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Citations de Constantin Cavafis (136)


Constantin Cavafis
Essaie de les retenir, poète,
même s'il y en a peu qui s'arrêtent,
les visions de ton désir.
Glisse-les, à demi voilées, dans tes phrases.
Essaie de les retenir, poète,
quand elles surgissent dans ton cerveau,
la nuit ou dans le plein éclat de midi.
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POUR QU' ELLES VIENNENT

Une chandelle suffit. Sa lumière indécise,
voilà ce qui convient le mieux, qui leur sera le plus propice
quand viendront de l'Amour, quand viendront les Ombres.

Une chandelle suffit. Que la chambre ce soir
reste dans la pénombre. Tout à la rêverie
et à ce qu'elle suggère, grâce à ce peu de lumière -
à mes visions alors je donnerai libre cours,
pou que viennent l'Amour, pour que viennent les Ombres.
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LOIN

Je voudrais raconter ce souvenir...
Mais le voici effacé désormais... il n'en subsiste presque rien - car il gît très loin dans ma prime jeunesse.

La peau comme du jasmin...
Cette soirée d'août - était-ce en août ? - une soirée...
C'est à peine si je me rappelle les yeux ; ils étaient bleus, je crois...
Ah oui, bleus ; d'un bleu de saphir.
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ITHAQUE

Lorsque tu feras voile pour Ithaque
souhaite que la route soit longue
pleine d'aventures, pleine d'expériences.
Les Lestrygons et les Cyclopes
Le furieux Poséidon, ne les crains pas,
tu ne trouveras pas de choses pareilles sur ta route
si ta pensée reste élevée, si une délicate émotion
anime ton esprit et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes
Le farouche Poséidon, tu ne les les verras pas
si tu ne les portes dans ton âme
si ton âme ne les dresse devant toi.

Souhaite que la route soit longue.
Que soient nombreux les matins d'été
où – avec quel plaisir, quelle joie -
tu entreras dans les ports vus pour la première fois ;
arrête-toi dans les bazars phéniciens
et achète les bonnes marchandises,
nacre et coraux, ambres, ébènes,
et parfums voluptueux de toutes sortes,
le plus possible de parfums voluptueux.
Va dans plusieurs villes égyptiennes
apprends et apprends encore auprès des sages.

Ithaque doit toujours être présente à ton esprit.
Y arriver est ton destin.
Mais ne presse nullement le voyage.
Mieux vaut qu'il dure plusieurs années
et que, vieillard enfin, tu abordes dans l'île,
riche de ce que tu auras gagné en chemin
n'espérant pas qu'Ithaque te donne des richesses.

Ithaque t'a donné le beau voyage.
Sans elle, tu n'aurais pas pris la route.
Elle n'a rien d'autre à te donner.

Si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé.
Sage comme tu l'es devenu, avec tant d'acquis
tu dois avoir déjà compris ce que sont les « Ithaques ».

PS : Je signale que ce poème a été mis en musique par Luis Llach, grand chanteur catalan, sous le titre : "Viatge a Itaca".
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DESIRS

Beaux comme des morts qui n'ont point vieilli,
enfermés au milieu des larmes dans un mausolée splendide,
le front ceint de roses et jasmins aux pieds -
tels sont les désirs qui nous ont quittés
sans s'être accomplis ; sans qu'aucun n'atteigne
à une nuit de volupté ou à son lumineux matin.
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Constantin Cavafis
Ce que réserve l'avenir, seuls les dieux le connaissent,
eux seuls sont possesseurs de toutes les lumières.
Les hommes sages ne perçoivent de l'avenir que
ce qui est imminent. Parfois, alors qu'ils sont
complètement plongés dans leurs études,
leurs sens se mettent en éveil. Vers eux vient de monter
l'appel secret des évènements qui vont se produire,
et ils l'écoutent avec recueillement...
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UNE NUIT

La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée au-dessus de la taverne louche,
Par la fenêtre, on apercevait la ruelle,
étroite et sordide. D'en bas montaient
les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et qui s'amusaient.

Et là, sur l'humble lit plébéien,
j'ai possédé le corps de l'amour, j'ai possédé les lèvres
voluptueuses et rouges de l'ivresse -
rouges d'une telle ivresse qu'en ce moment même
où j'écris,après tant d'années !
dans la solitude de ma maison, j'en suis de nouveau enivré.
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"Devant la maison....

Hier, en marchant dans un faubourg éloigné,
je suis passé devant la maison
que je fréquentais quand j'étais très jeune.
C'est là qu'Eros s'était emparé de mon corps
avec sa délicieuse vigueur.

(…)

Et comme je restais là, en train de regarder la porte,
comme je restais à m'attarder devant la maison,
mon être tout entier libérait en retour
l'émotion d'un plaisir qui s'était conservé intact."
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Corps, souviens-toi, non seulement de combien tu fus aimé,
non pas seulement des lits où tu t’étendis,
mais aussi de ces désirs qui pour toi
brillaient dans les yeux visiblement,
et tremblaient dans la voix ― et que quelque
obstacle fortuit rendit vains.
Maintenant que tout cela plonge dans le passé,
il semble presque qu’à ces désirs
tu te sois donné. Comme ils brillaient
souviens-toi, dans les yeux qui te regardaient,
comme ils tremblaient dans la voix, pour toi ; souviens-toi, corps.
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AUTANT QUE POSSIBLE

Et si tu ne peux pas mener la vie que tu veux,
essaie au moins de faire en sorte, autant
que possible : de ne pas la gâcher
dans trop de rapports mondains,

Ne la galvaude pas en l'engageant à tout propos,
en la traînant partout et en l'exposant
à l'inanité quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu'à en faire une étrangère importune.
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LES FENËTRES

Dans l'obscurité de ces chambres, où je coule
des jours pénibles, je marche de long en large
pour trouver des fenêtres,- Si pouvait s'ouvrir
une fenêtre, quel réconfort ce serait.-
Mais il n'y a pas de fenêtres, ou est-ce moi qui n'arrive pas
à en trouver. Et peut-être vaut-il mieux ne pas en trouver.
Peut-être la lumière causerait-elle un autre supplice.
Qui sait quelles choses nouvelles elle découvrirait.
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VOIX

Voix sublimes et bien aimées
de ceux qui sont morts, ou de ceux
qui sont perdus pour nous comme s'ils étaient morts.

Parfois, elles nous parlent en rêve;
parfois, dans la pensée, le cerveau les entend.

Et avec elles résonnent, pour un instant,
les accents de la première poésie de notre vie-
comme une musique qui s'éteint, au loin, dans la nuit.
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DÉSIRS
Tels de beaux corps de morts qui n'ont pas vieilli
et que l'on a déposés, avec des pleurs, dans un splendide mausolée,
avec au front des roses et des jasmins aux pieds -
tels semblent les désirs qui ont fui
sans s'accomplir, sans qu'aucun d'eux n'atteigne
une nuit de volupté, un de ses lumineux matins.
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Cierges
     
Les jours futurs se dressent devant moi
comme une rangée de petits cierges allumés —
de vivaces, de chauds petits cierges dorés.
     
Derrière sont les jours révolus,
triste file de cierges éteints ;
les plus proches fument encore,
refroidis, courbés, et fondus.
     
Je ne veux pas les voir : leur aspect me désole
comme me désole le souvenir de leur flamme première.
Ce sont mes cierges allumés que je regarde.
     
Je ne veux pas me retourner pour ne pas avoir à frémir
en voyant de quel train s’allonge la file obscure,
de quel train les cierges éteints se multiplient.
     
     
1899
     
(Traduits du grec par Gilles Ortlieb et Pierre Leyris, p. 25)
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LE SOLEIL DE L'APRÈS-MIDI

Cette chambre comme je la connais bien! Maintenant, ces deux pièces sont transformées en bureaux... Toute la maison est louée à des courtiers, à des marchands, à des Compagnies.
Ah, je la connais bien, cette chambre...
Près de la porte, ici, était le canapé, et, au pied, un tapis de Turquie. Tout près, l'étagère avec deux potiches jaunes. À droite - non, en face - l'armoire à glace. Au milieu, son bureau, et trois grandes chaises de paille. Près de la fenêtre, le lit où nous avons tant de fois fait l'amour.
Pauvres meubles, ils doivent encore exister quelque part...
Près de la fenêtre, le lit. le soleil de l'après-midi arrivait jusqu'au milieu.
Un après-midi, à quatre heures, nous nous sommes quittés pour une semaine tout au plus. Hélas, cette semaine dure encore.
.
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Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences. Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton coeur et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse. Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.
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Constantin Cavafis
Ithaque (Traduit par Marguerite Yourcenar et Dominique Grandmont)

Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, plein d’aventures et d’enseignements. Les Lestrygons et les Cyclopes, ne les crains pas, ni la colère de Poséidon. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si une émotion rare étreint ton esprit et ton corps. Les Lestrygons et les Cyclopes, tu ne les rencontreras pas, ni l’irascible Poséidon, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton coeur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où, avec quels délices et quelle joie ! tu pénétreras dans des ports que tu n’as jamais vus. Arrête-toi dans les comptoirs phéniciens, et procure-toi de belles marchandises : nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes de capiteux parfums. Oui, acquiers le plus possible de ces capiteux parfums. Visite aussi de nombreuses cités égyptiennes, et instruis-toi avidement auprès de ceux qui savent.

Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Y parvenir est ta destination finale. Mais n'écourte pas ton voyage : mieux vaut qu'il dure de longues années et que tu n’abordes enfin dans ton île qu'aux jours de ta vieillesse, riche alors de tout ce que tu as gagné en chemin, et sans attendre d'Ithaque plus de bienfaits.

Ithaque t'a donné ce beau voyage : sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n’a plus rien d’autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences, tu as sûrement déjà compris ce que les Ithaques signifient.
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MER MATINALE
Ah, m’arrêter ici. À mon tour contempler un peu la nature.
D’une mer matinale et d’un ciel sans nuage
les bleus étincelants, et le sable jaune; le tout
sous une belle et vaste lumière.

Oui, m’arrêter ici. Et me figurer que je vois cela
(je l’ai vu, en vérité, à l’instant où je me suis arrêté);
et non ici encore mes fantasmes,
mes souvenirs, ces spectres de la volupté.
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EN ATTENDANT LES BARBARES

Ce poème de Constantin Cavafy (1963-1933) a été traduit du grec par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras

"Qu'attendons-nous, rassemblés sur l'agora?
On dit que les Barbares seront là aujourd'hui.

Pourquoi cette léthargie, au Sénat?
Pourquoi les sénateurs restent-ils sans légiférer?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui.
À quoi bon faire des lois à présent?
Ce sont les Barbares qui bientôt les feront.

Pourquoi notre empereur s'est-il levé si tôt?
Pourquoi se tient-il devant la plus grande porte de la ville,
solennel, assis sur son trône, coiffé de sa couronne?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que notre empereur attend d'accueillir
leur chef. Il a même préparé un parchemin
à lui remettre, où sont conférés
nombreux titres et nombreuses dignités.

Pourquoi nos deux consuls et nos préteurs sont-ils
sortis aujourd'hui, vêtus de leurs toges rouges et brodées?
Pourquoi ces bracelets sertis d'améthystes,
ces bagues où étincellent des émeraudes polies?
Pourquoi aujourd'hui ces cannes précieuses
finement ciselées d'or et d'argent?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que pareilles choses éblouissent les Barbares.

Pourquoi nos habiles rhéteurs ne viennent-ils pas à l'ordinaire prononcer leurs discours et dire leurs mots?

Parce que les Barbares seront là aujourd'hui
et que l'éloquence et les harangues les ennuient.

Pourquoi ce trouble, cette subite
inquiétude? - Comme les visages sont graves!
Pourquoi places et rues si vite désertées?
Pourquoi chacun repart-il chez lui le visage soucieux?

Parce que la nuit est tombée et que les Barbares ne sont pas venus
et certains qui arrivent des frontières
disent qu'il n'y a plus de Barbares.

Mais alors, qu'allons-nous devenir sans les Barbares?
Ces gens étaient en somme une solution."

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AU MEME ENDROIT

Atmosphère de la maison, des cafés, du quartier que j’ai sous les yeux et où je marche; depuis des années.

Je t’ai façonnée dans la joie et dans les peines:
avec tant d’évenements, avec tant de choses.

Et te voici, pour moi, devenue l’amour même.
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