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Critiques de Blaise Cendrars (425)
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Trop c'est trop

"Le simple fait d'exister est un véritable bonheur."



Il faudrait commencer par ce suprême de littérature pour découvrir Cendrars. Tout y est : les odyssées truquées, les fulgurances poétiques, l'amour du sauvage et de l'indompté, le miracle d'un style qui se fout royalement de toutes les règles.



Que le poète nous chante longuement le Brésil où "La mer est indigo, le ciel (...) bleu perroquet" (Utopialand ou Mort subite), qu'il loue le génie de Chaplin (Charlot), nous pilote dans un Paris disparu (Le (merveilleux) Ve Arrondissement), filme en Italie (Pompon) ou se la raconte en Afrique (Chasse à l'éléphant), il nous assène sa vérité "comme un arracheur de songe" (heureuse formule de Claude Roy) sans jamais achopper sur du "cul-cul-rhododendron"..



Cendrars nous convie également -morceau de choix- à une douzaine de "Noël aux quatre coins du monde" et l'on regrette de n'avoir jamais eu l'occasion de croiser, la nuit d'un 24 décembre, ce nécromancien qui évoque si bien les ombres de son passé, cet escamoteur de chagrin aux charmes suborneurs, ce voleur d'escarbilles qui embrase notre mélancolie.



Dans cet ultime recueil, foutraque, anarchique et bohème, on retrouve tout ce qui nous rend précieux notre empereur manchot !



Avec Cendrars, trop, ce n'est encore pas assez !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

J'ai été agréablement surprise par l'écriture vive et vivante de Blaise Cendrars, que je découvre. Les chapitres sont courts, l'action s'enchaîne, l'auteur ne perd pas de temps en descriptions inutiles. Cela donne un effet dynamique allant bien avec l'esprit d'aventure du personnage.

Suter, qui a vraiment existé, est un homme déterminé, malin, sans état d'âme et polyvalent. Ayant quitté la Suisse pour l'Amérique, abandonnant derrière lui femme et enfants, il ne tarde pas à entendre parler de la Californie ("Tous ne parlent que de l'Ouest. Il est hanté"). Mais il n'est pas du genre à agir sans préparation, alors il se renseigne sur les mœurs et les habitudes locales, évalue les besoins. Il découvre un pays cosmopolite ("Toutes les races du monde sont représentées"), une "bande de terre toute en littoral". San Francisco, ce sont "des huttes de pêcheurs en terre battue. Des cochons qui se vautrent au soleil". Difficile à imaginer aujourd'hui!



Suter établit son ranch, la Nouvelle-Helvétie, en se servant des Indiens comme esclaves ("dépouillés de tout, maltraités, misérables"). Les Indiens constituent son plus gros souci parce que "ses terres empiétaient sur leurs territoires de chasse". Mais le général a des relations politiques et son commerce ne tarde pas à devenir lucratif. Il va même jusqu'à importer des ceps de vignes du Rhin et de Bourgogne (serait-il à l'origine du bon vin californien?). Et voilà que la fièvre de l'or s'abat sur le monde.

Le récit prend alors une incroyable tournure: "Après avoir tout bravé, tout risqué, tout osé et s'être fait "une vie", Suter est ruiné par la découverte des mines d'or sur ses terres". Celles-ci attirent en effet de nouveaux colons ("Mon pauvre domaine était submergé"), tandis que les employés s'enfuient avec les pépites trouvées. Toutes les fermes sont abandonnées et il n'y a plus personne pour gérer le domaine. "La découverte de l'or m'a ruiné!", se désole Suter.



Par une ironie du sort, c'est à ce moment que sa femme, Anna, se décide à effectuer le long voyage avec leurs enfants pour le rejoindre... Suter se remet donc à l'ouvrage. Mais il a changé, il est devenu hésitant, renfermé, méfiant, sournois, avare. "J'ai le mal du pays". Il réclame justice, intente un procès aux particuliers et au gouvernement de l'Etat, revendiquant la propriété exclusive des terrains ainsi que des droits sur une partie de l'or extrait. Cela lui vaut la haine de bien des gens... "Il est brisé", vit dans la misère, n'est plus que l'ombre de lui-même, un "vieux fou" qui meurt en croyant avoir gagné son procès à cause (ou grâce) à une plaisanterie de petits voyous.

Au bout du compte, "ses privations, son énergie, sa volonté, son travail, sa persévérance, tout a été inutile"...
Lien : https://www.takalirsa.fr/l-o..
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L'Homme foudroyé

L'homme foudroyé est foudroyant.



Et l'homme foudroyé est un livre généreux. C'est peut-être l'un des livres les plus généreux qu'il m'ait été donné de lire. Alors je mets 5 étoiles. Je ne mets jamais de notes d'habitude. Je m'y suis toujours refusé. Arbitrer entre 3 et 4, opter pour 3 et demi, ça ma toujours semblé un peu mesquin. Et puis je ne sais pas vraiment ce qui est à noter. Le livre ? Le style ? L'expérience de lecture ? La somme de tout ça ? L'homme foudroyé éclipse toutes ces considérations. Il est si bondissant, si excessif, si simple, qu'il insuffle un peu de sa générosité à celui qui le lit. Les livres généreux rendent généreux.



Gustave le rouge, Paquita, les gars de la Redonne, chez Félix, la bouffe, la bouffe, la bouffe, les chambres d'hôtel, les Ours, le roi de Sicile, les femmes, les habits des femmes, la N10, la voiture, le vin, les livres d'ésotérisme, les poèmes des amis publiés en skred... Je pourrais noircir deux feuilles d'images, de mots et de noms qui ont jailli de la page. C'était absolument magnifique.



Pour moi, Cendrars ne renvoyait à rien et j'ai découvert un monde plein de mondes, plein de vie, plein de poésie. Ce n'est pas un livre sans défaut. On décrochera peut-être. Le montage du texte est ambitieux. Peut-être trop. Peut-être pas. On s'en fout. Ça n'a absolument aucune importance. Je veux lire des livres vivants et ce livre est putain de vivant. Il est fait de mille vies. Des vies vécues, des vies fantasmées, sans doute aussi des vies inventées. On disait Cendrars fabulateur et menteur. Tant mieux.



L'homme foudroyé est foudroyant. Lisez-le.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Après la narration de Jack London sur la ruée vers l'or en Alaska dans son excellent recueil de nouvelles « Construire un feu », je découvre avec plaisir celle vers la Californie durant la même période servant d'environnement historique à l'épopée de Johann August Suter.



Le style direct et fluide de Blaise Cendrars déploie à la vitesse d'un torrent la vie de ce suisse, aventurier, nommé Général à la fin de sa vie malgré sa ruine et qui aura contribué à l'essor de l'état de Californie et de la construction de San Francisco.



Grandeur et déchéance d'un homme qui aura perdu sa famille et sa fortune dans une vie trépidante de pionner auquel l'auteur rend un vibrant hommage dans ce court mais dense récit écrit à la manière d'une légende.
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Prose du Transsibérien et autres poèmes du mond..

Je ne connaissais de cet écrivain que le nom et encore ...

C'est donc par le biais du challenge "Solidaire 2022" que j'ai lu ce recueil.

Et là , la très belle découverte !

Premier long texte en prose : voyage dans le transsibérien et retour à Paris. On est en immersion : la sensation de la vitesse, le bruit du train sur les rails dans nos oreilles, la foule des passagers ...

Un texte qui a du paraître bien moderne il y a une centaine d'années tant il reste à déguster sans modération aujourd'hui.

J'ai trouvé les 2 autre textes de "moindre" envergure mais fort plaisants toutefois.

En plus avec le format scolaire , plein de pistes complémentaires sont fournies, telle qu'aller écouter sur le site de l'INA Blaise Cendrars lire le début de la Prose du Transsibérien ou Bernard Lavillers sur Youtube et relire encore ce texte.



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Rhum

Un peu décontenancée par cet ouvrage, dont j'attendais davantage une biographie romancée de Jean Galmot et une immersion en Guyane, que l'enquête journalistique politico-judiciaire s'attachant à le réhabiliter que j'ai en réalité découverte.

Le sujet de fond était pourtant intéressant sur le plan historique et m'a d'ailleurs permis de combler certaines de mes lacunes concernant cette période mouvementée des 30 premières années du 20ème siècle.

Sur fond de tensions politiques, commerciales et coloniales, Cendrars nous dresse donc le portrait d'un journaliste et écrivain talentueux, devenu presque malgré lui aventurier, homme d'affaires et politicien.

Jeune marié, pour éponger ses dettes de jeu, il est envoyé par son beau-père faire ses preuves en Guyane, terre lointaine, sauvage et rude, qui exercera sur lui une véritable fascination et pour laquelle il se dévouera sans relâche jusqu'à son dernier souffle.

Brillant, courageux, pugnace, charismatique et humaniste, il n'aura de cesse de poursuivre son idéal de faire de la Guyane une colonie prospère, d'en exploiter les richesses et d'en faire profiter la population autochtone. Parti de rien, sa réussite aussi spectaculaire qu'inattendue, malgré une santé précaire, dans l'exploitation de l'or, des essences exotiques, de la canne à sucre et du rhum, lui vaudra l'amitié et l'admiration de certains, notamment des guyanais, mais aussi la jalousie et la haine de nombreux autres, concurrents et politiques qu'il gêne dans leurs plans, et qui, par le truchement d'accusations, de cabales, bassesses et complots divers, chercheront à l'écarter du monde des affaires, à le ruiner et à provoquer sa chute.

La mort de "Papa Galmot" par empoisonnement en Guyane et les nombreuses zones d'ombres entourant les périodes difficiles de sa vie, ont poussé Blaise Cendrars, qui admirait l'homme, le comparant à un Don Quichotte contemporain, à se faire son avocat en menant l'enquête à décharge, afin de rendre son honneur à cet homme à la vie si dense, surprenante et mouvementée.

Le style très journalistique, se veut factuel, tout en assumant ouvertement des opinions en faveur de Jean Galmot. A première vue, l'enquête paraît fouillée, accumulant de nombreuses "pièces à conviction", "preuves" et témoignages, mais toujours à visée de défendre et disculper l'aventurier. J'avoue que la méthode a plutôt bien fonctionné et rempli son objectif avec la lectrice un brin crédule que je suis !

Malgré tout, cette lecture me laisse un sentiment mitigé. Elle était certes très enrichissante d'un point de vue intellectuel et historique, mais la surabondance de détails politiques et juridiques, de noms techniques et de personnalités, m'obligeant à effectuer des recherches fréquentes, m'ont donné l'impression de lire un rapport officiel plutôt qu'un roman.

Je m'attendais à passer plus de temps en Guyane, à en apprendre davantage sur l'activité de "colon" de Galmot et sur ses relations avec les guyanais, à être bien plus immergée dans ce petit bout d'Amazonie, et sur ce point, j'ai été frustrée.

Ce n'était pas l'objectif de l'auteur, surtout avec un texte aussi court, je l'ai compris au fil des pages, mais j'en garde une part de déception.



( Challenge Solidaire Babelio 2022 - 3/30)



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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

L'or est un de ces livres qui laisse un profond sentiment de solitude une fois la dernière page tournée. On revoit ces contrées lointaines du fin du XIXème siècle, ces étendues sauvages à conquérir, ces montagnes à gravir, ces fleuves à dompter, cet océan dangereux.



Blaise Cendrars nous fait découvrir le nouveau continent à travers les yeux de Johann August Suter, simple aventurier qui va quitter femme, enfants et terres suisses pour partir à l'aventure à l'autre bout du monde et devenir quelqu'un. Quel parcours extraordinaire, quelle détermination, quel panache ! De nombreuses fois, J.A. Suter aurait pu renoncer, mais quand l'appel brille dans les yeux de l'Homme, personne ne peut l'en dissuader.



J.A. Suter ne part pas en Californie chercher de l'or comme je le pensais au début de ma lecture, il part conquérir une terre inconnue du nouveau peuple car habitée depuis des millénaires par les indiens, pour y construire une communauté. Il va développer le commerce, des villes, accumulé une fortune considérable. Et l'or est très loin de ses préoccupations. Car ce ne sera pas l'or qui le rendra célèbre et riche, non, l'or sera au contraire sa perte. Ce qu'il aura construit sera détruit par les chercheurs d'or devenus fous, analogie à la soif, qui rend l'homme dément.



Blaise cendras nous raconte donc l'histoire vraie de cet homme qui fut l'homme le plus riche du monde, qui est devenu Général, de son apogée à sa ruine, lui qui a toujours tenu son monde d'une main de fer sera amputer de sa détermination, le monde l'aura rattrapé au delà des montagnes et des mers, abandonné sans reconnaissance pour ce qu'il avait construit.



Un livre qui peut paraitre un peu vieillot maintenant mais qui n'enlève en rien de la véracité des faits, Blaise Cendrars nous emporte à travers une histoire qui pourrait être vieille comme le monde …
Lien : https://exulire.blogspot.com..
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J'ai tué

Les éditions Fata Morgana propose un livre magnifique au titre provoquant de "J'ai tué", plus percutant que "ce n'est pas beau la guerre" mais c'est bien de cela dont il s'agit.

Blaise Cendrars sait parfaitement raconter la vie des soldats dans les tranchées durant la guerre de 14-18 parce qu'il l'a vécue. C'est poignant, d'autant plus que les gravures qui illustrent le texte sont de Fernand Léger, ami de Cendrars et peintre qui me touche. Il faut souligner le travail éditorial de qualité qui a été fait pour cette réédition car la publication d'origine date de 1918. Les oeuvres de Fernand Léger sont reconnaissables par son style particulier, en monochrome ici et proche du cubisme. Il faut dire que les deux hommes ont participé à l'effervescence de la vie artistique parisienne du début du 20e siècle.

Dans ce texte court, Cendrars raconte ce qu'il vit en tant que soldat, le froid, l'attente, la boue. Sans oublier les chansons de marche et sa pensée pour les poèmes de Baudelaire qui lui permettent de supporter les moments les plus difficiles. Et puis c'est l'assaut, la course sous les obus et la chair qui explose. Alors que le poète pense à tous ceux qui travaillent pour alimenter en armes, nourriture, vêtements ceux qui se battent, il va se retrouver au corps à corps avec un boche, couteau à la main. Il sera le plus rapide...

J'en suis toute retournée. Quel écrivain!





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Moravagine

C'est l'histoire de deux furieux dans un monde fou, à moins que ce ne soit l'inverse. Deux hommes : un grand et un petit, un intellectuel et un fou, un sain de corps et un cabossé de partout, conquérant le monde à leur manière, laissent derrière leur passage un parfum de destruction.



A première vue, Moravagine est un roman d'aventure : l'aventure d'une amitié qui commence et finit dans le conformisme. Le récit est donc tendu entre la rencontre de Moravagine et du médecin appelé Raymond la Science, et la mort de Moravagine, en pleine Première guerre mondiale. Ainsi encadrée par la mort violente : celle donnée par jalousie, celle donnée par goût patriotique, l'histoire ne peut être que celle de la violence. Entre la folie individuelle et la folie collective, les deux compères naviguent en eaux souvent troubles, depuis les bords d'un lac suisse jusqu'à la descente hallucinée de l'Orénoque (parmi les plus belles pages du roman qui rappelle l'esthétique de la torpeur du film Aguirre la colère de Dieu) en passant par la révolution bolchevique et l'ivresse des grandes traversées de l'Atlantique, sans oublier un tour dans les immenses États-Unis où les déconvenues touchent tant les deux protagonistes que leurs rencontres fortuites (les Indiens notamment).



Le désordre : voilà le mot. Sous ses apparences de roman traditionnel, bien structuré, Moravagine est une entreprise littéraire qui laisse peu de prises à l'analyse. Est-ce un roman d'aventure ? Oui. Est-ce un roman à thèse ? On ne sait pas vraiment. Dans cette histoire de fou, bien malin est celui qui pourra démêler le sérieux et le léger. Par exemple : l'engagement de Moravagine et de Raymond dans les affaires russes est-il celui d'idéalistes aux tendances brutales (ainsi que l'étaient les illégalistes de la fin du dix-neuvième siècle en France) ou bien sont-ce seulement deux assassins à qui les troubles d'un pays et d'une époque autorisent toutes les exactions ?



Rien n'est sûr dans ce livre. En Amazonie, on croit admirer un dieu vivant, voué au sacrifice, et l'on se retrouve avec un diable pervers qui laisse plutôt la mort derrière lui. Sur le bateau qui relie Liverpool à New York, le plus civilisé des passagers n'est autre qu'un orang-outan, idole du cirque et habillé à la dernière mode. En Russie, la relation qu'entretient Moravagine avec Masha est si complexe que les soupçons s'allument dès que l'on prononce le mot trahison. D'ailleurs, ce mot rime souvent avec le mot femmes dans Moravagine : car la misogynie manquait, il est vrai, à ce catalogue des pires comportements de l'être humain qui comportait déjà la débauche, le vol et le meurtre.



Derrière les apparences se cachent donc des réflexions insoupçonnées. Est-on seulement surpris lorsque l'on voit apparaître, mécanicien dans son avion, le personnage de Blaise Cendrars ? C'est lui qui publie l'histoire de Raymond la Science, condamné à mort en Espagne en 1924 (les événements décrits ont lieu entre 1900 et 1917). Le lien qu'entretient ce personnage de fiction avec l'auteur du livre est ténu, puisque le vrai Blaise Cendrars (qui n'est aussi qu'un pseudonyme) a probablement autant du faux Blaise Cendrars que de ses acolytes, Moravagine et Raymond la Science. Quant à ce dernier, tout le monde aura déjà remarqué que ce pseudonyme désigne aussi bien le personnage fictionnel du médecin, ami de Moravagine, que le personnage bien réel de Raymond Callemin, homme de main de Jules Bonnot qui terrorisa Paris au début des années 1910.



Le roman puise sa force tout à la fois : dans un contexte historique (entre la Belle Epoque et la Première guerre mondiale, entre les espaces vierges de civilisation et la terreur illégaliste parisienne), dans un verbe foisonnant qui tâche de décrire à la fois les turpitudes du corps et de l'esprit humain, dans son apparente solidité narrative qui cache des mystères irrésolus. Moravagine serait donc un roman impossible à étiqueter. Est-ce si grave ?
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La main coupée

Témoignage incroyable de simplicité et de vantardise, de banalité et de courage... Candrars reste un géant magistral et méconnu.
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Le Brésil - Des hommes sont venus

Blaise Cendrars connaît bien le Brésil puisqu'il y a séjourné plusieurs fois dans les années 1920. Là, nous sommes dans les années 1950. Les grattes-ciel essaiment à Rio ou à Sao Paulo. On veut ressembler à New York, on veut rivaliser avec Sydney, cete autre grande cité du Sud de la planète. Brasilia est encore une pure inconnue. La forêt Amazonienne est défrichée en masse. La ruée vers l'Ouest se fait comme aux États Unis, sauf que la forêt Amazonienne ne se laisse pas amadouer comme la Californie.

Cendrars est un grand amoureux du Brésil et il nous le dit. Il évoque les premiers arrivants Portugais début XVIème, le personnage de Caramuru, un blanc qui s'est fait entourer du peuple Tupinamba vivant sur les côtes Brésiliennes.

Il parle du pays à son époque qui n'a alors que 50 Millions d'habitants (il en a deux cent millions aujourd'hui).

Son récit, complété par des photographies de Jean Manzon donne un regard bien singulier sur le Brésil, déjà avide de rivaliser avec les grandes puissances de ce monde.
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Moravagine

De la steppe russe à la forêt brésilienne, un hyper-roman d'aventures.

Un style halluciné.

Captivant;
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Moravagine

Cendrars écrit avec ses tripes. En lisant Moravagine on sent un auteur qui vit, court, sue, vibre!

Moravagine est un livre fascinant, impossible de le raconter, on reste fasciné par les personnages, l'anecdote reste secondaire.

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Poésies complètes

Je n'ai lu de ce volume que les trois premiers poèmes de Blaise Cendrars : "Les Pâques à New-York", "La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France" et "Le Panama ou les Aventures de mes sept oncles".



J'ai lu "Moravagine" il y a une dizaine d'années et il ne m'en reste absolument aucun souvenir.



Que dire de Cendrars ? Un voyageur (quoiqu'il n'est absolument pas sûr qu'il ait pris le Transsibérien) ? Un chrétien athée ? Un homme aux horizons (au moins imaginaires) élargis ?



De la compassion, de l'intuition, de la "virilité" au sens qu'on donne habituellement à ce terme et qui jouxte l'idée de grand large et de possibilité de s'aventurer tout seul la nuit...



Son art de poétiser me laisse pensive : est-ce de la bonne poésie ? Et qu'est-ce que la bonne poésie ?



"Je ne suis pas un bon poète", nous répète Cendrars, conscient peut-être de la frustration qu'il peut susciter.



Il n'empêche qu'il a pu éditer le très beau livre-objet "La prose du Transsibérien" avec de merveilleuses illustrations de Sonia Delaunay : son talent était donc reconnu.



Je le livre pour ce que je ressens : ni forcenée des voyages, ni attirée par l'orientalisme, je me sens un peu à côté de la plaque, comme je l'ai été à la lecture des "Villes invisibles" d'Italo Calvino.



Cet imaginaire déployé sur des contrées mythiques dont les jalons sont des architectures tarabiscotées et des femmes-muses ne me parle pas beaucoup.



Si quelqu'un possède la clé d'entrée dans cet univers, je suis preneuse.

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Rhum

Auteur inconnu pour moi, découvert grâce au challenge solidaire. Le personnage de Jean Galmot m'était tout aussi inconnu.



Ce roman court permet de découvrir un personnage mythique pour l'indépendance de la Guyane, un homme partant de rien qui a fait fortune après que son riche beau père l'ait envoyé à l'autre bout de la terre. Aventurier, écrivain, député, homme de forte conviction, il a été impliqué dans l'affaire des rhums, ce qui l'a conduit à sa chute. Blaise Cendrars fait un véritable plaidoyer en faveur de cet homme accablé par la crise, les magouilles politiques.

La première partie est intéressante par la montée en puissance de cet homme au destin tragique. La seconde partie basée plus sur les affaires judiciaires est plus aride dans son style de revue judiciaire. Même si c'est mon domaine, cela m'a gênée, je me suis désintéressée du récit à partir de ce moment là.

C'est une biographie librement adaptée, pas vraiment romancée.

Lecture mitigée
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

J’ai beaucoup apprécié le contexte historique du roman et la deuxième partie avec la description de la ruée vers l’or et de tout ce que cela a eu comme répercussions négatives ou positives.

Par contre pour la première partie j’aurais aime que le livre soit un peu plus étoffé pour en apprendre plus sur la création de la Californie, la guerre avec le Mexique.

Je sais que le personnage de Johan August Suter à vraiment existé et le livre donne envie d’en apprendre plus sur sa vie. Cet homme suisse qui abandonne tout pour se rendre aux États Unis. Il commence par beaucoup de petits boulots à New York avant de s’embarquer à l’aventure pour la Californie, contrairement a ce que l’on pourrait croire la découverte de l’or sur son terrain va le ruiner.

Cela donne à réfléchir au fait de pouvoir tout perdre d’un coup, à ce qui est juste ou non.
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Petits contes nègres pour les enfants des bla..

Heureusement, ce recueil de contes n'a pas encore été rebaptisé en langage politiquement correct !

J'ai souvenir d'avoir lu et entendu ces contes dans mon enfance et les ai redécouverts avec surprise dans une bouquinerie d'occasion. Je me suis donc précipitée sur le recueil dont je ne me rappelais que la couverture.

On peut y lire que l'homme est rarement le plus intelligent des animaux, au contraire, il est souvent veule, cruel et stupide, se faisant aussi bien dicter sa conduite par un lapin, que détrôner par un poussin minuscule.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Beau roman de mésaventure humaine.

L’Or n’a de merveilleux que son sous-titre. Cendrars le reconnaissait : il s’était très peu renseigné sur son sujet, avait fait très peu de recherches, car il souhaitait écrire une histoire et non l’Histoire. Et pourtant, la fiction semble ressembler à la réalité…

Aussi, je ressors troublé de cette lecture aux qualités littéraires indéniables. Car comment me réjouir, d’un récit d’aventure aux si terribles conséquences non seulement pour son anti-héros, mais pour nous tous ? De l’histoire de cet accomplissement farouche d’une volonté de réussir qui ne s’embarrasse d’aucun sentiment, ni filial, ni amical et dont le seul horizon est la fortune matérielle. De ce qui, deviendra, un modèle, ou presque de manière d’envisager le sens de sa vie : l’ambition et le succès à tout prix. Comment même se réconforter de ce que cette volonté finisse par s’affaisser quand la réalité la rattrape et semble « se venger » puisque c’est sous le poids d’une folie qui s’est généralisée, devenue collective, quoique joliment baptisée « ruée vers l’or » ? Comment croire, d’ailleurs, que Suter, de « surhomme » (au sens de Nietzsche), redevient simplement un homme comme les autres quand, jusqu’à son dernier souffle, sa seule obsession reste de se voir dédommagé pour… quoi ? Avoir tirer des profits à millions de l’exploitation de pauvres bougres sur des terres qu’il s’était appropriées d’autorité ? Avoir fait travailler ces gens à lui faire son nom et sa fortune ? Avoir eu pour seul travail, lui, de faire pression sur les autorités pour que les lois du pays lui soient favorables ? Avoir oublié ses méfaits de jeunesse quand il s’insurge, homme le plus riche du monde, de voir venir de tous les coins ses semblables chercher la même fortune ?...

Finalement, L’Or, c’est Rousseau qui en donnait le mieux la leçon, près de 200 ans avant qu’il fut écrit, en quelques citations que l’on peut tirer de son Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne » ; « Tout cet ordre social prétendu qui couvre en fait les plus cruels désordres. Comment voulez-vous que l’on admire une société où le profit est en raison inverse du travail ? » Car « Le riche tient sa loi dans sa bourse ».





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Petits contes nègres pour les enfants des bla..

Un recueil de 10 contes joliment illustré par Francis Bernard déployant toutes les facettes de ce type de récit : enfant malin, animaux parlant, opposition de personnages (crocodile vs chacal), action se faisant et se défaisant amenant la résolution, usage de ritournelle, morale etc.

Un joli moment de lecture.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Voila un petit roman que j’ai récupéré et commencer de lire sans rien en savoir. Tout juste si je connaissais le nom de Blaise Cendrars pour les rues et les places qui portent son nom. Pourquoi pas découvrir cet auteur avec L’Or, ou la merveilleuse aventure du Général Johann August Suter. En voila un sous-titre! Pas forcement exagéré par ailleurs.



L’Or, c’est une biographie romancée d’un homme dont la vie est plutôt extraordinaire. C’est le moins qu’on puisse dire. Et dans des cas comme celui-là, je ne sais trop quoi penser. Si la vie du Général Suter est digne d’intérêt tant elle est folle, la façon d’en raconter les grandes étapes, la part qu’on doit à Blaise Cendrars, est quelque peu froide. Peut-être un peu trop énonciatrice de faits. Genre chroniques journalistiques.



Je pense que c’est ce que voulait Blaise Cendrars. Ne pas ajouter à L’Or des effets romanesques afin d’équilibrer avec l’extrême exagération de la vie du personnage principal. Le fait est qu’il est difficile de s’attacher, d’avoir de l’empathie, des émotions tant cette histoire est racontée avec distance.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-or-bl..
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