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Citations de Camille Laurens (802)


La suite est floue, je revois le soleil revenu à travers la baie vitrée, un gros galet posé sur un coin de la table basse, les cendres grises, la couverture écossaise où j'étais enroulée, la nuit qui tombait.
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Et Géraldy : « Tu m’as dit : je pense à toi tout le jour. Mais tu penses moins à moi qu’à l’amour... M’aimerais-tu beaucoup moins, si j’étais un autre ? »
p 71
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Va mourir.
La phrase qui tue.
Il y a des gens qui se défenestrent pour moins que ça, non ? Il y en a plein ici. A force d'être cognés à coups de mots, ils chancellent.
Va mourir. VA MOURIR. Les paroles des autres les poursuivent comme des fantômes hostiles. Leurs voix profèrent des injonctions impossibles à fuir. Du harcèlement textuel, en quelque sorte, ah ah ! Moi aussi j'aime les jeux de mots, vous voyez.
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Qu'est-ce qu'un enfant ? Comment vous dire... C'est quelqu'un qui a besoin qu'on s'occupe de lui.
C'est quelqu'un qui veut qu'on le berce.
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C'était moi l'enfant. D'accord ? C'est moi. Il n'y a pas d'âge pour être petite.
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Enfin, vous êtes une rhapsode : vous brodez du lien sur les trous, vous reprisez. Ce n'est pas pour rien que ça s'appelle la Toile. Tantôt on est l'araignée, tantôt le moucheron.
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Difficile à dire. C'est mystérieux, le désir. On veut de l'autre quelque chose qu'on n'a pas ou qu'on n'a plus.
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La cruauté physique, c'est le dernier recours, la baffe dans la gueule c'est pour les débutants.
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Je venais de me séparer de mon mari, je n'avais pas envie d'être seule, j'avais besoin d'amour, au moins de le faire, d'en parler, d'y croire, enfin vous devez connaître la chanson, on veut vivre, faut-il dire pourquoi ?
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J’allais passer professeur. On était sur le point de m’adouber, de me faire entrer dans le monde merveilleux des mandarins. A quarante-sept ans, on peut dire que j’étais un exemple pour les femmes, vous savez que la proportion de femmes aux postes supérieurs est encore ridiculement faible. Et puis patatras ! La grosse tuile ! On m’enferme, on m’examine, et jusqu'à maintenant, on me garde. Vous allez me garder, Marc ? Vous allez me garder avec vous ? Ici, je ne sers plus à rien, je ne paie pas mon tribut à la société. Je suis défunte, au sens strict : je suis défaite de mes fonctions. Oui, voilà, je dysfonctionne, j’ai pété une durite, si vous préférez, un boulon, un câble, et bim dans le décor, je suis morte et vous, vous êtes chargé de me ressusciter, de me remettre dans le circuit, de réenclencher la machine, bref de me réinsérer. C’est bien ce que vous faites, n’est-ce pas ? - de la réinsertion. Vous voulez que la défunte fonctionne à nouveau.
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Vous me plaisez, Marc, et je suis d’accord avec vous : en chacun de nous, il n’y a que deux personnes intéressantes, celle qui veut tuer et celle qui veut mourir. Elles sont inégalement représentées, mais quand on les a identifiées toutes les deux, on peut qu’on connaît quelqu’un. C’est souvent trop tard.
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Sa géographie est humaine, strictement. Elle ne fera jamais un kilomètre pour contempler seule un lever de soleil, une falaise, ou les lignes au loin du Mont-Blanc - elle ne voit pas l'intérêt, elle a l'impression d'être morte.
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L'archive est un gouffre, c'est une spirale à l'attraction de laquelle il est impossible de résister. Chaque détail prend une place démesurée dans l'esprit, tout fait signe comme dans une histoire d'amour, tout est matière à interprétation, à obsession. Il y a une pathologie de l'archive, une passion peut être aggravée quand on est romancier. Il y a une souffrance de l'archive, son pouvoir d'émotion est exceptionnel, violent, dangereux.
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Ça me saute au visage, les sanglots s'étouffent dans ma poitrine avec la malheur d'être une femme. Vous pouvez bien me citer des contre-exemples comme l'a fait le docteur je sais plus qui avant vous, me raconter de belles histoires, Marie Curie, Marguerite Yourcenar, Catherine Deneuve, le pauvre, il cherchait dans sa tête, il avait du mal, forcément, on n'échappe pas à la réalité : c'est un malheur d'être une femme. Où qu'on soit. Toujours. Partout. C'est un combat, si vous voulez. Mais comme on le perd, c'est un malheur. Voilà pourquoi je ne regarde presque plus la télévision, pas les infos en tout cas, je ne lis plus les journaux, les magazines illustrés parce que je ne supporte pas de me voir traiter ainsi, moi à travers toutes ces femmes, toutes ces victimes. Les femmes, que ce soit par la force ou par le mépris, sont voués à la disparition. C'est un fait, partout, tout le temps : les hommes apprennent la mort aux femmes. Du nord au sud, intégriste ou pornographique, c'est une seule et même dictature. N'exister que dans leur regard, et mourir quand ils ferment les yeux. Et ils ferment les yeux, et vous aussi vous fermez les yeux. Vous fermez les yeux sur le sort des femmes. Évidemment que nous, ce n'est pas la même violence, évidemment. On n'en meurt pas, on en meurt moins. C'est déjà énorme, hein ? Et moi, j'ai été bien lotie, très bien même, il y aurait de l'indécence à me plaindre, mais ça m'est égal, je le fais quand même. Je porte plainte, je signale ma disparition. Prenez acte de ma mort, fût-ce à la rubrique "Faits divers". Car disparaître de son vivant reste une épreuve. On se fond dans le décor, on devient une silhouette puis rien. Laissez-moi le dire, au moins, je vous en prie, laissez-moi, écoutez-moi. L'indifférence est une autre genre de burqa - je vous choque ? - une autre façon pour les hommes de disposer seuls du désir. Une autre façon de fermer les yeux. On a servi, on ne sert plus. Hier fantasme, aujourd'hui fantôme. Vous trouvez ça déplacé, comme comparaison ? Mais je suis déplacée, ici, de toute façon. Ici et ailleurs. Je suis sans place. Vous la connaissez, celle-là ? "Quel super-pouvoir acquièrent les femmes de cinquante ans ? Elles deviennent invisibles !" Oh oui, je vous choque. Je le vois bien. Vous riez jaune. Vous me prenez pour une bourgeoise. Une petite bourge qui confond son sort avec celui des putes et des sacrifiées. Une hystérique. C'est ça, le diagnostic, non ? Encore une qui pense avec son utérus. C'est ce qui est écrit dans votre dossier ? Ou pire ? Psychotique ? Narcissique ? Paranoïaque ? Mais c'est vous, le bourgeois. Scientifique, en plus. La pire engeance de bourgeois : celui qui sait. Qui a des vues éclairées sur la norme, le hors-norme et les hormones. Vous ne savez rien, Marc, ne croyez pas ça. Qu'est-ce que vous connaissez aux femmes, Marc ?
Je voudrais tellement être un homme, parfois. Ça me reposerait.
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Celle [Marilyn Monroe] qui incarne alors et toujours la féminité enfantine autant que l'érotisme et la sexualité semble en parfaite osmose avec la statuette. Peut-être est-ce parce que, comme Marie Van Goethem, elle a d'abord été une petite fille pauvre délaissée par sa mère, qu'elle se souvient de la jeune Norma Jean Baker, anonyme, mariée à seize ans sans rien connaître du monde.
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"petits rats" ... Les débutantes touchent deux francs par jour, ce qui est très peu, mais tout de même le double du salaire d'un mineur ou d'un ouvrier du textile. Paris n'oublie pas que quelques années plus tôt, durant l'hiver 1870, lors du siège de la capitale affamée par les Prussiens, deux francs, c'était le prix d'un rat, d'un vrai rat - on en déboursait huit pour manger du chat, tandis que l'éléphant et le chameau abattus à la ménagerie du Jardin des Plantes valaient des mois de salaire.
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Non, je parle de l'écriture personnelle, de ce mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur pour exprimer ce qui s'est imprimé en soi - écrire pour dire son expérience, ses rêves, écrire pour dire son désir, l'attraper dans le filet des mots comme un poisson gigotant.
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Plutôt qu'Impressionniste, Degas aurait souhaité prendre le nom d'Intransigeant. On comprend pourquoi: il ne transige pas avec la vérité. Dépourvue de tout effet destiné à embellir le réel, sa statuette, comme les romans de Zola ou de Maupassant, heurte le goût bourgeois, déçoit l'imagination et propose "un art élagué de toute chimère", qui a sans doute sa place, selon les mots du critique Paul Mantz, "dans l'histoire des arts cruels". Au contraire de la plupart des Impressionnistes, il ne met pas en valeur la beauté classique dont les anciens maîtres ont montré l'idéalité. Comme le souligne le critique d'art Joseph Czapski, "Degas a découvert une autre beauté dans la réalité qui l'entourait(...), une beauté inédite, tragique". il va même plus loin, lui imputant " la découverte de la laideur, que le peintre change en beauté de l’œuvre, de la bassesse, de la brutalité qui devient, transposée, une œuvre parfaite".



pages: 78/79
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"Le rat a été pris de si bonne heure dans cette immense souricière de théâtre qu'il n'a pas eu le temps de soupçonner la vie humaine" résume Théophile Gautier.
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Ainsi Degas franchit-il, avec cette sculpture, une double frontière symbolique : celle de la bienséance et celle des règles académiques de l'art. Il accomplit une révolution à la fois morale et esthétique, il brise les tabous.
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