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Citations de Christian Estèbe (182)


À l'orée d'un bois, il a garé la Dromadaire. En contrebas, un petit cours d'eau. Assis là, immobile, il regarde l'eau couler. Cessant d'agiter ses pensées, cessant d'être agité par elles, il médite. Qui ne voudrait être une pierre moussue dans le courant clair d'une rivière ?
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Il lisait aussi les Mystères de Paris, le Dernier des Mohicans, Le Bossu. «Si tu ne viens pas à Lagardère, Largardère viendra à toi.» Il se dit que désormais Lagardère n'est plus qu'un groupe financier, majoritaire dans Audience Groupe. Les petits comptables en costume gris auxquels personne ne faisait attention, que tout le monde méprisait un peu, ont pris le pouvoir. Interchangeables, incassables, inusables, ce sont eux qui ont inventé l'écriture pour les livres de comptes à l'aube des temps et ils seront encore là lorsque le soleil commencera à mourir.
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Pierre Lombard était conscient qu'il lui faudrait soigner la première phrase de son livre. Depuis la terrasse du Saltimbanco, il regarde sur l'horizon la fumée de son cigare qui dessine des hiéroglyphes à contre-ciel. Il la tourne, la retourne, cette phrase.
La mer, sans cesse recommencée, son ressac, un passé à l'endroit, un passé à l'envers.
Comment était celle qui ouvrait l'Ulysse de Joyce ?
«Majestueux et dodu, Buck Mulligan parut en haut des marches, porteur d'un bol mousseux sur lequel reposait en croix rasoir et glace à main.»
Et cette autre, dans Cent ans de Solitude de Garcia Marquez :
«Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena voir la glace.»
Exercice de mémoire. pierre Lombard n'est pas sûr que ces citations soient exactes. Il avait découvert, émerveillé, ces deux romans et sa vie en avait été changée. Il se souvient des bords du Lez, sa rivière, où il avait fait connaissance avec les méandres de Dublin, en compagnie de Bloom, et de Macondo, la ville mythique et pourtant si réelle de l'écrivain colombien.
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« – Pourquoi ne pas les donner? – Les donner? Vous n’y pensez pas! C’est interdit, c’est le bien public! – Et vous les jetez où? – À la poubelle. – Les livres? à la poubelle? – Oui, c’est le plus simple. – Vous avez raison, c’est plus simple… – Non, c’est vrai quoi, qu’est-ce que vous voulez qu’on en fasse! Les magasins en sont pleins, ça ne sort jamais au prêt, et on n’a plus de place. «
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« Ces bars au bout du monde, ignorés, sur les routes creusées, entre deux grands axes routiers, ou au centre des villes, dans un coin de la place du marché, parmi les immondices. À boire du rouge et du blanc, des coups pour les humains ou ce qu’il en reste, comme rattachés entre eux par des tronçons de phrases, des bribes de mots cassés, cassants. Les rots, les rires gras, les borborygmes, les fausses citations, les coqs-à-l’âne, les coquecigrues, et tous, malicieusement innocents, ignorants ou ingénument érudits, jouant avant les mots comme des osselets. »
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« Allons, pas de pessimisme. Il reste de vrais libraires, de vrais livres, de vrais lecteurs. Le monstre informatique n’a pas encore tout dévoré. «
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Il avait été à l'aise dans le cirque, il y avait sa place durement gagnée, à la force du poignet. Jusqu'à ce jour béni, ou maudit, où il avait dit NON, à la stupéfaction de tous. Il s'était soudain redressé. Droit, on respirait mieux. mais on respirait seul. (p. 40)
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Il a trouvé un petit hôtel près de la gare- il y a toujours un petit hôtel près de la gare, non loin d'un sex-shop et d'un marchand de kebabs. Après une douche chaude et un potage, il est sorti marcher. Il fait froid, les rues sont désertes. Les gens se sont hâtés de rentrer chez eux, pour regarder dans la lucarne le malheur des autres. Mais lui, d'où est-il maintenant ? Itinérant improbable de la littérature. (p. 135)
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Au bout du bâtiment, quelques écrivains sont en rang d'oignons derrière des tables, en attente d'un public pour les traditionnelles dédicaces. Les annonces, par haut-parleur, citent les livres, les auteurs, les horaires. C'est ainsi qu'il faut attendre la gloire, sagement, en rêvant à Rimbaud, à Cézanne. Cette fameuse immortalité, dont personne ne sait rien. (p. 139)
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Il explique à une libraire que pour repousser les limites du convenu, il faut parfois, souvent, repousser les limites du convenable. La vérité d'un texte n'est pas forcément amusante, délicate, jolie.
Il lui parle des auteurs qu'il aime, Maurice Ciantar, Bernard Blangenois, Henri Calet, Belinda Cannone, Christian Garcin, Bertrand Runtz, Thierry Gillyboeuf, Perros, Cloux, Pirotte. (p. 192)
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Il y a toujours une once de vérité dans le plus épais mensonge. Une once d'amour dans la plus pure haine, une once de beauté dans la plus dense laideur. Ce qui semble le plus éloigné de nous, nous est proche par d'invisibles sentiers. Prendre son temps pour chercher une once d'or pur : Orpailleurs ! (p. 128)
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Il sait qu'il a dépassé ses objectifs. C'est normal, il n'a que ça à faire : personne ne l'attend nulle part, plus de famille, plus d'horaires, une totale disponibilité, le statut rêvé pour un commercial itinérant. (p. 100)
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Route lisse dans le soleil couchant. S'enfoncer sans bruit dans un paysage de Cézanne, puis de Van Gogh, Derain. Passer d'une toile à l'autre, comme dans un livre d'art en grandeur réelle. Il se crée , pour lui tout seul, un musée imaginaire. (p. 153)
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Passer de l'écrit vain, à l'écrit vrai, lever le voile des mots d'usage, des mots d'usure. Comment gratter les mots. Ecrire pour retrouver en soi ce qui parle à soi, donc à tous. Etroite est la passerelle, et il faut être un peu funambule pour tirer l'or de cette vieille matière corrompue que sont les mots. (p. 147)
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Lombard se dit qu'il a eu une mauvaise idée de vouloir revoir Pargueminière. N'avait-il pas barré son nom sur son agenda ? Pas si facile de quitter les gens sans se retourner, de couper des liens qui furent parfois si longs, si complexes à tisser. (p. 108)
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La neige a fondu, la bise est venue, puis la pluie et le vent ont balayé devant la porte des saisons. Le soleil, lui, sèche les plaies de la route et redonne confiance à la terre, aux oiseaux, aux chiens et aux hommes. (p. 120)
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"Z'êtes qui vous ?
-Quatre Vents Diffusion.
- Ah oui, le remplaçant de Pottier."
Le type le reçoit en se curant les dents, en tapotant sur son ordinateur (...)
Il faut garder le sourire
Non, Manuel n'est pas le prénom d'Epictète et - Bonjour tristesse- n'est pas un livre sur la dépression nerveuse ! Pas plus que le Grand Robert n'était un coursier des Quatre Vents ! (p. 57)
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Elle raconte à Lombard, qu'elle a toujours été libraire, puisqu'elle a succédé à sa mère qui elle-même avait succédé à la sienne.
"Nous ne quittons pas nos montagnes, vous voyez, Monsieur Lombard, libraires de mères en filles depuis cent cinquante ans.
-Vous n'avez pas peur de ce qui se développe: Internet, Amazon, les grandes chaînes de distribution, ce métier qui se modifie à toute vitesse ?
- Non, je n'ai pas peur, je le connais, mon métier, et mes clients me connaissent, c'est ça mon assurance. La librairie Arcade, c'est comme l'église du village, le boulanger, le boucher. Tant qu'il y aura de la vie dans le bourg, je serai là, c'est le Chaminadour de mon cher Marcel Jouhandeau." (p. 86)
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Je vais tenter de raconter ce qui s'est vraiment passé. Je sais pourtant que raconter, c'est vouloir retenir un nuage, se remémorer un chant ancien qui s'est tu. Mais dire, c'est parfois tout ce qui reste, lorsque se taire n'est plus possible.
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[...] il y a un temps qui trempe et un temps qui détrempe.
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