AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Christian Estèbe (182)


Un rayon de soleil glisse de la porte à ma table. Je frissonne. Il vivait la pitance et le vin, il était simple et fort. Il me semble maintenant que chaque matin qui se lève est son matin, chaque nuit qui vient, sa nuit. Il me disait qu'il connaissait la vie, l'appréciait, comme la belle ouvrage. Je l'aimais et ne le savais pas. (p. 111)
Commenter  J’apprécie          50
- Et puis, vous savez, il avait un petit côté artiste. (...)
Je le revois sous le grand parasol orange et jaune, les pieds dans le sable clair, le dos calé contre son pliant vert, pourquoi ne dessinait-il plus, ne peignait-il plus ces galets ? Cela lui était -il apparu soudain inutile, désuet, puéril ? Ma mère s'était-moquée de lui ? Voilà Jeanne qui éveille en moi tout un chant de teintes, d'arabesques, de lignes; ainsi, du fond de son silence, les yeux bleus de mon absent retracent pour moi un paysage neuf. (p. 126)
Commenter  J’apprécie          20
(...) être dans le même instant incarné en plusieurs endroits, sentir très justement cette note: le froid de cette fin d'après-midi, le gris tendre d'un ancien dimanche, le besoin de tout laisser aller, de détendre l'attente, cette réflexion qui emplit tout le corps, qui met tout l'être en position d'écoute (...) (p. 139)
Commenter  J’apprécie          10
Denis me confirme que le grand-père était un des trois ou quatre jardiniers de la ville (...)
Il me dit aussi qu'il ressemblait aux arbres qu'il savait planter, à ces oliviers solides qui poussent dans nos régions. Nous faisons quelques pas dans le jardin, d'autres touches s'apposent au portrait du père, des détails s'accumulent, j'ai depuis longtemps ouvert mon carnet pour mieux travailler la taille-douce de son visage. (...)
Pour quelques heures, en écoutant les Pharaon raconter leur Marcel, s'apaise en moi la part aiguë de la fiction que je porte. Il me semble que des fils se nouent, se tressent, se trament, et chaque parole se liant va rejoindre un éclat de pierre, une rumeur, des lieux, une ligne de son visage, son ciel. (p. 128)
Commenter  J’apprécie          110
La langue même de ce pays paraissait à elle seule le murmure exact, la réplique mélodieuse de tout ce qui se vivait là : les processions, les fêtes votives, les bals, ces moments qui comme maintenant semblaient rendre le temps immobile. (p. 133)
Commenter  J’apprécie          20
Je n'ai rien dit sur sa disparition, je laisse ma mère à son affaire. La fiction repose (...)
Nous nous embrassons, ils m'assurent être contents de m'avoir revu. Que leur dire, sinon que je suis satisfait de cette brassée d'images et de voix. Je m'en vais vite par peur d'être obligé de trop parler, d'avouer la simple et dure nouvelle : il ne viendra plus vous voir pour boire un pastis sous la tonnelle fraîche en parlant de tout et de rien.
J'avance et les souvenirs pèsent sur mon porte-bagages . J'ai redouté ses colères qui étaient rares et je l'ai aimé lorsqu'il nous faisait rire. (p. 134)
Commenter  J’apprécie          10
Mais le temps passe, les lieux s'habitent, prennent leur place, articulent les espaces et se nomment: mille ans pour une pierre. (...) j'ai du mal à prendre des notes, jamais depuis le début de ces rencontres notre père n'a été aussi présent dans le quotidien des gestes. (p. 101)
Commenter  J’apprécie          70
Une question de destinée, nous dit Delphine.
- Tout aurait pu être différent. Car nous étions heureux. C'est cette guerre, cette rupture de notre vie, c'est ça qui nous a profondément marqués. (p. 100)
Commenter  J’apprécie          20
Nous reprenons à notre compte cette idée d'arbre généalogique à fabriquer; arbre de pendus, de cocus, tout décoré de souvenirs fondants avec ses étoiles pâlies dans les ruptures , les amours, les mensonges et l'oubli.(p. 97)
Commenter  J’apprécie          110
L'on a beau dire et beau faire, le geste suit le geste et nous allons vers les rendez-vous que nous nous sommes fixés depuis toujours. (p. 94)
Commenter  J’apprécie          130
Il fait beau. Que mon père soit mort ne change rien au réel. Je sais qu'il me faudra de la patience pour arriver à m'inclure totalement en cette quête comme une chaîne interminable entre réalité et inconnu. Le ciel est bleu infiniment et la disparition d'un homme n'a pas fait souvent s'obscurcir le firmament. (p. 89)
Commenter  J’apprécie          10
Je ne sais pas ce qu'est devenue la criarde marchande des quatre-saisons érotiques. Morte probablement, et ses livres, dont certains étaient rares et précieux, auront été dispersés ou brûlés par des mains ignorantes et cruelles. (p. 33)
Commenter  J’apprécie          60
Comment cette femme [mère du narrateur ] couturée de misère a-t-elle ainsi pendant quarante ans jongler avec des histoires de cul et l'histoire sainte, entre le vide et l'absolu (...) (p. 84)
Commenter  J’apprécie          10
- Voilà, ici, c'était la chambre de ton père.
Je découvre un endroit spacieux, clair. Les murs passés à la chaux doivent par plein matin recueillir le levant. (...)
Je ne sais pas ce qu'il savait et quoi habitait ses rêves, mais je le vois sur son lit, écoutant les bruits d'un lent crépuscule et s'y inventant son chant grégorien, affûtant un dernier outil pour demain reprendre le travail. (p. 50)
Commenter  J’apprécie          60
Bien longtemps plus tard, j'ai su que Robida était un prodigieux dessinateur, mais à cet âge il était presque mon deuxième ou troisième père. Car je m'inventais aussi toute une série de patriarches pour faire bonne mesure. (p. 22)
Commenter  J’apprécie          10
Je l'imagine, peuplant des centaines d'heures creuses par des joutes cruciverbistes, allongeant des définitions de plus en plus longues, acquérant lettre après lettre la certitude de l'inconsistance des choses, des êtres, des événements.
Je l'admirais autrefois; ouvrier imprimeur dans une grande entreprise, il représentait pour moi l'image du savant maîtrisant les signes. (p. 56)
Commenter  J’apprécie          10
Alors Monsieur de Vecchi ?
On y va !
Je ne m'appelle pas vraiment De Vecchi, ni Corti d'ailleurs, mais c'est une habitude qu'ont les libraires de nommer les représentants fantômes dans mon genre par le nom de leur catalogue. Ainsi nous disparaissons mieux derrière nos couvertures, avancer masqué en quelque sorte.

Evidemment, personne n'appelle le représentant Gallimard, Monsieur Gallimard, ou Monsieur Galloche, ni Monsieur N.R.F. ou Monsieur Seuil. ça ne se fait pas dans la littérature blanche, cette poudre aux yeux. Mais moi, j'ai tellement changé de gueule, de secteur, que je suis devenu Monsieur De Vecchi, le type qui propose des livres sur les chiens. Un destin, oui, j'avais rêvé un temps d'être goûteur chez Fido, mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut.
Commenter  J’apprécie          82
(...) ce drap de lit pour écrivain fantôme, revenu de tout, parti de nulle part, en guerre contre lui-même, avec au coeur ce seul désir de réconciliation. Comment ne pas songer à Malcolm Lowry et à Selby de Brooklyn : "être un artiste n'exige pas grand-chose, juste tout ce que vous avez. Ce qui signifie, bien sûr, que si le processus vous donne la vie, il vous rapproche aussi de la mort. Mais cela n'a pas d'importance. La vie et la mort forment un tout et on ne peut ni les éviter, ni les nier. " (p. 63)
Commenter  J’apprécie          40
-Ma Montagne inachevée- avance. J'ai entièrement réécrit la première partie. J'ai écrémé, serré mon histoire au plus près (...) j'ai raboté les dialogues et les longues digressions, pour laisser mes personnages vivre d'une vie plus autonome, non plus figés dans des attitudes théâtrales. Ils agissent plus et pensent moins, donc vivent mieux au sein du roman. (p. 87)
Commenter  J’apprécie          10
Cela prendra encore quelques décades, mais je fais partie des derniers écrivains à cahier de brouillon. (...)
Pourtant mon désir d'écrire ne s'est pas modifié, l'écriture m'est indispensable, sans ça, je ne serai rien d'autre qu'une coquille d'oeuf vide.
(p. 111)
Commenter  J’apprécie          12



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christian Estèbe (81)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz découverte de Christian Estèbe

Christian Estèbe se définit comme un "épicier littéraire", sa page Babelio vaut le détour, un auteur qui n'hésite pas à affirmer ...?... Indice : canoë

Toutes les barques s'appellent Emma
Toutes les baristes s'appelent Emma

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Christian EstèbeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}