« Tout ce qui nous submerge », (titre original : ‘Everything under’), de Daisy Johnson (à ne surtout pas confondre avec l’héroïne de Marvel), pourrait être qualifié de ‘roman-fleuve’ : non que sa longueur soit excessive, mais bien parce qu’il nous transporte au fil de l’eau, puis nous amène à nager en eaux troubles, dans un tourbillon d’émotions puissantes et contradictoires. Un premier roman magistral.
Gretel cherche désespérément à retrouver sa mère, Sarah. Lorsqu’elle était enfant, elles ont vécu toutes les deux à bord d’un bateau, sur une rivière, et recueilli pendant quelques temps un jeune homme, Marcus, qui a ensuite disparu. Gretel se lance sur les traces de Marcus, espérant alors localiser Sarah. C’est ainsi qu’elle rencontre Laura et Robert, les parents de Marcus, et aussi Fiona, une amie de la famille.
La construction du livre fait alterner trois époques différentes : les chapitres intitulés ‘La rivière’ relatent l’épisode de la vie de Sarah et Gretel avec Marcus, ‘La traque’ se réfère à l’enquête menée par Sarah à la recherche de sa mère, et ‘La petite maison’ les voit réunies toutes deux, Sarah vieillissante n’ayant plus tout sa tête. La lecture de ce livre nécessite ainsi un petit temps d’adaptation, pour bien situer les lieux, les époques, les personnages. Une fois cette mise au point réalisée, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette histoire complexe et ses multiples rebondissements.
On embarque dans ce roman comme sur une barque au fil de l’eau, et en surgissent des thèmes éternels: la filiation, la féminité, la vieillesse, l’amour. Se dégage de ce texte un immense force poétique, ode à un univers liquide et brumeux, mystérieux, peuplé de monstres symboliques (attention, le Bonak rôde), relié par des fils invisibles à la mythologie grecque et à la tradition des contes.
Sarah et Gretel, la mère et la fille, unies par une même soif de liberté et par les mots de leur idiome propre, se séparent et se retrouvent. Et Sarah devenue vieille et dépendante nous touche par sa vulnérabilité, ses maladresses. C’est parce qu’il n’y a soudain plus d’enjeu et que tout a été dit, que l’amour inconditionnel entre une fille et sa mère peut enfin s’exprimer. Pour la suite, cliquez sur le lien !
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