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Critiques de D.H. Lawrence (303)
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La Vierge et le Gitan

Est-il utile de présenter encore ce fils de mineur dont la liberté totale lui a coûté quelques années d’exil, lui qui haïssait les contraintes sociales et l’hypocrisie de la société anglaise confite. Lui qui fut l’un des premiers à si bien peindre l’ambivalence du sentiment amoureux, la violence du désir, les gradations du sentiment amoureux, à une époque où l’essentiel de la littérature s’alimentait de tous les problèmes de la vie en société, du positionnement social, de l’argent et de l’ambition. Lui qui d’un livre à l’autre a exploré l’approfondissement de la subjectivité de l’homme en proie à ses instincts naturels au contact notamment de la nature nous livre ici une excellent livre où une jeune femme anglaise découvre la sensualité au contact d’un homme frustre et fort de condition plus modeste qu’elle, un gitan.

On est loin des clichés habituels du « elle succomba sous son charme », puisqu’ici le désir est éprouvé mais non identifié. La jeune Yvette découvre le désir avec cet homme qui la regarde « intensément » avec « un sourire presque imperceptible » qui retrousse ses lèvres, et ses yeux qui « ne souriaient pas, et leur expression insinuante se durcit farouchement. » Et le « regard éloquent des yeux noirs qui infailliblement semblaient la pénétrer jusqu’en un point vital et inexploré. »… Je vous laisse deviner la suite du rite initiatique. Enfin, sachez qu’« un affreux spasme, assez violent en effet pour la tuer, secoua son corps blanc tout recroquevillé »…

Un récit écrit peut-être avec sa plume la plus enlevée même si le merveilleux « L’amant de lady Chatterley » nous a tous laissé un souvenir impérissable… N’est-ce pas ?



4.25/5

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L'Amant de Lady Chatterley

Quelle perspicacité et quelle modernité entre ces discours enflammés contre l'industrialisation et ses effets néfastes sur la raison d'être des hommes d'un côté et la sensualité de l'abandon entre les amants au sein d'une nature luxuriante et humide de l'autre!

Un mariage de contrastes entre la stérilité, la froideur, l'argent et la fertilité, l'abandon, le don de soi dans toute sa nudité et authenticité.

Grand coup de cœur!
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L'homme qui aimait les îles

« C'était un homme qui aimait les îles »

Magistral, écume, vague, ressac, « L'homme qui aimait les îles » est une déambulation sur le sable labyrinthe. L'empreinte laissée après la pluie immanence, l'un des plus beaux livres au monde. Il est là, l'homme.Le regard en plongée vers l'horizon plénitude. Quête d'île à portée de rêve et de désir. L'intense détermination, coquillage qui ne vacille pas de par la force du vent. L'homme est attiré par l'appel d'une autre île que sa natale. Franchir le pont des doutes, nager vers l'île vierge à bâtir. Transmutation. L'homme (double de D.H. Lawrence) misanthrope, altruiste, bienfaiteur, visionnaire va rassembler l'épars. Cette île est un symbole.

« Non. Une île est un nid qui abrite un oeuf, et un seul. Cet oeuf étant l'insulaire lui-même. »

Trente-cinq ans, et une île, la possession d'un macrocosme. Tout est pur, volontaire et tenace. Les rebords sans frontières, l'invisibilité qui forge les profondeurs intrinsèques. Écho des vagues-pensées.

« Ainsi semble-t-il que même les îles aiment se tenir compagnie. » « Vous êtes dans l'autre infini. »

L'homme aime les îles et les gens. La responsabilité envers les hôtes de son île, les accueillir, leur prouver sa compassion, démontrer sa droiture, leur apprendre l'autarcie.

« Et l'insulaire n'était plus M. Untel. Pour tous les habitants de l'île, même pour vous, il était « le Maître ».

Transmettre, vivre sur l'île, l'exactitude ne vacille pas. L'homme est bon, vaillant, pragmatique. L'île porte-voix, porte-vagues et exaltation. Les saisons sont des vertus, des messages, des forces ultimes.

« le Maître n'était pas un tyran. Oh non ! C'était un Maître délicat, sensible et beau. Mais à sa façon, c'était un poète. Ils l'écoutaient chapeau à la main. »

Homme parfait, l'île est dentelle, espérance et renaissance. L'homme est flexible. Les îles paraboliques d'un cheminement intérieur. Néanmoins, les îliens ne sont pas tous magnanimes et parfois de bien mauvais compagnons. La tempête s'élève, le manteau de l'homme, du Maître s'envole dans les affres et les trahisons. L'île dénudée, rochers coupants et pain perdu. Il quitte son île, emmène dans ses poches meurtries, l'oeuf. Renouveler sur une île plus petite, la scène magnifique, avec des fidèles choisis comme compagnons. « L'homme qui aimait les îles » va chuter (peut-être) : le complexe de l'Albatros. Être piégé par ses démons intérieurs. Fuir la deuxième île telle la mauvaise herbe soufflée de rancoeur. Une double lecture s'invite subrepticement de parabole vêtue. La troisième île, mythe de Sisyphe, solitude meurtrière, la faim et la soif, les souffrances tenaces et rebelles, l'homme va-t-il mettre son genou dans le creux du sable ? S'écrouler ? L'hostilité des lieux semble un corps à corps devenu. Mirages et cauchemars, la mer encercle les errances et les perditions. Noire, gagnante, souveraine, Maîtresse devenue. L'As de pique noyé dans les turbulences. Confrontation des intériorités, la vague frappe et aveugle l'homme. Que va-t-il se passer ? La symbiose de tout entendement : Robinson Crusoé symbolique, mourir ou revivre ? Lisez ce texte sublime, d'évasion, de quête initiatique. D.H. Lawrence conte. Il n'écrit pas. Si vous faites oeuvre de silence, vous entendrez les chuchotements, les prières vertueuses, les îles chapelles et renaissantes, le Maître dire. Culte, lumineux, sablier infini, de quintessence, « L'homme qui aimait les îles » est une métaphore majestueuse. Lire face à la mer cette merveille et vous verrez comme tout change. Traduit à la perfection de l'anglais par Catherine Delavallade. Lire avec attention la préface brillante et apprenante de Thierry Gillyboeuf. Collection : L'arbuste véhément. Publié par les majeures Éditions L'Arbre Vengeur.

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L'homme qui aimait les îles

Si tu devais emporter un livre sur une île déserte : ce livre te permettrait d'y réfléchir à deux fois ! Quelle serait votre île mentale parfaite 🏝 ? Y seriez-vous Heureux ?



Comme d'habitude les Éditions de l'Arbre vengeur ont déniché une pépite : cette nouvelle de D.H. Lawrence, traduite ici par Catherine Delavallade, est loin d'être une balade idyllique.

Dans ce microcosme, Cathcart ne semble supporter que lui-même (et encore difficilement), il a choisi de s'installer sur son île métaphorique pour vivre le Bonheur que tout homme recherche mais il y a toujours un truc qui le chiffonne, même dans la beauté du lieu, il finit par trouver un truc qui ne va pas.

Le fait est qu'il se lasse aussi vite que son désir !

Peut-on être pleinement heureux ?

Il cherche aussi sa vérité, mais où se cache-t-elle finalement ? Sur l'une ou l'autre de ces trois îles ? L'île est-elle liberté ou prison ?

Il y aurait beaucoup à dire sur le symbolisme qui se cache dans le texte : archétype, territoire du sacré (chiffre 3 qui fait référence à la Trinité), récit initiatique…

La préface de Thierry Gillyboeuf vous donnera quelques clés de lecture vraiment essentielles à la compréhension du texte.



Un mot également, sur le format de cette collection (l'Arbuste véhément) que j'apprécie particulièrement.

On peut l'emporter partout (même dans un sac de plage ou sur une île déserte 😁 il ne prendra pas de place). Ce n'est pas un livre de poche comme les autres : il a des rabats, sa taille est différente des poches classiques, les couvertures de Nicolas Etienne sont épurées, graphiques à souhait...

Bref on a tout de suite envie de les collectionner !



Clin d'oeil de l'actualité : la villa de Capri où David Herbert Lawrence a écrit « L’Amant de Lady Chatterley » est en vente… Si après ça le coeur vous en dit encore…
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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L'Amant de Lady Chatterley

Un roman qui nous remue par son ambiance, par la nature , par la sensualité et l'érotisme qu'il contient. L'histoire commence par des enfermements : dans la maladie, dans le mariage et dans le statut social. Une puissance vitale et des scènes qui marquent. Vous vous souviendrez longtemps de ce livre.
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De la rebellion à la réaction

L’auteur de l’amant de Lady Chaterley, paru en 1929 a écrit en 1920 cet essai qui traite essentiellement de deux grand thèmes: Comment survivre à la condition humaine ? Quelle place occupe l’homme dans l’histoire, la société, dans l’univers ? Nous avons été très longtemps occupés à nous diriger vers de nouvelles frontières, à tenter de convertir ceux qui ne pensaient pas comme nous, à tenter de nous persuader que nous pouvons aimer notre prochain tout en imaginant comment toujours mieux l’exterminer ! Nous affichons toujours une volonté de partager, rassembler, mais nous mettons tout aussi de cœur à exclure. Cette fresque désenchantée du début du 20éme siècle est encore d’actualité.

Il est bien plus rare et plus difficile d’être soi-même que d’être l’État, où une poubelle. A son meilleur, l’homme est lui-même. N’importe qui, ou presque, nous dit Lawrence est capable de bouleverser un État, ou renverser une poubelle, mais aucun homme ne saurait prendre la place d’un autre. Si vous voulez être unique, soyez vous-même, c’est cela l’étincelle de divinité qui est en chacun de nous.

Nous dénonçons régulièrement « le système ». Disant cela, on n’a rien dit. Le système est ce que nous avons produit. Nous dénonçons une machine qui est notre création. Quand nous disons que nous changeons le système, nous apportons une modification à la machine, mais cette dernière est consubstantielle à nous. S’il y à quelque chose à changer, c’est bien à l’intérieur de nous-mêmes ;

Si nous voulons modifier notre destin, il faudrait pouvoir guérir le peuple de la peur de ne pas pouvoir gagner sa vie. Cela semble plus dur que d’affronter la mort pendant une guerre. Pour vivre, il faut de l’argent, pour mourir du courage suffit… Cela explique pourquoi de plus en plus de jeunes considèrent les idéaux avec dédain. La faillite de l’éducation se niche à cet endroit : enseigner des idéaux totalement déconnectés de la vie.

Nous ne pouvons même plus compter sur le service de la nation qui a été longtemps un idéal fédérateur acceptable. L’idée même de service implique l’autorité alors que la quête d’un idéal personnel est la négation absolue de toute autorité.

Sur l'égalité Lawrence est cruel. Si l'égalité peut se définir par le fait que chaque homme compte pour un ce qui est la véritable racine de l’égalité, force est de constater nous dit-il que c'est une pure abstraction intellectuelle car les hommes pris collectivement sont manifestement inégaux à tous égards. Chaque homme est lui-même mais pour maintenir cette égalité il faut s’abstenir de comparer.

L’égalité en tant qu’idéal ne peut servir de ciment véritable à la société. Le seul système éducatif viable est de tirer parti de ce qui est innommé, indescriptible et que chacun d’entre nous ressent à des degrés de conscience diversifiés. C’est ce que Lawrence appelle « l’aptitude religieuse vivante chez les hommes ».

Il ne faut pas dénoncer le « système », car la vie étant organique, il faut l’organiser. Refuser tout système équivaut à nier l’humain. Pour qu’il y ait système, il faut une différenciation entre les humains. Tout ce que nous pouvons faire c’est limiter les automatismes pour révéler au mieux le spontané de l’âme humaine.

Les deux lois de la démocratie sont d’une part la loi de la moyenne et d’autre part le principe d’individualisme. Ces fondements sont des abstractions ; la moyenne n’existe pas, surtout quand on veut en faire un étalon. Pour vivre ensemble il faut une référence commune ; c’est en ce sens que la moyenne existerait. Notre problème est que toutes les organisations qui nous représentent (État, associations, communautés…) sont avant tout en charge de nous procurer des biens et services nécessaires à nous faire supporter la vie. Ce ne sont donc ni plus ni moins que de vastes organisations commerciales qui en refusent la dénomination au profit d’un idéal qu’elles ne peuvent incarner. Quant à l’individualisme, force est de constater que la seule identité véritable est celle du moi vivant de chaque homme. Une vraie démocratie ce n’est pas des hommes fondus dans une masse qui serait leur représentation légitime, mais une organisation existant dans l’unicité de chacun. Voilà un bel idéal mais est-il atteignable ?




Lien : https://www.gerard-pardini.fr/
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La dame exquise

Lu en anglais mais une bonne traduction devrait vous emmener à la rencontre de la Dame Exquise avec le même plaisir. Elle est terrible cette vieille dame.. Une sorte de vampire si vous voulez mon avis. Je n'en dis pas plus. A vous de la découvrir! Et L'homme qui aimait les îles? Pas sûr que vous les aimiez aussi après avoir croisé son chemin! Une belle galerie de personnages avec tout le style de Mr Lawrence: une écriture qui paraît naturelle et qui vous happe!
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L'Amant de Lady Chatterley

Amour Anarchie

Beaucoup plus qu’un simple ouvrage érotique scandaleux pour son époque (il a été interdit en Angleterre jusqu’aux sixties !), « L’amant de L.Chatterley » est un manifeste aux couleurs de l’anarchie, mais plutôt dans le bon sens du terme selon moi. C’est un vibrant plaidoyer pour un retour des hommes vers l’état de nature, un appel à leur reconnexion avec celle-ci. Ecrit quelques année après l’armistice de 18, c’est une dénonciation sans pitié de la société industrielle et des privilégiés qui l’ont mise en place. C’est le constat caustique des castrations socio-politiques et religieuses sur les individus autant qu’un appel aux révolutions intérieures, je dis bien intérieures parce que D.H Lawrence ne semble pas croire encore en des solutions politiques à nos déchéances…

Je dois dire que je ne suis pas loin de partager complètement son pessimisme, de me déclarer complètement en phase avec lui, de voir en lui, même, un visionnaire sur bien des points ! Pourtant, si quelque chose m’en retient et m’a choqué dans son chef-d’oeuvre, que je viens de relire plus de 30 ans après l’avoir découvert, ce n’est surement pas le caractère débridé et stimulant des passages qui nous font vivre les frasques sexuelles de Mellors et Constance, les deux héros transgressifs. Non. Ce qui m’en retient, c’est juste quelques phrases méprisantes concernant les lesbiennes, placées dans la bouche de Mellors quand il parle à Constance de ses expériences amoureuses avant elle. C’est juste une autre déclaration du même Mellors à propos des noires, et donc du mélange des races : « …Je pensais qu’il n’y avait plus de femme qui pouvait vraiment jouir naturellement avec un homme; sauf les Noires et… enfin, bon, nous sommes des Blancs, et elles, ça fait un peu comme de la boue. » Enfin, ce qui m’en retient c’est juste une ou deux brèves allusions à l’avarice ou à la ruse des juifs, « entendues » dans la bouche d’autres personnages ou remarquées dans le récit narratif, je ne sais plus trop. J’aurais dû les noter quand je les rencontrais, mais ces allusions m’ont choqué, je m’en souviens… Alors ? Raciste et discriminant, D.H Lawrence ?



Je sors de donc de cet ouvrage majeur avec une opinion plutôt enthousiaste tempérée par quelques réserves, incapable de me dire de D.H Lawrence que je le déteste comme je peux le dire de L.F.Céline, par exemple, tant les « phrases qui fâchent » sont rares dans son allégorie, tant ces pages semblent habitées par une générosité panthéiste rafraîchissante. Et j’en conseille la redécouverte, en tous cas…



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L'épine dans la chair

J'aime bien entre deux romans savourer un petit Folio 2€, soit pour une première approche d'un auteur, soit pour un nouvel éclairage de l'ouvre d'un auteur déjà approché.



Ce fut ici un régal de découvrir un peu du D.H. Lawrence d'avant le magnifique Lady Chatterley, de retrouver dans ces trois nouvelles l'acuité sans concession et la profondeur de son regard sur la personnalité humaine, sans tabous ni conventions, avec en prime la joie de quasiment sentir l'âme de Thomas Hardy derrière les descriptions très immersives et colorées de la campagne.



Bien que fort différentes, les trois nouvelles ont en commun de mettre en scène trois formats de couples loin des conventions, marqués chacun à leur manière d'une forme d'éloignement. Vu du point de vue féminin, la première femme se maintient dans le confort de sa servitude quand disparaît son promis, la seconde recroise avec amertume la route de celui qui l'a quittée, quand pour la troisième la disparition du mari est une délivrance.

Autant de situations qui en quelques pages éclairent un peu plus la riche personnalité de l'auteur.





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Amants et Fils

Après les premiers émois du mariage, Walter et Gertrude n'ont plus rien en commun. La désillusion et l'indifférence s'installe. Gertrude reporte toutes ses aspirations sur ses enfants et surtout envers Paul. Cette relation de dépendance affective empêche Paul de choisir entre le bonheur confortable avec Myriam et l'amour passionnée avec Clara. Car au travers de ses maîtresses, c'est sa mère qu'il admire et idéalise. Dans ce roman, les femmes n'ont pas la part belle ; elles sont manipulatrices, castratrices, vénales, et l'homme faible, sans volonté. Le mariage est une illusion qui annihile la personnalité empêchant l'homme et la femme de s'accomplir, de s'élever.
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L'arc-en-ciel

Un style très complexe à lire. Une noirceur et une tristesse difficilement supportable. La psychologie des personnages, leurs pensées, leurs sentiments ne m'est pas accessible. On ne sait pas très bien où l'auteur veut nous emmener. Il n'y a aucun espoir dans cette vision du monde. J'ai abandonné très rapidement la lecture...
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L'Amant de Lady Chatterley

J ai trouvée un peu redondant leur états d ames en plus je crois que le livre a 100 page de trop. La deuxieme moitié du livre tres ordinaire et la fin aussi ,
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Amants et Fils

Fils et amants est un roman en grande partie autobiographique. On y suit Paul Morel, l’alter ego de Lawrence, de la rencontre de ses parents à ses 25 ans environ. Paul naît dans un milieu ouvrier pauvre, à la fin du XIXe siècle. Son père travaille à la mine et sa mère, qui a vite regretté son mariage, n’éprouve que du mépris pour cet homme rustre et alcoolique. Elle fonde alors tous ses espoirs sur ses enfants, en particulier le petit Paul qui lui voue en retour un amour indéfectible. Les années passent et arrivent les premiers émois amoureux du jeune homme. Il se lie à Miriam, une adolescente pieuse, puis à Clara, une femme divorcée, sans pour autant que l’aura de la mère possessive ne s’estompe.



Il s’agit de ma deuxième incursion dans l’œuvre de Lawrence, après L’amant de Lady Chatterley lu il y a une vingtaine d’années et que j’avais adoré. En commençant Fils et amants, j’ai d’abord été étonnée par le style moins élaboré que celui auquel je m’attendais. Malgré tout, j’ai beaucoup aimé le début du roman (Paul enfant) qui foisonne de détails sur les conditions de vie des mineurs et leurs familles. La suite (Paul adolescent et jeune adulte) s’étire un peu en longueur avec les tourments du protagoniste qui se révèle de plus en plus narcissique. Somme toute, une bonne lecture, mais pas la meilleure pour découvrir l’auteur.
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L'Amant de Lady Chatterley

Incontestablement le roman le plus connu de l'auteur, à cause du scandale, et d'une réputation sulfureuse. Un grand malentendu je crois. Lawrence fait la description et le procès d'une société, celle de son époque, en pleine mutation. Et c'est cela qui est réellement intéressant dans ce livre. Lord Chatterley, représentant d'une classe sur le déclin, une espèce en voie de disparition, ce qui ne l'empêche pas de mépriser tout ce qui n'appartient pas à la même caste que lui. Les méfaits de l'industrialisation, ce qui fait ressembler l'homme de plus en plus à une machine. La destruction de la nature. La violence des rapports sociaux. Les milieux littéraires, artistiques décrits au vitriol. Tout cela dans un très beau style.



Reste ce qui fait la renommée du livre, la passion charnelle de Constance avec le garde chasse de son mari, Mallors. C'est là qu'on voit à quel point le temps passe vite : difficile d'imaginer que le livre ait pu être objet d'un procès à ce sujet en ...1960. Je ne crois pas que cela choque grand monde de nos jours. Et je trouve que si le livre a vieilli c'est dans ces pages de passion. Déjà, je trouve globalement les personnages masculins infiniment plus intéressants, consistants, que Constance, et tout ce qui touche la sensualité féminine trahit très fortement un point de vue masculin. Mais le livre est vraiment intéressant par d'autres aspects, ce qui donne envie de mieux connaître d'autres facettes de l'oeuvre.
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L'Amant de Lady Chatterley

Nous avons dans ce livre paru en 1928 bien sûr une aventure amoureuse et sexuelle, pour laquelle il est si connu, mais aussi, en arrière plan, un aspect de la haute société anglaise de l'époque, entre les deux guerres, marquée par la morgue invétérée de la classe possédante, et encore, en prime, des considérations fumeuses de David Herbert Lawrence sur l'effondrement à venir de l'ordre social.

La littérature a pour champ d'action la vie même des êtres humains dont l'amour et la sexualité font partie, aussi, en effet, est-elle légitime à évoquer, même de façon détaillée, ces moments : tout dépend de la façon dont cette évocation est faite pour que l'on reste dans la bonne littérature. Ici l'auteur n'invente rien, les gestes évoqués étant pratiqués et même répertoriés depuis la nuit des temps. Les circonstances dans lesquelles cela se passe sont presque banales, la scène sous la pluie étant toutefois bien trouvée. L'ensemble est raconté sans voyeurisme et avec un certain talent. Le style est agréable et la langue comporte toutefois quelques termes pour le moins familiers, mais heureusement cela est peu fréquent ; est-ce un choix de l'auteur, ou de Pierre Nordon, le traducteur ?

Là où l'auteur innove davantage, et cela lui a valu des déboires avec la censure, c'est qu'aborder la sexualité était encore très incorrect entre les deux guerres, et plus encore lorsqu'il s'agit d'une femme qui se montre active, et non plus purement passive, dans la recherche et la sensation du plaisir féminin.

Par ailleurs le livre nous montre des personnages naïfs, voire puérils. Ainsi Constance, une fois établie à Wragby, et avant-même de rencontrer le garde chasse, passait beaucoup de temps à se promener seule dans les bois. Bien sûr depuis Robin Hood la forêt a pour les Anglais des vertus rédemptrices et purificatrices, mais tout de même, pour nous Français tout au moins, c'est peu crédible. de même Clifford se désintéressant à ce point de sa femme et de ses absences, et plus tard ne se doutant de rien.

Au final nous avons un bon roman, que l'on lira agréablement, mais peut-être surtout à titre de curiosité.
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L'Amant de Lady Chatterley

J'ai eu un grand mal à rentrer dans le roman et à m'attacher aux lieux et aux personnages mais j'ai finalement réussi et je me suis sentie agréablement surprise. Constance, Lady Chatterley qui à l'image d'une madame Bovary s'ennuie à mourir dans sa campagne avec un mari insignifiant. Elle passe donc de longues heures à se balader en forêt et c'est enchanteur, elle tombe sur une cabane où elle retrouve Mellors le garde-chasse. Au départ elle se trouve horrifiée par son patois, elle qui appartient à une classe supérieure et pourtant...elle va découvrir les plaisirs du corps et l'amour. Je dois avouer que quelques scènes m'ont presque choquée, on est pourtant en 2020 ! Mellors parle crûment, juste comme il pense. C'est à la fois choquant et très joli. Constance se montre libre à une époque où la femme n'a que si peu de libertés. Elle va où son coeur la mène et n'est pas attirée par l'argent. Il y a une morale je trouve, celle qui prouve que le déploiement des industries ne peut conduire qu'à l'autodestruction de l'homme. Toujours insatiable de plus d'argent et cela pourquoi ? Pour le dépenser. Mellors se trouve heureux sans rien dépenser, il vit vraiment, simplement. Et nous devrions tellement nous imprégner de cela des années après car nous en sommes toujours dans ce besoin de dépenser inlassablement et n'être pas satisfaits. Je pense que je pourrai le relire un jour.
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L'Amant de Lady Chatterley

« L’amant de lady Chatterley » est un roman puissant et sensuel dans lequel D.H Lawrence brise tous les tabous, sexuels mais surtout de castes.

Certes la passion amoureuse est ici au centre de tout mais s’inscrit dans un ensemble plus vaste critiquant l’évolution de l’homme, prisonnier d’une société industrielle tournée entièrement vers l’argent.

Face à la robotisation de l’Humanité, Lawrence oppose le retour à la liberté, aux sentiments, à la chair et à la nature, omniprésente dans le roman car considérée comme un refuge/havre de paix face à l’horreur des machines crées par des industriels dans une quête frénétique d’argent.

Œuvre unique et iconoclaste, « L’amant de lady Chatterley » mérite donc mieux que sa réputation de scandale et constitue à mes yeux un chef d’œuvre incontournable de la littérature !
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Les Filles du pasteur

Les filles du pasteur" est en réalité le titre de la première nouvelle de ce recueil qui en comporte sept. Ces nouvelles prennent toutes place au début du siècle, dans le bassin minier de l'Angleterre excepté 2 nouvelles. Je n'aime pas trop lire des nouvelles en général mais ici on rentre très rapidement dans les histoires racontées. Elles se rejoignent sur le thème de l'opposition entre les désirs humains face aux conventions sociales et à la classe sociale à laquelle on appartient (famille, métier ouvrier, armée). On trouve ainsi en germes les idées développées par l'auteur dans son roman le plus connu, que j'avais adoré: "L'amant de lady Chatterley". L'écriture est belle notamment via une attention apportée dans la description de la nature. L'ensemble n'est pas particulièrement joyeux mais vraiment bien écrit et très juste.
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L'Amant de Lady Chatterley

Dans mon envie 2020 de revisiter les grands classiques, il était difficile de passer à côté de l'oeuvre maîtresse de D.H. Lawrence.

Longtemps, et aujourd'hui encore, considéré comme un roman érotique... au sens trivial du mot, - L'amant de Lady Chatterley - est mille fois plus que ça, même si l'érotisme y occupe une place forte, en tant que force de vie, force d'envies, force révélatrice, force émancipatrice. Une présence voulue, assumée, honnête, franche, joyeuse ; une présence consubstantielle à la nature de l'homme et qu'il ne peut refouler ou ne travestir qu'au prix fort d'un magasin de névroses dans lequel viendront s'approvisionner des Charcot, des Freud, des Jung et tant d'autres.

Nier l'érotisme ou le dissimuler derrière les falbalas du romantisme par exemple, c'est trahir profondément ce que nous sommes, d'où nous venons et ce vers quoi nous devrions nous diriger.

Et cela, Lawrence l'a compris qui réhabilite cette part essentielle, vitale de notre identité, de notre authenticité.

Lawrence nous oblige à nous regarder dans un miroir qui refuse de déformer l'image qui en appelle à lui pour refléter non pas ce que nous voudrions voir, mais peut-être ce que nous ne voudrions pas qu'il nous montre, hypocritement installés que nous sommes dans le douillet confort d'une transcendance malheureuse.

Il en va de l'érotisme dans cette oeuvre comme du portrait, j'entends par là "photographie", d'une Angleterre du début du XXème siècle.

Ce sont des mélanges d'instantanés et d'études d'un pays en pleine mutation, en pleine dislocation de ses repères, en pleine rupture avec sa "ruralité", accouchant d'un monstre bien plus obscène que l'érotisme : Mammon, incarné par l'industrialisation, la machine.

Je n'ai pas compté, mais l'exclamation des protagonistes : "l'argent, l'argent, l'argent !" doit bien figurer une bonne quinzaine de fois dans cette oeuvre.

Ce que nous dit Lawrence de cette nouvelle Angleterre est infiniment plus cru, plus impudique que ce que les bigots pourraient reprocher à l'érotisme, qui lui, se contente que de n'être.

Sans concessions, ce roman est aussi et surtout un roman social, un roman de moeurs, où l'on peut sentir quelques influences venues d'un Thomas Hardy ou d'un Émile Zola.

De plus, la plume de Lawrence, est habile, alerte, fine et acérée ; une belle plume, puissante, esthétique, brillante.

L'histoire, je ne vais pas être le nième à la répéter. Au contraire, il me semble plus "stimulant" de me contenter de vous dire d'aller à la rencontre de tout l'univers qui vit, bouillonne, exulte autour de Mellors le garde-chasse et de Constance- Lady Chatterley.

C'est une oeuvre magistrale de la "grande littérature", une oeuvre que l'on ne peut se dispenser d'avoir lu, pour des raisons qui ne vous exonèreront jamais d'avoir commis une telle impasse.

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L'Amant de Lady Chatterley

J’avais tellement hâte de vous en parler 🤩 !



Comment vous dire que ce roman de la littérature classique est un coup de cœur intégral !! ♥️ 🌸♥️



Lady Chatterley ou Constance, jeune femme qui a la vie devant elle se mari avec un homme, Clifford Chatterley. Un homme qui revient de la guerre mutilé, paraplégique. La vie devient ennuyante, « vide » - pour reprendre les mots de Constance -, Le « néant ». Clifford est un homme égoïste, ennuyant, narcissique. Enfermée dans cette relation, sans perspective d’enfanter, Constance tombe dans la dépression. Quelques aventures, puis sa rencontre avec le « nouveau » garde chasse. Un homme étrange, qui parle le patois. Une passion naît.



Ce livre est beau, charnel, pudique et débauché. On est respectueux de la fidélité de Constance, comme de son infidélité. J’ai été happée. Happée par Constance, je l’ai trouvé forte, téméraire, intelligente. Douce et dure à la fois.



J’ai aimé la plume de l’auteur, j’ai aimé le rythme de l’écriture. J’ai trouvé la lecture si belle... comme une impression d’être dans un nuage ⛅️🌼 et c’est la première fois qu’un livre me fait un tel effet 🌼



Je citerai ici @monbaratin : « 𝑳𝒊𝒔𝒆𝒛 𝒄𝒆 𝒍𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒔𝒊 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒗𝒐𝒖𝒍𝒆𝒛 𝒂𝒊𝒎𝒆𝒓 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒐𝒏 𝒂𝒊𝒎𝒂𝒊𝒕 𝒂𝒖 𝑿𝑿𝒆𝒎𝒆. 𝑬𝒕 𝒅’𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔, 𝒍𝒊𝒔𝒆𝒛 𝒄𝒆 𝒍𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒔𝒊 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒗𝒐𝒖𝒍𝒆𝒛 𝒔𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒄𝒐𝒎𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒊𝒎𝒆𝒓 𝒂𝒖 𝑿𝑿𝑰𝒆𝒎𝒆 ». Merci pour cette découverte 🌼☀️
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