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Citations de Bertrand Leclair (84)


Il a raison, je crois, Julien. Notre père ne supportait pas la surdité, il ne supportait pas que sa parole de père se heurte à un mur, qu'elle ne l'envahisse pas spontanément pour l’inséminer comme ses autres enfants, et il était incapable d'imaginer qu'il y a d'autres moyens de communiquer, d'échanger, que la parole. Les gestes, mais tout le corps aussi, le regard, le toucher... Il supportait d'autant moins ce mur que le mur est invisible.
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Le brillant boursier aux poches pleines qu'a épousé Mette-Sophie Gad en goguette est en train de sombrer toutes poches retournées sous les yeux meurtris de ses enfants, ces yeux d'enfants tristes et résignés que l'on peut voir dans un pastel réunissant deux d'entre eux, Clovis aux cheveux longs, qui a six ans et le petit dernier, Pola, un chaton dans les bras. Il le constate, il le voit bien ce désarroi qui leur dévitalise le regard, puisqu'il sait le montrer, jouant en virtuose de toute la gamme des bleus et des jaunes, juxtaposés ici, entremêlés là, pour enluminer la tristesse [...]
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http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/09/29/preuves-d-amour_1579688_3260.html
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‎Mon but est ici d'invoquer la littérature: de parler de ce qu'elle fait. De ce qu'elle fait aux individus qui s'y livrent, en lisant, en écrivant ; partant, de ce qu'à travers eux elle provoque ou produit dans la langue et la réalité communes ; et comment elle introduit du jeu, enfin, dans les représentations dominantes où se trament nos existences. (...) Je veux interroger, non pas l'essence, mais les puissances de la littérature.
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Etudier les grands maîtres, ce n'est surement pas tenter de comprendre l'intelligence d'un coup de crayon pour le reproduire, c'est chercher les traces de ce mystère qui signe leurs œuvres, la capacité qu'ils ont déployée d'être à ce point et entièrement présents à leur geste, de se mobiliser tout entiers, corps et âmes, tête et mains, cœur et reins.
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Il y aura des œuvres d’art inouïes dans un monde sclérosé qu’elles n’auront aucune capacité de changer autrement qu’à l’aune très modeste de quelques individus qui auront par eux-mêmes su se rendre ou rester assez libres pour les entendre
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Alors, je ne sais pas bien comment dire. Parce que, c’est forcément un peu de l’ordre du stéréotype. Je ne suis pas le premier, pas le dernier. Bref, je suis tombé sous le charme, immédiatement, malgré la surprise qui m’attendait. Hannah ne m’en avait rien dit, je ne l’avais pas imaginé une seconde à l’écoute de son accent italien, et pourtant je l’ai immédiatement reconnue, en voyant une grande femme noire, sculpturale, s’avancer aérienne vers ma table, aimantant tous les regards de la salle. Les femmes se taisaient, la bouche sèche, les hommes tournaient la tête, elle les ignorait, radieuse, faisant claquer ses talons, éclipsant même Hannah qui marchait en retrait. Ce n’est pas seulement qu’elle avait cette pleine beauté des femmes de quarante ans, une beauté assumée, épanouie jusque dans les premières rides si émouvantes, c’est surtout qu’elle marchait souveraine, sûre d’elle et de sa puissance, animale et délicieusement mondaine dans une veste noire de couturier, une robe moulante qui s’évasait aux genoux pour sublimer des fesses si hautes que c’était à couper le souffle.
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Sa peau scintillait dans la lumière orangée, je ne l'avais jamais trouvée aussi belle qu’ainsi offerte, le renflement de sa toison pubienne au centre de l'étoile qu'elle formait, sur l'estrade. J'avais une folle envie de la caresser longuement, doucement, et c'est ce que j'ai fait, sur les mollets, les cuisses, les épaules, de longues caresses du plat de la main, du bout des doigts qui éviteraient longtemps son sexe, le frôlant, passant vite sur les seins, s'attardant sur la cheville, le creux du genoux, revenant effleurer les grandes lèvres en passant pour remonter jusqu'à sa bouche, redessiner ses lèvres, ses sourcils, revenir encore. Je l'ai embrassé le long des jambes. Elle se tendait quand je suis remonté en haut des cuisses, soufflant sur sa chatte, la regardant s'animer, s'ouvrir, Hannah gémissait doucement, je ne la touchais pas, toujours pas, je soufflais par à-coups, irrégulièrement. Je me suis levé pour m'agenouiller à nouveau au-dessus de son visage, trop haut pour qu'elle atteigne ma queue de sa bouche, mes mains ont couru le long de ses flancs, j'ai pris un téton dans la bouche, caressant l'autre bout de mes doigts humides, elle m'a demandé de lui donner la queue, elle a levé la tête pour l'attraper de sa bouche mais j'ai encore levé les reins pour lui échapper, m'attardant du plat de la main sur l'épaisse toison de son pubis, elle ondulait des hanches, c'était magnifiques, je lui ai dit tandis que mes doigts ont glissé doucement, tout doucement, mon index tendu sur le haut de son sexe ouvert.
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Et tu écris dans tes lettres que papa qui est sévère a quand même énormément de peine parce qu'il m'aime (…), mais il ne supporte pas que l'un de ses fils soit sourd. C'est juste la honte pour lui. Alors tout ce qu'il a fait avec moi ce n'est pas pour moi, c'est pour arracher le sourd de moi, comme un clou avec une tenaille ! Il voulait me réparer. Mais je ne suis pas une machine.
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Toujours, le tragique déboule à notre insu pour lacérer d'un seul geste éblouissant les voiles que nous tissons au quotidien des pensées mécaniques, au rouet des phrases, au fil des mots, celles que nous tramons à même nos vies, le voile de l'illusion mais aussi bien celui du savoir. C'est là sa jouissance : l'instant tragique est une révélation, toutes les certitudes quant à l'avenir et donc au passé qui y aura mené explosent dans une lumière insolite, fixant à jamais la scène sur la pellicule de la mémoire sensible (…).
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Peut-être est-ce trop optimiste de le formuler ainsi, mais les plus grands livres, les livres réellement indispensables d'être inouïs, finissent toujours par nous arriver, ils ne peuvent pas être enfouis, se laisser mourir, malgré le silence qu'on leur impose, parfois, dès leur parution. Toujours ils resurgissent, ici ou là, parce que leur puissance d'âme est trop grande pour être enclose, qu'ils parviennent à adresser leur salut, à l'un, à l'autre qui passait par hasard, un salut vers lequel tendre, irrésistiblement, horriblement entendre, parce qu'il est "le" salut.
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De toute façon, je m'autorise à le croire, et à l'affirmer ici : tout vrai lecteur est personnellement attendu au détour d'un des livres d'Hélène Cixous
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« Un léger voile de brume soulignait le paysage éternel des collines grecques dévalant vers le bleu de la Méditerranée, courant d’oliviers en arbres fruitiers, de parfums en couleurs, cette beauté, la couleur verte si puissante des orangers au printemps, j’ai suivi le mouvement jusqu’à la petite falaise marbrée où un escalier de pierres menait sur le sable, au centre d’une crique protégée de hauts rochers. Je me suis déshabillé, enivré de chaleur, d’odeurs, du son des criquets, je me suis baigné nu, longtemps, voluptueusement, souverain sous le bleu du ciel. » p. 97
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Le reste est (mauvaise) littérature critique, ou, plutôt, relève d’une forme d’imposture : on peut très bien élaborer un discours construit, étayé, à partir d’une œuvre qui relève de la pure production industrielle, de la redite, de la copie de copie d’œuvre d’art.
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Il n'a jamais prétendu être un génie, de toute façon, il n'y voit même pas une question, fadaises et billevesées. Le génie se fabrique, ou se libère peu à peu, à l'instinct.
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C'est un autoportrait en crise, un moment de vertige au mitan de la vie. Face au miroir, un homme aux abois prétend affronter sa vérité, sur la toile.
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Parce qu'ils lui font peur,à la vérité, ses garçons.Depuis si longtemps.Peur,non pas qu'ils risqueraient de s'en prendre à elle,ça non,jamais ils ne le feraient, jamais ils ne l'ont fait,même quand elle luttait pour les remettre d'aplomb, même lorsqu'elle leur arrachait ces premières consoles vidéo tombées du camion,Luis avait quatorze ans,a peine,son frère un de moins...Ce qui lui fait peur,c'est cette violence folle qu'ils peuvent libérer a l'extérieur, d'une seconde à l'autre,métamorphosés,bouffis de haine, à terroriser tout le quartier. La violence...Depuis quand?voilà une question qui l'agite, tout au fond d'elle même, là où elle ne peut pas empêcher que les mots soient encore un peu vivants. Depuis quand, elle a peur de la violence de ses garçons? Depuis quand, tout est parti en vrille?
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C'est un fait, hélas : ce qui opprime console - et ce qui console opprime autant qu'il soulage.
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La tentative du repli provient toujours de celle d'enrayer en soi-même l capacité de voir ce que tout interdit de dire - exactement à la façon dont une société dans son ensemble n'ouvre les yeux sur elle-même qu'aux moments paroxystiques de son histoire.
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Au contraire du mot, l’image ne peut pas connaître l’altérité : l’altérité menace trop de la fendre, et si l’on peut, si l’on doit sans cesse “fendre les mots” comme les coquilles du réel, on ne peut pas fendre une image sans qu’elle se lézarde, ou tombe en poussière. L’individu enfermé dans son image non plus, et c’est bien pourquoi il est condamné à se défendre, se dé-fendre pour n’être pas fendu.
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