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Citations de Delphine de Vigan (4408)


Il était onze heures du matin. La rue continuait de battre comme si rien ne s’était passé, rien ne s’était arrêté, ni les livraisons, ni le bruit des klaxons, ni les odeurs de fritures échappées des échoppes, ni le clignotement des enseignes. Rien sauf notre vie.
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Ainsi, à une époque où plus rien ne semblait fonctionner, où la société dans son ensemble semblait figée, en suspens, les gens répétaient "ça marche" à tout bout de champ. De même, les soirées, les films, les gens n'étaient plus "très" - très sympa, très chiants, très rapides, très lents -, ils étaient devenus "trop" - trop sympa, trop chiants, trop rapides, trop lents -, peut-être parce que ce genre de vie, en effet, nous submergeait.
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Quand j’essaie de me projeter dans quarante ou cinquante ans, ce qui me paraît le plus douloureux, le plus insoutenable, c’est l’idée que plus personne ne me touche. La disparition progressive ou brutale du contact physique.
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Chaque fois que Lucile les recevait chez elle, elle les laissait concocter une ratatouille de leur invention, pour la fabrication de laquelle ils étaient autorisés à utiliser n’importe quel produit de sa cuisine, et qu’elle s’était engagée, quoi qu’il arrive, à goûter.
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𝑱𝒆 𝒔𝒖𝒊𝒔 𝒐𝒓𝒕𝒉𝒐𝒑𝒉𝒐𝒏𝒊𝒔𝒕𝒆. 𝑱𝒆 𝒕𝒓𝒂𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒆𝒔 𝒎𝒐𝒕𝒔 𝒆𝒕 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒆 𝒔𝒊𝒍𝒆𝒏𝒄𝒆. 𝑳𝒆𝒔 𝒏𝒐𝒏-𝒅𝒊𝒕𝒔. 𝑱𝒆 𝒕𝒓𝒂𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒂 𝒉𝒐𝒏𝒕𝒆, 𝒍𝒆 𝒔𝒆𝒄𝒓𝒆𝒕, 𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒆𝒈𝒓𝒆𝒕𝒔. 𝑱𝒆 𝒕𝒓𝒂𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍'𝒂𝒃𝒔𝒆𝒏𝒄𝒆, 𝒍𝒆𝒔 𝒔𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓𝒔 𝒅𝒊𝒔𝒑𝒂𝒓𝒖𝒔, 𝒆𝒕 𝒄𝒆𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒊 𝒓𝒆𝒔𝒔𝒖𝒓𝒈𝒊𝒔𝒔𝒆𝒏𝒕 𝒂𝒖 𝒅𝒆́𝒕𝒐𝒖𝒓 𝒅'𝒖𝒏 𝒑𝒓𝒆́𝒏𝒐𝒎, 𝒅'𝒖𝒏𝒆 𝒊𝒎𝒂𝒈𝒆, 𝒅'𝒖𝒏 𝒑𝒂𝒓𝒇𝒖𝒎. 𝑱𝒆 𝒕𝒓𝒂𝒗𝒂𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒍𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒅'𝒉𝒊𝒆𝒓 𝒆𝒕 𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔 𝒅'𝒂𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒅'𝒉𝒖𝒊. 𝑳𝒆𝒔 𝒄𝒐𝒏𝒇𝒊𝒅𝒆𝒏𝒄𝒆𝒔.
𝑬𝒕 𝒍𝒂 𝒑𝒆𝒖𝒓 𝒅𝒆 𝒎𝒐𝒖𝒓𝒊𝒓.
𝑪𝒆𝒍𝒂 𝒇𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆 𝒅𝒆 𝒎𝒐𝒏 𝒎𝒆́𝒕𝒊𝒆𝒓.
𝑴𝒂𝒊𝒔 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒊𝒏𝒖𝒆 𝒅𝒆 𝒎'𝒆́𝒕𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓, 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒎𝒆 𝒔𝒊𝒅𝒆̀𝒓𝒆 𝒎𝒆̂𝒎𝒆, 𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒊 - 𝒆𝒏𝒄𝒐𝒓𝒆 𝒂𝒖𝒋𝒐𝒖𝒓𝒅'𝒉𝒖𝒊, 𝒂𝒑𝒓𝒆̀𝒔 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒅𝒆 𝒅𝒊𝒙 𝒂𝒏𝒔 𝒅𝒆 𝒑𝒓𝒂𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆 - 𝒎𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒑𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒇𝒐𝒊𝒔 𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒖𝒇𝒇𝒍𝒆, 𝒄'𝒆𝒔𝒕 𝒍𝒂 𝒑𝒆́𝒓𝒆𝒏𝒏𝒊𝒕𝒆́ 𝒅𝒆𝒔 𝒅𝒐𝒖𝒍𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒅'𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒄𝒆. 𝑼𝒏𝒆 𝒆𝒎𝒑𝒓𝒆𝒊𝒏𝒕𝒆 𝒂𝒓𝒅𝒆𝒏𝒕𝒆, 𝒊𝒏𝒄𝒂𝒏𝒅𝒆𝒔𝒄𝒆𝒏𝒕𝒆, 𝒎𝒂𝒍𝒈𝒓𝒆́ 𝒍𝒆𝒔 𝒂𝒏𝒏𝒆́𝒆𝒔. 𝑸𝒖𝒊 𝒏𝒆 𝒔'𝒆𝒇𝒇𝒂𝒄𝒆 𝒑𝒂𝒔.
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Toutes ces vidéos obéissent au même ressort dramaturgique : la satisfaction immédiate du désir. Kimmy et Sammy vivent le rêve de tous les enfants : acheter tout, tout de suite.
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Mais Big Brother n'avait pas eu besoin de s'imposer. Big Brother avait été accueilli les bras ouverts et le cœur affamés de likes, et chacun avait accepté d'être son propre bourreau. Les frontières de l'intime s'étaient déplacées. Les réseaux censuraient les images de seins ou de fesses. Mais en échange d'un clic, d'un cœur, d'un pouce levé, on montrait ses enfants, sa famille, on racontait sa vie. Chacun était devenu l'administrateur de sa propre exhibition, et celle-ci était devenue un élément indispensable à la réalisation de soi.
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Depuis quelque temps, il lui semble vivre au revers du monde, dans un repli impossible, en marge de ces réseaux supposément sociaux, saturés de factices amours et de haines authentiques, en marge de cette Toile d'illusions, gavée de selfies et de phrases lapidaires, en marge de tout ce qui circule à la vitesse du son.
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Elle étouffait.
Elle n'avait plus de place pour exister, dans le regard de ses parents, dans ce désir de leur plaire, dans cette quête de réussite, de perfection qu'elle avait faite sienne. Au début, elle voulait seulement rétrécir un peu, pour se soustraire de cette emprise, et puis un jour elle avait voulu disparaître. Parce que c'était tellement facile.
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Sa vie n’est rien d’autre que ça : une vue imprenable sur l’ampleur du désastre.
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Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants.
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Tout auteur qui a pratiqué l'écriture de soi (ou écrit sur sa famille) a sans doute eu, un jour, la tentation d'écrire sur l'après. Raconter les blessures, l'amertume, les procès d'intention, les ruptures. Certains l'ont fait. Sans doute à cause des effets retard. Car le livre n'est rien d'autre qu'une sorte de matériau à diffusion lente, radioactif, qui continue d'émettre, longtemps. Et nous finissons toujours par être considérés pour ce que nous sommes, des bombes humaines, dont le pouvoir est terrifiant, car nul ne sait quel usage nous en ferons. Voilà exactement ce à quoi je pensais, gardant le silence pourtant.
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Sur une photo prise quelques jours avant son hospitalisation, elle découvre ce rictus qu'on ose maintenant lui décrire. La fixité de son regard, son visage tiré, sa presque transparente. Une copine lui raconte un jour les stratagèmes dont elle usait lorsqu'elles avaient rendez-vous, pour voir Laure d'abord à son insu, cachée derrière un pilier ou un Abribus, avoir le temps de s'habituer.
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Fatia sait qu'elle reviendra, le temps de perdre tous ces kilos qu'on lui a collé sur le corps. Elle est anorexique, un mot qui n'existe pas dans sa langue, ni dans sa culture, un mot qui s'accroche à elle, dans l'humidité de sa cuisine, porte de Clignancourt.
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Dans ce wagon qui la ramène chez elle, elle prend la mesure de son corps en abîme. Elle a pris sept kilos qu'ils ne remarquent même pas, invisibles, comme sept kilos de honte.
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Est-ce que c’était ça, être amoureux, ce sentiment de fragilité ? Cette peur de tout perdre, à chaque instant, pour un faux pas, une mauvaise réplique, un mot malencontreux ? Est-ce que c’était ça, cette incertitude de soi, à quarante ans comme à vingt ? Et dans ce cas, qu’existait-il de plus pitoyable, de plus vain ?
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- On n'en est pas loin, crois-moi. La fin c'est dans pas longtemps, Marie, tu sais. Je veux dire la fin sans la tête, perdue, pfffuit, avec tous les mots envolés. La fin du corps, on ne sait pas, bien sûr, mais la fin sans la tête, ça a commencé, les mots se font la balle et puis hop.
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Si elle y réfléchit, elle ne tient pas à cette vie penchée sur un écran, à dialoguer avec une intelligence artificielle, où on ne lui demande de relever la tête que pour obéir aux exigences de la reconnaisance faciale. Elle ne veut pas s’asseoir comme les autres au fond de son canapé, le portable greflé au doigt, au poignet, dans la paume, en quête de sensations fortes, à guetter sur son écran le drame, l'attentat et le héros du jour, oubliés dès le lendemain.
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Elle ne veut pas perdre le contrôle. La vie d'avant n'est qu'un souvenir anesthésié et la vie d'après se chuchote comme une promesse impossible. Elle ne veut pas guérir parce qu'elle ne sait pas comment exister autrement qu'à travers cette maladie qui l'a choisie, cette maladie dont on parle dans les journaux et les colloques, une quête aveugle et obscure qu'elle partage avec d'autres, complices anonymes et titubantes d'une crime silencieux perpétré contre soi.
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Ses jambes ne la portent plus. Plus comme avant, quand elle engloutissait des kilomètres le ventre vide et qu'elle montait les escaliers comme d'autres enfoncent des aiguilles dans leurs veines.
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