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Citations de Camille Laurens (792)


Enseignante. En saignant aussi, quelquefois.
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La perte de chance, tu vois, c'est d'être une fille. p.179, Folio
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Elle est célèbre dans le monde entier mais combien connaissent son nom ?
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« Un jour mon prince viendra, un jour on s’aimera ». C’est la première fois que je vais au cinéma. La chanson de Blanche-Neige est une promesse, et une promesse, ça se tient. » p.57
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A propos de filles, il y a une chose bizarre. Tu es une fille, c'est entendu. Mais tu es aussi la fille de ton père. Et la fille de ta mère. Ton sexe et ton lien de parenté ne sont pas distincts. Tu n'as et tu n'auras jamais que ce mot pour dire ton être et ton ascendance, ta dépendance et ton identité. La fille est l'éternelle affiliée, la fille ne sort jamais de la famille. Le Dr Galiot, au contraire, a eu un garçon et il a eu un fils. Tu n'as qu'une entrée dans le dictionnaire, lui en a deux. Le phénomène se répète avec le temps: quand tu grandis, tu deviens "une femme" et, le cas échéant, "la femme de". L'unique mot qui te désigne ne cesse jamais de souligner ton joug.
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- "C'est une fille."
Ça commence avec un mot, comme la lumière ou comme le noir. Ta naissance ressemble à la création du monde, et il y a le ciel et il y a la terre, une parole coupe en deux l'espace, fend la foule, sépare le temps. Ce n'est pas Dieu qui la prononce, toutefois, autant que tu le saches tout de suite, c'est Catherine Bernard, sage-femme à la clinique Sainte-Agathe où l'horloge murale indique cinq heures et quart. Cette annonce, elle ne l'a pas préparée, elle n'a désiré ni décidé, ayant d'autant moins d'opinion sur la question qu'elle est bonne soeur, mais le résultat est le même: elle le dit, elle te nomme en te mettant au monde, sous sa coiffe immaculée l'épouse vierge de Dieu prononce son arrêt, elle te fait naître en te nommant. Tu nais d'un mot comme d'une rose, tu éclos sous la langue. Tu n'es rien encore, à peine un sujet, tu peines à venir à l'existence; tu ne peux pas encore dire "je suis", personne ne dit "elle est", même au passé, "et la fille fût", même avec un article indéfini, "et une fille fût", ça ne se dit pas. Tu n'es pas indéfinie, du reste, oh non, tu n'es pas née indéfinie, il y a déjà un e, tu vois, un e muet, c'est vrai, mais un e loquace. Tu es un article bien défini, au contraire. Les faits parlent pour toi. Née fille, c'est ainsi, c'est dit, ça résonne dans l'air -pièce blanche, bouteille d'eau, lit étroit, crucifix. Ta naissance est une énigme banale. Tu nais presque rien, à la va-comme-je-te-pousse. Un schisme se joue, mais où? Il y a un soir et il y a un matin. L'un succède à l'autre, l'un se change en l'autre. Toi non. Tu n'es pas modifiable. C'est ainsi. Il n'est plus temps que les fées se penchent sur ton berceau. La messe est dite. Tu entres tête baissée dans le décor et ta vie délivrée se déplie à l'air libre, enfin, libre, façon de parler puisque jour ou nuit, soir ou matin, ce ne sera plus jamais autre chose que ce que c'est. Tu cries, tu t'égosilles, la vérité est froide qui emplit tes poumons, la rime est féminine, ça crie et crée en toi le sentiment râpeux de la séparation, tu sens que ça se divise, c'est tout, ça fait deux, ça coupe, c'est coupé. Ta naissance te sépare à la fois de ta mère, qui est une fille aussi, ça se sait, et de toute l'humanité qui ne porte pas le nom de fille. Le mot adverse n'est pas prononcé, et pour cause, il flotte silencieux dans l'éther de la chambre, le mot contraire met dans l'air un effet de pochoir, un embryon, un fœtus, un bébé, jusque-là le genre était de son côté. Il y a quelques secondes, elle ou il, tout restait possible, la grammaire rêvassait toujours son paysage, à présent on t'a coupé les ailes (quoi d'autre?), tu es plus seule que Robinson et pourtant c'est fait, le sort en est jeté avec le placenta, Dieu, né garçon, dit-on, père d'un fils, croit-on, Dieu est un enfant qui joue aux dés: c'est une fille.
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Mais les hommes ont peur aussi, tu sais, ne crois pas ça. Sur la peur, on est à égalité. Dès la petite école, on a peur de ne pas être à la hauteur. On doit rester sur ses gardes tout le temps, se bagarrer, ne pas pleurer, impressionner les filles. On a peur de ne pas être courageux, peur d'avoir à se battre pour montrer qui est le plus fort, peur de ne pas l'être. Quand on grandit, on a peur de ne pas bander au moment où il faut, peur de ne pas assurer, peur de se faire humilier. Non, je t'assure, c'est terrible de faire le garçon.
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(…) la lecture est bien la seule chose au monde qui rende heureux parce qu’elle nous ôte – ce voile qui nous tombe tes yeux, cet écran qui se volatilise entre le monde et nous -, alors que presque tout le bonheur ordinaire de l’amour, au contraire est fondé sur l’illusion, sur le désir forcené d’obtenir ce qu’on n’a pas comme si l’autre l’avait, alors qu’il faudrait aimer comme on lit, avec la volonté de ne pas être trompé, et d’être, au besoin, détrompé –que ce serait ça, la qualité commune à la littérature et au véritable amour : ne pas craindre la nudité sous le masque qu’on a ôté, ni le serpent qu’on voit danser derrière la porte qu’on a ouverte.
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- [ ] L’amour alors est comme le poème, le souffle autour de rien, le baiser du vide vers quoi s’avancent les lèvres, ces lettres que trace le doigt sur la buée du carreau, ces signes pour écrire à la fenêtre le nom de ce qui n’arrive jamais.
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L'amour ne court pas les rues, donc, seul le mot est jeté à tout-va, tous les carrefours s'en font l'écho. Souvent, même nos sentiments n'ont d'amour que le nom : on parle sans savoir.
Car on en revient là avec lui, toujours : paroles, paroles - l'amour, c'est des mots (...).
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Je ne pense pas que la création d'un faux compte sur Facebook soit un élément suffisant pour porter plainte. D'une part, si cela était, il faudrait inculper les dizaines, les centaines de milliers de gens qui, de par le monde, sur tous les sites de rencontre et les réseaux sociaux, se font passer pour ce qu'ils ne sont pas, truquent leur âge, mentent sur leur profession, leur statut familial, voire leur sexe, postent des photos vieilles de vingt ans et se créent une existence plus libre, plus excitante que la leur.
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Ce n’est pas pour rien que ça s’appelle la Toile. Tantôt on est l’araignée, tantôt le moucheron. Mais on existe l’un pour l’autre, l’un par l’autre, on est reliés par la religion commune. À défaut de communier, ça communique. 
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 Le désir veut conquérir et l’amour veut retenir, dit-il. Le désir, dit-il, c’est avoir quelque chose à gagner, et l’amour quelque chose à perdre. Mais pour moi, il n’y a pas de différence, tout désir est de l’amour, parce que l’objet de mon désir, au moment où je le veux, où je tends vers lui, je sais que je vais le perdre, que je suis déjà en train de le perdre en le poursuivant. Mon désir est à la fois puissance vitale et mélancolie folle – folle à lier, folle à enfermer. Il me semble que j’ai toujours été ainsi, que c’est une force terrifiante, en un sens : je ne peux rien perdre, je ne peux pas perdre, puisque tout est déjà perdu. Alors je peux m’affronter à tout, il n’y a pas de risque puisqu’il n’y a pas d’enjeu, puisque je n’ai rien à perdre. 
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... nous ne sommes pas sur Facebook à nous payer de mots, nous sommes là et c’est l’amour, l’amour c’est être là. Son sexe dur est mon trophée, je le caresse à travers l’étoffe de son pantalon que je déboutonne. Un homme qui bande, c’est merveilleux pour une femme, c’est son sceptre, je me demande si les hommes le savent – bon, OK, Louis, tu n’es pas obligé de répondre – pour moi c’est une ivresse, un règne et une abdication, le point d’évanouissement de toute méfiance, je deviens reine et rien. 
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Sur ce point au moins, mon propos a été clair dès l’origine, la forme de la non-fiction s’est imposée aussitôt, tout comme le projet de ne pas séparer le modèle de l’artiste, d’attraper si possible un peu de leur lien, d’où est née l’une des grandes œuvres modernes.
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Déranger pour donner à penser, assurer à l’art une fonction critique, le mettre au service de la vérité, fût-elle cruelle : telles sont les visées d’Edgar Degas, et son extrême modernité. 
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Ce que montre Degas, en effet, ce n’est pas la danseuse mythique, c’est la travailleuse ordinaire ; pas l’idole sous les feux de la rampe, mais la besogneuse de l’ombre, une fois les quinquets mouchés ; pas l’objet de divertissement et de plaisir, mais le sujet aux prises avec la sinistre réalité. 
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Et soudain j'étais là, parmi mes pairs - ah ah, ils portaient bien leur nom, tous, mes pairs, mes perdus, mes perdants -, j'étais là démunie, lâchée comme une pierre au fond d'un puits.
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(Oui, je sais, Louis , je devine ton sourire. Mais là, les limites étaient dépassées : le caméléon se débattait sur une couverture écossaise).
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Qui excusais-je sans cesse à travers lui ?
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