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Critiques de Claude Pujade-Renaud (237)
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Dans l'ombre de la lumière

Claude Pujade-Renaud sait peindre un contexte et décrire à la perfection une événement historique, ici la vie de Saint Augustin à travers le regard de sa concubine rejettée, la mère de son fils Adeodatus, qui n'était ni chrétienne, ni riche, ni de grande naissance, ce qui faisait tout de même beaucoup pour la très sainte et (hélas) parfaite mère d'Augustin Monnica...

Madame Pujade-Renaud ne se contente pas de nous présenter la vie de ce grand homme, elle analyse et dissèque les circonstances de sa vie, ce qui rend la démonstration biographique beaucoup plus interessante.

Toutefois j'ai été gênée par un style sec, efficace, voire un peu agressif et par le fait que le "je" d'Elissa exprime beaucoup plus finalement les idées de la biographe que celle d'un personnage assez peu représenté dans les textes de cette époque (c'est tout à l'honneur de l'auteur, du reste, d'avoir réhabilité cette pauvre femme). Il en découle cependant que si le contexte historique -conflits de pouvoirs à travers querelles religieuses- est bien décrit, si les idées de saint Augustin sont bien résumées et mises en valeur, le climat, vu à travers notre regard du XXIème siècle, ne prend pas.

Cela dit c'est une lecture intéressante, mais à compléter en lisant "Les Confessions" de Saint Augustin, qui sont d'une profondeur spirituelle qui n'est qu'à peine effleurée ici...
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Dans l'ombre de la lumière

J'ai vite laissé tomber la question que je me posais sur la véracité des faits relatés, je me suis laissé entraîner dans la vie de Saint Augustin comme dans un roman, une épopée....
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Dans l'ombre de la lumière

Elissa vit à Carthage «la métissée, la bigarrée» dans un quartier à la limite de Megara chez sa soeur Faonia et son beau-frère Marcellus potier. Ils l’ont accueillie quand elle est revenue seule de son séjour en Italie, désemparée après avoir été répudiée par Augustinus et séparée de leur enfant Adeodatus («donné à Dieu»). Elle-même participe à l’élaboration de menus objets fabriqués à l’atelier et fait des livraisons. Elle se sent accordée à la terre, à la vie «Je pose une petite boule sur le plateau, je prends le temps de la caresser, nous nous apprivoisons, et hop en route ! Le bonheur de sentir pieds et mains se coordonner sans effort, la terre me guide, je l’écoute, nous nous aimons, juste la bonne teneur en humidité, l’argile se creuse et s’érige, le plaisir vient, la forme également...» p165.

Elissa a su restée vivante, ardente et fidèle à la passion qui l’a unie au désormais évêque d’Hippone, fidèle aussi à la foi de Mani qu’ils ont partagé tous les deux et qu’il a trahi comme il a trahi leur amour, pour renouer avec le christianisme. Elle sait reconnaître son talent, la séduction, l’attraction de son verbe mais constate aussi que cette grâce qui l’a saisi, l’a conduit à se raidir dans un dogme et a aussi satisfait son ambition. Elle reste par-dessus tout, à travers souffrances, regrets et révolte qui jaillit parfois contre le traitement qu’elle a subi, fidèle à la vie.



Claude Pujade-Renaud excelle dans l’évocation sensuelle de cette liaison et dans celle de la beauté solaire de la méditerranée. Un très beau roman qui fait vivre toute une époque de profond bouleversement sur les coups de boutoir des barbares qui auront raison de l’empire de Rome. Belle subtilité aussi que celle qui établit le lien entre Augustin et Port-royal p 26 «L’évêque d’Hippo Regius... Encore un nom métissé de punique et de latin. Hippo, le port. Port Royal. Mon homme, évêque de Port Royal.»

J’ajouterais qu’Augustin a rejoint l'église catholique et estime avoir rompu avec son passé soutenu par la grâce divine et que cette même grâce a soutenu les religieuses de Port-Royal dans leur résistance au pouvoir masculin représenté par le Roi et la hiérarchie catholique. Dans l’ombre de la lumière et Le désert de la Grâce, deux belles évocations qui se répondent.

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Instants incertitudes

Thèmes essentiels

temps, rêve, amour, mort



Rythme, musicalité

vers brefs, presque anodins

densité tendre



Sonorités subtiles

Lumières diffuses

Mémoire du songe



Sensations, impulsions

émotions plus que réalité





Elle est belle, tissée de mots simples, la poésie de Claude Pujade-Renaud, égrainant le temps qui passe, les égratignures

« Au creux de la gorge

la soie crissante

de l’angoisse »



Elle invite tout simplement à l’ailleurs, si proche et pourtant insaisissable

« Je prends congé

quelques instants

juste le temps

de me rejoindre

dans un rêve »

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L'érotisme vu par douze femmes - Eté 1988

J'étais abonnée à Nouvelles Nouvelles et j'ai eu quelques échanges passionnants avec Claude Pujade-Renaud dans le cadre de mes cours de Lettres et de l'écriture de nouvelles. J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour cet auteur qui a été aussi prof de danse.
Lien : https://marie.raso12@gmail.com
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La Championne d'Olympie

Claude Pujade-Renaud a écrit de merveilleux romans historiques destinés aux enfants, tous basés sur une documentation précise et des explications claires à portée des enfants.

Elle a fait de la compétition sportive pendant sa jeunesse et cela lui a inspiré l'idée de ce livre qui nous conte l'histoire de Myrto, 12 ans, jeune Grecque exceptionnellement douée pour le sport, qui va remporter une victoire lors de jeux réservés aux femmes.

Myrto a bien du mérite car, à cette époque, au VIIème siècle avant JC, seuls les hommes ont le droit de concourir.

Elle va donc se faire passer pour un garçon avec la complicité de sa nourrice et l'aide de la grande prêtresse Héra.

Une plongée au coeur de la Grèce antique.. Les illustrations sont très agréables et les explications sur les sports pratiqués à l'époque sont très intéressantes.

Un excellent roman historique pour les enfants à partir de 9 ans....
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La chatière

Tout d’abord, il me semble important de préciser que je n’ai jamais lu d’autres livres de Claude Pujade-Renaud avant ce recueil de nouvelles. Mon avis est donc basé uniquement sur ces nouvelles.



Sur les onze nouvelles présentes dans ce recueil, je n’ai lu que les six premières avant de décider d’abandonner/mettre en pause pour un temps indéterminé ce livre. Certaines nouvelles me semblent juste totalement inutiles et sans aucune profondeur ou intérêt (par exemple « le déserteur » ou « l’ancrage » ), d’autres sont plus profondes et intéressantes (« Morienval » ou « sidération ») mais globalement même si toutes me donnent une sensation de justesse humaine, aucune ne me marque ou me percute.



Je n’éprouve aucun plaisir à les lire, peu voir aucune curiosité à les poursuivre, si bien que j’abandonne la lecture au milieu du recueil. Peut-être qu’un jour, je le terminerai, peut-être pas. Je verrais avec le temps si finalement ces nouvelles nous perdant dans l’esprit humain embrumé vont m’avoir laissé une trace ou non.



Arrivée globalement au milieu du recueil, je ne sais pas vraiment que penser de ce que je viens de lire. Certaines nouvelles m’ont semblé mieux conçu que d’autres, mais elles sont toutes très alambiquée.



Toutes sont une juste représentation des mélanges d’idées qui peuvent se bousculer dans notre esprit quand ce dernier vagabonde. Si bien que toutes ces nouvelles sonnent incroyablement justes et terriblement humaines, mais pourtant je ne suis pas certaine que cela rende bien par écrit. J’ai eu la sensation parfois d’être totalement perdue, de ne pas comprendre réellement ce qu’il se passe ou de quoi l’on parle, même si à la fin, on retrouve toujours le fil, comme lorsqu’on s’évade dans nos souvenirs ou pensées, et qu’on finit par reprendre le fil.



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La danse océane

Une très belle lecture d'un monde que je ne connais pas mais dans lequel je suis rentrée facilement: l'écriture est simple même si certaines lettres sont d'un niveau de réflexion élevé! Ce roman permet de retracer l'évolution de la danse moderne aux Etats-Unis dans l'entre-deux-guerres, sur la côte pacifique d'abord. On y découvre aussi les difficultés de vivre de cet art, la passion qui anime Doris notamment, les déchirements affectifs, le bouillonnement créatif....Les personnages ne sont pas fictionnels, ce qui ajoute de l'épaisseur au travail d'écriture de l'auteur!
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La danse océane

La danse océane est une biographie romancée de Doris Humphrey et des danseurs qui gravitaient autour d'elle. Alors que Doris débute sa carrière de danseuse, ce sont les débuts du cinéma muet, miroir aux alouettes pour beaucoup ; Louise Brooks abandonne la danse, elle espère devenir une vedette de ce nouvel art.

Claude Pujade-Renaud s'est très bien documentée sur les chorégraphies et les différents postes d'enseignante et de conférencière de Doris Humphrey qui s'achèveront à la Julian School of Dance.

Doris est à l'origine de la chorégraphie, elle a abandonné la danse classique pour une danse plus moderne, elle crée un nouveau style de danse, les ballets classiques sont remplacés par les chorégraphies qu'elle met en scène, chaque chorégraphie suit un thème que Doris et sa troupe interprètent avec talent. Décédée le 29 décembre 1958 à l'âge de 73 ans c'est à titre posthume, en 1989, que lui sera décerné l'American Dance Festival Award pour l'ensemble de son oeuvre.

Claude Pujade-Renaud raconte magnifiquement ce monde particulier composé d'artistes passionnés. Cette lecture, malgré une ou deux longueurs, fut un pur bonheur pour moi qui, enfant ayant suivi les cours de danse classique, rêvais d'être danseuse. À lire par tous les amoureux de la danse !
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La danse océane

Un livre bouleversant, de bout en bout, magnifique de sensualité. On peut imaginer le rapport qu'entretiennent les danseurs avec leur corps, et ce livre nous le raconte . L'héroïne est bouillonnante de vie ,je me suis completement identifiée à elle . Un bonheur de lecture !
Lien : http://florence.berceot@neuf..
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La danse océane

Au début, en tant que danseuse, j'avais quelques réserves face aux tentatives de mettre des mots sur les mouvements mais c'est en fait très bien fait. L'écriture est fluide et on accroche vite à ces personnages/personnes hors du commun. J'ai découvert à la fois la vie incroyable de Doris Humphrey et de son entourage mais aussi son oeuvre, grâce à ce roman. Passionnée de danse, je me rends compte à quel point je ne connais rien à son histoire. Cela dit, j'ai fait 10 ans de danse classique et je n'ai découvert la danse moderne et son histoire que très récemment (comme à travers le film "La danseuse" notamment sur Loïe Fuller, cela m'y a fait penser car comme le film, ce livre met l'accent sur les sacrifices impliqués par la création). Or, cette histoire est passionnante ! Grâce à Claude Pujade-Renaud, je découvre l'oeuvre géniale de Doris Humphrey (sur YouTube, il y a quelques vidéos de ses chorégraphies et elles étaient vraiment bien décrites par l'auteure). Un livre prenant, à découvrir par tous les amateurs de danse et les curieux !
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La danse océane

Deuxième roman de l’auteure, publié en 1988, c’est la biographie romancée de Doris Humphrey, danseuse et chorégraphe américaine. Née en 1895, elle a été une des pionnières d’une nouvelle danse, s’écartant du ballet classique, pour donner naissance à une nouvelle forme d’expression, avec par exemple Martha Graham, avec qui elle a fait son apprentissage à la Denishawn School.



Claude Pujade-Renaud retrace sa vie et sa carrière, les deux étant inséparables. Elle brosse également les portraits d’un certain nombre de personnages, qui ont participé avec Doris à l’aventure de la création de sa compagnie : Charles Weidman, José Limon, Pauline Lawrence etc. Différentes personnalités de l’époque, ayant beaucoup ou moins pratiqué la danse traversent le livre, comme Louise Brooks.



Le roman s’attache à la fois à présenter la vie, les événements personnels, les sentiments, et suivre le trajet artistique de Doris, décrire, rendre compte des créations, de sa conception de la danse. Cette deuxième perspective est à mon sens la mieux réussie : j’ai vraiment eu la sensation de « voir » les chorégraphies créées par Doris, et visionner celles qui sont encore accessibles actuellement a été au final une confirmation, elles étaient exactement comme je les imaginais à la simple lecture. L’auteure a vraiment réussi à capter le mouvement avec ses mots, dans un beau style, à la hauteur des créations de Doris.



En revanche, j’ai été moins convaincue par les parties consacrées à la vie de Doris. Sa relation avec sa mère, avec ses collègues-compagnon, avec son mari… il y a beaucoup de redites, des évidences, voire de clichés. Pourtant ce trio puis quatuor, dans lequel les relations personnelles se mêlent à la création, avec une force et une violence que l’on devine, avait de quoi donner lieu à des pages intenses, aussi intenses que celles consacrées aux danses. Mais l’auteur donne la sensation de rester quelque peu à l’extérieur, dans le factuel, ne pas arriver à habiter les personnages de l’intérieur. Sauf pendant certains moments, comme dans ces magnifiques lettres que le mari de Doris, Charles, lui écrit. Ou comme ces pages où son fils parle à la première personne, racontant la difficulté extrême d’avoir une mère si occupée par la création et si peu par les contingences de la vie quotidienne. La fin aussi est de toute beauté, au moment où son corps l’abandonne et la danse la quitte, Doris devient presque une personne véritable et sensible sous la plume de Claude Pujade-Renaud, et non pas cette créature impénétrable, uniquement programmée pour danser. L’auteure trouve à ce moment l’art de rendre vraiment son personnage dans sa complexité. C’est juste dommage que cela viennent si tard.



J’ai la sensation que l’auteure, dont c’est juste le deuxième roman, malgré un beau sujet, n’a pas su complètement doser les divers éléments, et donner tout à fait corps à la femme derrière la danseuse d’exception. C’est d’autant plus dommage, que l’on sent qu’elle n’était pas loin de réussir, il a manqué un je ne sais quoi, pour rendre ce roman vraiment abouti.
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La grève des enfants

Un peu vieillot parfois, une introduction un peu artificielle, un style qui laisse à désirer mais un texte court, facile et vivant, facilement exploitable sur le sujet du travail des enfants et le monde ouvrier au 19e siècle.
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La nuit la neige

1714, Jadraque, à la frontière entre les royaumes d'Espagne et de France: Marie-Anne de la Trémoille dite princesses des Ursins, en tant que camarera mayor de la reine d'Espagne récemment décédée, vient y accueillir Elisabeth Farnese, future épouse du roi Philippe V. Mais la rencontre tourne court: en pleine nuit, en pleine tempête de neige, la princesse de Ursins est congédiée sur le champ par la jeune italienne, sans délai et sans ménagement. A partir de cet évènement qui sonne sa disgrâce, l'auteure nous conte le destin de cette femme, par les voix de tous les personnages l'ayant croisée, religieux, politiques et courtisans de tous bords, qui ont eu un rôle dans les intrigues des cours royales européennes de cette première moitié du 18ème siècle.

C'est un roman de qualité, particulièrement documenté, très bien écrit et très instructif...Mais j'avoue m'être parfois ennuyée. Pour l'apprécier pleinement il m'aurait fallu combler mes lacunes en histoire (au lieu de glousser avec ma copine Valérie, pendant mes cours d'histoire au lycée) ou me munir pendant la lecture de l'arbre généalogique des dynasties des Habsbourg, des Bourbons, des Farnese...etc. Ne lisant que dans le métro, c'est techniquement impossible.

Cela dit, les descriptions de la vie quotidienne et intime de ces femmes, reines, infantes et leurs suites sont très intéressantes. La manière dont on traitait et mariait ces fillettes, s'en servant de monnaie d'échange et niant complètement leur humanité, est sidérante de barbarie et de violence.

En résumé: instructif, intéressant mais un peu long pour moi.

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La nuit la neige

Un livre pas évident au départ, puisqu'à chaque chapitre correspond un narrateur différent, donnant son opinion sur la fameuse nuit de Jadraque, puis, en avançant, on retrouve les voix essentielles et les éléments du puzzle se mettent en place. Un bon moyen de croiser la grande histoire, et les monuments d'Espagne (de Castille) et ses sombres coulisses, matrimoniales, filiales...
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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La nuit la neige

Deux femmes qui ne se sont jamais vues se croisent en décembre 1714 dans le nord de l'Espagne. Anne - Marie des Ursins, septuagénaire, qui depuis des années est toute puissante à la cour d'Espagne et en particulier auprès de la reine décédée quelques mois auparavant, vient accueillir la nouvelle reine de 22 ans, Elisabeth Farnèse.

L'entrevue se passe mal et Anne Marie des Ursins est renvoyée directement en France dans le froid et la neige. De son exil, elle reviendra sur son passé et cherchera à rester au courant des nouvelles de la cour d'Espagne et des infants. La reine, elle, va découvrir son époux Philippe V et son destin d'épouse, mère et reine.



Tous les personnages ont existé, mais la plume de Claude Pujade -Renaud transforme une période de la grande Histoire en un roman passionnant. Les narrateurs alternent et permettent de découvrir les facettes des autres personnages, qui prennent vie devant nos yeux. On croise Saint Simon, ainsi que la fille, le gendre et la petite fille de Madame de Sévigné qui écrivit de la princesse des Ursins qu'elle était "folle" -à découvrir dans quelles circonstances.







"Le parfum du jasmin. Les oranges et citrons nourris de soleil , juteux, merveilleux tels les fruits des Hespérides. Et les grenades, elle en était encore éblouie ! Les grenades, insistait-elle, un écrin à l'apparence terne que l'on ouvre pour découvrir à l'intérieur des germes de rosée, de grenat, de rubis, tout en même temps transparentes et rutilantes."





"Après tout, de quoi l'Histoire est-elle tissée, pas à pas, cahin-caha, de petites histoires récrites par l'un ou l'autre, ravaudées et rapetassées, cousues ensemble, de fil banc parfois, suivant la passion ou la logique - ou les deux à la fois - de chaque conteur."





Encore une fois Claude Pujade -Renaud m' a enchantée par son style brillant et poétique, et épatée par l'étendue de sa documentation et de son érudition. Un grand bonheur de lecture.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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La nuit la neige

Publié en 1996, c’est le premier roman historique à proprement parlé de Claude Pujade-Renaud qui en publiera plusieurs autres par la suite. Le personnage au centre du livre est Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins. Nous la découvrons à Gênes en 1715, alors qu’elle a plus de soixante-dix ans. Petit à petit, par des retours en arrière, par des narrations distillées par différents personnages, mais aussi par la parole de Madame des Ursins elle-même, nous faisons connaissance avec l’ensemble de sa vie, nous croisons quelque personnages illustres, l’image de toute une époque nous est restituée. Le fait central, celui à laquelle les personnages, et surtout l’héroïne elle-même, font en permanence référence, est la rencontre de Mme des Ursins avec la nouvelle reine d’Espagne, Élisabeth Farnèse, en 1714, dans un village, Jadraque, entrevue pendant laquelle la nouvelle souveraine signifie à la princesse, qui remplissait jusque là, même sans en avoir le titre, les fonctions de conseiller du roi, pratiquement de premier ministre, la disgrâce. La vieille princesse devra quitter immédiatement et définitivement l’Espagne.



Après un passage par le France, elle s’installera en Italie où elle finira sa vie. Elle va se remémorer sa tumultueuse existence, mêlée au plus près aux événements politiques de son temps. Entre la cour de France et celle d’Espagne, la princesse devient la confidente de la première épouse de Philippe V, roi d’Espagne, mais petit-fils de Louis XIV. Marie-Louise-Gabrielle de Savoie, la toute jeune souveraine, va s’attacher à sa camarera mayor et à elles deux, elle vont au final gouverner le pays. Jusqu’à la mort de Marie-Louise-Gabrielle et l’arrivée de la nouvelle reine, qui chassera la princesse.



Claude Pujade-Renaud fait un portrait fascinant d’un personnage d’exception, à la forte personnalité, tout en élégance mais aussi en volonté. Femme de tête, cultivée, lucide, elle conduit sa vie d’une manière très libre, depuis son premier mariage, qu’elle choisit, en dépit des mœurs de l’époque. L’auteure nous dépeint d’autres personnages, surtout des femmes, comme Élisabeth Farnèse, qui la chassera d’Espagne, puis qui assumera les fonctions royales d’une main de fer. Nous croiserons Mme de Grignan et sa fille Pauline, qui donnerons lecture de quelques pages que la marquise de Sévigné, leur mère et grand-mère a consacré à la princesse. Tous les personnages, même ceux qui passent très rapidement, sont très bien caractérisés, pétris d’humanité, et à eux tous, dresse un tableau très vivant et juste de l’époque.



J’avoue que je ne connaissais pas vraiment ce personnage, je n’aurais même pas imaginé qu’une femme ait pu à cette époque avoir une telle importance politique. Ce fut donc une belle découverte, grâce à un livre habilement construit, qui garde son intérêt de bout en bout. Sans oublier l’écriture de Claude Pujade-Renaud, sobre mais élégante, qui donne à entendre la voix de ses personnages avec justesse.
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La nuit la neige

Abandonné au trois quarts de la lecture, ce roman s’avère décevant et finalement trop ennuyeux. Le récit avait pourtant bien commencé, le style travaillé tel l’ouvrage d’une dame consciencieuse du temps jadis.

« La nuit, la neige » voilà un beau titre, un joli thème alliant la neige et le lait. C’était aussi une bonne idée de donner dans chaque chapitre, la parole à un personnage différent afin qu’il /elle exprime son point de vue sur des événements. Les mariages successifs du roi d’Espagne Philippe V auraient pu passer pour un beau sujet de récit. Mais ce livre donne la nausée.

Quel dommage que personne ne soit sympathique et que tous se répètent ! Ces descriptions complaisantes : des maladies, des intrigues de la cour, des secrets d’alcôves, des jeunes filles abîmées, des vieilles femmes aigries, du pouvoir et des trahisons… ont de quoi lasser.

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La nuit la neige

Pujade-Renaud Claude, - "La nuit la neige" - Actes Sud, 1996 (ISBN 978-2-7427-4358-2) collection Babel



Un roman imposant de 506 pages denses. L'intrigue est fort bien construite, l'écriture est fort habile, rien à redire.

Ce qui est beaucoup plus intéressant, c'est la vision même du monde féminin que cet écrivain expose (probablement en partie à son insu) à travers sa réécriture de l’histoire sous un angle bien déterminé.



En effet, dans ce roman composé de témoignages féminins successifs (à une seule exception masculine près), les hommes sont relégués totalement à l'arrière-plan. Pourquoi pas ? Mais ici, ces pôvres hommes n'ont systématiquement qu'un rôle d'imbécile, d'obsédé, de fourbe ou de traître, et sont en tout cas quasiment tous très largement "dominés" par des femmes – bien évidemment – énergiques, intelligentes, habiles à tisser des liens et tirer les ficelles du pouvoir occulte, décidant de toutes les affaires importantes des royaumes.

La seule voix masculine est celle d'un ecclésiastique parvenu (l'auteur nous dit et redit qu'il porte lui aussi la robe...), traître, fourbe, prêt à tout pour s'élever.



A aucun moment, nulle part dans ce roman, n'émerge un couple adulte sympathique.

Autre caractéristique : l'auteur se vautre dans les détails les plus sordides des problèmes de santé.



Ce roman reflète à la perfection la vision du monde de ces femmes des cercles dominants actuels, arrivistes aux dents longues, littéralement obsédées par l'idée "d'arriver", d'écraser les autres. Le récit reflète un monde féminin infiniment triste et lugubre, se résumant à de perpétuelles rivalités d'une mesquine méchanceté. Un roman profondément dé-moralisant, d'un pessimisme noir.



NB : le roman de Chantal Thomas intitulé "L’échange des princesses" publié en 2013 traite exactement du même épisode historique, mais avec tout le bagage d’une historienne véritable, qui sait ne pas appliquer à des périodes antérieures de notre histoire des préjugés idéologiques actuels…

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La nuit la neige

Un beau roman lent et long, avec des personnages qui ressassent leurs souvenirs, pour aborder les tractations de la monarchie européenne, fin Louis XIV début Louis XV, par le biais de l'Espagne, pays d'Inquisition antisémite et d'étiquette aristocratique lourde, gouverné par un roi posé là, à la mauvaise santé mentale. Et par le biais des femmes - princesses monnaie d'échanges et accompagnatrices de reines - cherchant à affirmer leur pouvoir comme elles le peuvent, dans les alcôves et les alliances, manipulant mais manipulées aussi. Roman de neige et de nuit, d'inquiétude et d'angoisse tant les personnages sont sur un fil - "avoir le plus de pouvoir possible, se maintenir et ne pas glisser" - dans l'écriture riche et cultivée de Claude Pujade-Renaud qui n'a pas peur du charnel.

Je n'avais que de vagues références - quelques images de films - sur cette partie de l'Histoire de notre monde européen avant la Révolution, j'ai donc appris beaucoup et en même temps, difficile de ne pas être un peu perdue dans les noms et les ramifications.
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