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Critiques de Blaise Cendrars (425)
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Moravagine

C'est une libraire qui m'a fait découvrir cet ouvrage alors que je faisais mon stage en librairie en 2007. et j'en garde un très bon souvenir. Moravagine incarne le mal et est en quelque sorte la partie de l'auteur qui n'est pas visible et est enfouie dans son inconscient. Je ne suis pas d'un esprit manichéen, je ne crois pas qu'une personne peut être soit totalement bonne, soit totalement mauvaise. Chacun comporte en lui son Eros et son Thanatos et c'est en cela que j'ai trouvé ce livre extraordinaire. Une histoire à la "Dr Jekyll et Mr Hyde"" qui est passionnante. A découvrir !
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Moravagine

Voici le roman qui est venu rompre un cycle de lectures décevantes, et qui figurera sans aucun doute dans mon top 5 de l’année 2010. Outre le plaisir de lecture qu’il m’a procuré, il m’a également permis de découvrir un grand auteur qui m’était encore inconnu.



Son narrateur, Raymond, est un jeune psychiatre qui entame au début du livre un stage dans un hôpital psychiatrique suisse. Il y fait la connaissance de Moravagine, malade interné depuis de longues années dans le pavillon réservé aux incurables. C’est un homicide qui a conduit dans cet établissement renommé ce dernier descendant d’une lignée noble d’Europe de l’Est, qui s’avère être un fou dangereux. Mais Raymond s’attache à cet homme au point de le faire évader, et leur fuite perpétuelle va leur faire vivre de nombreuses aventures improbables à travers le monde.



Moravagine est un roman particulier, qui happe dès les premières pages. Ce personnage a hanté Blaise Cendrars durant des années, et l’écriture de ce livre a été menée parallèlement à d’autres travaux, comme il l’explique lui-même dans la très intéressante postface de cette édition (Grasset – Les cahiers rouges). Déroutant, halluciné, anticonformiste… tels sont les premiers qualificatifs qui me viennent à l’esprit pour décrire mon ressenti sur ce livre vraisemblablement unique dans sa façon d’évoquer le Mal. Et qui tient tout à la fois du thriller et du roman d’aventures. Une belle découverte !
Lien : http://tassedethe.unblog.fr
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

L'histoire commence en mai 1834. Johann August Suter a 31 ans. Le natif du Grand Duché de Bade, membre d'une riche famille commerçante, est victime d'une faillite et abandonne femme et enfants pour refaire sa vie en Amérique. Il embarque à bord d'un navire au nom prédestiné de "l'Espérance" pour traverser l'Atlantique et poser le pied à New-York après un mois de mer.

Le jeune homme va rester deux ans à New-York où il exerce plusieurs métiers et mange de la vache enragée mais, doté d'un solide esprit d'aventurier et d'un formidable sens des affaires, il part pour Saint Louis dans le Missouri, avant de pousser plus loin vers l'ouest et la Californie, en compagnie d'un petit groupe de pionniers qui s'engage sur une longue piste éprouvante et dangereuse où les difficultés techniques et climatiques sont nombreuses et où les attaques d'indiens chasseurs de scalps terriblement meurtrières.

Il arrive à Yerba Buena (aujourd'hui San Francisco) le 1er juillet 1839 après un dernier détour par Hawaï et l'Alaska, cinq ans après son départ d'Europe. La Californie, région sauvage et vierge, appartient alors au Mexique et Suter obtient du gouvernement d'Amérique Centrale une concession de 20000 hectares à laquelle il donne le nom de Nouvelle Helvétie, connue aussi sous le nom de Fort Sutter.

En quelques années, l'émigrant devient le maître d'une immense exploitation agricole, propriétaire de milliers de têtes de bétail, porcs, chevaux, moutons, employant des centaines de travailleurs agricoles ou d'artisans dans l'atelier de tissage, la distillerie, le moulin ou la tannerie qui font partie du domaine. Sutter n'a pas ménagé sa peine et ses efforts pour devenir un homme immensément riche et il a su manoeuvré auprès des gouvernements mexicain et américain qui se disputent la Californie pour obtenir de l'un comme de l'autre toujours plus de terres et d'espaces.

C'est la construction d'une scierie en janvier 1848 sur l'American River qui va précipiter la déchéance du pionnier helveto-mexicano-américain lorsque l'un de ses employés découvre dans la rivière une pépite d'or. Bien qu'il ait essayé de tenir la chose secrète, Sutter ne peut empêcher la nouvelle de se répandre partout à travers les Etats-Unis. En quelques mois, des milliers de chercheurs d'or débarquent sur ses terres. Dans la frénésie qui s'emparent des hommes, les bêtes et les récoltes sont abandonnées et les titres de propriété de Sutter contestés. La venue de sa femme et de ses enfants à la mitan du siècle n'arrange rien. Il est complètement ruiné et ses nombreuses tentatives de faire valoir ses droits à Washington se soldent toutes par des échecs. L'homme qui avait fait fortune meurt en 1880 dans la misère à cause de l'or découvert sur son domaine.



Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric-Louis Sauser, a écrit "l'or" en 1925. Cette courte biographie romancée fait suite à la publication de recueils de poésie qui avaient lancé sa carrière littéraire et le transforme en romancier de l'aventure, ce que confirme un an plus tard la publication de "Moravagine". D'ailleurs, avant d'écrire, le jeune Sauser a mené une vie de bourlingueur qui a certainement permis à l'auteur de savoir mélanger avec talent imaginaire et réalité.

Avec "l'or" qui connaitra un formidable succès, l'auteur dresse un paradoxe saisissant entre la découverte du métal précieux synonyme de richesse et la ruine que cette découverte entraîne au final et explore la folie qu'elle engendre chez les hommes. Sur ce dernier point, il m'apparait que le roman de B. Traven "Le Trésor de la Sierra Madre" va plus au fond de l'analyse et des comportements humains qui se trouvent exacerbés lors de tels événements. Malgré ce bémol, "l'or" reste une oeuvre d'une grande richesse (si l'on peut utiliser ce terme pour évoquer une ruine totale) fort agréable à lire même si, d'après les biographes de John Alexander Sutter qui ont poussé leurs études du pionnier millionnaire plus loin que Cendrars, elle comporte de nombreuses erreurs historiques. On passera dessus pour se laisser emporter par le style précis et direct de l'écrivain à la main coupée.
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Le lotissement du ciel

Il y a un peu de tout dans ce livre, principalement ce qui peut tourner autour du ciel : une hagiographie de Joseph de Cupertino, un saint capable de léviter, un retour du Brésil en bateau accompagné d'oiseaux exotiques, d'un fourmilier et de ouistitis, des souvenirs de guerre liés à l'aviation, un voyage dans le Brésil profond, et d'autres...

Il y a des pages de profond ennui, comme cette recension des occurrences de Saint Joseph de Cupertino dans les écrits anciens et on peut s'interroger sur la cohérence de l'ensemble. Mais l'intérêt essentiel du livre demeure la poésie dominante et des fulgurances telle son regard sur le "sac à charbon", ce trou béant dans le ciel du Sud où aucune étoile ne brille.
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Histoires vraies

La plume est très belle, mais je suis passée complètement à côté, faute d'intérêt pour le propos.



À part la première histoire qui m'a fait bien marrer, le reste m'a profondément ennuyée.



Dommage, il faudra que j'essaye un autre titre...car la musicalité des textes est incroyable.
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Du monde entier au coeur du monde



Certains prennent des photos, le clic qu'on déclenche, et l'objectif entre eux et le monde. Comme pour se protéger.



D'autres envoient des cartes postales. Postées à la hâte, à l'ancienne, la première pensée, le soleil ou la neige, la santé, les embrassades...



Et puis il y a Blaise Cendrars.

Ni photographies, ni cartes postales.

A la place, des poèmes.

Des mots qui ne protègent de rien. Au contraire. Vous êtes à la terrasse d'un café, au fond de votre vieux fauteuil, peu importe. Le soleil brûle pareil. Le sel écorche, la lumière est belle.



Vous appareillez à chaque page. La destination importe peu. C'est autre chose qui vous embarque, ces mots, ses mots !

Chaque poème est un cliché d'ailleurs, de partout, le monde offert, la terre est brune et le soleil si bleu !



Le printemps des poètes 2022 méritait bien ça, cette plume si moderne, si franche, si fraîche.

Cendrars.
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Pourquoi personne ne porte plus le caïman pou..

Pour un challenge, je pars à la recherche d'un petit Cendrars, le fameux poète. Je tombe ainsi sur ce bel album jeunesse d'un conte africain. Les couleurs et le style sont vraiment chouettes, le conte est sympathique à lire avec la morale sur le manque de reconnaissance.
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Prose du Transsibérien et autres poèmes du mond..

Poèmes agréables à lire, les vers sont libres et fluides. le travail des sonorités et des images donnent une impression de vitesse.



Un jour, un journaliste a demandé à Blaise Cendras s'il a vraiment voyagé à bord du Transsibérien. Ce dernier lui a rétorqué : "Qu'est-ce que ça peut te faire, puisque je vous l'ai fait prendre à tous !" En effet, c'est un récit où plane le doute quant à son caractère autobiographique (1ère personne, descriptions précises et ancrages biographique). Au final, la question et sa réponse importent peu. Ce qui compte, c'est le voyage que nous offre le jeune poète. On se laisse bercer par la rame et les mots étrangers... le goût du voyage.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

"Qui veut de l'or ? qui veut de l'or ?"



Un vaurien en quête de fortune abandonne femme et enfants, quitte sa Suisse natale, traverse l'océan et s'enfonce dans un Far-West fantasmagorique puisque inviolé. En Californie, il se bâtit un empire, corne d'abondance de la jeune Amérique. Propriétaire d'immenses territoires -San Francisco et ses environs-, son hégémonie vacille puis trébuche du jour où l'on y découvre des filons aurifères. Spolié par la folie des prospecteurs (Gold Rush, 1848-49), Suter est ruiné : sa poule aux œufs d'or est éventrée et il ne lui reste plus que les tribunaux pour pleurer... Débouté, il mourra en état de semi-démence.



Pont jeté entre poésie et roman, L'Or irradie d'audace et de liberté. En mythomane invétéré, Cendrars réinvente la biographie de Suter : il émonde, développe ou résèque dans la matière première d'un chemin de vie prodigieux. Dans cette hagiographie d'une crapule repentante, il égrène, en courts chapitres, la vie et les actes de son héros et métamorphose la matière littéraire en un serial tressautant. Les panoramiques, les travellings, les close-ups s'enchaînent pour suivre dans son orbe (de son zénith à son nadir) la trajectoire de Suter.



En son continuum créatif, Cendrars suture art poétique et prose munificente. Il emprunte les sentiers d'un Jacques de Voragine et de sa Légende dorée*, transforme son aventurier helvète en icône de papier et allégorise le destin de l'artiste : les défricheurs récoltent rarement ce qu'ils ont semé !



Une pépite !



* La Légende dorée (L'Or) de Jacques de Voragine (Moravagine) passée au creuset de l'homme de braises et de cendres : calcination, lessivage, sublimation, incandescence...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

L'Or raconte la vie extraordinaire, triste et effrayante de Johann August Suter, citoyen suisse parti en 1834 aux Etats-Unis pour y faire fortune.



Il sera sur le point de devenir l'homme le plus riche du monde quand un de ses employés trouve de l'or sur ses terres. Commence alors le cauchemar pour lui, et son travail se trouvera anéanti en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.



Davantage qu'une biographie romancée, ce petit opus est à la limite du conte philosophique. L'argent ne fait pas le bonheur, celui des autres non plus, et à quoi sert la Justice si le jugement est inapplicable ? Se pose également la question sur l'arrivée massive d'habitants sur le développement d'un pays ou d'une région.

Les chapitres sont très courts et l'écriture m'a semblé étonnamment moderne au point de rendre le texte intemporel. Un très bon moment de lecture.
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La main coupée

Blaise Cendrars est d’origine Suisse, il a servi sous le drapeau de la légion étrangère pendant la première guerre mondiale.



La main coupée - sa mutilation de guerre - raconte ses journées de poilu dans la somme ; elles prennent la forme d’une chronique, un peu à la façon du Hussard Bleu de Roger Nimier. Cendrars présente bataillon et officiers ; il décrit les anecdotes du front et de leur vie dans les tranchées.

Lui et sa compagnie de durs sont des Rambos ; alors, Cendrars privilégie les anecdotes héroïques et humoristiques à l’enfer des batailles, il n’a pas choisi de parler en premier des atrocités de la guerre.



C’est précisément ce que je reproche à ce livre ; certes, je n’en attendais pas non plus une énième comptine sur le carnage de la première guerre mondiale, mais le manque de dramaturgie m’ont ennuyé : parce que Cendrars raconte tout cela sur le ton de la légèreté.

Comme ce n’est pas ma première lecture sur le sujet, j’ai eu des difficultés à m'enthousiasmer sur le livre. Les tranches de vie héroïques ou infernales du front ont déjà été racontées bien des fois par d’autres vétérans (Céline, Drieu la Rochelle, Nimier…).

Donc, il s’agit plus d’un agacement personnel : je suis tout bonnement arrivé à saturation du sujet… J’avais une franche impression de déjà-vu.

Je reconnais tout de même à Blaise Cendrars, un certain talent pour alterner le registre familier et soutenu ; je ne remet pas en cause une seconde ses qualités d’auteur ; il s’agit plus du traitement de la première guerre mondiale tel que dans la Main coupée… j’en ai moins été bouleversé que d’autres ouvrages.















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La main coupée

Moi qui n'aime pas vraiment les histoires de régiment j'ai trouvé que cette série de textes courts a l'intérêt de montrer la guerre de l'intérieur. Blaise Cendrars nous propose des séquences anecdotiques, véritables témoignages sociologique et historique de la guerre de 14-18.

Il montre surtout les absurdités de cette guerre et témoigne de la mort de ses copains. "La Main Coupée" est plutôt un plaidoyer contre la guerre qui évoque un passé douloureux alors que Blaise Cendrars était engagé volontaire ce qui, au premier abord, peut sembler contradictoire. Il faut dire qu'en 1915 il sera gravement blessé et amputé du bras droit d'où le titre de ce recueil.

Cendrars a un parler unique pour évoquer la fraternité et la camaraderie qui régnaient dans les tranchées et au front, face aux difficultés du quotidien pour survivre. Les tranchées françaises étaient démunies de tout en raison de l'absence d'organisation notamment pour le ravitaillement. Mais heureusement son escouade a plus d'un tour dans son sac et Blaise Cendrars montre que les soldats sont avant tout des hommes.





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Moravagine

Je vois au moins deux rapprochements possibles entre Moravaginede Blaise Cendrars et Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos. Le plus évident, mais peut-être le plus borgésien, je veux dire, celui sur lequel Borges aurait brodé à l'infini : ils ont tous deux paru en 1926. Le second rapprochement est bien plus profond, à moins que ce ne soit strictement l'inverse, et alors il ne sera tout au plus qu'universitaire, et touche à la figuration du double démoniaque, furieux rêve, dira Bernanos de son livre, qu'il s'agit d'expulser à tout prix, alors que Blaise Cendrars cite une lettre d'un certain Docteur Ferral, réel ou imaginaire quelle importance, qui affirme de l'auteur qu'il est à présent un «homme libre», puisqu'il est parvenu à se libérer lui aussi de son mauvais rêve, après qu'il a grossi en lui durant de nombreuses années, la première mention de ce qui était alors un texte intitulé Moravagine, idiot (cf. p. 252, dans un autre intitulé Pro domo. Comment j'ai écrit Moravagine) datant de novembre 1912. La guerre a littéralement traversé Moravagine, et quelque chose de son écho assourdi semble gronder obstinément dans ces pages que l'on dirait écrites, bien au contraire de ce que nous en apprend leur genèse, d'une seule coulée, de boue bien évidemment.
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Petits contes nègres pour les enfants des bla..

Un crocodile affamé, un chasseur, un roîtelet, une souris et un bébé-roi. Il ne s'agit pas d'un inventaire à la Prévert. Ce sont pour partie les personnages des contes d'Afrique racontés avec enthousiasme, cruauté et humour aussi par Blaise CENDRARS.



Vous y apprendrez pourquoi on n'écoute plus les larmes du crocodile et pourquoi, un jour, un bébé devint roi !



Bon dépaysement au pays des contes africains.
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Moravagine

Je n’avais jamais rien lu de Blaise Cendrars. C’était une erreur. Moravagine est un livre furieux et fou sur un fou furieux. Tout ce que j’aime.



En quelques mots, il conte les aventures d’un dangereux psychopathe – Moravagine de son nom – et d’un médecin aliéniste qui le suit dans ses pérégrinations. Ils iront au gré de la fortune de la Russie au fin fond de l’Amazonie, en passant par Londres, la France, les États-Unis et peut-être même la planète Mars… Ils y croiseront la guerre, le terrorisme, la révolution, le cannibalisme indigène et bien d’autres atrocités…



En lisant la quatrième de couverture et aux quelques commentaires que j’avais lus sur l’ouvrage, je m’attendais à un roman terriblement sombre. Évidemment, c’est un récit plein de bruits et de fureur où la folie et le meurtre sont toujours présents. Mais Cendrars ne les traite pas au premier degré.



Sous sa plume, Moravagine et son acolyte sont des sortes de pieds nickelés du crime, pris dans la folie du monde, emportés par l’élan du chaos. Leurs aventures sont si rocambolesques que l’on ne peut les prendre vraiment au sérieux. Une forme de distanciation ludique se met ainsi en place et permet de savourer cette détonante lecture, malgré les atrocités qu’elle décrit. Ce mélange d’horreurs et de péripéties à la frontière de l’absurde confère un ton très particulier à l’ouvrage et lui donne tout son charme.



La variété des sujets et des ambiances est assez bluffante pour un roman si court, car Moravagine est tantôt un roman initiatique, un roman d’espionnage, un roman de guerre, une histoire de serial-killers, un hommage à Au cœur des ténèbres de Conrad, autre grand roman sur la folie…. Les péripéties se suivent sur un rythme échevelé et le lecteur a parfois du mal à retenir son souffle.



Pour ne rien gâcher, le travail sur la langue est exceptionnel. Parfois très érudit, parfois précurseur du langage parlé « célinien », parfois lyrique, Cendrars maitrise à la perfection son sujet et livre une partition de haut vol qui force l’admiration.



Enfin, je conseille fortement de lire la passionnante postface du livre, sorte de journal de création de l’auteur, qui conte ses difficultés et ses moments d’intense création dans la rédaction de l’ouvrage. Il rappelle que même les écrivains les plus doués doivent suer sang et eau pour accoucher de livres comme celui-là.



Après une telle lecture, il y aura forcément d’autres Blaise Cendrars dans ces colonnes.
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Moravagine

Moravagine, pensionnaire d’un asile pour nantis aliénés, séduit le médecin fraîchement diplômé qui est chargé d’en prendre soin. Sous couvert d’une étude clinique, le médecin libère son patient qui va pouvoir commettre ses méfaits et scelle ainsi le destin des deux protagonistes qui laissent derrière eux crimes, souffrance et révolution.

Mais sont-ils vraiment si différents ? Est-ce-que Moravagine ne serait pas le double du narrateur ? Ou encore de Cendrars lui-même ? En effet, la postface nous laisse entrevoir les difficultés éprouvées par Cendrars pour enfin mettre un point final au livre Moravagine.

Sous l’apparence d’un récit proche des péripéties d’un baron de Münchhausen avec une part d’ombre à la Jack l’éventreur, j’ai découvert plusieurs niveaux de lecture qui pourraient être d’ordre autobiographique (à vérifier), une critique voilée d’une société en déliquescence ou encore, de manière diffuse, certaines pratiques médicales dans le monde psychiatrique.

Moravagine nécessite donc une relecture qui sera sûrement ludique à la recherche des indices laissés par Cendrars.

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L'Homme foudroyé

En guise de préambule, Cendrars nous confie que c’est le témoignage d’un ami humilié par l’attitude d’un lieutenant allemand logé chez lui, et qui a profané “l’hospitalité” de son hôte en ramenant une prostitué, pour forniquer en son logis, en cette année 1943, qui fut l’élément déclencheur de l’écriture d’une série d’oeuvres autobiographiques dont le premier opus est L’homme foudroyé. L’homme foudroyé désignant la dépouille d’un sergent volatisée littéralement par la puissance destructrice d’un obus, ne restant de son passage sur terre, en guise de témoignage, que son pantalon ensanglanté. L’oeuvre présente est divisée en trois parties : Dans le silence de la nuit, Le Vieux-Port et rhapsodies gitanes.



Dans le silence de la nuit, courte chronique du front, on revit les combines pour boire bien pépère le petit bleu, la peur chez les poilus des dommages collatéraux, la litanie des défections, des désertions et des morts au champ d’honneur, le cafard qui règne dans la troupe, les estropiés volontaires, et la peur de mourir.



Le Vieux Port, c’est Marseille, ses mystères qui lui donnent tout son charme. C’est surtout la narration de la retraite que l’écrivain fit à Ensuès-la-Redonne, dans un décor enchanteur de calanques, de maquis, de chemins muletiers et de cabanes de pécheurs. Il y raconte les plats canailles, les parties de pétanques interminables et les tournées de “pastisse”. Temps de farniente délicieux, où de l'aveu de son auteur il n’a jamais été aussi heureux qu’à la Redonne.



Les rhapsodies gitanes, qui occupent plus de la moitié du présent volume, sorte de fricassée littéraire, pêle-mêle d'anecdotes réjouissantes, avec des tableaux de personnalités atypiques tels l’attachant Gustave Le Rouge, chantre du roman populaire, prolifique et désintéressé; le père François, gueulard au grand coeur, gros buveur d’absinthe, à la voiture trépidante et au fouet claquant et tonnant; Paquita, la richissime sud-américaine au sang gispy, qui choisit, au gré de ses caprices, des maris selon leur aptitude à faire tapisserie dans le décor d’une demeure cossue. Les mœurs particulières des gitans, leurs coutumes matrimoniales étranges, voire révoltantes, basées sur la matriarcat, la fièvre de la vendetta; l’exode des petites gens de Paris vers la petite et la grande couronne, la misère des lotissements ouvriers; c’est toute l’humanité des barrières et des fortifs de Paris qui revit par la grâce d’un conteur particulièrement efficace et bourré d’histoires truculentes.



J’aime l’écrivain, sa vie aventureuse et riche de rencontres, ses digressions, ses coq-à-l’âne, sont style facile et vivant. C’est bien simple, prenez n’importe quelle oeuvre de Cendrars, à votre guise, vous échapperez toujours à l’ennui.
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La main coupée

Une plongée dans les tranchées et la France de la première guerre. De la gouaille, des personnages plus vrais que nature, un narrateur attachant, une écriture qui a très peu vieilli... que demande le peuple?



Cendras, quel écrivain!
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Du monde entier au coeur du monde

C’est parce que j’apprécie la littérature non conventionnelle, riant aux nez des doctes académiciens, que je me suis rapproché de la poésie de Blaise Cendrars. Ce recueil publié par Gallimard regroupe l’ensemble de ses œuvres poétiques, écrites essentiellement à la Belle époque, la Grande guerre et l’Entre-deux-guerres.

Comme si le retour en arrière avait un caractère anxiogène et fatal, le recommencement est incompatible avec le travail de Cendrars, il se tournera ensuite vers d’autres modes d’expression : roman, reportage, Mémoires.

Ce recueil montre d’ailleurs bien cette écriture en mouvement, cette perpétuelle évolution et recherche de nouvelles voies. C’est pour cette raison qu’il est impossible de rattacher l’œuvre de Cendrars à un quelconque mouvement littéraire ou artistique, bien qu’il collabora souvent avec de nombreux auteurs et artistes.

Il ne pouvait se tenir à suivre une ligne droite. Et bien que j’aie pu dire que le retour, chez Frédéric Sauser (son véritable patronyme), était impossible, son œuvre tourne en rond… mais elle tourne vers l’avant. Elle fait le tour du monde et le tour des images, si elle revient sur un objet ou un lieu déjà rencontré, c’est pour y déceler ce qu’il a de nouveau, de changé, de transformé, jamais pour se remémorer. C’est cet esprit nouveau et cette forme nouvelle, faite d’associations d’images, de prose faussement versifiée et de collages, qui toucha tant le public de son temps, offrant une poésie ancrée dans la modernité, l’industrie, les transformations urbaines ou le développement des moyens de transports, des thèmes inattendus et surprenants en ce début de XXe siècle en poésie.

Comme quoi l’anticonformisme a du bon!
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Petits contes nègres pour les enfants des bla..

Mon édition date de 1989; le texte est de 1978.

Dix petits contes variés, en principe inspirés de contes africains. "ces histoires que se racontent les grands enfants d'Afrique pour s'amuser la nuit autour du feu et ne pas s'endormir à cause des bêtes qui rôdent".

Ma version est illustrée en noir et blanc par Jacqueline Duhême, récemment disparue 2023)

Le titre a échappé à la vigilance des censeurs actuels et tant mieux. Ce sera l'occasion de rappeler que le terme nègre n'a rien d'insultant au départ; des auteurs célèbrent la négritude!
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