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Critiques de Carla Guelfenbein (122)
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Nager nues

Une petite anecdote pour commencer : c'est le deuxième roman édité par Actes Sud que je lis en quelques jours et il se trouve que le titre de celui-ci, Nager nues, colle parfaitement à la couverture du précédent, La fille des Louganis de Metin Arditi, où l'on voyait justement une fille nue en train de nager... Curieuse coïncidence. Ceci dit, les deux livres n'ont rien en commun, c'est juste une remarque que je me suis faite comme ça, en passant - et qui ne présente qu'un intérêt limité, je vous l'accorde ;)



Carla Guelfenbein nous livre ici un joli roman dont j'ai vraiment apprécié la lecture même si à ce jour (soit quatre jours et un livre plus tard) je n'ai pas grand chose à en dire.

Nager nues, c'est l'histoire d'une relation triangulaire : une fille, son père, l'amie de la fille. Cette dernière devient la maîtresse du père (pas de syndrome Lolita, non, Morgana a une petite vingtaine d'années quand tout commence). La relation est d'abord secrète mais, évidemment, ce genre de truc ne reste jamais caché bien longtemps (surtout que Morgana tombe enceinte, bonjour la discrétion). Bref, Sophie, la fille, boude et quitte le pays. Raconté comme ça, ça casse pas trois pattes à un canard n'est-ce pas ?



Néanmoins, le roman est captivant pour deux raisons : tout d'abord par l'évocation en toile du fond du Chili, ce pays alors à l'aube de l'une des pages les plus sombres de son histoire, le coup d'état du 11 septembre 1973. Le gouvernement du président (démocratiquement élu) Salvador Allende est renversé par un coup d'État militaire dirigé par le général Augusto Pinochet. La dictature ainsi mise en place va durer seize ans (quand même ouais !) et ce régime sera marqué par de multiples violations des droits de l'homme (plus de 3 200 morts et “disparus”, autour de 38 000 personnes torturées, plusieurs centaines de milliers d'exilés). C'est dans ce contexte que Carla Guelfenbein place son histoire, Diego, le père donc, est un homme avec des idéaux qui, en tant que proche du Président Allende, se retrouve du jour au lendemain en grand danger car qualifié de “dissident communiste”. Morgana est entraînée avec lui dans cette vie clandestine où il faut se cacher sans cesse, porter un autre nom, cette vie qui n'en est pas une, juste une fuite perpétuelle où on ne peut plus se fier à rien ni à personne. Et forcément ça se termine mal.

La seconde raison qui fait que j’ai aimé ce livre, c’est l’écriture délicate et tout en nuances de Carla Guelfenbein qui a su décrire avec finesse le sentiment amoureux et toute sa palette de nuances, l’amitié, la sensualité, la tendresse, mais aussi la jalousie, la rage et finalement la beauté et la simplicité du pardon. Elle mêle avec bonheur les destins individuels de ses personnages et les soubresauts de l’Histoire en nous rappelant que tout cela est inextricablement lié, qu’on le veuille ou non...
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Le reste est silence

Ni l'écriture, ni l'histoire ne m'ont particulièrement interpellé.

Que me reste-t-il ? Des caractères d'imprimerie apposés sur une feuille blanche. Seule la vie du gamin avait un certain intérêt, malheureusement elle est noyée dans le restant du récit qui lui est commun à de nombreuses histoires. Lu et relu, sans apport personnel qui pourrait être l'étincelle qui le différencie d'un ouvrage quelconque. Vous aurez compris que j'ai trouvé ce livre « banal » ma dureté n'a d'égale que les espoirs que j'avais mis dans ce livre. Je me demande encore pourquoi, la couverture qui m'avait plu ?
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Le reste est silence

« Parfois les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. Voilà pourquoi j’aime bien enregistrer les adules. Surtout quand ils parlent de leurs affaires et que soudain, comme par magie, ils éclatent tous de rire. » Tommy 12 ans, atteint d’une grave maladie cardiaque lui interdisant de trop gesticuler, s’amuse beaucoup à ce jeu, jusqu’au jour où les vieux secrets remontent à la surface.

C’est un jeu de cache-secrets mortel qui se joue dans cette famille. Comme dit Tommy, très mûr pour son âge, chacun a sa vérité, mais personne n’en parle. L’incommunicabilité comme ciment familial, on fait mieux question sérénité.

Carla Guelfenbein tresse une trame, à défaut d’une natte qui supposerait des échanges, qui m’a tenue éveillée jusqu’à la fin du livre.

Chaque personnage est représenté par un logo qui le définit parfaitement

-Sablier pour Juan, le père : le temps qui coule, le temps qu’il compte, le temps qu’il donne à ses malades, le temps qu’il ne prend pas avec Tommy, le temps des souvenirs.

- Flèche du sagittaire pour Tommy ; « parfois, les mots sont comme des flèches ». Il en reçoit beaucoup de flèches, elles sont fichées en lui et l’étouffent.

- le symbole de l’eau pour Alma, la mère ; « vers dix sept ans, ma perception du monde était celle d’une habitation remplie d’eau. » Elle vit entre deux rives, s’est construit son barrage que les évènements feront éclater.

Juan porte en lui le lourd secret de la mort de sa femme que Tommy, avec son habitude d’écouter et enregistrer les conversations en cachette, recevra en pleine figure lors d’un repas familial. Les turbulences secouent les bases de la famille, les lézardes apparaissent, les secrets remontent à la surface. Chacun essaie de nager à contre-courant puis se laisse emporter par les vagues. J’ai eu cette vision d’oiseaux se cognant à un mur de verre transparent, s’y blessant, y retournant pour mieux se blesser. Tout marche par deux : Juan et Alma, un couple où l’un domine l’autre ou, du départ, il y a un léger malentendu ; Alma et Tommy qui utilisent souvent le langage des sourds-muets pour communiquer ; Juan et Tommy qui n’arrivent pas à se parler, à se dire tout leur amour.

Un livre puissant et magnifique. Carla Guelfenbein met à nu ses personnages, éclaire leurs doutes et leurs angoisses. Son écriture, tout en retenue, renforce le sentiment de mal-être, renforce les non-dits, les secrets jusqu’à ce que, du fond de la piscine, ils donnent le coup de pied qui leur permettra d’oser.


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Le reste est silence

une grande découverte ! J'ai pris au hasard ce livre à la bibliothèque car je n'avais plus le temps de fouiner dans les rayons...Et pourtant...Est ce un hasard, une coïncidence que ce livre me corresponde si bien, que l'écriture me ressemble, que cette histoire me colle à la peau de cette façon ?



Le titre, la photo de la couverture, tout y était pour m'attirer... Je suis rentrée dans l'histoire d'une famille recomposée. Je la connais cette famille ! si bien.... Je me suis retrouvée dans une fête de famille, doucement, imperceptiblement (mot dur que j'aime) sous une table et là comme dans toutes ces fêtes que j'ai en horreur, j'ai entendu.... Oui parce qu'il faut toujours que des femmes (souvent des femmes) disent nimporte quoi ou leur vérité sur un évènement qui ne les regardent pas.... Et il y a toujours un enfant pour écouter, se prendre des paroles qui font mal en plein coeur....Puis Carla m'a entraînée dans les pensées des autres membres de cette famille aussi fragiles que cet enfant et je n'ai plus voulu les quitter. J'ai suivi, angoissée leur voyage au fin fond d'eux même et j'en suis revenue troublée, tremblante, mais avec ce sentiment de vécu...



Bravo Carla je suis déjà à la recherche de vos autres romans !



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Envole-moi !



Quand le père d'Emilia s'écrase lors d'un meeting aérien, c'est toute la vie de l'adolescente qui vole en éclat. Internée à Las Floras, un hôpital psychiatrique, suite à une tentative de suicide, elle commencera son travail de deuil et de reconstruction aux côtés d'autres pensionnaires. Gabriel est l'un d'eux; ce génie des mathématiques de 19 ans trouvera en Emilia une raison de sortir de sa coquille tandis que la jeune fille verra en lui un avenir possible...



C'est sous le ciel de Santiago de Chili que se déroule la reconstruction des personnages. Le roman aborde le sujet délicat d'une jeunesse en difficulté, parfois accros à diverses substances, parfois anorexiques ou boulimiques, parfois suicidaires... et toujours assez désespérée. A travers la rencontre de quatre pensionnaires, l'autrice nous parle surtout d'espoir.



Le personnage d'Emilia est touchant dès les premières pages et on espère tout au long de la lecture qu'elle retrouve goût à la vie. De son côté, le personnage de Gabriel est moins fouillé mais tout aussi émouvant dans son genre.



Bien que ce soit un roman destiné à la jeunesse, il convient parfaitement aux adultes car le style n'est pas si simple que cela. Je regrette que la fin soit trop ouverte à mon goût et j'aurais souhaité quelques chapitres de plus
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Nager nues

Ode à la sensualité et la beauté dans un Chili dévasté par le coup d'état de Pinochet.

Une amitié profonde se noue entre deux jeunes filles. Sophie est fragile, elle deviendra une artiste. Elle est la fille de Diego, membre du gouvernement Allende et grand séducteur. Elle a rencontré Morgana qui la protège et crée entre elles une intimité rassurante et apaisante.

Mais en secret, Diego et Morgana entretiennent une liaison passionnelle. Diego refuse de dévoiler sa liaison de peur de blesser sa fille qui n'a jamais considéré ses conquêtes féminines comme des menaces et qui pourrait se sentir trahie. Mais lorsqu'elle découvre que son amie est enceinte de son père, elle rentre à Paris et se mure dans sa solitude d'artiste. Peu après, Diego et Morgana sont assassinés par le gouvernement Pinochet. Leur fille Antonia est élevée par ses grands parents, sans rien connaître de son passé.

Si l'intrigue n'a pas une grande originalité, elle est cependant joliment menée et décrit avec finesse les relations des trois couples entre eux.

Le contexte du coup d'état, avec les exécutions et les tortures, met en avant des personnages secondaires comme Paula et Camilo qui font preuve d'héroïsme.

Et lorsque, 28 ans plus tard, Sophie va à la rencontre de sa demi- sœur, Carla Guelfenbein fait preuve de son talent dans la description des émotions.
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Nager nues

Roman lu il y a déjà quelques années. Ce fut un coup de cœur. A travers l'histoire tourmentée du Chili, des histoires de passions, sentiments. De la sensualité. Une belle écriture.
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Le reste est silence

C'est un récit à trois voix, l'on entend tour à tour Tommy, Alma et Juan.

Tommy a 12 ans, il souffre d'une maladie cardiaque qui l'empêche de vivre normalement. Il aime jouer à enregistrer les conversations d'adultes avec son Mp3 et dès le début du livre, lors d'un mariage il apprend un terrible secret : sa mère, Soledad qu'il croyait morte de maladie se serait en fait suicidée. Cette révélation va bouleverser sa vision de la vie. Il va alors essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, il part donc seul sur les traces de sa mère.

Juan est le père de Tommy, il est chirurgien-cardiaque, il protège maladroitement son fils et il se protège derrière une certaine froideur. Il n’exprime pas ses sentiments.

Alma est la nouvelle femme de Juan, elle voit que son couple ne va pas bien mais elle n’arrive plus à communiquer avec Juan. Elle va retrouver Leo, un ancien amour, et se laisser séduire.

Chacun des trois personnages sont touchants, ils ont chacun des douleurs qu’ils refusent d’exprimer. L’auteur nous montre que les secrets et les silences de la famille peuvent donner de la douleur et de la souffrance. Un livre vraiment très émouvant et bouleversant. Une superbe découverte, à lire !
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Le reste est silence

Tommy a douze ans mais il a le corps frêle d’un enfant de huit ans. Son cœur bat trop ou pas assez, il bat mal, le ralentit. Dès ses premières pulsations erratiques, ce cœur fragile a cristallisé la folie de sa mère et les peurs de son père. Tommy apprend malgré tout à grandir : il enregistre le monde qui l’entoure, se drape dans le silence pour mieux recueillir ce que disent les autres. C’est comme ça qu’il apprend que sa mère s’est suicidée. C’est comme ça qu’il va enquêter sur sa propre vie. Un peu philosophique et un peu poétique, il cherche. Pourquoi cette distance avec Juan, son père. Comment faire pour qu’Alma, sa belle-mère, ne parte pas. Et où trouver la vérité sur Soledad, sa mère, et sur lui-même.



Les chapitres s’égrènent et les voix alternent. L’écriture fluide et limpide de Carla Guelfenbein explore les intimités, ces parts d’ombre et de secrets qui érigent des barrières entre les êtres tout en leur offrant des refuges. Qui une maison d’eau, qui un ami imaginaire. Les solitudes tentent de s’ouvrir, tant bien que mal, et pourtant les histoires demeurent individuelles. J’aime ces étiquettes invisibles sur le front des adultes, des étiquettes qui indiquent des pensées, des états d’esprit. J’aime la douleur sourde des personnages qui s’égarent et se perdent les uns et les autres, bien malgré eux. J’aime les comptes à rebours qui s’interrompent et les secrets qui se gardent, qui s’enfuient. J’aime l’éclat des amours qui se partagent mais échouent à rompre les solitudes. J’aime la douceur de ce texte, comme une caresse. Sa violence, comme un coup. Invisible.



Alors on se dit je t’aime avec les mains, en silence.
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Ma femme de ta vie

Londres dans les années 80 la vie est pleine d'espoirs, de passions. Theo, étudiant anglais et Antonio, exilé chilien, sont devenus les meilleurs amis du monde. A la vie à la mort. L'engagement politique est au centre de leur vie. Mais la belle Clara débarque dans leur vie et va mettre à mal cette amitié.

Quinze ans plus tard, Théo devenu correspondant de guerre retrouve Antonio au Chili, Clara est devenue sa femme. Le triangle amoureux se reforme.

Ce roman de la chilienne Carla Guelfenbein est une bien belle surprise, tout en finesse la romancière distille son histoire avec élégance, on est pris par l'intrigue, elle nous bouleverse avec ces jeux amoureux, elle réussit à nous faire ressentir les élans, les désirs de ces personnages.

Vraiment une belle lecture.

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Nager nues

Je retiendrai de cet ouvrage à quel point la majeure partie de la littérature chilienne est imprégnée du poids constant de la dictature de Pinochet de 1973 à 1990.

"Nager nues " est avant tout un roman triangulaire avec le drame psychologique que vit Sophie dont le père, Diego, tombe amoureux de sa meilleure amie, Morgana. Le couple donne naissance à une fille Antonia. Sophie se sent trahie par son père, qu'elle adule, et par son amie. Elle quitte le Chili pour Paris, chez sa mère. Diego et Morgana meurent sous les balles de l'armée lors du coup d'état. Antonia est sauvée.

Deux dates sont importantes dans ce roman, le 11 septembre 1973 et le 11 septembre 2001.

Le roman est écrit avec beaucoup de sensibilité et de pudeur autant que faire se peut pour raconter une histoire tragique qui détruit les personnages tant psychologiquement que physiquement. C'était ma première rencontre avec Carla Guelfenbein. Et c'est une belle découverte. Je vous recommande cette lecture où se mêlent amitiés profondes, amour, blessures et trahison.

NB. puisse la nouvelle constitution libérer le peuple chilien du poids de la dictature dont il n'est pas encore parvenu à s'affranchir, trop marqué par les atrocités.
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Le reste est silence

Voilà un ouvrage autant désiré que redouté ; non pas qu’il soit épais, mais plutôt parce que l’auteur à plutôt la réputation d’écrire l’intime, et que parfois, l’intime peut impressionner.

Poursuivant ma découverte de la littérature chilienne, le temps était venu de lui faire prendre un peu l’air. Et bien m’en a pris, puisque j’ai pris plaisir à le lire.

Ce roman tourne autour de trois personnages : Tommy, un garçon de 12 ans son papa, chirurgien, et sa belle- mère.

Tommy n’est pas un garçon comme les autres ; malade du cœur, il lui faut mener une vie plus tranquille que ses petits copains, d’autant qu’il est sans cesse sous le regard de son papa inquiet. Tommy, est orphelin et le mystère plane autour de la mort de sa maman. Tommy passe son temps à enregistrer les conversations des grands à l’aide de son Mp 3. Jusqu’au jour où, les langues se délient, en secret…



Le reste est silence, est la lente désintégration d’une architecture familiale de façade, dont les lézardes ne tarderont pas à s’ouvrir pour laisser à nu les blessures et les non-dits de cette famille.



J’ai donc beaucoup aimé cette histoire qui mêle subtilement le passé et le présent, et s’organise selon trois points de vue. Le lecteur devra être particulièrement attentif au début, puis la narration se montrera claire et menée sans lenteur ni précipitation.

Carla Guelfenbein explore les ressorts des liens familiaux, des blessures de l’enfance et de leurs résurgences à la vie adulte.



Le reste est silence est une sorte de huis-clos psychologique au sein d ‘une société chilienne moderne et ouverte.



Une belle découverte !




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Nager nues

Gros coup de coeur en ce qui me concerne pour ce roman à l'écriture sensuelle, tumultueuse. Non ce n'est pas un roman sur les lesbiennes.

Sur fond de l'Histoire mouvementée du Chili alors en état de siège, dans les années 70, Sophie présente son père qu'elle vénère, à son amie très privilégiée Morgana qui habite dans le même immeuble. Mais à l'insu de Sophie, les relations entre Diego et Morgana vont évoluer passionément. Lorsque Sophie apprend que Morgana est enceinte, elle ne sait juguler sa colère autrement qu'en rentrant à Paris auprès de sa mère. Elle se sent trahie et trouve refuge dans son art. Pendant ce temps au Chili Morgana et Diego pris dans la tourmente entrent en clandestinité. Ils meurent tous deux dans un guet-apens. Antonia, l'enfant née de leur union, sauvée de justesse est élevée en Espagne par ses grands parents. Elle ignorera tout de son histoire...

Mais Sophie, secouée par les évènements du 11 septembre 2001 va retrouver cette partie de mémoire volontairement enfouie. Délaissant tout, elle s'envole pour l'Espagne afin de rencontrer celle qui n'est autre que sa demi-soeur...

La rencontre aura lieu... Est-il possible de tout oublier ? de tout recommencer ? de tout pardonner ? de tout avouer... sans bouleverser une vie qui semble tellement évidente ?

Beaucoup de talent à mon avis, un auteur dont j'avais déjà apprécié les précédents romans et qui me bouleverse ; une lecture dont on ne peut sortir indemne. A préciser que je viens de lire ce roman à la suite de celui de Elsa Osorio "Luz ou la vie sauvage"... l'Argentine, le Chili, nous offrent des histoires poignantes.
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Le reste est silence

“Un air de Extrêmement fort et incroyablement près. De ces livres que l'on ne quitte pas, que l'on n'oublie pas, que l'on offre...” voilà comment une amie présentait ce livre sur son blog. Inutile de vous dire que je me suis précipitée, n’est-ce pas ? Et j’ai bien fait...



Tommy, douze ans, malade du cœur, caché sous une table lors d’un repas de mariage, surprend la vérité sur la mort de sa mère et décide de trouver des réponses à ses questions. Sa belle-mère, Alma cache une grande fragilité qui lui vient d’un conflit avec sa mère, son père se mure dans son silence. La vie apparemment heureuse dérape, les non-dits éclatent au grand jour, jusqu’au drame.



Un roman magnifique à l’écriture très belle, très sensible dont les personnages infiniment attachants prennent la parole tour à tour... Il se débattent chacun dans leur recherche de vérité et d’amour...
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Nager nues

L'auteur affirme son talent de conteuse et nous invite dans une belle et tragique histoire qui lie plusieurs personnages pour qui l'on éprouve une empathie à part égale dans deux dates historiques : le 11 septembre 1973 avec la mort du président chilien, Salvador Allende et le 11 septembre 2001 avec les attentats à New York.
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Le reste est silence

Avec les amis on partage les mensonges



En surface, Tommy, Alma et Juan dans leurs récits.



En présent, le souvenir de Soledad, les autres réel-le-s, dont Leo, Mana, Lola, ou imaginaire comme Kajef.



Carla Guelfenbein construit un étrange paysage, à la fois familier, quelques fois altéré par les songes, à la fois interrogatif des reconstructions, des recompositions familiales, des non-dits, des silences, du refus de l’autre.



Chacun-e se confronte aux univers des proches qui ne s’ajustent pas aux images construites, aux temps, aux désirs.



Le travail d’écriture brise les rythmes, les certitudes, souligne les silences.



Rencontres, retrouvailles, maladies, corps aimants, les téléphones sonnent, comme une mise en abîme…



Nous sommes aussi nos ombres, nos regards altérés de recherche sans fin, de découverte d’un fil pour sortir des labyrinthes.



« La vérité surgit des profondeurs pour altérer la surface ordonnée des choses »
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Le reste est silence

Les silences ont bien des nuances et quand ils sont un peu trop présents dans une famille, ce n’est pas vraiment bon signe. En effet les secrets qu'ils renferment font des dégâts souvent irréparables. C’est au travers d’une famille recomposée que l’auteur explore le sens de nos silences. Tommy un enfant de douze ans souffre d’une insuffisance cardiaque, surprotégé par son père, il est privé de beaucoup d’activités. Du jour où il découvre par inadvertance que sa maman s’est suicidée, qu’elle n’est pas morte d’une maladie comme son père le lui a toujours dit, il mène son enquête. Celle-ci va l’amener à décortiquer le comportement des adultes et son immense lucidité lui révélera des secrets qui vont le bouleverser. Juan le père, chirurgien de renom vit dans sa cuirasse de politesse et de décence n’osant jamais regarder la vérité en face en dehors de ses patients, de peur de souffrir. Murer dans son mutisme, il ne se rend pas compte du drame qui se trame sous son toit. Alma, la deuxième épouse de Juan ne se contente plus de l’amour placide qui la lie à son mari. Le jour où elle retrouve son amour de jeunesse, les questions de l’époque laissées en suspend appellent des réponses, la conduisant loin de son quotidien en déroute. L’auteur met à nu les sentiments les plus sombres de chacun, elle met le doigt sur ces silences qui nous isolent et nous détruisent à petits feux. Un roman d’une grande profondeur, qui donne à réfléchir sur l’importance du dialogue avec ceux que nous aimons.
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Le reste est silence

C’est la lecture de ce billet de BelleSahi qui m’avait fait noter ce titre qu’un courriel de Chantal m’a récemment rappelé. Dans les deux cas avec tant d’enthousiasme que c’est le cœur battant que j’ai ouvert Le reste est silence de la Chilienne Carla Guelfenbein. Et pas une minute n’ai-je cessé d’être émue par ce roman mettant en scène un enfant de douze ans au cœur trop grand pour celui qu’on lui a donné. Un enfant isolé, sans ami, dont le père trop pris ailleurs s’est éloigné et dont la mère est décédée lorsqu’il avait douze ans. Une mère, Soledad, qu’Alma, la nouvelle compagne de son père n’a jamais remplacée même s’il était très près d’elle avant que ne lui soit révélé par hasard un secret bien gardé : sa mère se serait suicidée.



Tommy, cet enfant qui vit dans son propre monde, avec son Mp3, son ordinateur, son compagnon imaginaire, tandis que le couple formé par Alma et Juan se défait peu à peu sous ses yeux, fera tout pour savoir la vérité. Et c’est cette enquête qui nous est racontée, tout comme l’histoire des Juan et celle d’Alma, puisque chacun des trois protagonistes de cette histoire prend tour à tour la parole. Une histoire d’amour, une histoire sur la difficulté d’aimer, de se comprendre, sur le silence et les secrets. Une histoire où les uns comme les autres tentent de se rejoindre avec leurs maladresses et leurs blessures. Une histoire où chacun devra aller au bout de lui-même. Une histoire qu’on suit le cœur tremblant.



Un livre qu’on ferme les larmes aux yeux. Un grand livre. De ceux qui marqueront la littérature comme tous les lecteurs qui plongeront dans ces pages tissées au fil de l’amour et de ce tout qui fait l’être humain.
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La Saison des femmes

Un nouveau Carla Guelfenbein, pour tous ceux qui ont aimé « Ma femme de ta vie » ou « Le reste est silence », c’est toujours un petit événement, et ce nouveau roman ne déroge pas à la règle. Construit comme un patchwork, le récit propose en alternance les histoires de quatre femmes, apparemment éloignées dans l’espace et le temps. Margarita, épouse d’un professeur d’université qu’elle soupçonne de la tromper avec ses jeunes étudiantes, épie son mari dans le parc du campus, assise sur un banc couvert de citations de l’artiste conceptuelle Jenny Holzer. Doris Dana, elle, est, en 1948, l’amante de la poétesse chilienne Gabriela Mistral, qu’elle essaye de quitter, de peur que cet amour n’étouffe ses propres aspirations, espérant que ses retrouvailles et sa liaison amoureuse naissante avec Aline, une ancienne amie d’enfance, l’aideront à s’en détacher. Mais elle est hantée par les mots de Gabriela, qui ne cesse de lui écrire des lettres pleines d’un amer désir… Juliana est une fille pauvre, que sa mère oblige à l’accompagner dans ses ménages, jusqu’au jour où elle découvre le corps sans vie d’une étudiante, une voisine, avant de partager cette nouvelle avec une vieille femme qui lui dit, peut-être pour la consoler « Je suis morte plusieurs fois… Cela t’arrivera sûrement plusieurs fois aussi » ! Une certaine Elizabeth, enfin, évoque dans sa correspondance avec une amie, ses découvertes poétiques et les cours de littérature qu’elle suit dans le même Barnard College où, des années plus tard, Margarita guettera les aventures de son mari, avant de raconter sa rencontre avec Léonard, un poète plus âgé qu’elle, qui lui fera découvrir d’autres plaisirs sensuels et littéraires… D’une histoire à l’autre des échos se forment, tandis qu’un même livre, « Comment disparaître en Amérique sans laisser de traces », impose son empreinte à différents endroits du texte. « Je pense à toutes les femmes qui attendent tranquillement dans la pénombre. Attendre, c’est une façon de disparaître », fait dire Carla Guelfenbein à Margarita, assise sur son banc. Et chacune des existences de ses héroïnes semble vouée à cette quête paradoxale d’une disparition qui serait, en même temps, la meilleure manière de s’affirmer, dans un texte qui, dans une longue liste, évoque le choix tragique du suicide accompli par de grandes écrivaines ou artistes, de Sylvia Plath à Violetta Parra, en passant par Virginia Woolf et Alfonsina Storni, comme si un identique sentiment d’abandon les conduisait à ce geste ultime, avant qu’elles ne connaissent une gloire sans fin. Au lecteur, dès lors, de construire sa propre interprétation à travers les fragments de ces différentes histoires, tissées d’autant de réalisme que de citations littéraires, dans un jeu de piste où l’on se laisse entraîner avec plaisir par Carla Guelfenbein !
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Le reste est silence

Mon premier vrai coup de cœur de l’année ! Un petit bijou de sensibilité et de justesse, dans un choix des mots toujours très opportun (et en tout cas une traduction bien menée), pour une histoire qui peut toucher tout un chacun.

Pourtant, rien ne me prédestinait à lire ce livre, qui n’était même pas dans ma wish-list. Mais voilà : j'ai terminé le mois de septembre réellement « au finish », avec deux livres d'auteur.e.s chilien.ne.s, pour grapiller au moins quelques points dans le challenge géographique (sur Livraddict) auquel je participe pour la 2e année. J'avais bien entendu fait un rapide tour des différents auteurs de ce pays qui pouvaient m'intéresser, et avais retenu quelques auteurs de polars, jusqu’à être interpelée par le nom de cette autrice, qui ne sonne définitivement pas espagnol (là, je parle de la langue, évidemment). Mais bon, on le sait : l’Amérique latine telle qu’on la connaît aujourd’hui, et certainement les deux longs États du Sud, se sont construits à travers une émigration européenne de tous horizons, alors pourquoi pas ? Le titre, lui aussi, m’intriguait, alors tant qu’à faire, j’ai tenté…



On a là un roman choral à trois voix, qui se reconnaissent non pas à un entête évident, mais à un signe hiéroglyphique différent mais récurrent pour chacun.

Le héros principal est notre jeune Tommy (son symbole est une flèche barrée pointant vers le haut), 12 ans : enfant précoce et ultra-sensible (les deux étant souvent liés), il souffre d’une maladie cardiaque qui l’empêche aussi bien de se développer que de vivre une vie d’enfant « normal ». Il a le physique d’un enfant de 8 ans, tandis que tout effort - comme le foot omniprésent par exemple – lui est strictement interdit ; en outre, cette différence, qu’il n’assume qu’en se refermant sur lui-même, provoque aussi l’inimitié des enfants de son âge, ce qui peut aller jusqu’au harcèlement. Ainsi, Tommy vit volontiers dans son monde imaginaire, et passe du temps, outre la lecture, à enregistrer sur son mp3 diverses pensées qui lui viennent à l’esprit… ou les conversations des adultes, qu’il espionne çà et là. Jusqu’au bouleversement, quand il apprend que sa mère, au nom prédestiné de Soledad (la solitude, en espagnol ! quel dommage que le traducteur n’ait pas pensé à le spécifier !), qu’il a perdue plusieurs années plus tôt, n’est pas morte de maladie comme on le lui avait toujours dit, mais se serait suicidée…



Il est ainsi surprotégé par son père, Juan, chirurgien cardiaque qui prend sa profession comme un sacerdoce, au point d’en délaisser un peu trop souvent sa famille, tout en maintenant envers et contre tout ce carcan protecteur, mais carcan quand même, dans lequel il permet à Tommy de grandir. C’est le seul symbole que j’ai pu identifier clairement : le sablier, comme ce temps qui s’écoule sans qu’on puisse jamais l’arrêter, ce temps que Juan consacre bien davantage à ses patients qu’à sa propre famille.

Et cette famille, c’est aussi sa deuxième femme, Alma (représentée quant à elle par une double vague), plus jeune que lui, étudiante en cinéma, et déjà enceinte quand ils se sont rencontrés. Alma se cherchait alors, en choisissant l’éloignement d’une mère très libertaire et d’un père trop absent, qu’elle évoque à plusieurs reprises et qu’elle rejette à tout prix, elle qui a choisi le contrepied, justement, en épousant un médecin à la vie bien organisée… mais notre famille ne fait-elle pas partie de nous ?



À travers ces trois voix, qui s’expriment sans tour de rôle bien défini (et on se rend bien vite compte que ce n’est pas tellement important), on assiste au lent délitement d’une famille recomposée atypique – mais existe-t-il une seule famille, recomposée ou pas d’ailleurs, qui ne soit pas unique en son genre ? On voit, on ressent même profondément, les fêlures profondes de chacun, les efforts qu’ils tentent pourtant pour tenir ensemble malgré tout… ou peut-être pas ?, les interactions avec toute une série d’autres acteurs (le père très « vieille école », autoritaire et probablement raciste, de Juan ; ou la mère, femme forte sans morale apparente, d’Alma), et tous les malentendus qui peuvent survenir ici ou là. Tous les silences, aussi, qui ont chacun leur valeur, et ne sont pas forcément négatifs – on a de ces « silences qui remplissent l’espace au lieu de le vider », mais ils peuvent aussi être noirs quand on est seul et perdu dans son coin, ou au contraire lumineux.

Ces personnages sont ainsi abordés au plus intime d’eux-mêmes, et Carla Guelfenbein a réussi ce tour de force que, outre les « signes » représentant chacun, on reconnaît presque aussitôt chaque voix, car même s’ils d’expriment à tour de rôle à la 1re personne du singulier, ils ont chacun leur propre intonation, leur propre vocabulaire, leur propre rythme.



Par ailleurs, l’autrice a réussi à ne pas tomber dans un piège manichéen, qui aurait pourtant été si « facile » ! Tommy, à qui on s’attache immédiatement, n’est pas seulement la pauvre petite victime de sa maladie, mais a aussi son petit côté provocateur et manipulateur, comme n’importe quel préado en somme, indépendamment de sa maladie ! Alma, qui laisse un goût un peu amer de femme potentiellement infidèle dès les premières pages, parvient néanmoins à nous toucher très vite elle aussi, en évoquant comme je disais son enfance et adolescence, qui n’ont rien eu de stable et qui expliquent (peut-être) bien des choses, mais surtout parce qu’on comprend très vite à quel point elle a réussi à s’attacher à Tommy, qui lui rend cette affection et ils vivent ainsi une évidente complicité, bien un peu hantée par le besoin de fidélité de Tommy envers sa mère défunte qu’il a à peine connue (il avait 3 ans à sa mort !) et par la réserve que garde Alma face aux recommandations de Juan sur la santé du garçon.

Enfin, Juan est d’abord perçu comme le « sale type » qui se croit indispensable pour une opération alors qu’il avait promis un week-end en amoureux avec Alma, et que son assistant était capable de gérer seul ; on a aussi, d’emblée, du mal à accepter les limites en tout genre qu’il impose à son fils « pour son bien »… mais je crois que, pour ce point, seuls les parents d’un enfant véritablement, et gravement malade, pourraient comprendre son souci de chaque jour, de chaque heure et, en ce sens, c’est merveilleusement bien rendu ! Et puis peu à peu, on creuse aussi ce personnage, qui n’est pas si intouchable que ça, malgré sa réserve peut-être un chouïa stéréotypée, mais je dis ça parce qu’il faut bien trouver quelque chose…



Tous trois évoluent ainsi, tandis que Tommy cherche à en savoir plus sur sa mère dans le secret le plus absolu, qu’Alma lutte contre les prémices d’une infidélité pourtant tellement facile, et que Juan se noie dans le travail sans trop voir que sa famille part en vrille… Le silence a beau être un « personnage » central de ce roman, l’autrice laisse aussi clairement entendre que la communication est tellement importante au sein d’une famille. Cette communication, composée autant de parole que d’écoute, mais on sait tellement comme c'est plus facile à énoncer qu’à mettre en œuvre !

Iront-ils ainsi jusqu’au drame, ou jusqu’à la rédemption ? Je pense que chaque lecteur peut se faire sa propre idée, même si, sans vouloir divulgâcher (certains ne se sont pas gênés pour le faire, dans certains commentaires !), la fin est véritablement déchirante, et pourtant tout à fait cohérente.

Comme je disais d’emblée : ce livre a été pour moi un petit bijou, au goût parfois amer, et enveloppé des différents valeurs du silence toujours très justement mis en scène, un vrai bonheur de lecteur tout en sensibilité !

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