent, le piston qui lui permettra de gravir tous les échelons.

Préfet, attentif au bien-être des administrés, il saura être loyal, aux ordres du pouvoir en place mais se permettant quelques incartades politiques qui lui valurent le surnom de Préfet de gauche, Préfet du Front populaire.



Jean Moulin ce fut aussi un homme profitant de tout ce que la vie pouvait offrir, souvent jugé superficiel dans la première partie de sa vie, un artiste, maître dans l’art de la caricature (sous le pseudo de Romanin), un amateur d’art, un collectionneur cherchant à découvrir des artistes dans une période à la création foisonnante.



Mais Jean Moulin, alors Préfet à Chartres, fut aussi un homme d'exception qui rencontra son destin quand les nazis entrèrent dans la ville révélant leur barbarie.



Les biographies de Jean Moulin sont nombreuses. Celle de Bénédicte Vergez- Chaignon ne dépare pas: elle fourmille de détails sur le parcours courageux et tragique de ce républicain devenu le symbole de l’héroïsme. Cet homme calibré pour une vie de fonctionnaire dévoué, pour une vie facile a su changer de stature sous la pression d’un contexte particulier : sa lucidité, sa pugnacité en ont fait l’homme d’une entreprise gigantesque et utopique ainsi que l’unique représentant du Général de Gaulle dans cette France occupée qui devait unir tous les maquis et tous les résistants pour se battre de l’intérieur. Il a accompli un travail de titan formalisé par la création du Conseil national de la résistance et ce jusqu’à la terrible fin de « Max ».



Le livre est riche, dense, passionnant quoique déséquilibré, la première partie de la vie de Jean Moulin me semblant plus fournie. Par ailleurs, j’aurais aimé avoir (mais est-ce faisable) plus d’informations sur la traque de Max par Klaus Barbie. Que savaient les nazis ? Quelle perception avaient-ils de cet homme hors du commun ? Comment le cherchaient-ils ?



Autre bémol, les renvois en fin d’ouvrage et non pas en bas de page rendent la lecture inconfortable.

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Pétain

Encore un livre qui prouve que L Histoire n'est jamais définitivement écrite. 

L'auteure utilise des nouveaux documents pour nous relater des aspects plus complets sur ce personnage qui a fait partie de l'histoire de France.

Son approche n'est pas dans le jugement mais dans la recherche de la compréhension d'un homme qui a dû pendre des décisions dans les deux guerres mondiales.

Son procès m'a laissée perplexe : comment juger les actes de cet homme ? j'aurais été très déstabilisée si j'avais fait partie des jurés. 
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Jean Moulin alias Romanin

Un beau livre qui révèlera à ceux qui l'ignoraient la face cachée du grand serviteur de la France que fut Jean Moulin : l'artiste, le collectionneur, le galeriste.

Cet ouvrage très bien documenté est rehaussé d'intervention de spécialistes de la peinture, du dessin, de la caricature qui analysent et décryptent l’œuvre de l'homme.

Un seul bémol l'impression peu contrastée du texte, qui en devient difficile à lire lorsqu'il se présente, souvent, sur un fond quasiment de la même couleur.
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Les Français dans la guerre: Archives du quot..

ors de l'Occupation on imagine, à tort, souvent la France coupée en deux tant géographiquement que intimement. Cette vision franchement éculée, Bénédicte Vergez-Chaignon nous propose de la dépasser, tout en nous plongeant dans le quotidien de la guerre. Au cœur des français. A l'aide d'archives parfois étonnantes, l'historienne va nous emmener côtoyer les français dans cette guerre.



Tout d’abord Bénédicte Vergez-Chaignon va commencer son livre par un petit examen général qui permet de prendre le pouls de l'époque. Cette démarche permettra déjà pour le lecteur de prendre ses distances avec cette dichotomie dénoncée plus haut. C'est ainsi que le lecteur comprendra qu'applaudir Pétain, l'homme qui met fin à la guerre en 1940, ne veut pas dire forcément collaborateur de la première heure. En effet, les résistants ont pu faire partie de ces soulagées des premiers temps avant de prendre les armes.



Une fois cette mise au point faite, l'auteure va ensuite aborder la politique fantoche de Pétain, par exemple avec les uniformes des agents des eaux et forêts en Indochine, ou encore en parlant du provisoire qui s'éternise à Vichy. Sans oublier de parler bien sûr, des relations qu'il pouvait entretenir avec certains personnages politiques comme Pierre Laval.

Sur le plan politique toujours, elle va ensuite aborder le grand programme moral et politique de Pétain pour redresser la France. La femme de retour au foyer et qui doit enfanter (d'où l'a naissance de la fête des mères) car si la France a perdu c'est aussi à cause d'une démographie trop faible selon lui ; la fin des pratiques dégradantes où le jeu et les plaisirs de la vie sont vus comme responsables de la défaite ; la grande place faite à l'ordre ou encore au travail ; etc.



En parallèle à toutes ces choses, l'historienne aborde bien évidemment la collaboration avec l'Allemagne. En remettant en avant l'esprit de Pétain qui se pose en père de famille face à la population, et qui croit que collaborer c'est réduire les souffrances françaises. Ceci expliquant entre autre, la lutte contre la résistance, car c'est prendre trop de risque pour la population civile avec les exécutions sommaires.

Qui dit collaboration, dit forcément pouvoir supérieur. Bénédicte Vergez-Chaignon aborde donc en toute logique la politique nazie. Le pillage, les apparences trompeuses où au début on essaye de faire croire que rien à changer, la violence qui arrive peu à peu, « l'allemagnisation » de l'Alsace Lorraine qui sont allemandes et rien d'autre dans l’esprit du Reich, ce qui veut dire que l'on chasse du paysage tout ce qui est français : journaux, écrivains...

Chemin faisant et enfin, elle aborde la vie des français dans la France occupait : les écoliers, les femmes, les travailleurs, la résistance qui a une belle fibre patriotique et humaine (elle n'est pas seulement communiste), mais aussi la collaboration des jeunes qui cherchent à dorer leur image en se montrant aimables et serviables envers la population (qui est elle aussi n'est pas que d'extrême-droite)...



Enfin pour finir, je dirais juste un petit mot sur les archives utilisaient par l'écrivaine. Présentent à chaque page (il n'y a quasiment que ça), ces dernières sont agréables à regarder et à lire. Lisibles, expliquées, étonnantes comme les pages de Marie-Claire, elles nous montrent toutes les facettes de la population comme des autorités. Nous plongeant ainsi, et de manière bien concrète, dans la vie des français. (Même si le rapprochement avec le COVID au début reste une vision de l'auteure). Bref.



En résumé, j'ai trouvé ce livre très agréable à lire. Il nous plonge dans le quotidien d'une guerre que l'on aborde trop souvent via le prisme du pouvoir, et pas franchement du point de vue de la vie quotidienne. Même si on ignore pas ces choses-là. Un livre nouveau dans une époque trop souvent abordée et réchauffée.
Lien : http://encreenpapier.canalbl..
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Les Résistants : L'histoire de ceux qui refus..

Ce livre raconte parfaitement toute l'histoire de la France pendant la guerre de 39-45. Vous retrouverez toutes les archives reconstituées en papier qui sont intégrées dans le livre. C'est comme si vous plongiez à l'intérieur et que vous viviez le moment même. Aussi les graphismes du livre sont très bien réalisés. Si vous aimez l'histoire ce livre est fait pour vous je vous le conseille fortement.



Sainian Gaguik
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Les secrets de Vichy

e livre se lit très facilement et pourtant il plonge dans de nombreux aspects du gouvernement de Vichy. Le travail de cette historienne est remarquable et elle sait le rendre accessible à un grand public. Au lieu de suivre l’histoire de cette période de façon chronologique, en 12 chapitres, elle cerne au plus près ce que fut ce gouvernement. D’abord le choix très bizarre de Vichy . Pour l’anecdote cette ville avait des hôtels qui n’étaient pas chauffés car normalement fermés l’hiver. Dans le deuxième chapitre, on voit à quel point le vieux maréchal avait du mal à rédiger lui-même ses discours. Mais dans le troisième, elle attribue à Pétain le statut des juifs et on voit à quel point cela était important pour Pétain de débarrasser l’état français de l’influence juive. Il distinguera les juifs français des juifs étrangers mais en aucun cas on ne peut penser qu’il a voulu sauver des juifs. Dans le chapitre quatre on sourit aux difficultés du retour des cendres de l’aiglon envisagé comme une grande largesse d’Hitler à la France.



C’est dans le huitième chapitre qu’elle cerne le rôle de Vichy dans la solution finale, on le sait maintenant sans la collaboration active des français les Allemands auraient eu plus de mal à déporter les juifs même si, il est vrai, que c’était plus leur volonté que celle du Maréchal Pétain. Personne à Vichy ne s’y est opposé, pire ils ont même beaucoup aidé les occupants, à l’image de Bousquet dont le tardif engagement dans la résistance ne saurait occulté le rôle qu’i a joué dans l’arrestation et la déportation de très nombreux juifs. L’auteure s’intéresse aussi à la milice, aux difficultés de de Gaulle pour s’imposer à Alger, à l’assassinat d’Henriot, la vengeance de la milice, la personnalité étrange de leur chef Darnand, et cela termine par le procès de Pierre Laval.



Cette plongée dans cette période est fascinante, Vichy et sa clique de politiciens semblent tellement ridicule, c’st un véritable panier de crabes, tous les protagonistes sont prêts à s’entretuer, et se méprisent mutuellement. Ce ne serait pas si grave si, en même temps, pour plaire à l’occupant, ils n’avaient pas devancer le moindre de leurs désirs. C’est grâce à eux que les enfants juifs ont été déportés, grâce à eux que les étrangers ont été mis dans des camps en zone libre puis livrés aux Allemands. Ils pensaient sauver un peu d’autonomie de la France alors que les Nazis ne leur ont jamais laissé une parcelle de pouvoir. Sauf le pouvoir de donner une liste de noms pour que ceux ci aient leurs 300 otages à fusiller contre l’attentat qui avait coûter la vie à un de leur officier.



Ce qui est incroyable dans le procès de Laval c’est de voir à quel point celui-ci croira jusqu’à s amort qu’il a œuvré pour le « bien » de la France. Et sa fille créera une fondation pour réhabiliter la mémoire de son père !



J’ai lu un article où on voit qu’il y avait chez elle au moins un tableau volé à une famille juive, l’amitié de son père avec les autorités nazies étaient bien récompensées.

Ce qui est certain c’est que les procès de Pétain et de Laval , n’ont pas vraiment fait la lumière sur toutes les conséquences des lois raciales française écrites par eux. La Shoa n’était pas du tout au cœur des débats à l’époque.



Un livre à lire pour tous ceux et toutes celles qui souhaitent une information claire et précise ou qui ne veulent pas oublier un passé qui fait mal à la France.
Lien : https://luocine.fr/?p=15908
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Colette en guerre : 1939-1945

Durant la seconde guerre mondiale, la célèbre Colette continua à écrire, en se gardant bien de prendre parti pour tel ou tel camp.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Colette en guerre : 1939-1945

À quelques mois de la célébration du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Colette (1873-1954), Bénedicte Vergez-Chaignon publie l'érudit "Colette en guerre 1939-1945".

L'auteur, historienne spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation, dans une enquête riche retrace la vie de Colette pendant ces sombres années.

Colette, monument de la littérature de soixante-six ans au début de la guerre, choisit de passer celle-ci dans son antre du Palais-Royal à Paris. Cet ouvrage appelé à demeurer une référence sur ces années de la vie de Colette permet de retrouver la réalité de celle-ci durant ces six ans et ce après de nombreuses erreurs et approximations publiées.

La plume élégante, historique et empathique de l'auteur dresse un très beau portrait de la complexe Colette de ses années en y retraçant aussi bien ses activités que sa vie de femme mariée à un Juif, en l'occurrence Maurice Goudeket (1889-1977). D'une façon plus générale c'est un portrait de la société pendant ces années d'occupation.

Un ouvrage à lire et qui redonne envie de se replonger dans les écrits de Colette de ces années-là, où avec sa plume subtile et nuancée, elle a décrit "Paris de ma fenêtre" ; mais aussi l'envie de relire ces deux chefs-d'œuvre testamentaires "L'Étoile Vesper" et "Le Fanal bleu" ou le délicieux "Gigi".
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Colette en guerre : 1939-1945

Sujet délicat, enquête et analyse qui manquaient à la compréhension de l'attitude de l'écrivaine pendant cette période trouble, violente et dont la perception, pour ceux nés après cette guerre, est souvent faite de méconnaissance et de subjectivité.



L'auteure Bénédicte Vergez-Chaignon, historienne, nous fournit ici une étude accessible à tous, présentant Colette et l'époque particulière dans laquelle elle se débat.



Se débattre est le mot : ravitaillement, moyens pécuniaires, chauffage et surtout la menace planante due à la judéité de son mari Maurice Goudeket arrêté chez eux en décembre 41 par deux soldats allemands.

Les extraits de lettres inédites de Maurice Goudeket à Colette et les éclaircissements de l'auteure sont un témoignage sur ce que connurent les juifs au camp de Compiègne.



Pour lui, Colette tentera tout ce qui est possible. Lettres, contacts téléphoniques, connaissances d'amis, etc… Sa notoriété l'y aidera.

Elle obtiendra sa libération et nous découvrons qu'il est difficile de savoir vraiment par qui.

Ce qui donnera lieu à des récupérations peu crédibles par certains après la guerre dont celle, extravagante, de Sacha Guitry.



Colette donnera des articles anodins, légers, à des revues collaborationnistes.

Nécéssité? Inconscience? Prudence? Attirer le moins possible les regards sur son mari?

Rares sont les écrivains qui ne l'ont pas fait…

À part quelques égratignements de la presse clandestine, elle trace son chemin le plus discrètement possible.

Colette se cloîtrera en son appartement du Palais-Royal, évitant « presque » tous les pièges tendus.



Regard bienveillant, élan patriotique, quelques phrases parsèment ses lettres, ses textes et montre la position délicate dans laquelle elle se débat.

Une force, une tenue devant l'innommable maintiennent le couple malgré angoisses et fatigues.



Colette salie par certains comme d'autres le furent, Colette défendue par Louis Aragon, Colette entrant comme juré au Goncourt qui a besoin d'un nom pour relancer leur académie déchirée par le conflit, Colette posant son regard sur les autres, Colette se refusant à toute expression politique mais lucide, Colette échappant à toutes représailles, Colette dans le mouvement d'une époque, Colette enfin qui, par ce livre racontant les tenants et aboutissements de ces années noires, conserve sa superbe et son intégrité.







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Pétain

Je croyais en savoir beaucoup sur ce personnage – dont l'activité en « faveur » des Juifs français a récemment été évoquée par un candidat d'extrême droite. Bien entendu à tort. J'avais lu « Soixante jours qui ébranlèrent l'Occident » de Jacques Benoist-Méchin, collaborationniste notoire, et surtout « La France de Vichy », plus récent, ouvrage clé sur la période de Robert Paxton.



En fait, ce « pavé » de 1200 pages se lit comme un thriller. Année après année, puis jour après jour, on y découvre l'évolution de celui qui gouverna la France en les heures les plus sombres de la défaite et de l'occupation allemande. Un travail colossal qui permet de saisir les clivages politiques de notre temps.



Comment ce fils d'agriculteur né en 1856, rejeté par sa belle-mère quelques mois après sa naissance, élevé par un oncle ecclésiastique, se réfugie dans l'étude. Marqué dans l'adolescence par la défaite de 1871, il choisit le métier des armes et poursuit une carrière sans relief puisqu'il n'est que lieutenant-colonel au déclenchement de la Grande guerre (il a 58 ans). Et, de façon assez inhabituelle, il va se montrer indispensable, par son aptitude à ménager les troupes, à organiser la logistique, à remporter la bataille de Verdun, à résoudre le mouvement de mutineries de 1917.



Le désormais maréchal devient une gloire nationale et internationale, occupe diverses fonctions dans l'entre-deux guerres. Considéré comme un officier républicain, catholique, coureur de jupons – il entretient des relations avec plusieurs maîtresses simultanément et ne se marie qu'à 64 ans avec l'une de ses ex. Ses idées politiques : anti communiste, anti parlementaire, anti francs-maçons et antisémite, comme bien des tenants de la droite. En rivalité avec Foch auquel il reproche d'avoir signé l'armistice de 1918 trop vite et sur le sol français, permettant de laisser l'armée allemande de se retirer dans les honneurs. Il est partisan d'un gouvernement hiérarchique et autoritaire.



C'est le seul homme qu'on va chercher au lendemain du désastre de mai 1940, pour demander l'armistice. Il prônera une politique de collaboration car il considère que l'Allemagne va gouverner l'Europe. Il recherchera sans cesse à obtenir des allègements aux conditions draconiennes imposées à la France. Sans succès.



Son problème majeur : son âge, que dément une forme physique éblouissante pour un homme de 83 ans. Entouré d'un groupe de fidèles pas toujours loyaux, il finit par perdre peu à peu pied. Selon Charles de Gaulle, Pétain serait mort en 1925, l'année de son intervention au Maroc, durant laquelle il aurait fait la preuve de son ambition et de sa capacité à le laisser manipuler par les politiciens.



« C'était un chef exceptionnel, je n'ai pas changé d'avis. le malheur a voulu, pour la France et pour lui-même, qu'il soit mort en 1925 et qu'il ne l'ait pas su. »



Devenu chef de l'Etat, doté des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, Pétain se montre tout à tour réformateur, antisémite, diplomate, audacieux, seul chef devenu icône puis rempart chancelant, otage indécis, imprudent, chef dépouillé, semi-captif, exilé, accusé puis condamné et commué en prisonnier à vie (il va le rester 6 années ...), mourant vraisemblablement de la maladie d'Alzheimer, non connue à l'époque.



Une biographie passionnante, dont « la vieillesse allait s'identifier avec le naufrage de la France ». Un part d'ombre de notre histoire qu'il ne faut pas oublier.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Les secrets de Vichy

Bénédicte Vergez-Chaignon est une excellente historienne et surtout une très bonne conteuse . Dans ce livre rien de bien nouveau pour qui s'intéresse à la seconde guerre mondiale mais c'est raconté d'une telle manière que même en connaissant les tenants et les aboutissants on est captivité par son récit . Ce livre est l'entrée parfaite pour pénétrer l'univers de Vichy . Je recommande également son "Pétain" qui est probablement la biographie de personnage la plus complète que j'ai lu .
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Jean Moulin l'affranchi

Un bon livre, agréable à lire, précis, bien documenté.

Bien sûr ce n'est pas le premier ni le dernier sur le sujet inépuisable de Jean Moulin.

On peut à féliciter l'auteure d'avoir bien connu Daniel Cordier , le secrétaire de Moulin. En même temps on peut toujours se dire que, peut-être (?) elle est un peu trop influencée par lui ?

Il reste des zones d'ombre sur le personnage comme sur les périodes qu'il a traversées. Par exemple la nature exacte de sa relation avec DE GAULLE et les gaullistes.

Bien sûr les circonstances exactes de son arrestation, de sa mort laisseront encore de la place à des interrogations.

Néanmoins , quand on veut aborder ces sujets , le livre de Bénédicte Vergez-Chaignon est une très bonne introduction.

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Nous les enfants de la guerre 1939-1945

Travail remarquable des deux autrices/journalistes. Nous rencontrons comment les enfants vivaient à cette époque, comment cela se passait pour des choses, qui, pour nous, paraissent tellement simples et banales, mais pour eux ça relevait presque du parcours du combattant, telles que, par exemple, jouer, aller à l'école ou se nourrir... un document remarquable, extrêmement bien documenté, bien illustré avec beaucoup de photos, archives de journaux intimes etc. Ce n'est pas indigeste, loin de là, comme parfois ça peut l'être avec certains livres d'Histoire, là, les autrices ont vraiment fait un ouvrage solide, aéré, complet, instructif et passionnant ! Si vous êtes intéressés de près ou de loin par cette période, ce document est fait pour vous ! Aussi intéressant que passionnant et déroutant, cet ouvrage est certainement le plus beau livre d'histoire que j'ai lu de ma vie.
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L'affaire Touvier

Bénédicte Vergez-Chaignon est historienne mais elle aurait pu être autrice de polar sans problème . Son récit de la cavale Touvier ressemble à s'y méprendre à un roman policier si ce n'est qu'ici tout s'est réellement passé. Sans assommer le lecteur de dates , de noms ou de lieux elle nous mène sur les traces d'une incroyable affaire : celle d'un haut gradé de la milice qui pendant plus de 40 ans et malgré ses deux condanations à mort a circulé librement en France sans être inquiété par la justice . Il réussira même l'exploit d'obtenir une grâce présidentielle en 1971. Bénédicte Vergez-Chaignon nous raconte cela en détail sans porter de jugement mais en posant de vraies questions . Une lecture aussi instructive que récréative.

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Pétain

Par les temps qui courent...

Il faut du temps pour en venir à bout car cette biographie de Pétain est très approfondie, très volumineuse. Mais cela en vaut la peine car Bénédicte Vergez-Chaignon est une excellente historienne et qu'elle parvient à à dresser un ouvrage remarquable de netteté dans ses réponses. Pour ceux qui resteraient sceptiques, un coup d'oeil à la bibliographie permet de ses faire une idée du travail proprement colossal de cette historienne.

Il y a tout d'abord le militaire de la guerre de 1914-1918 brillant, très brillant au début, puis finalement mis sur la touche car considéré comme trop défaitiste. Puis un Pétain mi-homme politique, mi- militaire des années 1920-1930 qui glisse vers l'extrême-droite et admire Franco. Puis enfin le vieillard plus que réactionnaire qui profite de la défaite (dans laquelle par son poids dans les décisions militaires et la stratégie tout au long de l'entre-deux-guerre il est au minimum associé) pour installer une régime nauséabond. Ceux qui se posent des questions pour savoir si cet homme a réellement contribué à apaiser la situation des juifs (il faut se pincer mais on l'entend dire parfois ces temps-ci) trouveront ici des réponses : NON. D'autant plus que dès les années 1970 Paxton avait démontré que le statut des juifs n'avait pas été fait à la demande des Allemands mais de manière spontanée.

En somme à la lecture de ces livres il n'y a plus d'ambiguïté du tout. Quand au reste doit-on s'amuser que ce chantre de la religion catholique, des valeurs familiales les plus traditionnelles ait appris qu'il était envoyé sur le Front durant la Première guerre mondiale alors qu'il était au lit avec sa maitresse ?

Faites ce que je dis pas ce que je fais, soit. Là n'est pas l'essentiel, il est dans l'association effroyablement tragique entre celui qui a paru, de manière bien illusoire être un sauveur (resté populaire jusqu'au bout du reste) et un des épisodes les plus honteux de notre histoire.

Je suggère en contrepoint de lire la biographie de Jean Moulin par Azéma ou le colossal de Gaulle par Jackson...
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Dictionnaire historique de la Résistance

Que fut la résistance ? La résistance ne fut pas une somme d'individualités éparses, elle fut un "processus social". Elle ne fut pas le résultat de mouvements isolés, de luttes séparées, elle fut un mouvement social. Elle ne fut pas minoritaire, elle pris racine et poussa dans le terreau fertile d'une France qui ne se reconnaissait pas dans son élite, celle qui avait quasiment organisé la défaite (cf. Marc Bloch) : "c’est une caricature et un détournement de sens que de limiter la Résistance à une minorité, équivalente à celle des « collaborateurs », et supposée être, comme ceux-ci, isolée dans le pays. Réduire la majorité de la population à une masse résignée, voire complice et s’accommodant tant bien que mal de l’Occupation, conduit à occulter un fait majeur : la Résistance fut un processus social, elle n’a pu exister, vivre et se développer que dans la dynamique des liens tissés dans et avec la société française."
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Une juvénile fureur

"Ça se lit comme un roman !" J'ai entendu cette phrase (et je l'ai prononcée) très souvent. Et très souvent ce n'est pas vrai. Il faut dire que l'exercice est difficile. Comment garder une exigence historique tout en donnant envie aux lecteurs de tourner la page frénétiquement pour connaitre la suite ?

C'est ce que Bénédicte Vergez-Chaignon a réussi à faire avec Une juvénile fureur. Un livre d'histoire exigeant qui se lit comme un page turner.

Alger. Noël 1942. L'amiral Darlan est assassiné. Le meurtrier est un jeune homme de 20 ans, Fernand Bonnier de La Chapelle. Pourquoi ce geste ? Quels sont ses réseaux ? Est-il un monarchiste convaincu ? Un gaulliste ? Un espion de l'Axe ?

Si je pense connaitre assez bien l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, j'avoue avoir découvert cet événement. Et c'est passionnant. Le parcours de Fernand Bonnier de La Chapelle d'abord, qui a participé au 11 novembre 1940, qui ressemble furieusement à de nombreux jeunes gens qui se construisent à cet âge une conscience politique. Un besoin de radicalité, un espoir fou. Mais aussi le statut de l'Algérie qui devient le terrain d'action des Américains, des Britanniques et des Gaullistes. Et enfin, les différents réseaux qui se mêlent, le jeu politique, les soutiens qui sont finalement prêts à trahir l'un des leurs, pour se sauver, et pour assurer la victoire prochaine.

Alors, si vous cherchez un essai historique fouillé, sur un sujet un peu moins lu et relu, politique et émouvant, il ne vous reste plus qu'à vous procurer Une juvénile fureur, ça se lit comme un roman !
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Les secrets de Vichy

Excellent et instructif !

Comme toujours avec Bénédicte Vergez-Chaignon, les faits sont implacables, impeccablement documentés, laissant très peu de place à la controverse ou la polémique.

Ce récit de "quelques épisodes curieux, significatifs, polémiques ou tragiques" de l’État français entre 1940 et 1945 montre à quel point le culte de la personnalité pour un vieillard autrefois glorieux, les ambitions de politiciens sans foi ni loi, ont menés la France au bord de l'abîme et de la disparition.
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