Citations de Claudie Gallay (1148)
Moi, ce n’est pas de vivre ailleurs qui me fait peur, c’est de m’en aller d’ici.
Tout ce qu'on reproche à la vie, tout ce qui a fait souffrance cette année,le froid, la mort, les ennuis, les maladies, les mauvais comportements, les abandons, les trahisons, tout. Tout est de sa faute. La mort de Tonia Astré. L'abandon du chien. Le cocufiage de Daval, sa mort dans le puits. Et le départ d'Antoine.
Avec le printemps qui arrive, la vie doit gagner sur le froid, sur la tristesse, sur le chagrin, sur la mort.
C'est ce que promet le feu.
C'est pour cela qu'on doit sacrifier.
À deux, l'espace change. Le silence n'est plus du silence même si l'autre se tait.
Une femme. Elle l'a su, à cause des mains (...) Ce serait drôle de pouvoir retrouver les visages à partir des mains.
La neige.
Dans le silence, les flocons se frottent. Leur bruit. Quand ils se touchent et puis quand ils touchent le sol.
Comme un murmure. Une messe basse qui recouvre toute la ville. Qui s’en élève.
Jeanne aimait les endroits où l'on ne va pas parce qu'on les rêve.
L'image, l'apparence, ça se contourne, et, sur la durée, les chances se répartissent autrement. A force de vouloir ressembler aux autres, on disparaît dans le paysage
"Choisissez un travail que vous aimez et vous n'aurez pas à travailler un seul jour de votre vie" a dit Confucius. P.167
- Je suis venu voir Théo, il y a longtemps... Je voulais parler avec lui, je voulais le tuer aussi. La maison est isolée, personne ne m'aurait vu, un meurtre parfait, on aurait dit un meurtre de rôdeur.
- Il n'y a pas de meurtre parfait.
- Il y en a, croyez-moi, et celui-là l'aurait été.
- On vous aurez arrêté, on vous aurez mis en prison.
- J'étais encore mineur.
- Pourquoi vous ne l'avez pas fait alors ?
- Parce que ça s'est calmé... cette colère... cette colère effroyable... Il faut la haine pour tuer, ou alors être fou... Vous ne pouvez pas comprendre...
Avant, je vivais dans le Sud. Il y avait trop de lumière. Mes yeux étaient trop bleus. Ma peau trop blanche. Je brûlais, même l'hiver.
Je brûlais encore. On brûle tous. C'était autre chose.
-- Les regrets, c'est le pire. Je suis sûre qu'on n'oublie pas les belles choses quand on est de l'autre côté. Il reste forcément des trucs dans la mémoire, les abeilles qui butinent, les bêtes avec leurs petits, les chemins, tous les machins simples qu'on faisait. C'est les petits riens sans importance qui font les vies superbes. Les bonnes copines aussi, hein...
Trevor, il m’a plaquée. Je veux l’oublier. Je ne peux pas. Il me colle. Pire qu’un gant. Surtout la nuit.
Trevor, je l’ai aimé à m’en pourrir le ventre. Plus d’un an. Un an et vingt-sept jours exactement.
Et le soir du vingt-septième jour, j’ai cru avaler la mort.
Les cloches du monastère se sont mises à sonner,un moment après, les unes après les autres,et puis toutes ensemble.Ici,le temps se mesurait en messes et en prières. Toute la semaine était tendue vers le dimanche.Et toutes les semaines étaient elles-mêmes tendues vers quelques dates précises, en fonction des saisons il pouvait s'agir de Pâques ou de Noël.
Et les vies elles-mêmes étaient tendues vers la mort,le rendez-vous ultime.
J'ai pensé à toi.
Les cloches se sont arrêtées mais leur résonance a continué encore longtemps, comme retenue prisonnière entre les parois de la montagne.
Le ciel,à nu.
Le silence.
Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu'il arrache les ailes des papillons.
-Ici,l'été,c'est envahi de monde.Il ne faut pas venir.
- Où faut-il aller l'été?je demande.
- Nulle part. Il faut acheter des livres et rester chez soi.
J’ai ravalé ces larmes juste nées à l’intérieur, derrière mes yeux, je leur ai fait rejoindre les autres, toutes celles que j’avais gardées, que j’avais reprises au-dedans, ça devait faire un lac à l’intérieur, quelque part, depuis le temps.
Il y a tout ce que nous comprenons, tout ce que nous sommes capables de transcrire en essayant d'être au plus près. Et puis, il y a le reste. Tous le reste. Le Monde des apparences,des silences. ....
Tous à la recherche du même rêve. fuyant le même quotidien.Pour un ailleurs.
Avant est un pays magique.
"Des fois on n'aime pas et puis on s'attache..."
Le matin, je marche. Je me perds. À midi, je rejoins les quais. Je déjeune dans une trattoria avec vue sur la lagune, l'île du Lido au loin et sur la droite, le palais des Doges. Il n'y a personne. Pas de touristes. C'est l'hiver.
Luigi m'a dit profitez-en, quand la bora va se mettre à souffler vous ne pourrez plus aller là-bas.
La bora, le vent des fous.
Un vent d'est qui descend des plateaux et vient se finir là, sur les bords de l'Adriatique.
Un vent voyageur.
La bora.
Début d'après-midi. Une brume légère tombe sur la ville, la lumière devient blanche, elle recouvre tout, elle trahit les formes, les ombres. Elle trompe les distances.
Un homme qui promène son chien m'explique qu'en face, sur l'île de la Cuidecca, il y a une prison pour femmes. Il dit que l'été, quand il fait très chaud, il les entend crier. Il dit aussi que les marins s'approchent pour entendre ces cris-là. Que certains en deviennent fous. Qu'ils ne veulent plus quitter Venise à cause de ces cris.
- Au printemps dernier, le Belem a accosté ici, Riva Degli Schiavoni.
- Le Belem ?
- Un voilier magnifique. Il fait le tour du monde.
Il me montre l'endroit. Il dit que c'est quelque chose de merveilleux la vue de ce trois-mâts à Venise. Dans cette lumière, avec toutes les hommes en salut sur le pont.