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Citations de Christian Estèbe (182)


Ce n'est que l'écriture qui me sauvera, comme toujours. C'est l'Art qui a fait de moi ce peu que je suis. Rien d'autre.
Je ne suis pas un intermittent du spectacle. Je pioche dans ma vie de façon continue. Mais tout le monde fait de même je suppose, attelé à sa vie, tentant de faire au mieux en évitant les horions. (p. 57)
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Mais on écoute peu ses parents. On se croit plus fort que la vie, plus fort que la mort. (p. 65)
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Certains auteurs donnent une pièce du puzzle de la grande œuvre, les génies livrent d’un seul coup d’un seul, le puzzle tout entier. Ils inventent un monde avec son langage, qui viendra enrichir le langage universel. Voilà ce que je voudrais expliquer aux élèves. Ce matin j’avance par petites touches et les enfants accrochent bien à mes explications. (p. 21)
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Il nous explique que le vrai responsable de la bibliothèque, c’est lui, que c’est à lui que nous devons obéir-obéir ? Bigre, déjà ?- , nous devons écouter ses directives et ses conseils : « Vous comprenez, avec les élèves c’est une question de distance, ni trop près ni trop loin. » Vais-je lui citer Lie-Tseu : « Rien de ce que l’on peut enseigner ne vaut la peine d’être appris. » Je me contente de boire mon café. « Si tu n’as rien à dire de plus beau que le silence, tais-toi. (p. 17)
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Avec eux, je n’ai pas peur des mots crus ou cuits, et au lieu de les faire taire, je les laisse dire. Bien sûr ils en profitent, sans cesse, en étude. Je commente avec eux ces mots, nous ouvrons le dictionnaire. Nous cherchons, nous trouvons, et je vois leurs petites mines étonnées de découvrir que ces mots interdits figurent à leur place dans le gros Larousse, le petit Robert. C’est la façon dont nous les employons qui change tout, c’est la façon dont nous vivons la langue qui modifie la réalité, les mots sont inertes avant d’être inouïs. (p. 57)
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Dans le train, lectures, Bobin, Juliet, Guérin, Michaux, Pirotte, le chemin est long pour qu’un auteur rencontre son public, et combien de malentendus en route.
Que serais-je devenu si l’écriture ne m’avait pas pris par la main ? Ma vie est justifiée. (p. 52)
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La salle des professeurs est allumée, j’entre, elle est déserte. Odeur des livres, je regarde ces titres qui eurent un temps du succès, ces noms oubliés sur une étagère. Je devrais pourtant savoir qu’une poignée de pages imprimées ne sauvent pas de l’oubli, même si un livre peut provoquer, au-delà des années, des siècles, le miracle d’une rencontre . (p. 41)
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Allons, il faut poursuivre. Ce livre sera son seul tombeau. Même si mon cahier d'écolier à gros carreaux rechigne à la besogne. (p. 29)
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Elle allait parfois s'acheter une plante verte , ou un oiseau. Le plus souvent, une perruche. ça l'avait prise comme une habitude, pendant plusieurs années, peut-être pour calmer son angoisse de vivre et de se battre toujours, contre l'envahissante pauvreté. (p. 42)
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Il y a ceux qui ont presque oublié leur lecture, d'autres haussent les épaules, fatalistes: l'an prochain, ils seront au lycée professionnel. Lire ? Un truc qui ne les concerne pas, la vie n'est pas faite pour rester assis sur une chaise. S'ils connaissaient le nombre d'aventuriers qui, un jour, ont posé leur sac pour prendre la plume, s'ils savaient jusqu'où on peut aller avec quelques bonnes pages imprimées...(p. 39)
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(...) mais un enfant est une cire chaude, ce qui s'imprime en lui y reste pour toujours.
Depuis, je n'ai appris que ce que je voulais apprendre, j'ai rusé avec le système des bons points, avec leurs mensonges, rangé définitivement du côté des Calaferte et des Henri Calet, j'ai trouvé seul les livres dont j'avais besoin pour vivre, je les ai lus seul et seul j'ai compris les trésors qu'ils recelaient. (p. 79)
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Lectures de René-Guy Cadou.-Mon enfance est à tout le monde-, Joë Bousquet, chaque phrase de cet écrivain force l'admiration, la vie de Bernard Dimey par Yvette Cathiard qui fut sa compagne, Marc Bernard, Paul Celan, Francis Giauque, Thierry Metz. Pourquoi l'extrême talent est-il si souvent associé à l'extrême douleur, à la pauvreté, alors que la médiocrité satisfaite se pavane dans un luxe tapageur ? (p; 83)
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Je garde la bibliothèque. Silence dans le collège , silence rare et précieux. Lectures : -La Vie des fourmis- de Maurice Maeterlinck, admirable leçon de philosophie, sur un ton érudit et badin. Antoine Blondin, Les Enfants du bon Dieu, où il parle de sa classe d'histoire en un style qui résume et révèle sa grande sensibilité : " Chaque rentrée des classes ressemble d'abord à un rendez-vous. On croit qu'on a des choses à se dire. On voudrait des mots nouveaux pour ces visages neufs, c'est presque une ambition d'amour." (p. 30)
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Il me semble que les livres me sourient. Je me souviens de ce que m'a dit mon ami, l'écrivain Patrick Cloux: " Les livres aussi aiment bouger. " (p. 27)
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Pourquoi les fils des hommes s'ingénient-ils à dresser leurs enfants par le malheur en leur affirmant que c'est pour leur bien ? (p. 16)
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J'ai douze ans. Monsieur Daniel notre instituteur, est un géant débonnaire aux colères terribles. C'est le seul à ne pas porter de blouse, il nous explique que le savoir c'est la liberté de choisir sa vie, de ne pas rester esclave de son destin.Est-ce partir de cette élection que j'ai voulu consacrer ma vie aux livres, ou bien tout était-il déjà joué ? Je lisais déjà depuis longtemps et j'aimais les romans pour ce qu'ils me racontaient, pour cette part de rêve qu'ils me donnaient et que personne d'autre ne m'a jamais octroyée. (p. 14)
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(...) ça faisait bien longtemps que je marchais, le soir venait, mon sac me sciait l'épaule et la fatigue me dégoulinait sur la gueule. Je pensais à Pirotte, à sa cavale, à Henri Michaux et à Georges Perros qui disait "Ecrire est l'acte le moins pessimiste qui soit".... (p. 38)
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Je savais que seuls les très grands inventent un style, une langue et que la grandeur d'une oeuvre ne se mesure pas aux nombres de pages publiées. Je n'en étais pas là, je tâchais d'accoucher de mon monde et cela peut-être, me prendrait une vie.
Je suis allé m'asseoir sur un banc, avec dans mon sac, mon manuscrit, mon enfant d'Idumée. Il fallait en faire un homme de ce nourrisson, mais c'est de moi d'abord qu'il fallait faire un homme. (. 46)
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Qu'ils soient courageux, médiocres ou insouciants, les livres veulent nous parler des secrets du monde, noir sur blanc. Mais aucun ne nous délivre le mystère (...) (p. 63)
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Août : ANPE, qui ne connaît pas ces quatre lettres et ce qu'elles signifient, pour ceux qui les rencontrent, de démarches difficiles, d'attentes épuisantes, d'espoirs déçus. Inscrit depuis des mois comme demandeur d'emploi, je marche en rond dans la ville de M. Ingres.

Brume du matin, légère et lumineuse, je suis encore vivace pour le bel aujourd'hui. J'ai trouvé, retrouvé, que j'étais aussi de cette terre où Zadkine a vécu et sculpté ses christs en bois d'orme. Celui que j'ai devant moi, dans l'église de Caylus, mesure deux mètres de haut. Du coeur du bois, il s'envole littéralement de sa croix, encore accroché par une main à un clou, tout est dans la fibre dans laquelle a été taillée au ciseau l'active résurrection, la grande résurgence, la matière s'est intégrée au vertigineux miracle du fils de l'homme.
Je reste étonné de cette témérité qui a fait sculpter à Zadkine un Christ nu, pourvu d'un sexe. L'homme bondissant vers le ciel, en train de devenir Dieu, est-ce là une insupportable théologie ? Je n'y vois pour ma part, aucun blasphème.

Silence et humidité. Je m'enferme dans l'arrière-boutique du magasin de musique que gère Elisabeth, ma compagne. Une ampoule nue, une table en fer, une chaise, la musique et l'écriture. Je me sens friable comme un bout de craie.

Chômeur de longue durée, j'ai accès à un emploi de contrat-solidarité, un CES. Je trouve un poste d'aide-bibliothécaire au collège de Caussade, un village à quelques kilomètres de Montauban. Je dois y aller en train ou en bus, puisque je ne possède pas encore mon permis de conduire. Rendez-vous avec le Principal. C'est un petit homme barbu, aimable, qui bafouille un peu. Il scrute mon CV, puis me regarde :
- Qu'est-ce que vous faites dans la région, il n'y a plus de travail pour vous à Paris ?
Je n'ai pas envie de lui raconter les détours de ma vie et mes frasques de minable. Je pourrais lui proposer de relire Lord Jim, mais je préfère me taire.
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