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Citations de Christian Gailly (152)


C'est tout de même bête d'avoir passé toute une vie avec une femme et de s'apercevoir seulement maintenant qu'on est fait pour marcher au bras d'une autre.L'a-t-il pensé? Senti?Bien sûr que oui.Mais ça n'était que cette vieille envie de vivre.Non pas de recommencer.Juste continuer.
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Qu'est-ce qui t'est arrivé? dit Fernand.Je me suis coupé, dit Lorettu, s'attendant à ce que Fernand lui demande en quoi faisant. Ça n'a pas loupé.En quoi faisant? dit Fernand, s'attendant à ce que Lorettu lui réponde en me rasant. Ça n'a pas loupé.En me rasant, dit Lorettu."
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Vous n'auriez pas un marteau? me dit-elle. Elle avait chaud, les cheveux dans les yeux. Ses beaux gants blancs étaient plein de cambouis, ça lui donnait un air courageux, j'ai pensé ça, je ne sais pas pourquoi. elle n'avait pas hésité à les salir. C'est courageux.
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Il est arrivé ivre mort, Il avait une casquette à carreaux, des Ray-Ban. Il ne tenait pas sur son tabouret. Il lâchait le clavier pour se tenir au piano. Incapable de jouer. Vu de dos, le piano tanguait. Je fixais son dos, je voulais le fixer, l’empêcher de tomber, et, à force de fixer son dos, je voyais le piano tanguer. Pour en arriver là, pour arriver dans cet état-là, fallait quand même qu’il en ait bavé. Je disais incapable de jouer, il jouait quand même les thèmes, mais parce que c’était les siens, il n’avait pas besoin de se les rappeler, ça sortait tout seul, malgré lui, hors de lui, des versions inouïes, des versions ivres. Charlie Rouse a fait tout le boulot. Un bon ténor, Charlie Rouse.
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On ne peut même plus se faire engueuler par sa mère parce qu'on joue avec la porte du compartiment, il n'y a plus de compartiment. On ne peut plus lier connaissance, offrir une cigarette, une orange sortie d'un panier, ça me rappelle Maupassant, demander si la fumée dérange ou supporter la conversation des gens qui partagent le compartiment, il n'y a plus de compartiment .tout semble mêlé alors que tout est désolé. On nous rapproche comme on nous sépare, très vite, en sécurité.
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Je la croyais anglaise, ou américaine, avec un nom pareil. Elle était danoise. Je la croyais juive, sépharade, ou ashkénaze, ou les deux à la fois, si c'est possible, par alliance, je ne sais pas, je n'y connais rien . Elle était protestante. Je la croyais mariée à un conservateur quelconque, d'un musée quelconque. Elle avait épousé un marin. Le capitaine de corvette Pierre-Yves de Kerguelen je la croyais heureuse en ménage. Elle était veuve. Je l'ai cru mort dans une bataille navale. Il se fit bêtement tué par un chalutier fraudeur qui refusait d'obtempérer. Pas vraiment blonde, châtain clair. Pas du tout charpentée, au contraire. Une petite bonne femme toute menue avec des lunettes de soleil et un chapeau de paille, un canotier, enfoncé jusqu'aux oreilles. En plein hiver. Elle OTA ses lunettes. Je m'attendis à rencontrer deux yeux petits et noir . ils étaient petits mais clairs
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Tout ça avait un certain goût de liberté. Tout ça c'est à dire être ailleurs. Dans une autre odeur. A une autre heure. Dans un lieu nouveau qui occupe les yeux. Les fenêtres n'ont pas le même ciel.
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Tout se passa comme s'il n'avait jamais pris garde au sens de ce titre. Il se promenait, swinguait amoureusement dans les volutes mineures dudit morceau, puis, à un moment donné, levant les yeux sur le pupitre, il déchiffra les mots, les traduisit, en gros, par : Ne me laisse jamais partir.
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"Ma musique provoque, évoque surtout des sentiments, mais ce ne sont que des ombres, les âmes perdues dans les limbes de la mémoire [...]."
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La vraie tristesse, c'est quant on n'a plus rien à ajouter, quand on a épuisé toutes ses ressources de langages, pour faire entendre quelque chose à quelqu'un qui n'entend rien.
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L'émotion, pas la peur. Un peu la peur quand même. C'est toujours comme ça quand on entre dans un lieu familier à une heure interdite. Tout est là mais sans nous. Pas grand chose à dire, c'est juste un instant tragique.
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Oui, moi, dit Braine, je ne trouve jamais de place, je n'en ai peut-être pas, aucune, nulle part, je dis peut-être mais la chose est sûre, ça se sent, ces choses-là, ça se sait, on le sait en naissant.
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Avec du pain pourtant. Des radis roses.
La nuit était tombée. Le noir dehors.
D'où cette impression de BONHEUR enfermé.
D'une protection à double tour.
Rester ici pour toujours....
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On ne retient pas le présent en excluant le présent et la photo c'est ça, ça retranche, ça fait des trous dans le monde, des trous de mort, alors que la peinture ajoute au monde son éternité, morceau par morceau.
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Debbie n'était pas à six minutes près. Elle le lui dit. Simon si. C'est important, dit-il, six minutes, on manque son train pour moins que ça, si je vous écoutais je le raterais.

Et puis après ? dit Debbie. Après, après, dit Simon. Ce serait si grave que ça ? dit Debbie. Grave, grave, non, dit Simon, mais. Mais, mais, dit Debbie. Oui, oui, dit Simon. Eh oui, dit Debbie. Bah oui, dit Simon. Eh oui, refit Debbie. Bah oui, refit Simon. Et chacun refit ça un certain nombre de fois, Debbie son ehoui, Simon son bahoui.

Et cet “ ehoui-bahoui ” se révélant swin­guant ils improvisèrent un petit blues. Debbie claquait des doigts pour scander son “ ehoui ”. Simon lui répondait par son “ bahoui ”. Simon me disait qu'ils avaient improvisé comme ça pendant au moins 96 mesures en si bémol. Puis tous deux à bout de souffle ils ont éclaté de rire.
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Il y a des choses comme ça, qui ne cessent pas de se raconter, le soleil par exemple, la couleur des vêtements, les gens assis autour de nous, le goût de ce que l'on boit, tout étant vu, goûté, entendu comme pour la première fois, un temps que pour une fois on aimerait ne pas perdre, un temps qui se met à passer au moment même où on aimerait qu'il ne passe pas. Même pas. Il ne passait pas. Ça n'est qu'après, quand elle est partie après m'avoir dit : Je ne m'ennuie pas mais j'ai à faire, que j'ai pensé que ça s'était passé, et aujourd'hui je pense qu'il n'existe qu'un temps, le temps littéraire.
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En passant devant l'église, il regarde la tête navrée des deux saints peints à même le mur de la façade, le mur frontal, le fronton, non, frontispice ?, peu importe, revenons aux saints, s'il te plaît. Si c'est ou si ce sont des saints. Si si mais si ce sont des saints sinon, on ne voit pas pourquoi, il ne voit pas pourquoi on les aurait comme ça fresqués de chaque côté de la porte, le portail. Quoi qu'il en soit, l'air navré des deux saints le fait marrer, ricaner, intérieurement, il se voit lui-même avec la barbe, les cheveux longs, l'air navré.
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Il est seul, debout. Le seul qui soit encore debout. ça le change un peu. D'habitude on le range plus volontiers dans la catégorie des types à genoux.
Il est encore un peu essoufflé, un peu intimidé. Il ne regarde personne. Il sent encore sur lui comme des regards qui traînent.
Il est le type qui est monté au dernier moment. Le type qui a gêné la fermeture des portes. Malgré le signal sonore. C'est interdit. Et dangereux. Parce que c'est interdit. Parce que c'est dangereux.
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Dingo s'était planqué à la vue du panier. Au bruit même que faisait le panier d'osier. Il détestait les voyages en panier. L'osier signifiait vacances ou vétérinaire. Alors non. Je me planque.
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Simon se leva. L'ingénieur aussi. L'ingénieur le précéda. Dépêchons-nous, dit-il. Parvenu à la sortie il ouvrit la première porte et se retourna. SImon n'était plus là. Il le chercha. Le vit là-bas. Il montait sur l'estrade. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Se demanda l'ingénieur. Simon s'asseyait devant le piano. Il est soûl ou quoi ? il a vu l'heure ?
Il revint sur ses pas, l'ingénieur, chemina entre les tables, s'approche de l'estrade, intimidé, on pouvait le prendre pour un bassistes ou un batteur. Avec son ongle il toquait le verre de sa montre qu'il montrait à Simon ; Vous allez manquer le train, dit-il.
Simon tremblant le regarda de haut et répondit : Je prendrai le suivant. Il n'y a pas de suivant, dit l'ingénieur. Si, monsieur, dit Simon, il y a toujours un suivant, la preuve. Quelle preuve ? Dit l'ingénieur. Rentrez chez vous,dit Simon, merci pour tout. IL avança ses mains. Les suspendit au-dessus du clavier.
(...)
Presque arrivé en haut, dans son dos il entendit le piano. Des notes claires le tiraient par sa veste. Il redescendit pour vérifier. C'était bien Simon qui jouait, commençait, essayait de commencer, tâtonnait.
Pour l'ingénieur ce fût : désir de remercier déçu. Simon s'offrait ce que lui, l'ingénieur, n'avait pas pu lui offrir.
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