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Critiques de Daisy Johnson (87)
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Tout ce qui nous submerge

Mon sentiment après la lecture de ce roman est mitigé. Certains aspects de l'histoire m'ont plu, d'autres clairement rebutée. L'intrigue se déroule de nos jours en Angleterre. Elle pourrait tout aussi bien se situer à n'importe quelle époque. Le récit présente de nombreuses similitudes avec le conte et est de ce fait intemporel. Gretel, une jeune trentenaire, qui exerce la profession de lexicographe, cherche sa mère "envolée" le jour de ses seize ans. Cette disparition a marqué son existence, l'amenant à rentrer dans le moule institutionnel alors qu'avec sa mère, elle vivait sur un bateau, complètement en marge de la société. Leur univers singulier, sous le signe obsédant de l'eau, en contact étroit avec la nature, leur relation mère-fille fluctuant entre la fusion et le rejet l'a marquée à jamais. Ce livre est donc l'histoire d'une double quête, : celle de Sarah, la mère et aussi celle de l'élément déclencheur de sa fuite.

Ce roman est celui du féminin sous différentes formes, des femmes dans des corps d'hommes, des hommes dans des corps de femmes, des filles devenant femmes et des mères biologiques ou adoptives. L'eau si prégnante rappelle la matrice originelle. Ce roman est aussi celui des mots, inventés, savants ou sales, virtuoses ou impropres. Daisy Johnson se livre à un exercice de style qui parfois fait mouche et parfois fait un plat.

J'ai trouvé ce récit inégal, inachevé. Certains passages révèlent une patte, un monde que l'on a envie de découvrir, d'autres laissent trop transparaître une culture que l'on veut montrer. Quel besoin de mêler à cette histoire le mythe d'Oedipe ? Cette lecture m'a donné la sensation de patauger en eaux troubles, une expérience assez déroutante.
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Soeurs

C'est délicieusement malsain et, on aurait peur de se l'avouer, fascinant également. Avec Sœurs, Daisy Johnson nous emmène dans un univers qui n'est pas sans rappeler celui de l'excellent Esprit hiver de Laura Kasischke.



Septembre et Juillet sont quasi-jumelles, nées à 10 mois d'écart. Elles entretiennent une relation fusionnelle et particulièrement toxique. "Cette bête de Juillet" est complètement sous la coupe de sa sœur aînée, "cette semeuse de désastres". Après un drame à Oxford dont la nature ne sera révélée qu'au deux-tiers du roman, les deux sœurs et leur mère emménagent à Settle House, une bicoque crasseuse sur la côte anglaise.

Dans un huis-clos oppressant, les deux sœurs, livrées à elles-mêmes, évoluent et s'adonnent à leurs jeux malsains, repoussant toujours davantage les limites.

La mère, cloîtrée dans sa dépression, n'y fait que quelques apparitions furtives. Il semble que pour elle, ses filles n'existent qu'à travers les illustrations des livres pour enfants qu'elle dessine.



À 31 ans tout juste, Daisy Johnson est au sommet de son art avec une écriture magistrale et un univers gothique dans la plus pure tradition britannique. Glauque mais envoûtant !

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Soeurs

L'entrée en lecture n'est pas aisée, les points de repères n'étant donnés que plus tard, stratagème littéraire mettant le lecteur en quête de compréhension. L'auteur est roi.



Puis on s'y retrouve, le récit devient alors prenant et on se demande ce qui a pu se passer sur ce foutu terrain de sport.



De quoi s'agit il. Une mère et ses deux filles, donnons leur 15 et 16 ans, à un an près, ce n'est pas précisé, se retrouvent en campagne anglaise profonde - bord de mer lointain, dans une bicoque isolée et délabrée. Elles ont dû quitter leur ville d'origine pour cause d'on ne sait quoi s'étant passé sur le terrain précédemment cité. Septembre et Juillet, les soeurs étant dans le coup, qu'ont elles fait ?



Septembre et Juillet sont au centre du livre, la relation est fusionnelle, l'une dominante, l'autre dominée. Coupe toi avec un cutter, l'autre s'exécute, pas très sain tout cela.

La mère, dépassée et en dépression presque constante, le père absent puis mort. Ah, cette manie à la mode me too, d'éjecter comme cela les pères, on va finir par croire qu'ils ne servent à rien.

Pas étonnant le repli sororal.



Belle description des ados qui n'ont pas encore rempli toutes leurs cases encéphaliques et lorsque l'une d'elle ( vide ) est mise à contribution, cela fait mal. Et en plus, ils n'écoutent rien.



Bref, puis c'est le début de la fin. De la fin du livre. Des failles étaient apparues, on attend alors le dénouement, les explications. Elles ne sont que partielles, tel un vase brisé que l'on aurait recollé sans y mettre tous les morceaux.



Psychose, pathologie identitaire. C'est aussi un fourre tout littéraire et cinématographique où sous prétexte de folie, on fait faire n'importe quoi à n'importe qui fut il hitchcockien dixit Mister Hyde.



Soeurs, écrit tel un thriller avec une montée en puissance adroite, on se laissera prendre ou pas en laissant la vérité psychologique de côté.



Quant au pauvre John, un bon coup de jumelles, avec Septembre et Juillet, il fallait s'y attendre. D'ailleurs entre deux il y a le mois d' août, out en anglais, pauvre John.
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Soeurs

Juillet et Septembre sont deux soeurs inséparables. Leur père a disparu et leur mère dépressive est constamment enfermée dans sa chambre. Les deux enfants, livrées à elles-mêmes grandissent et se soutiennent l'une et l'autre. De 10 mois son aîné, Septembre au caractère affirmé va peu à peu exercer une protection exacerbée sur sa soeur, devenir autoritaire et manipulatrice jusqu'à prendre possession de la vie de Juillet...



Un roman psychologique intense qu'on a du mal à lâcher. Quand l'amour filiale devient malsain...

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Tout ce qui nous submerge

Tout d'aborde, je souhaite remercier les éditions Stock et Netgalley pour cette lecture. Tout ce qui nous submerge, de Daisy Johnson, m'a intriguée par son résumé et je me suis lancée dedans en me demandant ce qui m'attendait.



La narration est chorale et surtout plusieurs temporalités se mélangent pour rendre plus dynamique le récit. Pour autant, je me suis parfois un peu perdue et il faut véritablement bien suivre pour ne pas perdre le fil du récit. Tout se met en place petit à petit et on comprend alors doucement où l'autrice nous emmène.



L'exercice est très intéressant mais j'avoue avoir eu du mal à entrer dans l'histoire et suivre l'autrice tout au long du roman. Est-ce que c'était un problème de mauvais moment pour moi pour attaquer cette lecture ou est-ce que je n'ai pas accroché à l'histoire et aux thèmes ? Pour être sincère, je ne le sais toujours pas mais je ressors de cette lecture avec un sentiment mitigé.
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Tout ce qui nous submerge

Gros coup de cœur pour ce roman !

Une histoire puzzle dont les pièces se rassemblent à mesure que l’émotion grandit.

Plusieurs personnages, plusieurs lieux, plusieurs époques. Des saynètes a priori sans lien qui, peu à peu, se rejoignent...

« Tout ce qui nous submerge » nous raconte plusieurs histoires en une à travers le portrait de cette mère que la narratrice retrouve. Les souvenirs, les joies, les rancœurs et frustrations teintent ce récit tout en nuances.

Un très joli style au service d’un roman sensible et émouvant.
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Soeurs

Je suis dubitative !

Sur la couverture de ce livre est écrit "Un chef d'œuvre" ?????

Je n'ai pas pu lire ce roman car j'ai une toute autre idée de ce qu'est "un chef d'œuvre" !

Je ne comprenais pas les mots, ni les phrase et encore moins les paragraphes. Ce livre ne parle pas ma langue qui est le français, alors j'ai laissé tomber.

Je crois qu'il ne faut pas croire tout ce que les critiques écrivent et être très vigilent sur le choix de nos lectures, mais comment faire ? Ce n'est pas la première fois que je me fais avoir, et certainement pas la dernière, il y a trop de livres à lire pour perdre mon temps avec ce genre d'écriture, je n'ai rien compris du tout, vraiment rien compris.

C'est du gaspillage car je ne vais pas donner ce livre, je vais le mettre à la poubelle direct et cela me fait mal au cœur pour les arbres qui ont servi à le fabriquer. Je ne fais jamais ça d'habitude, je sais que ça ne se fait pas, mais moins il y en aura dans la nature mieux ce sera.

Je ne veux heurter personne, tous les goûts sont dans la nature, mais là je ne comprends pas l'éditeur.

Ou alors c'est moi qui vieillit et qui ne comprend plus rien. C'est fort possible !
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Soeurs

Alors c’est peu dire que je suis passée à côté ! Mais c’est peut-être un livre pour les moins de vingt ans… bien qu’il ne soit pas catalogué « Jeunesse »

Deux sœurs qui se suivent à 10 mois d’intervalle présentées comme fusionnelles mais dont l’une semble sous la coupe de l’autre… et les problèmes liés à l’adolescence, la mère dépressive, le père absent… un huis-clos glauque et malsain… En refermant ce livre une seule envie : ne pas avoir de sœur…

Alors je veux bien qu’il y ait une recherche d’ambiance gothique et un secret à découvrir…mais mis à part un sentiment de malaise et une ambiance pesante… L’histoire des deux filles ne m’a pas interessée, celle de la famille non plus. Comme en plus les deux adolescentes m’ont été immédiatement antipathiques… cela n’a pas arrangé les choses.

Un seul personnage à retenir : la maison.

Je n’ai pas compris le succès du livre qui en plus ne m’a pas enchanté par son écriture… A oublier …
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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Soeurs

Difficile d'être à l'écoute de ses ressentis lorsqu'on lit "Sœurs". C'est dérangeant, cela génère différentes émotions qui peuvent mettre mal à l'aise. Juillet et Septembre sont sœurs. Dis mois les séparent et pourtant, elles vivent comme des jumelles. Mais Septembre semble prendre beaucoup plus de place et Juillet "aime" cette emprise, car cela lui permet de se reposer sur sa sœur, même si elle sait que ce n'est pas sain.

Puis comme toute histoire d'emprise, les choses dérapent et Juillet finit par s'éteindre et se fondre dans Septembre.

Roman psychologique très riche. On est à bout de souffle, difficile de respirer, difficile de prendre du recul sans se noyer.
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Soeurs

Un roman plutôt particulier qui traite d'une drôle de façon la relation entre deux soeurs. Une relation qui n'a rien d'ordinaire tant elle est fusionnelle et intense. Il y a quelque chose d'intrigant, et même de fascinant dans ce lien presque malsain qui les unit. Deux filles très différentes, au caractère opposé, mais qui se complètent. Une relation toxique et en même temps indispensable...



Le retournement de situation de fin aurait d'ailleurs pu faire son petit effet et donner une toute autre lecture au récit et en faire un coup de coeur...sauf que malheureusement, c'est un twist qu'on a déjà vu de nombreuses fois, et le côté déjà vu fait perdre un peu de son impact (même si pour une fois, c'était justifié), et fait qu'on le voyait venir à des kilomètres, dommage !
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Soeurs

Septembre et Juillet, deux sœurs, dix mois d’écart, des presque jumelles, entre fusion et effusion,

Septembre astre solaire, téméraire et indomptée, Juillet plus lunaire dans l’ombre de son soleil.

Il y en a une qui décide et aime le faire, la seconde est bonne suiveuse et cela lui convient.



Elles vivent avec Sheela, mère isolée et dépressive, Peter leur père est mort mais Sheela l’avait déjà quitté. Trop de violence abimait sa relation avec cet homme venu du Nord.



Septembre lui ressemble physiquement, elle a, elle aussi cette violence qui souvent prend le pas ...

Les filles se suffisent à elles-mêmes, pas de père, pas d’amis, une mère dépassée et des jeux pernicieux qui jamais ne s’arrêtent et puis un jour la plus jeune rêve d’émancipation.

Quand survient ce qui sera nommé pendant plus de la moitié du roman « l’accident », les voilà revenus à Settled House, une maison de bric et de broc, une maison délabrée qui appartient à leur tante et ou Septembre est née, cette demeure semble avoir une vie propre, elle respire, envoie des signaux, observe, elle se joue de ses hôtes.

« Si la maison était un esprit… »

La maison finira par délivrer la clé, elle révèlera l’énigme, celle qui sème le trouble tout le long du roman, depuis le début vous allez croire, imaginer, peut-être devinerez-vous, je n’étais pas loin mais je suis tombée à côté !

Il y a bien une ou deux ficelles gothiques dans ce roman mais il y a surtout une sacrée tension psychologique.

Et si ceux qui l’ont lu veulent bien en discuter en MP, je serais curieuse d’ouvrir le débat afin de savoir ce qui a pu vous passer par la tête !

Une intrigue parfaitement menée qui se joue de la psychologie, des sentiments, un roman qui bouscule et qui happe !

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Soeurs

Deux sœurs presque jumelles, fusionnelles. Elles sont livrées à elles mêmes, entre elles exclusivement.

Une ambiance mystérieuse, on se demande parfois où ça nous mène.....jusqu'à la chute. Le livre est très bien mené et le sujet, difficile, est également très bien traité. J'ai beaucoup aimé.

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Soeurs

Septembre et Juillet sont sœurs. Inséparables depuis leur plus tendre enfance. Elles évoluent en vase clos toutes les deux. Se soutiennent mutuellement. Toujours. Coûte que coûte. Leur père est décédé. De toutes façons, il les avait quittées bien avant, elles et leur mère.



Parfois, Septembre - l’aînée de Juillet - est effrayante, menaçante, même, avec son regard si noir et profond. Alors Juillet n’a d’autre choix que d’obéir. Éviter les foudres, garder ce lien incroyable qui les unies. C’est tout ce qui compte pour Juillet. Les autres, elle s’en moque.



Seulement, il y a eu un « incident » et, suite à ça, elles ont dû - toutes les trois - quitter Oxford pour aller se réfugier dans sur la lande du Yorkshire, face à la mer. La maison appartient à leur tante et semble avoir une âme. Comme si elle était en vie.



C’est dans cette étrange atmosphère que les deux sœurs vont peu à peu prendre leur envol et, donc, leurs distances. Seulement, Septembre semble avoir du mal à lâcher du leste face à sa sœur. À moins que ce ne soit Juillet qui ne souhaite pas réellement s’émanciper.



Dans une atmosphère gothique - Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à « l’abbaye de Northanger » lorsque l’auteure décrit la maison - particulièrement oppressante, c’est toute l’enfance des deux sœurs qui va peu à peu partir en fumée, jusqu’à la catharsis, véritable acmé du roman. Mais peut-on réellement se libérer de toutes ses passions sans affronter la dure réalité ?



Dans une langue magnétique et troublante, Daisy Johnson nous parle de la fin de l’enfance, de la perte et des traumas et de la façon dont chacun, à sa façon, tente de se (re)construire. C’est affreusement dérangeant, magnifiquement hypnotique et d’une sensualité incroyable.



Un roman à ne manquer sous aucun prétexte. Un coup de cœur.
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Soeurs

Sororité – une chronique croisée de « Sœurs » de Daisy Johnson et de « Frangines » d’Adèle Bréau



Hasard de lectures ou pas, envies cohérentes peut être tout simplement, j’ai lu à la suite « Sœurs » de Daisy Johnson et « Frangines » d’Adèle Bréau, deux romans qui parlent de relations entre sœurs (mais pas seulement).



« Sœurs » est un roman anglais qui nous entraîne à la suite de deux jeunes filles, Septembre et de Juillet, deux sœurs qui ne peuvent vivre l’une sans l’autre : pendant que Septembre l’ainée pousse Juillet à faire des choses contre son gré et veille constamment sur elle en même temps, Juillet tente de se défaire sans y arriver de cette emprise. Après un incident dont on ignore la cause et les implications exactes, les sœurs et leur mère sont contraintes de quitter la ville et de se réfugier dans une maison près de la mer. Là, dans une atmosphère étrange, elles tenteront de se reconstruire.



« Frangines » est un roman français qui nous plonge dans une famille de trois sœurs, aux caractères fortement contrastés, que tout oppose en théorie et que tout réunit aussi. Mathilde, Violette et Louise se battent pour leur vie actuelle et pour leur passé commun, pour elles et pour leur grande famille aussi car tout est lié. Elles sont réunies dans la demeure familiale et affronteront ensemble les fantômes du passé et les problèmes du présent.



Vous me connaissez maintenant, je pense que vous avez une petite idée du roman que j’ai préféré. C’est vrai, la littérature dite « feel good » n’est pas ma tasse de thé. Je préfère les romans sombres, les thématiques compliquées, me prendre la tête en quelque sorte !

Et pourtant…



Quelle surprise ! Là où « Sœurs » m’a plongée dans un univers poisseux, flou, sale, dont j’ai eu bien du mal à me dépêtrer, « Frangines » m’a amenée vers une lecture agréable et bien plus profonde que je n’aurais imaginée. Je n’ai jamais réussi à rentrer dans la relation Juillet – Septembre, même si la dernière partie a sauvé les meubles. Je me suis intégrée sans souci dans la famille Carpentier, j’ai senti leurs peines et leurs doutes, je me suis imaginée dans cette fratrie car on s’identifie facilement.



Finalement ces contrastes de sentiments lors de la lecture de chacun de ces romans, la petite déconvenue lors de la lecture d’un roman qu’on pensait fait pour soi, la joie lors de la découverte d’un roman qu’on n’attendait pas, les rires et les larmes qui ont fait mes quelques soirées de lecture… tout cela pourrait aussi illustrer les sentiments qu’on a lorsqu’on a une sœur ou deux ou trois : on a quelquefois des peines et des déceptions mais surtout tellement de surprises, de joie et de richesse !







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Soeurs

"Soeur" est indiscutablement un roman troublant, qui baigne (voire noie !) le lecteur dans une ambiance malsaine diffuse.



Deux sœurs adolescentes, Septembre l'aînée et Juillet la cadette, ayant un lien quasi gémellaire du fait d'un mince écart d'âge, apparaissent comme une entité unique. Elles me font presque penser dans leur psychologie, à des sœurs siamoises, dont l'une aurait remporté à la naissance la majorité des organes vitaux, quand la deuxième aurait uniquement de son côté le minimum pour vivre, accrochée à sa sœur. L'auteur le traduit d'ailleurs très bien en qualifiant Juillet "d'appendice" de Septembre. Les deux sœurs et leur mère Sheela doivent quitter Oxford, leur maison et leur lycée, après un incident, pivot de l'histoire. Une maison délabrée, appartenant à la famille du père, les accueillera. Le récit naviguera donc entre "l'avant incident" et la vie actuelle dans cette maison isolée, qui semble presque en marge de la vie réelle.



Malgré une écriture parfois abrupte, et le fait de mener le lecteur dans des voies sans issue (cauchemar ou songe présentés comme la réalité), je ne peux que reconnaître un style et une qualité d'écriture qui concourent puissamment à construire un univers dans lequel on se sent mal à l'aise, confus, perdu, gêné, avec une envie de balancer un bon coup de pied dans cette fourmilière étrange, ouvrir en grand les fenêtres de cette maison où le temps ne semble pas s'écouler de la même façon, où la lumière ne rentre plus. Très vite dans le récit, le lecteur comprend que quelque chose cloche.



Il y a ce lien puissant entre ces deux sœurs, l'aînée dominant en tout sa cadette. Pourtant nées d'un même couple, ces deux enfants sont dissemblables autant physiquement que dans leurs caractères. L'une est blonde à la peau diaphane quand l'autre est brune à la peau mate. L'une est une meneuse, autoritaire, presque caractérielle, dont la colère couve, et dans une perpétuelle défiance vis à vis de sa mère. L'autre est effacée, partagée entre un amour inconditionnel et une soumission maladive à son aînée.



Les parents sont absents, intrus dans cette relation exclusive. Le père est décédée quand les deux enfants étaient plus jeunes. Un père décrit comme toxique, colérique, le modèle originel de Septembre. La mère est aussi effacée que sa fille cadette, Juillet : souffrant de dépression, elle semble traverser douloureusement ce récit, fantomatique, écrasée par une vie qu'elle subit.



La narration est principalement confiée à Juillet. Elle nous ouvre cette bulle étrange dans laquelle elle évolue avec sa sœur, avec la mère transparente en filigrane, leur non-relation aux autres, leurs jeux de cache-cache, leur défis "Septembre a dit que" faisant s'exécuter Juillet dans des actes allant jusqu'à la mutilation, destinés à prouver son obéissance.



Jusqu'à "l'incident", événement souvent évoqué tout au long du récit et dévoilé progressivement par bribe, jusqu'à être totalement explicité en fin de roman, éclairant tout le récit différemment. Si le dénouement est intéressant (et constitue le principal attrait de ce roman), une fois la pièce manquante du puzzle livrée, je n'ai que peu adhéré à la toute fin de l'histoire.



Je ne serai pas allée jusqu'à qualifier ce roman de gothique, trop peu d'éléments selon moi y concourent. Je le vois plus comme une plongée dans la douleur et une forme de folie. Je garderai surtout le souvenir d'un roman qui aura su dresser une atmosphère étouffante, déroutante et pesante, dont j'avais hâte de m'extirper.
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Soeurs

Juillet et Septembre : deux mois très différents. J'associe le premier aux vacances, à l'été, au soleil, à une chaleur encore agréable et le second, à la rentrée des classes, au retour au bureau. Oui, deux mois différents et deux filles différentes : juillet est plutôt timide repliée sur elle-même, Septembre est l'aînée, c'est une belle jeune fille, qui n'a peur de rien, ni de personne. La première est dominée, la seconde est dominante et elles forment un groupe sororal aux rapports un peu sado-maso.

Quand le livre débute, nous sommes dans une maison en bord de mer, une bicoque plutôt qui appartient à leur tante, Ursa, soeur de leur père, Peter, mort dans une piscine, alors qu'elles ne vivaient plus avec lui : les fillettes avaient 5 et 4 ans. Peter est décrit comme un trou noir dont il fallait mieux s'éloigner rapidement.

Sheela, mère des filles, écrivain pour enfants, s'est réfugiée dans cette maison, fuyant Oxford. On comprend vite que Sheela ne va pas bien, et que les filles sont perdues. La fuite d'Oxford trouve son origine dans un incident grave ayant impliqué les filles, sachant que Juillet ("bête de juillet" dixit Septembre) était le bouc émissaire d'un groupe d'autres jeunes. Septembre protégeait sa soeur.

Les voici donc à Seetle House, dans cette maison biscornue, sur la lande du Yorshire, où tout est figé dans le temps et où le peu d'énergie de leur mère, a bien du mal à relancer la vie. Tout doucement, nous apprendrons les raisons réelles de la fuite de la famille et les motivations, les relations au sein de cette étrange famille.

Merci NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce roman fort beau, mais complexe, dont la lecture m'a chamboulé. Sa lecture n'en est pas simple. C'est majoritairement Juillet qui s'exprime, avec quelques courtes interventions de Sheela. Septembre apparaît à travers le prisme des pensées de Juillet dans toute sa splendeur, sa coolitude, sa colère ...

Un texte étrange sur les rapports entre soeurs, des soeurs rapprochées en âge, des étranges soeurs qui forment un animal bicéphale, dans un univers qui n'appartient qu'à elles.
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Tout ce qui nous submerge

Abandonnée par sa mère alors qu’elle avait 16 ans, Gretel Whiting aujourd’hui lexicographe âgée de 32 ans, après des années de rechercher, a enfin retrouver Sarah, une vieille femme atteinte de démence. Pourquoi cette séparation ? Quelles otn été ses motivations ? Quelle est l’histoire de cette femme pleine de secrets ?



Tout ce qui nous submerge tente de répondre à ces questions, de nous faire comprendre ces femmes et comment le passé de chacun a pu mettre en place ce présent.



Il est bien difficile de résumer ce roman et je vous avoue qu’il m’a été aussi assez difficile à lire. Daisy Johnson utilise plusieurs narrations, à différentes personne et à des époques distinctes telles que le présent où l’on suit la cohabitation de Gretel avec sa mère et son cheminement pour remettre la main sur son passé, la vie des deux femmes, à bord de la péniche jusqu’aux 13 ans de Gretel, l’arrivée de Marcus (et l’histoire de Margot) et la traque de Bonak (une créature mystérieuse qui habite la tamise)…







Il n’a pas été facile de me sentir à l’aise dans ces pages, j’ai eu assez de mal à m’impliquer, à bien comprendre où voulait en venir Daisy Johnson, comme s’il me manquait des pièces. Mais petit à petit le puzzle s’est formé et les mots de l’auteure (son style est fluide et plein de charme, avec des mots particulièrement bien choisis et riche en images), ainsi que l’atmosphère ont eu raison de mon sentiment de malaise face à cette lecture laborieuse (qui manquait de clarté). Au fur et à mesure, je me suis habituée aux différentes perspectives, aux va et vient chronologiques et pour mon plus grand bonheur, j’ai trouvé là une histoire passionnante et d’une grande richesse. C’est d’ailleurs, je pense, un livre à relire plusieurs fois pour s’imprégner de toute la beauté du texte et saisir toute sa complexité..............................
Lien : https://libre-r-et-associes-..
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Soeurs

Difficile d'écrire une fiche de lecture sur ce livre sans révéler la fin...

Mais je peux dire que je n'ai pas trop aimé ce roman car l'écriture est trop "abstraite" pour moi, comme si on regardait une photo floue, on ne comprend pas bien ce qui se passe. C'est sans doute voulu par l'autrice mais cela ne me plait pas, question de goût...

Et cette lecture angoisse et dérange, mais cela aussi c'est sans doute voulu :)



# challenge plumes féminines
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Soeurs

Sœurs est un roman enchanteur et inquiétant sur le deuil et la quête d’identité, sur les liens familiaux et le désir de liberté.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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In the Kitchen

Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec At the Pond ?

"Après deux lectures très plaisantes de cette collection Daunt Books, je ne pouvait que compléter ma collection avec ce recueil d'essais autour de la cuisine, une autre de mes passions qui plus est."



Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

"Treize auteurs d'horizons différents nous propose un court texte sur le thème de la cuisine et sur la place qu'elle tient dans leur vie."



Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

"Ce qui est vraiment fascinant avec ces recueils, c'est de constater à quel point les écrits peuvent être différents à partir d'un sujet commun. Ici on parle de cuisine, de la pièce elle-même comme des recettes que l'on y concocte mais aussi de la vie, des traditions, du partage et de la convivialité et de choses plus difficiles également comme le racisme, ou encore l'anorexie. Quel meilleur sujet pour parler des choses les plus essentielles finalement.



Comme à chaque fois, dans ces petits ouvrages, les profils des auteurs sont très variés, ce qui ne le rend que plus riche, même si bien sûr, j'ai préféré certains textes à d'autres. Et puis, c'est une lecture qui donne faim et ça, c'est la cerise sur le gâteau."



Et comment cela s'est-il fini ?

"Mon seul regret, c'est que finalement on n'y parle que très peu de cuisine anglaise traditionnelle, un sujet qui m'aurait pourtant intéressée."
Lien : http://booksaremywonderland...
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