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Citations de Christian Estèbe (182)


Je n'écris pas pour devenir riche et célèbre, j'écris parce que moi aussi, je vais mourir.
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Elle nous avait dressés comme ça. Toujours compter, trouver le moins cher, le plus solide, le plus inusable et le plus laid, les fringues, les chaussures : « Pour écraser la merde sur les trottoirs, c'est bien assez cher » , elle disait.
Les pâtes toute la semaine, le poulet aux hormones, le gros rouge, le veau plein d'eau, le cochon plein d'os !
« Vous n'avez jamais eu faim ! »
Non, on n'avait jamais eu faim, mais soif d'autre chose, de ce que l'on voyait dans la télévision en noir et blanc, de ce que les copains mieux lotis nous racontaient : les voyages en Espagne, la montagne, les cabarets à Paris, ah, Paris ! Nous on avait loué un clapier à Palavas-les-Flots, il y avait si longtemps, qu'on ne s'en souvenait plus. Un voyage à Lourdes, et puis, plus rien.
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[...] ça ne servirait plus à rien que je lui dise qu'elle était une schizophrène, une mante religieuse, une castratrice. Elle avait quitté cette clinique et ce monde pour un ailleurs que nous ne connaissions pas, où nous n'étions pas admis.
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Vous aviez prévu quelque chose ?- Non, nous n'avons rien prévu, elle avait fait don de son corps à la médecine.Encore une de ses lubies, après avoir fait don de son corps aux représentants de passage, voilà qu'elle offrait sa dépouille aux carabins de Montpellier. C'étaient ses dernières volontés - un bric à brac de bons sentiments - que les médecins la découpent en morceaux, fassent avancer la science. Un souci d'économie, de bouts de chandelle, comme lui disait mon père, parce qu'un enterrement, ça coûte cher et que nous, les pauvres, les gagne-petit, les traîne-misère, notre seule place, après avoir crevé à l'hôpital, c'est d'aller chez l’équarrisseur. Pas de cercueil, pas de cérémonie, ni fleurs, ni couronnes, ni absoute. C'est pas pour nos autres, c'est pour les riches. Nous, c'est les déchets du corps à la fosse commune, le carré anonyme des généreux donateurs, la faculté de Montpellier reconnaissante.
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Je sais aujourd'hui que cette écriture forcenée qui a rythmé mon existence pendant ces trente-cinq ans était une tentative désespérée pour canaliser cette dépression que je sentais pulser en moi.
Mais l'écriture était-elle destinée à éviter cette confrontation avec mes failles, ou bien, comme un travail d'analyse m'a-t-elle enfin permis, en approchant mon moi profond, année après année, de me confronter à mes gouffres ? (p. 86)
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Ce qui est positif lorsqu'on est au fond d'une profonde dépression, c'est que peu à peu, toute peur, toute crainte s'évanouit. C'est un étrange lâcher-prise, qui confine plutôt à une sidérale indifférence à son soi social. Plus peur des coups, de la violence, du mépris, du regard des autres, de leur pitié, de leur curiosité ou de leur indifférence. (p. 97)
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Je voudrais tant reprendre ma place parmi les vivants. Retrouver ceux qui chantent, qui rient, qui se disputent pour des broutilles, qui se chamaillent pour des riens, qui s'aiment ou se détestent, qui vivent, enfin ! J'aimerais tant me remettre à exister. (p. 139)
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Ils sont morts, mes chers libraires et leurs merveilleuses boutiques ont disparu: Librairie de l'Université, Molière, Contrechamps, où je fus si heureux d'apprendre mon vrai métier, mon seul métier : faire lire. (...) Que faire de toute cette nostalgie qui ne me sert plus à rien, pas même à écrire de bons livres ? (p. 149)
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Voilà une année pleine que j'ai sombré. Je veux pourtant continuer à travailler. Dans mon état, je sais que c'est absurde et dangereux, mais je n'ai rien trouvé d'autre pour m'accrocher au monde des normaux. Rester coûte que coûte dans la communauté de mes semblables. (p. 68)
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Déambuler comme autrefois dans ces rues. Revoir des visages peints sur l'envers de mes gestes, de mes mots. Ils avancent, les gens, chacun vers la pointe de sa vie; existence si petite, si insignifiante que l'on veut croire l'univers incapable de s'en passer : désordre et distance. (p. 203)
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Il se dit qu'il devrait cesser d'Aimer au-dessus de ses moyens. D'arrêter de croire qu'il pourrait devenir Bukowski ou Selby Jr, un Marc Bernard ou un Hubert Nyssen. il devrait en finir avec ce romantisme de papier crépon, ces divagations fumeuses de plumitif dépressif. Où croit-il donc aller dans cet équipage ? Vers le prix Nobel de littérature ? qu'il regarde donc en face où tout ce carnaval l'a mené. Pourtant, il ne pourrait renoncer sans mourir à son grand rêve de papier. (p; 50)
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Mettant de côté les livres qu'il veut vendre. Il n'a plus besoin de garder cette librairie portative. De poser entre lui et le monde ce haut rempart de papier. Autant de nounours, de doudous qui ne l'ont protégé de rien. (p. 59)
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De l'imparfait du subconscient, au parfait du subjonctif. La conjonction de coordination, avec la conjonctivite de l'oeil de Caïn. Il était un mauvais élève, il veut sa revanche sociale !
Le vendeur de livres s'est mis en tête de voir l'invisible, mais il veut le voir à l'oeil . (p. 126)
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D'où tenons-nous cette tranquillité qui nous fait éviter les paroles creuses et les gestes inutiles ? est-ce parce que tous deux, il y a longtemps, nous avons traversé un désert, ou simplement parce que j'ai une grande habitude des fées, des sorcières et des enchanteresses ? (p. 187)
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Découvrir l'endroit où je serai totalement maître de mon chagrin, pourquoi ne pas me contenter des fragments de mon père ? Pourquoi ne pas se résoudre à ces mots qui ne tiennent pas la langue, qui ne durent pas, ces paroles faites uniquement d'éclats, de brisures. (p. 179)
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- Je ne sais pas, moi aussi je me voulais lucide. Que veux-tu, à force de peser lourd à soi-même, on est prêt à faire n'importe quoi, on peut même s'éprendre de la cruauté, sans voir que c'est une autre forme de malheur. (p. 188)
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Accompagner un gisant se veut aussi un acte de sauvegarde des vifs. (p. 190)
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Trop de mots, de colères, de peurs nous ont liés pour que nous ne sachions pas les risques qu'il y a à poser rapidement le masque . Nous gardons la retenue de ceux qui ont eu beaucoup de mal pour se quitter à jamais. (p. 142)
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Nous finissons nos consommations en silence...Je sais que dans un moment nous allons encore parler et sûrement évoquer des souvenirs, des rires, des peines, des gens que j'ai voulu oublier. Nous n'avons rien pu faire les uns pour les autres, rien qu'un peu de tendresse. Il y aura peut-être ailleurs d'autres voix, d'autres mots, plus simples, plus essentiels. (p. 156)
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Arrive dans ce récit la voix du père. C'est vrai qu'il pensait à juste titre que le monde est souvent moche, que la vie est une gueuse qu'il faut ménager, est-ce pour cela qu'il voulait se tenir à distance ?
il me disait : "Petit, lorsque tu apprendras que monde n'est ni juste ni gentil; tu feras comme moi, tu prendras tes vérités et tu les mettras dans ta poche vers ton mouchoir dessus, ça te resservira, il ne faut rien oublier."
J'ai longtemps gardé cette image du mouchoir noué sur le vrai. (p. 124)
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