Pourquoi un bordel de merde ? se demandait Eileen. Pourquoi pas un bordel de beauté ?
Les caméras sont plus nombreuses en ville que les oiseaux dans le ciel.
Rosita. Rosita ma tige, mon pétale, mon épine.
Le bébé a une tornade de cheveux roux sur la tête.
La vieille femme à Zoli : "J'avale plus facilement une pierre qu'une parole de Tzigane". p 167
Intrigante façon de raconter l'histoire tragique de l'Irlande des derniers siècles à travers des personnages sur 4 générations dont les vies se croisent et s'emmêlent au fil des ans. C'est un peu mêlant, il faut être vraiment attentif, cependant c'est bien raconté et on va à l'essentiel. Ces récits qui s'attardent au quotidien des gens nous font ressentir autrement les événements dramatiques qui ont ponctué cette histoire. Les liens entre l'Irlande, les États-Unis et Terre-Neuve illustrent bien toute l'immigration irlandaise.
Cela n'est pas une parole de sage mais, en vieillissant, je finis par croire que ce n'est pas le temps qui forge nos vies. Non, c'est la lumière.
Notre vision d' l'histoire préfigure notre avenir.
Il a lu quelque part qu'un homme sait réellement d'où il vient lorsqu'il a décidé de l'endroit où on l'enterrerait.
Il n'y a rien de pire qu'un petit cercueil.
On a tous entendu ces choses. La lettre d'amour arrive mais la tasse est brisée. La guitare résonne encore après le dernier souffle. Je n'y vois pas la main de Dieu, ni la force des sentiments. Peut-être est-ce le hasard, et le hasard rien d'autre qu'un moyen de nous convaincre de notre valeur.
J'ai su alors que cela se terminerait mal. […] Quelqu'un en ressortirait brisé. Mais était-ce une raison pour qu'ils ne soient pas amoureux, ne serait-ce qu'un mois ou deux ? Pourquoi ne pourrait-il pas vivre dans ce corps qui lui faisait mal, si on lui accordait quelques instants d'abandon ? Enfin, ne méritait-il pas que son Dieu lui lâche la bride, une fois ou deux ? C'était pour lui une torture de porter le monde sur ses épaules, de se collecter les difficultés, alors qu'il n'aspirait en fait qu'à être un individu ordinaire, avec les choix d'un individu ordinaire.
Quand on programme aussi, le monde rapetisse et ne bouge plus. On oublie tout le reste. C'est comme une transe. [...] On trouve un rythme de croisière. On continue. [...] ça peut être un programme de reconnaissance vocale, ou pour jouer aux échecs, ou une appli pour un radar d'hélicoptère, c'est pareil: le seul truc qui compte, c'est la prochaine ligne de code. Les bons jours on peut en écrire mille. Quand ça va pas, impossible de trouver celle qui fout tout par terre.
Il s'est demandé si la mort se présentait ainsi, le monde et ses rumeurs dont on se détache si facilement
Comme cela semble étranger, maintenant, les colonnes, les piliers, les plantes en plastique sous les fenêtres. On applaudissait quand j'apparaissais dans les salons. Ils calaient leurs cigarettes entre leurs lèvres, plissaient les yeux. Les femmes au visages lisses hochaient la tête en chuchotant. Ils m'observaient et pourtant j'avais l'impression qu'ils ne me voyaient pas, qu'ils regardaient autre chose, qu'ils voulaient rester entre eux. La façon dont ils fumaient, fausse, toujours empruntée. Ce bruit terrible quand mes pas quittaient les tapis pour le sol carrelé. Mon coeur qui galopait. Je cherchais Swann, son visage familier. Il arrivait en avance de plusieurs heures, pour m'épargner l'angoisse. Il m'attendait en faisant gentiment rebondir son chapeau contre sa cuisse, un exemplaire de Ruedé Pravo roulé dans la poche."