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Citations de Constantin Cavafis (136)


AUTANT QUE TU LE PEUX

Si tu ne peux faire ta vie comme tu le veux
Essaye au moins ceci, autant que tu le peux.
Ne l’avilis pas dans une trop grande fréquentation du monde
dans cette agitation, ces bavardages.

Ne l’avilis pas en la menant, en la traînant souvent
et l’exposant à la sottise quotidienne
des relations et des mondanités
au point qu’elle en devienne une étrangère importune.

(p. 58 - traduction de Ange S. Vlachos)
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Monotonie.

Un jour monotone est suivi d'un autre jour monotone, identique. Tout sera fait répété à nouveau. Des moments tout pareils s'approchent de nous, puis s'éloignent.
Un mois passe: il amène un autre mois. L'avenir est facile à prévoir, il est tissu d'ennuis d'hier. Et le lendemain cesse d'être un lendemain.
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Visions qui surgissent.

Tâche de capter, Poète, les visions que ta sensualité te suggère, même si tu n'en peux retenir qu'un petit nombre. Mets-le à demi cachés dans tes phrases; tâche de t'en emparer, Poète, quand elles surgissent dans ton esprit la nuit ou dans l'éclat de midi.
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57. QUAND ELLES S'ÉVEILLENT


Efforce-toi de les préserver, poète,
Si peu nombreuses qu'elles soient à se fixer,
Les visions de tes amours.
Introduis-les en filigrane dans tes vers.
Efforce-toi de les retenir, poète,
Quand elles s'éveillent à ta mémoire,
Que ce soit dans la nuit ou dans l'éclat du jour.
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Epitaphe

Étranger, tu me vois reposer près du Gange,
moi qui suis de Samos. Sur cette terre trois fois barbare
j’ai vécu une vie de souffrance, de labeur et de larmes.

Cette tombe ici près du fleuve

enferme des malheurs sans nombre. Une soif d’or
inextinguible m’a poussé à des commerces infâmes.
La tempête m’a jeté sur la côte des Indes
et j’ai été vendu comme esclave. Jusqu’à mon dernier jour

j’ai peiné sans relâche, travaillé à perdre le souffle-
sans nulle voix grecque à mes côtés, si loin des rives
de Samos. C’est pourquoi je n’éprouve à présent

aucune frayeur, et je pars serein vers l’Hadès.

Là-bas, je retrouverai mes compatriotes.
Et je pourrai désormais parler grec avec eux.
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CIERGES.
Les jours futurs se dressent devant nous comme une file de petits cierges allumés, petits cierges dorés, chauds et vifs.
Les jours passés demeurent derrière nous, triste rangée de cierges éteints. Les plus récents fument encore, cierges froids, fondus et penchés.
Je ne veux pas les voir ; leur aspect m’afflige. Le souvenir de leur ancienne lumière me fait mal. Je regarde devant moi mes cierges allumés.
Je ne veux ni tourner la tête ni constater en tremblant combien vite la sombre rangée s’allonge, combien vite les cierges éteints se multiplient.

(Traduction Marguerite Yourcenar / Constantin Dimaras)
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Constantin Cavafis
Ithaque

Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes,
si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer
que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d'été,
où (avec quelles délices !) tu pénètreras
dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d'entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes,
et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d'y parvenir,

mais n'écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu'il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu'Ithaque t'enrichisse.

Ithaque t'a donné le beau voyage :
sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n'a plus rien d'autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé.
Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences,
tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.

Traduction de Marguerite Yourcenar
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UNE NUIT

La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée à l’étage de la taverne louche.
Par la fenêtre on voyait la venelle,
sale et étroite. D’en bas
montaient les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et s’amusaient.

Et là, sur ce lit humble et vulgaire,
j’avais à moi le corps de l’amour, j’avais
les lèvres roses et voluptueuses de l’ivresse –
roses d’une ivresse telle que même en ce moment
où j’écris après tant d’années !,
je m’enivre à nouveau dans ma maison solitaire.

(p. 71 - traduction de Ange S. Vlachos)
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UN VIEUX

Au fond du café bruyant,
courbé sur la table, un vieux est assis
un journal devant lui, sans compagnie.

Et dans la honte de sa vieillesse misérable
il pense combien peu il a joui des années
quand il possédait vigueur, charme et beauté.

Il sait qu’il a beaucoup vieilli – il le sent, il le voit –
et pourtant les années de sa jeunesse semblent hier.
Combien court cet intervalle. Combien court.

Et il songe combien la Prudence le trompait
combien il se fiait à elle – quelle folie ! –
Cette menteuse qui disait : « Demain. Tu as tout le temps. »

Il se souvient des ardeurs qu’il retenait
et combien de joies il sacrifiait.
Chaque occasion perdue raille maintenant sa prudence insensée.

…Mais à force de penser et de se souvenir
le vieux sent la tête lui tourner.
Et il s’endort appuyé sur la table du café.

(p. 25 - traduction de Ange S. Vlachos)
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j’ai peiné sans relâche, travaillé à perdre le souffle -
sans nulle voix grecque à mes côtés, si loin des rives
de Samos. C'est pourquoi je n'éprouve à présent

aucune frayeur, et je pars serein vers l'Hadès.
Là-bas, je trouverai mes compatriotes.
Et je pourrai désormais parler grec avec eux
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LA PREMIÈRE MARCHE
À Théocrite un jour
vint se plaindre le jeune poète Eumène :
«Cela fait maintenant deux ans que j’écris
et en tout, je n’ai composé qu’une idylle.
C’est la seule achevée de mes œuvres.
Hélas, comme il est élevé, je le vois bien,
le grand escalier de la Poésie;
et de la première marche où je suis, jamais
je n’arriverai à monter, malheureux de moi».
Et Théocrite de dire: « Semblables propos
sont déplacés et blasphématoires. Même si tu n'es
parvenu que sur la première marche, il te faut
en éprouver du bonheur et de la fierté.
Ce n’est pas rien d’en être arrivé la;
du peu que tu as fait, la gloire est immense.
Car cette première marche, à elle seule,
éloigne beaucoup du monde ordinaire.
Pour poser le pied sur cette marche,
il te faut être de plein droit
citoyen de la cité des idées.
Et dans cette cité-là, il est difficile
et rare de se voir inscrit parmi les citoyens.
Sur la place se trouvent de grands Juges
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Tombeau d'Iasès

C'est ici que je repose, moi, Iasès, dans cette grande ville,
Moi, le jeune homme si réputé pour sa beauté ...
J'éblouissais de grands savants très érudits ; et tout autant le peuple,
Simple et superficiel. J'en avais, aussi, moi-même, bien du plaisir.

Mais à force d'être pour le monde un Narcisse ou un Hermès,
Dans les excès, je me suis consumé ; ils m'ont tué. Passant,
Si tu es alexandrin, tu ne me blâmeras point. Tu connais bien
L'impétuosité de notre vie, cette fièvre, cette exceptionnelle volupté.

Version Grandmont, p. 115. Tombeau d'Iasès.

Ici je repose, moi, Iassès. En cette grande cité,
jeune homme recherché s'il en est pour sa beauté.
J'ai fait l'admiration des sages ; ainsi que du vain peuple,
et des petites gens. Et j'ai ressenti un égal plaisir

aux deux. Mais à force d'être pour chacun Hermès ou Narcisse,
les excès m'ont anéanti, terrassé. Passant,
si tu es d'Alexandrie, ne me juge pas. Tu sais la fougue
de notre vie ; quelle est sa fièvre ; sa suprême volupté.

1917
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Un lustre.
Dans une petite chambre vide, aux quatre murs
Recouverts d'une seule étoffe verte,
Brûle un beau lustre qui jette des feux
Et dans chacune de ses flammes s'échauffent
Une passion voluptueuse, une excitation voluptueuse.

Dans la petite chambre qui resplendit, embrasée
Par le feu puissant du lustre,
Cette lumière n'a vraiment rien de banal.
Les délices de cette chaleur
Ne sont pas faites pour les corps embarrassés. (p. 90)

(Traduction Grandmont, p. 100)
Un candélabre.
Dans une petite pièce vide, seuls quatre murs
entièrement tendus de tissu vert,
brûle un superbe candélabre, qui flamboie ;
et dans chacune de ses flammes se consument
un élan de passion, une langueur lascive.

Dans la petite pièce qui scintille, éclairée
par le puissant embrasement du candélabre,
la lumière qui règne n'offre rien d'habituel.
Elle n'est pas faite pour les corps timides,
la volupté de cette chaleur.
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Il fait serment.

Bien souvent, il se jure de réformer sa vie. Mais quand la nuit vient avec ses incitations et ses promesses, mais quand la nuit vient avec sa force à elle, faite de l'ardeur du corps qui veut et qui demande, égaré, il s'élance vers la même joie fatale.
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EN ATTENDANT LES BARBARES

...

D'où vient tout à coup cette inquiétude et cette confusion (les visages, comme ils sont devenus graves!)
Pourquoi les rues, les places se vident-elles si vite,
et tous rentrent-ils chez eux, l'air soucieux?

C'est que la nuit tombe et que les barbares ne sont pas arrivés.
Certains même, de retour des frontières,
assurent qu'il n'y a plus de barbares.

Et maintenant qu'allons-nous devenir, sans barbares.
Ces gens-là, en un sens, apportaient une solution.
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Mer matinale



Que je m’arrête aussi, pour une fois,
contempler la nature. Mauves scintillants
d’une mer matinale, bleu translucide du ciel,
jaune du littoral – noyés de lumière.

Que je m’arrête surtout avec l’illusion
que je les vois vraiment (ils m’ont paru ainsi
l’espace d’un instant) et point encore
les mêmes phantasmes et souvenirs,
mirages de volupté.
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Les Murs
  
  
  
  
Sans égards, sans pudeur, sans pitié,
de hauts, de larges murs ils m’ont environné.

Et me voilà ici à me désespérer,
ne songeant qu’au destin qui dévore ma pensée.

Moi qui avais tant à faire au-dehors.
Ah, ces murs qu’on dressait, comment n’y ai-je pas pris garde.

Mais aucun bruit de bâtisseurs ne me parvenait, pas un son :
tout doucement, ils m’ont emmuré hors du monde.


/Traduction Gilles Ortlieb et Pierre Leyris
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GRIS

En regardant une opale grise
je me rappelai deux beaux yeux gris
que je vis, il y a vingt ans peut-être…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nous nous sommes aimés un mois.
Puis il s’en alla, à Smyrne je crois,
pour y travailler. On ne s’est jamais revu.

Ses beaux yeux gris – s’il vit – ont dû se ternir
le beau visage a dû se faner.

Mais toi, mémoire, garde-les tels qu’ils étaient.
Et toi, mémoire, fais renaître en moi ce soir
de cet amour tout le possible.

(p. 85 - traduction de Ange S. Vlachos)
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QUAND ELLES SE RÉVEILLENT

Essaye de les conserver, poète,
aussi rares qu’elles soient, les choses que l’on peut fixer.
Les visions de tes amours.
Mets-les furtivement dans tes phrases.
Essaye de les conserver, poète,
quand elles se réveillent dans ta pensée
la nuit, ou dans l’éclat de midi.

(p. 76 - traduction de Ange S. Vlachos)
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LOIN

Je voudrais dire cette souvenance…
mais voilà, elle s’est effacée… presque rien n’en reste –
car elle gît très loin, dans les premières années de mon adolescence.

Une peau comme faite de jasmin…
Août – était-ce en août ? – cette soirée…
À peine si je me souviens des yeux,
ils étaient, je crois, bleus…
Ah oui, bleus, d’un bleu de saphir.

(p. 62 - traduction de Ange S. Vlachos)
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