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EAN : 9782330019969
278 pages
Actes Sud (05/06/2013)
3.92/5   106 notes
Résumé :
Toute à sa joie de présenter son amie Morgana à un père qu'elle vénère, Sophie est loin d'imaginer la triangulation funeste qu'elle s'apprête à provoquer. Rapidement, ces deux-là partagent bien plus que leur affection pour elle - comme va en attester l'enfant à naître. Anéantie par la trahison, Sophie coupe les ponts et rejoint sa mère en France alors même qu'en cet été 1973, à Santiago du Chili, le monde s'écroule.

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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai déniché ce roman dans une boîte à livre, son éditeur (Actes Sud), sa quatrième de couverture et les critiques rapidement parcourues sur Babelio ont dicté mon choix.

Je ne le regrette pas !
Je ne connaissais pas l'autrice mais rapidement, et de plus en plus intensément au fil des pages, elle m'a conquis.
La quatrième de couverture détaille toute la trame du roman, je ne veux rien y rajouter, elle est déjà trop détaillée à mon goût mais heureusement sans avoir gâché mon goût de lecture.

J'ai aimé cette histoire d'amour, la finesse de la description de la psychologie des protagonistes, de la naissance du désir puis de l'amour, le sentiment de trahison que cet amour entraîne.

J'ai beaucoup apprécié les dernières pages du roman.

J'ai aimé que cette histoire soit mêlée à l'histoire sombre du Chili peu avant et après le coup d'état du général Pinochet.
L'on y voit les signes avant-coureurs : les manifestations, les coups de fil anonymes, les filatures, les passages à tabac. Lors du coup d'état et par la suite, le climat de peur s'installe et la répression est féroce.

Enfin et surtout, la plume de Carla Guelfenbein m'a enchanté, elle est sensible, très sensuelle et poétique. C'est merveilleusement écrit.

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Une fois de plus j ai un coup de coeur pour Carla Guelfenbein. Elle sait créer une atmosphère bien à elle qui englobe son lecteur, on s'y sent bien malgré les tensions en tout genre. On vit avec ses personnages, on devient presque ses personnages tant on est imprégné par ce qu'ils vivent, ce qu'ils sentent et ressentent.
Il s agit d une relation triangulaire particulière. Diego, proche d Allende et père de Sophie jeune fille fragile et en admiration devant son père. Morgana l amie qui va devenir la maîtresse de Diego. Cette relation va commencer avant le putsch militaire de 73 et va éclater tout comme la situation politique au Chili.
L histoire de ces 3 personnages se retrouve dans l'Histoire du Chili et c'est un vrai plaisir que de suivre leur parcours et leur cheminement psychique et intellectuel.
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Carla Guelfenbein parvient à attraper le lecteur dès les premières lignes de son roman. En mêlant l'intime, les sentiments profonds, la sensualité, la sexualité, la tendresse, et la peur, le soulèvement d'un pays, la rage, la protestation, il est inévitablement happé par ces émotions puissantes. Des liens affectifs fusionnels ; une amitié toute en sensibilité, une passion amoureuse exacerbée, un père, sa fille, et la meilleure amie de celle-ci. L'intimité des corps et des coeurs, les batailles intérieures, les silences, les non-dits, et un pays qui bascule, des cris, l'état de siège, la révolution en marche. Des mots - et des maux – d'amour, des êtres qui se battent pour des idéaux politiques, d'autres qui s'enlacent, une page d'histoire qui s'écrit.
Dans les années soixante-dix, Sophie rejoint son père Diego, un proche d'Allende, à Santiago au Chili. Elle avait jusqu'ici vécu auprès de sa mère, une française. Sophie est une jeune femme d'une grande sensibilité, elle aime la poésie et le dessin. On perçoit très vite chez elle un besoin viscéral d'être protégée et rassurée. Sa rencontre avec sa voisine, Morgana, va la marquer à jamais. Cette dernière est espagnole, un peu plus âgée qu'elle, d'une beauté brute, il émane d'elle une énergie incroyable, une grande vitalité. Sophie et Morgana deviennent inséparables.
Et naturellement, Sophie présente sa nouvelle amie à Diego, qui tombe littéralement sous le charme irrésistible de la jeune femme. Pour préserver sa fille, Diego dissimule son histoire d'amour avec Morgana. Bientôt, la vérité se fait jour. Un sentiment de trahison l'envahi, Sophie est anéantie. Elle fuit, quitte le Chili et retourne en France laissant son père et Morgana enceinte.
Elle veut oublier. Tirer un trait sur cette période de sa vie. Poser un voile sur ces deux personnes et sur ce pays.
Peu de temps après la fuite de Sophie, le 11 septembre 1973, Allende meurt, c'est le putsh de Pinochet. le couple entre dans la clandestinité et se fait tuer. Antonia, leur fille est sauvée et confiée aux parents de Morgana qui la ramènent en Espagne où elle grandira, sans connaître ses véritables origines.
Le 11 septembre 2001, les images des attentats du World Trade Center qui tournent en boucles sur toutes les chaînes de télévision ravivent les souvenirs enfouis de Sophie, elle se rappelle des immeubles en feu et des sirènes à Santiago... il y a presque trente ans. Diego, Morgana... les personnes qu'elle pensait avoir évacuées de sa mémoire resurgissent.
Il lui faut absolument retrouver la trace d'Antonia...
Un roman envoûtant et magnétique. Une écriture sensuelle. Les affres de l'amour traversées par les soubresauts de l'Histoire, la mémoire, l'oubli, le pardon, et la vie qui continue. Un coup de coeur.

Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Carla Guelfenbein son écriture est limpide et belle et le texte transpire la sensualité, indispensable au déroulé du roman qui n'est en aucun cas érotique
C'est la force de sentiments (amour, dépit, haine) qui imposent aux sujets les choix de leurs actes.
Un roman tragique et magique.
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Troisième roman de la chilienne Carla Guelfenbein et ... troisième coup de coeur. Peut-être même le plus prononcé, en particulier pour son dernier tiers, magnifique. Trois, c'est décidément le nombre qui caractérise Nager nues. Un père, une fille, une maîtresse. Ceux-là s'aiment deux par deux mais quand le triangle prend une forme définitive, il ne peut que se défaire. Toute la première partie du livre, portée par un style doux, sensuel et poétique, se déroule dans le Chili d'avant le putsch militaire, sur fond de grèves et de menaces de mort. A un drame intime va succéder une tragédie nationale. Les 80 dernières pages de Nager nues, près de 30 ans plus tard, ont un autre goût. Une belle rencontre entre deux êtres qui ne se connaissent pas, reliées par la trame invisible du passé, qui ne commenceront à s'apprivoiser et à s'apprendre que quand le livre s'achèvera. C'est très beau, comme le frôlement d'un châle sur un épiderme, toujours pudique dans un registre dans lequel Carla Guelfenbein excelle : les sentiments, sans sentimentalisme ni sensiblerie. Les dernières pages, avec cette découverte que "l'avenir est un fil de soie que quelqu'un lance pour qu'un autre l'attrape" sont littéralement poignantes. Un fil de soi ...
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Quand ils se séparent, elle a un rire malicieux. Appuyé sur le coude, Diego la regarde. Morgana distingue la nuance turbulente du désir qui voile ses pupilles et exacerbe ce reflet dément qu'elle vient d'y lire. Des yeux qui ne fixent aucun point en particulier, et tous en même temps , qui ont l'ambition d'aller partout. Diego enlève son pull, l'étale sur la surface dure et pierreuse, et Morgana s'y étend. Chacun de ses mouvements soulève de petits nuages de poussière dans l'air clair et frais. Elle étire les bras en arrière. Il saisit ses mains, l'emprisonne, lui interdisant le moindre mouvement. Elle ne résiste pas, ses muscles cèdent et d'autres, plus enfouis, se mobilisent. Ils s'embrassent encore. Elle sent son menton râpeux. Ses mains remontent avidement sous sa jupe, parcourent ses cuisses fermes de nageuse... Une étreinte les unit. Ils respirent dans l'oreille de l'autre. Elle lui embrasse le cou, se perd dans le creux de son épaule. Sans se détacher, les doigts de Diego cherchent ses intimités, l'air tiède de son nez explose dans ses yeux. Les mouvements de ses doigts sont profond, rythmés. Morgana émet un gémissement qu'elle étouffe aussitôt, redoutant que sa voix parvienne eux oreilles de Sophie, là-bas, assise sur la plage, sa toile sur les genoux et ses peintures sur le sable.
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Les fenêtres vibrent. C'est le vol insistant d'un hélicoptère. Elle distingue son profil de libellule qui se découpe sur le ciel en émoi. Le téléphone sonne. C'est Diego. Ils ont affaire à un coup d'Etat. Le Président lui a demandé d'aller voir les cordons industriels de Cerrillos. Il ne pourra pas la rappeler avant des heures. Il insiste pour qu'elle ne bouge pas de là. Il va bien. Tout va bien aller. Il le lui promet. Ses phrases son brèves mais chaleureuses, comme le son d'un interrupteur qui met fin à l'obscurité. Un éclat qui dure à peine une seconde, tant qu'elle peut encore l'entendre.
Quand la voix s'est tue, quand la communication est coupée, les questions arrivent. Elle sait que les ouvriers et les militants se sont préparés à ça, à résister. Les cordons industriels des usines de Cerrillos sont prêts à une guerre de tranchée. Pourquoi ne lui a-t-elle pas demandé de rentrer à la maison, pourquoi n'a t-elle pas dit qu'elle et la petite ont besoin de lui ?
Elle cherche la feuille où elle a noté le numéro de téléphone de Paula. Elle le compose. Pas de réponse. Elle hésite à raccrocher. Elle veut croire Diego qui a promis que tout irait bien, mais elle a besoin qu'on lui dise ce qui se passe. Elle se rend compte que ces six chiffres sont le seul lien qui la rattache à lui. Elle raccroche et rappelle. Et ainsi de suite jusqu'à ce que, exténuée, elle renonce.
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Diego s'affaisse, sa chemise est poisseuse, collée à sa peau. Elle sent le poids de son corps, sa chaleur, les spasmes quand il essaie en vain de se redresser... Plus rien ne bouge. Elle ne sent plus son corps. Elle entend des cris à l'extérieur, des rafales de projectiles. Et soudain le silence.
Elle imagine Antonia dans ses bras. Elle est assise dans un fauteuil devant une fenêtre, n'importe laquelle, elles en ont connu tellement depuis qu'Antonia est née, sauf qu'à la fin il s'agit toujours de la même fenêtre. Antonia tête, elle la berce et regarde le couchant, c'est le moment qui précède la dernière lumière, la brise agite les feuilles et les oiseaux rentrent dans leur nid. Elle a fermé les yeux. Le corps inerte et informe de Diego pèse sur le sien. Une douleur à la tête l'engourdit. Pendant que sa conscience et son corps s'éteignent, que des cris s'approchent de son refuge, Morgana imagine ce moment du jour où, avec Antonia, tout semble beau et en même temps nostalgique, cette heure où parfois la tristesse est si forte qu'elle donne un sentiment d'étrange bonheur.
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Diego l'arrête. La luminosité du soir baisse d'un ton. N'étaient leurs yeux humides et rougis, ils pourraient feindre qu'il ne s'est rien passé. Mais tous les deux ont un chagrin terrible, une tristesse que les mots sont incapables d'apaiser, et qu'ils n'auraient pu soulager qu'en faisant l'amour. Morgana, la gorge serrée et les poings crispés, pense qu'elle vient d'apprendre quelque chose de nouveau. Les tristesses ne sont pas toutes les mêmes. Certaines sont traversées par la peur, la haine, le désespoir, et d'autres sont pures, se répandent dans le corps, violentes, profondes et fortes. Diego se redresse. Les pas et les voix du couloir se réveillent. On frappe à la porte. A quelques pas d'ici, un quartier a été bouclé, leur dit-on. Ils perquisitionnent. Morgana doit partir, Diego aussi, mais pas ensemble.
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Dès son plus jeune âge, Morgane a pris conscience de l’énergie qui émane de son corps. Un tissu invisible qui capte l’intérêt des hommes. À l’origine, face aux regards voraces qui glissaient sur sa peau, elle avait la sensation d’être envahie par une colonie d’insectes, et un jour, une bouffée de chaleur l’a assaillie à la base de sa colonne vertébrale; une vague qui enflait, zigzaguait et la chatouillait.
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Vidéo de Carla Guelfenbein
Interview de Carla Guelfebein "la saison des femmes" - Cooperativa FM Chili - avril 2019 - 25 minutes - en espagnol
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